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A propos de quelques modèles démo-économiques de développement Author(s): Philippe Bourcier de Carbon Source: Population (French Edition), 32e Année, No. 3 (May - Jun., 1977), pp. 579-624 Published by: Institut National d'Études Démographiques Stable URL: http://www.jstor.org/stable/1531464 . Accessed: 24/09/2013 04:00 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Institut National d'Études Démographiques is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Population (French Edition). http://www.jstor.org This content downloaded from 147.26.11.80 on Tue, 24 Sep 2013 04:00:41 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

A propos de quelques modèles démo-économiques de développement

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Page 1: A propos de quelques modèles démo-économiques de développement

A propos de quelques modèles démo-économiques de développementAuthor(s): Philippe Bourcier de CarbonSource: Population (French Edition), 32e Année, No. 3 (May - Jun., 1977), pp. 579-624Published by: Institut National d'Études DémographiquesStable URL: http://www.jstor.org/stable/1531464 .

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A PROPOS DE QUELQUES MODELES DEMO-ECONOMIQUES

DE DEVELOPPEMENT

La place des phinomenes ddmographiques dans l'histoire des theories &conomiques a toujours etd incertaine; les &coles de pensde, lorsqu'elles ne les passaient pas entierement sous silence, leur ont attribue des r6les nebuleux ou contradictoires. Ayant affine ses methodes, la demographie s'est, quant a' elle, depuis la fin du second conflit mondial, considerablement enri- chie d'observations statistiques, toujours plus nombreuses et plus completes; depuis vingt ans, sous l'impulsion des orga- nismes specialises des Nations Unies, recensements et enquetes se sont multiplids dans les pays < en developpement >. L'accu- mulation des observations statistiques, ainsi suscitee par la priorite" accordee au developpement economique et social de ces pays, a nourri de nombreux travaux d'dconomistes et de demographes, qui relancent aujourd'hui le debat de Malthus. Les derniers avatars de ces speculations se caracterisent a present par l'usage de modules de simulation, permis par le developpement de l'informatique et dont la Conference Mon- diale de la Population de Bucarest (1974) a recommande la generalisation. Philippe BOURCIER de CARBON, charge de recherches a l'Institut National d'Etudes Demographiques, en presente ici les principales familles et les replace dans l'dvo- lution de la pensde &conomique. II reserve cependant pour un article ultirieur la prdsentation du plus rdcent de ces modules, celui du Professeur Leontief a l'Universite de Harvard.

A propos d'un sujet aussi vaste, le present article ne pretend bien sur en aucune maniere a l'exhaustivite. Apres quelques brefs rappels historiques, nous tenterons de rendre compte a grands traits des con- ceptions autour desquelles s'articulent les modules d6mo-6conomiques actuels. Puis de maniere un peu plus precise, nous examinerons quelques mod&les de d6veloppement dont les auteurs voudraient faire une r6f6rence pour I'elaboration des politiques sociales et 6conomiques du Tiers-Monde. Enfin, nous nous interrogerons sur ce genre d'exercice.

Population, no 3, 1977.

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580 MODELES DEMO-ECONOMIQUES

1. Quelques rappels historiques

Les classiques. Pour les mercantilistes, la production des biens ne pouvait s'accroitre qu'en raison directe du volume

des actifs; la population, ainsi consid6r6e comme source de richesses, apparait alors comme une variable explicative, mais dont la d6termination se r6fbre a des considerations 6trangeres I1'6conomie.

F. Quesnay et les physiocrates renversent cette relation en attri- buant les accroissements de population aux effets des accroissements pr6alables du volume des subsistances. Ce point de vue, qui fait pour la premiere fois de la population une variable endogene, expliqu6e par le fonctionnement d'un systeme 6conomique, est ensuite repris puis d6velopp6 par les 6conomistes classiques.

A. Smith 6crit dans La richesse des Nations (livre I chap. VIII): < La demande d'hommes, comme la demande de n'importe quel bien, regle n6cessairement la production d'hommes; elle la ralentit quand elle croit trop rapidement et la stimule quand elle est trop lente >. Smith assimile ainsi, par l'interm6diaire de la notion de salaire de subsistance, la production et I'offre de main-d'ceuvre a celles des biens 6conomiques en g6n6ral; il laisse dans l'ombre les influences inverses de la main- d'oeuvre sur la production des biens. D. Ricardo adopte lui aussi les conceptions de Smith et d6veloppe la theorie du << salaire naturel>>: << le salaire naturel est celui qui permet aux travailleurs de subsister et d'avoir une descendance sans cependant augmenter ou diminuer en nombre? >1. Sous leurs formes les plus simples, ces principes peuvent etre r6sumes par la relation suivante (2)

dL - = k (s - s ) dt

L = population active s = salaire actuel k = constante s, = salaire de subsistance (A. Smith)

ou salaire naturel (D. Ricardo). Une telle conception des liaisons entre revenus et population, rap-

prochee du processus de production domin6 par la loi des rendements d&croissants conduit Malthus a son cIl6bre (<Essai sur le Principe de Population > (1798); opposant croissance demographique, en progression g6om6trique (doublant tous les 25 ans) et croissance 6conomique, en progression arithmetique, il pose pour la premiere fois explicitement,

(1) D. Ricardo: Principes de l'*conomie politique et de l'imp6t. (2) L. Behar, Populations et moddles de croissance. - Universit6 Paris I, 1972.

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DE DEVELOPPEMENT 581

les termes d'un d6bat dont on constate aujourd'hui le renouveau, et il inaugure une d6marche de pens6e a laquelle s'apparentent celles des constructeurs actuels des moddles d6mo-6conomiques mondiaux.

La th6orie de Smith et de Ricardo affirmant l'existence d'une liaison m6canique exerc6e par les revenus sur les effectifs de la popu- lation, bien que de pure sp6culation intellectuelle, a eu une influence d6terminante sur la pens6e socialiste du XIXe siecle, principalement sur les socialistes allemands (la << loi d'airain des salaires > 6nonc6e en 1863 par F. Lassalle) et sur K. Marx lui-meme.

Le progres 6conomique finissant toujours pour les classiques par etre bloqu6 par le jeu des deux lois naturelles et immuables, la loi du d6veloppement naturel de la population et la loi des rendements d6crois- sants, J.St. Mill d6veloppera la th6orie de l'< 6tat stationnaire > 6tat d'une soci6t6 dont la richesse et la population ont cess6 de s'accroitre et demeurent ind6finiment constants. II affirme l'absolue n6cessit6 de voir < le fleuve de l'industrie humaine aboutir en fin de tout " une mer stagnante >; il voit dans cet 6tat stationnaire l'aboutissement in61uc- table de l'6volution de toute soci6t6 humaine, et il 6crit dans ses < prin- cipes d'6conomie politique > (1848): <(L'accroissement de la richesse n'est pas illimit6; a la fin de ce qu'on appelle 1'6tat progressif se trouve l'6tat stationnaire >. Il est curieux de constater aujourd'hui la parent6 de ces conceptions avec les themes qui r6cemment ont agit6 l'opinion a propos des limites de la croissance d6mographique et 6conomique.

Pourtant aucun des grands 6conomistes classiques ne semble r6elle- ment avoir entrevu les cons6quences des r6volutions industrielles du xixe siecle. Celles-ci ayant diffus6 vers la fin du siecle une augmentation notable des revenus par tete dans les pays europ6ens, la pens6e 6cono- mique s'est alors quelque peu 6loign6e de la variable d6mographique, et a pour un temps abandonn6 le d6bat malthusien.

Marginalistes et neo-classiques. A la fin du siecle et au d6but du xxe siecle, l'6cole marginaliste et les au-

teurs neo-classiques nuancent quelque peu les rapports de la theorie 6conomique avec la variable population. V. Pareto consacre pres d'une centaine de pages de son cours d'6conomie politique (1897), sous la rubrique << des capitaux personnels >> l'examen des modes d'interactions entre variables d6mographiques et 6conomiques. Il clarifie les concepts classiques, en nuance les aspects m6caniques et propose des points de vue nouveaux. Il cite dans le < Manuel > comme dans le < Cours > les remarques d'A. Marshall d6velopp6es par les travaux de l'6cole de Cambridge: < L'am6lioration et la d6t6rioration des conditions 6cono- miques d'un pays sont en relation avec les ph6nomines de la population...

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582 MODELES DEMO-CONOMIQUES

D'apres Marshall (1), la nuptialit6 en Angleterre dans la premiere moiti6 du xIxe siecle d6pend principalement de la production agricole (qu'il caract6rise par l'6volution du prix des grains) (2); dans la seconde moiti6 du xlxe siecle, elle d6pend au contraire principalement du mouvement commercial >>. Il semble 8tre l'un des premiers 6conomistes a se soucier de 1'existence d'importants d6calages temporels dans les m6canismes d'in- teractions d6mo-6conomiques en ajoutant: << la diminution ou l'augmen- tation de la prosp6rit6 n'agit pas imm6diatement sur les mariages; elle agit plus lentement encore sur les naissances et sur les d6ces >. Pareto reconnaft les ambivalences des effets d6mographiques des parametres 6conomiques; il 6crit dans le << Cours d'Economie Politique > : < L'in- fluence des conditions 6conomiques se fait sentir sur les variables d6mo- graphiques de la soci6t6 bien avant l'apparition des famines... N6anmoins de grandes richesses ne semblent pas une condition favorable au d6velop- pement de la race >. II d6passe ces paradoxes en consid6rant que les variables 6conomiques influencent la nuptialit6 et la mortalit6 par l'inter- m6diaire de la recherche par les individus de leur optimum d'ophelimitd, cette derniere 6tant une fonction subjective qui conditionne les compor- tements individuels et qu'il suppose influenc6e principalement, non pas par l'6tat des variables 6conomiques (montants des revenus par exemple), mais bien plut6t par les variations de ces parametres. Les tentatives actuelles visant a 6laborer la th6orie 6conomique de la constitution des familles, dont T.W. Schultz et H. Leibenstein sont parmi les initiateurs, procedent fondamentalement de ce point de vue par6tien; nous verrons l'importance de leur rble dans la construction des modeles r6cents. Ainsi, pour Pareto, mariages et naissances seront en partie fonction des accrois- sements des variables 6conomiques, ce qui conduit ' des systemes d'6qua- tions diff6rentielles. Par la suite, il oppose l'oph6limit6 des individus ou des petits groupes avec ce qu'il appelle l'utilite sociale de l'ensemble de la soci6t6, fonction plus directement affectee par l'6tat de l'6conomie de cette soci6t6.

Pareto r6cuse la vision lin6aire et m6caniste des classiques et leur oppose la notion tout a fait actuelle de systeme global: < Des lois extremement complexes et en partie inconnues relient ensemble le taux des naissances, celui de la mortalit6 et les conditions 6conomiques, sans qu'on puisse dire que l'un de ces phenomrnes soit la cause des autres >. Enfin, il mentionne dans son cours les theories d'Engel, ancien directeur de la statistique de Prusse (3) propos de la notion de < Cout de pro- duction de l'homme > qui annoncent curieusement les d6marches des

(1) Principes d'dconomie. (2) Note de l'auteur. (3) L'auteur des lois sur les 6lasticites des consommations alimentaires par

rapport au revenu.

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DE DEVELOPPEMENT 583

tenants actuels des analyses <<Cofits-b6nfices >> des programmes de plans familiaux. <<Le Dr Engel, 6crit Pareto, evalue en 1875 les d6penses pour un nouveau-ne avant et apres sa naissance a 100 marks, et estime que ces d6penses augmentent de 10 marks chaque ann6e (110 marks la seconde etc.) jusqu'd 25 ans... 11 insiste sur la n6cessit6 de comparer le cofit de production de l'homme ' son rendement et d6clare que plus la valeur de rendement est sup6rieure au prix de revient, plus les hommes peuvent &tre satisfaits et plus la richesse du pays augmente, le contraire ayant lieu si le prix de revient des hommes d6passe leur valeur de rendement >.

Sans doute n'6tait-il pas superflu de rappeler les parent6s concep- tuelles des propositions a partir desquelles sont construits les modeles d6mo-6conomiques actuels. On voit que de tels exercices ne doivent nullement pr6tendre a des pr6visions a tres long terme; pour en 6laborer de semblables, il ne manquait en effet, aux contemporains de J. St. Mill que l'usage de l'informatique, et l'on imagine mal que meme avec le secours de celle-ci, ils aient pu donner a l'6poque une image correcte des caract6ristiques 6conomiques et d6mographiques du monde actuel.

2. La variable population dans les moddles de croissance, evolution et tendances actuelles

Les premiers modlIes de croissance

dans le plein emploi.

Depuis 1945, le d6veloppement 6conomique - surtout celui des pays du Tiers Monde - est devenu un souci primordial des organis- mes internationaux. La croissance sans pr6c6-

dent des populations de ces pays a ramen6 les 6conomistes a la prise en compte explicite des variables d6mographiques dans les theories du d6veloppement.

Jusque vers 1970, la plupart des modules de croissance traitent la population et son evolution comme des donn6es exterieures au systeme economique, comme des variables exogenes; il y aurait sans doute lieu de distinguer les modules des ann6es cinquante centr6es sur le plein emploi des modules posterieurs plus nettement malthusiens.

Les premiers modules de croissance font usage du taux global (exogene) de croissance de la population qui est grossierement confondu avec le taux de croissance de la population active (laquelle est par ailleurs consid6r6e comme une variable parfaitement homogene).

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584 MODELES DEMO-ECONOMIQUES

R.F. Harrod (1955-1960) et E. Domar (1957).

