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APPRENDRE PAR LA CONSTRUCTION DES LANGAGES

Les langages se caractérisent par : une préhension d’informations son traitement s’appuyant sur la structure neurobiologique initiale.Ces langages donnent lieu à l’enrichissement de la structure

neurobiologique par l’intermédiaire de constructions de connexions neuronales.

Pour l’apprentissage de certains langages, notamment ceux relatifs aux exigences scolaires, il semble nécessaire que les apprenants puissent disposer d’une structure cognitive initiale permettant la focalisation et le traitement de ces nouvelles informations. La libre activité de l’enfant est au service de cette construction structurelle initiale sans laquelle le développement de langages plus culturels et codifiés se voit entravé voire impossible.

L’apprentissage concerne seulement les langages et non les compétences ou les connaissances.

Ces constructions ne conduisent pas nécessairement à des situations de communication. Il n’y a pas forcément production ou trace. C’est pour cette raison que la trace de l’activité n’importe pas en tant que telle. C’est ce qu’elle peut advenir qui compte.

Par exemple, concernant le langage de l’écrit, ce n’est pas le fait de produire un écrit qui constitue l’acte d’apprendre mais plutôt de pouvoir s’y référer selon ces trois fonctions :

- communiquer et transmettre de l’information- produire une trace utile à la mise en mémoire et à la

constitution d’une culture de groupe- tâtonner dans la recherche, se servir de l’écrit comme

extension de la pensée et ainsi contribuer à se structurer. Dans la classe, cette volonté de communication est induite par

l’enseignant dont le principe d’action est d’ouvrir le champ des possibles. Le rôle de l’école est de permettre aux enfants d’être guidés vers

des activités et des langages relatifs à ses exigences. Le rôle de l’enseignant est de montrer que cela existe et que cela ouvre une série se possibles culturels.

« L’objectif de l’école n’est plus qu’une masse d’adolescents puissent restituer simultanément à la sortie du système un catalogue de savoirs mais que chacun ait pu développer au maximum ses possibilités langagières dans les 4 domaines admis comme indispensables. Il n’est plus la transmission des connaissances mais celui de l’accès aux connaissances. En réduisant les finalités de l’école à la simple (mais complexe !) construction des langages, non seulement on met ces finalités en accord avec ce qui relève des processus d’apprentissage, on fixe un objectif tout aussi ambitieux (aller au plus loin pour tous), mais on rend

S. Connac

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aussi possible la mise en œuvre de stratégies éducatives individuelles et collectives en leur assignant une finalité simple et claire.1 »

Un des grands problèmes de la psychologie cognitive est de savoir comment les connaissances sont stockées dans le cerveau et par quels moyens elles sont retrouvées et activées lorsqu’on a besoin de les utiliser. Deux conceptions s’opposent dans ce domaine.

Le courant cognitiviste du traitement de l’information, encore appelé le modèle computo-symbolique s’attache à comparer le cerveau humain à un ordinateur. Un ordinateur contient un buffer (mémoire tampon), une mémoire, un processeur. En termes psychologiques, cela se traduit par une mémoire de travail, une mémoire à long terme, des outils de traitement de l’information, telles que les stratégies cognitives, les procédures, les structures opératoires, … Avec ce modèle, les connaissances sont classées en deux catégories : les connaissances déclaratives qui sont relatives aux faits (savoir que …) et les connaissances procédurales relatives aux procédures, ensemble de règles permettant de résoudre des problèmes particuliers (savoir comment …). Avec ce courant, le monde préexiste à l’individu, celui-ci n’est qu’une sorte de machine à traiter de l’information objective qui parvient de l’extérieur.

Le courant connexionniste envisage le traitement de l’information en parallèle, conformément aux réseaux de neurones du cerveau qui agissent simultanément. Il défend l’idée que le monde que connaît la personne est construit par lui, par l’intermédiaire de ses expériences. Ces expériences provoquent « l’émergence d’états globaux parmi des ensembles neuronaux résonnants2 » et le sens serait lié à des états particuliers de ces réseaux neuronaux. La perception fonctionne à partir du traitement distribué de l’information effectué par les réseaux neuronaux qui se sont constitués par l’intermédiaire de l’expérience de l’individu. Un réseau neuronal est un système extrêmement dense de neurones interconnectés entre eux par des synapses et susceptibles d’être excités pour remplir certaines fonctions. Un neurone peut être connecté avec 5000 autres neurones. Le monde que nous connaissons n’est pas un monde prédéfini mais un monde que nous créons par l’intermédiaire de nos connaissances. Le monde tel que nous le percevons dépend de celui qui le perçoit. La signification émerge donc progressivement d’un état particulier du réseau neuronal. C’est ce qu’on appelle l’énaction, la faculté d’émettre du sens. Le résultat des apprentissages peuvent être obtenus à partir de différentes configurations du réseau, ce qui explique, à l’inverse du modèle computo-symbolique qu’il est possible de récupérer une information perdue à la suite d’une altération du cerveau.

La pierre d’achoppement entre ces deux courants se situe au niveau de l’existence de la représentation. Pour les cognitisvistes, le cerveau humain construit des représentations du réel, à partir de symboles et la pensée n’est rien d’autre que le traitement de ces représentations. 1 COLLOT B., "Du taylorisme scolaire à un système éducatif vivant", Editions Odilon, 2004, p 52.2 VARELA F., « Connaître les sciences cognitives. Tendances et perspectives », Seuil, 1989, p 76.

S. Connac

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l’apprentissage permet à l’individu de créer des symboles auxquels il attache du sens et qu’il mémorise. Par compilation, ces symboles peuvent éventuellement se transformer en langage de façon à traiter l’information de manière plus efficace. Pour les connexionnistes, le cerveau reconstruit soit des significations identiques chaque fois qu’il est sollicité par les mêmes stimuli, soit des significations nouvelles si les stimuli sont nouveaux. La pensée n’est alors rien d’autre que l’émergence des sens à partir de configurations neuronales particulières. Ces configurations modifient le poids synaptique des réseaux en fonction des stimuli, afin d’adapter l’individu à son environnement. Il n’y a donc pas de symbole donc pas de représentation. Les neurones du cerveau produisent du sens progressivement par l’intermédiaire des ensembles de stimuli qu’ils reçoivent. L’individu fait progressivement émerger un monde de pertinence inséparable de son vécu mais cohérent pour sa survie. Les symboles et les langages apparaissent alors à partir de ce traitement.

S. Connac