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UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE MASTER 2 AMENAGEMENT DU TERRITOIRE DECENTRALISATION ET DEVELOPPEMENT LOCAL (ATDDL) Par Présenté par : Aminata NDOYE Sous la direction de : M. Amadou DIOP Maître de Conférences M. Mamadou Dior DIAW SOMMAIRE LA REGION DE FATICK : PATRIMOINE CULTUREL ET COOPERATION DECENTRALISEE, PROXIMITE ET DEVELOPPEMENT DU TERRITOIRE Année universitaire: 2008-2009

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UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR

FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES

DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE

MMAASSTTEERR 22

AMENAGEMENT DU TERRITOIRE

DECENTRALISATION ET DEVELOPPEMENT

LOCAL (ATDDL)

Par

PPrréésseennttéé ppaarr :: Aminata NDOYE

SSoouuss llaa ddiirreeccttiioonn ddee::

M. Amadou DIOP

Maître de Conférences

M. Mamadou Dior DIAW

SOMMAIRE

LA REGION DE FATICK : PATRIMOINE CULTUREL

ET COOPERATION DECENTRALISEE,

PROXIMITE ET DEVELOPPEMENT DU TERRITOIRE

Année universitaire: 2008-2009

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SOMMAIRE

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS ........................................................................ 2

AVANT- PROPOS……………………………………………………………………………3

INTRODUCTION GENERALE…………………………………………………………. ...5

PROBLEMATIQUE………………………………………………………………………… 6

APPROCHE METHODOLOGIQUE……………………………………………………….9

PREMIERE PARTIE: LE PATRIMOINE CULTUREL DE FATICK: ENJEUX

DE LA COOPERATION DECENTRALISEE ET PROXIMITE POUR LE

DEVELOPPEMENT DU TERRITOIRE………………………………………………….11

CHAPITRE I : GENERALITES SUR LE PATRIMOINE CULTUREL NATIONAL.14

CHAPITRE II : LE PATRIMOINE CULTUREL DE FATICK ………………………17

CHAPITRE III: COOPERATION DECENTRALISEE ET PROXIMITE POUR LE

DEVELOPPEMENT DU TERRITOIRE……………………………………………….....20

DEUXIEME PARTIE :ROLE DE LA REGION DANS LE DEVELOPPEMENT

DE LA CULTURE………………………………………………………………………… 24

CHAPITRE I: ANALYSE ET INTERPRETATION DES RESULTATS………………25

CHAPITRE II : PERSPECTIVES POUR L’AMELIORATION DU SECTEUR……..28

CONCLUSION GENERALE……………………………………………………………...30

BIBLIOGRAPHIE………………………………………………………………………….31

TABLES DES MATIERES………………………………………………………………...33

ANNEXES…………………………………………………………………………………...34

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LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS

ASC : Association Sportive et Culturelle

CDEPS : Centre Départemental pour l’Education Populaire et Sportive

CCR : Centre Culturel Régional de Fatick

DPC : Direction du Patrimoine Culturel

DRSP : Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté

FDD : Fonds de Dotation de la Décentralisation

FECL : Fonds d’Equipement des Collectivités Locales

FPMA : Fonds du Patrimoine Mondial africain

ICCROM : Institut pour la Protection des Biens Culturels et Immobiliers

ICOMOS : Conseil International des Sites et Monuments

OCB : Organisation Communautaire de Base

ONG : Organisation Non Gouvernementale

PCI : Patrimoine Culturel Immobilier

PLD : Plan Local de Développement

PDIF : Projet de Développement Intégré de Fatick

PRDI : Plan Régional de Développement Intégré

SCA : Stratégie de Croissance Accélérée

SIG : Système d’Information Géographique

UICN : Union Mondiale pour la Nature

UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture

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AVANT-PROPOS

La culture est à la base de tout développement a t’on l’habitude de dire, les sciences

humaines ne sauraient occulter les sciences naturelles. La géographie, science sociale

étudiant l’espace, doit aussi s’intéresser à toutes les relations que les hommes entretiennent

avec les milieux naturels. A ce stade, on parle du territoire comme un support de l’identité

collective, et par conséquent, il représente un échelon pertinent pour la définition de projets

de développement.

Au Sénégal, la gestion du patrimoine relève du Ministère de la Culture dont le budget

représente 5% du budget national et ne permet pas de mener des actions d’envergure pour la

prise en compte de la culture dans les projets de développement. Plusieurs autres difficultés

s’opposent au développement du secteur : manque d’équipement et de ressources humaines

adéquates, manque de formation et de sensibilisation des élus locaux et de l’administration

déconcentrée, des ONG et organisations communautaires de base (OCB).

L’aménagement culturel du territoire n’a pas épousé les contours de la décentralisation

et de ce fait le rayon d’action des centres culturels régionaux reste très limité. On note, dans

les autres structures administratives : départements, communes et communautés rurales

l’absence d’infrastructures culturelles capables de fédérer les initiatives au niveau local :

(ASC, associations de promoteurs culturels et des ressortissants du terroir etc.).Ces

problèmes s’ajoutent à une conception très défavorable, c’est l’image de la culture souvent

assimilée au folklore. Un tel état de fait détermine une incompréhension préjudiciable au

secteur, d’où un certain manque de considération de la part des décideurs.

Le développement local ne peut provenir que des communautés de base et d’après

Xavier Greffe1 «il sera endogène ou ne sera pas ». La région de Fatick, objet de notre étude,

fait partie des collectivités locales les plus marquées par le phénomène de la pauvreté et

paradoxalement la zone renferme un potentiel important de sites, lieux de mémoire à valoriser

dans le cadre du tourisme culturel. Le développement local passe par une mobilisation de

toutes les initiatives pouvant contribuer à l’amélioration des revenus des populations. Nous

sommes partis du constat de tous les obstacles qui empêchent la culture de jouer son vrai rôle

dans les projets et programmes de développement du territoire. L’idée nous est venue

d’analyser objectivement les problèmes qui s’opposent au développement de la culture et de

1 Xavier Greffe : Le développement local, Bibliothèque des territoires, Paris, Editon de L’aube, Datar.

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dégager des perspectives pour une valorisation des ressources culturelles à travers l’exemple

d’une collectivité locale: la région de Fatick.

Plusieurs personnes ont contribué de prés ou de loin à la réalisation de ce travail.

Qu’elles trouvent ici, l’expression de notre profonde gratitude.

Nos sincères remerciements vont à l’endroit de tous ceux qui nous ont aidé pour la

réalisation de ce travail :

- Monsieur Amadou Diop pour avoir accepté d’assurer la Direction scientifique ;

- Mamadou Dior Diaw pour ses suggestions et sa disponibilité ;

- Que tous les professeurs du département de géographie en particulier ceux qui sont

intervenus dans ce master trouvent ici l’expression de notre profonde gratitude ;

- Aux professionnels des différents secteurs de l’administration, aux experts et consultants qui

ont accepté de partager avec nous leurs expériences : un grand merci

- A Monsieur Bira Dièye Fall, Directeur du Centre Culturel régional de Fatick pour sa

disponibilité et son ouverture d’esprit ;

- A tous mes collègues de la Direction du Patrimoine culturel, du Bureau d’architecture des

monuments historiques et du Cabinet du Ministère de la Culture

- A tous ceux qui nous ont soutenus qu’ils trouvent ici notre profonde reconnaissance.

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INTRODUCTION GENERALE

Le territoire selon une approche culturelle et idéologique, est le lieu de l’affirmation de

l’identité et de l’affectif. Les hommes se donnent une représentation de leur territoire et de sa

singularité. Toutes les expériences humaines qui ont lieu sur le territoire relèvent de la culture

d’où sa diversité et sa complexité. Le patrimoine culturel peut se définir comme étant

« l’ensemble des héritages appartenant aux communautés, il relève plutôt de l’histoire, de la

culture et de la nature »2. Il est l’affaire des groupes sociaux, et se décline suivant son objet :

le territoire. Le patrimoine doit occuper une place importante dans les dispositifs

d’aménagement et de développement du territoire.

La région de Fatick, objet de notre étude est riche par sa diversité ethnique, la variété

de ses coutumes et traditions. Sa population est en majorité constituée de Sérères (55,1 %), de

Wolofs (29,9 %), de Pulars (9,2 %), de Socés, de Bambaras, etc. La situation de carrefour

dans l’histoire et de point de rencontres entre populations sérères venant de la vallée du fleuve

Sénégal et manding (guélowars) venant de la Sénégambie du sud ou de l’ancien empire du

Gabou expliquent la richesse de son patrimoine culturel. Le brassage se perçoit à travers

l’originalité des formes d’organisation de l’espace et le savoir faire en matière de structuration

du territoire. Il se traduit aussi par une grande diversité des sites historiques, lieux de

mémoire, vestiges archéologiques etc. La région recèle en outre des potentialités importantes

dans le domaine de l’agriculture, de la pêche et du tourisme.

Cependant un certain nombre d’obstacles s’opposent au développement économique

de cette région : il s‘agit de la dégradation et de l’appauvrissement des sols, de l’évolution de

la salinisation, de la faiblesse des investissements, de la sous valorisation du secteur du

tourisme etc.

Par ailleurs, la région recèle de nombreux sites et monuments historiques. Certains

sont liés aux croyances et à la pratique cultuelle des populations. On y trouve aussi des

vestiges liés à l’histoire de la région. Le patrimoine naturel est aussi très remarquable, il est

composé principalement de la Réserve de la Biosphère du Delta du Saloum. Les rites et les

cérémonies traditionnelles sont les manifestations par excellence de la richesse culturelle de la

région. Ils revêtent des aspects différents selon les localités et les ethnies et sont souvent

intimement liés aux sites sacrés. Il faut noter l’organisation de séances de lutte traditionnelle,

de journées culturelles, le festival des origines et les cérémonies d’initiation. Les rites et

cérémonies traditionnelles comme les « Khoye » (séances de prédication) organisés

2 Lévi Ŕ Strauss L, Hirsch B, Le patrimoine culturel africain et la convention du patrimoine mondial, 1996, page

47

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constituent des évènements suivis par toute la nation. De même les chasses traditionnelles

ainsi que les « Gamous » traditionnels, sont nombreux mais ne sont pas encore correctement

répertoriés.

Malgré l’importance de ce potentiel, la région de Fatick ne compte pas assez

d’infrastructures culturelles, un seul centre culturel au niveau régional. Cette structure ne

dispose pas de relais à l’échelle départementale et au niveau des communautés rurales d’où la

léthargie de ce secteur dans ces localités. Les perspectives pour le secteur de la culture portent

sur la coopération décentralisée qu’il s’agit de mettre à profit à travers la mise en place de

projets culturels de dimension régionale ou sous régionale. L’étude sera articulée autour deux

parties : les potentialités culturelles de la région et les enjeux ensuite la restitution des

résultats de l’analyse effectuée sur les documents de programmation du développement et les

perspectives.