Les travaux de Harrod ont profond6ment marqu6 les theories contemporaines du d6veloppement. C'est par le simple biais de la recherche keynesienne des conditions de plein-emploi dans la croissance qu'il incorpore la variable population.

Les travaux de E. Domar s'apparentent 6troitement a ceux de Harrod; ii y introduit plus sp6cifiquement une fonction d'investissement aujourd'hui classique :

a = propension marginale a l'epargne dl 1 v = inverse du coefficient marginal de capital

I . v = -.- ou taux d'inte'rt national des investisse- dt a ments.

I= Io eCpt

Les modules de Domar exigent pour que la condition de crois- sance dans le plein emploi soit satisfaite que l'investissement croisse expo- nentiellement ' un taux d6termin6 par le taux de croissance de la popu- lation, par l'intermediaire des mecanismes d'6pargne.

R.M. Solow (1956).

Solow tente de determiner les conditions d'accumulation du capital qui permettent de realiser la croissance dans le plein emploi. Utilisant une fonction de production Y = f(K,L), oui K est le stock de capital et L repr6sente la population active, son raisonnement s'articule de la maniere suivante :

Le taux d'accumulation du capital s'6crit: dK

- K = sY s = taux d' pargne (suppose constant) dt

Nous avons donc la relation K = sf(K,L) a laquelle Solow ajoute l'6quation de la main-d'ceuvre : L(t) = Loe"t, ofi n, 6quivalent du taux de croissance < naturel > de Harrod, est fourni par des considerations ext6- rieures au module.

Le taux d'accumulation du capital qui permet la croissance dans le plein emploi est alors obtenu . l'aide de la relation suivante:

K = sf (K, Lo ent

of n est conditionn6 par le taux de croissance de la population, donn6e parfaitement exogine au module.

Ces exemples c616bres illustrent comment la population, toujours

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par le biais de l'emploi, est prise en compte quelque peu artificiellement dans les premiers modeles de d6veloppement (1). Avant d'aborder les principaux modules actuels, il convient n6anmoins, en raison de l'influence qu'il exerce encore, de faire une place h part au module que Coale et Hoover ont publi6 en 1958 ' partir des donn6es statistiques de l'Inde, ainsi qu'at la variante qu'en a proposee Demeny quelques annees plus tard.

Les modeles malthusiens. Ces modules - et ceux qui s'en sont ins- pir6s - pour lesquels les accroissements

d6mographiques sont des variables purement exogenes, visent 'a quantifier les effets d'une baisse de la f6condit6 sur la croissance 6conomique. Contrairement aux modules mondiaux recents, leurs horizons temporels ne d6passent en g6n6ral pas la g6n6ration (Coale et Hoover, a propos de l'Inde raisonnent sur une periode de 15 annees). Ils procedent fondamen- talement d'une d6marche que l'on peut ainsi r6sumer: une chute de la f6condit6 engendre au terme d'une quinzaine d'ann6es, deux series prin- cipales d'effets qui se conjugent pour accroitre le revenu par tete:

- une diminution du nombre des enfants ' charge dans la soci6td,

laquelle entraine une baisse relative du cofit par habitant de l'6ducation, du logement, de la sant6 et de l'infrastructure sociale, et par cons6quent permet tout a la fois d'accroitre le niveau des investissements et de les orienter vers les secteurs de l'6conomie les plus productifs;

- un freinage de la croissance de la main-d'ceuvre qui tout en contribuant ' la resorption du ch6mage, permet d'accroitre et d'am61iorer l'6quipement pour chaque personne au travail, et d'augmenter ainsi la productivit6 de la main-d'ceuvre.

Le module keyndsien de Coale et Hoover (1958). Le module de Coale et Hoover est centre autour d'une fonction

d'6pargne et d'une fonction d'investissement, laquelle distingue l'<< inves- tissement d6mographique > de l'investissement productif, ce dernier appa- raissant, nous allons le voir, comme un r6sidu du calcul. W.C. Robinson et D.E. Horlacher en ont donn6 une pr6sentation r6sum6e en 1971 (2)

Une premiere expression de l'ensemble F des d6penses publiques et des investissements priv6s est obtenue 'a partir de l'6galit6 F = E

(1) I1 aurait bien stir fallu mentionner aussi les travaux de Colin Clarke, Haavelmo, Leibenstein, Nelson, Ranis et Fei, Kaldor et Mirrlees, Jorgenson, Niehans, Walsh, Lloyd, Ruprecht, Phelps, Easterlin, etc. qui, distinguant plusieurs secteurs dans l'6conomie ont imagine des modules de ce type plus ou moins sophis- tiqu6s; le cadre du present article ne se prate malheureusement pas a une telle etude.

(2) <Accroissement de la population et bien-etre 6conomique >, Bulletin de ddmographie et de planning familial. - N' 6, sept. 1971.

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586 MODELES DEMO-ECONOMIQUES

(6pargne globale), en int6grant la fonction keyn6sienne d'6pargne d (E/C) = ed (R/C) ohi e est un parametre constant qui a la dimension d'un taux d'6pargne, R est le revenu national, et C repr6sente la consommation glo- bale ou encore l'effectif de la population compt6e en < 6quivalents de consommateur adulte > (")

eRo - Fo F =eR- C (1) co

Parmi les d6penses F de l'ann6e t, Coale et Hoover distinguent: - Les investissements en biens d'6quipement directement productifs

D qu'ils considerent comme une variable exogene d6termin6e par la politique de d6veloppement,

- Les investissements << sociaux > destin6s au < bien-&tre > direc- tement reli6s 'a la population et a sa croissance, incluant la notion d'investissements d6mographiques due 'a A. Sauvy:

F=D W W se subdivise en investissements W, relatifs a la population actuelle, et W, relatifs 'a la population additionnelle. A leur propos, Coale et Hoover font les hypothises suivantes :

- Les besoins sociaux initiaux d'un nouveau membre de la soci6t6 repr6sentent dix fois la d6pense sociale annuelle de cet individu par la suite, soit W1/WC = 10 r, si r est le taux d'accroissement de la population;

- W, repr6sente une part constante h du revenu R, soit W- = hR (h , 73 p. 1 000).

Ces consid6rations fournissent alors la seconde expression de F: (2) F-= D + (1 + 10r) hR

Les expressions (1) et (2) de F permettent de calculer R qui d6termine W.

Or par ailleurs, les composants W, et W, de W interviennent dans l'valuation de ce que Coale et Hoover appellent les < d6penses de croissance > (2) G et dont ils donnent l'expression suivante:

G = D + (dcWc + dWij)L + (dcW + diW)t15

(1 - L)t-_15

d, et d sont des coefficients qui convertissent en capital physique d'une productivit6 6gale les d6penses d'investissements sociaux correspondants. L repr6sentant le taux global d'activit6, cette expression indique que les d6penses de croissance, qui dans ce modele font figure d'investissements globaux, et constituent le moteur du d6veloppement 6conomique a l'instant t, sont constitu6es des investissements sociaux r6alis6s pour la

(1) Ainsi calcul6s: 0,5 pour un enfant de moins de 10 ans, 0,9 pour une femme de 10 ans et plus, 1,0 pour un homme de 10 ans et plus.

(2) << equivalent growth outlays >.

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DE DEVELOPPEMENT 587

main-d'euvre d'une part, et des mimes investissements relatifs aux non-actifs quinze ans plus t6t.

G qui est ainsi assimil6 a l'investissement I ou ' l'accroissement de capital AK (G = I = AK), conditionne l'accroissement de revenu dR par l'introduction d'une variable Q qui peut etre consid6r6e comme une espece de coefficient marginal de capital (en fait il s'agit d'une accumu- lation de capital mat6riel et d'6quivalent physique de capital humain ou social)

dK Q = par consequent : dR

G Rt+l = Rt +- Q

Enfin Coale et Hoover assignent au coefficient marginal de capital Q une croissance lin6aire : Q = Qo + Xt.

A partir des donn6es indiennes de 1956 et du plan quinquennal de d6veloppement, ils ont alors propose en donnant plusieurs valeurs aux parametres e, d,, di, Qo et X, une s6rie de projections qui leur permettent de comparer les revenus par tete fournis en 1986 par le module selon des hypotheses de fecondit6 forte ou faible.

Ce modble attribuant aux investissements sociaux une productivit6 tres inf6rieure 'a celle des capitaux physiques (souvent nuls, les di et les d, sont toujours inf6rieurs a 0,5), ces derniers 6tant limit6s par les d6penses sociales sur lesquelles pise la croissance d6mographique, conduit 6videmment a constater un d6calage rapide et important dans les 6volu- tions du revenu par tate selon les hypotheses de f6condit6. Remarquons en outre qu'un d6calage de 15 ann6es est introduit dans la fonction d'investissement G qui n'a pas le temps de d6velopper clairement ses effets, puisque la p6riode de projection du module est ici limit6e ta 28 ans. Mais une des principales faiblesses de cet exercice r6side dans l'expression de la fonction d'6pargne sur laquelle il est construit: l'essentiel du volume de l'6pargne personnelle dans un pays en voie de d6veloppement (et surtout de l'6pargne mon6taire dont il s'agit ici en l'occurence) est le fait de groupes aux revenus 61ev6s dont les consommations sont peu sensibles a leur f6condit6 d6ja r6duite; et par contre une baisse de f6condit6 parmi les groupes 'a faibles revenus entraine en g6n6ral dans ces pays un accroissement de leur consommation par tete sans augmenter leur 6pargne.

La variante de P. Demeny. Cet exercice a curieusement rencontr6 un tris large 6cho dans les

anndes 60, et a 6t6 cit6 comme fondement thdorique des programmes de

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588 MODELES DEMO-ECONOMIQUES

planification familiale qui ont 6t6 mis en place sur une tres grande 6chelle dans les pays asiatiques. C'est dans ce contexte que P. Demeny a perfectionn6 ce module en prenant en compte un aspect de la question n6glig6 par ses auteurs; conservant les relations essentielles d'6pargne et d'investissement, il essaie d'examiner ' quel prix un programme national de limitation des naissances vaudrait d'etre entrepris, et comment ce prix pourrait ltre reli6 aux structures de l'6conomie. L'avantage d'une baisse de la f6condit6 se justifiait en effet, dans le module initial, par le fait qu'un effectif de main-d'oeuvre inchang6 pouvait disposer d'une plus grande quantit6 de biens d'6quipement. Mais les r6sultats pourraient ne pas &tre aussi favorables si les investissements dans un programme anti- nataliste devaient remplacer massivement les investissements en biens d'6quipements. Demeny propose a ce sujet la rbgle suivante: il estime que le montant maximum qu'une 6conomie puisse consacrer 'a une politique de frein de la natalit6 devrait etre tel qu'il maintienne le revenu par consommateur adulte au niveau qu'il aurait eu en l'absence d'une telle politique (1). Les moddles ndo-classiques de S. Enke.

Ces travaux comme nous venons de le voir se fondent sur une fonction de production r6duite a un coefficient de capital Q, c'est-a-dire que la production finale n'est fonction que du stock de capital (2). C'est consid6rer comme nulle la productivit6 marginale du travail et son 61lasticit6 de substitution avec le capital; c'est donc 6carter a priori toute organisation du travail accroissant l'intensit6 de la main-d'oeuvre. Unc analyse utilisant ainsi une fonction de production

' coefficients fixes ne peut se justifier sur une longue periode. On a vu en outre le r61le crucial de la fonction d'6pargne dans le systeme qui d6termine I'accumulation de capital, seul facteur consider6 comme productif. Ces critiques condui- ront plusieurs auteurs dont S. Enke ' reprendre le meme sch6ma g6n6ral de raisonnement, mais en utilisant une fonction de production de Cobb- Douglas; W.C. Robinson et D.E. Horlacher observent en effet (3) : Les

modules de croissance n6o-classiques faisant usage d'une fonction de production continue et de bon comportement, la population influence directement le revenu ' travers le facteur main-d'oeuvre; des lors les

hypotheses particulieres formul6es a propos de la fonction d'6pargne, par l'interm6diaire de laquelle la population exerce 6galement une influence sur la constitution du stock de capital, ne pr6sente plus un caractere aussi determinant dans la formation du produit global >>.

1) Nous n'exposerons pas ici le module de P. Demeny. Nous renvoyons le 'ecteur a ses articles: cf. Bibliographie.

(2) I1 eut fallu mentionner aussi le module de G. Zaidan. Nous renvoyons a l'analyse de W.C. Robinson et D.E. Horlacher (ouvrage cite).

(3) Article cit6.

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DE DiVELOPPEMENT 589

Ainsi les premiers modules n6o-classiques de S. Enke sont centr6s sur une fonction de production de Cobb-Douglas :

Qt=kLeKf Tl

Qt = production k = coefficient numbrique de conversion Lt = effectif de main-d'oeuvre Kt= stock de capital Tt = facteur de progres technique (neutre) a = ilasticite marginale du travail 3 = 6lasticit6 marginale du capital y = 6lasticit6 marginale du progres technique

Le module s'attache a preciser surtout le comportement des fonc- tions Lt et Kt a l'aide d'un sous-modle d6mographique ainsi resume :

i= 5 0-5 4

Lt = (3/4) Y Ait i=15-19

Ait = nombres de personnes (des 2 sexes) a l'instant t dans le groupe d'ages i

Kt = Kt-1 + It It = investissement

It = St St = epargne

St = ~i Sit. Cette fonction d'epargne est determin"e en considerant que, dans chaque groupe d'iges i, la propension a "pargner est une fonction du revenu par tate :

( 0,05

(Y/Ao) Yt (i Y/Ao

Une baisse de la f6condite entrainant une hausse du revenu par tate, engendre dans ce module un accroissement de la consommation et de 1'6pargne par individu. La croissance de I'6pargne acc61ere l'accumulation du capital, et par cons6quent augmente la productivit6. Avec un d6calage de 15 ans 1'effectif de la main-d'ceuvre commence a fl6chir, mais cette perte est compens6e par le gain en capital.

