Amour infini

L’amour que les parents portent à l’enfant à naître est infini. Après le décès, les parents vivent un grand vide, de la colère, du désespoir : leurs rêves s’envolent. Les intervenants ne peuvent compter sur des recettes toutes faites pour épauler les parents, ils doivent continuellement s’adapter à leurs besoins. Puis, peu à peu, grâce à l’accueil, à l’écoute et à l’accompagnement respectueux qu’ils offrent aux couples, l’espoir et la solidarité émergent de nouveau chez les parents endeuillés.

Tempête sur le chemin

Chaque couple s’imagine, se trace virtuellement un chemin de vie qu’il veut réaliser à deux. Pour plusieurs, la grossesse en forme une étape. Le décès périnatal se dresse alors sur leur route comme une tempête, un obstacle, où rien ne va plus. Une fois l’orage passé, la vie reprend graduellement son cours : d’abord en mode survie, les parents endeuillés retrouvent lentement un sens à leur vie et poursuivent leur chemin, tout en trainant maintenant un nouveau bagage, le deuil, comme un fardeau sur leurs épaules.

Mort dans l’œuf

Suite à un décès périnatal, le couple se sent isolé, comme dans un œuf, et a l’impression de ne plus faire partie du monde. Entourés de douleur, de noirceur, comme par un nuage gris, les parents ressentent de la tristesse, de la colère, de l’impuissance, de l’injustice face aux multiples deuils à faire (premiers pas, graduation, mariage de leur enfant). Malgré le fait que l’entourage reconnaisse le besoin de soutien des parents, il ne sait pas comment leur en donner, ce qui se résulte en un soutien plutôt conflictuel.

Arbre généalogique inversé

L’enfant décédé peut être représenté par l’image d’une petite graine qui n’a jamais eu le temps de croître. L’enfant sera éternellement absent de l’arbre généalogique. Sous terre, les rêves envolés et inaccessibles représentent tout ce qui ne se produira jamais. Au dessus de la terre, la réalité des parents endeuillés parmi les nuages et la pluie : la différence de vécu de chacun des parents, les grands-parents qui ne savent pas comment aider, les interrogations et les peines.

L’enfant décédé est au centre de l’horloge, de l’espace temps, et le deuil des deux parents se vit selon un rythme différent. Par moments, les parents sont confrontés aux préjugés des intervenants, à la pensée magique de l’entourage, alors que les intervenants doivent composer avec les différentes perceptions et réactions de chacun des partenaires, les couples qui se séparent, les différentes cultures des familles ainsi que leurs propres difficultés à accompagner les parents endeuillés. À mesure que le temps passe, que les parents reçoivent du soutien des intervenants, l’espoir renaît enfin.

Rythme du temps

Rêve brisé

Le projet de vie, concrétisé par la grossesse, est au centre du vécu du couple. Le décès de l’enfant signifie alors le rêve brisé et les projets liés à cet enfant, des souhaits à oublier. Le deuil, s’exprimant par la colère, le déni, et la solitude affecte grandement la relation de couple et la famille élargie. Le recueillement, les rituels, les souvenirs, l’entraide et l’amour permettront alors de reconstruire de nouveau le projet.

Le balancier

Le décès périnatal peut être représenté comme une balance entre deux vagues d’émotions : d’un côté, la joie, la légèreté et l’excitation de la grossesse et de l’autre, la colère, la culpabilité et la frustration liées au deuil, celles-ci ayant beaucoup plus de poids dans la vie des parents et des grands-parents. La balance représente aussi la différence de vécu entre les hommes et les femmes et leur incompréhension mutuelle. Malgré le drame, l’espoir s’installera lentement de nouveau et l’équilibre reviendra.

Envers et contre tousDès l’annonce de la grossesse, les parents ressentent un amour inconditionnel envers l’enfant à naître. Après le décès, ils sont habités par un sentiment d’injustice et éprouvent des difficultés à vivre leurs émotions. Ils fonctionnent en mode survie, tels des robots. Bien que leur entourage soit présent au début, les parents se retrouvent rapidement seuls, unis par leur amour. Les intervenants qui les accompagnent se sentent souvent impuissants, mal outillés et hors de leur zone de confort. Malgré tout, aidés des intervenants, les parents réussiront à voir la lumière au bout du tunnel. La prochaine grossesse restera teintée d’anxiété.

