Arbres et Haies en Picardie

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es paysages de Picardie sont riches dune diversit modele par lhomme et ses activits. Ils sont en perptuelle mutation, volution, soumis dun ct aux pressions foncires lies aux extensions urbaines et aux infrastructures, models de lautre par lagriculture et son conomie. A lchelle dune cinquantaine dannes par exemple, on peut noncer les volutions chronologiques suivantes : Cration et dveloppement des chteaux deau; Agrandissement des parcelles agricoles avec pour corollaire larrachage des haies, des vergers et une forte rduction du rseau des chemins; Forte rduction des surfaces de prairies permanentes lies la concentration de llevage ; Dveloppement et modernisation des infrastructures routires avec la suppression de linaires darbres dalignement ; Extension et dveloppement des villages par la cration de lotissements ou de pavillons individuels ; Installations de relais tlphoniques, premires oliennes en Picardie... Malgr ces bouleversements parfois profonds, lidentit paysagre demeure et les inventaires raliss ou en cours dans chacun des trois dpartements picards le prouvent. Cette brochure prsente de manire trs simplifie les grandes entits paysagres pour rappeler combien il est essentiel de tenir compte de leurs spcificits pour sy insrer. Le projet damnagement paysager public ou priv est une tape essentielle qui accompagne ventuellement un projet bti dont il assure linsertion. Les oprations dentretien conditionnent le devenir des plantations, leur russite et leur prennit ; la rglementation encadre les relations entre public et priv, oriente les projets.

LES ARBRES ET LES HAIES EN PICARDIE,UN PATRIMOINE RICHE ET VIVANTPatrimoine : Bien commun dune collectivit, dun groupe humain, considr comme un hritage transmis par les anctres. Petit Larousse Le vgtal comme marqueur didentitLes plantations, quil sagisse de haies, darbres aligns ou isols, constituent souvent un patrimoine part entire, hritage des temps passs. Depuis des millnaires, larbre anime le quotidien, tmoin du changement des saisons et de la succession des gnrations. Au fil du temps, quil soit arbre ou arbuste, le vgtal a reu diverses fonctions : cultuelle par les pouvoirs quon lui attribuait avant lavnement du christianisme, puis support symbolique ou marque dun pouvoir politique (tilleuls formant des chapelles de verdures autour des calvaires, arbres de la Libert sur les places) et toujours, simple matriau une fois exploit : bois de chauffage ou de construction. Aujourdhui lment qualificatif du cadre de vie, il agrmente les espaces publics. Les usages anciens comme les nouvelles attentes se combinent pour donner sa valeur patrimoniale au vgtal : il est un lment culturel, une rfrence collective. Dans les villages, le patrimoine arbor traditionnel constitue souvent un ensemble en harmonie avec le bti. sage. Il ny a pas de page blanche possible. Nul dsert, nul vide en Picardie : lenvironnement et le paysage sont riches et porteurs didentit. Tout projet, communal ou priv, doit sinsrer dans son site. Sinsrer, ne signifie pas gommer, se faire oublier. Cest aussi et surtout enrichir ce cadre commun, cette identit partage. Par le choix des vgtaux, de leur association et de leur gestion, les arbres et les haies peuvent permettre une meilleure intgration de la construction dans son environnement. Il faut concevoir avant tout un projet vgtal comme on conoit un projet architectural. Le vgtal est une cl de la russite, le garant dune cohsion prserve, dun lien entre la structure existante et celle que le projet de construction propose.

SOMMAIRELes arbres et les haies en Picardie, un patrimoine riche et vivant

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IDENTIFIER Vgtaux et identits des territoiresLes plaines agricoles Les valles Les espaces forestiers Les bocages Le littoral

Mais il faut aussi compter avec les apports rcents. Ils faonnent et enrichissent le patrimoine transmettre, par les nouvelles plantations sur les espaces publics, dans les jardins au cur des villages comme dans les nouvelles extensions urbaines. De lhritage ancien et des apports contemporains dpendent la conservation de lidentit. Le patrimoine arbor est porteur, dans la relation quil faonne entre le village et son grand paysage, dune forte part de lidentit communale. La valorisation de ce patrimoine doit avant tout passer par la redcouverte des spcificits des diffrents types de paysages de Picardie et de leurs structures vgtales. Cest ce que propose la premire partie de ce document.

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INSCRIRE Le vgtal dans les projets GRER Des pratiques adaptes et durablesLe choix et la plantation des vgtaux La gestion et lentretien dun patrimoine vivant La taille dans les rgles de lart

Le vgtal comme lment dintgration paysagreLe vgtal est un indicateur dans le paysage : il tmoigne de la nature du climat et du sol, conditionne les perspectives, les grandes ouvertures, ponctue les panoramas des grandes plaines. Par sa prsence, il adoucit et rduit limportance de btiments volumineux, il forme le filtre dune intgration de tous les projets de bti ou dinfrastructures dans le pay-

Un patrimoine vivantLe vgtal doit bnficier de conditions de vie acceptables. Cest la longvit de certains arbres qui leur a donn leur valeur patrimoniale, leur droit tre protgs, devenus des monuments naturels, marquant lhistoire locale. Haies varies, champtres ou tailles, arbres aligns, disposs en groupe ou isols, tous mritent dtre considrs comme un potentiel patrimoine ds la plantation. Parce quils sont vivants, il faut accompagner leur dveloppement continu et envisager une gestion adapte. Grer ce patrimoine, cest prendre en considration cette dure, passer outre les modes et les pressions de lphmre, de la dcoration.

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PROTGER Des mesures pour le patrimoine vgtalLe droit de lurbanisme Les mesures de protectionLa Picardie, des paysages diversifis

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LES PLAINES AGRICOLES, VASTES PAYSAGES OUVERTSLes espaces de grandes cultures aussi appels openfields* sont issus de dfrichements trs anciens et plus rcents puisque les derniers, importants en surface, datent de la fin du XIXme dans notre rgion avec notamment le dveloppement de la culture de la betterave sucrire. Plus rcemment, des dfrichements ponctuels se sont poursuivis jusque dans les annes 1970. Les espaces de grandes cultures sont ponctus de bois, bosquets, villages en proportion trs variable selon les secteurs, la dominante agricole et lhistoire qui les caractrisent. On trouve ainsi des plateaux o larbre, quelle que soit sa forme, est assez peu prsent comme dans le Santerre ou le Soissonnais et des plateaux o sa prsence reste assez forte malgr les dfrichements et arasements de haies oprs dans ces secteurs lors de remembrements successifs (cas du Vimeu). Les espaces de grandes cultures sont principalement caractriss par une horizontalit du paysage que lalternance et la succession des cultures animent.BD CARTO//IGN Paris - 2002

Les mouvements du relief souligns par les rideaux.difis avec les premiers dfrichements, les rideaux* ou talus ont permis la mise en culture de pentes d'importance variable et sont devenus des lments paysagers emblmatiques de Picardie dans la mesure o ils hbergent une vgtation arbustive ou arbore qui structure le paysage des vastes plateaux. Les problmes d'rosion dmontrent leur utilit et incitent leur replantation.

Talus ou rideaux

Les grandes plaines (Soissonnais, Valois) ponctues de grandes fermesIl s'agit souvent de fermes importantes, tournes vers la culture cralire, betteravire et lgumire. La structure carre du bti est rarement protge par des plantations. Limpact visuel de l'important volume des nouvelles constructions est souvent accentu par des matriaux de couleur claire. L'utilisation de couleurs plus sombres et la plantation de haies ou de bosquets autour du bti faciliteraient leur insertion paysagre.

Les plaines agricoles (en ocre) dominent le paysage picard

Les espaces ponctus par les bois et bosquetsLa frquente fertilit des sols de Picardie a souvent relgu les bois, bosquets et forts sur les terrains les moins favorables l'agriculture. Gnralement, seuls les grands massifs domaniaux de la couronne parisienne ont chapp aux dfrichements pour des raisons historiques. Plus ces espaces sont dnuds et plus la prsence de l'arbre est sensible : les bois et bosquets sont d'anciennes remises gibier, garennes qui se sont boises naturellement. Ils occupent une place prpondrante dans le fonctionnement hydrologique dun bassin versant.

Bosquets isols en plaine

Lexique- Openfield : terme d'origine anglaise qui voque les paysages de plaine ouverte par opposition aux bocages. - Le rideau : talus cr par la succession des labours raliss dans le mme sens et destin la fois limiter la pente et les phnomnes d'rosion, puis dlimiter les parcelles. Plant naturellement ou artificiellement, il joue aussi un rle paysager capital.

Le rseau routier et ses courbes surlignes par les alignementsLes alignements tmoignent d'une histoire qui remonte Franois Ier o les besoins en bois ncessitaient la plantation d'arbres le long des routes.

Ceux-ci assuraient en outre la dlimitation des voies qu'ils bordaient et leur reprage par mauvaise condition (brouillard...).Les dernires grandes plantations d'alignements ont t ralises aprs guerre avec le recours frquent au peuplier dans les zones dtruites. Aujourdhui, la replantation, possible par endroits, est dpendante des problmes de scurit et de largeur daccotements.Alignement RD 917

Rfrences Gestion de Territoires, Le Cahier Conseil - Chambre Rgionale d'Agriculture 2004.

IDENTIFIER : Vgtaux et identits des territoires4 5

LE VILLAGE BOSQUETLes villages des plateaux et des plaines agricoles se sont souvent organiss en fonction du rseau viaire (routes, chemins et autres voies de circulation routire ou plus rarement maritime) et du relief. L'absence de cours d'eau proche ou de sources a gnr une conomie de l'eau et dvelopp tout un ensemble d'amnagements destins la collecter et en grer la ressource. Les mares, les puits, les citernes, les fosss et noues ont t crs et grs pour que l'eau soit disponible en permanence pour la consommation humaine et pour abreuver les animaux. Paralllement, la frquente exposition des villages aux vents dominants favorisait les structures groupes autour desquelles une ceinture verte protectrice tait implante. Sans contrainte d'implantation, les villages se sont dvelopps le long des axes de communication, et ce ds l'poque romaine. On rencontre donc trs frquemment des structures de villages linaires, en croix et plus rarement en toile, lorsque plusieurs voies se croisent.

Palette vgtale indicative EnjeuCourtil

Les courtils, transition entre bti et chemin de tour de villeExtension rurale de chaque maison ou de chaque ferme, le courtil* abritait la basse-cour, le potager puis le verger o pturaient moutons, cochons et vaches. La concentration de l'conomie agricole et l'important exode des populations rurales, aprs la seconde guerre mondiale, ont considrablement rduit cette microactivit rurale proche de l'autarcie. Les vergers ont dclin et les prairies ont parfois t retournes pour tre mises en cultures ou encore divises pour des constructions pavillonnaires. L'homognit de l'ensemble de cette ceinture verte tend tre affecte.

