8
N° 5 LE GENRE SUR LE PLAN INTERNATIONAL Femmes.DOCX Publication des Femmes CSC/décembre2013 Au travers d’initiatives de la CES et de la CSI, nous avons rencontré des femmes syndicalistes qui nous racontent comment elles s’attèlent à relever le défi de l’égalité, quelles initiatives elles prennent et quel monde elles veulent ! Séminaire ETUI à Bucarest: Conciliation vie privée- vie professionnelle. L’égalité entre hommes et femmes, une priorité pour la CES. 2 ème Conférence mondiale des femmes. Dakar, Sénégal. Assemblée sur la syndicalisation des femmes.

Assemblée sur la syndicalisation des femmes. le … · ment des jeunes femmes. Au fil du temps, force est de constater ... mettre en place des coopératives pour lutter contre la

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Assemblée sur la syndicalisation des femmes. le … · ment des jeunes femmes. Au fil du temps, force est de constater ... mettre en place des coopératives pour lutter contre la

N° 5

le GeNre sur le plaN

iNterNatioNal

Femmes.DOCX

Publication des Femmes CSC/décembre2013

Au travers d’initiatives de la CES et de la CSI, nous avons rencontré des femmes syndicalistes qui nous racontent comment elles s’attèlent à relever le défi de l’égalité, quelles initiatives elles prennent et quel monde elles veulent !

Séminaire ETUI à Bucarest: Conciliation vie privée- vie professionnelle.

L’égalité entre hommes et femmes, une priorité pour la CES.

2ème Conférence mondiale des femmes. Dakar, Sénégal.Assemblée sur la syndicalisation des femmes.

Page 2: Assemblée sur la syndicalisation des femmes. le … · ment des jeunes femmes. Au fil du temps, force est de constater ... mettre en place des coopératives pour lutter contre la

2 Femmes.DOCX - Décembre 2013

C’est autour de cette vaste ques-tion qu’une vingtaine de syndi-calistes Bulgares, Lituaniennes, Français, Danois, Irlandaises, Roumaines et Belges se sont réu-nis à Bucarest du 22 au 24 octobre dernier, à l’initiative de l’ETUI . Les apports théoriques de Cinzia Sechi, conseillère politique à la CES, et de Karel Fric d’Eurofound nous ont permis de prendre du recul sur la réalité européenne en matière de conciliation vie privée-vie professionnelle. La manière d’aborder le temps de travail, la flexibilité du temps de travail et des types de contrats, les congés thématiques sont en effet TRES différents d’un pays à l’autre. Mag’s O’Brian nous a exposé l’état des lieux de la conciliation vie pri-vée-vie professionnelle en Irlande, pays où la flexibilité du temps de travail est plutôt vue comme une mesure positive de conciliation. Roméo Matsas a présenté le rôle des services collectifs dans la

conciliation vie privée-vie pro-fessionnelle en Belgique franco-phone : autant dire que notre sys-tème fait figure d’Eldorado pour nos collègues de l’est de l’Europe !Au-delà des apports théoriques, la richesse de ce type de forma-tion réside avant tout dans les échanges entre participant-e-s d’horizons divers. Les nombreux temps de travail en petits groupes nous ont permis de dégager des points communs et pistes de re-vendications à travailler au niveau européen. J’en retiens quatre en particulier. Tout d’abord, travailler sur les stéréotypes qui touchent les hommes et les femmes est ressorti comme une priorité par-ticulièrement sensible en temps de crise, où on renverrait bien vite les femmes aux trois K . Tant de choses découlent des stéréotypes que nous inculquons, parfois sans le vouloir, à nos enfants et que nous reproduisons « naturelle-ment » y compris dans le monde

