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Afrique Enjeux est un trimestriel d’analyse de l'économie africaine. Il s'adresse aux entrepreneurs, investisseurs et décideurs d’Afrique.
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A u cours de l’année 2010, l’activité
économique tchadienne a bénéfi-
cié de la vigueur de la demande
intérieure soutenue par un ac-
croissement sensible des investissements bruts,
notamment des investissements privés
(pétroliers et non pétroliers). La demande exté-
rieure, quant à elle, a été marquée par une aug-
mentation plus forte des importations par rap-
port aux exportations conduisant à une dégrada-
tion de la situation extérieure nette. Au niveau
de la demande intérieure, le concours de la
consommation globale à la croissance a été
négatif au premier trimestre 2010 du fait de la
faiblesse concomitante de la consommation
privée et de la consommation publique.
La contraction de l’apport de la consommation
privée s’explique, en milieu rural, par la baisse
des revenus des ménages occasionnée par le
recul de la production agricole (coton et céréa-
les). En milieu urbain, le retard dans le paie-
ment des créances de l’État envers les fournis-
seurs en est le facteur principal.
La contribution modérée de la consommation
publique est liée au réajustement à la baisse des
dépenses de l’État (diminution des dépenses de
biens et services, transferts ainsi que des dépen-
ses exceptionnelles de sécurité) en adéquation
avec le niveau des recettes publiques attendu en
2010.
A l’inverse, les investissements bruts ont
contribué favorablement à la croissance du fait
d’une forte progression des investissements
privés qui ont concerné essentiellement les in-
vestissements pétroliers, notamment avec l’in-
tensification des travaux de cons-
truction de la raffinerie de Djermaya
et ceux de la pose du pipeline sous
le fleuve Chari, devant la relier au
champ pétrolier de « Rônier » de
Bongor. Les investissements du
consortium pétrolier opérant sur le
bassin de Doba connaissent eux
aussi une certaine reprise visant à
relever le niveau de production du
brut de ce champ.
Le concours des investissements privés non
pétroliers a été orienté principalement vers la
téléphonie mobile, l’énergie (STEE), la cons-
truction du siège de la CNPS à N’Djamena, la
poursuite des travaux de construction d’un
complexe commercial et administratif sur fi-
nancement libyen et celle du chantier de la ci-
menterie de Baoré à Pala. A cela s’ajoute la
construction de nombreux bâtiments des parti-
culiers.
L’apport des investissements publics a été mo-
deste du fait du faible volume des travaux res-
tants à réaliser. Au niveau des infrastructures
routières, les travaux de construction des routes
entamées en 2009 et le bitumage de quelques
rues à N’Djamena et à Sarh se sont poursuivis.
Il en a été de même pour le pont à double voie
de Nguéli reliant N’Djamena à la ville fronta-
lière camerounaise de Kousseri, dont les tra-
vaux de construction ont été lancés en décem-
bre 2009.
En matière d’infrastructures scolaires, universi-
taires et sanitaires, les travaux de construction
de l’université de Toukra, de l’Hôpital Moderne
de N’Djari, du nouveau complexe hospitalier
dénommé «L’hôpital de la Mère et de l’En-
fant», du Centre de Contrôle de Qualité des
Denrées Alimentaires se sont accélérés.Au ni-
veau de la demande extérieure, les résultats
continuent d’être décevants en raison de la
contraction des exportations des principaux
produits (coton et bétail)non compensée par le
redressement des importations des biens et ser-
vices.
Dans le secteur primaire, la situation alimentai-
re demeure préoccupante, en raison des mau-
vais résultats de la campagne agricole
2009/2010. Les résultats définitifs de cette cam-
pagne ont ainsi porté sur une production céréalière
de 1 575 117 tonnes contre 1 778 825 tonnes la
campagne précédente, soit une diminution de
11,5%.
Les productions cotonnière et sucrière ont égale-
ment été décevantes à cause de la persistance des
problèmes de gestion de la Cotontchad et des pro-
blèmes techniques survenus à l’usine de la CST
dès le démarrage de la campagne.
En revanche, celles de la viande et du pétrole brut
se sont redressées, respectivement, à la faveur de
la forte demande et des investissements financés
par le consortium pour améliorer l’extraction du
pétrole.
Dans le secteur secondaire, les industries manu-
facturières se sont bien tenues grâce à l’extension
des capacités de production (fabrique des cigaret-
tes, usine d’assemblage de tracteurs) et à la vitalité
des brasseries. A l’inverse, à cause de la vétusté de
son outil de production et du manque de graines
de coton, les activités de l’Huilerie-Savonnerie se
sont arrêtées et ne reprendront éventuellement
qu’en 2011.
