4
Article original Anaphylaxie sévère au vin et au raisin impliquant la LTP de raisin (Vit v 1) : à propos de deux cas Severe anaphylaxis to wine and to grape induced by sensitization to grape lipid transfert protein (Vit v 1): Report of two cases V. Doyen a , D.A. Moneret-Vautrin b, * , M. Dron-Gonzalves c a Clinique d’immuno-allergologie, CHU Brughmann, 4, place Van-Gehuchten, 1020 Bruxelles, Belgique b Réseau allergo-vigilance, 15, rue du Bois-de-la-Champelle, 54500 Vandœuvre, France c 5, rue Édouard Amavet, 13500 Martigues, France Reçu le 22 mars 2012 ; accepté le 4 juillet 2012 Disponible sur Internet le 2 octobre 2012 Résumé Un cas de choc anaphylactique au raisin, récidivant après prick-test au raisin natif, et un cas de choc anaphylactique au vin sont présentés. Les deux réactions sont induites par l’effort. La première patiente est polysensibilisée pollinique, la seconde réagit à une grande variété de fruits et légumes. Des IgE spécifiques sont présentes chez les deux patients à Pru p 3 et Art v 3. Des épreuves d’inhibition croisées du Cap raisin (cas 1) montrent l’absence d’inhibition par Bet v 1 et une inhibition de 95 % par Art v 3. Le cas d’allergie au raisin chez une femme non pollinique s’intègre dans un syndrome LTP partagé avec huit aliments. La sensibilisation aux LTP de fruits paraît primaire. Le cas d’anaphylaxie au vin paraît être tributaire d’une sensibilisation primaire au pollen d’armoise. La grande variabilité du syndrome LTP est soulignée. Le caractère non prédictible des aliments à risque nécessite la prescription systématique d’anti-H1, de corticoïdes et dans les cas sévères d’adrénaline auto-injectable. # 2012 Publié par Elsevier Masson SAS. Mots-clés : Anaphylaxie; Raisin; Vin; LTP; Pru p 3; Art v 3; Réactions croisées; Tests d’inhibition Abstract A case of anaphylactic shock to grape, induced by prick-test to natural grapes, and a case of anaphylaxis to wine are reported. Both were induced by exercise. The first case was allergic to Artemisia and birch pollens. The second case has past multiple allergies to several other fruit and vegetable. Specific IgE to Pru p 3 and Art v 3 were present in both cases. In case 1, the inhibition test of Cap to grape by Bet v 1 was negative. A 95 % inhibition was observed by Art v 3, documenting the involvement of Vit v 1. A primary sensitization to fruit LTP is suggested in case 2. A primary sensitization to Art v 3 is highly probable in case 1. The great variability of the LTP syndrome is underlined. Because the foods at risk are unpredictable, anti H1, corticosteroids and even self-injectable epinephrine should be prescribed in all the cases. # 2012 Published by Elsevier Masson SAS. Keywords: Anaphylaxis; Grape; Wine; LTP; Pru p 3; Art v 3; Cross-reactions; Inhibition tests L’allergie alimentaire impliquant comme allergènes majeurs les protéines de transfert lipidique (LTP) est classiquement sévère. Le prototype en est l’anaphylaxie à la pêche décrite dans les pays méditerranéens. Nous présentons deux cas plus rares d’anaphylaxie au vin et au raisin, documentant l’actualité du syndrome LTP. 1. Cas 1 Une femme de 51 ans, résidant en Belgique, présente des épisodes récurrents d’anaphylaxie depuis dix ans. Ils survien- nent dans le décours de repas et sont souvent associés à un effort. Lors de la dernière réaction survenue en août 2011, la patiente a présenté une rhinite accompagnée de prurit palmoplantaire, d’angiœdème visage et d’urticaire ayant nécessité une visite aux urgences et recours à l’adrénaline. Les symptômes sont survenus dans le décours d’un repas Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Revue française d’allergologie 52 (2012) 480483 * Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (D.A. Moneret-Vautrin). 1877-0320/$ see front matter # 2012 Publié par Elsevier Masson SAS. http://dx.doi.org/10.1016/j.reval.2012.07.001