Des espces souvent frugales Sur le plateau, les arbres sont dpendants de la pluviomtrie sauf si le sol est profond. - Arbres de grande taille Chne sessile (Quercus petraea), Chtaignier*(Castanea sativa), Frne (Fraxinus excelsior), rable plane et sycomore (Acer platanoides et pseudoplatanus), Htre (Fagus sylvatica), Tilleul petites feuilles (Tilia cordata), Peuplier tremble (Populus tremula), - Arbres de seconde grandeur Houx (Ilex aquifolium), Charme (Carpinus betulus), Pommiers et Poiriers fruits ou fleurs, rable champtre (Acer campestre), Noyer commun (Juglans regia), Cerisier de Sainte Lucie (Prunus mahaleb) sur sols calcaires secs ; - Arbustes Cornouiller sanguin (Cornus sanguinea), Cornouiller mle (Cornus mas), Prunellier (Prunus spinosa), Fusain d'europe, (Euonymus europaeus), Noisetier commun (Corylus avelana), Trone vulgaire (Ligustrum vulgare), Viorne lantane (Viburnum lantana) * Sous rserve dtre plant sur les sols o le calcaire actif est absent.

Lexique

Le tour de ville, ceinture verte protectriceChemin priphrique, le tour de ville fut cr pour assurer la circulation du btail d'une prairie l'autre. Le rseau de haies entoure le chemin, dlimite les proprits et assure ainsi une protection aux animaux contre les vents froids et l'humidit, incidemment aussi celle du village.

Russir la greffe urbaine : Les extensions de village doivent prendre en compte les lments paysagers Enjeu (courtils, mares, calvaires...) existants Russir la greffe lors de nouvelles et les poursuivre constructions et lotissements pour Les extensions despaysagre de ces favoriser l'insertion villages doivent prendre en compte les lments payderniers. sagers existants dcrits (courtils, mares, calvaires...) et les tendre au niveau des nouvelles constructions et lotissements pour favoriser l'insertion paysagre de ces derniers. - Animisme : attitude consistant attribuer aux choses une me analogue l'me humaine. - Courtil : dsigne l'origine un jardin. L'arrire des maisons tait entour de courtils plants de vergers ceinturs par un tour de ville. Cet ensemble trs plant donnait au village une silhouette de bosquet duquel mergeait parfois le clocher de l'glise. - Mail : vient du mot maillet, jeu proche du croquet. Par extension, le mail dsigne un espace, souvent une place o l'on joue ou jouait la balle au poing, balle la main, balle au tamis et longue paume. Cela peut aussi tre une rue, une avenue. Cet espace est dlimit d'alignements d'arbres parfois taills et palisss qui sont, en Picardie, souvent des tilleuls.

Les mares, lments utilitaires devenus identitaires du bourgAbreuvoirs, collecte des eaux pluviales, rserve d'eau en cas d'incendie, les mares jouaient un rle prpondrant dans l'conomie en eau du village : on trouvait au moins une ou plusieurs mares publiques dans chaque village de plateau en plus des mares prives. L'adduction d'eau a provoqu leur abandon ou leur comblement. Toutefois, le rle paysager, esthtique et environnemental (gestion locale des eaux pluviales, milieu refuge pour des espces aqua-

Les calvaires, tmoignages de l'hritage chrtienHistoriquement, ils symbolisent l'association entre les croyances animistes* et l'vanglisation et associent donc des arbres une croix. ce titre, ils deviennent un lment paysager remarquable qui ponctue les plaines. Le tilleul est souvent plant par ensemble de trois arbres, symbole religieux de la Trinit. Par sa position, il marque parfois les limites anciennes du bourg.

Chemin encadr de haies

RfrencesCalvaire typique et ses tilleuls

Dans les villages rass aprs la premire guerre mondiale, le tour de ville a souvent disparu. Ailleurs, il subsiste souvent de faon partielle, amput par les remembrements et la concentration de l'levage ou encore, englob dans les extensions du bourg.

Bassin dornement

tiques en voie de disparition) n'est plus dmontrer et doit donc tre dvelopp ou rhabilit.

De nombreux calvaires et les arbres qui les accompagnent mritent d'tre entretenus et valoriss.

Les mares dans le dpartement de la Somme - Regards et conseils pour leur valorisation - C.A.U.E. de la Somme 1996. Les croix et les calvaires, Restaurer et mettre en valeur, Fiche d'information - C.A.U.E. de la Somme 2003.

IDENTIFIER : Vgtaux et identits des territoires6 7

LES VALLES, DES PAYSAGES TAGSLes paysages de valles contrastent nettement avec ceux des plaines agricoles. Les valles peuvent tre humides ou sches. Les grandes valles (Aisne, Authie, Bresle, Marne, Somme, Oise,) sont caractristiques du premier cas. Elles ont t amnages et exploites depuis des millnaires : la chasse, la pche, la populiculture, lactivit conomique ou lextraction de matriaux (tourbe comme combustible, graviers) ont parfois influenc leur aspect actuel. Axes majeurs et anciens de communication (canaux, voies ferres...), elles ont permis limplantation dimportantes agglomrations urbaines. Les valles sches constituent un rseau ramifi et reli aux valles humides, plus profondes. Elles entaillent les vastes plaines agricoles et sont parfois encaisses ou troites. La vgtation amplifie ce relief, les fonds boiss, riches ou humides se distinguent des versants, quils soient doux (cultiv ou bois) ou plus raide (sec o la craie mise nu est couverte de vgtation rase).

Les parcs et jardins, tmoins et repres de lhistoireRepres gographiques, ils sont lis un chteau construit sur les versants doux dune valle pour bnficier du panorama, aux abords ou au centre dun village de coteau ou de valle. Par leur composition ou leur taille, les jardins offrent le tmoignage de lhistoire de lart au niveau local et dont leau est une composante essentielle. Entretenus, dnaturs de leur aspect initial ou en friche, leur devenir est li lintrt port aux btiments dont ils sont les extensions dapparat.

EnjeuUn tagement limage des milieux naturels Le relief est dterminant pour la composition des paysages de valle, les essences darbres et darbustes contribuant rvler cet tat. La disponibilit en eau dans le sol en fonction du relief induit des variations des milieux naturels : les essences forment un tagement le long de la pente. Ainsi, les essences de milieux humides telles que laulne ou les diffrents saules, rvlatrices des espaces gorgs deau, laissent la place au fil de la pente dautres espces sensibles cet tat : chnes, charmes, rables ou cornouillers occupent les pentes douces. Ces diffrents ensembles dessences vgtales forment la physionomie tage parfois peu visible mais importante pour tout projet de plantation.

Les parcs et jardins sont souvent situs le long des cours deau

Les alignements et la ripisylve, rvlateurs des voies deauLes valles ont constitu depuis des millnaires les axes de circulation privilgis. Parfois difficilement navigables, la cration de canaux s'est dveloppe, accompagne de plantations en alignement le long des chemins de halage (maintien des berges, ombrage du chemin de halage et limitation de lvaporation). L'Orme champtre, le Tilleul d'Europe ou le Tremble composaient ces alignements, parfois remplacs par des rables, des peupliers ou le Platane hybride. La ripisylve forme aussi de longues et larges bandes arbores parfois denses et difficilement pntrables le long des cours deau. Le renouvellement des plantations le long des canaux conditionne la prservation de ces grandes lignes dans le paysage de fond de valle.

BD CARTO//IGN Paris - 2002

Les valles sches ou humides entaillent les plaines.

Les larris sont des milieux qui prsentent une diversit florale rare.

Les larris, un milieu naturel particulier en PicardieSur les versants abrupts, en trait dunion entre la valle et le plateau, l o la craie du sous-sol affleure parfois, se dveloppent des pelouses rases et sches, appeles larris en Picardie. Ils constituent des biotopes* particuliers et accueillent une flore et une faune rares : des orchides et le genvrier en sont les espces emblmatiques. Souvent protgs, ils forment un patrimoine naturel et paysager fragile.

Dans les villages de valles, la vgtation maintient le talus

LexiqueAffluent : cours deau (rivire, ruisseau) qui se jette dans un autre. Biotope : ensemble dlments caractrisant un milieu physico-chimique dtermin et uniforme qui hberge une flore et une faune spcifiques. Palplanche : ensemble de poutrelles qui sembotent pour former une cloison, un mur destin maintenir et protger les berges. Ripisylve : boisements naturels situs le long des cours deau, dans les milieux humides.

Les talus plants, espaces essentielsLimplantation des villages, des routes et de tous les types de construction sur les versants ont occasionn la cration de talus. Quils soient hauts de moins dun mtre ou dune

dizaine, la ncessit de stabiliser le terrain en fait des lments incontournables du paysage (talus dinfrastructures), jusquau cur des villages. Souvent couverts dune pelouse, parfois de petits boisements (naturels ou plants), les talus font partie de lidentit de ces territoires.

Lentretien et la ralisation de plantations avec des essences locales seront toujours plus adapts que des solutions sophistiques et coteuses : murs de soutnement en bacs bton, en palplanches*, etc.

Dans le fond de valle, entre marais et gravires, une vgtation envahissante.Si l'eau et la vgtation dominent, la part du travail de lhomme et de la nature est aujourdhui difficile sparer. Autrefois, les fonds de valles taient structurs par des prairies, des marais envahis de roseaux ou des tangs.

Aux abords des zones urbaines, c'est le marachage (hortillonnages) et les cressonnires (cultures du cresson) qui occupaient l'espace. La densification de la ripisylve* et la disparition du marachage, faute dentretien, et les plantations de peupleraies (pour la production de bois) ont contribu la fermeture des paysages des valles. C'est le dveloppement de nouveaux usages (notamment les loisirs) qui permettra leur reconqute et leur entretien.

Rfrences Milieux humides et populiculture en Picardie, C.R.P.F. Nord Pas de Calais Picardie, 2005 Les hortillonnages, conseil d'entretien et de sauvegarde, Association pour la protection et la sauvegarde du site et de l'environnement des hortillonnages, 2003

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LES VILLAGES : ENTRE LINARIT ET TAGEMENTL implantation et la morphologie des villages sont fortement contraintes par le relief et par leau. Aussi selon le profil de la valle, les villages se sont dvelopps soit sur un versant ou la convergence de plusieurs vallons affluents, soit au plus prs de leau. Nanmoins, dans tous les cas, les centres anciens sont toujours tablis hors de la zone inondable. Seules les activits directement lies leau telles que les moulins, scieries ou piscicultures sont au contact direct de leau. Lamnagement ncessaire de la pente se fait au moyen de talus, de murs et de soutnements importants dans la physionomie du village. Dans la masse groupe de maisons, fermes et granges, les points forts comme lglise, la mairie ou la place sinscrivent le plus souvent sur les points hauts. Aujourdhui, les villages offrent de plus en plus de grands contrastes entre les curs anciens denses et les quartiers de pavillons ou dhabitats lgers (caravanes, mobilhomes...) parfois implants dans les zones inondables ou montant lassaut des plateaux.