Tableau 1: Répartition des infrastructures socioculturelles par département en 2006

Source : CCR

Départements Total région

Infrastructures Fatick Foundiougne Gossas

Centres culturels 1 00 00 1

Salles des fêtes 2 2 1 5

Centre de lecture 2 00 00 2

Monuments et

sites culturels

25 23 12 60

Cérémonies

culturelles

IND IND IND IND

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Carte 1 : Localisation de la région de Fatick

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PROBLEMATIQUE

Le territoire se définit comme : « un espace construit, porteur d’une identité, d’un

système naturel et humain complexe aspirant à un mieux être de ses habitants »3. Les

réalités structurantes qui fondent l’existence de ce territoire sont en rapport avec l’histoire. Le

développement local suppose une « diversité d’expertises », une synergie forte entre les

acteurs et les partenaires dans un cadre interdisciplinaire. L’approche territoriale et

partenariale représentent un enjeu pour une utilisation des spécificités culturelles et

patrimoniales des collectivités locales comme des leviers de développement.

L’aménagement du territoire, peut compter sur des outils adéquats pour prendre en

compte la dimension humaine dans toutes ces facettes. L’ingénierie territoriale dans ce cadre

représente un instrument d’expression de l’aménagement du territoire, un moyen permettant

de recourir aux expertises locales, dans la prise en compte des réalités intrinsèques au milieu

pour un diagnostique territorial fiable et efficace. L’approche partenariale est ainsi une

exigence pour toute stratégie de développement local, surtout pour certains secteurs en marge

des programmes habituels, comme la culture.

La décentralisation, à travers le Code des collectivités locales, indique en ces termes

le rôle primordial confié à la région : « les régions sont destinées à servir de cadre de

programmation du développement économique, social et culturel et où puissent s’établir la

coordination des actions de l’Etat et celles des collectivités locales »4. Le transfert de

compétences qui a accompagné cette réforme administrative permet la responsabilisation des

collectivités dans des projets de territoire. Cependant les ressources allouées par l’état vont

dans d’autres domaines : santé, éducation, environnement. La mise en place de partenariats

avec des structures de coopération utiles constitue une voie salutaire pour les collectivités

locales.

Les diagnostiques territoriaux effectués dans le cadre de l’élaboration des documents

de planification doivent refléter l’ensemble des besoins exprimés par toutes les couches de la

population. Se focaliser seulement sur les secteurs traditionnellement priorisés mais aussi

innover en intégrant un secteur particulièrement marginalisé et dont l’engouement auprès des

populations n’est plus à démontrer. Cette entreprise ira dans le sens d’une revitalisation du

territoire, devenu plus attractif parce que valorisé. C’est sur cette dernière que nous comptons

nous appesantir dans la mesure où le territoire porte des empreintes de ces héritages du passé

3 Simon narcisse Tomety Ingénierie territoriale comme outil de développement territorial, Gérad, Séminaire

« Développement local, Gouvernance territoriale : enjeux et perspectives, page 2 4 Idem

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qui constituent un patrimoine. Ce patrimoine est insuffisamment intégré dans les politiques

d’aménagement du territoire. La plupart des lacunes observées dans cette discipline résultent

d’une mauvaise appréciation des réalités culturelles dans la conception des politiques et

projets de développement. Tout projet doit au préalable étudier les réalités culturelles du

territoire dans les études de faisabilité et dans les études d’impact, voire son adéquation et son

acceptation auprès des populations principales concernées.

Le développement local renvoie à une échelle très pertinente pour la coordination des

actions de développement. Les fondements théoriques du développement local : la théorie de

l’économie de proximité et celle du capital, suggèrent la prise en compte des réalités sociales

et culturelles des communautés. Les approches holistiques et les proximités institutionnelle et

organisationnelle portent sur les références, les valeurs et les règles et conduites sociales qui

ne sont rien d’autre qu’un patrimoine immatériel. Ce patrimoine immatériel peut être

considéré comme un « lubrifiant » pour établir la confiance, rassembler les acteurs et

consolider la gouvernance locale. Tout projet de développement nécessite une coordination

harmonieuse des acteurs. Les acteurs jouent un rôle important dans la gestion du territoire, ils

doivent s’organiser autour des défis et pour prendre en main les enjeux de leur milieu de vie.

La culture est un facteur de cohésion entre ces acteurs.

L’une des premières compétences accordées aux collectivités locales, est : « la

préservation et la valorisation du patrimoine culturel local » 5de ce que la région, commune

ou communauté rurale a de particulier dans le domaine historique, économique ou social. Les

régions ont été marquées au cours de l’histoire par des situations ou des hommes et des

femmes, des sites et des monuments ont été témoins de grands évènements. Ils ont laissé des

traces indélébiles sur le territoire et dans la mentalité collective : il s’agit du patrimoine

culturel. Il comprend deux catégories :

Le patrimoine matériel correspond aux monuments historiques, vestiges

archéologiques et paysages culturels, ensembles bâtis urbains ou ruraux, lieux de mémoire.

La Convention de 1972 sur la protection du patrimoine culturel matériel peut se définir

comme : «les œuvres conjuguées de l’homme et de la nature ». Le patrimoine culturel retrace

l’histoire des sociétés, les relations entre l’homme et son milieu, l’influence des contraintes

physiques et/ou des possibilités présentées par leur environnement naturel et des forces

sociales, économiques et culturelles successives, externes aussi bien qu’internes .

5 Recueil des textes de la décentralisation, 1996, page 30

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Le patrimoine naturel concerne les monuments et sites créés par la nature comme les

formations physiques, biologiques (forêts, îles,..) et les formations géologiques (grottes,

montagnes) ainsi que les zones délimitées et abritant des espèces animales et végétales

menacées (parcs, réserves de flore ou de faune).

Le patrimoine immatériel porte sur les expressions culturelles : initiations,

connaissances en relation avec les forces de la nature, rapports sociaux. C’est aussi le savoir

faire, les gestes, les comportements, les savoirs et les valeurs. Ces éléments du patrimoine

culturel varient en fonction des territoires qui lui donnent un sens.

Dans nombre de traditions en Afrique, la nature est porteuse d’âmes, des éléments

vivants avec lesquels on doit composer. Au territoire sont associés tous ces éléments qui

constituent le patrimoine culturel qui a été légué de génération en génération. Le patrimoine

permet aux acteurs de se situer dans le temps et confère au territoire des particularités

distinctives qui sont le fondement de la constitution des identités collectives. Il convient

d’identifier les éléments les plus significatifs (matériels et immatériels) attachés à un territoire

auquel la population accorde une valeur spirituelle et symbolique particulière.

Le développement local correspond au développement territorial, il suppose la

préservation des valeurs qui fondent l’identité locale raison pour laquelle, le patrimoine doit

s’intégrer dans toutes les stratégies de développement territorial. Le patrimoine culturel

sénégalais se caractérise par sa richesse, selon les zones géographiques où l’on se situe mais

aussi en rapport avec l’histoire, correspondent des catégories de patrimoines bien spécifiés.

Dans le cadre de la région de Fatick qui nous intéresse, tout le savoir faire hérité en

matière de mise en valeur agricole (rotation triennale des cultures, jachère etc.),

d’organisation de l’espace constitue un patrimoine. L’originalité du territoire était aussi

perceptible non seulement dans la façon d’appréhender et d’aménager l’espace, mais aussi

dans la gestion des ressources naturelles, dans la façon de régler les rapports humains et les

conflits communautaires. Ces organisations sociales et communautaires sont aujourd’hui

comprises dans des entités administratives alors que l’espace géographique territorialisé

correspondait au Sine (en référence au bras de mer).

Ce territoire commun avec son patrimoine culturel constitue un référent cognitif, un

ensemble de références pour les acteurs. La gouvernance locale peut s’appuyer sur cette

combinaison de proximités pour des actions de coordination pour un développement local ;

en d’autres termes il s’agit d’ « endogènéiser » l’espace. Et la décentralisation apparaît

comme un vecteur de la gouvernance locale parce que permettant de corriger les disparités à

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travers les partenariats. Les partenariats sont multiples : partenariats entre collectivités locales

du pays, de la sous région et même des pays du nord mais aussi une synergie des secteurs.

Dans un tel contexte, il est important de mobiliser toutes les ressources du territoire au

service du développement local. Cette étude s’intéresse à un certain nombre de

préoccupations déjà soulevées il s’agit de l’intégration de la culture dans toutes les initiatives

de développement à la base en partant de l’exemple de la région de Fatick. Quelles sont les

potentialités culturelles de cette région ? Ces ressources sont elles valorisées ? Quels sont les

problèmes ? Quelles perspectives pour le secteur au niveau local.

Notre engagement à mener une telle étude est motivé par plusieurs objectifs.

A. OBJECTIFS DE LA RECHERCHE

Notre recherche est guidée par plusieurs objectifs :

1. Objectif général

L’objectif général de ce projet consiste à évaluer comment la mise en valeur du patrimoine

culturel de la région de Fatick peut contribuer à l’attractivité et au développement du territoire

à travers des initiatives de partenariat et de projet.

2. Objectifs spécifiques

Les objectifs spécifiques sont les suivants:

-Analyser la relation entre territoire et culture

- Identifier les sites et monuments historiques de la région.

- Analyser à travers les documents budgétaires et les documents de planification le niveau de

mise en œuvre de la compétence culture.

- Analysez la place du patrimoine culturel dans les différentes interventions en matière de

coopération décentralisée

Ces objectifs nous ont permis de dégager un certain nombre d’hypothèses.

B. HYPOTHESES

Notre projet de recherche met en exergue plusieurs hypothèses à vérifier parmi lesquelles

nous mentionnons quatre (04) essentielles à savoir:

- Le manque de ressources humaines qualifiées pour la prise en charge du patrimoine au

niveau régional ;

-La méconnaissance des textes juridiques et réglementaires concernant la gestion du

patrimoine culturel par les acteurs au niveau local ;

-l’insuffisance de l’expertise des agents locaux communautaires ou de l’administration

déconcentrée.

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- La valorisation du patrimoine culturel rend un territoire plus attractif et plus dynamique.

Elle est source de développement économique dans le cadre du tourisme culturel et de

l’artisanat par les recettes qu’elle produit.

C. Approche méthodologique

Notre approche méthodologique tournera autour de deux points importants en matière de

recherche:

La collecte des données.

Elle a tourné autour d’une revue documentaire (sur des textes de lois, des décrets et

rapports) et des entretiens.

La revue documentaire

Notre approche méthodologique a porté sur deux points importants en matière de recherche.

La recherche documentaire nous a amène à visiter un certain nombre de structures

administratives, de bibliothèques ou d’instituts.

Les structures administratives qui ont été visitées sont entre autres le Ministère de la culture,

la Direction du patrimoine culturel, le Conseil régional de Fatick, le Centre Culturel régional.

Ces visites nous ont permis de collecter des informations relatives aux difficultés qui

empêchent la mise en œuvre effective de la compétence culture au niveau de la collectivité

locale. De même de mesurer que l’enjeu que la coopération décentralisée peut constituer pour

l’aménagement culturel de la région de Fatick.