Anaphylaxie sévère au vin et au raisin impliquant la LTP de raisin (Vit v 1) : à propos de deux cas

  • Upload
    v-doyen

  • View
    212

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Article original

Anaphylaxie sévère au vin et au raisin impliquant la LTP deraisin (Vit v 1) : à propos de deux cas

Severe anaphylaxis to wine and to grape induced by sensitization to grape lipid transfertprotein (Vit v 1): Report of two cases

V. Doyen a, D.A. Moneret-Vautrin b,*, M. Dron-Gonzalves c

a Clinique d’immuno-allergologie, CHU Brughmann, 4, place Van-Gehuchten, 1020 Bruxelles, Belgiqueb Réseau allergo-vigilance, 15, rue du Bois-de-la-Champelle, 54500 Vandœuvre, France

c 5, rue Édouard Amavet, 13500 Martigues, France

Reçu le 22 mars 2012 ; accepté le 4 juillet 2012

Disponible sur Internet le 2 octobre 2012

Résumé

Un cas de choc anaphylactique au raisin, récidivant après prick-test au raisin natif, et un cas de choc anaphylactique au vin sont présentés. Lesdeux réactions sont induites par l’effort. La première patiente est polysensibilisée pollinique, la seconde réagit à une grande variété de fruits etlégumes. Des IgE spécifiques sont présentes chez les deux patients à Pru p 3 et Art v 3. Des épreuves d’inhibition croisées du Cap raisin (cas 1)montrent l’absence d’inhibition par Bet v 1 et une inhibition de 95 % par Art v 3. Le cas d’allergie au raisin chez une femme non polliniques’intègre dans un syndrome LTP partagé avec huit aliments. La sensibilisation aux LTP de fruits paraît primaire. Le cas d’anaphylaxie au vin paraîtêtre tributaire d’une sensibilisation primaire au pollen d’armoise. La grande variabilité du syndrome LTP est soulignée. Le caractère non prédictibledes aliments à risque nécessite la prescription systématique d’anti-H1, de corticoïdes et dans les cas sévères d’adrénaline auto-injectable.# 2012 Publié par Elsevier Masson SAS.

Mots-clés : Anaphylaxie; Raisin; Vin; LTP; Pru p 3; Art v 3; Réactions croisées; Tests d’inhibition

Abstract

A case of anaphylactic shock to grape, induced by prick-test to natural grapes, and a case of anaphylaxis to wine are reported. Both were inducedby exercise. The first case was allergic to Artemisia and birch pollens. The second case has past multiple allergies to several other fruit andvegetable. Specific IgE to Pru p 3 and Art v 3 were present in both cases. In case 1, the inhibition test of Cap to grape by Bet v 1 was negative. A95 % inhibition was observed by Art v 3, documenting the involvement of Vit v 1. A primary sensitization to fruit LTP is suggested in case 2. Aprimary sensitization to Art v 3 is highly probable in case 1. The great variability of the LTP syndrome is underlined. Because the foods at risk areunpredictable, anti H1, corticosteroids and even self-injectable epinephrine should be prescribed in all the cases.# 2012 Published by Elsevier Masson SAS.

Keywords: Anaphylaxis; Grape; Wine; LTP; Pru p 3; Art v 3; Cross-reactions; Inhibition tests

Disponible en ligne sur

www.sciencedirect.com

Revue française d’allergologie 52 (2012) 480–483

L’allergie alimentaire impliquant comme allergènes majeursles protéines de transfert lipidique (LTP) est classiquementsévère. Le prototype en est l’anaphylaxie à la pêche décritedans les pays méditerranéens. Nous présentons deux cas plusrares d’anaphylaxie au vin et au raisin, documentant l’actualitédu syndrome LTP.

* Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (D.A. Moneret-Vautrin).

