Annales de chirurgie plastique esthétique 52 (2007) 551–553

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Allotransplantation de tissus composites (ATC).Conclusions

Composite tissues allotransplantation (CTA).Conclusions

J.-L. Cariou

49, rue de Paris, 80680 Hébécourt, France

MOTS CLÉSAllotransplantation detissus composites ;ATC ;Anatomie ;Chirurgie reconstructrice ;Immunologie ;Éthique

Adresse e-mail : acpe@els

0294-1260/$ - see front mattedoi:10.1016/j.anplas.2007.07.

evier.fr

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Résumé L’auteur établit les conclusions de ce livre — rapport dédié à l’allotransplantation detissus composites (ATC). L’anatomie, dans sa triple approche cadavérique, fonctionnelle etchirurgicale, a permis les progrès de la chirurgie reconstructrice depuis 30 ans. C’est une chi-rurgie reconstrutrice inventive, mais toujours altruiste et empathique, qui a permis la concep-tion et la réalisation de l’ATC qui n’est plus une chimère, mais une réalité. Mais cette chirur-gie restera d’exception concernant ses indications. Elle demeure et demeurera tributaire desprogrès des traitements immunosuppresseurs, l’évolution actuelle se faisant vers l’immunoto-lérance, le chimérisme induit et l’appariement génétique. En France, l’ATC est aussi Éthique— son autorisation étant sous la dépendance du Comité national consultatif d’éthique — etc’est un cas de figure unique au monde.

© 2007 Publié par Elsevier Masson SAS.

KEYWORDSComposite tissuesallotransplantation;CTA;Anatomy;Reconstructive surgery;Immunology;Ethics

Abstract The author proves conclusions of that report on composite tissues allotransplantation(CTA). Cadaveric, functionnal and surgical anatomy has allowed the progress of reconstructivesurgery since 30 years. It is an inventive, but always altruistic and emotional, reconstructivesurgery which has allowed the progressiveness and expansion of CTA which is no more illusionbut reality. The indications are and will remain exceptional. CTA’s expansion remain depen-dent on progress of immunosuppressive drugs, and the actual research is turning towardsimmunologic allowance, induced chimerism and genetic mosaicism. In French, CTA is alsoEthics and it is the only one case in the world, according to the lawful activity of the Ethics’advisory board.

© 2007 Publié par Elsevier Masson SAS.

(J.-L. Cariou).

7 Publié par Elsevier Masson SAS.

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« Une expérience choc peut déterminer une intuition ».Jean-François Sirinelli parlant de Raymond Aron

Partant de petites et/ou grandes histoires chirurgicales,une grande partie de l’histoire naissante de l’ATC en chirur-gie reconstructrice a été écrite dans ce rapport scientifiquechirurgical écrit en totalité par des chirurgiens, actifs enchirurgie, penseurs en écriture, et surtout des hommes auservice de la souffrance humaine.

Les conclusions (conclusiones) de ce rapport, nonexhaustives, s’attachent à préciser quatre aspects ou voletsde la « Maison des ATC » ainsi évoquée en préface :

● l’anatomie ;● la chirurgie ;● l’immunologie ;● l’éthique.

Anatomie

Pour nous, chirurgiens reconstructeurs :« L’art manuel de la dissection ».

● Sa naissance ?● La Renaissance

… Deux noms marquants et illustres :○ Leonardo da Vinci (1452–1519), l’insatiable curieux

touchant tous les aspects des productions humaines(ingénieur, inventeur…) et tous les aspects de lanature (artiste, dessinateur, peintre, anatomiste,botaniste…).

L’Histoire a retenu qu’il a fait se rejoindre, et ce dèsle XV

e siècle, Art et Anatomie (esquisses et/ou dissec-tions dessinées en sanguine ou à la plume et encresur fusain plus ou moins traces de sanguine) [1].Nous retiendrons que l’apparent disparate feuilletconcernant l’anatomie de la face, du bras et de lamain, semblant initialement inachevé pour la publi-cation, fait déjà figure de prémisse pour l’avenir ;

○ Vésale (1514–1564). « Humani corporis fabrica » lefit connaître dans toute l’Europe, non sans polé-mique.

… D’autres moins connus ou reconnus :

○ Berangerio da Capri (1470–1530) ;○ Guido Guidi ;○ Fabrice d’Acquapendente (1533–1619) ;○ Charles Estienne (1540– ?)…

● Ambroise Paré [2]● Michel Salmon [3]● La modernité

Elle devrait reconnaître que l’anatomie est triple :○ cadavérique, donc statique et non permissive pour

les indications opératoires (cf. les lignes de Langerdécrites sur le cadavre) ;

○ fonctionnelle, donc dynamique et évolutive, de fon-dement ontologique, physiologique, physiopatholo-gique et « expérimental » médical et chirurgical ;

○ chirurgicale, découlant des deux précédentes etaussi pensée en pré- et peropératoire, vu les varia-tions individuelles prévisibles et les « surprises ».

C’est de ces trois versants, non contradictoires et com-plémentaires, que découlent les progrès de la chirurgiereconstructrice depuis 30 ans, concernant en particulierl’ATC.

« Ayez des yeux pour voir les dessins et images anato-mochirurgicaux de J.-C. Guimberteau, V. Casoli et al.,B. Devauchelle, L. Lantiéri et al., des oreilles pour lesécouter et entendre le message de ces images… Il vousreste un cerveau pour comprendre ». C’est un messageanatomique et personnel, déjà évoqué [4].