du travail ! En second lieu, plutôt que d’allonger le congé de mater-nité, rendre le congé de paternité obligatoire permettrait d’en béné-ficier dans les pays où il n’existe pas encore (ex : en Roumanie) et cela permettrait aux papas de le prendre car dans les pays où il existe, ils y ont droit mais ne le prennent pas toujours par «contraintes sociales ». Cela serait un petit pas pour équilibrer un peu plus les choses entre parents dès la naissance de l’enfant. Troi-sièmement, lire chaque modifi-cation de l’organisation du travail, même si elle vise à une meilleure conciliation, à la lumière de la santé et de la sécurité au travail à moyen et à long terme permettrait d’éviter les pièges dans lesquels on peut tomber, y compris à la demande des travailleurs-euses, lorsqu’une demande de flexibilité nous arrive. Enfin, je retiendrai comme quatrième piste de travail commune le fait d’agir pour des

infrastructures collectives, soit pour les maintenir dans les pays où nous avons la chance d’ être pas trop mal équipés (même si on est encore loin d’une situation idéale) soit pour les (re)développer dans des pays comme la Bulgarie ou parfois, de telles structures exis-taient mais ont disparu avec la fin du régime communiste. En prenant le temps de discuter et de comprendre la réalité des autres syndicalistes européens, nous nous sommes rendus compte que construire un syndicalisme européen est possible et peut-être pas aussi compliqué que cela en a l’air, y compris sur les matières de conciliation vie privée-vie pro-fessionnelle. Lorsque les volontés sont là et l’objectif de défendre les travailleurs-euses, avec et sans emploi, nous rassemble… tout devient possible !

Gaëlle Demez, FEC

Séminaire ETUI - Institut Syndical EuropéenConciliation du travail, de la vie de famille et de la vie privée : quel rôle et quels défis pour les syndicats ? Bucarest 22-23-24 octobre 2013

Dans la foulée du programme d’action de la CES adopté par le Congrès d’Athènes qui identifiait l’écart de rémunération entre les femmes et les hommes comme une priorité, la CES développe un projet intitulé « négocier pour l’égalité ». Ce projet, soutenu par la Commission Européenne, a pour objectif de développer des initiatives qui permettront de faire face aux problèmes structurels de l’inégalité salariale. La démarche entamée veut apporter ses contri-butions à la politique européenne en matière d’égalité entre hommes et femmes et à l’identification de priorités et d’actions à mener au sein de l’Union Européenne.Concrètement ce projet vise la

sensibilisation des organisations syndicales à intégrer et systémati-ser la question de l’égalité de genre dans les négociations collectives tant au niveau de l’entreprise, qu’au niveau sectoriel et au niveau national par l’accroissement de la participation des femmes dans les négociations collectives, par l’élaboration d’outils et d’instru-ments syndicaux adéquats et fina-lement par le développement de la connaissance en la matière et l’échange de bonnes pratiques.Le Comité des Femmes de la CES a pris une part fort active dans ce processus. Tout au long de l’année 2013, les organisations membres de la CES ont été sollicitées à partici-

per à une enquête collectant des données sur le degré de prise en considération de l’égalité de genre dans les négociations ; à des ate-liers organisés dans 4 villes euro-péennes et à une conférence à Vil-nius. Ce travail a permis d’y voir plus clair sur les expériences des organisations syndicales, sur les initiatives existantes, sur les défis à relever et sur le chemin qui reste à parcourir.Pour la CES, il est clair que les négociations collectives sont un mécanisme prépondérant dans la lutte contre l’inégalité salariale entre les hommes et les femmes car elles permettent de s’attaquer aux multiples causes qui créent et contribuent à maintenir l’écart

salarial. Voilà qui vient conforter le travail que nous avons réalisé, en 2010, à la CSC, en collabora-tion avec la FTU et L’HIVA, sur la question de la perspective de genre dans la concertation sociale. Lors de la conférence de Vilnius, nous avons eu l’occasion, le 5 novembre dernier, de présenter le système belge de classification analytique neutre sur le plan de genre. La CSC s’est inscrite concrètement dans le projet développé par la CES. Le travail n’est pas terminé mais il s’inscrit bien dans l’optique d’en finir avec l’écart salarial.