Cette démarche nous permit de découvrir un certain nombre d’ouvrages, de mémoires, de

rapports, revues, textes de lois et décrets qui ont constitué des supports importants dans

l’analyse. Ceci nous a permis aussi d’avoir un aperçu sur des obstacles qui se posent à la

valorisation du patrimoine culturel.

Le travail de terrain.

Le travail de terrain avait pour objectif la collecte d’informations qualitatives et

quantitatives. Il a permis de relever non seulement les problèmes spécifiques, à certaines

collectivités dans le cadre de la mise en œuvre de la compétence culture. Les entretiens avec

les acteurs locaux nous ont édifié sur cet aspect.

Le guide d’entretien

L’entretien de terrain s’est fait avec les personnes ressources telles que:

- le Directeur du patrimoine culturel;

-le Conseil régional de Fatick

- le Directeur du centre culturel régional

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- le Coordonnateur des services régionaux pour la culture au niveau du Ministère de la

Culture.

Ces entretiens nous ont permis d’avoir des informations qualitatives et quantitatives.

L’inventaire national des sites et monuments a révélé qu’un grand nombre de sites et lieux de

mémoire ne sont pas valorisés parce ce que les communautés locales vivant dans les environs

immédiats des sites ne sont pas sensibilisées sur les véritables enjeux économiques de leur

patrimoine en terme de rentabilité. Nous avons au total 307 sites pour l’ensemble du territoire

national. Le tableau 1 donne la répartition des sites par localité dans la région de Fatick.

Tableau 2 : Catégorie de sites et répartition par localité

Catégorie de site Localités Nombre de sites

Patrimoine architectural Fatick (5),

Foundiougne (3)

8

Sites archéologiques Foundiougne 18

Lieux de mémoire Fatick (16),

Foundiougne( 2),

Gossas (7)

25

Sites naturels Foundiougne 1

TOTAL 53

Traitement de données

L’exploitation, le traitement et la saisie des données ont été réalisés à l’aide de

l’ordinateur. Les logiciels word et Excell, nous ont permis de réaliser les tableaux et

graphiques. Le traitement du texte a été réalisé par Word.

Les données obtenues au cours de la recherche documentaire ont été combinées à celles

collectées sur le terrain (méthodes directes) pour la réalisation du mémoire.

L’analyse

Notre plan est structuré autour de deux parties:

La première partie, intitulée état des lieux du patrimoine culturel national et celui de la région

de Fatick. Cette partie comporte deux chapitres axés sur l’état du patrimoine culturel au

niveau institutionnel, les réalités au niveau local et les enjeux dans le cadre de la coopération

décentralisée et dans le développement du territoire.

La deuxième partie porte sur l’analyse des sites et s’organise autour de deux chapitres axés

sur la présentation des résultats, leur interprétation et sur des perspectives de leur

vulgarisation.

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PREMIERE PARTIE

LE PATRIMOINE CULTUREL DE FATICK :

ENJEUX DE LA COOPERATION DECENTRALISEE ET PROXIMITE

POUR LE DEVELOPPEMENT DU TERRITOIRE

Le patrimoine est le reflet de la culture du terroir et permet de l’identifier par rapport

à d’autres. Il contribue à l’affirmation de l’identité d’un territoire, et à la personnalité des

peuples. La protection du patrimoine culturel au Sénégal est régie par des textes, par un cadre

juridique et administratif souvent méconnu et qu’il nous semble important de rappeler au

passage.

Avec la Loi du 25 janvier 1971, le Sénégal procédait toujours à l’identification de ses

sites et monuments historiques par la prise d’arrêtés portant leur publication sur une liste

nationale régulièrement mise à jour. C’est en 2001 que le Décret N°2001-1065 en date du 20

décembre 2001, institua l’inventaire national des sites et monuments classés. Cet inventaire

du patrimoine culturel immobilier a permis de faire l’état des lieux sur ce potentiel. En effet

prés de 307 sites ont été inventoriés à travers l’étendue du territoire. L’inventaire est un travail

scientifique d’enquêtes de relevés, de documentation et de photographie. L’ensemble des

données recueillies a été stocké dans une base de données. Et aujourd’hui le potentiel

patrimonial de chaque collectivité locale est mieux connu. Pour la région de Fatick,

l’inventaire a permis d’effectuer des visites de terrain et de mesurer combien les populations

locales demeuraient attachées à leur patrimoine culturel.

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CHAPITRE 1 : GENERALITES SUR LE PATRIMOINE CULTUREL NATIONAL

A. Le cadre juridique et administratif de la protection du patrimoine

culturel sénégalais

La gestion du patrimoine culturel est confiée au ministère de la culture et de la

francophonie qui reste l’opérateur stratégique dans la politique de sauvegarde, de

conservation et de valorisation. C’est le ministre qui assure la présidence de la « Commission

supérieure des sites et monuments historiques » et veille à une bonne connaissance de

l’histoire culturelle du pays. La commission supérieure des monuments historiques délivre les

visas pour toute intervention sur les sites classés. La Direction du Patrimoine Culturel créée

par le décret n°70-093 du 27 janvier 1970 a entre autres missions : le recensement, la

restauration et la gestion des monuments et sites historiques. En outre, elle a une mission de

veille sur l’état de conservation des monuments et sites historiques et sur le respect des textes

législatifs et réglementaires en matière de fouilles et découvertes (Décret n°2003-464).

La gestion du patrimoine culturel sénégalais est assurée par des structures telles que «

le Ministère de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire » en liaison avec le Ministre de

la Culture qui assure la protection et la mise en valeur du patrimoine architectural et urbain »

(décret n°1137 du 27 décembre 1996 stipule en son article12). Au niveau décentralisé, les

centres culturels régionaux sont des relais du Ministère de la culture. Ils procèdent à

l’organisation administrative du Sénégal et facilitent la décentralisation de l’action culturelle.

Dans cette perspective, il est confié aux élus locaux la mission de prendre en compte

les spécificités de leurs terroirs et les aspirations de la population à la base, et de les traduire

en actions sectorielles, conformément au principe d’unité dans la diversité. Ces dispositions

offrent l’opportunité de créer, sur le terrain, de véritables synergies entre les différentes

interventions. Dans le cas de certains sites proposés au classement, la mise en cohérence et en

perspective des actions de la Culture, de l’Education, du Tourisme et de l’Environnement

permet d’améliorer l’efficacité des opérations menées. L’effectivité de ce dispositif juridique

pose problème à cause d’un certain nombre d’obstacles identifiés tels que : l’insuffisance des

moyens techniques pour entreprendre la réhabilitation, la faible implication des populations

dans les actions de mise en valeur du patrimoine, le cloisonnement institutionnel lié au

manque de concertation entre les différents départements ministériels impliqués dans la

gestion du patrimoine (ministères en charge de l’environnement, éducation, urbanisme,

tourisme, forces armées, intérieur, artisanat, ONG, associations et privées).

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B. Rôle de l’UNESCO dans la sauvegarde des sites du patrimoine

mondial au Sénégal

La protection du patrimoine culturel est assurée par d’autres structures comme :

l’UNESCO, qui est une institution spécialisée dans la protection du patrimoine mondial. Le

Sénégal a ratifié toutes ces conventions internationales : la Convention de 1972 sur la

protection du patrimoine mondial naturel et culturel, la Convention de 2003, sur le patrimoine

immatériel mais aussi la Convention sur la diversité des expressions culturelles de 2005, sont

autant de moyens pour sensibiliser par des publications et des ateliers sur le patrimoine à

travers le monde. Les moyens financiers sont du ressort du Centre du patrimoine mondial, la

contribution des états membres de l’UNESCO et le FPMA (Fonds du Patrimoine mondial

africain). Il y a également la collaboration technique avec des ONG : UICN, ICOMOS,

ICCROM, qui donnent des avis d’experts et des conseils pour sauvegarder ce patrimoine

grâce à de nombreux projets et programmes pour la protection et la valorisation du

patrimoine. Conformément à ces conventions internationales, le Sénégal a inscrit cinq de ses

sites sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Il s’agit de : l’île de Gorée, la ville de

Saint Louis, les cercles mégalithiques de Sénégambie, le parc de Niokolo Koba, le parc de

Djoudj.

Le patrimoine mondial de l’humanité fait l’objet d’une protection au niveau international.

L’inscription d’un site national sur la liste du patrimoine mondial confère beaucoup de

prestige. Le site devient un patrimoine mondial de l’humanité avec des perspectives de

valorisation et de promotion dans le cadre du tourisme culturel. Les retombées économiques

à travers l’écoulement des produits de l’artisanat peuvent contribuer à l’augmentation des

revenus des populations locales. Des préparatifs sont en cours au Sénégal pour l’inscription

du Delta du Saloum et le pays bassari sur la liste du patrimoine mondial.

C. Typologie du patrimoine culturel immobilier (PCI) sénégalais

Ce patrimoine culturel sénégalais est classé selon la typologie suivante :

- Les monuments d’Architecture coloniale : Ce sont des monuments historiques qui évoquent

l’époque coloniale. Les schémas directeurs d’urbanisme de la période coloniale se sont

matérialisés par de nombreux ouvrages architecturaux comme en témoignent ces monuments

à haute valeur culturelle : 80% des sites classés sont des monuments d’architecture coloniale,

dont plusieurs ont fait l’objet d’un classement. La plupart des monuments sont localisés dans

les régions de Dakar, Thiès, Saint Louis. Parmi ces monuments, il y a les résidences et

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ouvrages militaires, les champs de bataille, les sites de l’époque coloniale (résidences, forts,

gares) et les monuments religieux (églises et mosquées). Ces ouvrages qui ont défié le temps

sont toujours debout, ils constituent la carte d’identité de certaines localités du pays.

- Les monuments d’architecture traditionnelle : Ce sont les vestiges de l’architecture

traditionnelle, on les retrouve au sud et à l’est du pays avec la case à impluvium et

l’architecture des cases du pays bassari.

- Les sites archéologiques : Ils sont répartis à travers tout le Sénégal : ce sont les sites

préhistoriques et protohistoriques comme les mégalithes, les tumulus et les amas coquilliers.

Les découvertes archéologiques ont révélé que c’était des monuments funéraires datant du

2ème au 16ieme siècle.

- les lieux de mémoire : Ce sont des lieux auxquels les populations sont très attachées, ils sont

liés à des évènements ou abritent des cultes d’où les efforts que les communautés déploient

pour leur prise en charge.

- les paysages culturels : Ils associent nature et culture et sont directement et matériellement

en rapport avec des évènements, des traditions vivantes, des idées, des croyances et des

œuvres artistiques uniques exemple : le paysage culturel du pays bassari.

- les sites naturels : le Sénégal compte de nombreux parcs naturels et des paysages très

riches : le parc de Niokolo Koba, le parc de Djoudj, et le Delta du Saloum.

D. Etat de conservation du patrimoine culturel immobilier

Les collectivités locales négligent la compétence culture et le budget qui lui est alloué est très

insignifiant, certains sites font l'objet d’une dégradation croissante. La gestion du patrimoine

culturel est donc remise en question et les sites confrontés à des difficultés de conservation

qui s’expliquent par les raisons suivantes :

- l’inexistence de plans de gestion pour la plupart des sites ;

- l’insuffisance des moyens financiers, techniques et humains ;

- la sensibilisation des populations sur les questions de sauvegarde du patrimoine et encore

insuffisante.