1877-0320/$ – see front matter # 2012 Publié par Elsevier Masson SAS.http://dx.doi.org/10.1016/j.reval.2012.07.001

1. Cas 1

Une femme de 51 ans, résidant en Belgique, présente desépisodes récurrents d’anaphylaxie depuis dix ans. Ils survien-nent dans le décours de repas et sont souvent associés à uneffort. Lors de la dernière réaction survenue en août 2011, lapatiente a présenté une rhinite accompagnée de pruritpalmoplantaire, d’angiœdème visage et d’urticaire ayantnécessité une visite aux urgences et recours à l’adrénaline.Les symptômes sont survenus dans le décours d’un repas

V. Doyen et al. / Revue française d’allergologie 52 (2012) 480–483 481

(buffet froid) accompagné de deux verres de vin et d’un verre dechampagne et immédiatement après s’être mise à danser. Sesantécédents comportent depuis l’enfance une rhino-conjoncti-vite et un asthme lié à des pollinoses de bouleau et d’armoise,pour lesquels une immunothérapie spécifique par voie sous-cutanée pour un mélange d’allergènes à été réalisée dans lepassé. Elle présente un syndrome oral à certains fruits de lafamille des Prunoïdées.

Les tests cutanés sur une peau normalement réactive àl’histamine (5 mm), avec témoin négatif, confirment unepolysensibilisation pollinique (bouleau, armoise, ambroisie,graminées). Des prick-tests sont positifs à la pulpe de raisinnatif (3 mm), ainsi qu’à la noisette, pistache, tournesol, soja etcarotte (aliments natifs).

Plusieurs vins et vinaigres sont testés. Le vin rouge consomméle jour d’un accident est positif (4 mm) ainsi que deux vinsitaliens Valpolicella, Leverando : 3 mm. D’autres vins restentnégatifs : Monteluciano, Chianti, Chablis, Champagne.

La tryptase de base est à 3 mg/L.Pour un taux d’IgE totales à 203 kU/L, des IgE spécifiques

sont détectées pour les allergènes polliniques suivant :r Bet v 1 : 18,4 kU/L, n Ole e 1 : 1,4 kU/L, r Phl p 1-p 5 :0,3 kU/L.

Deux LTP sont positives : n Art v 3 : 39,6 kU/L rendantcompte d’IgE spécifiques à l’armoise 52,3 kU/L, et par ailleursr Pru p 3 : 0,41 kU/L. Les IgE spécifiques au raisin sont à 6 kU/L, et le Cap au raisin est inhibé à 95 % par n Art v 3. Aucuneinhibition n’est observée par r Bet v 1.

Un Cap au céleri est positif à 3,8 kU/L.Un test d’introduction réaliste en ouvert (TPO) est réalisé à

des raisins roses (variété de Vitis vinifera), il entraîne un légersyndrome oral. Couplé à l’effort, il s’avère plus positif :anaphylaxie de grade 2.

Un TPO au céleri couplé à l’effort et un TPO au sésame sontnégatifs.

Le diagnostic est donc celui d’une anaphylaxie à des vinsinduite par l’effort, impliquant la LTP de raisin chez un sujetprimairement sensibilisé au pollen d’armoise et à la LTPd’armoise.

2. Cas 2

Une femme de 44 ans habitant le Midi de la France, consulteen novembre 2010 pour choc anaphylactique après ingestion deraisin dans une soirée dansante, survenu en 2008. Elle présenteaussi un syndrome oral fréquent, parfois avec urticaire, aprèsdifférents fruits ou légumes : banane, haricot vert, sarrasin,cumin, ananas, paprika, cacahuète, aubergine.

Les premiers tests cutanés sont pratiqués aux raisins natifs :pulpe, peau, grain de raisin lavé et écrasé, ainsi qu’à l’arachide.Les quatre prick-tests au raisin se positivent rapidement à 12 mm.Le prick-test à l’arachide est négatif. Il apparaît une toux sèchetraitée immédiatement par anti-H1, Célestène1 per os et spray deVentoline1. Puis une chute tensionnelle avec sensationd’étouffement motive l’injection d’adrénaline 0,25 mg parl’allergologue. Les difficultés respiratoires s’aggravent avecvoix rauque et sensation de mort imminente. Il pratique une

seconde injection de 0,25 d’adrénaline et appelle les pompiersqui pratiquent une troisième injection d’adrénaline (0,75 mg autotal). À l’arrivée au service des urgences, les prick-tests ontaugmenté à 20 mm, un œdème extensif des deux bras est observé.La patiente est gardée en hospitalisation 12 heures.