Patricia Biard, Responsable Femmes CSC

L’égalité entre hommes et femmes, une priorité pour la CES

Page 3: Assemblée sur la syndicalisation des femmes. le … · ment des jeunes femmes. Au fil du temps, force est de constater ... mettre en place des coopératives pour lutter contre la

3Femmes.DOCX - Décembre 2013

Arracher sa place !Le combat des femmes sénégalaises par Dimitra Penidis, CSC Bâtiment-Industrie & Energie

A la veille du lancement de la deuxième conférence mondiale des femmes, à Dakar, du 19 au 21 novembre 2013, la CSC a organisé en collaboration avec la CSI (Confédération Syndi-cale Internationale), Solidarité Mondiale et le CNTS (Confédé-ration Nationale des travailleurs du Sénégal), un « Side Event » ou réunion d’échanges. Cette rencontre a été l’opportunité pour notre délégation syndicale de rencontrer l’ensemble de ses partenaires issus du continent africain, asiatique et d’Amérique Latine et d’échanger sur les pro-blématiques de protection so-ciale et d’égalité de genre.

Dans son allocution de bienvenue, Mody Guiro, le Secrétaire général de la CNTS, a salué le choix de la CSI d’organiser, pour la première fois en Afrique, cette conférence mondiale et de permettre ainsi à la solidarité mondiale de se mettre en place en matière de genre. Rappelons que la conférence a été rebaptisée "Assemblée sur la syndicalisation des femmes." C’est un réel défi pour les femmes séné-galaises que d’accéder à des postes à responsabilités. Les hommes ne cèderont pas facilement leur place aux femmes. Elles devront lutter au quotidien et leur « arracher »

la place qui leur revient, a affirmé Mody Guiro, le Secrétaire général de la CNTS.Ce Side Event a également été l’occasion de rappeler les 4 thé-matiques prioritaires de la confé-rence mondiale des femmes : celle du manque cruel de femmes dirigeantes notamment aux tables de négociations ; celle de l’éco-nomie des soins principalement dévolue aux femmes mais nul-lement reconnues ou valorisées; celle de l’économie informelle où les femmes sont surreprésentées et travaillent dans des conditions de précarité épouvantables; celle de l’organisation et du recrute-ment des jeunes femmes. Au fil du temps, force est de constater que le mouvement syndical, au niveau international, perd plus de membres qu’il n’en gagne. Augmenter la force de frappe des syndicats reste le défi majeur de la CSI. Pour ce faire, il est impératif d’avoir un mouvement syndical fort et représentatif.En Afrique, 90% de la population travaille dans le circuit informel et est exclu de tout système de protection sociale. L’écart salarial creuse les inégalités et renforce la misère sociale des femmes qui su-bissent de plein fouet cette double discrimination. Au Sénégal, de-puis la création, le 26 juillet 2006,

d’un comité de femmes au sein de la CNTS, ces dernières com-mencent à s’organiser et tentent de mettre en place des coopératives pour lutter contre la pauvreté, des mutuelles de crédit social à taux d’intérêts réduits (3% à 4%) et de renforcer l’entreprenariat féminin.Cependant, la route est encore longue et pavée d’embuches. A l’heure actuelle aucun budget n’est prévu pour permettre aux comités des femmes de s’épanouir pleine-ment et pour mettre en œuvre des actions pratiques. Ce point repré-sente leur plus grande faiblesse. Solidarité Mondiale a également rappelé la nécessité de mettre en place des systèmes de mutuelles

solidaires pour parvenir à une protection sociale durable et in-clusive et de favoriser l’accès aux micro-crédits indispensables au développement des activités pro-fessionnelles des femmes . Permettre aux femmes d’accéder à cette protection sociale nécessite-ra une modification profonde de certaines législations et la mise en place d’une réelle politique gou-vernementale autour de cette pro-blématique. La prochaine étape reste l’adoption par le Sénégal de la Convention 189 de l’Organi-sation Internationale du Travail relative au travail domestique.