- Les vestiges de l’architecture traditionnelle sont menacés de disparition à cause : d’un

manque de politique claire en matière de conservation et de valorisation, la difficulté de

conserver des édifices en matériaux traditionnels, la déperdition du savoir faire traditionnel.

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CHAPITRE 2 : LE PATRIMOINE CULTUREL DE FATICK

Avant de présenter les caractéristiques du patrimoine culturel de la région de Fatick, il est

important de rappeler les compétences dévolues à la région en matière de culture. C’est

l’application du décret n°96-1137 du 27 décembre 1996 qui attribue à la région les

compétences suivantes :

- La surveillance et le suivi de l’état de conservation des sites et monuments

historiques, ainsi que la participation à la découverte de vestiges préhistoriques ou

historiques ;

- L’organisation de journées culturelles, de manifestations culturelles traditionnelles

et de concours littéraires et artistiques.

- La création et la gestion d’orchestre, d’ensembles lyriques traditionnels, de corps

de ballets et de troupes de théâtre

- La création et la gestion de centres socioculturels et de bibliothèques de lecture

publique.

La région encourage la promotion, l’épanouissement et le développement des activités

culturelles, elle participe aussi à l’élaboration du programme du centre culturel régional. La

région assure la préservation et la valorisation du patrimoine culturel à travers des actions

d’information, de sensibilisation et de restauration. Elle établit des circuits de découverte et

un programme d’animation des sites et monuments historiques. La région de Fatick dispose

d’un nombre important de sites sur la liste nationale, ils sont en majeure partie constitués de

lieux de mémoire, des sites archéologiques mais aussi des monuments témoins de la période

de l’occupation coloniale. Fatick est un territoire avec ses réalités, où le patrimoine culturel

est vivace et occupe une place de choix. Dans nombre de sites visités, le constat est le

suivant : l’attachement des populations au patrimoine auquel elles vouent un profond respect.

Ce dernier représente un fonds commun en rapport avec les traditions, il retrace l’histoire du

peuplement de cette région. A Fatick, toutes les phases historiques sont inscrites sur le

territoire, des périodes plus reculées (phases préhistoriques avec les sites archéologiques), à la

phase d’installation de Meïssa Waly (12e et 13e siècles). De l’époque de la royauté « bours

sine » aux passages du marabout El Hadji Omar dans ses tentatives d’islamisation (avec ses

fameux puits d’eau potable à proximité des eaux salées du Sine. La période coloniale a laissé

des empreintes à travers les vieilles bâtisses qui constituent un patrimoine architectural. La

mentalité très conservatrice des populations sérères, très attachées à leur culture et à leurs

traditions a contribué à la préservation de ces sites.

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Patrimoine

architectural

Sites

archeologiques

Lieux de

memoire

Sites naturels

Fatick

Foudiougne

Gossas

Figure 1 : Répartition des catégories de sites par département

L’importance du patrimoine archéologique dans le département de Foundiougne,

s’explique par l’ancienneté de l’occupation et le peuplement de la région. Le peuplement s’est

effectué à partir de la côte (des îles) vers l’intérieur, vu que les conditions étaient plus

favorables (abondance de ressources naturelles halieutiques). Le principal site naturel étant le

delta du Saloum, site mixte à la fois naturel et culturel. Au-delà de la beauté naturelle du

paysage, le site renferme des restes de civilisation comme en témoignent les tumulus d’amas

coquilliers et les baobabs cimetières. Les lieux de mémoire sont tous aussi importants dans les

trois départements. Ce sont pour la plupart des sites en rapport avec l’initiation en pays

sérère, ils sont matérialisés par des piquets. Certains lieux de mémoire ont été des champs de

bataille (exemple du marigot témoin de la bataille de Danki de 1549). D’autres sont des sites

sacrés abritant des esprits surnaturels qui sont bien protégés des populations ou des tombes de

fondateurs de villages.

Le colonisateur français accordait une grande importance au « cercle » de Fatick,

grosse pourvoyeuse de produits agricoles et très accessible grâce à l’ouverture sur la côte. Des

efforts énormes furent déployés pendant l’époque coloniale pour sécuriser la ville. Pendant la

deuxième guerre mondiale alors que la France est sous l’occupation allemande, une partie des

services de la banque de France fut transférée à Foundiougne. Les canons de Ndakhonga

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(entrée de Foundiougne) furent édifiés pour défendre la ville contre les attaques allemandes.

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Foundiougne Sokone Arrdt Djilor Arrdt Niodior Arrdt Toubacouta

Répartition des sites dans le departement de Foundiougne

Patrimoine architectural

Lieux de mémoire

Sites archéologiques

Figure 2: Département de Foundiougne : répartition des sites

A Fatick précisément, la plupart des sites sont localisés à Diakhao où se trouvait la

maison royale du « bour sine » avec ses tombes qui rappellent les origines guélowars des

sérères. Le patrimoine architectural concerne les résidences des anciens commandants de

cercles, les anciennes maisons de commerce témoignent de l’importance du commerce de

l’arachide. Ces bâtiments abritent aujourd’hui la préfecture, le tribunal et la mission

catholique. Il faut ajouter que le département abrite une partie du patrimoine historique lié au

« pays natal » de l’ancien Président Senghor à Djilor Djidiack. Les lieux de mémoire sont très

nombreux. Le principal est le site de Mindiss, nom du génie protecteur de la ville qui a élu

domicile dans les eaux du bras de mer le Sine. Le site est considéré comme « la frange sacrée

du littoral » et abrite un rituel de chasse, le Diobaye célébré annuellement, de même que les

sacrifices qui y ont lieu avant l’hivernage.

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Répartition des catégories de sites par arrondissement dans le departement de

FATICK

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Fatick

commune

Diakhao Fimela Niakhar Tattaguine

Arrondissements

No

mb

re d

e s

ites

Patrimoine architectural

Sites lieux de mémoire

Sites archéologiques

Figure 3 : Département de Fatick : répartition des catégories de sites par arrondissement

Au total, la région de Fatick dispose d’un potentiel important de sites historiques, elle

est aussi très dynamique en matière d’initiatives de promotion culturelle. Il est important de

rappeler que le patrimoine ne s’oppose pas à la modernité par contre, il est possible de

concilier les traces du passé et les besoins du présent et de l’avenir. L’aménagement du

territoire doit se faire en conformité avec les réalités culturelles des territoires La

décentralisation dans le cadre des compétences transférées donne la possibilité aux

populations locales de s’investir dans la valorisation de leur patrimoine si au préalable les

besoins en formation sont satisfaits. Les populations doivent avoir un rôle clef dans les

décisions concernant les projets de développement.

A. L’aménagement culturel du territoire

L’un des axes majeurs de la décentralisation repose sur l’aménagement culturel du territoire.

A cet effet, un vaste programme d’équipement, de réaménagement et de réfection des

structures culturelles était inscrit dans les plans de développement des politiques culturelles

régionales. Mais la réalisation de ces activités exigeait des financements qui ont fait défaut à

la collectivité locale, alors que la région en tant que première dans l’ordre des collectivités,

doit disposer de moyens pour mener à bien sa mission. Le développement local passe par la

culture, par l’aménagement et le développement du territoire. Il s’agit de mettre en place des

infrastructures culturelles et des institutions locales, au niveau départemental, communal et

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des communautés rurales, des moyens matériels et techniques et le soutien à l’action

culturelle décentralisée. La diffusion de la culture locale peut se faire à travers un

Carte 2: Localisation des sites et monuments historiques de la région de Fatick

agenda culturel, l’aide à la création et le soutien aux acteurs culturels en encourageant les

créations locales la coopération culturelle sous régionale et internationale.

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L’aménagement du territoire au niveau local doit prendre en compte le patrimoine

culturel en l’intégrant dans les études d’impact environnemental et dans la maîtrise d’ouvrage

pour mieux hiérarchiser et personnaliser harmonieusement les espaces, les monuments et les

lieux de mémoire à travers une signalétique appropriée. Pour la région de Fatick,

l’aménagement doit s’inspirer sur ces réalités culturelles et les points de repères de la société.

La prise de conscience de ce patrimoine culturel commun peut contribuer à rassembler les

populations locales dans la réalisation des projets de développement du territoire, de même

renforcer le dialogue et établir la paix entre les régions pour atténuer les disparités inter et

intra régionales.

La réhabilitation du patrimoine de Fatick, suggère la mise en place d’un vaste

programme de réhabilitation des monuments architecturaux et la construction

d’infrastructures culturelles, leur équipement et leur dotation en logistique et ressources

humaines qualifiées. La région peut élaborer son plan de développement culturel avec l’appui

du service régional pour la culture en l’occurrence, le centre culturel. D’autre part la mise en

valeur du patrimoine culturel immatériel, (initiation, manifestations traditionnelles etc.)

pourra contribuer au dynamisme de la collectivité locale. L’aménagement culturel du

territoire est considéré comme l’un des objectifs stratégiques, à mettre au service du

développement dans chaque terroir. L’inventaire a permis d’identifier, les éléments

structurants de l’identité culturelle pour renforcer les lignes de cohérence qui fondent l’unité

de notre nation.

Le Centre Culturel régional, en tant que service régional de la culture, a comme

mission de promouvoir et de diffuser la culture et l’action culturelle locale. Autrefois, sous

l’autorité exclusive, du ministère de la culture, le centre culturel régional est devenu un

service régional de la culture, placé sous l’autorité du conseil régional, chargé d’appliquer la

politique culturelle de la région, selon les directives de l’autorité régionale. La région n’alloue

qu’un modeste budget de cinq cent mille francs FCFA (500 000F) pour le développement de

l’action culturelle. Les moyens dont dispose la région proviennent essentiellement de l’état et

des partenaires au développement dans le cadre des projets. La fiscalité est faible pour la prise

en charge du fonctionnement et pour entreprendre des investissements. Etant donné que pour

aménager, construire, réhabiliter et réfectionner il faut des ressources financières que la région

a du mal à mobiliser en raison de l’absence de budget d’investissement pour la culture au

niveau local.

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La politique d’aménagement doit aussi fournir des moyens logistiques, matériels et

mêmes financiers, dans le souci de donner à la région des atouts majeurs pour sa

reconstruction culturelle. Pour se faire, la coopération décentralisée peut être précieuse, grâce

à un appui du niveau national vers le niveau local, d'une collectivité à une autre, source

d’échanges et facteur de stabilité et de paix.