Les IgE spécifiques sont présentes pour deux LTP : r Pru p 3 :1,5 kU/L et r Ara h 9 : 5,1 kU/L, négatives au raisin, positivespour haricot vert, aubergine, framboise : 4,7, 0,2, 0,45 kU/Lrespectivement. D’autres allergènes d’arachide sont négatifs(r Ara h 1, r Ara h 2 et r Ara h 8). Les Cap sont négatifs pourr Pru p 1 et 4, r Api g 1, Bet v 2, Hev b 1, Hev b 6,01, Hev b 8. Larecherche d’IgE anti-carbohydrates par MUXF3 est négative.

Le diagnostic porté est celui d’une anaphylaxie au raisininduite par l’effort, de grade 3 selon la classification de Ringdans le cadre d’un syndrome LTP. Un choc anaphylactique a étédéclenché par prick-test.

3. Discussion

Ces deux cas d’anaphylaxie sévère au raisin ou au vininduite par l’effort et liée à un syndrome LTP sont richesd’enseignement.

Un choc anaphylactique déclenché par des prick-tests estexceptionnel.

La revue des données du CICBAA portant sur 34 905 prick-tests correspondant à 1128 patients allergiques alimentairesindique que quatre prick-tests avaient entraîné une réactionsystémique sévère (RSS) (huit pour 100 000 prick-test chez et0,35 % des patients [1]). Une étude pédiatrique a évalué cerisque à 0,12 % en signalant que même un aliment dilué (parexemple, lait dilué au 100e) peut induire une RSS. Les alimentscités étaient le lait, l’œuf, le poisson, la noix de cajou, le sésameet l’arachide [1–3]. Il convient donc d’y ajouter le raisin et desfruits ou légumes contenant des LTP.

Les problèmes des réactions adverses aux vins sont pluscomplexes : les plus fréquentes sont les réactions asthmatiquesimmédiates (plus rarement urticaires) par intolérance auxmétabisufites. Le diagnostic est validé par test de provocation oral.

Les flushs intenses mais aussi des asthmes aigus à l’alcoolsont observés dans la population japonaise. Ils sont en relationavec l’effet histamino-libérateur de l’acétaldéhyde, issu del’éthanol, dont le taux plasmatique est supérieur à la normale enraison d’une déficience enzymatique en acétaldéhyde déshy-drogénase. Il s’ensuit un taux élevé d’histamine plasmatique.Un effet broncho-constricteur direct de l’acétaldéhyde estégalement plausible. Ce déficit fréquent dans cette populationest lié à un variant du gène de l’acétaldéhyde déshydrogénaseen relation avec un single nucleotide polymorphism (SNP) :ALDH2 487Lys [4]. À un moindre degré, ce SNP estobservable dans la population caucasienne.

Plus commun est l’érythème cervico-thoracique ou seule-ment facial lié à l’effet vasodilatateur de l’alcool (éthanol).C’est le teint rubicond des banquets !

Les réactions histaminiques sont rares, car le tauxd’histamine des vins n’est pas suffisant pour les incriminer.En effet, le tube digestif possède de puissants mécanismes dedéfense contre l’histamine, tels qu’une charge en histamine par

V. Doyen et al. / Revue française d’allergologie 52 (2012) 480–483482

sonde duodénale de 1,75 mg/kg n’induit qu’un flush discret duvisage de quelques minutes.

D’exceptionnels cas d’allergie à l’éthanol ont été décrits.Les cas d’allergie vraie aux vins, non liés à une allergie à

l’éthanol, sont rares et font incriminer des allergies à des protéinesde raisin. Un élément d’orientation est la constatation de lafréquence d’allergies antérieures — ou de sensibilisations — à desfruits et légumes variés (13 sujets sur 14 dans la série italienne)[5]. La suspicion se confirme par les prick-tests positifs à certainsvins.

