1
S400 JDP 2014 sous vemu ; aucun n’est apparu sous dabra après 6 mois de traite- ment. Aucune fièvre n’a été constatée sous dabra. Discussion Cette étude compare le profil de tolérance de 2 BRAFinhibiteurs en cross-over. Ses limites sont son caractère rétros- pectif et l’unilatéralité du switch. Les arrêts de traitement dans l’étude pivot ayant permis l’AMM du vemu concernaient 6 % des patients et sont identiques à ceux observés chez les nôtres : arthral- gies, toxidermie, photosensibilité. Les EI sous dabra pour nos patients sont aussi similaires à ceux de l’étude pivot en dehors de la fièvre spécifique, non retrouvée ici probablement du fait du faible effectif. La photosensibilité sous dabra est très rare. L’étude montre plus d’hyperkératose et moins de CE et papillomes sous dabra, mais l’hyper-prolifération cutanée survient dans les premiers mois de traitement. Conclusion Le profil de toxicité du vemu et du dabra est sensi- blement différent, en particulier pour la photosensibilité et peut varier chez un même individu. L’intérêt de disposer de ces deux traitements d’efficacité équivalente est de pouvoir switcher en cas d’EI graves (toxidermie, hépatite) ou invalidants (photosensibilité, fièvre). Mots clés BRAF inhibiteurs ; Dabrafenib ; Mélanome ; Tolérance ; Vémurafenib Déclaration d’intérêts S. Monestier, S. Mallet, M.-A. Richard, S. Hesse, J.-J. Grob, honoraires en tant qu’investigateurs pour cette étude ; les autres auteurs n’ont pas transmis de déclaration de conflits d’intérêts. Iconographie disponible sur CD et Internet. http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2014.09.387 P188 À propos d’un cas de mélanome vaginal métastatique sans mutation du gène KIT détectable avec réponse favorable sous nilotinib S. Alkeraye , A. Dadban , J.-P. Arnault , C. Lok , G. Chaby Dermatologie, CHU d’Amiens, Amiens, France Auteur correspondant. Introduction Des mutations et/ou amplifications du gène KIT sont retrouvées dans 2 à 6 % des mélanomes, et concernent en particulier les mélanomes muqueux et acraux. Leur identification est devenue récemment possible en pratique courante et indispensable avant de prescrire en cas de besoin des inhibiteurs de la tyrosine kinase. Nous rapportons pourtant le cas d’un mélanome vaginal métastatique ayant répondu au nilotinib sans mutation KIT détectable. Observations Il s’agissait d’une femme de 57 ans chez qui, en octobre 2008, a été découvert un mélanome primitif vaginal loca- lement avancé, traité par pelvectomie antérieure et urétérostomie cutanée bilatérale. Le bilan d’extension trouvait un an plus tard de multiples adénopathies inguinales bilatérales, une volumineuse adénopathie iliaque externe droite, une carcinose péritonéale, des micronodules pulmonaires et une métastase hépatique. La patiente recevait une 1 re ligne de chimiothérapie par l’association Muphoran ® —Deticene ® sans efficacité. Une 2 e ligne par nilotinib (400 mg × 2/j) était prescrite en avril 2010, sans attendre les résul- tats de la recherche de mutation KIT, indisponible initialement en raison de difficultés techniques. En quelques semaines, toutes les cibles métastatiques régressaient en dehors de l’adénopathie iliaque externe, dont le volume diminuait cependant. Le traite- ment était poursuivi à l’identique, avec une absence de rechute 4 ans après le début du nilotinib. La recherche de mutation cKIT sur les exons 9, 11, 13, 17 et 18, effectuée a posteriori à partir du matériel tumoral initial, était négative. Discussion KIT est un récepteur tyrosine kinase transmembra- naire exprimé par les mélanocytes. Il a un rôle essentiel dans la migration, la survie, la prolifération et la différentiation du méla- nocyte. KIT est une cible thérapeutique établie