Les talus de dnivel variable sont souvent vgtaliss

Les talus dans les rues, lments identitairesLes rues et les places sont parfois fortement marques par le relief : le traitement de la pente ncessite la cration de talus. Selon lespace disponible, les talus sont avant tout des lments techniques qui assurent le maintien du sol et dont laspect esthtique en constitue lattrait : surfaces enherbes et parfois masses darbus-

Les talus plants, composante de l'ambiance villageoise.adapter. La faon damnager le seuil ou la clture fermant la proprit est donc primordiale. La qualit des ouvrages, quils soient murets, murs, emmarchements, par le soin apport leur ralisation et leur aspect (brique jointe, enduit, bois, pierre calcaire), est essentielle lidentit du village. Lentretien de plantations le cas chant en pied de faade ou sous forme de clture doit tre lchelle de la rue.Le relief amplifie l'impact des constructions et des plantations formant le seuil de la proprit.

tes en particulier pour les entres de village. Ces espaces font partie intgrante de lidentit du village. Les talus, plants ou simplement engazonns, marquent le lien avec le paysage environnant. Leur entretien est souvent simple (tonte ou taille) mais ncessaire. Le charme du village rside dans la qualit, lentretien et la sauvegarde des talus, lments techniques et paysagers.

Palette vgtale IndicativeEssences favorables au maintien des sols : * : essences rserver aux fonds de valles. # : essences adaptes aux sols plus secs, sur les versants. Arbres pour la plantation en isol, alignement ou groupe : #rable champtre (Acer campestre),*Aulne glutineux (Alnus glutinosa), *Frne commun (Fraxinus excelsior), *Chne pdoncul (Quercus robur), Charme (Carpinus betulus), rable sycomore (Acer pseudoplatanus), rable plane (Acer platanoides), Orme rsitant (Ulmus x resista), *Peuplier tremble (Populus tremula), *Saule blanc (Salix alba), #Alisier torminal (Sorbus torminalis), Tilleul dEurope (Tilia x vulgaris). Arbustes de base pour haies : Bourdaine (Frangula alnus), #Cornouiller mle (Cornus mas), Cornouiller sanguin (Cornus sanguinea), Fusain dEurope (Euonymus europaeus), #Nerprun purgatif (Rhamnus catharticus), Noisetier (Corylus avellana), Prunellier (Prunus spinosa), *Saule cendr (Salix cinerea), *Saule Marsault (Salix caprea), *Saule fragile (Salix fragilis), Trone commun (Ligustrum vulgare), Viorne obier (Viburnum opulus).

EnjeuIntgrer harmonieusement les extensions urbaines Lextension rcente des villages, sous forme de pavillons ou de lotissements, entrane de profonds changements. Raliss dans des espaces inondables ou sur les hauts de versants voire au bord du plateau, limpact paysager est important en particulier sur les hauteurs. Les terrassements ncessaires la construction amplifient limpact paysager : talus raides, motte, arasement des talus et versants. Il faut privilgier la ralisation de profils de pentes raisonnables adaptes aux plantations. Grce aux masses arbustives ainsi cres, lintgration des nouveaux btis sera plus naturelle que la ralisation de murets ou de soutnement surmonts de cltures.

Les talus de dnivel variable sont souvent vgtaliss et caractrisent lespace public.

Le cur des villages anciens est compos de maisons, corps de fermes et granges sorganisant sous forme dun continuum bti le long des rues. La pente souligne le volume des btiments et les amnagements quil a t ncessaire de raliser pour sy

Rfrences Milieux humides et populiculture en Picardie - C.R.P.F. Nord Pas de Calais - Picardie 2001

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LES ESPACES FORESTIERS, ENTRE OUVERTURE ET FERMETURE DU PAYSAGESouvent vue comme une terre fertile et de grandes cultures, la Picardie dispose d'un patrimoine forestier non ngligeable dont les massifs les plus consquents sont essentiellement regroups autour de la valle de lOise et ses affluents (Aisne, Ailette, Nonette). Ils constituent un ensemble forestier de dimension nationale : Forts de Chantilly, dHalatte et dErmenonville, Forts de Compigne et de Laigue, Forts de Saint-Gobain et de Coucy-Basse, Fort de Retzen continuit avec les rgions voisines, Ile de France et Champagne Ardennes. Un continuum forestier important (bois, forts, bosquets) relie entre eux les diffrents massifs : Bois du Roi dans le Valois entre les forts dErmenonville et de Retz, le Clermontois ou encore les collines du Laonnois depuis les forts de Saint-Gobain et Coucy-Basse celle de Vauclair. Seule la fort de Crcyen-Ponthieu, unique massif forestier domanial de la Somme, est isole de lensemble forestier picard.

Les forts, des paysages fermsPar leur effet de masse et de densit, les forts crent des paysages ferms et cloisonns. Les forts domaniales : Halatte, Laigue, Retz, Saint-Gobain), vastes domaines seigneuriaux et royaux initialement destins lexercice de la chasse sont devenues des forts publiques gres par lONF (Office National des Forts) o sylviculture et chasse cohabitent avec les activits de loisirs et de dtente. Cultives par leurs propritaires, les forts prives occupent une place importante par leur superficie bien quelles puissent tre parfois trs parses Les forts qui ont subsist aux dfrichements massifs taient souvent situes sur des sols pauvres, difficilement aptes la cul-

BD CARTO//IGN Paris - 2002

ture mais ncessaires aux besoins domestiques (bois de chauffage, cueillette, gibier). Elles sont devenues le refuge d'une faune chasse des plaines cultives : le cas du cerf est significatif de cette volution. Dans certains secteurs, la forte frquentation de public et l'augmentation du gibier (cerfs, sangliers, chevreuils) fragilisent l'quilibre forestier. Aprs une stabilisation et malgr le dveloppement des espaces btis et agricoles, les espaces forestiers se dveloppent dans les valles et les coteaux peu adapts pour lagriculture actuelle. Par leur masse, ces nouveaux espaces forestiers ferment le paysage et les vues.

Les variations localesLes variations locales des grands types de boisement rsultent de la nature des sols, du climat et de l'influence humaine puisque ces forts sont gres depuis longtemps. Fort de Chantilly : futaie* peu importante : plus pauvre en grands arbres cause des sols sablonneux mais densit vgtative plus importante du sous-bois. Fort dErmenonville : constitue dimportantes surfaces de rsineux*(pins sylvestres), suite la replantation sur sols sablonneux. Fort de Saint-Michel : importance de la varit des essences : chnes, Merisier, rables, Htre commun, due la diversit des influences climatiques et des sols qui lui confrent un degr dhumidit propice au dveloppement parfois exubrant de la vgtation et la constitution dcosystmes caractristiques des zones montagnardes des Ardennes voisines.

Le continuum forestier (en vert plus clair) relie les espaces forestiers entre eux.

Le continuum forestier, lien entre les espaces forestiersCest une zone mixte qui mle, dans des proportions diffrentes selon les secteurs : forts, bois, bosquets, activits agricoles et les espaces btis. Il y a donc une forte interpntration entre les espaces forestiers (ferms), les espaces urbaniss et les espaces cultivs (ouverts). Dans le continuum, les lments arbors prdominent et organisent perceptions et perspectives sur le milieu environnant.Fort dHalatte

LexiqueLa futaie : de faon simplifie, ensemble d'arbres de mme ge issus de semis ou de plantation. La lisire : limite entre deux formations vgtales. Les feuillus (ou angiospermes) : ils rassemblent les espces dont les graines sont enfermes dans des fruits. Majoritaires, ils comprennent de nombreuses familles dont les feuilles sont caduques, cest--dire tombent lautomne.

Perspectives et ouvertures cres par lhommePar lHistoire et les amnagements humains, des ouvertures visuelles et des perspectives ont t cres et peuvent tre importantes : perspectives de chteaux, alles royales et de chasse, carrefours, voiries automobiles (dpartementales et nationales) essentiellement en ligne droite, par exemple : alle royale VillersCotterts, Les Beaux Monts et alles de vnerie en fort de Compigne En prolongement des espaces forestiers et dans le continuum forestier, les voiries sont souvent accompagnes par des alignements darbres. L'largissement et les dviations des voies dstructurent ces espaces et remettent en cause les perspectives et les alignements d'arbres.

Lisire de fort,transition avec les autres milieuxAutrefois, il existait une transition progressive entre les espaces btis et forestiers, transition essentiellement constitue de vergers, de ptures, de haies et de champs. Voue la

Continuum forestier entre les forts de Coucy Basse et de Saint Gobain

Lisire de fort

cueillette, cette mosaque de milieux avait aussi un rle dans la rsorption des eaux de pluie et de ruissellement. Les lisires rgressent souvent, confrontant directement et de faon plus brutale la fort aux autres espaces (openfields et zones bties).

Les rsineux, conifres (ou gymospermes) : ils regroupent les espces graines nues. Les pinaces (sapins, pins, picas, mlzes, cdres) et les cupressaces (thuya, cyprs) sont les 2 familles qui regroupent lessentiel des rsineux plants en Picardie. Le taillis : ensemble d'arbres ou d'arbustes situs sous la futaie ; ou ensemble d'arbres et d'arbustes coups rotation assez courte.

IDENTIFIER : Vgtaux et identits des territoires12

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LES VILLAGES : ESPACES BTIS AU SEIN DES MILIEUX FORESTIERSAvec la prdominance de l'espace bois, les silhouettes du bti mergent parfois de lcrin vgtal. Les espaces btis, imprgns par lespace vgtal, sont souvent semi-cachs et leur prsence est marque par un ou plusieurs difices (glise, chteau), ou par une ouverture visuelle (alle, route). L'implantation gographique du bti par rapport aux espaces forestiers diffre d'un village l'autre, ce qui influe sur lorganisation des structures vgtales.

Le bti, enfoui en fort, dans les clairiresLa silhouette des bourgs n'apparat qu'une fois franchie l'entre de la clairire ; elle reste donc peu visible. Les espaces publics sont domins par un bti minral, agrment d'un mail dun ou deux alignements d'arbres sur la place principale. Le bti est souvent encadr par des prairies, des vergers, des jardins et potagers arbors complts par des champs qui assurent ou assuraient la transition avec l'espace forestier. Ces espaces de transition sont aujourd'hui convoits et remplacs par les extensions urbaines, essentiellement pavillonnaires, dont le dveloppement varie selon les dimensions de la clairire et des espaces libres.