L’étude de Pastorello, disposant de 14 sérums montre quel’allergène majeur de 30 kDa est une endochitinase ; ellereprésente 50 % des protéines solubles et persiste au long desétapes de vinification. Un second allergène majeur (10/14 sérumsréactifs) est une protéine de 9 kDa identifiée comme homologuede la LTP de pêche Pru p 3, comme le montre l’épreuved’inhibition par Pru p 3. Un troisième allergène de 24 kDa est unethaumatine (protéine homologue de l’osmotine) [5].

Une LTP de raisin (Vitis vinifera) Vit v 1 a donc étécaractérisée. Elle est présente dans les vins et les jus de raisin.Elle résiste deux heures à la digestion gastrique. La digestionintestinale livre graduellement un polypeptide de 6000 Daenviron. Les effets de la digestion sur l’allergénicité sontmineurs puisque la liaison aux IgE avec le produit de deuxheures de digestion gastrique n’est pas altérée, et qu’après deuxheures de digestion intestinale, les IgE persistent à se lier aupolypeptide de 6000 Da [6].

La réactivité croisée de Vit v 1 est forte avec les LTP depêche (Pru p 3) et de cerise (Pru av 3). Elle est capable d’activerles basophiles des sujets allergiques [7]. Le cas 1 montre que laréactivité croisée est très nette avec Art v 3 puisqu’on observeune inhibition de 95 % du Cap au raisin par cet allergène.

La présence de LTP est variable selon les vins. Les vinsnouveaux seraient plus riches en LTP solubles parce que lesphénols n’ont pas encore subi de polymérisation enserrant lesprotéines dans un complexe insoluble (constituant la lie du vin)[5]. Il est intéressant de noter dans le cas 1 que trois vinaigresdifférents donnent des prick-tests négatifs. On peut avancerl’hypothèse que l’acidification ou/et l’action de la fermentationdégradent la LTP de raisin. Cependant sur 35 épisodesd’anaphylaxie au raisin chez 11 patients grecs, deux avaientété induits par un vinaigre. . .[6]. Cela conduit aussi à considérerle rôle d’autres allergènes du raisin : à côté de l’endochitinase,une thaumatine de 24 kDa, une expansine de 28 kDa, une béta1,3-glucanase de 39 kDa, une protéine de 60 kDa inhibant lapolygalacturonase [8].

L’allergie à la LTP de raisin est-elle susceptible d’êtrefréquente chez des sujets méditerranéens sensibilisés etallergiques à la LTP de pêche ? Sur 49 patients de ce genre,6 % signalent des réactions aux raisins [9].

Étant donné la forte réactivité croisée des LTP de pêche,cerise, pomme, noisette, les sujets allergiques à la LTP de raisinont un risque d’allergie croisée à ces fruits [10].

En revanche, la LTP de fraise est un allergène mineur. Elleprésente des substitutions d’acides aminés au niveau des épitopesmajeurs connus de Pru p 3, ce qui diminue notablement sonrisque allergique dans le cadre d’un syndrome LTP [11].

Enfin l’allergie croisée à la farine de blé et aux céréales estrare, bien que in-vitro la réactivité croisée existe entre les LTPde Prunoïdées et Tri a 14 [12].

De façon générale, l’extension des allergies croisées dusyndrome LTP est individuelle : certains patients ne présententqu’une allergie à la pêche, d’autres réagissent aux fruits les plusdivers. Parmi 15 patients italiens allergiques à la pêche, seultrois avaient une allergie circonscrite à deux fruits. Mais cinqréagissaient à plus de six dont l’un à 17 ! [13].

L’importance des allergies croisées dépend en effet de deuxparamètres : le premier est l’intensité de la sensibilisation, lesecond est la quantité de LTP consommée qui peut varier defaçon importante. Une étude sur 88 cultivars de pomme amontré (par méthode Elisa sandwich) que le taux de LTPpouvait varier de 3,4 à 253,2 mg/g de tissu. Selon le cultivarconsommé, la quantité de LTP varie de quelques centaines demicrogrammes à 30 mg. . . [14].

