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MUSÉES D~ARC OL o GIE DANS LE PROCHE ORIENT par MAURICE H. CHEIIAB ’ACCESSION à l’indépendance a entrainé, dans les Etats qui faisaient jadis L de l’empire ottoman, la création d’une multitude de musées, dont l’apparition a posé des problèmes variés. Les plus importants de ces musées sont ceux de Beyrouth et dc Beit-ed-Dine au Liban, de Damas et d’Alep en Syrie, de Bagdad et de Jérusalem. Certains de ces pays ont construit des bâtiments approprids pour y conserver leurs antiquités. Mais, à peinc éclos, ces tnusées sont dkjà à l’&-oit. Fiers de lcur gloricux passé aux aspects variés, et mus par des considérations scientifiques tout autant que politiques, les gouvernements de ces Btats ont encou- ragé et multiplié les recherches archéologiques. D’autre part, lcs grands travaux entrepris sur leur initiative - routes, constructions, canalisations - mettent sou- vent au jour différents vestiges historiques, dont le nombre ne cesse d’accroître les richesses nationales. I1 est évident que tous ces objets ne sont point destinés à être exposés et que seul un choix doit être présenté au public. C’est pourquoi, plus que tous les autres, les musées orientaux doivent étendre leurs réserves et les organiser de façon à les rendre acccssiblcs aux spécialistes. Mais si les gouvernements se montrent assez généreux quand il s’agit de cons- truire des salles d’exposition et d’édifier des bâtiments qui constituent un tout, il est plus difficile d’obtenir d’eux, tous les deux ou trois ans, les crédits nécessaires à l’édification de bâtiments complémentaires et surtout les terrains nécessaires aux constructionk nouvelles, d’autant que la terre est assez chère dans les centres urbains de l’Orient. I1 est vrai que certains objets peuvent etre laissés in situ, et l’on pourrait multi- plier les musées dans le voisinage des champs de fouilles; mais la création de pareils musées-dipôts est dangereuse, au moins les premiers temps. La tendance des habi- tants à faire de leurs sites des centres touristiques genera énormément la constitution de collections nationales importantes et bien groupées. Si la constitution de pareils centres est permise, on verra s’émietter les antiquités d’un pays au grand dam des études comparatives, de l’éducation du public, de la conservation et de l’exposition des objets. Bien que la constitution de musks-dkpiits soit utile, il ne convient d’y recourir que si les musées centraux se sont suffisamment développés. En attendant, seules les pièces qui ne risquent pas d’en souffrir, ou celles qui appartiennent à un monument, peuvent sans inconvénient être laissées in sitiv. Le problème des locaux des musées dans le Proche Orient se pose donc du fait de leur développement trop rapide et de la difficulté d’acquérir dès l’origine des terrains assez vastes dans les centres urbains, Ce problème se résoudra de lui-méme lorsque l’importance des objets rassemblés imposcra aux gouvernements de procéder à de vastes expropriations ou de transférer dans d’autres locaux des musées déjà importants. En attendant, les archéologues ne peuvent pas demander aux gouverne- ments de les suivre dts le début dans leurs vues d’agrandissements futurs, alors que les musées n’en sont encore qu’a la phase initiale de leur développement. Le deuxitme problème qui se pose aux musées d’Orient est celui de leur orga- nisation financière. Ce problème a été résolu de façons varibes par les divers fitatss La plupart ont adopté le système de l’autonomie financière. Sans doute ce système permet-il des travaux techniques plus appropriés et évite-t-il d’autre part les inconvé- nients d’un budget annuel. Mais il n’est pas sans inconvénients pour des musées nouvellement créés. Ceux-ci ne disposent point, comme les musées anciens, de ressources importantes qui leur appartiennent en propre et l’IItat, toujours court d’argent, est trop facilement enclin à prendre prétexte du fait qu’ils ont quelques revenus pour ne pas augmenter les subventions qu’il leur verse. Jmxcluc, par contre, l’l3tat prend les musées à sa charge, ceux-ci profitent au moins d’un certain automa- tisme des budgets annuels et souvent même les circonstances leur permettent d’augmenter leurs ressourccs -- augmentations qui peuvent se répéter les autres années. Par suite du reversement au Trésor, à la fin de l’annéc, des sommes non dépensées, et de l’absence d’une réserve de capitaux, ce système empêche de faire