B. La coopération décentralisée et le partenariat

L’article 17 du code des collectivités locales du 22 mars 1996 stipule qu’en matière de

coopération décentralisée : « les collectivités peuvent dans le cadre de leurs compétences

propres, entreprendre des actions de coopération qui donnent lieu à des conventions avec

des collectivités locales d’autres pays »6. La charte culturelle du Sénégal, suggère à son tour

de favoriser et d’accentuer la coopération culturelle entre les peuples et le monde. La

coopération décentralisée est un levier important pour une prise en charge du développement.

a) La coopération décentralisée dans la région de Fatick : A Fatick, la coopération

décentralisée est déjà très dynamique avec la région de Poitou- Charentes (France) et avec la

commune de Foundiougne, la ville de Martignas sur Jalle en Aquitaine (France). Avec la

région de Poitou- Charentes, la filière caprine a été choisie et une convention de coopération

sectorielle mise en place dans le domaine des chèvreries, pour lutter contre la pauvreté en

milieu rural. C’est dans ce cadre que des fromageries ont été créées avec les groupements de

femmes. L’écotourisme figure dans les nouveaux axes de partenariat identifiés. Cette occasion

devrait être saisie par les services culturels et le conseil régional de Fatick pour inscrire des

activités de promotion et de vulgarisation du patrimoine culturel de la région dans le cadre du

partenariat avec Poitou-Charentes. Un tel projet contribuerait à rendre attractive la région

auprès de potentiels investisseurs étrangers pour le financement du développement. De même

le conseil régional peut faire appel à la coopération décentralisée pour la réalisation du musée

surnommé : « polyphonie du Sine », inscrit dans le programme de développement culturel de

la région. La coopération décentralisée peut élargir son champ si les élus prennent conscience

de la valeur de leurs potentialités culturelles et conçoivent des projets culturels

Quand à la coopération sous régionale, elle est quasi inexistante et l’insuffisance de

projets à caractère culturel conjointement conçus et mis en œuvre avec des pays voisins. Alors

que cette piste si elle était encouragée aurait pu contribuer à l’intégration culturelle entre pays

de la sous région. La coopération priorise aujourd’hui les secteurs comme l’éducation, la

santé et l’environnement, alors que la culture a fait les beaux jours de la coopération. Elle a

6 Recueil des textes de la décentralisation, 1996, page

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été dans le passé le principal instrument de rayonnement international du Sénégal. Dans la

coopération bilatérale et multilatérale, la coopération culturelle entre entités sud- sud, nord Ŕ

sud peut jouer un rôle de catalyseur dans la coopération décentralisée.

b) Le partenariat entre les secteurs : Le partenariat met l’accent sur la dimension

transversale de la culture. Elle embrasse tous les domaines de la vie d’où la nécessité chez

certains partenaires de regrouper les fonds de plusieurs secteurs de ministères différents dans

un même projet. Ce partenariat entres ministères est plus vivant dans les régions ou souvent

les neufs domaines transférés, travaillent en synergie, pour un développement local intégré.

L’exemple de la région de Fatick, où le conseil régional, gère, neufs compétences transférées,

qui ont les mêmes préoccupations et les mêmes problèmes, qui ont souvent des contraintes

budgétaires, matérielles, humaines et techniques. Ils sont obligés de travailler ensemble pour

trouver des solutions qui font développer leurs régions. C’est la tendance aujourd’hui, car la

culture à elle seule ne peut pas lever des fonds de grande envergure, dans un seul projet, à

cause de la faiblesse des moyens qui lui sont alloués. Le regroupement budgétaire permet

aujourd’hui à la culture, en associant plusieurs partenaires ministériels, de pouvoir réaliser

des projets de très grande envergure : exemple avec le Festival Mondial des Arts Négres

(FESMAN), le Festival National des Arts et Culture (FESNAC), qui ont vu la participation

des ministères de la jeunesse, de la communication des sports et loisirs et de la Santé.

c) Le mécénat : il est défini comme un soutien, parfois sous la forme d’une aide

financière données par des personnes physiques ou morales, des entreprises ou des

organisations à des initiatives culturelles. Cette formule est très développée dans les pays

développés. Au Sénégal la promotion du mécénat peut constituer une alternative pour la prise

en charge et le financement des projets culturels au niveau local. C’est aux collectivités

locales de saisir cette opportunité en incitant des projets culturels ou en fédérant toutes les

initiatives locales dans le domaine de la culture pour solliciter des financements auprès de

potentiels bailleurs.

C. La proximité pour le développement du territoire

Selon Jean.L.Guigon « le développement local est l’expression de la solidarité locale

créatrice de nouvelles relations sociales et manifeste de la volonté des habitants d’une région

ou d’une micro région de valoriser les richesses locales, ce qui est créateur de développement

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économique »7. Le territoire combine les dimensions matérielles et immatérielles, les relations

qui ont lieu sur ce territoire entre acteurs d’une même proximité géographique sont souvent

en rapport avec les références, les valeurs et la culture y occupe une grande place. Toutes les

décisions nationales déclinées localement doivent intégrer le passé du territoire avec la

mobilisation d’une grande variété d’acteurs. Ces acteurs partageant le même espace et des

liens sociaux identitaires peuvent ensemble en toute confiance aider à la résolution de

problèmes. Les acteurs jouent donc un rôle important dans la gestion des territoires.

La gouvernance est la régulation des sociétés par des acteurs qui coordonnent leurs

actions pour construire des compromis locaux, elle a besoin de la proximité culturelle pour

établir des contrats de confiance. Le Professeur Xavier Greffe évoque le développement local

comme « un projet intégrant les composantes économiques, sociales et culturelles pour faire

un espace de contiguïté et un espace de solidarité »8. Le territoire est donc une combinaison

de proximités dans lequel les habitants ont une histoire commune et ont envie de construire un

avenir commun. C’est pourquoi, derrière nombre de projets patrimoniaux, se profilent des

pratiques citoyennes. La culture est souvent sollicitée, pour soutenir des projets des différents

ministères : la santé, la jeunesse, le social, l’éducation comme un outil de promotion et de

sensibilisation, l’art sensibilisant mieux que les discours.

7 Guigon Jean Louis : Colloque de Poitiers sur le développement local, 1983

8 Xavier Greffe : Le développement local, Bibliothèque des territoires, Paris, Editon de L’aube, Datar

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DEUXIEME PARTIE

ROLE DE LA REGION DANS LE DEVELOPPEMENT DE LA

CULTURE

Il est important de s’interroger pour voir si la région joue pleinement son rôle dans le

développement de la culture au vu des compétences qui lui sont dévolues conformément au

du décret n°96-1137 du 27 décembre 1996, cité plus haut.

Depuis la mise en place de la décentralisation, la culture a du mal à se développer à

cause de la non effectivité du transfert des compétences et des ressources (humaines et

financières). L’une des raisons de la décentralisation culturelle, était de rapprocher les

populations des autorités locales, mais aussi de permettre aux acteurs culturels de briser

l’isolement auquel ils ont fait face jadis. Cet isolement est consécutif à l’inégalité de

traitement et de moyens dont certaines régions bénéficiaient du temps de l’Etat centralisateur.

Mais l’insuffisance de l’expertise au niveau des collectivités locales et la méconnaissance des

textes dans le domaine du patrimoine constituent autant de raisons qui expliquent les blocages

observés dans le secteur de la culture.

La planification locale concerne les plans de développement à l’échelle locale. Elle

constitue un moyen permettant aux collectivités locales après un diagnostique territorial de

définir pour une période donnée, leurs orientations de développement, les actions prioritaires,

et les ressources à mettre en œuvre pour atteindre les objectifs que la collectivité s’est fixée.

Les documents de planifications sont des outils de gestion adaptés, conçus de manière

participative avec l’ensemble des acteurs dans le cadre des forums territoriaux. Il est donc

nécessaire de s’interroger sur la visibilité de la culture dans les différents documents de la

région.

Pourtant la culture est un tissu indispensable pour l’économie locale à partir du moment où

elle peut créer des emplois et permettre aux acteurs de vivre de leur art, tout en permettant

aussi des exportations, pour un secteur aussi sensible, que l’artisanat. Le tourisme est aussi un

secteur très lié à la culture car le patrimoine culturel est un atout important pour son

développement. Bien planifié et bien géré, le tourisme culturel peut jouer un rôle essentiel

dans la préservation du patrimoine culturel par les moyens financiers pouvant contribuer à la

sauvegarde des sites et monuments. Seulement le patrimoine « souffre » d’un déficit de

communication entre les acteurs et les institutions intervenant dans la culture, d’une part et

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entre ces institutions et les collectivités décentralisées d’autre part, cet état de fait est du au

cloisonnement institutionnel.

CHAPITRE I : ANALYSE DE LA CULTURE DANS LES DOCUMENTS

BUDGETAIRES ET DE PLANIFICATION DE LA REGION

A. Analyse des documents budgétaires de la région

L’analyse a porté sur les documents budgétaires pour évaluer les moyens mis à la

disposition de la région de Fatick dans le cadre des compétences transférées. Nous nous

sommes rendus compte d’un phénomène commun à l’ensemble des régions du pays et la

région de Fatick ne fait pas exception. Les régions, ne disposent pas de ressources propres

pour assurer leur fonctionnement, elles dépendent beaucoup du fonds de dotation de la

décentralisation. Cette répartition à titre d’exemple pour les années 1998 -1999 se présente

comme suit :

Tableau 3 : Répartition du fonds de dotation entre les collectivités locales

Collectivités locales Dotation 1998 Dotation 1999

Régions 2 .310 801 656 3 548 785 225 F CFA

Communes 1 622 240 335 2 020 264 365 F CFA

Communautés rurales 142 692 666 222 692 666 F CFA

Source : Direction des collectivités locales

Le fonds de dotation de la décentralisation créé par la loi des finances fait une

répartition annuelle aux collectivités locales, services déconcentrés et région compensation

des charges transférées, dotation globale de compensation et appui aux services extérieurs de

l’état. La région dispose de 10% (à part les 82% transférées, 8% aux services déconcentrés de

l’état). Les communes et communautés rurales de la région disposent pour l’exécution de

leurs missions, des ressources fiscales et parafiscales, même s’il y a des carences au niveau de

la perception de ces ressources. Dans le domaine de la culture, les régions se partagent 0,10%

soit 5 000 000F en valeur absolue du budget du FDD en matière de fonctionnement.

Pour l’investissement, les régions bénéficient pour l’essentiel du FECL qui a baissé au

niveau de Fatick de 80 millions en 2007. Le secteur de la culture n’a donc reçu que des

sommes dérisoires. Le conseil régional n’a dépensé que 35 millions de 2002 à 2007 soit 2%

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des dépenses pour l’appui aux activités culturelles. Le financement est donc très limité pour

permettre à la région de jouer son rôle en matière de culture.

Le Centre culturel régional de Fatick dispose d’un autre fonds alloué par le Ministère

de la culture, représentant de l’Etat. Ce budget se répartit en trois parties, les dépenses de

fonctionnement, les dépenses permanentes et un budget d’animation introduit récemment.

L’absence de fiscalité propre à la région impose au service culturel de la région de prendre

des initiatives d’organisation de manifestations culturelles pouvant générer des ressources.

B. Analyse des documents de planification de la région de Fatick

L’analyse a porté sur les différents documents de planification de la région : le PRDI,

principalement et quatre communautés rurales du département de Foundiougne. Il s’agissait

d’évaluer la place qu’occupe la compétence culture dans ces différents documents.