dans les cancers ayant des mutations activatrices du KIT. Les exons 9, 11, 13, 17 et 18 sont le plus souvent impliqués dans la mutation cKit et leur mutation est recherchée par séquenc ¸age de l’ADN par PCR. Dans une étude récente de phase II, 24 patients atteints de mélanome métastatique de type acral, muqueux ou chronically sun-damaged (CSD) avec mutation ou amplification cKIT ont été traités par ima- tinib, un autre inhibiteur de la thyrosine kinase, avec une réponse partielle ou complète dans 29 % des cas et un contrôle global géné- ral dans 50 %. Des essais évaluant l’efficacité le nilotinib sont en cours. Conclusion Nous rapportons la première observation avec une régression des métastases d’un mélanome muqueux sous inhibiteur de la tyrosine kinase alors que les techniques de biologies molé- culaires standards n’ont pas permis de détecter de mutation c-kit. Ce cas pose la question de la sensibilité des techniques de biolo- gie moléculaire actuellement disponibles ou de la présence d’une nouvelle mutation touchant d’autres exons du gène KIT. Mots clés KIT ; Mélanome ; Nilotinib Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2014.09.388 P189 Mélanome clitoridien métastatique muté KIT répondant à l’imatinib (Glivec ® ) R. Prud’homme , C. Bedane , M. Couture , S. Assikar , C. Enescu Dermatologie, CHU Dupuytren, Limoges, France Auteur correspondant. Introduction Les mélanomes muqueux métastatiques ont la par- ticularité d’être fréquemment mutés sur le gène KIT (20 %). Ceux présentant ce type de mutation répondent parfois spectaculai- rement aux thérapies ciblées. Parmi elles, l’imatinib paraît être efficace d’après plusieurs cas cliniques de la littérature. Observations Une femme de 61 ans sans aucun antécédent consultait en septembre 2012 pour découverte d’un mélanome cli- toridien initialement non métastatique. Une chirurgie en marge saine et une surveillance avaient alors été décidés en RCP. En août 2013, cette patiente présentait une récidive locale sur cica- trice d’exérèse ainsi que des adénopathies inguinales métastatiques bilatérales. La recherche de mutations BRAF, NRAS et KIT n’a révélé qu’une mutation KIT L576P sur l’exon 11. La patiente était d’abord traitée par 5 cures de dacarbazine 1 g/m 2 /3 semaines, puis par 4 cures d’ipilimumab 3 mg/kg/3 semaines sans réelle effica- cité (apparition de nodules de perméation ainsi que de métastases pulmonaires et ganglionnaires). Un nouveau traitement était alors initié par imatinib 400 mg/j, suivi d’une diminution spectaculaire du volume des métastases viscérales et ganglionnaires objectivée au TDM TAP et au TEP 18FDG, avec normalisation des LDH après 1mois de traitement. La patiente n’a présenté aucun effet secondaire lié à cette thérapie ciblée. Discussion Le gène KIT code pour un récepteur à activité tyro- sine kinase intracellulaire ayant un rôle dans la migration et le développement mélanocytaire via plusieurs voies de signalisation intracellulaire. Les mutations de ce gène sont peu fréquentes dans les mélanomes métastatiques (2 %) mais sont plus fréquentes chez les mélanomes acro-lentigineux (11 à 23 %) et muqueux (9 à 21 %). Seules les mutations L576P de l’exon 11 codant pour le domaine juxta-membranaire du récepteur et K642E de l’exon 13 codant pour le domaine kinase I intracellulaire du récepteur semblent répondre pertinemment à cette thérapie ciblée. L’imatinib a la propriété d’inhiber la protéine tyrosine kinase des récepteurs KIT en entrant en compétition avec l’ATP. Cette molécule est couramment uti- lisée pour traiter les leucémies myéloïdes chronique, la maladie de Vaquez ou les tumeurs stromales gastro-intestinales. Lors des études de phase 2, une dose de 400 mg/j semble être optimale. Les