Page 4: Assemblée sur la syndicalisation des femmes. le … · ment des jeunes femmes. Au fil du temps, force est de constater ... mettre en place des coopératives pour lutter contre la

4 Femmes.DOCX - Décembre 2013

interviews par Patricia Biard, Responsable Femmes CSC

Coumba Gueye Ndong, infirmière à la caisse de sécurité sociale du Sénégal, présidente de la pépinière du comité Femmes de la Confédération Nationale des Travailleurs du Sénégal

Coumba, qu’est-ce qui t’as moti-vée à t’impliquer dans le syndi-cat?L’injustice qu’on rencontre dans nos entreprises. Un jour, mon chef de service passe pour une visite de chantier et me voit. Je veux lui parler et lui expliquer les problèmes que nous rencon-trons. Il faut savoir que les condi-tions de travail étaient difficiles et les problèmes nombreux. Nous travaillions parfois dans l’eau car les locaux étaient inondés…Un

des leaders présent, ce jour-là, m’arrache le micro en disant que tout le monde a des problèmes et qu’il ne faut pas parler de pro-blème personnel, ceci avant que je n’ai pu dire quoi que ce soit ! A ce moment-là, je n’étais pas dans le syndicat et je me suis dit, il faut que ça s’arrête. On n’a pas le droit à la parole, on n’a pas le droit de s’exprimer sur les problèmes qu’on vit. Il faut aussi qu’on soit un peu protégé pour pouvoir défendre les intérêts des travailleurs et des tra-

300 femmes syndicalistes venues d’une centaine de pays ont par-ticipé à la deuxième Conférence Mondiale des Femmes de la CSI (Confédération Syndicale Inter-nationale) qui se tenait à Dakar, au Sénégal, du 19 au 21 novembre 2013. Une délégation de la CSC participait à cet évènement. Le thème central de la conférence portait sur l’accroissement de la syndicalisation des femmes. Les débats ont permis, tant d’analyser les impacts de la crise mondiale sur les conditions de travail et de vie des femmes que d’échanger sur les actions à mettre en œuvre pour renforcer et améliorer leur situation.La séance d’ouverture de la confé-rence était présidée par madame le Premier Ministre Aminata Touré. Cette séance a immédiate-ment donné le ton à ce qui allait être le contenu de la conférence. En effet, Coumba Gawlo Seck, la chanteuse et diva sénégalaise, invitée dans le cadre de l’évène-ment culturel a lancé un appel, aux autorités de son pays, à ratifier la convention 189 de l’OIT, Orga-nisation Internationale du Travail, relative au travail domestique. Madame le Premier Ministre Touré s’est engagée à accélérer la ratification de cette convention 189 ainsi que la convention 183 sur la protection de la maternité.

Cette annonce de la plus haute importance pour le mouvement syndical féminin Sénégalais a été accueillie avec beaucoup d’en-thousiasme.Nous retiendrons de la confé-rence la nécessité de prendre à bras le corps les questions sociales des femmes. Pour ce faire, leur implication et leur inclusion dans les organisations syndicales sont vitales. Elles doivent prendre leur place, relayer leurs problèmes, défendre leurs intérêts, contribuer aux solutions et avoir des retours concrets qui améliorent la qualité de leur travail et de leur vie. Un effort tout particulier doit être fait en faveur de l’affiliation et de la mobilisation des jeunes femmes. « Les femmes doivent adhérer, militer et faire entendre leur voix».Si les différences en matière de conditions de travail et de vie, dans les pays participants à l’assemblée, sont indéniables, les femmes constatent qu’elles partagent, à travers le monde, de nombreuses caractéristiques communes : précarité d’emploi et de revenu ; pauvreté ; responsa-bilités familiales ; charges domes-tiques ; violence etc. C’est sur ces problématiques qu’elles veulent agir dans une optique de justice, de dignité et d’égalité. Le syndica-lisme n’est-il pas le levier privilé-

