EROS by Lou Andréas-Salomé; LETTRE OUVERTE A FREUD by Lou Andréas-Salomé; CARNETSINTIMES DES DERNIERES ANNÉES by Lou Andréas-SaloméReview by: A.G.Nouvelles Questions Féministes, No. 9/10, ANTILLAISES (PRINTEMPS 1985), p. 176Published by: Nouvelles Questions Féministes & Questions Feministes and Editions AntipodesStable URL: http://www.jstor.org/stable/40619402 .

Accessed: 17/06/2014 00:14

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176 N.Q.F N° 9/10 Printemps 1985

té ? Elles-mêmes partagent cette ambi- gui té, elles chantent aussi bien : « Que les hommes restent donc à la maison pour cultiver le maïs et les palmiers, nous irons retourner les entrailles avec nos houes et nos coupe-coupe » que « Nous sommes des hommes, non des femmes » .

A.G.

Andréas-Salomé, Lou, - EROS. Paris, Minuit, 1984, 162 p.,

75 F. - LETTRE OUVERTE A FREUD,

Paris, lieu commun, 1983, 143 p., 61F.

- CARNETS INTIMES DES DERNIE- RES ANNÉES. Paris, Hachette, 1984 213 p., 72 F.

Lou Andréas-Salomé pour beau- coup ne brille qu'en tant qu'égérie de Rilke, Nietzsche et Freud. La préface de Pfeiffer à Eros (E) en est une illus- tration : il ne se préoccupe que de sa- voir à quelle rencontre masculine et surtout à quel état des relations physi- ques avec Rilke il peut rattacher ces textes. Cette réduction, bien absente des critiques sur les œuvres masculines, révolte d'autant plus que Pfeiffer était un des amis de Lou qui dit sa joie de le voir dans ses Carnets intimes. Mais cet- te préoccupation est de plus une dis- torsion de la réalité, puisque comme Ta rappelé Biddy Martin (New German Critique, aut. 82), Andréas-Salomé a été également très marquée par ses amitiés féminines avec des intellectuel- les et notamment des féministes. Trois livres récemment publiés permettent de se faire une idée plus précise de l'intérêt de l'œuvre de Lou. La Lettre ouverte à Freud (LOF) a été écrite en 1931 pour le 75ème anniversaire de Freud, elle le félicite sur certains points mais lui reproche aussi de ne pas aller plus loin dans l'étude du narcissisme primaire ou du versant haineux de l'amour. Les Carnets intimes datent de 1934-36 et portent sur Rilke, Kleist, Sigmund et Anna Freud. C'est le premier texte d'Eros « L'humanité de la femme » (1899) qui permet de

voir ce qui a pu intéresser les féministes allemandes au début du siècle : la no- tion de sphères féminine et masculine non seulement séparées mais autono- mes. La femme a besoin de liberté et ne peut être réduite à la maison ou à la maternité. Il serait destructeur pour elle d'être « une femme voluptueuse asservie à l'homme, un appendice du mâle » mais il le serait aussi d'être une « émancipée béate » s'affirmant dans une carrière professionnelle trop spé- cialisée. Quelle est donc la vocation de la femme ? C'est d'élargir son être pour vivre en harmonie avec le monde : ré- ponse, on le voit, peu appropriée pour qui ne dispose pas de rentes. De plus, selon Andréas-Salomé, autrefois la reli- gion donnait un tel sentimement d'é- largissement à la femme qu'il lui per- mettait, même en étant asservie à l'homme, de préserver son être propre. Tout cela, n'est-ce pas, ce n'est qu'une question de « comment l'on se sent » (mais le style de Lou Andréas Salomé est beaucoup plus élaboré !). D'ailleurs elle évoque et la biologie et l'essence de l'Homme et de la Femme. Or, qu'en est-il de la différence des sexes ? Pour nous, ce n'est pas terrible : on est moins indifférenciées que l'homme, plus iner- tes, sensibles et peu maîtresses de nos humeurs, déterminées par et liées à nos corps, peu différentes les unes des autres (E), « paisiblement agenouillées » mais jouissant de l'existence (LOF). Bref, un peu attardées mentales, mais qu'importe, il ne faut pas être envieu- ses mais nous affirmer dans notre spé- cificité à côté des hommes. Eux par contre disposent d'une capacité d'indi- viduation et sont plus riches de nuan- ces. Certes ils sont insatisfaits, mais ils sont les seuls à « assumer pleinement le paradoxe de la condition humaine » et à tenter de résoudre le dilemme : affirmation de soi, ou désir amou- reux (E, 42 et LOF, 38). Lou Andréas Salomé est donc une des théoriciennes de la féminitude, sensible et talentueu- se. Elle y a trouvé la célébrité, mais ce- la n'apporte aucune solution, sinon la résignation, à nos colères.

A.G.

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