EnjeuS'insrer dans l'crin forestier Le dveloppement et limpact des lotissements et autres extensions urbaines dpendent de la situation de la commune dans la fort. La plupart ne prennent pas en compte laspect gnral du bti et linsertion dans le milieu naturel (vgtation existante, type de vgtation, relief). La prsence de la vgtation est plus marque visuellement dans la priphrie que dans les parties anciennes des villes. Mais elle y est aussi plus pauvre qualitativement avec la prsence dessences non locales et banalises (thuyas, cyprs, lauriers). Le choix de vgtaux se rapprochant plus des essences forestires permet de restituer la transition entre les diffrents milieux (haies, bosquets, arbres fruitiers) et la continuit avec lexistant. Cela participe la diversit et la qualit du milieu forestier.

Au cur des espaces btis, des jardins arbors

Espace forestier

Bosquets, jardin arbor, vergers

Haie arbustive

Rue

Le Clermontois

La lisire, dcor l'arrire-plan des villagesLa visibilit du bti varie selon son implantation en lisire. Sa prsence et sa silhouette sont gnralement marques par un lment bti de la commune : une glise, un chteau, un chteau d'eau

Palette vgtale IndicativeLes essences dites de lumire sont identiques celles des espaces agricoles (page 7). Celles qui supportent des conditions de relatif ombrage sont : Arbres de grande taille : Htre commun (Fagus sylvatica), rable sycomore (Acer pseudoplatanus), Tilleul petites feuilles (Tilia cordata) et grandes feuilles (Tilia platyphyllos) Arbres de seconde grandeur : Charme commun (Carpinus betulus), rable champtre (Acer campestris) Arbustes : Houx commun (Ilex aquifolium), Noisetier commun (Corylus avelana), Nflier (Mespilus germanica), Cornouiller mle (Cornus mas), Cornouiller sanguin (Cornus sanguinea), Trone vulgaire (Ligustrum vulgare), Cassis (Ribes nigrum) et Groseillier commun (Ribes rubrum). Espces tapissantes : Lierre (Hedera helix) Dans le continuum, espces fruitires : pommiers, poiriers, pruniers, noyers en varits.

Depuis la rue, le caractre minral du bti prdomine, compos essentiellement de longres*, de granges, ou de cltures riges dans les mmes matriaux que la btisse (maisons bourgeoises, maisons ouvrires). Dans les parcelles, les jardins sont masqus par des murs ou larrire de la btisse principale. Ils se composent gnralement dun espace potager et dun autre arbor avec des essences fruitires. Le terrain ou le jardin peuvent tre aussi entours de haies arbustives dune seule essence, ou mixtes composes dessences locales qui se rapprochent essentiellement des essences darbres des forts. Le choix dessences forestires facilite linsertion de nouveaux pavillons.

Village de clairire en fort de Retz

Village de lisire en fort dHalatte

C'est un espace de transition entre fort et espaces agricoles forms de ptures et de vergers, compos de haies arbustives et de bosquets. Les extensions urbaines constituent donc une zone sensible et de conflit. Les entres sont souvent matrialises et soulignes par des plantations telles que des alignements d'arbres. La lisire est un milieu riche et diversifi, quil convient de prserver.

Des espaces publics rduitsLes espaces publics (la place de la mairie ou de lglise) ont souvent un traitement vgtal simple, mais de grande qualit (mail* ou arbre isol) et compos darbres grand dvelop-

pement, au port taill ou libre. D'autres espaces publics (une placette, un cheminement piton), ponctuent et structurent le village sans tre vritablement mis en valeur comme ils ltaient autrefois avec un arbre isol, un alignement. Quelques espaces caractristiques existent aussi comme les jeux darc dont les pas de tir et les alles taient

encadrs par des haies et des alignements darbres. Il est important de conserver le caractre simple et paysager de ces espaces en s'inspirant de la nature et en jouant sur des effets de masse : bosquets, haies, gramines faciles entretenir et souvent peu onreux.

Rfrences Comment grer mon bois, C.R.P.F. Nord Pas de Calais Picardie, 2001 Gestion forestire et diversit biologique, ENGREF, ONF, d. IDF, 2000

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LES BOCAGES, UN PAYSAGE MAILLLorigine du bocage est trs ancienne. Des documents datant du XVme et XVIme sicle rvlent que les haies servaient dj de limites aux domaines seigneuriaux et monastiques. Durant tout le Moyen ge, les hommes ont entrepris de dfricher les forts pour sinstaller sur ces terres mises nu et pratiquer de llevage. Aujourdhui, le maillage des haies, prsent en Thirache et dans le Pays de Bray, est le reflet de cet hritage. Les zones de bocage reposent sur un relief vallonn, ponctu de massifs forestiers de toutes tailles, qui offrent des paysages plus ou moins ferms et un effet de mosaque.BD CARTO//IGN - Paris - 2002

Des prairies omniprsentesLa structure parcellaire est induite par le mode doccupation du sol. Ainsi, la prdominance de lactivit dlevage explique-t-elle lomniprsence des prairies dcoupes par les haies de clture. Entretenu jusqu maintenant par les agriculteurs, le bocage rpond une fonctionnalit de lespace, qui malgr lvolution des besoins actuels (intensification des levages, quotas laitiers), a encore une utilit avre.

Aquarelle extraite de linventaire des Paysages de lAisne, CAUE 02

Les rles de la haieSelon son implantation, sa structure et les essences qui la composent, la haie joue un rle bien dfini : Leffet brise-vent Cest lun des rles majeurs de la haie. Lefficacit de ce dispositif dpend la fois du degr de porosit (suivant lessence) de la haie, mais aussi de sa hauteur. La zone protge peut atteindre 20 fois la hauteur de la haie. Un abri pour la faune Les haies exercent un rle capital pour la faune et tout particulirement vis--vis de lavifaune : la haie fournit la fois un abri pour la nidification et une source de nourriture (insectes, graines). Une corrlation a t tablie entre les essences qui composent la haie et la diversit des espces observes. Un rle conomique Jadis, la haie faisait partie de la microconomie agricole (bois pour les btiments, le mobilier, pour se chauffer). Aujourdhui, mme si lutilisation du bois est moindre, la haie permet des conomies deau et dirrigation car leffet brise-vent limite lvapotranspiration des plantes cultives.

La Thirache et le Pays de Bray constituent les deux grandes zones bocagres de Picardie

Un paysage en voie de simplification : entre boisement et disparition des haiesDans la boutonnire du Pays de Bray, les coteaux abrupts se reboisent progressivement (htre et chne), fermant les vues et brouillant les perspectives sur le fond de valle. Dans la Thirache bocagre et la Picardie verte, les phnomnes darrachage des haies et des vergers, le labour des prairies tendent au contraire ouvrir le paysage. Le bocage vieillit, certaines haies se dgarnissent ou disparaissent. Lagrandissement des parcelles, un entretien inadapt et coteux sont les principaux facteurs de cette rgression. En limite des zones de bocage, le maillage de haies se fait de plus en plus lche et discontinu, pour progressivement cder la place lopenfield des grandes cultures. Le bocage subit aussi la pression foncire, le vieillissement des vergers, la plantation de peupleraies dans les fonds de valle Cette volution entame peu peu lidentit du bocage. Prserver et entretenir le bocage suppose de matriser son volution sans le figer pour autant.

Les haies, lments identitaires du bocageLe bocage est caractris par le rseau de haies qui borde les parcelles, les routes et les chemins. Dans le paysage de bocage, le maillage des haies joue un rle structurant. En voluant dans ce paysage, on a le sentiment dune organisation rigoureuse. La disposition des haies, ainsi que leurs modes dentretien (taille annuelle ou pluriannuelle) crent un maillage plus ou moins dense. Il existe plusieurs types de haies : basses, hautes, mixtes qui nont pas toutes la mme utilit en fonction de leur implantation et des essences qui les composent. Le manque d'entretien de certaines haies tend en estomper les diffrentes structures et leur organisation. Les perspectives de dbouchs en bois pour la production dnergie pourraient cependant dynamiser leur entretien.

Bocage de Haute Thirache

Un bocage ponctu de vergersAssocis la trame de haies, les arbres fruitiers, en vergers ou isols, font partie de ces caractres forts qui marquent le bocage, en particulier en Thirache. Ils ponctuent les herbages entre les haies en priphrie des fermes et des villages et ils assurent la transition avec lespace bti. En forte rgression partir des annes 60, des initiatives rcentes tendent relancer lactivit cidricole. Lintrt des haies pour lagriculture et llevage est reconnu (effet brisevent, drainant, anti-rosif, abri pour le btail). Le bocage constitue aussi limage de marque du terroir, pour valoriser les productions agricoles locales et plus largement, pour dvelopper le tourisme et dynamiser lconomie locale.

Rfrences Gestions de territoire, Chambre Rgionale dAgriculture de Picardie, 2004. Les haies en Picardie, CRPF Nord Pas de Calais-Picardie, 2005. Schma de recomposition du bocage de la Thirache de lAisne, Communaut de Communes de la rgion de Guise

Paysage modul par les haies et les boisements

IDENTIFIER : Vgtaux et identits des territoires16

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LES VILLAGES : INSRS DANS UN CRIN DE VERDUREPalette vgtale IndicativeLa Thirache bocagre est une zone qui se dpeuple progressivement et son bocage tend disparatre au sud de la rgion au profit des grandes cultures. linverse, le pays de Bray et la valle de la Bresle accueillent de plus en plus de nouveaux habitants, en raison notamment de la proximit de Beauvais. Cela se traduit par un recul du bocage, principalement le long des grands axes. Ainsi, lurbanisation, tout comme lvolution des pratiques agricoles, vont-elles tre des facteurs de mutations rapides des zones bocagres de Picardie.

Haies et pratiques agricoles actuellesLadaptation des exploitations agricoles aux besoins et aux techniques actuelles ncessite des surfaces de terrain plus importantes, occasionnant une nouvelle dcoupe du parcel-

Une harmonie entre bti et vgtationLe bocage se caractrise par un bti dispers. Les villages sont implants le long des voies de circulation tandis que de nombreux hameaux et exploitations agricoles sont dissmins dans la trame bocagre, en fond de valle ou dans les talwegs. Proportionnellement, le bti est peu prsent dans le paysage. Marqu par une vgtation dense, il se lit par fragments au gr des transparences. des haies.

Ces apparitions ponctuelles sont autant de points de repre qui captent le regard. Les combinaisons varies entre le vgtal et le bti crent un paysage harmonieux lchelle humaine. Les nouvelles implantations du bti reproduisent les plantations banales de lotissement et importent des structures de haies (thuya, cyprs) sans rapport avec la vgtation locale.

laire. Ce changement doccupation du sol (de la prairie au champ cultiv), s'accompagne d'un arrachage de haies, ce qui modifie radicalement la perception du paysage : le paysage cloisonn devient rapidement un paysage ouvert. En Picardie, des exemples rcents montrent quil est possible de reconstituer une trame vgtale en ceinture de ces parcelles, alliant conomie, cologie, modernit et respect de lidentit du bocage.