À propos d’un cas de mélanome vaginal métastatique sans mutation du gène KIT détectable avec réponse favorable sous nilotinib

  • Upload
    g

  • View
    215

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: À propos d’un cas de mélanome vaginal métastatique sans mutation du gène KIT détectable avec réponse favorable sous nilotinib

S400 JDP 2014

sous vemu ; aucun n’est apparu sous dabra après 6 mois de traite-ment. Aucune fièvre n’a été constatée sous dabra.Discussion Cette étude compare le profil de tolérance de 2BRAFinhibiteurs en cross-over. Ses limites sont son caractère rétros-pectif et l’unilatéralité du switch. Les arrêts de traitement dansl’étude pivot ayant permis l’AMM du vemu concernaient 6 % despatients et sont identiques à ceux observés chez les nôtres : arthral-gies, toxidermie, photosensibilité. Les EI sous dabra pour nospatients sont aussi similaires à ceux de l’étude pivot en dehors de lafièvre spécifique, non retrouvée ici probablement du fait du faibleeffectif. La photosensibilité sous dabra est très rare. L’étude montreplus d’hyperkératose et moins de CE et papillomes sous dabra, maisl’hyper-prolifération cutanée survient dans les premiers mois detraitement.Conclusion Le profil de toxicité du vemu et du dabra est sensi-blement différent, en particulier pour la photosensibilité et peutvarier chez un même individu. L’intérêt de disposer de ces deuxtraitements d’efficacité équivalente est de pouvoir switcher en casd’EI graves (toxidermie, hépatite) ou invalidants (photosensibilité,fièvre).Mots clés BRAF inhibiteurs ; Dabrafenib ; Mélanome ;Tolérance ; VémurafenibDéclaration d’intérêts S. Monestier, S. Mallet, M.-A. Richard,S. Hesse, J.-J. Grob, honoraires en tant qu’investigateurs pour cetteétude ; les autres auteurs n’ont pas transmis de déclaration deconflits d’intérêts.� Iconographie disponible sur CD et Internet.

http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2014.09.387

P188À propos d’un cas de mélanomevaginal métastatique sans mutation dugène KIT détectable avec réponsefavorable sous nilotinibS. Alkeraye ∗, A. Dadban , J.-P. Arnault , C. Lok , G. ChabyDermatologie, CHU d’Amiens, Amiens, France∗ Auteur correspondant.

Introduction Des mutations et/ou amplifications du gène KIT sontretrouvées dans 2 à 6 % des mélanomes, et concernent en particulierles mélanomes muqueux et acraux. Leur identification est devenuerécemment possible en pratique courante et indispensable avant deprescrire en cas de besoin des inhibiteurs de la tyrosine kinase. Nousrapportons pourtant le cas d’un mélanome vaginal métastatiqueayant répondu au nilotinib sans mutation KIT détectable.Observations Il s’agissait d’une femme de 57 ans chez qui, enoctobre 2008, a été découvert un mélanome primitif vaginal loca-lement avancé, traité par pelvectomie antérieure et urétérostomiecutanée bilatérale. Le bilan d’extension trouvait un an plus tardde multiples adénopathies inguinales bilatérales, une volumineuseadénopathie iliaque externe droite, une carcinose péritonéale,des micronodules pulmonaires et une métastase hépatique. Lapatiente recevait une 1re ligne de chimiothérapie par l’associationMuphoran®—Deticene® sans efficacité. Une 2e ligne par nilotinib(400 mg × 2/j) était prescrite en avril 2010, sans attendre les résul-tats de la recherche de mutation KIT, indisponible initialementen raison de difficultés techniques. En quelques semaines, toutesles cibles métastatiques régressaient en dehors de l’adénopathieiliaque externe, dont le volume diminuait cependant. Le traite-ment était poursuivi à l’identique, avec une absence de rechute4 ans après le début du nilotinib. La recherche de mutation cKITsur les exons 9, 11, 13, 17 et 18, effectuée a posteriori à partir dumatériel tumoral initial, était négative.Discussion KIT est un récepteur tyrosine kinase transmembra-naire exprimé par les mélanocytes. Il a un rôle essentiel dans lamigration, la survie, la prolifération et la différentiation du méla-nocyte. KIT est une cible thérapeutique établie dans les cancers