Ce type de module permet alors ' Enke d'6valuer la valeur moyenne

d'une naissance 6vit6e par un programme antinataliste, en formant a la date t le rapport de la difference des revenus globaux obtenus avec et sans ce programme, a celle des effectifs des naissances correspondants. Il d6finit alors le taux de rendement d'un tel programme comme le rapport de cette diff6rence des revenus globaux au cofit du programme.

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590 MODELES DEMO-ECONOMIQUES

S. Enke en d6veloppant la notion de << valeur d'une naissance 6vit6e > ressuscite les conceptions d'Engel

' propos de < cofit de production de

l'homme > mentionn6es par Pareto, voici 80 ans. Il est ia l'origine des nombreuses analyses de < cofit-b6n6fice >> 61abor6es a l'occasion des pro- grammes de limitation des naissances mis en place voici quinze ans dans les pays asiatiques. Assimilant d6veloppement 6conomique et baisse de la f6condit6, ces travaux ont conduit a des propositions extravagantes, un auteur ayant par exemple affirm6 sur de telles bases l'existence d'une relation directe entre l'endettement ext6rieur de ces pays et l'importance de leur effort en matiere de limitation des naissances.

Les rdactions. Les exces malthusiens auxquels a conduit l'usage de ces modiles

souvent simplistes, ont ressuscit6 un d6bat passionnel et appel6 6galement des critiques pertinentes. G. Myrdal a exprim6 un commentaire s6vere

i propos du module de Coale et Hoover (1); quant 'i S. Kuznets, il a fait observer: <... nous n'avons pas test6, ni meme 6valu6 l'ordre de grandeur des coefficients empiriques avec lesquels pond6rer les divers effets positifs et n6gatifs de la croissance d6mographique. Lors meme que nous sommes capables de distinguer le sens d'une relation, nous ne pouvons en g6n6ral rien dire de la forme de la fonction qui serait cens6e la representer >> (2. Les travaux d'E. Boserup sur l'6volution des densites rurales et des productivit6s agricoles s'opposent eux aussi aux conceptions de Coale et Hoover et d'Enke (3)

Ces premiers modules, en pr6sentant la croissance 6conomique comme le r6sultat d'une s6rie de compromis entre consommation et accumulation du capital physique, privil6gient tous plus ou moins les aspects d6pensiers et non productifs de la population. Meme sur la longue p6riode les <'investissements humains > (6ducation, sant6, ...) y sont toujours compt6s comme d6nu6s d'effets productifs. Leurs macro- variables repr6sentent des agr6gats dont la consistance et I'homog6ndit6 sont pour le moins douteuses sur la longue p6riode. Enfin, ces modules ne sont pas < boucl6s >, c'est-a-dire que l'6conomie n'y r6agit pas, ou peu sur les variables d6mographiques.

Avec le d6veloppement des techniques des systemes dynamiques de simulation, de nombreux efforts ont 6t6 entrepris ces dernieres ann6es pour d6sagr6ger les variables en constituants plus homogenes, et d6gager des micro-modeles empiriques test6s sur des observations r6elles, aug-

(1) G. Myrdall, Asian Drama, 1968. (2) S. Kuznets, Population Change and the Aggregate Output, Conference

Princeton, 1960. () I1 aurait fallu mentionner aussi les theories anti-malthusiennes de J. Simon.

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DE DEVELOPPEMENT 591

mentant ainsi l'endog6n6it6 des variables d6mographiques. L'utilit6 de tels efforts a 6t6 soulign6e parmi les recommandations de la conf6rence mondiale de la population 1974

' Bucarest. D'ailleurs I'ONU, sensible aux themes actuels du < nouvel ordre 6conomique mondial >>, a press6 l'un de ses d6partements (1) de mettre au point avec l'6quipe du Pr. L6ontieff un module mondial fortement d6sagr6g6 distinguant 45 indus- tries et 15 r6gions et int6grant les flux internationaux, afin de proposer ainsi un cadre g6n6ral de r6f6rence pour la d6termination des principaux objectifs des prochaines << d6cennies du d6veloppement >. La FAO, avec les modules dus ' Lin et Martos, a entrepris des efforts en ce sens. Mais c'est surtout le BIT qui, avec les modules < Bachue > et les tris nom- breuses 6tudes de cas auxquelles ils ont donn6 lieu, a fait v6ritablement oeuvre de pionnier dans cette voie.

En 6cho a ces travaux fondamentaux et prometteurs mais de longue haleine, le d6bat malthusien a fait l'objet des titres de la grande presse, apres la publication par le Club de Rome des r6sultats successifs des deux modules mondiaux: <<World 2 > (1970) et <<World 3 > (1974) mis au point au MIT par l'6quipe de J.W. Forrester et Meadows, en attendant la troisieme version de ces modules, 61abor6e sous la direction du Pr Tinbergen. Nous ne pr6senterons pas ces modiles qui r6pondent plut6t 'a des pr6occupations d'ordre psychologique, voire politique. Nous nous contenterons d'indiquer que jusqu'ici ces analyses de < l'apocalypse du xxIe siecle > s'articulent fondamentalement autour de cinq variables principales souvent peu d6sagr6g6es et pour certaines assez mal d6finies : la population, les ressources naturelles, le stock de capital physique, la pollution et enfin le capital investi dans l'agriculture qui d6termine le montant des subsistances disponibles; leurs comportements r6pondent, au niveau macro-6conomique, 'a des relations aux justifications th6oriques ou plus rarement empiriques peu 6videntes. D'ailleurs les auteurs du second module < World 3 > ont reconnu 'a la suite du rapport de l'Univer- sit6 du Sussex (2), la sensibilit6 souvent critique de leur systime aux valeurs attribu6es aux coefficients marginaux de capital, variables dont on connait la difficult6 de mesure et d'interpr6tation.

Ces modiles ont suscit6 par r6action la publication r6cente (3) par la fondation Bariloche des r6sultats d'un autre modble appel6 < Latino- am6ricain > que nous pr6senterons succinctement plus loin, en raison de l'influence qu'il exerce sur les d6finitions nouvelles des politiques de < satisfaction des besoins essentiels > des agences sp6cialis6es des Nations Unies.

(1) I1 s'agit du < projet 2000>> du CDPPP : Center for Development Planning Projections and Policies.

(2) H. Cole, C. Freeman and others << Thinking about the future, a critique of < The limits of growth >> >>, Londres 1973.

(3) Catastrophe ou Nouvelle societd ? - IDRC, 1976.

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592 MODELES DEMO-ECONOMIQUES

3. CaractBristiques de quelques modbles actuels

Plusieurs modiles d6mo-6conomiques exercent aujourd'hui une influence concrete sur les strat6gies du d6veloppement d'un nombre croissant de pays du Tiers-Monde. Nous allons tenter d'exposer les principales caract6ristiques de quelques-uns: les modeles < Tempo > de la General Electric, les modules < Bachue > du BIT, le module de Lin et Martos de la FAO, enfin le module latino-am6ricain. Nous termi- nerons par la question des d6finitions des < besoins essentiels >.

Les modlies <, Tempo >. Ces modules destin6s a tre appliques direc-

tement aux donn6es d'un pays en voie de d6veloppement, constituent un prolongement du module n6o-classique de S. Enke qui a 6t6 pr6sent6 au paragraphe pr6c6dent. Ils t6moignent des premiers efforts pour d6sagr6ger les variables, et syst6matisent le traite- ment informatique des donn6es. Ne concernant que la population d6com- pos6e en groupes d'ages quinquennaux, sexes s6par6s, cette d6sagr6gation demeure n6anmoins tres artificielle; et de fait elle r6pond a des jeux de projections d6mographiques exogenes au module. Voici r6sum6es les structures et les relations principales autour desquelles s'articulent les 4 grandes variantes de ces modules.

Le sous-modle ddmographique est constitu6 par une projection d6mographique classique par sexe et par age, obtenue en appliquant une loi de mortalit6 et une loi de f6condit6 a un vecteur initial de population.

Le sous-moddle &conomique est centr6 autour de la fonction de Cobb-Douglas:

(1) GNP = k (1 +- q) t KtI N _

(1 + q)t mesure l'effet du progres technique, K le stock de capital, N repr6sente les effectifs actifs employds et GNP le produit national brut.

i= 13

(2) Lt= (ai Hit+i Fit) i--4

Lt est 1'effectif de la population active, Hit et Fit ceux des hommes et des femmes du in" groupe d'ages, ac et fi les taux d'activit6 correspondant. (3) Nt = n. Lt n est un indice qui caracterise le ch6mage ou le sous-emploi. (4) K, = Kt.1 + It I repr6sente l'investissement net.

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DE DEVELOPPEMENT 593

(5) Ct = a. YDt + b. (H + F)t C repr6sente la consommation priv6e totale, YD le revenu disponible total du secteur priv6; a et b sont deux parametres du module. (6) YDt = GNPt - TAXt TAX represente 1'ensemble des recettes fiscales qui financent la politique du secteur gouvernemental dans le module. (7) It = IPt + IGt IP repr6sente l'investissement net priv6, et IG l'investissement net public qui est une variable d6terminde par les choix politiques (8) IPt = YDt - Ct

Un sous-modele des modules Tempo est consacre au secteur gouver- nemental. Quatre variantes A, B, C, D sont usities, dont les diff6rences sont d'ailleurs mineures :

- Version A. Les d6penses gouvernementales (G) se r6partissent en trois budgets: '< 6ducation >> (ED), < investissements publics > (IG) et < autres d6penses > (OTH). Chaque budget est d6termin6 en proportion du produit brut (GNP). (9 a) Gt = EDt + IGt + OTHt (10 a) TAXt = Gt (11 a) EDt = e. GNPt (12 a) IGt = f, GNPt (13 a) OTHt = g- GNPt

- Version B. Les d6penses publiques sont determin6es par les imp6ts. Le budget de 1'6ducation (ED) repr6sente le cofit de la r6alisation d'un certain nombre d'objectifs de scolarisation (intensit6, qualit6) d6ter- min6s a priori dans les divers cycles du systeme d'enseignement. Ce coft (ED) est 6valu6 a partir des projections scolaires d6riv6es des pro- jections incluses dans le sous-modele d6mographique I; (ED) englobe a la fois les coits de fonctionnement et les cofits d'investissements dans le systeme 6ducatif engendr6s par la croissance de la population.

Cette variante correspond done aux relations suivantes : (9 b) Gt = TAXt (10 b) TAXt = t,. GNPt (11 b) EDt est fourni par le sous-modele d6mographique (I) (12 b) IGt = fb,. Gt (13 b) OTHt = Gt - EDt - IGt fb et tx sont des paramitres conditionn6s par la politique 6conomique.

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594 MODELES DEMO-ECONOMIQUES

- Version C. Cette version est semblable 'a la version B prec6- dente, 'a ceci pres que c'est ici l'investissement public IG qui est d6ter-

min6 en tant que composante r6siduelle du budget de l'Etat: (9 c), (10 c) et (11 c) sont identiques a (9 b), (10 b), (10 c) mais:

(12 c) IGt = Gt - EDt - OTHt (13 c) OTHt = gc.Gt g, est ici un parametre de politique 6conomique.

- Version D. Cette version reprend le schema de la version A, mais dans le cas pr6sent EDt correspond a des objectifs d6termin6s de scolarisation dont les coots sont fournis par le sous-modele (I). (9 d), (12 d) et (13 d) sont identiques a (9 a), (10 a) (12 a) et (13 a) mais : (11 d) EDt est donn6 par le sous-modele (I)

Ces modules aujourd'hui largement diffus6s, sont justiciables des critiques qui ont d6ja 6t6 formul6es propos de la pr6sentation du module n6o-classique de S. Enke:

* la disagr6gation ne concerne essentiellement que l'age et le sexe; * les instruments de politique 6conomique sont r6duits a l'examen

de trois ou quatre param&tres, le plus significatif 6tant sans doute TAX qui exprime ici la pression de 1'Etat sur 1'6conomie;

* la population est une donn6e exogene du systeme; les relations dans lesquelles elle est impliqu6e sont essentiellement non productives (pour la plupart);

* en particulier les d6penses allouees au systeme 6ducatif sont ici consid6r6es comme de pures consommations; nulle relation ne relie celles-ci au progres technique ou ' la productivit6 du travail au sein de la fonction de production, ni aux lois de f6condit6 et de mortalit6 du sous-modile d6mographique;

* enfin, dans la pratique des applications de ces modules a un pays particulier, I'6valuation des valeurs initiales qui doivent etre attribu6es aux ingr6dients de la fonction de production (principalement l'appr6- ciation du capital Ko) souleve nombre de problkmes tres d6licats.

Les mod les << Bachue >>. Les biais et les limites des modules Tempo ont suscit6 depuis quatre ans la construc-

tion de modules d6mo-6conomiques beaucoup plus raffin6s. En parti- culier le BIT langant le < Programme Mondial pour l'Emploi > a charg6 une 6quipe anim6e par L. Emmeriij, G.B. Rodgers, R. Wery, G. Blandy et M. Hopkins de d6gager un cadre conceptuel g6n6ral, qui permette de coordonner les multiples etudes en cours dans les pays du Tiers-Monde visant g 61ucider, dans leurs contextes d6mographiques et socio-6cono- miques, les processus actuels de l'emploi, du sous-emploi et du ch6mage.