gié pour atteindre cet objectif ? La conférence a permis de partager autre chose que des constats. En effet, les femmes sont constructives, un tel rassemblement a donné de nom-breuses occasions pour échanger, de manière réaliste, sur les projets et les pra-tiques développés par les unes et les autres au sein de leurs orga-nisations syndicales respectives. Quelques brefs exemples : «or-ganiser les femmes avec des approches stratégiques », AFL-CIO1 organisation syndicale aux USA, qui a notamment présenté sa campagne pour lutter contre les discriminations et les contrats précaires pratiqués par la chaîne de grands magasins « Wal-Mart »; « militer pour l’accès des femmes aux postes de directions et pour l’engagement des organi-sations envers la promotion des femmes», Rengo, Japon2 ; « déve-lopper des campagnes en vue de la pénalisation des violences faites aux femmes » (UGTA, organi-sation syndicale en Algérie et

société civile) ; « élaborer des mé-thodes de recrutement de jeunes femmes» (CNTS, organisation syndicale au Sénégal ) etc.Nous avons rencontré Zakia, France et Coumba , toutes trois syndicalistes engagées, elles ont partagé avec nous leurs soucis mais aussi leurs projets pour construire une société démocra-tique, juste et égalitaire.

1 et 2 Pour plus de détails sur les exemples, voir site de la Confé-dération Syndicale Internationale http://www.ituc-csi.org/2wwc

Assemblée sur la syndicalisation des femmespar Patricia Biard, Responsable Femmes CSC

Page 5: Assemblée sur la syndicalisation des femmes. le … · ment des jeunes femmes. Au fil du temps, force est de constater ... mettre en place des coopératives pour lutter contre la

5Femmes.DOCX - Décembre 2013

vailleuses. En 2007, lorsqu’on m’a affectée à la caisse de sécurité sociale, dans l’action sanitaire et sociale, j’ai constaté qu’il n’y avait pas de délé-guée du personnel pour représen-ter le service dans lequel je travail-lais. Ce service était exclusivement féminin. Les autres services de l’institution avaient des délégués mais uniquement des hommes. Les femmes n’avaient pas droit à la parole. Leurs problèmes n’étaient pas pris en considération. J’ai trouvé que ce n’était pas normal. Dans une institution où on tra-vaille sur la protection maternelle et infantile, il n’y avait pas de délé-guée. Comment, dès lors, pouvoir relayer les problèmes ? En tant que jeune, je me suis dit que je pouvais m’engager dans le syndi-cat pour représenter et porter la voix des femmes dans la structure syndicale et dans l’institution. J’ai décidé de faire le pas et d’assurer la défense des intérêts matériels de mes collègues. Au-delà de ton mandat au sein de ton institution tu es plus large-ment engagée dans l’action syn-

dicale des jeunes femmes puisque tu es présidente du Comité des Jeunes Femmes de la CNTS. Quels défis sont à relever priori-tairement ? Les problèmes des jeunes et bien entendu des jeunes femmes sont nombreux. Il y a beaucoup d’in-justices sociales. Lorsqu’ils ont un emploi, on retrouve particulière-ment les jeunes dans le secteur in-formel, secteur dans lequel la pré-carité est de mise. Donc s’affilier et militer au syndicat, c’est vraiment important. L’affiliation des jeunes et des jeunes femmes est un véri-table défi à relever. Le problème c’est que le syndicat est souvent connoté de manière péjorative. On entretient auprès d’un large public, dont les jeunes, qu’être syndicaliste c’est défendre les inté-rêts des travailleurs et des travail-leuses mais c’est aussi risquer sa vie. Notre histoire syndicale est effectivement parsemée de lutte mais à l’heure actuelle, nous de-vons faire le nécessaire pour mon-trer qu’il ne faut pas avoir peur de rejoindre le syndicat. Ce n’est pas un lieu de violence, c’est un lieu