La haie de conifres occulte la vue sur la maison et altre la composition de la rue

Une ceinture vgtale autour du btiAutour des villages, les vergers, bosquets, haies, constituent une ceinture vgtale plus ou moins opaque selon les saisons, filtrant les vues sur les maisons ou les corps de ferme. Lglise et son clocher mergent souvent de lalignement linaire des toits et constituent un point de repre pour localiser le bourg. La disparition progressive de cette ceinture vgtale est dommageable pour des raisons cologiques (protection faune, diversit floristique, protection des vents, facteur limitatif des coules de boue) mais aussi esthtique. La haie permet, bien souvent, dintgrer les constructions rcentes au tissu urbain ancien.

Dans le bocage, la perception de lespace urbain se rsume souvent la traverse des villages-rues

EnjeuLa vgtation filtre le regard et permet de diminuer limpact de constructions disgracieuses

Limportance des haies de cltures dans les villagesLa traverse des villages-rues semble souvent longue : les maisons et btiments dexploitation agricole sgrnent le long de la chausse constituant un tissu urbain peu dense. Les haies tailles ou les murs de clture

en briques sont un fil reliant les habitations les unes aux autres. Les accotements sont troits et enherbs. Lespace privatif entre les constructions et lespace public est de petite dimension, voire inexistant. Ici, plus quailleurs, lintroduction de la haie de conifres (monotone, ennuyeuse et fragile), est une atteinte lidentit du pays.Les haies constituent un fil conducteur du rseau de routes, de chemins et de sentiers.

Intgration des nouveaux btiments agricoles La mise aux normes des btiments dlevage implique parfois leur dplacement lextrieur de lagglomration afin de rpondre aux distances d'implantation rglementaires. Au respect des caractristiques architecturales locales, sajoute trs souvent la ncessit de procder de nouvelles plantations pour russir lintgration paysagre de ces nouvelles constructions. La plantation de haies champtres laide de plantes locales est la rponse idale.

En fonction des types de haies Le tissu vgtal du bocage picard relve de quatre typologies : La haie basse : Hauteur de 1,5 m selon la taille sur 3 faces, le plessage* renforce l'effet clture. Elle occupe gnralement les bords de route. Certains arbres et arbustes supportent la taille rgulire, parmi lesquels : Aubpine pineuse (Crataegus monogyna et laevigata), Prunellier (Prunus spinosa), et aussi Charme (Carpinus betulus), Houx (Ilex aquifolium), Chne rouvre (Quercus petraea), Trone vulgaire (Ligustrum vulgare). La haie mixte : Compose dun alignement rgulier de grands arbres (ttards ou non) liaisonns par une haie basse (taille ou non), elle se positionne le plus souvent perpendiculairement la voie. La haie moyenne : Elle tmoigne de labandon de lentretien de la haie basse ou de la recherche de production de bois de chauffage. On trouve, en plus des espces de la haie basse : Cornouiller mle et sanguin (Cornus mas et sanguinea), Fusain d'Europe (Euonymus europaeus), Viorne lantane et obier (Viburnum lantane et opulus), Noisetier (Corylus avelana), Sureau noir (Sambucus nigra) et rable champtre (Acer campestre). Les arbres ttards : Ils rsultent dun ttage rgulier (7 10 ans) de la ramure. Charme (Carpinus betulus), Frne (Fraxinus excelsior), Saule (Salix alba) et plus rarement Chne sessile ou pdoncul (Quercus petraea et Quercus robur).

lexiqueArbre ttard : arbre taill de manire former une touffe au sommet du tronc. Haie : alignement continu de plantes ligneuses initialement destines clore une parcelle. Plessage : croisement des branches des plantes la manire dun tressage afin de rendre la haie infranchissable.

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LE LITTORAL, UNIVERS SINGULIER CONQUIS SUR LA MERLieu dimbrication entre les terres et la mer, le littoral picard a la particularit de rassembler sur quelques dizaines de kilomtres une grande diversit de formes de cte : falaises, plages de sable ou de galets, dunes, basses plaines, estuaires sous forme de baies : Baies de Somme et dAuthie. Cette diversit gographique cre des paysages varis et fortement imbriqus : dunes plantes en partie de pins ; plaines plus ou moins humides appeles Bas-champs ; marais ou zones humides avec des roselires ; baies ouvrant de larges panoramas sur la mer et peu peu colonises par les mollires*. Leau est omniprsente dans ces paysages. Les contrastes sont nanmoins saisissants et alternent entre une grande ouverture visuelle ponctue lhorizon par les lignes boises autour de fermes ou de villages et des prairies fermes aux vues cadres entre les haies.BD CARTO//IGN Paris - 2002

Les marais, de riches espaces ouvertsLes zones humides des marais stendent entre les foraines* de galets et la falaise morte* et sont alimentes par leau descendant des plateaux. Ce sont de vastes espaces ouverts parcourus par un rseau de canaux et de mares huttes. Dapparence sauvage, les marais sont en fait des espaces extrmement entretenus dont le devenir est li lvolution des pratiques (chasse, pturage des chevaux...).

EnjeuSadapter aux conditions climatiques

Les fermes isoles sont souvent protges par une haie brise-vent.

Autour des villages, des plantations variesLes plantations, dans et autour des villages se rencontrent principalement sous deux formes : les reliquats danciens vergers (pommiers) et les jardins. Les plantations des jardins forment lcrin du village et sa protection contre les violences climatiques. Le maintien de lidentit des villages dpendra du traitement des limites des jardins et du choix des vgtaux.

Le littoral picard se dveloppe au-del du trait de cte.

Les haies de renclture*, identits des paysages de bas-champslment majeur de composition du paysage, elles sont souvent lies au systme de drainage : fosss et canaux. Composes daubpines, de Prunellier, d'Orme champtre (dcims par la graphiose*), de Frne, de Trone ou de diverses varits de saules (blanc, des vanniers, cendr), les haies de renclture alternent avec les alignements de saules traditionnellement entretenus en ttard*. Le maintien dune activit agricole soucieuse de leur intrt assurera la prennit des digues et talus ncessaires au drainage de leau et au refuge pour la faune et la flore.

Les boisements de production, des masses artificielles imposantesBoisements aux formes trs gomtriques, ils sont le plus souvent constitus de peupliers. Implants alatoirement la place de prairies ou de champs, ils ferment par leur masse compacte le paysage et les vues en particulier la belle saison. La suppression ou le dveloppement de ces boisements vocation conomique aura un impact fort sur le paysage.

lments importants de lidentit de ces paysages, les essences darbres et arbustes sont les rvlateurs de la caractristique majeure de ce territoire : un climat rude. Ces paysages restent domins par les diffrentes espces de saules : de la silhouette puissante dun Saule blanc isol au foisonnement dune haie, taille ou non, mariant des saules roux ou pourpres. Des essences telles que le peuplier ou le pin, introduites, elles aussi, ne drogent pas la rgle dadaptation : leau omniprsente, les vents violents, les embruns sals.

LexiqueFalaises mortes : ancien trait de cte, elles marquent la limite avec les plateaux lest du littoral (Vimeu et Ponthieu). Erodes par la mer durant des millnaires, elles ont aujourd'hui une pente douce le plus souvent cultive. Foraine : Accumulation sous forme de bancs successifs le long de la cte de silex arrachs par lrosion marine aux falaises. Aujourdhui, recouvertes par les terres cultives, les foraines forment des lvations plus sches. Mollires : mlange de sdiments formant des surfaces peu peu colonises par la vgtation du fait de leur fertilit. Endigues et cultives, les mollires deviennent des rencltures. Renclture : espaces gagns par la cration de digues et dun important systme de drainage (fosss, canaux) sur la mer par asschement de marais et terres partiellement merges. Cest une forme de poldrisation ralise au fil des sicles, de lpoque mdivale au XIXe sicle. Graphiose : maladie apparue en 1917, due un champignon qui provoque le desschement de larbre. Elle a provoqu la quasi-disparition de lorme en France. De nouvelles espces slectionnes rputes rsistantes sont aujourd'hui testes ou commercialises.

Les haies brise-vent, crin protecteurElles forment des masses compactes limage de celle des boisements de production. Elles sont lcrin protecteur du bti : fermes, hameaux ou villages. Les rideaux des haies brisevent freinent et filtrent les violences du vent. Ces haies peuvent prendre la forme de vritables boisements composs daubpines, dormes, de frnes et surtout de saules parfois complts ou remplacs par un alignement de peupliers.. Elles sont essentielles et doivent continuer tre respectes et entretenues.

L'eau est omniprsente dans les Bas-Champs et les marais du littoral

La fort dunaire,une vgtation particulireLa fort de pins (Pin Laricio de Corse) est une pinde de production et de fixation du massif dunaire. Ce paysage bois tranche avec les Bas-Champs du Marquenterre par son aspect compact, continu et ferm. Le devenir de cette structure vgtale constitue par lhomme est li aux choix dexploitation pour le renouvellement de ces boisements.

Des haies particulires et identitaires

Peupliers Populus nigra L italica

Saules argents salix alba

Haies saules varis, Haie bocagre

Saules ttards Salix alba

Roseaux Phragmites sp.

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LES VILLAGES : LA MER, LEAU ET LE VENTHaies arrires volumineuses Arbres uniquement sur la place Foss Trottoir en herbe

La varit des situations et la complexit de ce territoire entranent une grande diversit de formes de villages : de la station balnaire (Fort-Mahon, Quend-Plage), aux ports de baie (Saint-Valery, Le Trport) jusquaux villages sur des points hauts, au milieu des rencltures ou situs au pied de la falaise morte. Mais cette mme diversit saccompagne de points communs : les villages sont groups et les btiments sorganisent le long des voies, formant une silhouette massive. Cet effet est renforc par la prsence de jardins ou danciennes prairies, fortement arbors en ceinture. La place communale, centrale ou en bord deau dans le cas de port ou de station, peut faire lobjet dune plantation darbres en mail. Plus rarement les entres du village ou un monument tel quun calvaire peuvent tre plants.

EnjeuLes jardins autour des nouvelles constructions, sinsrent dans un paysage particulier Souvent ralises la priphrie de villages, les nouvelles implantations du bti sont frquemment des alignements de pavillons. Pour reprendre la composition traditionnelle, la limite avec la rue doit tre franche avec une clture (haie, mur ou claustra), les grands arbres se situant en arrire. La vgtation sera choisie dans les volumes et le respect dune palette dessences locales adapte aux conditions climatiques autant que pour la prservation de lidentit des lieux.

Arbres de grandes dimensions

Vergers

Vgtation participant limage de la rue

Des rues verdoyantes sans arbres dans lespace publicLes arbres se situent dans les jardins, parfois visibles depuis la rue. Dans les rues, c'est lherbe couvrant souvent les bas-cts qui fait office de vgtation. Parfois, des fosss sinsrent le long des voies. Seule la place principale est plante dun ou plusieurs alignements, le plus souvent de tilleuls. Les cltures (murets de silex, cltures ou haies...) participent au caractre des rues. Le maintien des murs et murets, des haies tailles ou naturelles est le facteur principal de lvolution de ces espaces publics peu arbors.