Archaeological Museums in the Middle east

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MUSÉES D~ARC HÉ OL o GIE D A N S LE PROCHE ORIENT

par MAURICE H. CHEIIAB ’ACCESSION à l’indépendance a entrainé, dans les Etats qui faisaient jadis L de l’empire ottoman, la création d’une multitude de musées, dont l’apparition a posé des problèmes variés. Les plus importants de ces musées sont ceux de Beyrouth et dc Beit-ed-Dine au Liban, de Damas et d’Alep en Syrie, de Bagdad et de Jérusalem.

Certains de ces pays ont construit des bâtiments approprids pour y conserver leurs antiquités. Mais, à peinc éclos, ces tnusées sont dkjà à l’&-oit.

Fiers de lcur gloricux passé aux aspects variés, et mus par des considérations scientifiques tout autant que politiques, les gouvernements de ces Btats ont encou- ragé et multiplié les recherches archéologiques. D’autre part, lcs grands travaux entrepris sur leur initiative - routes, constructions, canalisations - mettent sou- vent au jour différents vestiges historiques, dont le nombre ne cesse d’accroître les richesses nationales. I1 est évident que tous ces objets ne sont point destinés à être exposés et que seul un choix doit être présenté au public. C’est pourquoi, plus que tous les autres, les musées orientaux doivent étendre leurs réserves et les organiser de façon à les rendre acccssiblcs aux spécialistes.

Mais si les gouvernements se montrent assez généreux quand il s’agit de cons- truire des salles d’exposition et d’édifier des bâtiments qui constituent un tout, il est plus difficile d’obtenir d’eux, tous les deux ou trois ans, les crédits nécessaires à l’édification de bâtiments complémentaires et surtout les terrains nécessaires aux constructionk nouvelles, d’autant que la terre est assez chère dans les centres urbains de l’Orient.

I1 est vrai que certains objets peuvent etre laissés in situ, et l’on pourrait multi- plier les musées dans le voisinage des champs de fouilles; mais la création de pareils musées-dipôts est dangereuse, au moins les premiers temps. La tendance des habi- tants à faire de leurs sites des centres touristiques genera énormément la constitution de collections nationales importantes et bien groupées. Si la constitution de pareils centres est permise, on verra s’émietter les antiquités d’un pays au grand dam des études comparatives, de l’éducation du public, de la conservation et de l’exposition des objets. Bien que la constitution de musks-dkpiits soit utile, il ne convient d’y recourir que si les musées centraux se sont suffisamment développés. En attendant, seules les pièces qui ne risquent pas d’en souffrir, ou celles qui appartiennent à un monument, peuvent sans inconvénient être laissées in sitiv.

Le problème des locaux des musées dans le Proche Orient se pose donc du fait de leur développement trop rapide et de la difficulté d’acquérir dès l’origine des terrains assez vastes dans les centres urbains, Ce problème se résoudra de lui-méme lorsque l’importance des objets rassemblés imposcra aux gouvernements de procéder à de vastes expropriations ou de transférer dans d’autres locaux des musées déjà importants. En attendant, les archéologues ne peuvent pas demander aux gouverne- ments de les suivre dts le début dans leurs vues d’agrandissements futurs, alors que les musées n’en sont encore qu’a la phase initiale de leur développement.