Dans le document du PRDI, le travail de diagnostique territorial accorde une bonne

place au secteur de la culture, les potentialités patrimoniales sont évoquées de même que les

contraintes du secteur sont identifiées. Les potentialités culturelles de la région sont

exposées : « c’est la diversité de la population, l’abondance des sites et monuments

historiques, les rites et cérémonies traditionnelles »9. Il s’agit des activités culturelles très

diverses et variées en milieu sérère, telles que l’organisation de séances de lutte traditionnelle,

des journées culturelles, le festival des origines et les cérémonies d’initiation. Ces

manifestations sont encadrées par la région qui ne dispose que d’un seul centre culturel,

principale structure d’encadrement, d’impulsion et de coordination des activités culturelles.

La culture reste cependant l’affaire des populations avec les troupes théâtrales, les ballets, et

les ensembles folkloriques, les ASC. Les foyers de jeunes, les CDPS et salles des fêtes

concourent dans les localités les plus éloignées à abriter les différentes manifestations. La

culture est confrontée dans la région de Fatick à des difficultés multiples:

- le manque de moyens et la faiblesse du rayon d’action du centre culturel ;

- la dégradation des sites et monuments historiques ;

- l’absence d’un calendrier régulier pour les manifestations culturelles ;

- l’insuffisance des infrastructures culturelles ;

- l’insuffisance du personnel.

Ce tableau dégage un diagnostique sombre sur l’état du secteur de la culture dans la

région. Des solutions pourraient être envisagées à travers la sensibilisation des élus locaux sur

9 Plan régional de développement intégré de Fatick, page 56

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l’opportunité de la valorisation. Nous avons aussi consulté les plans locaux de développement

de quatre collectivités locales du département de Foundiougne.

Le PLD de Djirnda : c’est une communauté rurale située dans l’arrondissement de

Niodior, département de Foundiougne, au cœur du Delta du Saloum, site mixte naturel et

culturel avec des sites d’amas de coquillages et de tumulus. Dans le plan de Djirnda, la culture

est dite : « inopérationnelle »10

il y a très peu d’investissements dans la vie culturelle du

terroir. Les moyens financiers du budget communautaire sont tels que les prévisions restent

rarement exécutées. Cependant l’importance du potentiel culturel de la communauté rurale

constitue une énorme ressource de base à ce milieu. Des actions de jumelage sont menées

dans le village de Fambine et ont permis d’asseoir des bases de coopération culturelle et

socio-éducative décentralisée. Les mouvements d’inter générations sont également des leviers

qui ont su à tout moment répondre aux besoins des populations à la base. Des exemples

d’actions de ressortissants de Diamniadio dans la construction d’un second dispensaire sont

des éléments dans la solidarité socioculturelle mettant en exergue et à profit l’ordre

gérontocratique des sociétés traditionnelles.

Le PLD de la communauté rurale de Dionewar, fait le même constat là également

absence de la culture dans le diagnostique même si le PLD évoque des activités traditionnelles

en citant l’exemple de la charpenterie, un savoir faire à valoriser.

Le diagnostique territorial n’intègre toujours pas la culture c’est le cas avec le plan local de

développement de Bassoul, cette communauté rurale du département de Foundiougne. Cette

collectivité locale est peuplée de sérères Niominka, et au cœur du delta du Saloum.

Le PLD de Toubacouta mentionne les potentialités et les contraintes du secteur. Cette

collectivité est entièrement comprise dans le delta du Saloum avec un potentiel important de

sites.

L’analyse de ces documents de planification nous édifie sur la faible prise de

conscience des collectivités locales sur la richesse et la valeur de leur patrimoine culturel. Ce

qui nécessite la sensibilisation des populations et la formation des élus et services

déconcentrés sur les perspectives de valorisation et les retombées qui lui sont associées dans

le cadre du tourisme et de la coopération décentralisée.

10

Plan local de développement de Djirnda, 164 pages

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C. Le projet de développement intégré de Fatick (PDIF)

Le PDIF, a établi son champ d’activités dans la région et se signale dans pas mal de

filières. Le projet, après l’anacarde, la chèvre et le sel a entrepris la diversification des filières

à travers la promotion de l’écotourisme. Cette nouvelle filière prône une démarche qui

consiste à protéger l’intégrité de l’environnement, de mêmes que tous les éléments culturels

qui lui sont associés. L’écotourisme suggère l’implication des populations locales dans le

savoir écologique traditionnel pour une gestion rationnelle des ressources. De nombreuses

traditions ont été bâties sur la protection du milieu naturel. L’écotourisme se propose de les

découvrir et de les mettre à jour afin de renforcer l’identité culturelle des terroirs. Il s’agit des

activités culturelles, artisanales, des sites historiques et évènements culturels et religieux à fort

potentiel touristique.

A Fatick, les circuits de l’écotourisme les plus identifiés semblent être ceux se

trouvant dans la réserve de la biosphère du Delta du Saloum qui recèlent des sites d’amas de

coquillages et de tumulus. Sur ce point il faut dire que le SIG que le Centre de suivi

écologique a installé dans le Delta pour le compte de l’UICN a permis à cette dernière

d’établir des infrastructures adaptées sur les circuits écotourismes.

CHAPITRE II : PERSPECTIVES POUR L’AMELIORATION DU SECTEUR DE LA

CULTURE

A. La planification stratégique

La planification stratégique est une alternative pour faire face aux difficultés du secteur de la

culture. Cette planification vise à faire un diagnostique sectoriel pour faire le point sur l’état

des lieux et cerner les obstacles qui s’opposent au développement de la culture au niveau

local. Cela, afin de définir avec les populations les orientations qu’il convient d’adopter en

fonction des réalités locales pour dresser un tableau d’avenir du secteur dans la localité, de

proposer des innovations conformément aux priorités définies dans les politiques et

programmes nationaux de développement.

La mise en exergue du potentiel économique de la culture suggère la formation et le

recyclage des techniciens à l’utilisation des données statistiques indispensables pour faire la

promotion du patrimoine local. Cette démarche pourrait s’inscrire dans le cadre de la stratégie

de croissance accélérée (SCA) en adéquation avec le DRSP qui avait identifié à l’époque 5

grappes porteuses de développement parmi lesquels le secteur des industries culturelles.

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L’accent sera mis sur l’artisanat et le tourisme. Il s’agira ensuite de promouvoir le partenariat

avec les autres secteurs pour explorer le volet économique de la culture. Cette dernière

représente un poids très important dans l’économie nationale parce que couvrant un champs

très vaste : le patrimoine, la lecture publique, le multimédia,la musique, la danse,le cinéma, le

théâtre, les arts plastiques,les musées. De ce fait la difficulté majeure porte sur la non maîtrise

des données statistiques concernant le potentiel économique de la culture.

Le développement de la culture passe par la résolution des problèmes suivants :

infrastructures, formation, financement, accompagnement institutionnel et valorisation de

l’expertise local. Pour cette dernière le système des trésors humains vivants était une grande

initiative pour la valorisation des savoirs faire, encouragée par l’UNESCO et que les autorités

doivent pérenniser. C’est la condition nécessaire pour que le patrimoine culturel soit une

source d'activités et d'emplois et un facteur de développement et non une charge pour la

société. Une politique culturelle locale devra en fin de compte, susciter l'intérêt croissant des

acteurs publics et les partenaires étrangers dans le cadre de la coopération décentralisée. La

déconcentration, la décentralisation et la construction d’infrastructures aideront à renforcer la

place de la culture dans le développement des territoires. La multiplication du nombre de

partenaires améliorera les dispositifs et les moyens dans le cadre d’une bonne gouvernance

des acteurs pour une redistribution des rôles et à la visibilité de la culture afin qu’il soit un

véritable outil du développement local.

B. Le marketing territorial, une perspective pour le développement du

territoire

Il est défini comme une « nouvelle forme de mise en valeur des potentiels en

dormance dans les terroirs, les populations développent des approches qui combinent :

valeurs identitaires, diversité et cohérence d’où l’émergence d’une pensée globale d’un

processus local faisant de l’économie résidentielle une des clés de la croissance des

territoires »11

. Cette méthode permettrait de diagnostiquer et de mettre en valeur les

potentialités d’un territoire pour le positionner sur le marché mondial. Le marketing territorial

1Ndiaye Soumaré Déthié, Touré (A), Gouvernance locale et Gestion Décentralisée des

ressources naturelles, Dakar, Centre de suivi écologique, p64

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insiste sur la vision d’une communauté qui cherche à identifier ces richesses économiques,

culturelles, les savoirs faire pour mieux vendre le terroir et se positionner sur les circuits

internationaux. Une telle démarche suppose la maturité et la conscience territoriale qui sont

les résultats de l’intercommunalité et la synergie des acteurs au niveau local.

Dans le contexte de la région de Fatick, les spécificités et richesses patrimoniales ont

été identifiées par les services concernés, il s’agit maintenant de les porter à la connaissance

des acteurs locaux : élus, services déconcentrés, ONG, populations et partenaires afin qu’ils

adoptent des stratégies permettant d’aménager en conservant les spécificités du territoire

Ensuite il y a lieu de mettre en place un agenda culturel local à faire coïncider avec les circuits

de visites touristiques pour rendre la région plus attractive pour les destinations touristiques.

L’approche holistique s’inspirant de ces réalités culturelles partagées peut être un

catalyseur dans les relations sociales. Elle peut convier les acteurs au compromis, un

consensus pour une bonne gouvernance locale.

Les initiatives sont en cours à travers le projet « Culture et développement ». C’est un projet

conjoint du système des Nations Unies au Sénégal à travers le Delta du Saloum et le pays

bassari. Le Delta du Saloum qui a une grande partie de son territoire situé dans la région de

Fatick sera le cadre de l’expérimentation de ce concept de marketing territorial à travers

l’utilisation des spécificités culturelles naturelles des terroirs pour promouvoir le

développement local. Ce projet prône une démarche partenariale, plusieurs secteurs sont

impliqués dans le processus.

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Conclusion générale

L’analyse que nous avons effectuée nous a permis de mieux mesurer l’étendue des

potentialités de la région de Fatick en matière de ressources culturelles mais aussi de

comprendre les difficultés que rencontre le secteur de la culture au niveau des régions. Ces

difficultés résident en partie dans la faiblesse du système financier local pour assurer la prise

en charge d’un aménagement culturel du territoire. L’insuffisance de la prise en compte des

potentialités culturelles locales dans les documents de planification pose le problème de la

prise en charge de la compétence culture au moment de l’élaboration du budget de la

collectivité locale. La question de la formation des élus et des services déconcentrés sur la

valorisation du patrimoine locale et sur le poids économique de la culture doit être envisagée

avec sérieux. C’est dans ce cadre que des efforts pourront être déployés pour que l’artisanat et

le tourisme génèrent plus de revenus. L’ampleur de la tâche dévolue au service régional pour

la culture, suggère que ces moyens soient revus à la hausse pour lui permettre de jouer son

rôle d’harmonisation, de coordination et d’impulsion..