Masse boise brise-vent Foss priphrique

Bti renferm sur une cour Prairie Saules ttards

Alignement de peupliers Canal de drainage

Palette vgtale IndicativeArbres pour plantation en isol ou alignement : Aulne glutineux(Alnus glutinosa), Frne commun (Fraxinus excelsior), Charme (Carpinus betulus), Chne pdoncul (Quercus robur), rable sycomore (Acer pseudoplatanus), Orme rsistant (Ulmus x resista), pommier, Peuplier tremble (Populus tremula), Saule blanc (Salix alba), Tilleul dEurope (Tilia x vulgaris). Arbustes pour haies : Argousier (Hippophae rhamnodes), rable champtre (Acer campestre), Noisetier (Corylus avellana), Fusain dEurope (Euonymus europaeus), Prunellier pine noire (Prunus spinosa), Saule cendr (Salix cinerea), Saule marsault (Salix caprea), Saule des vanniers (Salix viminalis), Saule pourpre (Salix purpurea), Trone (Ligustrum vulgare), Viorne lantane (Viburnum lantana).

Un systme hirarchis par leauLes points hauts naturels des plaines littorales ont souvent t utiliss pour les cultures rclamant des sols plus secs (crales). Les fermes sont souvent implantes au milieu des surfaces endigues : les rencltures. Des fosss entourent une surface surleve sur laquelle des btiments compacts sont rassembls autour dune cour. Pour maintenir les talus et protger lensemble, une masse boise (plus importante du ct des vents dominants) englobe la ferme, parfois complte dune plantation de production (peupliers). Ces masses boises participent au paysage du littoral et doivent, dans certains cas, tre renouveles dans la dure pour maintenir des arbres gs dont les fonctions cologiques sont importantes.

Foss colonis par les roseaux

Au cur des villages, des jardins arbors protecteursLes maisons et les dpendances des fermes forment des continuits le long des rues. Les jardins sont situs en arrire, et parfois dpassent entre deux btiments. Ils forment la transition avec les prairies, les haies sont plus volumineuses et plus varies. Par la prsence de grands arbres (pins, peupliers, tilleuls) ou de haies, les jardins participent limage des villages. Traditionnellement les mmes espces se retrouvent au niveau des haies de renclture*.Haie arrire arbore

Arbre de grandes dimensions en retrait de la limite

La rue prsente un quilibre entre bti et vgtal. L'eau et sa matrise en rseau est une composante importante

Cest en fonction de lquilibre entre ces essences locales et les horticoles que lintgration au paysage des villages sera sauvegarde.

Bti en retrait de la rue Clture franche Haie taille dessence locales

IDENTIFIER : Vgtaux et identits des territoires22 23

LE PROJET PAYSAGER DE LA COMMUNELe projet paysager de la commune porte directement sur lespace public et les quipements publics, indirectement sur lensemble du domaine priv. Cest au travers du cadre rglementaire et de linformation des administrs que la commune agit sur ce domaine priv. Une programmation des interventions d'entretien les plus appropries confortera une gestion long terme, ncessaire la prennit du patrimoine vgtal de la commune.

Promouvoir et adopter les dmarches contractuelles pour mieux protger et entretenirLe contrat Natura 2000 Cest un outil propos pour les milieux identifis qui prsentent des espces vgtales ou animales de la Directive Europenne. Dans les primtres des sites Natura 2000, le contrat finance le surcot ou le manque gagner par rapport la gestion courante, une fois tabli le Document dObjectifs. Sur les larris calcaires superficiels par exemple, le pturage ou pacage des moutons est financ pour favoriser le maintien dune flore et dune faune rares. Les contrats Natura 2000 sont tablis pour une dure de 5 annes.

Mettre en uvre une gestion durable et une programmation cohrenteLe Plan de paysage et la Charte de paysage Il sagit de dmarches volontaires issues de collectivits privilgiant lengagement des partenaires autour dun projet partag de mise en valeur du paysage. Ces dmarches visent rguler les volutions venir et rintroduire une qualit paysagre dans des paysages quotidiens en pril ou dstructurs. Ces dmarches dfinissent, sur la base dune analyse de lidentit paysagre du territoire et dun projet long terme, un programme dactions et des rgles dinterventions cohrentes, rglementaires et oprationnelles. Le guide de gestion du patrimoine arbor Cest un outil adapt toutes les chelles comme tous les acteurs. Il comporte : un diagnostic qui analyse l'tat de chaque arbre, tat sanitaire (maladies, dprissements...) et ltat mcanique (prsence ventuelle de cavits, ncroses, localisation et importance...). un programme oprationnel tabli sur une priode limite (10 20 ans) et pour chaque arbre ou ensembles d'arbres, les interventions ncessaires pour conserver une unit l'ensemble arbor. Ces interventions peuvent tre par exemple une taille adapte (enlvements de bois morts, taille d'claircie de houppier...) ou l'abattage suivi de replantation.

Promouvoir les outils rglementaires ou contractuels disposition des professionnelsDiffrents outils sont proposs aux propritaires forestiers privs : le Plan Simple de Gestion, le Rglement type de Gestion et le Code de Bonnes Pratiques Sylvicoles concernent diffrentes catgories de propritaires selon limportance de leur surface. Ces outils engagent le propritaire grer vritablement et durablement son bois tout en respectant la biodiversit. La dimension paysagre est rarement prioritaire pour les propritaires forestiers privs sauf proximit des sites et monuments classs o des rgles de gestion simposent eux. Le Contrat dAgriculture Durable (CAD) sadresse aux agriculteurs. Il favorise la mise en place ou le maintien de mesures en faveur de lenvironnement telles que : la plantation et lentretien de haies, la cration de mares, la rduction dintrants (engrais) dans les parcelles.

Amnager lespace publicRue, place, chemin, square, parc, terrain de sports et de loisirs sont amnags et plants pour rpondre aux ambiances recherches et des besoins fonctionnels actuels ou futurs : stationnement, circulation, sport Penser simultanment lamnagement des rseaux (souterrains et ariens) de la voirie et la gestion long terme des plantations. La russite et la prennit des plantations dans lespace public dpendent des paramtres suivants : la nature du sol et la prsence de rseaux enterrs ; le relief avant travaux et aprs travaux (dblais, remblais) ; la prsence de leau (foss, mare), lensoleillement, les vents dominants, lcoulement des eaux pluviales ; la prsence des btiments qui bordent lespace public (maisons, commerces, btiments publics) et les dicules prsents sur lespace public (abribus, transformateur) ; la taille des vgtaux lge adulte et la prsence de rseaux ariens ; la situation dans la commune : en priphrie, choisir des essences et des types de plantations assurant la transition avec l'espace agricole ouvert (protection aux vents, cran visuel) ou le milieu naturel et en cur de bourg, une palette vgtale ventuellement plus ornementale.

Prendre en compte le patrimoine paysager et arbor dans le Plan Local dUrbanismeLe diagnostic, pralable tout projet, recense les structures vgtales qui forment lidentit et le patrimoine paysager de la commune.Ralisation dun projet de traverse dagglomration

Le Projet dAmnagement et de Dveloppement Durable (P.A.D.D.) fixe les orientations gnrales en matire de protection, de valorisation, de dveloppement et de gestion du territoire communal. Ainsi, la prservation, la valorisation ou la cration de certaines structures vgtales de la commune (tour de ville, haies, bocage, bosquets...), la protection des vues et perspectives peuvent tre prioritaires. Le zonage et le rglement spcifique doivent tre adapts aux caractristiques urbaines, agricoles et naturelles de la commune. Le rglement du P.L.U. prcise, tant sur PROJET D'AMNAGEMENT ET DE DVELOPPEMENT DURABLE DU P.L.U. le domaine priv que public, les conditions Limiter l'extension de la commune Entretenir et valoriser les structures vgtales damnagement, de qui caractrisent la commune plantations, de terrassePrserver les pntrations du paysage en cur de bourg ment des sols, darraEntretenir et valoriser les rfrents architecturaux qui caractrisent la commune chage darbres, darbusEntretenir et valoriser les milieux naturels sensibles tes ou de haies (cf pages Impact fort dans le paysage, protection du paysage 34-35).Limiter l'impact de l'urbanisation sur les entres de ville

RfrencesDe nombreuses comptences professionnelles et de nombreux mtiers interviennent dans un projet paysager, soit au stade du recensement, du diagnostic, du conseil, de la conception et de la ralisation (cologue, paysagiste, horticulteur, ppiniriste). Pour sy retrouver et savoir qui sadresser, les CAUE, le CRPF, et les sites Internet spcialiss fournissent les renseignements demands. (cf adresses en dernire de couverture).

Reconstitution dun tour de ville

La convention de gestion Elle est adapte aux milieux qui prsentent une richesse potentielle ou relle sur les plans floristiques et/ou faunistiques. La commune ou le particulier soucieux de maintenir ou de restaurer un patrimoine remarquable, par exemple les larris ou les milieux humides, peuvent signer une convention avec une association de protection de la nature qui se charge de lentretien et le cas chant, de la restauration du site avec des financements publics.

INSCRIRE : le vgtal dans les projets24 25

LE PROJET PAYSAGER DU PARTICULIERDans les villes et villages, le bti domine associ aux jardins, parcs et espaces verts des particuliers. Pour certains quartiers rcents ou lotissements, les jardins et les cltures forment une des principales caractristiques de lidentit communale contemporaine. Chaque propritaire peut amnager son terrain comme il le veut condition de respecter les contraintes rglementaires. Il a aussi intrt offrir les meilleures conditions de vie ses plantations et favoriser la biodiversit.et arbor) pour tout projet afin den faciliter linsertion et assurer une continuit paysagre. Les plantations de haies ou damnagement, ainsi que labattage de plantations existantes peuvent tre soumis autorisation. Il faut tudier les ventuelles servitudes durbanisme appliques la parcelle, lies soit aux rseaux ariens (lectricit et tlphone), souterrains (cavits, rseaux, gaz) soit une protection particulire : une zone de protection spcifique (ZPPAUP), aux abords de monuments historiques ou dans un site class (se renseigner en Mairie). Le Code Civil sattache au respect du voisinage : viter par exemple docculter totalement le terrain riverain de lensoleillement par des plantations de grande hauteur. Les rgles du Code Civil sont diffrentes pour les vgtaux gs de plus de 30 ans ou si la faible distance rsulte d'une division de parcelle postrieure aux arbres. Pour les arbres, on aura intrt prvoir le dveloppement adulte et donc une distance de plantation de l'ordre de 6 m vis--vis de la limite de la proprit. Les vgtaux plants sur la limite sparative sont considrs comme mitoyens et les frais d'entretien sont partager. On peut contraindre un voisin couper les branches qui dpassent mais seul le propritaire ralise les travaux ncessaires. En revanche, les racines envahissantes peuvent tre coupes par le riverain.A couper par le propritaire

Concevoir simultanment lamnagement de la parcelle, limplantation des btiments et la gestion long termeLamnagement dune parcelle rpond aux ambiances de vie recherches par le propritaire : jardin, bosquet, potager et des besoins fonctionnels : stationnement, desserte automobile, stockage, espace de jeux

Pour garantir les conditions de vie et de dveloppement long terme des plantations, il faut tenir compte de lensemble des paramtres : - la nature du sol et du sous-sol, - le relief avant travaux et aprs travaux (dblais, remblais), - la prsence de leau, lensoleillement, les vents dominants, - la prsence de btiments proximit soit sur la parcelle soit sur les parcelles voisines ou lespace public, - la taille des vgtaux lge adulte.