Le deuxitme problème qui se pose aux musées d’Orient est celui de leur orga- nisation financière. Ce problème a été résolu de façons varibes par les divers fitatss La plupart ont adopté le système de l’autonomie financière. Sans doute ce système permet-il des travaux techniques plus appropriés et évite-t-il d’autre part les inconvé- nients d’un budget annuel. Mais il n’est pas sans inconvénients pour des musées nouvellement créés. Ceux-ci ne disposent point, comme les musées anciens, de ressources importantes qui leur appartiennent en propre et l’IItat, toujours court d’argent, est trop facilement enclin à prendre prétexte du fait qu’ils ont quelques revenus pour ne pas augmenter les subventions qu’il leur verse. Jmxcluc, par contre, l’l3tat prend les musées à sa charge, ceux-ci profitent au moins d’un certain automa- tisme des budgets annuels et souvent même les circonstances leur permettent d’augmenter leurs ressourccs -- augmentations qui peuvent se répéter les autres années. Par suite du reversement au Trésor, à la fin de l’annéc, des sommes non dépensées, et de l’absence d’une réserve de capitaux, ce système empêche de faire

de gros achats OU d’entreprendre des travaux importants. Au Liban, nous avons résolu la difficulté de la faSon suivante : l’etat alloue les crédits annuels nécessaires et un Comité des amis du musée, disposant de revenus spéciaux, fournit les crédits extraordinaires qu’on ne peut obtenir à temps en cours d’année.

Un troisième problème se pose pour les musées orientaux : celui de leur pcr- sonncl. Le développement rapide des musées et les systèmes administratifs en usage dans ccrtains d’entre eux imposent un surcroit de travail à leur personnel technique, déjà insuffisant. A part le musée de Jkrusalem, les musées d’Orient manquent de ce personnel technique formé soit de débutants, soit de fonc- tionnaires rompus depuis longtemps aux travaux archéologiques. Un tel personnel éviterait aux conservateurs de nombreux travaux, très absorbants, qui, dans les musées déjà anciens, sont confiés aux attachés des départements. Dans des pays en pleine organisation les travaux administratifs sont multiples, et le conservateur doit en même temps faire face aux travaux d’inventaire, de classement, et à maints travaux qui absorbent une bonne partie de son temps, d’autant que les musees d’Orient manquent d’un personnel secondaire au sens artistique suffisamment dtveloppé pour pouvoir etre chargé du détail des travaux ld’exposition. Ces détails incombent très souvent aux conservateurs eux-mêmes, car le moindre déplacement d’un objet peut rompre toute l’harmonie d’une vitrine. D’autre part, pour faire connaître les musées naissants, les conservateurs sont souvent obligCs de faire eux-mêmes les honneurs de leur établissement; ils se voient ainsi absorbés par des travaux de détail, de caractère administratif, et si nombreux que le temps leur manque très souvent pour poursuivre leurs recherches, leurs études et publier les résultats de leurs découvertes. J’ai souvent pensé, à ce propos, à deux noms que je voyais jadis sur la liste des anciens conservateurs du Louvre; lorsque j’étais étudiant, j’éprouvais un sentiment presque de mépris pour ces noms auxquels ne s’attache, à ma connaissance, qu’une œuvre scientifique très maigre. Aujourd’hui, au bout de vingt-deux ans d’administration, je pense avec pitié A ces deux inconnus qui, s’étant trouvés dans une période d’organisation, ont passé sans doute leur vie à échafauder le monument qui pcrmit plus tard aux autres de travailler plus tranquillement. Mais, malgré les satisfactions de l’oeuvre créatricc, l’archéologue qui, faute de temps, se voit transformé en fonctionnaire ne peut que penser avec amcrtume au temps qui passe trop vite et à l’expérience acquise durant toute une vie et qui, probablement, sera emportée avec lui sans qu’il puisse laisser à ses enfants l’héritage d’un nom scientifique et sans qu’il ait eu le temps de rendre à la science les fruits du savoir qu’il a acquis. Ce probltme se pose certainement à plus d’un de ces archéologues nis sur le sol dc l’Orient, si près des sources de la science.