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DE DEVELOPPEMENT 595

Ainsi le projet < Population et Emploi > a pour objectif de clarifier les interrelations entre la croissance de l'emploi et les variations de taille, de structure et d'habitat de la population, et leurs implications avec la politique 6conomique et sociale. A cette fin, une soixantaine d'6tudes ponctuelles ont 6t6 depuis lors r6alis6es ou sont encore en cours dans de nombreux pays du Tiers-Monde. Leurs principaux r6sultats ont d6ja donn6 lieu " la publication par le BIT de plus d'une quarantaine de travaux dans la s6rie Population et emploi. Observations et tests statis- tiques ainsi rassembl6s ont nourri les g6n6rations successives des modules d6mo-6conomiques "a long-terme, baptis6s << Bachue > par cette 6quipe, et leur ont permis de commencer a combler quelques-unes des lacunes les plus graves des autres modules du genre, en particulier les faiblesses de l'analyse des influences du systeme socio-6conomique sur les fonctions d6mographiques.

Adoptant initialement une version modifi6e d'un module Enke- Tempo, l'6quipe du BIT fut tres vite amen6e a abandonner cette voie en constatant qu'un tel module, entierement orient6 vers l'offre (car centr6 sur des fonctions Cobb-Douglas) se r6v6lait totalement inefficace pour rendre compte des effets cruciaux des secteurs traditionnels et de leurs surplus de main-d'ceuvre, si importants dans les 6conomies des pays en voie de d6veloppement. Une approche privil6giant la demande paraissait mieux adapt6e aux r6alit6s du Tiers-Monde; elle conduisit a la cons- truction du module th6orique g6n6ral Bachue I, qui quelques ann6es plus tard fut suivi d'une version op6rationnelle modifi6e Bachue II, appliquee depuis lors au d6veloppement des Philippines.

Bachue I.

* Une note technique publi6e en 1974 par le BIT (1) fournit une pr6sen- tation synth6tique du premier module th6orique Bachue I. Il s'agit d'un modile de simulation entierement r6cursif (la d6termination simultan6e des variables a pu etre 6vit6e en divisant chaque ann6e de projection en huit sous-p6riodes de simulation) articul6 en trois sous-systemes dont les variables principales sont les suivantes :

- le sous-modele ddmographique fournit la structure de la popu- lation selon l'age, le sexe, I'habitat urbain ou rural, I'activit6 ou la non activit6;

- le sous-modle de l'dducation simule dans les zones urbaines et rurales la progression des cohortes des filles et garqons dans le systeme scolaire, et d6termine ainsi les niveaux d'instruction de la population;

- le sous-moddle economique sectoriel pr6cise les structures de la consommation priv6e, des valeurs ajout6es, des productivit6s et emplois

(1) Programme Mondial de l'Emploi, rapport d'activit6 BIT, Geneve, 1974.

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596 MODELES DEMO-ECONOMIQUES

sectoriels en zones urbaines et rurales, des distributions des revenus dans ces deux zones, d6termine l'importance des d6penses publiques, des investissements, des exportations et importations selon les secteurs de l'6conomie. Ce module est donc fortement endogene (f6condit6, mortalit6, migration, parcours scolaires, productivit6s, revenus, consommations figu- rent parmi les principales variables d6termin6es par le module); il repr6- sente une premibre 6tape importante vers la d6sagr6gation et tente d'6ta- blir une liaison entre des micro-modeles socio-d6mographiques et les variables macro-6conomiques.

D6taillons ces trois sous-modiles. Le sous-modele demographique comporte une s6rie de relations

purement comptables qui permettent de suivre les cohortes au long de leur existence dans le modile, ainsi qu'un ensemble d'6quations de com- portement qui d6terminent naissances, d6ces, migration et activit6.

a) La ficonditd est caracterisee a tout moment par la < descendance totale probable des femmes >. Cet indice est fonction de deux compo- santes, l'une indiquant le nombre moyen d'enfants d6sir6s, I'autre refl6- tant une < incertitude >. La d6termination du nombre d'enfants d6sir6s r6pond a la th6orie n6o-classique de la maximisation de < l'utilit6 > des m6nages '1. Ce nombre est influenc6 d'abord positivement puis n6gati- vement au-delk du seuil de 50 ans par l'esp6rance de vie a la naissance, n6gativement par le niveau d'instruction des parents, n6gativement par l'existence d'emplois f6minins dans le secteur moderne, positivement par la proportion des travailleurs familiaux dans la main-d'oeuvre, n6gati- vement par le niveau d'instruction des autres enfants, et n6gativement par le revenu du m6nage.

Le facteur < incertitude > est cens6 repr6senter le degr6 d'efficacit6 des pratiques de contraception des couples, les m6thodes traditionnelles (comprenant aussi le report de l'Age au mariage) ne pouvant jamais dans le modele r6duire de plus d'un quart la descendance finale physiologique. L'usage des m6thodes de contraception modernes est li6 positivement au niveau d'instruction des jeunes femmes. Une variable de politique exo- gene intervient 6galement

" ce niveau; elle caracterise l'importance et le dynamisme d'un programme national de limitation des naissances. Lors- que 1'efficacit6 des m6thodes est totale, la < descendance totale probable des femmes > rejoint le nombre des enfants qu'elles d6sirent.

En outre, les migrants emportent leurs habitudes initiales de f6con- dit6, lesquelles sont ensuite adapt6es en cinq ans a leur nouvel environ- nement.

(1) Il s'agit de la theorie de Pareto (ressuscit6e aujourd'hui par la nouvelle theorie 6conomique de la formation de la famille selon les travaux de H. Leibens- tein, T.P. Schultz, R. Freedman, R. Easterlin, etc.) selon laquelle les couples maximiseraient < rationnellement > leur < bien-etre > familial.

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DE DEVELOPPEMENT 597

b) Les lois de mortalitf initiales s'apparentent dans Bachue I '

celles du Mexique en 1960. Toujours un peu plus 61ev6es en ville que dans les campagnes, les esp6rances de vie s'accroissent lentement avec les revenus pour rattraper celles qui sont aujourd'hui observ6es dans les pays d6velopp6s, une fois que les revenus ont tripl6 leurs valeurs initiales.

c) Une des caract6ristiques fondamentales des modules Bachue est la description de l'exode rural. Bien que les dimensions g6ographiques n'interviennent pas en tant que telles dans les processus de migrations du

module, c'est l1 un progres consid6rable. Les migrants du module sont rattach6s, par sexe et age, aux d6placements des hommes en age d'acti- vit6; les propensions a 6migrer d6pendent de cinq variables principales: la croissance du march6 de l'emploi dans le secteur moderne de l'6co- nomie, les revenus moyens urbains, les revenus moyens ruraux, les niveaux d'instruction des hommes en age d'activit6, et enfin des facteurs de pond6ration (d6riv6s des modeles de migrations par gravit6) qui calibrent les flux migratoires en les proportionnant aux populations d'origine et de destination.

d) Les concepts d'activite 6conomique et de population active sou- livent de graves difficult6s en pays en voie de d6veloppement; la nature du travail f6minin et le r6le important des travailleurs familiaux non r6mun6r6s, qu'il est souvent difficile de distinguer des salari6s, rendent incertaines les statistiques de ces pays en la matiere. Il semble en fait que la d6termination de l'activit6 6conomique des membres du m6nage soit le fruit d'un m6canisme de < d6cision collective > qui met simulta- n6ment en cause la f6condit6 et l'6ducation des enfants du m6nage. Des versions ult6rieures ont tent6, sur la base des r6sultats des 6tudes ponc- tuelles idoines, de pr6ciser cette < th6orie des comportements des m6na- ges >, revenus et 6ducation des adultes jouant bien entendu un r6le central dans les processus de d6cision, lesquels conditionnent a leur tour revenus et 6ducation futurs des enfants.

Bachue I n'ayant pu b6n6ficier de ces recherches, cet aspect du

module est demeur6 primitif et exogene: des s6ries de taux d'activit6 selon le sexe, l'age et la zone d'habitat transforment a tout moment les vecteurs population en vecteurs main-d'oeuvre.

Le sous-modele de l'dducation d6termine les structures des niveaux d'instruction dans la population; ces derniers jouent comme on l'a vu un role c16 dans la d6termination des fonctions de comportements incor-

por6es au sein des modiles Bachue. Ce sous-modile, assez semblable au precedent, comporte des equations purement comptables qui permettent de suivre le cheminement des cohortes d'61lves au travers du systeme scolaire, ainsi que des fonctions de comportement qui d6termine inscrip- tions et abandons. La population scolaire est soumise aux mimes taux

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598 MODELES DEMO-ECONOMIQUES

de d6ces et de migration que le reste de la population. Les taux d'ins- criptions et les taux d'abandons sont influenc6s respectivement dans des sens positifs et n6gatifs par les revenus des m6nages correspondants (pour Bachue I, il s'agit seulement des revenus urbains ou ruraux moyens); en outre une variable exogene de politique intervient pour favoriser les taux d'inscription. Les taux de passage d'un niveau d'enseignement au suivant sont proportionnels aux taux de rendement du cycle consid6r6. Les pre- mieres simulations effectu6es sur Bachue I ont utilis6 les taux observ6s au Honduras en 1960.

Le sous-modele dconomique correspond 'a un module d'6quilibre g6neral centre sur la coherence des 6l6ments d'un tableau 6conomique < input-output? > de Leontieff et soumis a quelques contraintes de pro- duction. C'est un module orient6 par la demande, les accroissements de celle-ci devant toujours 6tre satisfaits par le fonctionnement du systeme, pourvu que des contraintes de capacit6 de production (exprimees en r6f6rence 'a des coefficients sectoriels marginaux de capital) soient res- pectees. Les investissements sont fonction des valeurs ajouties fournies par le tableau au cours de la periode precedente, et les accroissements des produits sectoriels sont compares a tout moment avec les capacites correspondantes de production. S'il y a lieu, le produit est ramene a la capacit6 limite du secteur par un ajustement en aval de la consommation privee au cours de la p6riode suivante, 6tant entendu que les modifi- cations de la part de l'investissement global devolue a un secteur donn6 sont fonction de la croissance de celui-ci par rapport aux autres.

Les deux innovations essentielles des sous-modeles 6conomiques des systemes Bachue sont le traitement explicite des secteurs < traditionnels > de l'6conomie, et la formation des revenus des m6nages, lesquels consti- tuent des variables centrales pour les micro-modeles d6crivant les com- portements socio-demographiques des manages. Les secteurs tradition- nels sont definis par leurs capacites illimities d'absorption de main- d'oeuvre (ils sont traites comme des < secteurs-eponges >>); par ailleurs leurs structures < input-output >> sont caracterisees par des coefficients de valeurs ajouties beaucoup plus eleves que dans les autres secteurs de 1'6conomie; faisant un usage intensif de main-d'oeuvre, leurs coefficients de depreciation du capital et leurs besoins d'importations sont en outre beaucoup plus faibles que ceux des secteurs modernes.

Bachue I distingue dix secteurs de production (les coefficients de la matrice < input-output > des premieres simulations ont 6t6 tirees des statistiques de la comptabilite nationale du Mexique en 1960). Les pro- duits sectoriels sont d6terminds "t partir des composantes sectorielles de vecteur de la demande finale; et c'est a partir des produits bruts de chaque secteur que sont calculdes les valeurs ajout6es sectorielles corres- pondant h la structure du tableau < input-output >. Associ6es aux valeurs

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DE DEVELOPPEMENT 599

estim6es de la productivit6 du travail, celles-ci permettent ensuite de d6terminer les effectifs des emplois sectoriels. Enfin, dans chaque secteur les volumes des emplois et du produit g6nerent les distributions des revenus. La d6termination des recettes publiques, de l'6pargne et de la consommation boucle enfin le circuit 6conomique. Sans entrer dans les d6tails, notons que:

- Les propensions a consommer sont des fonctions d6croissantes du revenu; les consommations sont distribu6es parmi les secteurs selon des 61asticit6s sp6cifiques qui refletent les lois d'Engel. En particulier la demande de nourriture d6croit rapidement en proportion quand le revenu augmente. Les membres du m6nage sont selon leurs ages convertis en < equivalents adultes >>, et les changements de taille des m6nages modifiant leurs < economies d'6chelles > sont cens6s modifier aussi leurs 61asticit6s de consommation sectorielles (un plus grand nombre d'enfants dans un meme m6nage accroissant en particulier les besoins alimentaires).

- Les valeurs ajouties proportionnelles aux produits sectoriels sont r6parties entre zones rurales et urbaines de manibre a ce que les emplois correspondent aux populations actives respectives.

- Le volume de l'emploi dans chaque secteur moderne rural et urbain est obtenu en divisant la valeur ajout6e par la productivit6 du travail. La croissance de cette derniere est inversement liee a l'importance de la main-d'ceuvre disponible (qui peut &tre caract6ris6e par le taux de resorption de l'emploi dans les activit6s traditionnelles); c'est en outre une fonction positive du niveau d'instruction moyen de la main-d'ceuvre et du taux de croissance des investissements des entreprises.

Dans les zones urbaines et rurales, les emplois traditionnels sont obtenus par diff6rence entre la main-d'oeuvre totale et les emplois des secteurs modernes, puis r6partis selon des proportions fixes entre les divers secteurs traditionnels. Ceux-ci absorbent donc toujours tous les surplus de main-d'ceuvre; ainsi Bachue I ne prend pas en compte le ch6mage en tant que tel mais d crit plut6t le << sous-emploi >> en l'assimilant aux emplois traditionnels.