d’échange d’idée où l’on travaille sur l’amélioration des conditions de vie et de travail. C’est un lieu qui donne une réelle place aux femmes, aux jeunes femmes et qui leur donne la parole. Mon organi-sation la CNTS réserve aux jeunes femmes une place extraordinaire. Nous sommes très soutenues par le comité des femmes de la CNTS et de sa présidente Fatou Bintou Yaffa. A ce stade, mon comité de jeunes femmes comptent une quarantaine de participantes.Les jeunes doivent se mobiliser et nous devons les convaincre de s’engager et d’assurer la relève. Pour atteindre ces objectifs, nous avons créé, le 19 mars 2011, lors d’un séminaire sur la syndica-lisation des jeunes femmes, « la pépinière du Comité des Femmes de la CNTS, réseau Aline Sitoé Diatta » , un réseau mis en place pour assurer la relève dans le mouvement syndical, pour mas-sifier le comité des femmes. Aline Sitoé Diatta1, c’était une battante. On se réfère à cette dame pour montrer la bravoure de la femme africaine et plus particulièrement

de la femme sénégalaise et dire qu’on doit porter haut le flam-beau de la cause des femmes. Ce réseau, basé sur l’usage des nou-velles technologies de la commu-nication et de l’information, c’est-à-dire Facebook, nous procure des résultats. On peut dire que les jeunes femmes s’impliquent fran-chement par le biais du réseau. Par exemple, nous avons organisé un séminaire de jeunes femmes à M’bour et nous avons constaté que les jeunes femmes étaient informées de notre action grâce à ce réseau.Quel message voudrais-tu faire passer aux jeunes femmes ? Adhérer et venez militer avec nous. N’ayez pas peur de nous rejoindre. Ensemble nous obtien-drons une meilleure protection sociale, nous obtiendrons que les femmes puissent voler de leurs propres ailes !

1 Le réseau porte le nom d’Aline Sitoé Diatta, héroïne et résistante Casa-mançaise qui s’est battue pour la libé-ration et les droits de ses compatriotes durant la première partie du 20ème siècle.

Zakia Silem, chargée de la communication au département de l’éducation et de la formation syndicale à l’Union Générale des Travailleurs Algériens - UGTA. Membre titulaire du comité des femmes de la CSI.Militer pour la cause des femmes, est-ce un combat important pour toi ?Militer pour les femmes, c’est quelque part un peu dans mes gènes car gamine j’ai ouvert les yeux sur les injustices par rapport à la guerre de libération. Je suis une fille de la révolution. Je suis née au maquis, pour cette raison, je n’ai d’ailleurs pas de date de naissance. Les femmes ont été massivement présentes, elles étaient la logis-tique du mouvement. Elles étaient partout et étaient impliquées très concrètement. Jamais l’Algérie n’aurait eu son indépendance s’il n’y avait eu cette implication des femmes. A l’indépendance, lors de la reconnaissance de l’Etat, l’action de la plupart d’entre-elles n’a pas été reconnue, notamment parce que les maris n’ ont pas permis cette reconnaissance. En cause, le système patriarcal qui a toujours gouverné le monde. Cette situation m’a révoltée. Il s’agissait d’un déni total du travail

que les femmes avaient réalisé. Où en sont les droits des femmes en Algérie ?A l’indépendance, en dépit de courants conservateurs et rétro-grades, l’égalité est instituée dans la loi fondamentale du pays qui est la constitution. La discrimi-nation est réprimée par la loi. La constitution reconnait à la femme le droit à l’instruction. La scolari-sation est obligatoire pour les gar-çons et pour les filles. Une contradiction existe, cepen-dant, entre la constitution et la réalité. En 1984, le code de la famille apparait dans l’optique de gérer les relations familiales, en d’autres termes pour gérer la sphère privée. Ce code d’inspira-tion religieuse est en contradiction avec les principes d’égalité inscrits dans la constitution et viole en quelque sorte la hiérarchie des normes. Concrètement cela à des impacts sur les droits des femmes en termes de rapport entre époux, d’héritage etc. L’Algérie a ratifié