Un autre probltme est celui de la restauration des pièces les plus importantes. lh effet, si lcs musées de l’Orient sont pourvus d’un personnel spkcialisé dans divers travaux de restauration ordinairc, ils souffrent tout de meme de leur éloignement des grands centres où sc trouvent les atcliers et les spécialistes dont le nom s’est imposé à l’échelle mondiale. Lc transport des aeuvres d’art d’un grand intérêt repdsente toujours un risque grave, sans compter les frais qu’entraîne l’accompagnement de C ~ S euvrcs maîtresses. 11 cst donc de l’intérêt des musées du Proche-Orient de main- tenir entre eux des contacts très intimes. Une collaboration de ce genre p u t , en groupant les travaux à effcctuer, faciliter l’appel A de grands spécialistes pour la restauration des aeuvres importantes.

D’autre part, il cst nécessaire que les conservateurs des musées orientaux fassent, dc tcmps à autre, des voyages d’étude. 11 importe pour eux de multiplier les contacts avec les centres scientifiques ou artistiques. Malheureusement la mentalité humaine

67. Palais et Mude de Beit-ed-Dine. Liban. 65. Beit-ed-Dine Palace and Museum. Lebanon.

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est encore portée à ne voir dans ces voyages que des prétextes A plaisir et les archéo- logues rencontrent certaines difficultés dans ce domaine.

Un dernier problkme assez grave est celui du partage des antiquités à la suite des fouilles. L’exode constant des objets jusqu’au début du xx“ siècle a enlevé au public toute confiance dans le désintéressement des missions scientifiques. Les États sont obligés de prendre les fouilles à leur charge et de garder les objets découverts, afin que le public s’intéresse aux travaux archéologiques et les favorise, dans la conviction que ses intérêts nationaux sont défendus. Une politique plus large pourrait être envisagée par la suite, lorsque le public aura vu se développer ses musées et lorsque le véritable goût de l’archéologie, intelligemment répandu dans le public, permettra de juger plus sainement le désintéressement des hommes de science. En attendant, le meilleur moyen serait de constituer des collections de doubles, destinées aux échanges, et de les faire connaître par une publicitb. appropriée.

Voilà donc quelques-uns des probkmes que doivent résoudre les musées naissants du Proche-Orient - problèmes douloureux ou gênants, mais heureuse- ment, pour la plupart, problèmes destinés à disparaître d’eux-memes avec le temps, moyennant un peu de patience et d’habileté. 11 faut d’ailleurs avouer que, si certains de ces probltmes sont inhérents aux musées de l’orient, un bon nombre d’entrc eux sont communs à la plupart des musées. Par conséquent, les malheurs des musées de l’Orient - si l’on peut employer ce terme - proviennent en partie de leurs richesses trop rapidement accumulées, ainsi que de leur éloignement des grands centres. Le deuxième de ces inconvénients tend de plus en plus à disparaître; quant au premier, combien de musées le leur envieraient volontiers!

ARCHAEOLOGICAL M U S E U M S I N T H E M I D D L E EAST

by MAURICE H. CHEHAB

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A large number of museums have grown up in the various States which were once part of the Ottoman Empire, since thcy became independent; this fact has given rise to a variety of problems.

The most important of these museums are those at Beirut and Beit-ed-Dine in Lebanon, Damascus and Aleppo in Syria, Bagdad and Jerusalem.

Somc of the countries have built suitable premises to house their ancient relics but, almost as soon as they are opened, the museums find themsclvcs cramped for space.

The Governments of these States, proud of the glories of their past, have en- couraged and promoted archaeological research for scientific as well as political reasons. In carrying out public works - the construction of roads, buildings and canals - moreover, a variety of historical remains are often discovered, and these go to swell the treasures of the nation. It is obvious that not all these specimens can be exhibited and that only a selection can be displayed to the public. Oriental museums, more than any others, must therefore enlarge their reserve collections and arrange them so that specialists may study them.

However, although governments are fairly generous in the matter of building exhibition halls and initial premises, it is more difficult to secure the funds necessary every few years for additional buildings and, above all, for the land on which to build them, especially as land is rather dear in urban centres in the East.