Chenille devenue papillon

Le parcours des parents lors d’un deuil périnatal se compare à une chenille qui subit une transformation pour devenir papillon. En rampant à travers le labyrinthe des tabous et des préjugés, les parents utilisent les rituels et les sources de soutien pour se ressourcer afin d’arriver à reprendre leur envol.

Arbre enracinéLe cheminement des parents à travers le deuil périnatal se compare à un arbre où les ressources permettent la croissance de racines et d’espoir. Avec le temps, les parents peuvent avoir l’impression d’avancer ou de reculer, mais chacun a un cheminement différent. À cet égard, une grande pression pèse sur le couple alors que chacun leur tour les conjoints tentent de soutenir l’autre. Les parents se sentent isolés et différents pendant un certain laps de temps, puisqu’autour d’eux la vie continue. Graduellement, le désir de grossesse revient, mais sera cette fois accompagné d’anxiété face à laquelle les intervenants sont mal outillés.

Deuil différentLors de la perte du bébé, les conjoints tentent de se soutenir mutuellement, mais les différences dans l’expression de leur deuil, le père étant plus discret et retiré dans la façon de vivre sa peine, compliquent la situation. Alors que la mère ressent un grand vide lié à l’absence de l’enfant, un désespoir, le père se remet rapidement dans l’action. Les impacts du deuil rejaillissent sur l’ensemble de la famille et elle a besoin du soutien de ses réseaux formel et informel pour pouvoir renoncer aux rêves qu’elle avait imaginés et placer enfin ses souvenirs dans sa mémoire.

Lueur fragile À l’annonce du décès du bébé, les parents vivent un choc, un questionnement, un sentiment d’injustice. Ils sont en colère contre la situation et le système de santé, ils cherchent un coupable. Initialement, le père a pour réaction de vouloir protéger la mère, ce qui engendre un décalage dans les émotions : le père vivra alors sa peine plus tard, de façon isolée. Le deuil périnatal est en fait un ensemble de petits et grands deuils ayant des impacts pour toute la famille. Avant d’en arriver à un état de résilience, les parents traversent une période de fragilité se comparant à une chandelle pouvant s’éteindre à tout moment.

Deuil apprivoiséLe cheminement de vie traditionnel veut qu’un couple se rencontre, se marie, ait des relations sexuelles, conçoive un enfant, débute les préparatifs liés à sa venue au monde et rêve à tout ce qu’il souhaite pour son enfant. Le décès périnatal apparaît alors comme un éclair, où se côtoient colère, peine et sentiment d’injustice, et signifie que les rêves se sont envolés. Avec le temps et l’accompagnement par un intervenant du début à la fin, le couple regagne confiance, apprivoise son deuil et consolide son union.

Amour contenuLe décès périnatal peut être représenté par une boîte fermée qui contient tout l’amour qui était destiné à l’enfant, mais qui ne pourra jamais être donné. La boîte représente aussi les souvenirs ramenés de l’hôpital. Le deuil périnatal ne signifie pas seulement la perte de l’enfant, mais aussi la perte d’espoir, la perte de la naïveté lors d’une prochaine grossesse. L’intervenant doit accompagner les parents sans oublier la fratrie qui subit elle aussi les impacts de cette perte. Le deuil se vit une respiration à la fois : parfois le temps paraît trop long, parfois il est trop court.

Sans mot

Devant le deuil périnatal, les souvenirs inventés par la famille et les rituels peuvent aider le couple. À l’opposé, les préjugés envers les parents et les paroles en trop amplifient leur douleur. L’accueil, l’écoute, l’accompagnement et parfois le silence des intervenants peuvent transformer le regard posé sur les parents endeuillés et leur donner espoir.

Serpents et échelles

Le couple place tranquillement ses morceaux de casse-tête : projets, famille nucléaire, grossesse, bébé, chien, etc. Tout à coup, comme dans un jeu de serpents et échelles, on glisse sur un serpent , on perd l’enfant, on dégringole et les projets disparaissent et semblent inatteignables. Afin de réussir à remonter les échelles, le couple aura besoin d’entraide.

Combat

La perte d’un bébé survient comme un coup provoquant une douleur insupportable. Le temps s’arrête. C’est le début d’une bataille où la femme tente de se réveiller d’un cauchemar, où elle sent le regard que son conjoint porte sur elle n’est plus le même. De son côté, l’homme démontre plus d’agressivité. Les intervenantes, bien qu’empathiques, se sentent maladroites et impuissantes. Puis, la vie suit son cours, le temps passe, l’entourage soutient le couple et l’enfant restera dans la mémoire.