la CEDAW1 avec des réserves à tout ce qui touche au mariage et à l’héritage.Dans le domaine du travail, les lois sont égalitaires mais concrète-ment, on constate que les femmes ne disposent pas d’une place à part entière sur le marché de l’emploi. Les traditions cultu-relles et religieuses ont un effet très net sur l’autonomie économique et financière des femmes. En tant qu’en-seignante, j’ai vu à plusieurs reprises des cas d’excellentes élèves qui une fois mariées se sont vues contraintes de renoncer à une activité pro-fessionnelle pour des raisons familiales. De plus, les femmes diplô-mées sont particulièrement frappées par la crise. Leur chômage est important. Pour faire avancer la cause des femmes, un important travail reste à faire sur les mentalités. Mais il n’est pas

simple. Des idéologies rétro-grades s’immiscent insidieuse-ment dans notre société. Il faut rester très attentif à ces questions et être capable de tirer la sonnette d’alarme.Néanmoins, il faut soulever que ces dernières années ont connu

Page 6: Assemblée sur la syndicalisation des femmes. le … · ment des jeunes femmes. Au fil du temps, force est de constater ... mettre en place des coopératives pour lutter contre la

6 Femmes.DOCX - Décembre 2013

France, quelles sont les consé-quences de la crise en Europe sur les travailleurs et plus particuliè-rement sur les travailleuses ?Depuis 2008, début de la crise, l’Europe connait une forte aug-mentation du chômage de masse en Europe avec de fortes disparités selon les pays. 26 millions de chô-meurs, soit 12% de la population européenne. Mais c’est surtout les jeunes européens qui subissent de

plein fouet les conséquences de cette crise. Les hommes ont davantage été touchés par les suppressions d’emploi, conséquence des coupes sombres dans les activités indus-trielles où ils étaient majoritaire-ment représentés. L’écart entre hommes et femmes sur le marché de l’emploi s’ est dès lors réduit. Mais doit-on se réjouir d’une égalisation nivelée

par le bas, qui se réalise au détriment de tous ? Bien sûr que non !Les femmes restent surreprésentées dans des emplois précaires, faiblement rémunérés, les temps partiels, l’in-térim, le travail domes-tique et l’emploi dans l’économie informelle. De plus, la ségrégation sectorielle, les effets de la maternité et tous les autres types de discri-mination engendrent des inégalités salariales qu’on chiffre à 16% en défaveur des femmes. Un effet de la crise beaucoup moins

abordé est le développement de la violence faite aux femmes. Le harcèlement sexuel au travail est souvent invisible donc difficile à éradiquer.La crise a aussi des effets dans le domaine de l’aide aux personnes et aux familles, qu’en est-il en Europe ?Depuis le début de la crise, on considère qu’en moyenne 24% des européen-ne-s sont mena-cé-e-s de pauvreté ou d’exclusion sociale, cela représente environ 120 millions de personnes. Un pourcentage élevé d’enfants et de familles/femmes monoparentales est concerné par cette menace. Il est évident que les femmes continuent à endosser encore ma-joritairement les responsabilités familiales et domestiques.Presque partout en Europe, les services publics ont subi des ré-ductions drastiques avec des effets sur les structures d’accueil des enfants ; l’aide aux adultes dépen-dants ; les transports en commun; le logement ; les services sociaux; les soins de santé et plus large-ment la totalité de la protection sociale. Ces coupes dans les bud-gets ont eu des effets induits sur

les conditions de travail et de vie des femmes, c’est-à-dire tant dans leur qualité de travailleuses que d’usagères de ces services.Quelles sont les actions de la CES et du Comité des Femmes de la CES concernant ces questions ?La CES a saisi à de nombreuses reprises la Commission Euro-péenne pour lui rappeler combien l’Union Européenne a besoin d’un réel investissement social et com-bien il est justifié d’y consacrer un budget.La Commission Européenne vient de présenter son « paquet d’investissements sociaux » qui porte sur les soins de santé, l’ac-cueil de l’enfance susceptible de favoriser l’emploi des femmes, l’éducation et la formation, l’aide à la recherche d’emploi, dans l’op-tique de la réinsertion profession-nelle. Dans ce contexte, l’Europe recommande aux Etats de consa-crer des ressources budgétaires afin de dispenser des services et avantages sociaux en la matière.La CES déplore que ce « Plan d’in-vestissements sociaux » soit assor-ti d’une simple recommandation aux Etats. Les politiques d’austé-rité développées au cours de ces

