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améliorer ses capacités à identifier, évaluer et prévenir les trou- bles dans le domaine de la santé mentale engendrés par la rapidité des changements dans une entreprise en mutation, constitue un des nouveaux défis de la santé au travail. Lorsque le « Cinéma de la grande distribution » tourne au cauchemar pour ses employés K. DJERIRI AIMT du Puy de Dôme, Clermont-Ferrand. Les salles de cinéma ont depuis une vingtaine d’année, enregistré une baisse de fréquentation. Aux tarifs appliqués, au climat d’insécurité dans certains quartiers, certains cinéphiles se sont repliés sur les vidéocassettes, les chaînes télévisées spécialisées, le DVD, ou le piratage internet des derniers films. Les petites salles ont passé, pour la plupart, la main au « Cinéma de la grande distribution ». La santé des employés est directement tributaire des restructurations, des rachats et des logiques des décideurs. Dans cette branche professionnelle, trois types d’établissements se distinguent : l’entreprise artisanale, le cinéma dit « arts et essais », et le « Cinéma de la grande distribution ». Si la santé mentale au travail des employés des deux premiers cinéma cités, est loin de nous préoccuper, celle du « Cinéma de la grande distribution » est inquiétante à plus d’un titre. La politique des flux tendus est la règle. La charge de travail a explosé, la polyva- lence est omniprésente. Les créneaux horaires sont variables à tout moment et à l’insu même des employés y compris des responsables de site qui n’ont même pas le temps d’en informer la clientèle. Les employés sont à la limite de l’épuisement physique et psychologique. Au stress professionnel et à l’humiliation des employés, la dépression se fait jour. La souffrance psychologique et le désarroi des salariés sont édifiants de puissance. La stratégie du « Cinéma fast-food » qui a perdu toute vocation culturelle et récréative, est d’enterrer toute une époque et ses employés avec. Dans le même temps, ce « Cinéma fast-food » vogue vers des structures de type grande distribution en zone industrielle. L’objectif de la direction est de remettre en cause une quinzaine d’emplois dont l’ancienneté moyenne est de quinze ans en pous- sant les plus fragiles à démissionner. Le collectif de travail est encore présent. La gravité de l’atteinte de la santé mentale des employés du « Cinéma fast-food » est en passe de détrôner le 7 e art. Arsenic, la vérité si je mens B. FONTAINE (1) , M.B. CLEENEWERCK (1) , G. ROUZE (1) , L. LABBAT (2) , M. LHERMITTE (2) (1) AMEST (ex CDMT) Lille. (1) Laboratoire de biochimie et de biologie moléculaire, CHRU, Lille. Objectif : aide à la gestion d’une crise psychologique en entre- prise après la découverte d’une exposition à l’arsenic ignorée. Méthodes : une trentaine de salariés d’une entreprise de BTP, de sous-traitants, et d’intérimaires ont appris, à la fin d’un chantier de terrassement, que les terres manipulées étaient contaminées par l’arsenic. Après information du CHSCT et des personnes concernées, il a été proposé, puis réalisé, un interrogatoire sur la durée et les conditions d’exposition, sur les habitudes alimen- taires, un examen dermatologique complet et un prélèvement de phanères (cheveux/poils pubiens) en vue d’un dosage d’arsenic inorganique. Résultats : aucun examen dermatologique n’a révélé d’anoma- lies de la lignée arsenicale. Les analyses de phanères n’ont pas non plus mis en évidence d’anomalie notable. Conclusion : seule une investigation réalisée de manière trans- parente, de sa conception à la restitution des résultats était à même de respecter le droit au suivi médical après exposition à un cancérogène et la liberté de chacun d’être en mesure de prendre sa propre décision vis-à-vis de ce suivi en disposant des éléments d’information nécessaire. MERCREDI 9 JUIN MATIN 153

Arsenic, la vérité si je mens

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améliorer ses capacités à identifier, évaluer et prévenir les trou-bles dans le domaine de la santé mentale engendrés par la rapiditédes changements dans une entreprise en mutation, constitue undes nouveaux défis de la santé au travail.

Lorsque le « Cinéma de la grandedistribution » tourne au cauchemarpour ses employésK. DJERIRI

AIMT du Puy de Dôme, Clermont-Ferrand.

Les salles de cinéma ont depuis une vingtaine d’année, enregistréune baisse de fréquentation. Aux tarifs appliqués, au climatd’insécurité dans certains quartiers, certains cinéphiles se sontrepliés sur les vidéocassettes, les chaînes télévisées spécialisées,le DVD, ou le piratage internet des derniers films. Les petitessalles ont passé, pour la plupart, la main au « Cinéma de la grandedistribution ». La santé des employés est directement tributairedes restructurations, des rachats et des logiques des décideurs.Dans cette branche professionnelle, trois types d’établissementsse distinguent : l’entreprise artisanale, le cinéma dit « arts etessais », et le « Cinéma de la grande distribution ». Si la santémentale au travail des employés des deux premiers cinéma cités,est loin de nous préoccuper, celle du « Cinéma de la grandedistribution » est inquiétante à plus d’un titre. La politique desflux tendus est la règle. La charge de travail a explosé, la polyva-lence est omniprésente. Les créneaux horaires sont variables àtout moment et à l’insu même des employés y compris desresponsables de site qui n’ont même pas le temps d’en informer laclientèle. Les employés sont à la limite de l’épuisement physiqueet psychologique. Au stress professionnel et à l’humiliation desemployés, la dépression se fait jour. La souffrance psychologiqueet le désarroi des salariés sont édifiants de puissance. La stratégiedu « Cinéma fast-food » qui a perdu toute vocation culturelle etrécréative, est d’enterrer toute une époque et ses employés avec.Dans le même temps, ce « Cinéma fast-food » vogue vers desstructures de type grande distribution en zone industrielle.

L’objectif de la direction est de remettre en cause une quinzained’emplois dont l’ancienneté moyenne est de quinze ans en pous-sant les plus fragiles à démissionner. Le collectif de travail estencore présent. La gravité de l’atteinte de la santé mentale desemployés du « Cinéma fast-food » est en passe de détrôner le 7e

art.

Arsenic, la vérité si je mensB. FONTAINE (1), M.B. CLEENEWERCK (1), G. ROUZE (1),L. LABBAT (2), M. LHERMITTE (2)

(1) AMEST (ex CDMT) Lille.(1) Laboratoire de biochimie et de biologie moléculaire, CHRU,Lille.

Objectif : aide à la gestion d’une crise psychologique en entre-prise après la découverte d’une exposition à l’arsenic ignorée.

Méthodes : une trentaine de salariés d’une entreprise de BTP, desous-traitants, et d’intérimaires ont appris, à la fin d’un chantierde terrassement, que les terres manipulées étaient contaminéespar l’arsenic. Après information du CHSCT et des personnesconcernées, il a été proposé, puis réalisé, un interrogatoire sur ladurée et les conditions d’exposition, sur les habitudes alimen-taires, un examen dermatologique complet et un prélèvement dephanères (cheveux/poils pubiens) en vue d’un dosage d’arsenicinorganique.

Résultats : aucun examen dermatologique n’a révélé d’anoma-lies de la lignée arsenicale. Les analyses de phanères n’ont pasnon plus mis en évidence d’anomalie notable.

Conclusion : seule une investigation réalisée de manière trans-parente, de sa conception à la restitution des résultats était àmême de respecter le droit au suivi médical après exposition à uncancérogène et la liberté de chacun d’être en mesure de prendresa propre décision vis-à-vis de ce suivi en disposant des élémentsd’information nécessaire.

MERCREDI 9 JUIN MATIN 153