Le champ de la culture est de plus en plus investi par la politique ; ce qui discrédite le secteur

chez les populations qui ne considèrent la culture qu’à travers le volet folklorique. La culture

est un secteur marginalisé mais utilisée par les autres secteurs dans le cadre de la mise en

œuvre de leurs programmes pour véhiculer des messages pour la sensibilisation des

populations. Cette analyse a permis de cerner l’importance du patrimoine culturel immatériel

au niveau local comme facteur de cohésion, de solidarité et de paix par la combinaison de

proximités qu’elle suscite pour faciliter la gouvernance locale. Le patrimoine peut avoir des

opportunités de valorisation à travers l’élargissement du champ de la coopération

décentralisée Sud- Nord mais aussi entre collectivités locales du pays. L’autre perspective qui

s’offre à la culture est la démarche partenariale qui suppose un décloisonnement institutionnel

et une synergie entre secteurs en tenant compte de la transversalité du secteur. Le mécénat est

une alternative pour la promotion des initiatives culturelles locales. La production de données

statistiques est aussi une exigence pour promouvoir la visibilité de la culture et le financement

des projets culturels. Le contexte de mondialisation avec ses défis exige plus que jamais la

valorisation des expertises locales, des savoirs et savoir-faire propres à soutenir la création de

richesses pour donner une image plus positive des territoires.

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Bibliographie

Ouvrages

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- Descola Paul, 2005 : Par delà nature et culture, Gallimard, Paris, 2005, 640 p.

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Perspectives, GERAD, 230 pages.

- Greffe Xavier, 1999 : La gestion du patrimoine culturel, Paris, édition Economica 253

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- Idem, 2002 : Le développement local, Bibliothèque des territoires, Paris,

Edition de L’aube, Datar

- Igue John, 1995 : Le territoire et l’état en Afrique, les dimensions spatiales du

développement, Paris, Karthala, 274 pages.

- Le recueil des textes de la Décentralisation, 2003, Dakar, Ministère de l’intérieur et des

collectivités locales, 310 p.

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patrimoine mondial, UNESCO, 167 pages.

- Mbengue Momar Seyni, 1973 : La politique culturelle du Sénégal, Paris, UNESCO 1973,

65 pages

- Mezghani Nicholas, Cornu Michel, 2004 : Intérêt culturel et Mondialisation, Tome1,

collection droit du patrimoine culturel et naturel, Harmattan, Paris, 322 pages.

- Idem, 2001 : Le patrimoine culturel africain, Université Senghor, Maisonneuve et Larose

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- Nifle Roger, 2005 : L’attractivité territoriale, Datar, 79 pages

- Zimmerman (J.B), Pecqueur Bernard, 2004 : Les fondements théoriques du

développement local, Paris, Edition Hermés, Sciences.

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- Actes de Kaolack et Fatick, 2004 : Région naturelle du Sine Saloum, Journées de la

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17 et 18 juin 2004.

- Cadre juridique et administratif de la protection du patrimoine culturel africain, 2006

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- Gagnon Christiane, Klein Jean.Luis, 1991 : Le partenariat dans le développement local :

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- République du Sénégal, Loi n° 71-12 du 25 janvier 1971 fixant le régime des monuments

historiques et celui des fouilles et découvertes

- République du Sénégal, Décret n° 2001 Ŕ 1065, Relatif à l’établissement d’un Inventaire

des sites et des monuments du Sénégal.

- République du Sénégal, 2004, Formulation du Programme national de Développement

Culturel ( PNDC), Projet de rapport de rapport introductif, MCF, 12 pages.

- République du Sénégal, 2008, Ministère de la Culture : Cadre de dépenses sectorielles à

moyen terme (CDSMT) 2009-2011, Projet, 60 pages

- République du Sénégal, 2006, Arrêté N° 03.05.2006* 002 portant création de la

Commission nationale de sélection des "Trésors humains vivants".

- République du Sénégal, 2009, Profil environnemental du Delta du Saloum, MDG,

programme commun : « Promouvoir les initiatives et les industries culturelles

pour le développement économique et social ».

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LISTE DES ILLUSTRATIONS

LISTE DES CARTES

Carte 1: Localisation de la région de Fatick dans le Sénégal

Carte 2: Localisation des sites et monuments historiques de la région de Fatick

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1: Répartition des catégories de site par localité

Tableau 2: Répartition des infrastructures socioculturelles par département en 2006

Tableau 3 : Répartition du fonds de dotation des collectivités locales

LISTE DES GRAPHIQUES

Graphique 1: Répartition des catégories de sites par arrondissement

Graphique 2: Département de Foundiougne : répartition des sites

Graphique 3: Département de Fatick : répartition des catégories de sites par arrondissement

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TABLE DES MATIERES

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS…………………………………………......... .…………………...2

INTRODUCTION GENERALE………………………………………………………… …………………….. .5

PROBLEMATIQUE ............................................................................................................................................ ..7

APPROCHE METHODOLOGIQUE…………………………………………………………6

PREMIERE PARTIE: LE PATRIMOINE CULTUREL DE FATICK:

ENJEUX DE LA COOPERATION DECENTRALISEE ET PROXIMITE POUR LE DEVELOPPEMENT DU

TERRITOIRE ……………………………………………………………………………………………………11

CHAPITRE I : GENERALITES SUR LE PATRIMOINE CULTUREL NATIONAL…………………………12

A CADRE ADMINISTRATIF ET JURIDIQUE DU PATRIMOINE CULTUREL…………………………….13

B TYPOLOGIE DU PCI……………………………………………………………………………………….....14

C ETAT DE CONSERVATION………………………………………………………………………………….15

CHAPITRE II : LE PATRIMOINE CULTUREL DE FATICK ……………………………………………….17

CHAPITRE III: COOPERATION DECENTRALISEE ET PROXIMITE POUR LE DEVELOPPEMENT DU

TERRITOIRE………………………………………… ……................................................................................20

A. LA COOPERATION DECENTRALISEE ET LE PARTENARIAT………………………………………...21

B. LA PROXIMITE POUR LE DEVELOPPEMENT DU TERRITOIRE……………………………………...22

DEUXIEME PARTIE : ROLE DE LA REGION DANS LA MISE EN ŒUVRE DE LA CULTURE ………...23

CHAPITRE I: ANALYSE DE LA CULTURE DANS LES DOCUMENTS BUDGETAIRES ET DE

PLANIFICATION DE LA REGION………. ……………………………………………………………………20

A.LES DOCUMENTS BUDGETAIRES………………………………………………………………………..23

B LES DOCUMENTS DE PLANIFICATION………………………………………………………………….25

C Le PROGRAMME DE DEVELOPPEMENT INTEGRE DE FATICK………………………………………26

CHAPITRE II : PERSPECTIVES POUR L’AMELIORATION DU SECTEUR………………………………..27

A.PLANIFICATION STRATEGIQUE…………………………………………………………………………..28

B. Le MARKETING TERRITORIAL………………………………………………………………....................29

CONCLUSION GENERALE…………………………………………………………...................34

BIBLIOGRAPHIE………………………………………………………………….....................31

ANNEXES……………………………………………………………………………………...35

TABLE DES ILLUSTRATIONS…………………………………………………………………..47

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ANNEXES

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REPUBLIQUE DU SENEGAL Un Peuple - Un But - Une Foi

-- MINISTERE DE LA CULTURE ET DU PATRIMOINE HISTORIQUE CLASSE --- DIRECTION DU PATRIMOINE CULTUREL

ARRÊTE N° 05.2006 * 002711/MCPHC/DPC PORTANT PUBLICATION DE LA LISTE

DES SITES ET MONUMENTS HISTORIQUES CLASSES

Le Ministre de la Culture et du Patrimoine Historique Classé, Vu la Constitution ; Vu la loi n° 71-12 du 25 janvier 1971 fixant le régime des monuments historiques et celui des fouilles et découvertes ; Vu le décret n° 73-746 du 8 août 1973 portant application de la loi n° 71-12 du 25 janvier1971 ; Vu le décret n° 77-900 du 19 octobre 1977 abrogeant et remplaçant l’article 1er du décret n° 73-746 du 8 août 1973 ; Vu le décret n° 2004-561 du 21 avril 2004 portant nomination du Premier Ministre ; Vu le décret n° 2004–590 du 30 avril 2004 portant attributions du Ministre de la Culture et du Patrimoine Historique Classé ; Vu l’avis de la Commission Supérieure des Monuments historiques en sa séance du 09 janvier 2006 ; Vu le décret n° 2006-243 du 17 mars 2006, nommant de nouveaux Ministres et fixant la composition du Gouvernement ; Vu le décret n° 2006-267 du 23 mars 2006 portant répartition des services de l’Etat et du contrôle des établissements publics, des sociétés nationales et des sociétés à participation publique entre la Présidence de la République, la Primature et les ministères ; ARRETE :

Article premier : Conformément aux dispositions de l’article 1er alinéa II de la loi n° 71-12

du 25 janvier 1971 fixant le régime des Monuments historiques ainsi que celui des fouilles et

découvertes, les biens culturels ci-après sont inscrits sur la liste des monuments historiques.

REGION DE FATICK

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Tous les monuments mégalithiques et les tumulus suivant l’Inventaire des sites protohistoriques de la Sénégambie (annexe)

Département de Fatick

Commune de Fatick

1. Mbind Ngo Mindiss, site de libations et d’offrandes, situé sur le bras de mer, le Sine 2. Diobaye, lieu de cérémonies traditionnelles 3. Jab Ndeb, arbre sacré, situé à Ndiaye-Ndiaye 4. Bâtiment abritant la Mission Luthérienne 5. Bâtiment abritant la Préfecture 6. Bâtiment abritant le Tribunal

Sous-préfecture de Diakhao 7. Maison Royale de Diakhao 8. Tombe du Bour Sine Coumba Ndoffène Fa Maak à Diakhao 9. Tombes des Guélwars à Diakhao 10. Tombes des Linguères à Diakhao Thioupane 11. Baobab Kanger de Diakhao, lieu de libations des Rois du Sine 12. Mausolée de Maba Diakhou Bâ, à Mbel Fandane

Sous-préfecture de Fimela

13. Tombe de Meïssa Waly Dione à Mbissel 14. Puits et Mosquée d’El Hadji Omar à Simal 15. Maison familiale Senghor à Djilor Djidiack

Sous-préfecture de Niakhar

16. Tumulus de Yenguélé 17. Piquets levés de Niakhar liés à l’initiation

18. Piquets levés de Mboul liés à l’initiation 19. Fasaw, fangool du pays Njaafaaj

Sous-préfecture de Tataguine

20. Vestiges de la Maison du Bour Sine Salmon Faye, village de Khodjil-Ndiongolor 21. Piquets levés de Bikol 22. Gouye Géwel à Toucar et à Senghor 23. Harwak, fangool de la famille maternelle Coofan, à Fayil

Département de Foundiougne

Communes de Foundiougne et Sokone

1. Canons (2) installés le long du bras de mer, au nord de la ville de Foundiougne, à Ndakhonga

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2. Ancien camp militaire devenu Lycée Diène Coumba Ndiaye 3. Bâtiment abritant la Préfecture 4. Mosquée de El Hadj Amadou Dème à Sokone

