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Addictions : une nouvelle approche

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Addictions

en ligne sur / on line onwww.em-consulte.com/revue/lpmwww.sciencedirect.com

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Presse Med. 2012; 41: 1190–1191� 2012 Publié par Elsevier Masson SAS.

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ossier thématique

Disponible sur internet le :1er novembre 2012

Addictions : une nouvelle approche

[TD$FIRSTNAME]Didier [TD$FIRSTNAME.E] Touzeau

Groupe hospitalier Paul-Guiraud, pôle addictions clinique Liberté, 92220 Bagneux,France

Correspondance :Didier Touzeau, Groupe hospitalier Paul-Guiraud, pôle addictions clinique Liberté,10, rue de la Liberté, 92220 Bagneux, [email protected], [email protected]

Addictions: A new approach

Le concept d’addiction recouvre les conduites d’excès que l’individu ne peut plus contrôler,dont il devient dépendant et perçoit les dommages. Un véritable et irrépressible « auto-sabotage ». Il s’attache aux comportements, oscillant entre impulsion (recherche d’un plaisirou d’une gratification immédiate) et compulsion (soulagement des tensions et réduction desaffects pénibles). Il englobe les consommations de substances psychoactives et les comporte-ments à risques d’abus et de dépendance (achats, jeux pathologiques, pratique addictive del’Internet. . .). A contrario, il n’inclue pas les conduites de recherche hédoniques et toutes lesformes de prise de risques. On risquerait sinon un dérapage nosologique fâcheux, par extensioninjustifiée d’un modèle clinique qui reste assez « minimaliste » et médicalisation abusive desconduites d’excès.Former les intervenants au repérage et au soin de ces maladies est l’objectif partagé par lesauteurs sollicités pour la réalisation de ce dossier. L’un d’entre eux, Pascal Courty, psychiatre etresponsable du CSAPA au CHU Gabriel-Montpied à Clermont-Ferrand (SATIS), qui lui a apportéavec beaucoup d’intelligence sa contribution, est décédé brutalement cet été. Je souhaite rendrehommage à ce collègue passionné, rempli d’humanité et soucieux des patients.La reconnaissance et la prise en charge de ces maladies encore trop souvent « démédicalisées » etimputées, implicitement, au « vice », habitudes néfastes ou manque de volonté, permet demettre en oeuvre un repérage et des soins addictologiques. L’engagement dans un processus deformation entraîne une modification des représentations sociales des soignants eux-mêmes,dont les croyances, attitudes, normes et connaissances sur la perception du risque font obstacle àune conception cohérente de la prévention.L’addictologie est une discipline transversale récente : le diplôme d’études spécialisé datede1999. Au-delà des consommations de substances ou des conduites d’excès, elle s’intéresse auxdéterminants génétiques, neurobiologiques, psychologiques, somatiques et sociaux, au traite-ment et prévention de ces conduites. Elle en analyse les conséquences sanitaires et économiques.

tome 41 > n812 > décembre 2012http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2012.09.006

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Ainsi, cette nouvelle approche a placé les différentesconduites addictives sur le même plan. Par là même, lesusagers comme les acteurs de santé et du travail social nepeuvent plus se réfugier derrière l’écran de l’Interdit pourévaluer, à l’aune de l’illicite, la gravité des usages. Elle anécessité une redéfinition des offres de soins. Celles-ci nepeuvent plus être focalisées sur les seules conduites dedépendance, mais prennent en compte les comportementsen amont (usages simples, abusifs et nocifs). Dans le mêmetemps, les professions de santé se trouvent interpellées par lerisque de banalisation de l’usage des substances psychoac-tives, puisqu’elles sont susceptibles d’entraîner un usagenocif, abusif, voire une dépendance. Elles sont confrontéesaux limites de leurs réponses thérapeutiques et à l’absence deconsensus en leur sein quant à leur intervention aux côtés desinstitutions répressives, Justice ou Police. Les soignants four-nissent des explications à un patient doté d’une expertisecertaine. Ils gèrent, « avec lui », ses rechutes sans céder à latentation de l’exclusion arbitraire. Au cours de ces longues

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prises en charge, ils veillent à améliorer leur qualité de vie parune meilleure compréhension réciproque.Le champ de l’addictologie, même s’il a eu du mal à seconstituer et à se faire reconnaître, a permis de changer ladonne grâce aux apports émanant non seulement de la méde-cine mais encore des sciences humaines et sociales et grâce àun partenariat actif avec les patients eux-mêmes. Mais du faitdes effets de la communication politique, des positions idéo-logiques, intérêts économiques et remises en cause diverses,l’addictologie est toujours mise sous tension. Conséquence :ceux dont les métiers et les convictions sont de prendre encharge ces patients, subissent plus qu’ils ne les inspirent, lesorientations politiques qui devraient, au XXI

e siècle, reposer surdes approches fondées sur des preuves, les Evidence Based

Medicine, qui respectent, protègent et renforcent les droitshumains.

Déclaration d’intérêts : Didier Touzeau, rédacteur en chef du courrier desaddictions (Edimark) a reçu des honoraires ou un soutien pour son servicedes laboratoires Reckitt Bensicker, Lundbeck, Bouchara Recordati.

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