Les valeurs ajoutees forment ensuite les revenus individuels selon des lois < log-normales >, ressemblant 'a la distribution < de Pareto >. Revenu et nombre d'actifs du m6nage, dans Bachue I, sont par hypothese ind6pendants. La dispersion des revenus dans chaque secteur est suppos6e constante, et estimee "a partir des statistiques mexicaines de 1960.

Usage de Bachue I.

Bachue I a pu ainsi permettre d'observer les deformations th6ori- ques que diverses politiques (telles par exemple, l'intervention d'un important programme de limitation des naissances ou la limitation autoritaire de l'exode rural) pouvaient faire subir aux r6sultats d'une simulation de reffrence, et de quelles manieres les diverses variables endogenes du module s'en trouvaient affect6es (1~

Bachue II.

* Les simulations effectu6es sur le module th6orique Bachue I ont guide l'6quipe du BIT dans la mise au point d'une version op6rationnelle Bachue II appliqu6e au d6veloppement des Philippines. Cette version

(1) Cf. < Bachue I, the Dynamic Economic-demographic Model of the Popu- lation and Employment Project of the World Employment Programme, par T. Blandy et Wery, Congres IUSSP, Liege, 1973.

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600 MODELES DEMO-ECONOMIQUES

est destin&e a tester la consistance et la coherence interne ' long terme des diverses politiques socio-6conomiques envisagees par les autorites; c'est dire l'importance pratique du r6le joue par Bachue II. Cette version integre les nombreux r6sultats d'6tudes recentes r6alis6es aux Philippines (le systime d6mographique s'enrichit en particulier des nom- breuses observations collect6es a l'occasion de l'enquete d6mographique nationale). L'6quipe du BIT a surtout cherch6 a tester et d6velopper les micro-modeles de comportement des m6nages, accroissant ainsi fortement 1'endog6ndit6 gendrale du module. Conservant le canevas general de Bachue I et ses analyses des principales dualit6s (zones urbaines et rurales, secteurs modernes et traditionnels), ces efforts ont conduit, en englobant le sous-systeme de l'education au sein du module d6mogra- phique a preciser ce dernier:

- la f6condit6 est reli6e a present " un module socio-economique

de mariages et de constitution des families; - des efforts ont 6t6 entrepris pour 6tablir un moddle de decision

au sein des m6nages, qui permette au systeme macro-economique d'inter- agir au niveau <<micro > sur leurs f6condites, leurs migrations, leurs 6pargnes, les structures de leurs consommations, la recherche de l'emploi et I'6ducation de leurs enfants.

En outre le module macro-economique (1), siege des principales variables sur lesquelles les planificateurs peuvent intervenir directement, est dans Bachue II scind6 en deux parties; la premiere pr6cise les compo- santes de la demande, de l'investissement et de la production, la seconde propose une description beaucoup plus detaillie du marche du travail (distinguant les employds des travailleurs a leur compte, et la main- d'ieuvre instruite de la main-d'oeuvre sans formation) et raffine les pro- cessus de formation et distribution des revenus des m6nages. Resumons tris brievement les caracteristiques des principales innovations.

a) Le systkme demographique ajoute aux cinq dimensions de la population utilisees par Bachue I (le sexe, I'age, la localisation, I'activit6 et le niveau d'instruction) une d6composition selon l'6tat matrimonial. Cette derniere variable influence les probabilites de migration et la recherche des emplois feminins. La distribution de la population selon

l'6tat matrimonial est obtenue "a partir de l'age des mariages precoces et d'une fonction de probabilit6 par groupes d'ages se referant au modJle de A.J. Coale (2). L'age moyen au mariage est d6termin6 par les niveaux d'6ducation et l'importance des emplois f6minins; on en d6duit le profil de nuptialit6 correspondant.

(1) Largement extrapole a partir des travaux de G. Pyatt sur l'Iran et de Sri-Lanka, et beneficiant des etudes realisees 'a la BIRD par E. Thorbecke et J.H. Sengupta.

(2) A.J. Coale, Age patterns at marriage, Population Studies, juillet 1971.

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DE DEVELOPPEMENT 601

En zones urbaines et rurales, la ficonditW est estim6e dans Bachue II B partir de l'analyse des evolutions des taux bruts de reproduction d'une vingtaine de pays asiatiques. Ceux-ci sont li6s par des 6quations de r6gression aux esp6rances de vie h la naissance, aux taux d'activit6 des femmes en age de f6condit6 (lesquels sont eux-memes en relation avec la nuptialit6), aux taux d'analphab6tisme ainsi qu'aux taux d'emplois agri- coles dans l'6conomie.

Les taux d'activitd sont d6termines pour des cohortes diff6rencides selon l'Age, le sexe, le niveau d'6ducation, la localisation, le statut matri- monial des femmes, et en distinguant les hommes < chefs de m6nage > de ceux qui ne le sont pas. L'enqu&te d6mographique r6vele en effet qu'a peu pres tous les chefs de m6nage sont actifs aux Philippines; pour les autres leurs probabilit6s d'activit6 sont fonction du revenu (plus celui-ci est bas, plus la n6cessit6 de trouver un emploi est suppos6e impe- rieuse), de la situation du marche de l'emploi (caract6ris6e par la pro- portion des emplois dans le secteur moderne), du type d'activit6 de la famille (il s'agit de mettre a part les familles travaillant dans les exploi- tations familiales agricoles, commerciales, les services traditionnels ou les petites industries), et du nombre d'enfants.

La nmortalite est ici fonction non lindaire, rapidement amortie, du revenu (testee sur les donnees internationales).

Enfin Bachue II analyse les flux migratoires bruts (dans les deux sens) entre villes et campagnes. Ces flux de i en j (ij) d6sagr6g6s selon l'age, le sexe et l'6tat matrimonial, repondent a des relations du type:

Mi = fi j . gi. hij (Pi, Pj) ou fij repr6sente une fonction de comportement des m6nages, gij symbo- lise l'action des variables macro-6conomiques, et hij est un facteur ? gravi- tationnel>> qui depend des tailles Pi et P1 des populations d'origine et de destination. Ainsi f est lie positivement a l'instruction et au c61ibat des personnes; g est influence non seulement par les disparit6s des revenus moyens entre les zones d'origine et de destination, mais aussi par les

caract6ristiques des repartitions des revenus dans les zones urbaines (ainsi une forte in6galit6 des revenus urbains aurait des effets dissuasifs sur l'exode rural, tout en freinant les retours ' la terre).

b) Comme pour Bachue I, le systeme dconomique de Bachue II est caract6ris6 par un d6coupage en zones rurales et urbaines, en secteurs modernes et traditionnels; il est centr6 sur la demande, laquelle engendre produits et valeurs ajoutees sectorielles. Les objectifs des plans de d6ve- loppement 6conomique des Philippines ont 6t6 incorpor6s parmi les contraintes de production sectorielles, et les demandes finales ajust6es a tout moment de telle sorte que les objectifs de production ne soient pas d6pass6s.

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602 MODELES DEMO-ECONOMIQUES

La comptabilit6 nationale des Philippines a fourni en 1965 un tableau < input-output > decompos6 en 194 secteurs. Ceux-ci ont 6te regroupes en 13 secteurs pour former la matrice A de la version Bachue II; ces regroupements sont les suivants : 1. cultures vivrieres domestiques (secteur traditionnel, zone rurale) 2. cultures d'exportation (secteur moderne, zone rurale) 3. l61evage et piche (secteur traditionnel, zone rurale) 4. sylviculture (secteur moderne, zone rurale) 5. mines et carrieres (secteur moderne, zone urbaine) 6. biens de consommations mo- (secteur moderne, zone urbaine)

dernes 7. biens de consommation tradi- (secteurs traditionnels, zones urbai-

tionnels ne et rurale) 8. autres industries (secteur moderne, zone urbaine) 9. batiment (secteur moderne, zones urbaine et

rurale) 10. transports et services publics (secteur moderne, zones urbaine et

rurale) 11. services modernes et commerce (secteur moderne, zone urbaine)

de gros 12. services traditionnels et com- (secteur traditionnel, zones urbaine

merce de detail et rurale) 13. administrations (secteur moderne, zone urbaine)

Le coeur du module economique est resum6 par les equations vecto- rielles :

Y = (I - A)-1 FD FD = CP + CG + INV + EX X -Y IM

oii Y figure l'ensemble des ressources, A la matrice < input-output > des 13 secteurs, FD la demande finale, X le produit total, CP et CG les consommations privies et publiques, INV les investissements de toutes natures, les plus importants 6tant soumis aux decision exogenes des responsables politiques; EX et IM les exportations et les importations.

Les consommations des minages sont rrgies par des relations du type suivant :

Cij =f (c1 ci, K, A, z) i = 1 ,2 ,..., 13 secteurs / = 1,2 ,..., 10 diciles

Cij figure la consommation moyenne d'un bien du secteur i par un menage dont le revenu figure dans le decile j de la distribution des revenus dans la zone z (qui est soit urbaine soit rurale), K est le nombre d'enfants et A le nombre d'adultes du mrnage; C ci reprrsente done la consommation totale du manage de revenu j.

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DE DEVELOPPEMENT 603

Ces fonctions C des consommations des m6nages influencent profon- d6ment les simulations de Bachue II en raison de la constitution forte- ment orient6e vers la demande qui caract6rise ce module. Elles constituent l'un des liens organiques les plus intimes par lesquels les transformations d6mographiques orientent le d6veloppement 6conomique. Les d6penses alimentaires d6pendraient ainsi bien plus du nombre des enfants que de celui des adultes, et la substitution entre celles-ci et les besoins en services modernes est plus importante pour les premiers que pour les seconds.

Comme les consommations, les dpargnes des m6nages sont caract6- ris6es par les revenus et la taille des m6nages une fois taxes et imp6ts d6duits; elles contribuent aux investissements. Cependant les principales innovations de Bachue II sont le fonctionnement du march6 du travail d'une part, et les processus de distribution des revenus d'autre part.

Dans tous les secteurs modernes (sauf un), la demande d'emploi est regie par l'utilisation << rebours > de fonctions de Cobb-Douglas: soit pour le secteur i

cq 1--- . AiKi Li : = yi ou Yi est le produit sectoriel

Ai un coefficient constant, Ki le stock sectoriel de capital et Li correspond a l'emploi salarie du secteur, qui peut donc tre ainsi d6termine :

L AiKiai

1 - t

L'emploi dans le secteur moderne des cultures d'exportation (sec- teur n' 2) obdit a la fonction particuliere :

Y2 L2=

A2 Les secteurs traditionnels utilisent le reste de la main-d'oeuvre dis-

ponible; comme il n'y a pas dans ces secteurs de substitution entre travail et capital, les revenus sectoriels moyens sont alors identifies aux produits sectoriels moyens (dans les secteurs modernes, au contraire, l'usage des fonctions Cobb-Douglas implique que les salaires soient egaux aux produits marginaux du travail).

En outre, selon un m6canisme qu'il serait trop long de d6tailler ici (1), le module separe les personnes 'a leur compte et les entrepreneurs

(1) Cf. <<Bachue - 2 Version 1 A, Population and Employment Model for the Philippines >, R. Wery - G.B. Rogers - M.D. Hopkins - Population and Employment Working paper, n' 4, pp. 46-50.

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604 MODELES DEMO- CONOMIQUES

des salari6s en distinguant en outre, dans les zones urbaines, les salari6s qualifi6s (correspondant aux niveaux d'instruction des 6tudes secondaires ou sup6rieures) et les salaries non qualifies. Neuf categories de tra- vailleurs sont ainsi identifi6es (5 urbaines et 4 rurales) : En zone urbaine:

a) les entrepreneurs et ind6pendants des secteurs modernes; b) les salaries qualifi6s des secteurs modernes; c) les salaries non qualifi6s des secteurs modernes; d) les ind6pendants des secteurs traditionnels; e) les salaries (non qualifi6s) des secteurs traditionnels;

En zone rurale : f) les ind6pendants des secteurs modernes; g) les salaries des secteurs modernes; h) les ind6pendants des secteurs traditionnels; i) les salari6s des secteurs traditionnels. Une fois identifi6es, ces cat6gories servent de base pour distribuer

les revenus; le processus (1) s'inspire du sch6ma g6ndral suivant qui implique que dans chaque secteur le salaire reste ind6pendant de la position familiale de l'individu :

Soit la matrice (Bij) = B (exogene au module, elle est dans le cas des Philippines fournie par l'enquete d6mographique), oii Bij est la pro- portion des actifs non chefs de m6nage appartenant a la cat6gorie j, et dont les chefs de m6nage appartiennent

' la cat6gorie i (Z Bij = 1 pour tout i)

Soit H, le nombre des m6nages dont les chefs appartiennent a la cat6gorie i,

Soit n, le nombre moyen d'actifs non chefs de m6nage appartenant ' des m6nages dont les chefs figurent dans la cat6gorie i, Soit Wi le revenu moyen par travailleurs dans la cat6gorie i, Soit N, I'effectif des actifs de la cat6gorie i, et soit yj le revenu moyen des m6nages dont le chef appartient a la

cat6gorie i. Le produit Bj. ni est donc 6gal au nombre moyen des actifs non

chefs de m6nage appartenant a la cat6gorie j et dont les chefs de m6nage sont dans la cat6gorie i.

On a par cons6quent la relation comptable :

i = i + w. (Bij. n)

(1) Le processus d6taill6 est en r6alite un peu diff6rent, cf. R. Wery, G.B. Rodgers et M.D. Hopkins, op. cit.

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DE DEVELOPPEMENT 605

Si ri represente la matrice diagonale (ni), cette 6quation s'ecrit vec- toriellement :

Y = (I + tB) W. (1)

L'equation (1) fournit les revenus des manages dont le chef appar- tient a la cat6gorie i.