Sinsrer dans le paysage en respectant le code civil et le rglement durbanismeLa plantation d'arbres ou de haies obit des rgles gnrales dcrites dans le Code Civil (articles 667 673) et dans le Rglement National dUrbanisme (RNU) ou, si la commune en possde un, dans le Plan Local durbanisme (P.L.U.). Ces rgles imposent la prise en compte de lenvironnement existant (paysager, bti

2m

- la pose de nichoirs adapts diffrentes espces, densifie les sites de nidifications potentiels, - le maintien du lierre sur le tronc des vieux arbres nourrit la faune en priode hivernale grce aux baies produites par l'espce et augmente les potentialits de nidification, - le stockage de branches issues des produits de taille ou d'lagage servira de refuge des espces comme le hrisson, - le compostage des dchets vgtaux produira un compost riche avec une faune du sol abondante (vers de terre...) qui nourrira la faune vertbre (oiseaux et mammifres).

0,50 m

2m

Le volet paysager du permis de construireDans le cadre du permis de construire, la description des plantations existantes avant travaux (abattues ou conserves) et des plantations futures est obligatoire. Elle est mentionne dans le volet paysager qui comprend : la note crite, le plan de masse, sur les photographies et les perspectives avant/aprs travaux.

Pour le choix des vgtaux, tenir compte de lexposition au soleil, aux vents...Ouvrir des vues sur les paysages environnants Attention au volume adulte des arbres plants

La pose de nichoirs adapts aux diffrentes espces renforcera la biodiversit

Rfrences Pour ceux qui veulent construire une maison tudier avant de dcider, C.A.U.E. de la Somme, 2003 "Plantons dans l'Oise", CAUE de l'Oise Site internet juridique Lgifrance : http://www.legifrance.gouv.fr Cultiver son espace de vie, CAUE de lAisne, 2003. Nichoirs & Cie - B. Bertrand et T. Laversin, Editions de Terran.

Favoriser le maintien dune faune diversifie et varieSe protger du vent Adapter les vgtaux au sol Sintgrer en respectant lharmonie de la rue Prfrer les feuillus qui voluent avec les saisons

Domaine agricole ou naturel

Domaine priv

Domaine public

Domaine priv

Veiller aux transitions entre les diffrents domaines

Lamnagement de la parcelle ne doit pas porter prjudice aux parcelles voisines et lespace public

Un paysage vivant dpend aussi de la diversit et de l'importance de la faune naturelle. Certains gestes simples favorisent la biodiversit lchelle de la parcelle individuelle : - la plantation de haies mixtes plus favorables la biodiversit quune haie mono spcifique.

INSCRIRE : le vgtal dans les projets26 27

LE CHOIX ET LA PLANTATION DES VGTAUXRussir sa plantationUn bon choix de plantation, ncessite avant tout lanalyse des rfrences locales que le projet viendra prolonger, conforter ou rinterprter (voir pages 3 24). Il vitera ainsi lemploi de vgtaux et la constitution de structures vgtales en totale opposition avec les caractristiques identitaires du paysage. Pour constituer un cadre vgtalis prenne et facile entretenir, le choix des vgtaux est donc primordial. Les essences doivent tre choisies en fonction de diffrents critres, sinon le vgtal risquerait de mal se dvelopper ou de subir des tailles inadaptes entranant des mutilations.Le stress de la plantation doit tre rduit par un soin particulier apport aux oprations de prparation du terrain et de plantation : ameublir le sol en profondeur en crant une fosse de plantation consquente adapte la taille du plant et ses dimensions l'ge adulte. D'une faon gnrale, ouvrir un volume au moins quivalent 3-4 fois le volume racinaire du plant : prvoir une fosse de plantation de 9 15 m3 pour les arbres et 1 3 m3 pour les arbustes. L'apport de terre vgtale se justifie surtout lorsque la nature de la terre est peu favorable aux vgtaux arbors (sol calcaire superficiel). travailler le sol en conditions sches ou ressuyes et pour les sols argileux, la prparation doit tre commence l't qui prcde la plantation pour que les intempries (gel, pluies) ameublissent les parois de la fosse. apporter du compost en surface et le cas chant, sable et graviers si l'argile domine.

Nommer les espces avec prcisionPour viter les confusions entre les espces, un code international dsigne chacune des espces qui possde ainsi un nom botanique ou scientifique. Il se compose d'un nom de genre suivi d'un nom d'espce. D'autres informations peuvent s'y Le nom scientifique identifie ajouter : nom lespce avec certitude de varit entre guillemets et nom d'hybride prcd d'un X. vocation scientifique, le nom botanique vite les erreurs lors de la commande auprs du ppiniriste : par exemple, planter du chne peut conduire un chec avec le Chne rouge d'Amrique (Quercus rubra) en prsence de calcaire alors que le Chne sessile (Quercus petraea) s'panouirait mieux sur ce mme sol. l'achat, prciser le nom scientifique. Pour s'y retrouver dans la nomenclature, des ouvrages spcialiss dcrivent et identifient les diffrentes espces. La visite d'un arboretum (collection d'arbres) permet de visualiser les espces et de dcouvrir l'tendue de la palette vgtale.

Des problmes gnralement moins graves peuvent survenir avec certaines espces pineuses, problmes d'allergies galement avec principalement le pollen de certaines espces

Eviter dintroduire des plantes invasives :L'introduction, volontaire ou non, de plantes non autochtones issues d'autres pays ou continents a provoqu des dgts dans les cosystmes car certaines de ces plantes sont vite devenues envahissantes au point d'tre qualifies de pestes vgtales. Outre la modification des cosystmes, la prsence de ces plantes entrane Des plantes introduid'autres risques pour tes envahissent nos l'homme tels que milieux naturels ici la Renou du Japon allergies, brlures par contact avec la sve, cots d'entretien Les cas les plus problmatiques concernent notamment les jussies pour les zones humides, les renoues du Japon et de Sakhaline, le Buddla pour les zones remblayes le Cerisier tardif en milieu bois et l'Ailanthe du Japon en milieu dunaire et sableux.

Des essences adaptes et bien associes entre ellesQuelle forme ? La forme est avant tout un choix esthtique : Les formes naturelles des vgtaux sont issues de leurs caractristiques, de leur adaptation au milieu (sol, lumire, climat). Les silhouettes des vgtaux adultes peuvent tre trs spectaculaires ou particulires comme dans le cas de formes pleureuses ou colonnaires. Les formes architectures rsultent dun choix de taille qui est aujourd'hui principalement d'ordre esthtique : arbres ttards, alignements taills en marquise, topiaires, etc. Quelle place prvoir ? Certaines rflexions pralables sont ncessaires Apprcier les exigences climatiques et techniques : type de sol, ensoleillement, vent, humidit cf espces de la palette vgtale indicative. Imaginer le dveloppement adulte des plantations (densit des feuillages, ombre porte) vitera les frquentes erreurs vis--vis de l'environnement bti ; valuer les contraintes du site : rseaux ariens ou enterrs, servitudes ; Dfinir lespace disponible : proximit des faades, stationnements, distances rglementaires.

Alignement simple5 8 m minimum

Alignement double8 10 m minimum

8 10 m minimum

Alignement double

56m minimum 8 10 m minimum

8 10 m minimum

Haie clture taille0,5 0,75 m

1,50 m 8 m 1,50 m 8 m de haut selon les de haut selon les espces et lentretien espces et lentretien 1,50 m 8 m 1,50 m 8 m de haut selon les de haut selon les espces utilises espces utilises

Haie arbusive libre1,50 m minimum Arbre ou grand arbustes

Haie 2 strates de vgtation

8 m 15 m 8 m 15 m de haut selon les de haut selon les espces utilises espces utilises

1 m 1,50 m

Arbustes

Les dimensions des essences sont classes selon la taille adulte : Les arbres dits de premire grandeur (20 35 m de haut) comme le peuplier ou le htre Les arbres dits de seconde grandeur (15 25 m de haut) avec lrable champtre Les arbres dits de troisime grandeur (8 15 m de haut) pour lesquels la diffrence avec les grands arbustes est faible : pommiers et poiriers ; Les grands arbustes (7 12 m de haut) avec le houx, le cornouiller mle, le noisetier ou le lilas commun. Les petits arbustes : moins de 7 m de haut o l'on trouve les fusains, hortensias, spires Quelles associations ? Suivant lambiance et l'aspect recherchs, diffrentes associations sont envisager pour former des alignements (homogne ou diversifi), des bosquets, des massifs, des haies

(homognes, champtres, fleuries, brise-vent). Une composition peut associer des arbres, arbustes, rosiers, plantes vivaces et sa russite dpend de quelques principes : pour les vivaces et petits arbustes, planter ensemble plusieurs pieds de la mme espce ; utiliser des essences locales comme base de composition, viter les essences trop horticoles). Le choix des essences pourra tre aussi fonction de laspect des feuillages, des couleurs (feuilles et fleurs), des variations au fil des saisons et de la vitesse de croissance Pour des raisons sanitaires (maladies, insectes), planter plusieurs espces quel que soit le projet. Tenir compte du temprament de chacune des espces notamment vis--vis des besoins en lumire : le Houx demande ombre et humidit pour se dvelopper, le Fusain d'Europe exige beaucoup de lumire par exemple.

Choisir des plants de qualitLes plants sont aujourdhui vendus sous diffrents modes de conditionnement : racines nues, mottes ou containers (pot). Les racines nues, moins chres, rduisent la priode de plantation par rapport une motte ou un pot. Lors de lachat, il faut : Vrifier que le tronc et les branches du plant ne prsentent pas de grosses blessures. Les plaies de taille doivent tre bien cicatrises ; Contrler labsence de parasites et maladies (larves, champignons) ; Pour les arbres, veiller ce que la tige soit droite (viter les sujets visiblement tts) et la ramification prsente bien quilibre ; Les racines nues doivent tre maintenues fraches entre l'arrachage et la plantation du plant ; liminer les plants dont le systme racinaire s'enroule dans le pot ou godet.