Le secteur des bâtiments et travaux publics (BTP)
a maintenu au premier trimestre 2010 un certain
dynamisme, notamment avec la poursuite des
grands travaux de l’État à N’Djamena et dans cer-
taines villes des provinces.
Au niveau du secteur tertiaire, les activités com-
merciales portant sur les distributions pétrolière et
pharmaceutique, les transports et les télécommuni-
cations ont été soutenues au cours du premier tri-
mestre 2010, en rapport avec la poursuite des tra-
vaux de réhabilitation des infrastructures routières,
le dynamisme des activités aériennes et l’expan-
sion de la téléphonie mobile.
Par contre, les activités hôtelières
et la distribution automobile se
sont rétractées.
Les tensions inflationnistes obser-
vées en 2009 se sont atténuées
pendant la période sous revue. En
effet, les prix à la consommation
ont baissé de 4% en moyenne an-
nuelle et de 3,5% en glissement
annuel entre mars 2009 et mars
2010, notamment avec l’arrivée
des nouvelles récoltes de contre-
saison sur le marché.
Pour ce qui est des finances publi-
ques, l’exécution du budget de
l’État s’est soldée, par un déficit,
base caisse, de 21,2 milliards à fin
mars 2010, en nette amélioration
par rapport à celui de 159 mil-
liards enregistré un an plus tôt.
En effet, au cours de cette période,
les recettes budgétaires se sont
établies à 182,9 milliards contre
108,9 milliards un an plus tôt, en
hausse de 68%, grâce essentielle-
ment à l’amélioration des recettes
pétrolières, suite à la reprise des
encaissements par le Trésor public
de l’impôt sur les sociétés dû par
Exxon/Chevron et Pétronas et,
dans une moindre, à l’appréciation
des prix mondiaux du brut.
De leur côté, les dépenses budgé-
taires ont reculé de 31,6% à fin
mars 2010, se situant à 132,6 mil-
liards contre 194 milliards à fin
mars 2009. Elles comprennent
d’une part, 105,4 milliards des
dépenses courantes pour lesquel-
les, toutes les rubriques ont dimi-
nué, à l’exception des salaires et
traitements qui ont augmenté de
35,7% à 56 milliards et, d’autre
part, des dépenses d’investisse-
ment, entièrement effectuées sur
ressources propres de l’État.
Au cours de la période sous-revue,
la situation du commerce extérieur
s’est améliorée par rapport au pre-
mier trimestre de l’année 2009.
S’agissant des importations, hor-
mis les biens de consommation
non-alimentaire (- 100%) et les
équipements industriels et de
transport (- 83,3%), elles ont aug-
menté pour les hydrocarbures
(+78,1%), pour les biens de
consommation alimentaires
(+5%), les matériaux de construc-
tion (+5%) et les produits divers
(+ 5%).
Pour ce qui est des exportations,
celles-ci se sont accrues pour les
biens de consommation alimentai-
re (+4,7%), le pétrole (+6,2%) et
les produits divers (+5%). En re-
vanche, les expéditions de coton
fibre ont été nulles en raison des
difficultés rencontrées par la Co-
tontchad.
Enfin, concernant la situation de la
dette extérieure, son encours s’est
élevé à 804,8 milliards contre
802,9 milliards un an plus tôt, en
augmentation de 0,2%. Cette légè-
re hausse s’explique par l’appré-
ciation des cours de certaines de-
vises par rapport à l’euro.
Les perspectives macroéconomi-
ques sont favorables pour l’année
2011. Elles s’appuient sur un re-
bond attendu de l’agriculture, un
redressement escompté des cours
du pétrole et la réalisation d’un
deuxième projet pétrolier dont
l’envergure sera, environ, le tiers
du champ pétrolier mis en exploi-
tation depuis 2003 sur le bassin de
Doba. Ces avancées devraient
soutenir la croissance du PIB hors
pétrole.
Ainsi, selon les projections de
l’INSEED, le PIB en termes réels
a progressé de 0,7% en 2010
contre une baisse de 1,0% en
2009. Les tensions inflationnistes
ont été contenues à 6% en 2010
contre un taux de 10,1% en 2009.
Dans le domaine des finances pu-
bliques, les autorités estiment qu’il
est essentiel d’améliorer la gestion
des finances publiques pour que
l’exploitation des ressources pé-
trolières se traduise par une crois-
sance plus forte des autres secteurs
et par une diminution de la pau-
vreté. La mise en œuvre des re-
commandations du FMI, notam-
ment la préparation d’une loi de
finances rectificative pour 2010,
adossée à une politique budgétaire
à moyen terme, s’est avèré être
une condition essentielle qui de-
vrait permettre la poursuite des
discussions en vue de la conclu-
sion d’un programme de référence
avec cette Institution.
Source BÉAC.
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