On a par ailleurs la relation comptable :

Ni = Hi + HH (Bij .ni)

soit vectoriellement :

Nt = Ht (I + hB)

d'oui en inversant :

Ht = Nt (I + rB)-1 (2)

Enfin, le rapprochement du vecteur Y fourni par (1) et du vecteur H calcul6 par (2) 6tablit la distribution des revenus moyens des m6nages dans chaque cat6gorie.

Usage de Bachue II. Cet expos6 sch6matique a tent6 de restituer une image fiddle de la

complexit6 des liaisons endoghnes de Bachue II. Celles-ci font de ce modele un terrain d'exp6riences dont les sensibilit6s critiques et les seuils de validit6 restent encore a.d6couvrir. Bachue II a servi 'a tester 13 types differents de politiques de d6veloppement pour les Philippines. Nous renvoyons aux principaux r6sultats publi6s recemment dans la Revue Internationale du Travail (1) et dont nous avons extrait, pour montrer leur variet6, la liste des politiques test6es (cf. annexe).

Les efforts pour perfectionner les modeles Bachue se poursuivent avec la mise au point en cours des versions Bachue 3 appliqu6e au d6veloppement du Br6sil, et Bachue 4 adapt6e a celui du Kenya.

Les modules LIN-MARTOS de la FAO

(dits modeles MSLTE).

Les travaux du BIT ont fait 6cole. La FAO 'a son tour s'est employ6e 'a la mise au point de modules d6mo-6conomiques centr6s plus particulierement sur les 6qui-

libres agricoles et ruraux dans les pays en d6veloppement. Ces 6tudes sont r6centes et les projets titonnent encore. Au debut de 1975, la

(1) < L'utilisation de Bachue pour 6valuer des politiques d6mographiques et une strategie des besoins essentiels >, M.J. Hopkins, G.B. Rodgers, R. Wary. Revue internationale du Travail, nov.-d&c. 1976.

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606 MODELES DEMO-ECONOMIQUES

FAO a ainsi organis6 e Rome un s6minaire sur le theme des liaisons entre populations, emploi et productivit6 (1); les premiers r6sultats de modules

' long terme appliqu6s a l'Egypte ont 6t6 soumis aux travaux

de cette commission. Les sch6mas encore provisoires de ces modules: < Modeles de

simulation a long terme de l'emploi (MSLTE) - une approche des interactions 6conomiques et d6mographiques > sont dus a B. Martos et W.L. Lin; ils ont 6t6 61abor6s dans le cadre du < Projet de simulation de l'emploi a long terme > dont la FAO a pris l'initiative; les objectifs de ce projet sont quelque peu similaires (quoique plus modestes) 'a ceux du < Projet Population et Emploi > du BIT. Les raffinements des systemes Bacchue et la forte endog6n6it6 de leurs variables ont fait l'objet de critiques; d'aucuns n'ont pas manqu6 en effet de souligner les lourdeurs de leur mise en ceuvre en raison du nombre des parametres

' estimer,

ainsi que leur d6faut de << transparence >. L'6quipe de la FAO a essay6 d'6viter de telles critiques en proposant un schema beaucoup plus simple oiU les variables exogenes de politique interviennent directement a tout instant. En raison du caractere encore pr6caire de ces 6tudes, nous en ferons un expos6 tres succinct.

Description.

Comme les Bachues, les MSLTE sont des modules entierement r6cursifs, c'est-a-dire que les problemes d'optimisation ou de r6solution d'6quations simultan6es sont 6vit6s.

Ces modules d6pendent de cinq types de variables politiques exogenes :

1) La r6partition sectorielle des investissements; 2) Les programmes d'amendement et de d6frichement des terres

(l'investissement agricole distingue l'investissement intensif en materiels et engrais, de I'investissement extensif proportionnel aux surfaces d6frich6es);

3) La croissance de la consommation par tete; 4) Les objectifs de l'exportation (exprim6s en taux appliqu6s a la

production); 5) Une politique de population qui influence la f6condit6 et qui est

amplifi6e par le niveau moyen d'instruction de la population. Ils se d6composent en quatre sous-modeles : - Le sous-modele agricole qui traite des variables < surfaces agri-

coles >, << investissements > et << productions > agricoles;

(1) FAO/UNFPA, Seminar on Methodology, Research and Country Case Studies on Population, Employment and Productivity, Rome 1975.

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DE DEVELOPPEMENT 607

- Le sous-modele 6conomique qui comprend la < production >, la << consommation >, (< l'investissement > et le < commerce ext6rieur >;

- Le sous-modele d6mographique qui d6crit la population par sexe et par hge, I'instruction moyenne, l'exode rural, les naissances et les d6ces;

- Le sous-modele de l'emploi qui pr6cise <<les emplois dans le secteur moderne >, la < main-d'oeuvre dans le secteur traditionnel >, et les <<productivit6s moyennes > du travail (indicateurs grossiers des dis- parit6s de revenus).

Dans ce module, le sous-systeme ddmographique ne distingue pas vraiment les zones urbaines et rurales. La ficondit" est d6finie par le rapport de 1'ensemble des naissances au nombre de femmes ag6es de 15 'a 49 ans. Les projections de la f6condit6 sont soit exogenes, soit endogenes, auquel cas ce rapport d6croit lorsque les niveaux moyens d'6ducation s'6l~vent et les emplois modernes se d6veloppent. En aucun cas la f6condit6 n'est cens6e augmenter. La baisse de la f6condit6 est en outre intensifi6e par l'existence d'un coefficient exogene rendant compte des politiques de population.

L'espirance de vie a la naissance augmente avec la consommation par tate et les investissements publics.

La main-d'wuvre est d6termin6e par l'usage de taux d'activit6 par sexe et par age exogene au module.

Une fonction de migration sert ensuite a distribuer la population entre zones rurales et urbaines de telle faqon que le taux de croissance des migrations soit fonction du taux de croissance de la population rurale et de celui d'un multiplicateur de << gravit6 > (qui d6pend des tailles respectives des populations urbaine et rurale), ainsi que du taux de croissance relative des productivit6s dans les secteurs moderne et tradi- tionnel (effet des disparit6s de revenus entre les deux zones).

Le sous-modele de l'emploi assigne au secteur traditionnel l'ensemble de la main-d'euvre qui n'a pu trouver place ni dans l'administration, ni dans les secteurs modernes. L'emploi dans les administrations est cens6 augmenter proportionnellement a la consommation du secteur public. Dans les secteurs modernes non agricoles, il augmente en proportion du capital investi selon les 6quations du type suivant:

EMPt = EMPt-i + tLItJ- oio EMP figure le nombre des emplois dans le secteur, I l'investissement affect6 . ce secteur et tI repr6sente l'inverse du coefficient marginal capital-emploi dans ce secteur. Les progres technologiques et les modifi- cations des cofits rels de substitution entre capital et travail sont exogenes 5 ce module, et c'est 15 un de ses graves d6fauts. Ces cofits r6els ainsi qu'un coefficient caract6risant l'importance du ch6mage d6terminent

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608 MODELES DEMO-CONOMIQUES

ensuite les variations du coefficient It qui est cens6 ne jamais augmenter, mais diminue si le coefficient de ch6mage augmente. Enfin dans le secteur moderne agricole, l'emploi augmente proportionnellement ' la surface des terres cultiv6es.

Plut6t orient6s vers l'offre, les sous-moddles dconomiques de la FAO sont centr6s sur des fonctions de production sectorielles.

Les secteurs modernes sont r6gis par des fonctions de type Cobb- Douglas classiques qui, pour l'agriculture moderne, distinguent explici- tement l'effet (R,) des matieres telles que les engrais et pesticides (Yt -= k (1 + q)t Ktu_ L,_ Rt

Les productions des secteurs traditionnels sont d6termin6es par des relations du type < Harrod-Domar >.

Les fonctions de product;on des secteurs traditionnels non agricoles correspondent donc 'a la relation :

Yt = Yt-1 + X (Kt~, - Kt-2)

oh X repr6sente l'inverse du coefficient marginal de capital dans ce secteur.

Dans le secteur traditionnel agricole la production est cens6e r6pon- dre a I'6quation suivante :

INt__1 J R = R + 1 + x2t t

t-1t T

oh R repr6sente le rendement aI l'hectare, T la surface cultiv6e, IN l'investissement << intensif >>, J l'accroissement des apports en matieres premieres du type engrais, pesticides, etc. L'investissement < intensif > est d6termin6 par diff6rence entre l'investissement agricole total et l'investissement <<extensif > qui augmente proportionnellement aux sur- faces cultiv6es.

La structure orient6e vers l'offre des modeles FAO confere ia l'inves- tissernent total It et ta sa r6partition sectorielle un r6le strat6gique. 11 apparait n6anmoins sous la forme d'un r6sidu dans la relation fonda- mentale :

It = -Yt - CPt - CGt + IMPt - EXPt

oh CP et CG figurent les consommations priv6es et publiques (ces dernieres 6tant exogenes), et IMP et EXP repr6sentent les importations et les exportations (exogenes).

La consommation privie CP est d6termin6e de la maniere suivante: a tout moment la population est convertie en dquivalent de consommateurs adultes selon une s6rie de coefficients par sexe et age. Ces 6quivalents adultes servent, avec les donndes des consommations par individu,

. calculer le volume global de la consommation privde (CP), en formulant

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DE DEVELOPPEMENT 609

l'hypothese que le taux de croissance des consommations individuelles (cens6es par ailleurs ne jamais diminuer) repr6sente toujours une fraction pr6d6termin6e (exogene) du taux de croissance de l'ensemble du produit par tate. Commentaire.

Une des faiblesses les plus 6videntes de ce modble est le caractere entierement exogene des distributions sectorielles des investissements. On formule l'hypothese qu'une demande en bien d'6quipements, induite par les investissements sectoriels, qui excederait les capacit6s de produc- tion nationale sera toujours satisfaite par les importations, sans se pr6occuper de l'importance de l'endettement ext6rieur qui pourrait en r6sulter. Les seules contraintes de production effectives concernent le secteur du baitiment, la politique d'allocation sectorielle des investisse- ments devant &tre r6ajust6e pour satisfaire cette contrainte au cas oia la demande en batiments excederait les capacit6s du secteur.

Les modules Lin-Martos pr6sentent ainsi l'image d'une sorte de Bachue simplifi6, d6pourvu de tout m6canisme intime (au niveau < micro >) qui permette de juger de la coh6rence interne et de la possi- bilit6 meme des politiques exogines qui r6gissent les simulations du module.

Le module mondial de la fondation Bariloche

(ou module ,, latino-am'ricain ,,).

Apris la publication par le Club de Rome des r6sultats des modules < World 2 >> et <?World 3 >>, la fondation < Bariloche > de Buenos

Aires a entrepris, avec la collaboration de H. Scolnik (1), un module mondial de simulation d6mo-6conomique qui, a partir d'une approche un peu diff6rente, suggere des solutions aux dilemmes malthusiens 6voqu6s par ces modules (2)

Ce module procede de l'identification < des besoins fondamentaux >. A cet 6gard, trois domaines sont privil6gi6s : la consommation alimentaire, le logement et l'6ducation. Le module Bariloche dont nous allons exposer succinctement les structures a pour but d'observer les comportements des secteurs <? des besoins essentiels >, tandis qu'il optimise chaque ann6e 1'esp6rance de vie a la naissance dans la population, cette variable 6tant choisie comme un indicateur g6neral de bien-&tre.

La fondation Bariloche d6finit ainsi les normes des besoins minimaux :

(1) et G. Chichilniski. (2) Cf. Catastrophe or New Society ? A Latin American World Model, IRDC

1976.

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610 MODELES DEMO-ECONOMIQUES

- 3 000 calories et 100 grammes de prot6ines par personnes et par jour;

- une moyenne de 12 annees de scolarit6 par personne ou bien un taux de scolarit6 de 98 % entre 6 et 18 ans;

- 50 m' d'espace habitable pour chaque famille de 5 personnes dans les pays en d6veloppement (une fois cet objectif atteint, le coot du logement familial s'accroit jusqu'd un plafond de 50 % du coot initial pour prendre en compte les efforts d'amdlioration de la qualit6 de celui-ci).

Outre l'esp6rance de vie, et une fois atteints ces objectifs minimum, le module maximise chaque ann6e la part de la production affectee aux biens de consommation.

Structure.

Le monde est divis6 en quatre regions : 1) L'ensemble des pays d6velopp6s; 2) L'Amerique latine et les Caraibes; 3) L'Afrique; 4) L'Asie (y compris la Turquie et I'Australie). Le module est adapt6 aux donnees mondiales de 1960 et 1970. Les

simulations effectuees (comme pour les modules < World 2 > et < World 3 ?) s'6talent sur un siecle !

Il n'est pas pr6vu d'6changes de population entre les quatre r6gions du globe sur une telle periode (ce qui, quand on se refbre au cours de l'histoire du siecle 6could, suffit d6ja a r6v6ler le caractere virtuel de ce module). L'equipe de la fondation Bariloche considere en outre, sans se soucier des difficultis si actuelles soulevees par l'volution a longue 6cheance des termes de l'6change, que les d6s6quilibres des balances commerciales et des balances des paiements entre ces regions seront r6sorbes des 1980, les volumes de leurs 6changes commerciaux croissant proportionnellement aux produits totaux de chacune d'elles.