Certain specimens can indeed be left “in situ”,and we might build more museums near the sites of excavations, but it is dangerous to establish such depository museums at least in the early stages. The tendency of the local inhabitants to turn the sites into tourist resorts will seriously hinder the establishment of large, centralized, national collections. If we allow such depots to be set up, we shall see a country’s ancient relics frittered away, to the permanent hindrance of comparative studies, the educa- tion of the public and the preservation and exhibition of specimens. Although it may be useful to establish depository museums, this course should be adopted only when the central museums are sufficiently developed. In the meantime, only specimens which will not be damaged or those belonging to some monument, can safely be left “in situ”.

The problem of museum premises in the Near East is thus due to their over-

rapid devclopment and the difficulty of acquiring enough land in the towns at the beginning. This problem will be automatically solved when the collections are so important that governments are conipclled to carry out extcnsivc cxpropriations or to transfer large museums to other premises. Archaeologists cannot ask their govern- ments to follow them, from the beginning, in their plans for the future extension of museums still in the early stages.

The second problem confronting Eastern museums is their financial adminis- tration. This problem has been solved in different ways by the various Statcs. Most of them have adopted the system of financial independence. Admittedly, this system facilitates technical work on the proper scale and also avoids the disadvantages of

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an annual budget, but it has drawbacks whcre new museums are concerned. Unlike the older museums, these have no large resources of their own; but the fact that they have some funds prevents the governments, which are always short of money, from increasing their subsidies. On the other hand, when the State finances museums, the latter at least have the advantage of a degrce of certainty in thcir annual budgets, and indeed are often so placed that they can add to their funds, possibly ycar by year. Owing to the fact that unexpended sums are returned to the Treasury at the end of the year and that there is no capital rescrvc, this system makes it impossible for the museums to make large purchases or to undertake important work. In Leba- non, we have solved the difficulty in the following way: the State provides the necessary annual appropriations, and a committee of "Friends of Museums", which has special resources available, provides any extraordinary grants which cannot be secured in due time in the course of the year.

A third problem encountered by Oriental museums is that of staff. The rapid devclopment of thc muscums and the administrative system employed in some of them, place an undue burden upon their already inadequate technical staff. With the exception of the museum at Jerusalem, Eastern museums are short of technical staff, cither beginners or officials with long training in archaeological work. Such staff would relieve curators o f much burdcnsome work which, in the older museums, is entrusted to departmental assistants. There is much administrative work to be done in countries where museums are still being organized, and the curator has to cope siinultaneously with cataloguing, classification, and many other tasks which take up much of his time, cspecially as Eastern museums are short of auxiliary staff having a sufficiently developed artistic sense to enable them to undertake responsibility for thc details of exhbition. This detailed work is very often done by the curators themselves, for the slightest fault in the placing of one exhibit may destroy the effect of a whole show-case. In addition, curators are often obligcd to do the honours of their museums themselves, in order to spread the fame of a young muscum; they are thus so busy with detailed administrative work that they very often have no time to pursue thcir rcscarch and studics and to publish the results of their dis- coveries. In this connexion, I have often been reminded of two namcs which I used to sce on the list of former curators at the Louvrc; whcn I was a student, I almost despised thoce names because, so far as 1 knew, their owners had left only a very small legacy of scientific work. Now, after 22 ycars of administration, I think with pity of those two unknown people who, as they were working in a timc of deve- lopment, probably spent their lives building up the edifice which made it possiblc for others, later on, to work in grcatcr calm. But, in spite of the satisfaction to be found in creative work, the archaeologist whom lack of time converts into an admi- nistrative official cannot help thinking bitterly of the swift passage of timc, and of his lifetimc's experience probably disappearing with him without his being able to leave his children a name renowned in science or having time to add the fruit of his learning to man's knowledge. This problem must certainly confront more than onc of those archaeologists who have developed in the East, so close to thc wcll- springs o f Science.

The restoration of the most important objects reprcsents yet another problem. Indeed, although Eastern museums have on their staff specialists in the various Processes of ordinary restoration, they are nevertheless at a disadvantage bccausc

de Beyrnuth* Vue ginCrale Be'rut hfuseu'n. Gcneral "leW.