4. Conclusion

Actuellement, il est certain que le syndrome LTP, reposantsur l’importante homologie de diverses LTP, est médiocre-ment appréhendé par les cliniciens et les patients. Le bien-fondé des propositions d’éviction est des plus aléatoire, et lamise à disposition systématique d’antihistaminique et decorticoïdes doit être conseillée. L’addition d’adrénaline auto-injectable doit être envisagée s’il s’est agi d’une réactionsystémique.

Déclaration d’intérêts

Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts enrelation avec cet article.

Références

[1] Codreanu F, Moneret-Vautrin DA, Morisset M, Guénard L, Rancé F,Kanny G, et al. The risk of systemic reactions to skin prick-tests using foodallergens: CICBAA data and literature review. Eur Ann Allergy ClinImmunol 2006;38:52–4.

[2] Norrman G, Fälth-Magnusson K. Adverse reactions to skin prick-testingin children - prevalence and possible risk factors. Pediatr Allergy Immunol2009;20:273–8.

[3] Pitsios C. Generalized allergic reactions during skin testing. PediatrAllergy Immunol 2010;21:557.

[4] Linneberg A, Gonzalez-Quintela A, Vidal C, Jørgensen T, Fenger M,Hansen T, et al. Genetic determinants of both ethanol and acetaldehydemetabolism influence alcohol hypersensitivity and drinking behaviouramong Scandinavians. Clin Exp Allergy 2010;40:123–30.

[5] Pastorello EA, Farioli L, Pravettoni V, Ortolani C, Fortunato D, GiuffridaMG, et al. Identification of grape and wine allergens as an endochitinase 4,a lipid-transfer protein, and a thaumatin. J Allergy Clin Immunol2003;111:350–9.

[6] Kalogeromitros DC, Makris MP, Gregoriou SG, Mousatou VG, Lyris NG,Tarassi KE, et al. Grape anaphylaxis: a study of 11 adult onset cases.Allergy Asthma Proc 2005;26:53–8.

[7] Schad SG, Trcka J, Vieths S, Scheurer S, Conti A, Brocker EB, et al.Wine anaphylaxis in a German patient: IgE-mediated allergy against alipid transfer protein of grapes. Int Arch Allergy Immunol 2005;136:159–64.

V. Doyen et al. / Revue française d’allergologie 52 (2012) 480–483 483

[8] Vassilopoulou E, Zuidmeer L, Akkerdaas J, Tassios I, Rigby NR, MillsEN, et al. Severe immediate allergic reactions to grapes: part of a lipidtransfer protein-associated clinical syndrome. Int Arch Allergy Immunol2007;143:92–102.

[9] Asero R, Mistrello G, Roncarolo D, Amato S. Detection of some safeplant-derived foods for LTP-allergic patients. Int Arch Allergy Immunol2007;144:57–63.

[10] Zuidmeer L, van Leeuwen WA, Budde IK, Cornelissen J, Bulder I,Rafalska I, et al. Lipid transfer proteins from fruit: cloning, expressionand quantification. Int Arch Allergy Immunol 2005;137:273–81 [Erra-tum in: Int Arch Allergy Immunol 2006;140:341].

[11] Zuidmeer L, Salentijn E, Rivas MF, Mancebo EG, Asero R, Matos CI,et al. The role of profilin and lipid transfer protein in strawberry

allergy in the Mediterranean area. Clin Exp Allergy 2006;36:666–75.

[12] Palacin A, Bartra J, Muñoz R, Diaz-Perales A, Valero A, Salcedo G.Anaphylaxis to wheat flour-derived foodstuffs and the lipid transferprotein syndrome: a potential role of wheat lipid transfer protein Tri a14. Int Arch Allergy Immunol 2010;152:178–83.

[13] Asero R. Lipid transfer protein cross-reactivity assessed in vivo and invitro in the office: pros and cons. J Investig Allergol Clin Immunol2011;21:129–36.

[14] Sancho AI, van Ree R, van Leeuwen A, Meulenbroek BJ, van de Weg EW,Gilissen LJ, et al. Measurement of lipid transfer protein in 88 applecultivars. Int Arch Allergy Immunol 2008;146:19–26.