ayant des mutations activatrices du KIT. Les exons 9, 11, 13, 17et 18 sont le plus souvent impliqués dans la mutation cKit et leurmutation est recherchée par séquencage de l’ADN par PCR. Dansune étude récente de phase II, 24 patients atteints de mélanomemétastatique de type acral, muqueux ou chronically sun-damaged(CSD) avec mutation ou amplification cKIT ont été traités par ima-tinib, un autre inhibiteur de la thyrosine kinase, avec une réponsepartielle ou complète dans 29 % des cas et un contrôle global géné-ral dans 50 %. Des essais évaluant l’efficacité le nilotinib sont encours.Conclusion Nous rapportons la première observation avec unerégression des métastases d’un mélanome muqueux sous inhibiteurde la tyrosine kinase alors que les techniques de biologies molé-culaires standards n’ont pas permis de détecter de mutation c-kit.Ce cas pose la question de la sensibilité des techniques de biolo-gie moléculaire actuellement disponibles ou de la présence d’unenouvelle mutation touchant d’autres exons du gène KIT.Mots clés KIT ; Mélanome ; NilotinibDéclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir deconflits d’intérêts en relation avec cet article.

http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2014.09.388

P189Mélanome clitoridien métastatiquemuté KIT répondant à l’imatinib(Glivec®)�

R. Prud’homme ∗, C. Bedane , M. Couture , S. Assikar , C. EnescuDermatologie, CHU Dupuytren, Limoges, France∗ Auteur correspondant.

Introduction Les mélanomes muqueux métastatiques ont la par-ticularité d’être fréquemment mutés sur le gène KIT (20 %). Ceuxprésentant ce type de mutation répondent parfois spectaculai-rement aux thérapies ciblées. Parmi elles, l’imatinib paraît êtreefficace d’après plusieurs cas cliniques de la littérature.Observations Une femme de 61 ans sans aucun antécédentconsultait en septembre 2012 pour découverte d’un mélanome cli-toridien initialement non métastatique. Une chirurgie en margesaine et une surveillance avaient alors été décidés en RCP. Enaoût 2013, cette patiente présentait une récidive locale sur cica-trice d’exérèse ainsi que des adénopathies inguinales métastatiquesbilatérales. La recherche de mutations BRAF, NRAS et KIT n’arévélé qu’une mutation KIT L576P sur l’exon 11. La patiente étaitd’abord traitée par 5 cures de dacarbazine 1 g/m2/3 semaines, puispar 4 cures d’ipilimumab 3 mg/kg/3 semaines sans réelle effica-cité (apparition de nodules de perméation ainsi que de métastasespulmonaires et ganglionnaires). Un nouveau traitement était alorsinitié par imatinib 400 mg/j, suivi d’une diminution spectaculaire duvolume des métastases viscérales et ganglionnaires objectivée auTDM TAP et au TEP 18FDG, avec normalisation des LDH après 1 moisde traitement. La patiente n’a présenté aucun effet secondaire liéà cette thérapie ciblée.Discussion Le gène KIT code pour un récepteur à activité tyro-sine kinase intracellulaire ayant un rôle dans la migration et ledéveloppement mélanocytaire via plusieurs voies de signalisationintracellulaire. Les mutations de ce gène sont peu fréquentes dansles mélanomes métastatiques (2 %) mais sont plus fréquentes chezles mélanomes acro-lentigineux (11 à 23 %) et muqueux (9 à 21 %).Seules les mutations L576P de l’exon 11 codant pour le domainejuxta-membranaire du récepteur et K642E de l’exon 13 codant pourle domaine kinase I intracellulaire du récepteur semblent répondrepertinemment à cette thérapie ciblée. L’imatinib a la propriétéd’inhiber la protéine tyrosine kinase des récepteurs KIT en entranten compétition avec l’ATP. Cette molécule est couramment uti-lisée pour traiter les leucémies myéloïdes chronique, la maladiede Vaquez ou les tumeurs stromales gastro-intestinales. Lors desétudes de phase 2, une dose de 400 mg/j semble être optimale. Les