Etre vigilant avec les plantes toxiques :Bien que la trs grande majorit des vgtaux ne soit pas toxique, il est conseill de s'assurer de sa non-toxicit auprs de votre pharmacien avant de consommer tout ou partie d'un vgtal. Les cas d'intoxication mortelle les plus frquents rsultent de la consommation de branches d'if ou de laurier r c e m m e n t tailles, dposes dans des pturages o se trouvent des Le laurier (Prunus laubovins et quids. rocerasus) fait partiedes plantes toxiques

Rfrences"Petit guide de quelques plantes invasives aquatiques et autres du nord de la France", Conservatoire Botanique National de Bailleul ; "Espces invasives : infrastructures et urbanisme", DIREN Picardie, 2005 "Le Grand livre des haies", Denis Ppin, Ed Larousse, 2005 "Cultiver son espace de vie - planter un arbre, planter une haie, fleurir son lieu de vie, son lieu de travail", CAUE de l'Aisne 2003 Le jardin, une source inpuisable d'inspiration - T. Conran et D. Pearson - Grnd 1998 Jardins visiter en Picardie, Association des Parcs et jardins de Picardie - Manoir des Fontaines, 60300 Baron - Tl. : 03 23 82 62 53 e.mail : [email protected]

GRER : Des pratiques adaptes et durables28

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LA GESTION ET LENTRETIEN DUN PATRIMOINE VIVANTLa plantation ralise, un travail constant et rgulier de surveillance, daccompagnement du dveloppement du vgtal simpose sur une dure minimale de 3 5 annes : il est toujours prfrable danticiper les oprations de taille par exemple. Une intervention tardive pour tenter de modifier la forme ou dliminer des branches trop dveloppes risquerait alors de provoquer des dsordres susceptibles de contrarier la prennit de larbre ou de le rendre dangereux moyen ou long terme. Dune faon gnrale, les arbres supportent mal les interventions brutales ou excessives et saccommodent beaucoup mieux, si besoin, de soins rguliers et raisonnables.

La taille de formation des jeunes sujets, pour obtenir la forme souhaite et liminer les dfauts, de 3 15 ans aprs la plantationC'est essentiellement les tailles de formation qui vont tre mises en uvre pour donner aux jeunes arbres plants la silhouette prvue. Ces tailles de formation seront rgulires et rflchies. Les schmas cidessous illustrent les recommandations de tailles pour les principales formes.

Les 3 premires annes : assurer la russite de la plantationLes entretiens des 2-3 premires annes visent assurer la reprise et la croissance des vgtaux. Il est donc recommand de suivre les conseils suivants : Les apports de fertilisants de type engrais sont inutiles : ge limite l'vaporation de l'eau du sol et rduit les entretiens. Limiter les dsherbages chimiques car le dosage correct des produits est difficile et les plants absorbent les manations. Raisonner l'arrosage car un excs est aussi nfaste au vgtal qu'un manque d'eau : les techniques dcrites ci-dessous (binage, paillage) seront souvent plus efficaces en complment aux arrosages. Les tailles ne sont gnralement pas ncessaires la premire anne sur les arbres. Sur les autres plants (arbustes, haies) on pourra rabattre les pousses les plus vigoureuses dans une proportion de 1/3 50% de la hauteur.

ils perturbent la reprise des plants. L'apport de matire organique en surface sera beaucoup plus efficace et limitera l'vaporation de l'eau du sol. Mettre en place un paillage sur 1 m2 autour de chaque plant pour limiter la concurrence herbace principalement gramine. Le paillaPourquoi tailler ? Si la taille n'est pas ncessaire au dveloppement de l'arbre, elle est parfois souhaitable pour rpondre des objectifs prcis tels que : Prparer une forme, une silhouette architecture (arbre ttard, topiaire, rideau) ; liminer des dfauts tels que les corces incluses qui pourraient rendre l'arbre dangereux ; Favoriser la floraison des arbres ou arbustes fruits et fleurs ; Sous certaines conditions, la taille permet de rajeunir un vgtal ; Supprimer le bois mort, entretenir une forme, limiter le dveloppement de la tte (houppier de l'arbre)

Utiliser une technique adapte Sur les jeunes plantations, les scies double denture et les scateurs sont prfrables la trononneuse qui sera utilise pour les coupes plus importantes. (voir page 32 et 33). Quand tailler ? Si l'hiver est la priode la plus propice l'lagage parce que l'absence de feuilles facilite ces interventions, il est biologiquement prfrable de tailler pendant la priode de vgtation en dehors de la monte de sve, soit de mars fin juin : la prsence de la sve favorise la cicatrisation de la plaie.

Pour les arbres ttards en revanche, l'objectif de faciliter la production de nombreux et vigoureux rejets, suppose de tailler plutt de janvier fin mars.

Rfrences Guide des bonnes pratiques d'emploi des produits phytosanitaires Groupe Rgional Eaux et Produits Phytosanitaires Picardie 2004 Des formations sont proposes aux personnels des communes par le Centre National de la Fonction Publique Territoriale.

Surveiller les tuteurs et colliers qui risquent d'trangler, frotter et fragiliser la pousse du jeune arbre. Les tuteurs seront enlevs gnralement aprs trois annes et cinq au maximum.

GRER : Des pratiques adaptes et durables30

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LA TAILLE DANS LES REGLES DE LARTQuel type de taille ?La taille ne peut tre improvise : la connaissance du fonctionnement biologique est indispensable pour viter de traumatiser l'arbre et le rendre dangereux moyen terme. Il n'est pas question ici de prsenter toutes les techniques de taille, mais de rappeler simplement celles qui sont recommandes pour les arbres : chaque espce, chaque forme font appel une ou des tailles spcifiques.Selon les objectifs de taille dfinis ci-dessus, on choisira la taille approprie Les principales tailles d'entretien des arbres adultes :

Choisir une entreprise qualifie pour les travaux raliserPlanter, abattre et tailler un arbre sont des oprations distinctes qui requirent des comptences diffrentes. C'est la raison pour laquelle des qualifications ont t cres depuis 1970. Qualipaysage est une association qui dfinit et octroie les qualifications correspondantes aux diffrents travaux auxquels ces entreprises sont confrontes. Pour l'lagage, les qualifications sont rfrences E140 et E141, la qualification E141 concerne les grimpeurs lagueurs. Le choix d'entreprises qualifies ne doit pas tre exclusif car de nombreuses entreprises non qualifies possdent un savoir-faire et une exprience qui valent qualification. Tous travaux de taille et d'lagages peuvent faire rfrence au Cahier des Clauses Techniques Gnrales, fascicule 35 qui dfinit les rgles des professionnels de l'arboriculture, il est toujours possible pour une commune, de complter cette rfrence par un Cahier des Clauses Techniques Particulires (CCTP) qui prcisera les rgles spcifiques auxquelles l'entreprise devra se soumettre pour la bonne conduite du chantier.

Taille d'claircie de houppierCette pratique est peu connue dans la mesure o elle requiert des comptences particulires, en particulier la technique du grimper. Elle permet de visiter et d'intervenir sur l'ensemble du houppier de l'arbre qui sera allg du bois mort, les branches dangereuses peuvent tre allges, haubanes et l'claircie peut amliorer l'clairement d'une faade occulte par le houppier de l'arbre.

Taille de mise en scurit :Il s'agit essentiellement, dans les lieux frquents par le public, d'liminer le bois mort et toutes branches susceptibles de prsenter un danger potentiel en raison de la dgradation de son bois .

L'ensemble des feuilles constituent, avec les charpentires, le houppier de l'arbre. Il assure le dveloppement de l'arbre. Toute intervention qui vise supprimer des branches affaiblira l'arbre si le volume de branches limines est trop important. Tailler ou laguer un arbre impose le respect de rgles simples au mpris desquelles on fragilise l'arbre et on le rend dangereux.

Rgles de taille et dlagageTailler modrment et rgulirement en enlevant 20% du volume foliaire chaque passage et jamais plus de 40 % ; Intervenir sur des branches de faible diamtre sachant que la vitesse de cicatrisation d'une plaie se situe autour de 1 cm par an sur le rayon ;

Comment intervenir bon escient sur les arbres adultes :Trop souvent, les arbres adultes sont mutils en raison de la mconnaissance des rgles biologiques qui prsident au fonctionnement de l'arbre : les coupes sont ralises sans discernement, pour rpondre un besoin. La taille et l'entretien d'un arbre adulte rclament des prcautions lmentaires.

Respecter le bourrelet de cicatrisation situ la base de chaque branche ;

Ne jamais couper de branche de diamtre proche de celui du tronc ;

Diagnostiquer prcisment les raisons de l'lagage ou de la taille : valuer le volume des branches couper et la faon dont ce volume pourra tre limin en une ou plusieurs fois pour prserver l'arbre et ne pas le rendre dangereux ; viter tous travaux susceptibles de perturber le fonctionnement racinaire et le bon ancrage de l'arbre : creusement de tranches, enterrement du collet, drasement de la couche vgtale ou tassement excessif des horizons superficiels par le pitinement.

La technique du grimper, prfrable l'utilisation de la nacelle Taille de maintien des formes architecturesCes tailles, rgulires, veillent au maintien de la forme ralise lors des tailles de formation (arbre ttard, arbres palisss).

Rfrences La taille des arbres d'ornement, du pourquoi au comment - Christophe Drnou - IDF ditions 1999 "L'arboriculture urbaine", L. Maillet, C. Bourgery, IDF ditions Dans les arbres adultes, la technique du grimper est particulirement recommande car on intervient sur l'ensemble du houppier la diffrence de la nacelle qui accde uniquement la priphrie et gnre souvent des tailles svres. La taille et le palissage - David Joyce - ditions Nathan Taille et entretien des arbres du patrimoine - guide des bonnes pratiques, CRPF/ Conseil Gnral de la Somme 2001

Lorsque les branches sont partiellement coupes, maintenir un tire-sve qui irriguera la plaie et vitera la dgradation du bois mis nu ;

liminer prioritairement les corces incluses dont les branches s'effondrent trs facilement lorsqu'elles se dveloppent.

GRER : Des pratiques adaptes et durables32 33

LE CADRE RGLEMENTAIRE DE LA PROTECTIONLa prise en compte du vgtal dans les projets d'amnagement et de planification est obligatoire, qu'ils soient mens l'chelle communale ou celle de la parcelle prive. Le type et le niveau de la protection choisie seront diffrents selon la nature et le degr dintrt du patrimoine arbor.Parmi les diffrents documents qui constituent le P.L.U., certains encadrent plus particulirement le projet paysager et arbor : Le Projet d'Amnagement et de Dveloppement Durable (voir page 24) Les orientations d'amnagement Elles prcisent les dispositions ncessaires l'volution d'un secteur o