Sous-préfecture de Djilor

5. Site de Laga Ndong, à Ndorong-Log, fangool du panthéon sereer 6. Pecc, lieu de culte des Gelwars du Saloum

Sous-préfecture de Niodior

7. Amas appelé Ndiamon-Badat, à 1,4 km à l’Est-Nord-Est de la mosquée de Dionewar (149 tumulus)

8. Amas appelé Apetch, situé à 1,2 km au Sud-Sud-Est de la mosquée de Dionewar (17 tumulus)

9. Amas appelé Fandanga, à 2 km au Sud-Est de la mosquée de Niodior 10. Amas appelé Ndiouta-Boumak, à 4,7 km au Sud-Sud-Est de la mosquée de Niodior

(26 tumulus) 11. Amas appelé Ndafafé, immédiatement au Sud-Ouest de Falia (12 tumulus) 12. Deux amas voisins, appelés Tioupane-Boumak et Tioupane-Boundaw à 700 m à l’Est

de Falia (168 et 54 tumulus) 13. Amas appelé Sandalé Déralé, à 1,2 km à l’Ouest de Diogane. (17 tumulus) 14. Amas appelé Mbar Fagnick. Situé à 7,5 km à l’Est du précédent (4 tumulus) 15. Amas situé sur le bolon Bakhalou (06 tumulus) 16. Amas situé sur la rive gauche du Djombos (77 tumulus)

Sous-préfecture de Toubacouta

17. Amas appelé Dioron-Boumak à 6 km de Toubakouta, sur la rive Ouest du Bandiala (125 tumulus)

18. Amas appelé Dioron-Boundaw à 1,5 km au Sud du précédent (12 tumulus) 19. Amas situé à 350 m au Sud-Ouest du précédent (14 tumulus) 20. Amas situé sur la rive Nord de la bifurcation du bolon du Bossinka (63 tumulus) 21. Amas appelé Bandiokouta, sur la rive droite du bras de la bifurcation du bolon du

Bossinka (30 tumulus) 22. Amas situé sur la rive droite du bolon Oudiérin (72 tumulus) 23. Amas de Soukouta, situé en terre ferme à 1 km à l’Est du Bandiala (33 tumulus)

Département de Gossas

Commune de Gossas

1. Kadd Madou Sop 2. Grande Mosquée 3. Mausolée de Serigne Khar Kane 4. Mausolée de Ndamal Gossas (Oumar Guèye)

Gossas Département

1. Marigot de Danki, champ de bataille 2. Puits de Ndiéné 3. Bois sacré de Ndoudiane 4. Bivouac de El Hadj Oumar Tall (Badakhoune) 5. Arbres fétiches de Gagnick Godjil

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6. Gouye Ndiouly à Kahone, près de Kaolack 7. Ile de Kouyong Keïta, face à Kahone 8. Marigots Ngaby et Wagui (Badakhoune)

Article 2 : Toute intervention (restauration, rénovation, destruction) sur un bien inscrit sur la liste des monuments historiques par le présent Arrêté est soumise à autorisation préalable du Ministère chargé de la Culture et du Patrimoine historique classé. Article 3 : Le suivi et la conservation des biens inscrits par le présent Arrêté incombent au Ministre chargé de la Culture et du Patrimoine historique classé lequel peut faire appel, pour l’exercice de cette mission, aux autorités municipales et locales concernées. Article 4 : Le présent Arrêté sera publié au Journal Officiel de la République du Sénégal.

Le Ministre de la Culture et du

Patrimoine Historique Classé

Mame Birame DIOUF

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Building Administratif Ŕ 3ème

étage Ŕ BP. 4001 - Tél. 822.43.03 Ŕ Fax : 822.16.38

REPUBLIQUE DU SENEGAL Un Peuple - Un But - Une Foi

----------------

MINISTERE DE LA CULTURE ET DU

PATRIMOINE HISTORIQUE CLASSE

---------

ARRETE N° 03.05.2006* 002 portant création de la Commission nationale de sélectio

des "Trésors humains vivants"

LE MINISTRE DE LA CULTURE ET DU PATRIMOINE HISTORIQUE CLASSE

Vu la Constitution ; Vu la loi n° 71-12 du 25 janvier 1971 fixant le régime des monuments historiques et celui des fouilles et découvertes ; Vu le décret n° 73-746 du 8 août 1973 portant application de la loi n° 71-12 du 25 janvier1971 ; Vu le décret n° 77-900 du 19 octobre 1977 abrogeant et remplaçant l’article 1er du décret n° 73-746 du 8 août 1973 ; Vu le décret n° 2004-561 du 21 avril 2004 portant nomination du Premier Ministre ; Vu le décret n° 2004–590 du 30 avril 2004 portant attributions du Ministre de la Culture et du Patrimoine historique classé ; Vu le décret n° 2006-243 du 17 mars 2006, nommant de nouveaux Ministres et fixant la

composition du Gouvernement ;

Vu le décret n° 2006-267 du 23 mars 2006 portant répartition des services de l’Etat et du

contrôle des établissements publics, des sociétés nationales et des sociétés à participation

publique entre la Présidence et la République, la Primature et les ministères ;

ARRETE :

Article premier : Il est créé une commission nationale de sélection des "Trésors humains vivants". Article 2 : Les "Trésors humains vivants" sont des personnes ou groupes de personnes détenant des savoirs ou savoir-faire dont ils sont les acteurs stratégiques de transmission. Ils participent, ainsi, au plus haut point, à la préservation et à la valorisation du patrimoine culturel d’un peuple.

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Article 3 : La liste des "Trésors humains vivants" est tenue par la commission nationale de

sélection des "Trésors humains vivants" ci-après dénommée la commission. Article 4 : La commission est placée sous la tutelle du Ministère de la Culture et du Patrimoine historique classé. Article 5 : La commission est chargée de :

- la définition des critères de sélection des"Trésors humains vivants" ; - l’établissement du code d’honneur des "Trésors humains vivants" ; - la sélection des candidats au titre de "Trésor humain vivant" ; - le suivi des personnes et groupes de personnes distinguées "Trésors humains

vivants " ; - la mise en œuvre des mesures d’accompagnement destinées aux "Trésors humains

vivants".

Article 6 : La commission, nommée par arrêté ministériel pour une durée de trois ans renouvelable, est composée comme suit :

- 04 représentants du Ministère de la Culture et du Patrimoine historique classé ; - 01 représentant du Ministère de l’Industrie et de l’Artisanat ; - 01 représentant du Ministère de l’Information ; - 01 représentant du Ministère de l’Intérieur ; - 01 représentant du Ministère de l’Education ; - 01 représentant du Ministère la Recherche scientifique ; - 01 représentant du Ministère de la Santé et de la Prévention Médicale - 01 représentant du Ministère des Relations avec les Institutions ; - 01 représentant du Ministère délégué chargé de l’Enseignement Technique et de la

Formation professionnelle auprès du Ministère de l’Education ; - 01 représentant de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar ; - 01 représentant de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. .

Article 7 : Le Ministre de la Culture et du Patrimoine historique classé peut inviter à la commission toute personne physique ou morale dont l’expertise est avérée. Le cas échéant, cette personne a une voie délibérative. Article 8 : La présidence de la commission est assurée par le Ministre en charge de la Culture et du Patrimoine historique classé. Article 9 : Le secrétariat permanent de la commission est assuré par le Directeur du Patrimoine culturel. Article 10 : Les sessions de la commission sont présidées par le Ministre de la Culture et du Patrimoine historique classé ou son représentant. Article 11 : La commission se réunit en session deux fois l’an. Article 12 : La commission rédige et adopte son règlement intérieur. Article 13 : Les délibérations de la commission sont secrètes et confidentielles et ne peuvent faire l’objet d’aucun recours. Article 14 : les dépenses de fonctionnement de la commission sont assurées par le budget de l’Etat.

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Article 15 : La commission peut introduire des requêtes de financement de ses activités auprès des institutions nationales, régionales, internationales et auprès des ambassades accréditées au Sénégal. Article 16 : Après l’appel à candidatures lancé par la commission, les candidatures sont formulées, soit directement par le détenteur de savoirs ou savoir- faire, soit par des organisations représentatives, soit par des institutions. Article 17 : La commission peut, d’elle-même, proposer des candidatures. Dans ce cas, l’accord écrit du détenteur est exigé. Article 18 : L’acceptation des critères de sélection et du code d’honneur des "Trésors humains vivants" est la condition de la recevabilité des candidatures. Article 19 : La distinction sur la liste des "Trésors humains vivants" sera célébrée chaque année à l’occasion des Journées nationales du patrimoine. Article 20 : Sont concernées par les "Trésors humains vivants", les compétences et techniques relevées dans les domaines suivants :

- les arts vivants, tels que la musique, le chant, la danse, le théâtre, la marionnette, la poésie, les contes ;

- les savoir-faire liés à l’art et à l’artisanat, tels que la sculpture, la teinture, la peinture, le design, la décoration, le tissage, la vannerie, la maroquinerie ;

- les connaissances et pratiques concernant la nature, l’univers et la médecine ; - les pratiques sociales, les rites et cultes ; - toute autre compétence ou technique jugée recevable par la commission.

Article 21 : Le titre de "Trésor humain vivant" peut-être retiré pour des manquements graves au code d’honneur des "Trésors humains vivants". Les modalités du retrait du titre sont définies par la commission. Le retrait du titre est décidé par le Ministre en charge de la Culture et du Patrimoine historique classé sur proposition de la commission. En cas de décès, tout lauréat du titre de "Trésor humain vivant" perd automatiquement cette qualité. Article 22 : Tout lauréat du titre de "Trésor humain vivant" peut bénéficier d’une aide de l’Etat pour la transmission de ses savoirs et savoir-faire. Article 23 : La nature et le volume de cette aide sont définis par la commission en fonction des ressources disponibles et de la spécificité de l’apprentissage. Article 24 : Le présent arrêté sera publié et communiqué partout où besoin sera.

Le Ministre de la Culture et du Patrimoine Historique Classé

Mame Birame DIOUF

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Building Administratif Ŕ 3ème

étage Ŕ BP. 4001 - Tél. 822.43.03 Ŕ Fax : 822.16.38

Photo1 : Un lieu de mémoire : Tombe de Meïssa Waly à Mbissel (Fatick)

Source : Archives DPC

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Photo 2 : La Maison royale Diakhao avec son style colonial Source : Archives DPC

Photo 3 : Les canons à l’entrée de Foundiougne ( Ndakhonga) Source : Archives DPC

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Photo 4 : La préfecture Foundiougne Source : Archives DPC

Photo 5 : Les baobab cimetièrres à Toucar ( Fatick) Source : Archives DPC

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Photo 6 : Puits d’El hadji Omar à Simal Source : Archives DPC

Photo 7 : Puits de Ndiéné Lagane (Gossas)

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Circuit écotouristique de Dioron Boumak à Toubacouta (Delta du Saloum)

Photo 8 Circuit éco touristique à Bétenti (Delta du Saloum) Source : Archives DPC