Le module distingue cinq secteurs de production: 1) le secteur alimentaire; 2) le secteur du bitiment; 3) le secteur 6ducatif; 4) le secteur des autres services et biens de consommation; 5) le secteur des biens d'6quipement. Chaque secteur de production est r6gi par des fonctions de produc-

tion du type Cobb-Douglas dont les taux annuels de progres technique sont les suivants: 1) nourriture: 10 %c, 2) logement: 10 %c, 3) instruc- tion: 5 %f, 4) biens de consommation: 10 ~o, 5) biens d'6quipement:

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DE DEVELOPPEMENT 611

15 ?%. L'usage de ce type de fonction de production (dont on connait la difficult6 de d6termination des parametres initiaux) permet une substi- tution entre capital et travail dans chaque secteur de production.

Les 6changes commerciaux entre r6gions concernent les seuls secteurs 1), 4) et 5), la r6partition sectorielle de ceux-ci Evoluant paral- l1lement 'a celle de la production.

Le traitement r6serv6 dans ce module a la main-d'oeuvre est des plus sch6matiques: entre 1960 et 1980 les effectifs des actifs corres- pondent aux projections publiees par le BIT, leurs proportions parmi les populations totales de chaque r6gion 6tant ensuite maintenues constantes jusqu'en 2060 !

Mecanisme de simulation.

A l'aide d'une s6rie de coaits de production unitaires evalues une fois pour toutes t partir des donn6es disponibles en 1960 et 1970, les productions des secteurs des <<biens essentiels > sont a chaque instant converties en calories et prot6ines, metres carr6s de logement, nombre de places offertes chaque ann6e par le systeme scolaire.

Dans chaque region, le sous-moddle demographique determine a tout moment, en fonction des structures de la population, les besoins essentiels qui doivent etre satisfaits selon l'ordre de priorit6 suivant: nourriture, logement puis education, qui pr6vaut tant que les niveaux minimum exposes plus haut n'ont pas 6t6 atteints. Ce sous-mod6le calcule 6galement les effectifs r6gionaux des actifs comme il vient d'etre indiqu6. Le sous-modele d6mographique a 6t6 6labor6 par le CELADE. Les variables qui conditionnent les projections d6mographiques (l'esperance de vie a la naissance, le taux de natalit6 et la taille moyenne des families) sont ici fonction de sept variables socio-6conomiques :

- proportions des emplois dans le secteur secondaire de 1'6conomie (secteur 5);

- taux de scolarit6; - surfaces habitables par famille; - consommations individuelles de calories et prot6ines; - nombre des actifs agricoles; - taux d'urbanisation.

Ces sept liaisons sont cens6es rendre compte sur un siecle (!) de toutes les influences du reste du systeme sur les comportements des populations dans les quatre r6gions du monde.

Dans chacune des r6gions, au cours de chaque ann6e de la simu- lation, le module r6partit entre les secteurs la main-d'ceuvre ainsi que l'investissement global disponible, d6termin6 par la production du secteur

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612 MODELES DEMO-ECONOMIQUES

5 des biens d'6quipement, et module les substitutions sectorielles margi- nales entre capital et travail de telle sorte que, au moins jusqu'a concur- rence des normes minimales, les besoins essentiels de la population soient satisfaits le plus rapidement possible, tandis que l'esperance de vie a la naissance soit la plus 61ev6e possible.

Les liaisons entre variables d6mographiques et 6conomiques s'6ta- blissent donc pour l'essentiel par le truchement des trois premiers secteurs producteurs des < biens essentiels >; examinons les rapidement.

Le secteur alimentaire se d6compose en trois 6l6ments: cultures, l1evage et peches; cultures et l1evage repr6sentent 1'essentiel de la pro- duction des calories et prot6ines, ce dernier 616ment 6tant subordonn6 au premier. Les r6coltes dependent de deux facteurs : les surfaces des terres cultiv6es et les rendements par hectare. La surface des terres mises en culture repr6sente dans chaque region une proportion variable du poten- tiel de surfaces cultivables (6valu6 une fois pour toutes au d6but de la simulation), 6tant entendu que le cooit de la mise en culture d'un hectare suppl6mentaire est cens6 croitre exponentiellement de 1 200 $ jusqu'a 6 000 $ pour le dernier hectare cultivable mis en culture. Le module admet en outre que la moiti6 des surfaces utilis6es par les nouveaux logements est acquise aux d6pens du potentiel des surfaces cultivables de la region. Par ailleurs, les rendements peuvent s'6lever jusqu'a un maximum de 4 tonnes aI l'hectare selon une fonction de production qui pour chaque hectare indique les effets combines de la main-d'oeuvre d'une part, des engrais, pesticides et materiel d'autre part, l'investissement agricole annuel 6tant cens6 e tre r6parti entre ces derniers selon des proportions constantes. L'engrais revient 't 500 $ par tonne recolt6e

' l'hectare. Enfin pour prendre en compte les difficultes de stockage et les carences des circuits de distribution qui pr6valent dans les pays en voie de d6veloppement, le moddle incorpore un important facteur de perte de 30 %, ramen6 a 10 % en 20 ans.

Les logements sont suppos6s fournis par le secteur du bMtiment a% un coot de 70 $ le m2 (y compris les frais d'infrastructure) dans les r6gions industrialisees, et de 35 $ le m2 dans les regions en voie de d6veloppement; dans les premieres les normes prevoient qu'une famille moyenne de 3,5- personnes occupe un logement de 70 m2, une famille moyenne de 5,0 personnes occupant un logement de 50 m2 dans les secondes. Le sous-modile d6mographique determine chaque annie le nombre et la taille moyenne des familles, la fonction de production du secteur du baitiment pr6cisant l'6volution du parc des logements familiaux (conformes aux normes indiquees) disponibles. En outre, des que toutes les familles peuvent 0tre logdes, le systime pr6voit que les co.ts unitaires des logements des r6gions en voie de d6veloppement peuvent s'accroitre (traduisant leur am61ioration) jusqu'd 50 % de la norme initiale. Enfin

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DE DEVELOPPEMENT 613

la production du secteur du batiment d6termine par surcroit I'6volution du taux d'urbanisation en vertu d'une curieuse hypothese selon laquelle toutes les constructions posterieures a 1980 sont reputees urbaines.

Dans le secteur educatif, sont calcul6s dans chaque r6gion en 1960 les cofits moyens de l'ann6e scolaire (en frais d'6quipement et de fonc- tionnement) d'un e61ve de la tranche scolarisable 6-18 ans. Ces cooits servent ensuite de base aux 6valuations annuelles du nombre des places offertes par les systemes scolaires r6gionaux. Lorsque le taux de scolarit6 des jeunes gens Ages de 6 ' 18 ans atteint 98 % dans les regions en voie de d6veloppement, ces cofits moyens s'accroissent de 2 % par an (tradui- sant une amelioration des conditions de 1'enseignement) jusqu'?a un plafond de 150 $.

Nous avons voulu presenter ici ce moddle non tant pour la coh6rence de sa conception, ni pour l'objectivit6 de ses hypotheses que parce qu'il nous semblait constituer un exemple typique de ces scenarios p6rilleux qui pr6tendent d6voiler aujourd'hui les grands traits de la condition des hommes du sibcle prochain.

La tentative de la fondation Bariloche, quoique d6gag6e de toutes les contingences r6alistes des planificateurs, a neanmoins marqu6 certaine- ment de son empreinte les travaux d'identification des objectifs de la prochaine < d6cennie du d6veloppement > (1980-1990), entrepris d'ores et d6ji par les organismes sp6cialis6s des Nations Unies (1). Comme nous l'avons indiqu6, ceux-ci ont charg6 une 6quipe d'Harvard anim6e par le Pr Leontieff de la mise au point d'un module d6mo-6conomique mondial beaucoup plus 6volu6 que celui que nous venons de presenter, d6coupant le monde en 15 regions distinctes, mais significativement reli6es entre elles par des 6changes 6conomiques et d6mographiques (2). Apres avoir pr6cis6 et red6fini les normes et les < besoins essentiels > en matiere de nourriture, de logement et d'6ducation pour chacune des 15 r6gions du module Leontieff, le BIT () a utilis6 le modele de la fondation Bariloche pour determiner les rythmes moyens de croissance economique n6cessaires pour que les << besoins essentiels > des populations puissent etre satisfaits avant I'an 2000 dans les pays en d6veloppement. Ainsi utilis6, le module indique que ces rythmes devraient etre doubl6s pour que les besoins fondamentaux du cinquieme le plus pauvre de la popu-

(1) Cf. BIT 1976, L'emploi, la croissance et les besoins essentiels - Problkme mondial. (2) Ce modble borne son horizon h l'an 2000. I1 fera l'objet d'un article

ult6rieur de Population. (3) Cf. M. Hopkins et H. Scolnik, << Basic Needs, Growth and Redistribution >>.

BIT WEP n' 20.

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614 MODELES DEMO-ECONOMIQUES

lation de ces pays puissent 6tre assures dans un tel ddlai (en supposant fixes r6partition des revenus et part de la production totale consacree a la satisfaction de ces besoins), les taux de croissance 6conomique devant etre maintenus autour de 6 % par an en cas de distribution totalement egalitaire des revenus.

Des conclusions de cette nature sont pour ces pays lourdes de consequences dans I'ordre politique, social et culturel.

Conclusion

Simple tentative pour replacer dans une perspective historique les efforts d'int6gration des variables d6mographiques dans les courants de la pens6e 6conomique, cet article, disions-nous en commenqant, ne pr6tend pas a l'exhaustivit6. Du reste les recherches foisonnent 'a present sur le sujet: ainsi les travaux, inspires des modules de W. Lewis "1), qui ont conduit a l'61aboration r6cente d'un modble descriptif du d6veloppement japonais d'avant-guerre "; le projet intitul6 < Evolutions Internationales Futures > (INTERFUTURS) de I'OCDE d'un module qui, d6composant le monde en une dizaine de regions, sera sp6cifiquement ax6 sur l'avenir lointain des soci6t6s industrielles (membres de l'organisation) en mettant I'accent sur les echanges internationaux ou encore les travaux en cours sous l'autorit6 du Pr J. Tinbergen pour d6velopper de nouvelles versions des modbles du Club de Rome, qui sont destin6es a pr6ciser les condi- tions de < la refonte de l'ordre international >> (rapport RIO); ou enfin les 6tudes conduites a l'Institut de Recherche D6mographique de l'Univer- site de Gothenburg sous la direction du Pr. H. Hyr6nius, etc. Cette r6trospective a privil6gi6 les modiles anglo-saxons. En France, les travaux de Vincens et Lechuga

' Toulouse, Hollard ' Grenoble, Magaud

a Lyon, sur les productivit6s sectorielles et les matrices de l'emploi ont mis l'accent sur les structures professionnelles, facteur en g6n6ral n6glig6 par les modbles de simulation.

Le constructeur de modble est confront6 ' de graves difficult6s qui ressortent des concepts et variables statistiques qu'il manie. Les variables qui interviennent dans un module d6mo-6conomique sont en effet de nature extremement diverses: d6mographiques, 6conomiques, sociales, politiques, culturelles, psychologiques, juridiques, physiologiques, etc.; elles touchent en v6rit6 5' tous les aspects des < sciences humaines >. Aussi

(1) W.A. Lewis: Economic Development with Unlimited Supplies of Labour. Manchester School of Economic and Social Studies. Mai 1954.

(2) R. Minami et A. Eno: Population Change and Economic Growth : A longterm econometric model of the Japanese economy. BIT (WEP n' 14), 1975.

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DE DEVELOPPEMENT 615

les d6finitions et concepts dont elles proc&dent sont-ils sources d'in- nombrables difficult6s 6ventuelles et doivent toujours &tre interpr6t6s dans la soci6t6 6tudi6e. Ainsi par exemple, compte-tenu du r6le central jou6 par le << revenu>> dans les fonctions d'6pargne et de consommation usuelles ainsi que dans les micro-modiles de comportement des m6nages, conviendrait-il de d61imiter un peu plus clairement les diverses notions possibles de ce concept. Par ailleurs, de nombreuses variables macro- 6conomiques repr6sentent des agr6gats dont la constitution demeure < floue >. Comme O. Morgenstern (1) l'a maintes fois soulign6, il faudrait avant d'utiliser ces variables proposer un ordre de grandeur pour carac- t6riser I'incertitude de leur mesure (du moins est-ce ainsi que toutes les sciences ont toujours proc6d6). De plus pour pallier le d6faut de recul statistique usuel aux pays en d6veloppement, il est d'usage de tester les corr61lations entre variables d6mographiques et variables socio-6cono- miques a partir d'une analyse < transversale > des donn6es statistiques internationales (plus ou moins comparables), confrontant ainsi des pays plus ou moins industrialis6s dont les us et coutumes sont fort divers. Ne devrait-on pas mettre clairement en question la signification et la Ikgitimitd de ces correlations qui une fois etablies, servent ai simuler l'evo- lution << longitudinale > de la situation d'un pays determine ?

Du reste un grand nombre d'autres themes de r6flexion fonda- mentaux et fort scabreux doivent 6galement 6tre 6voqu6s 'B propos de la mod61isation d6mo-6conomique; nous en proposerons quelques-uns :

- le maintien sur la longue p6riode de la coh6rence interne des agr6gats repr6sent6s par les variables macro-6conomiques;

- le ddlicat probleme de la stabilit6 a long terme des sch6mas de causalit6 implicites au module; en particulier:

* l'ant6riorit6, la post6riorit6 ou la simultan6it6 des d6terminations des variables endogines,

* les effets d'entrainements et de multiplicateurs; - le grave probleme de la r6versibilit6 des relations int6rieures au

modile (ainsi par exemple, si le revenu d'un m6nage augmente au-delai d'un certain seuil, il est cens6 limiter sa f6condit6; mais au cas oii son revenu diminue, ce m6nage retrouverait-il son ancienne f6condit6 ?); - la prise en compte pertinente des ph6nomenes de < seuil > ou d'6pid6mie dans les m6canismes psycho-sociologiques du modble;

- les effets de < m6moire >, et 1'exploration de tous les d6calages temporels entre les variables qui peuvent &tre en jeu. De tels ph6no- menes, du reste, enrayent la r6versibilit6 des processus.