Chirurgie

« La Cirurgia »… Serait-elle devenue, comme les « Tempsmodernes », le devenir-marchandise du réel ?

Non, la chirurgie reconstructrice garde a priori sa défini-tion première, son caractère altruiste et empathique, sesadeptes.

Tous les auteurs-chirurgiens ont parfaitement remplileur mission dans ce rapport, et je les en remercie tous :

● Jean-Claude Guimberteau, Joseph Bakhach, VincentCasoli et al., pour l’école bordelaise ;

● Michel Schoofs, en partie de la même école tout commemoi, depuis « émigré » à Lille et initiateur dans cetteville du « SOS-Main » ;

● Jean-Michel Dubernard et Aram Gazarian, pour l’écolelyonnaise ;

● Bernard Devauchelle et Sylvie Testelin pour l’écoleamiénoise créée par le premier ;

● Benoît Lengelé, anatomiste et chirurgien, de l’école deBruxelles ;

● Laurent Lantiéri et ses collaborateurs pour l’une desécoles parisiennes, celle d’Henri-Mondor à Créteil ;

● Charles Guédon, « franc-tireur » de l’hôpital Bichat etd’ailleurs à Paris ;

● Michel Stricker, incontournable homme de pensée.

Il n’y a eu ici aucune « guerre d’École », encore moins de« guerre des boutons » comme dans la vie (récréative) engénéral. Le consensus est que l’ATC n’est pas une chimère,mais une réalité.

Je remercie également tout particulièrement mes« élèves » Eric Bey et Patrick Duhamel, et mon « disciple »François Petit.

Ils vous ont tous donné les clés de la « Maison desATC ».

À vous de vous en servir ou non ! Cette porte peut resterfermée pour certains d’entre vous. Pour d’autres, elle res-tera toujours ouverte…

Rappelons que cette chirurgie est et restera une chirur-gie d’exception et exceptionnelle :

● d’exception, s’agissant des indications ;

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● exceptionnelle, vu ses résultats autant sur les apparen-ces que sur la fonction et l’image de soi retrouvée,c’est-à-dire globalement sur « l’être restauré ».

Immunologie

Merci à François Petit qui nous a rappelé le présent etl’avenir des traitements immunosuppresseurs.Merci à Jean-Michel Dubernard et son équipe de transplan-teurs et immunologistes lyonnais, « rôdés » à ce genred’épreuves depuis de nombreuses années et qui continuentà rechercher la bonne voie…

Restent en pratique, aujourd’hui, deux perspectivesd’avenir apparemment concurrentes :

● le chimérisme induit ;● l’appariement génétique.

La solution appartient aux chercheurs, à leurs mécèneset aux pouvoirs publics.

Éthique

Sans revenir ni à Platon ni à Aristote ni à Sénèque ni àd’autres, sans nous rapprocher ou polémiquer avec des phi-losophes et/ou éthiciens contemporains, nous pouvonsretenir comme postulat que « l’éthique est la logique dela synthèse et de la concorde » et qu’elle touche tous lesdomaines de la société et toutes les sciences.

L’éthique médicale existe. En France, elle est encadréepar un comité national consultatif d’éthique, et je remercieJean-Paul Méningaud d’avoir aussi clairement répertorié etanalysé le cadre réglementaire de l’ATC. Nous remercionségalement Jean Bernard et Denys Pellerin, au nom deleurs principes et de leurs actions.

Qu’en est-il de l’éthique politique et des médias ?

Les « scoops » sont à la mode, les reportages truquésexistent, l’audimat est une réalité, l’autocensure audio-visuelle se proclame le garant d’une informationobjective ; le « mirage pédagogique » — selon l’expres-sion de Michel Polac [5] — est malheureusement une réa-lité quotidienne. La charte des journalistes ne devrait-elle pas se transformer en code de déontologie etd’« info-éthique » ?

Est-ce la « modernité commerciale », est-ce la mondiali-sation qui souhaitent et/ou veulent que l’information, nor-malement objective, devienne subjective et objet desupermarché ?

Là aussi, comme dans la vie, comme en philosophie,comme en chirurgie, il faut savoir dire non.

« Celui-là seul qui peut distinguer le possible de l’im-possible est le médecin ».

Hérophile de Calcédoine(v. 335 av. J.-C.)

« Que sert à l’homme de gagner tout l’Univers, s’ilvient à perdre son âme ».

Saint-Matthieu(Nouveau Testament, ch. 16, v. 26)

Références

[1] Clayton M, Philo R. de Vinci L. Anatomie de l’Homme. Paris:Ed. du Seuil; 1992 (135 p).

[2] Paré A. Le premier livre de l’anatomie. In: Œuvres complètes,Paris. 1840 t. 1.

[3] Salmon M. Les artères de la peau. Paris: Masson Ed.; 1936.[4] Cariou JL. 52e Anniversaire des Annales de chirurgie plastique

esthétique (1956-2007). Cinquante-quatre ans de rédaction ;cinq rédacteurs en chef. Ann Chir Plast Esthet 2007;52:249–64.

[5] Polac M. In: Sahel C. et al., editors. La tolérance. Pour unhumanisme hérétique. Paris: Éditions Autrement; 1991.p. 82–9.