G7. Musee de Collection du D~ Georges Ford. 67. Galllery of sarcophagi.

des :

- they are SO far from thc main centrcs, whcrc workrooms and specialists or world- wide repute are to be found. The transport of valuable works of art is always a risk, not to mention the cost of accompanying those works. It is, therefore, to the advan-

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MUSÉES

tage of museums in the Middle East to maintain vcry close contact with one another, By such collaboration, it may be possible to centralize the work and so make it easier to enlist wcll-known spccialists for the restoration of important specimens,

Curators of Oriental museums should also travel from time to time for the purposes of study, It is important for them to increase their contacts with centres of science or art. Unfortunately, human nature is still inclined to look upon travel as nothing but a pretext for amusement, and archaeologists are encountering difficulties in this respect.

Lastly, the distribution of relics found in excavations gives rise to a rather serious problem. The constant cxodus of specimens up to the beginning of the XXth Ccntury destroyed the public’s confidence in the disinterestedness of scientific cxpeditions. States are compelled to undertake responsibility for cxcavations and to keep their specimens, so that the public may take an interest in archaeological work and encourage it, secure in the knowledge that their national interests are protected. A broader policy may be contemplated later, when the public sees its museums developing and when a real taste for archaeology, intelligently fostered, makes pos- sible a sounder judgment of the disinterestedness of scientists. In the meanwhile, the best course would be to establish collections of duplicates for exchange, publicizing them adequately.

The above are some of the problems confronting the developing museums in the Near East; they are troublesome or awkward but, fortunately, most of thcm will automatically disappear in time, if a little patience and skill are exercised. Moreover, it must be recognized that, although some of these problems are peculiar to Eastern museums, numbers of them are common to many other museums as well. The m i s - fortunes of Eastern museums - if we may so describe them - are thus due in part to their sudden accumulation of treasures and their distance from the grcat centres. The second difficulty is steaddy tending to disappear and, as for the first, many museums would be only too happy to suffer such a disadvantage!

(Translated from French.)

D’HISTOIRE

par KENNETH B. DISHER

N A T U R E L L E

E musée d’histoire naturclle d’hier se préoccupait surtout de constituer de vastes L collections et parfois même uniquemcnt de conserver certains spécimens d’anomalies ou de singularités de la nature. Le visiteur pouvait être frappé par la multitude des objets exposés ou par la rareté de certains phénomènes que produit la nature; mais il n’apprenait pas grand chose. I1 était encouragé à collectionner les curiosités naturelles, ou encore les papillons, les fossiles, les pointes de flèches, les spécimens de tous genres et à en faire don au musée, pour remplir une nouvelle vitrine et voir figurer son nom en bonne place en tant que (( donateur N. Aujourd’hui le musée d’histoire naturelle revêt une signification plus profonde et plus riche pour le visiteur. Celui-ci n’est pas seulement encouragé à entreprendre une collcction : il est encore éclairé sur les rapports de l’homme et de la nature. Ce mouvement, dont plusieurs institutions ont été les initiatrices avant la dernière guerre, est maintenant en plein dévcloppement.

L’importance que revet la nature dans la vie quotidienne de l’homme est devenue le thème central illustré par les musées d’histoire naturelle, qui mettent en lumière aujourd’hui non seulement le drame de la nature, mais aussi celui de l’homme. Les démonstrations et les expositions actuelles montrent comment l’homme a appris utiliser la nature en vue d’enrichir sa vie, et combien il importe de conserver les ressources naturelles afin de pouvoir continuer à jouir de ces avantages. Il s’agit de faire comprendre les rapports naturels qui unissent l’homme à son milieu. Ce résultat est atteint non pas par les méthodes autrefois populaires, c’est-à-dire en reconstituant de vastes (( groupes d’habitats )) et en exposant d’innombrables objets, mais par des procédés graphiques, grâce à de petits ((groupes d’habitats )) mobiles, à des dioramas, à des maquettes ainsi qu’à divers autres moyens techniques.

Jusqu’ici les expositions n’avaient eu qu’un caractère purement (( fonctionnel ));

mais aujourd’hui on a tendance à leur donner un caractère dynamique. A des exPo-