(1) Cf. O. Morgenstern, Precision et Incertitude des Donnies Economiques, 1972.

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616 MODELES DEMO-ECONOMIQUES

Ce sont 1l quelques themes parmi tant d'autres (2). Ces modeles constituant en fait de v6ritables laboratoires de d6mographie et d'6cono- mie appliqu6es. Bancs d'essais des politiques de d6veloppement, ils peuvent peut- tre permettre 1'6conomie de mesures politiques extremes; ils doivent en tous cas surtout susciter les r6flexions et preciser les 6tudes appliquees ult6rieures.

De toutes manieres, avant d'exposer les r6sultats d'un modele, il conviendrait d'en proposer la critique et surtout d'en exposer toujours clairement les limites. Cette derniere d6marche, si rarement entreprise, est pourtant absolument indispensable pour 6valuer les r6sultats avanc6s. 11 est vrai que l'exploration des limites d'un modele de simulation peut parfois 8tre d6licate. On peut y parvenir en cherchant les conditions pour lesquelles apparaissent des comportements aberrants du modele et des r6sultats absurdes. Ceux-ci peuvent 8tre r6v616s soit par la simulation d'une situation de crise, soit par une simulation << r6trospective > du mo- dale a partir d'estimations reproduisant les 6volutions pass6es des varia- bles principales (au cours des 30 ou 50 dernieres ann6es par exemple). Aucun modile d6mo-6conomique ne pourrait actuellement r6sister a de tels traitements; mais le type des aberrations qui pourraient etre ainsi mises en lumiere nous renseignerait en profondeur sur la nature sp6ci- fique de leurs faiblesses.

N6anmoins, il faut bien considerer qu'un module ne peut etre jug6 qu'en fonction des objectifs precis auxquels il a 6t6 destin6; il demeure toujours tres dangereux de vouloir en faire usage a d'autres fins. On doit a ce propos sp6cifier d'abord I'horizon pour lequel il a 6t6 cons- truit; il faut distinguer :

* les modeles conjoncturels, a court terme (1 ' 3 ans environ);

* les modeles a moyen terme (3 a 10 ans environ); * les modiles a long terme (10

' 20 ans environ); * les modeles a tres long terme (20

' 30 ans environ); * les modeles <<philosophiques ou sp6culatifs > (plus de 30 ans,

voire un siecle et plus). L'observation d6montre que les circuits 6conomiques r6velent une

plasticit6 et une capacit6 de r6ponse aux variations de l'environnement qui relevent du court et du moyen terme. Les migrations mises a part, qui sur le moyen terme peuvent exercer une influence importante, les variables d6mographiques ne d6veloppent leur plein effet que sur le long et le tres long terme. Cette 6norme difference entre les inerties des varia- bles d6mographiques et 6conomiques constitue la pierre d'achoppement des modules d6mo-6conomiques.

(1) Cf. Annexe. (2) A propos desquels beaucoup reste a faire !

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DE DEVELOPPEMENT 617

Les quatre premieres cat6gories de modules dont l'horizon ne d6passe pas trente ans, peuvent sans doute engendrer 16gitimement des versions op6rationnelles tourn6es vers I'action (telle Bachue II par exemple) ( Les modules qui, en revanche, pr6tendent simuler le cours du xxre siecle semblent, quant

' eux, constituer plut6t une sorte d'exercice de style:

peut-on par exemple consid6rer que l'utilisation d'une fonction de pro- duction puisse valablement sur un siecle ou plus r6sumer et rendre compte des rapports fluctuants entre la production et les structures et transformations internes de la main-d',oeuvre, sans meme 6voquer l'avenir du progres technique ?

Ainsi, mbres de nos techniques contemporaines, les sciences physi- ques ne se sont d6gag6es au siecle dernier des sophismes les plus subtils qu'en soumettant les th6ories

' la sanction impitoyable et permanente de l'observation des ph6nom&nes. Leurs progres n'ont 6t6 possibles qu'a partir du moment oii l'on a g6n6ralement accept6 de reconnaitre la pr66minence des faits sur les th6ories, si prestigieuses fussent-elles. Aujourd'hui encore, il n'apparait pas que les < sciences de l'homme >> et en particulier I'6co- nomie aient pu accomplir une telle r6volution. Du reste, reconnaitre que leurs objets engagent n6cessairement les observateurs eux-memes, am&ne a se demander si une telle ascise pourrait jamais leur etre humainement possible dans un tel domaine, et par cons6quent si une mutation compa- rable pourrait meme 6tre concevable.

A ce propos, A. Cournot 6crivait d6ja en 1863 dans ses < Principes de la th6orie des richesses > : << Les abstractions auxquelles il faut tou- jours recourir pour simplifier les questions et les rendre accessibles au raisonnement, ne sont pas de celles qui s'imposent a tout le monde et que la nature des choses a dict6es : ce sont au contraire des abstractions artificielles et dans lesquelles il entre beaucoup d'arbitraire. Ce que l'un n6glige dans une premibre approximation, comme un fait secondaire et accessoire, un autre le regardera comme un fait principal et dominant, et bitira en cons6quence sa th6orie. Des lors on pourra avoir des th6ories qui se contrediront, sans que la faute en soit, de part ni d'autre,

' des erreurs de raisonnement >. Aujourd'hui plus que jamais, beaucoup de malentendus pourraient etre dissip6s si constructeurs et utilisateurs des modules d6mo-6conomiques conservaient a tout moment pr6sentes a l'es- prit ces observations 616mentaires, mais pourtant fondamentales.

Philippe BOURCIER DE CARBON.

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618 MODELES DEMO-ECONOMIQUES

ANNEXE

Application du module Bachue 2. Extrait de H.J.D. Hopkins, G.B. Rodgers et R. Wery, <<Utilisation de BACHUE pour 6valuer des politiques d6mographiques et une strategie des besoins essentiels >>, Revue Internationale du Travail, vol. 114, n' 3, nov.-d6c. 1976.

Description des experiences realisees

Solution Mesures cumulatives

R-1 Solution de base. Augmentation annuelle de la production et des inves- tissements limit6e 'a 7 pour cent. Croissance maximum de la productivit6 du travail agricole fix6e 'a 3 pour cent par an. Exportations, remplacement des importations et progres technique d6termines en-dehors du module.

R-2 Nationalisation progressive des secteurs modernes (40 pour cent de leur production nationalis6e en l'an 2000). Les b6n6fices nationalis6s s'ajoutant aux ressources de 1'Etat, accroissement concomitant de ses investissements.

R-3 Promotion de la petite industrie, simul6e par une augmentation de 5 pour cent par an, entre 1976 et 1980, des emplois ind6pendants dans le secteur moderne.

R-4 Adoption de techniques 'a forte densit6 de main-d'oeuvre: reduction de 50 pour cent du rythme du progres technique dans le secteur moderne et accroissement de 1,5 pour cent par an de la demande de main-d'ceuvre non qualifiee dans le secteur moderne.

R-5 Augmentation de 1 point du taux maximum de croissance de la produc- tivit6 du travail dans l'agriculture.

R-6 Augmentation de la croissance des taux de r6ussite dans les 6coles rurales et urbaines pour atteindre 3 pour cent par an pour 1'enseignement pri- maire et 1,5 pour cent pour l'enseignement secondaire (l'un et I'autre 0,7 pour cent par an dans la solution de base),.

R-7 Programme de travaux publics de moyenne dimension simulk par l'accrois- sement des d6penses de l'Etat consacrees a .la construction et aux pro- grammes d'emploi rural (au d6but environ 19 pour cent des d6penses publiques ou 4 pour cent du PIB). Extension de ce programme au rythme de 8 pour cent par an afin d'eviter 1'6rosion de sa valeur avec l'augmentation du revenu.

R-8 Modification de la composition du commerce ext6rieur afin d'acc616rer l'absorption de la main-d'oeuvre : diminution des importations agricoles, augmentation des importations de produits manufactur6s et de biens d'6quipement, accroissement des exportations du secteur primaire et des exportations traditionnelles et r6duction des exportations de produits manufactur6s du secteur 'a forte densit6 de capital.

R-9 R6forme agraire de faible envergure, simul6e par une r6duction de 20 pour cent de la dispersion des revenus agricoles traditionnels et de 10 pour cent de la dispersion des revenus des cultures d'exportation et de la sylviculture.

R-10 Accroissement exogene de la propension 'a l'exode rural (pour commen- cer, augmentation de 70 pour cent de la migration nette par rapport

' la solution de base allant decroissant jusqu'a' 35 pour cent en l'an 2000).

R-11 Augmentation des transferts de 1'Etat par un imp6t negatif sur le revenu; introduction d'un regime de subventions salariales. Financement partiel par la majoration des imp6ts directs sur les plus hauts revenus.

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DE DEVELOPPEMENT 619

R-12 R6duction ' 70 pour cent des valeurs originales de la dispersion des revenus dans chaque cat6gorie de main-d'oeuvre (ne comprend pas les changements imp6ts/transferts introduits dans la solution R-11). Se reporter au texte pour plus de d6tails.

R-13 Reduction exogene de la f6condit6 de 2 pour cent par an entre 1976 et 1985, contre 1 pour cent dans la solution de base (ne comprend pas les changements introduits dans la solution R-12).

Notes: Tous les changements sont introduits en 1976 et maintenus jusqu'en l'an 2000. Toutes les solutions jusqu'a R-11 sont cumulatives. Par exemple, la solution R-3 est la meme que la solution de base R-1, plus des changements apportes dans R-2 et R-3. Toutefois, la solution R-13 comprend toutes les solutions jusqu'a R-11, mais a l'exclusion de R-12, laquelle inclut toutes les solutions jusqu'a R-10. mais exclut R-11 (Priere de se reporter au texte pour les explications.)

8

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624 RESUME - SUMMARY - RESUMEN

BOURCIER de CARBON Philippe. A propos de quelques modiles d6mo-6conomiques de developpement.

Jusque vers 1965, les modules Keyn6siens de croissance adapt6s aux Tiers Monde restaient tres globaux; les variables d6mographiques demeuraient totalement exogenes (Harrod, Domar, Solow, etc.). Leur caractere malthusien s'est affirme a partir des annies 60 et a servi de r6f6rence theorique aux programmes de limitation des naissances des pays asiatiques (Coale, Hoover, Demeny, Enke).

Depuis 1970, les auteurs tendent " < d6sagr6ger > les variables et ' identifier pour des sous-groupes de la population des micro-modeles socio-6conomiques. Les etudes du BIT, et les versions successives du modele < Bachue > en sont un premier exemple. L'endog6n6it6 des variables d6mographiques ins6r6es dans ces modules est fortement accrue. En contrepartie, le nombre des variables et des equations s'accroit fortement, ce qui rendent souvent les applications d1licates, et les tests statistiques necessaires pour evaluer les parametres, coiteux et perilleux.

Dejai depuis deux ou trois ans fonctionnent des versions op6rationnelles appli- quees au d6veloppement des Philippines (Bachue II), de l'Egypte (Lin-Martos), ou du Venezuela (Tempo-DEMECO), succintement d6crites.

BOURCIER de CARBON Philippe. One or Two Demo-Economic Development Models.

When Keynesian growth models were adapted to conditions in developing countries they tended to be applied on a global scale, until 1965 and the demo- graphic variables were wholly exogenous (Harrod, Domar, Solow, etc.). From the 1960's onwards their Malthusian nature was apparent and they served as a theoretical background for birth-control programmes in Asian countries (Coale, Hoover, Demeny, Enke).

Since 1970, the authors have been attempting to " disaggregate " the variables and identify socio-economic micro-models for sub-groups of the population. The studies of the " I.L.O. " and successive versions of the " Bachue " model provide an initial example. The demographic variables included in these models have become increasingly endogenous. On the other hand, the number both of variables and of equations has increased greatly and this makes applications more difficult, not to mention the statistical tests required to test the parameters, which become expensive and hazardous.

During the last two or three years operational versions have been applied to the development of the Philippines (Bachue II), of Egypt (Lin-Martos) or of Venezuela (Tempo-DEMECO) and these are described briefly.

BOURCIER de CARBON Philippe. Acerca de ciertos modelos de desarrollo demo- economicos.

Hasta el afio 1965 los modelos Keynesianos de crecimiento adaptados al Tercer Mundo eran muy globales; las variables demogrificas permanecian totalmente ex6genas (Harrod, Domar, Solow, etc.). A partir de la d6cada del 60 se acentu6 su caricter malthusiano y ha servido de referencia te6rica a los programas de control de la natalidad de los paises asiaticos (Coale, Hoover, Demeny, Enke).

Desde 1970 los autores tienden a separar las variables y a identificar micro modelos socio-econ6micos para los sub-grupos de poblaci6n. Los estudios del B.I.T. y las versiones sucesivas del modelo << Bachue > constituyen un primer ejemplo.

Se ha aumentado intensamente la endogeneidad de las variables demogrificas insertas en esos modelos. Como contrapartida, el ndmero de variables y de ecuaciones ha augmentado extraordinariamente, lo que hace delicada su aplicaci6n y costosos y peligrosos los tests estadisticon necesarios para evaluar sus parimetros.

Se describen sucintamente las versiones operacionales que se aplican desde hace dos o tres afios al desarrollo de Filipinas (Bachue II), de Egipto (Lin-Martos), y de Venezuela (Tempo-DEMECO).

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