des efforts faits en matière de représentation des femmes au niveau politique. Un changement constitutionnel a entraîné une plus grande représentativité des femmes. Lors des dernières élec-tions, nous avons atteint près de 32 % de femmes au Parlement.Comme je l’ai dit précédemment, pour avancer, il faut rester vigilant. L’UGTA s’attèle à faire avancer la cause des femmes. Tant dans la société algérienne qu’en interne, dans notre organisation.Notre Secrétaire Général a fait des pieds et des mains pour que les femmes prennent leur place dans l’organisation. Une plus forte syndicalisation des femmes, une représentation de 30% de femmes à tous les niveaux de notre action syndicale c’est-à-dire de l’union locale au sommet. C’est un défi que nous comptons relever

dans le cadre de notre prochain congrès qui se tiendra en 2014. Le défi est de taille. Syndicalement, les hommes ont la latitude de se réunir quand ils veulent après le boulot, le soir. Les femmes quant à elles sont moins libres. On peut dire qu’elles sont accablées par les tâches familiales et ménagères. Les femmes sont saturées, elles courent, elles courent ! Il faut vraiment travailler la sen-sibilisation à un meilleur équi-libre, une meilleure répartition des tâches entre les hommes et les femmes.Les médias, les nouvelles techno-logies, la télévision qui rentre dans tous les foyers peuvent jouer un rôle formidable pour faire passer notre message mais encore une fois, il faut faire attention car ils peuvent aussi véhiculer un tout autre message qui ne sert pas

l’égalité.Durant cette 2ème conférence mondiale des femmes CSI, nous avons entendu de nombreux témoignages concernant les vio-lences faites aux femmes. Qu’en est-il de cette question en Algérie?C’est vraiment une question d’actualité sur laquelle mon orga-nisation est active. Mais nous ne sommes pas seuls. Nous travail-lons avec la société civile. Cela va de pair. En 2012, nous avons déposé, ensemble, au Parlement, un texte, arguments et chiffres à l’appui, qui demande la crimina-lisation de la violence faite aux femmes. Actuellement le rapport est toujours sur le bureau de l’APN (Assemblée populaire nationale), de la législature actuelle. Dans le cadre de la journée internationale de lutte contre la violence faite aux femmes le 25 novembre, nous

organisons une randonnée « non à la violence faite aux femmes, pour une loi spécifique ». L’appel est lancé. Le but est de sensibiliser et faire progresser la législation en ce domaine. L’égalité entre hommes et femmes c’est un combat de tous les jours mais nous sommes sur le terrain pour progresser.Quel message souhaites-tu com-muniquer aux femmes et aux hommes en matière d’égalité ?Nous les femmes, nous ne sommes pas en guerre contre les hommes mais bien contre les in-justices et les brimades. Il ne peut pas y avoir de paix durable, s’il n’y a pas cette égalité. Le monde se construit ensemble, avec les femmes et avec les hommes.

1 Convention pour l’élimination des discriminations à l’encontre des femmes, adoptée par l’ONU en 1979

France Sponem-Perez, Force Ouvrière, France, Présidente du Comité des Femmes de la Confédération Européenne des Syndicats – CES. Thématique : répercussion de la crise et soins aux personnes

Page 7: Assemblée sur la syndicalisation des femmes. le … · ment des jeunes femmes. Au fil du temps, force est de constater ... mettre en place des coopératives pour lutter contre la

7Femmes.DOCX - Décembre 2013

Le dur combat du SUTIDSLe partenaire sénégalais de la CSC BIE par Dimitra Penidis, CSC Bâtiment-Industrie & Energie

Le mercredi 20 novembre 2013, la délégation CSC, comptant un membre de la CSCBIE, détachée à la confé-rence mondiale des femmes à Dakar, au Sénégal, a profité de l’occasion, pour visiter, à Pikine, le siège du Syndicat Unique des Travailleurs des Industries Diverses du Séné-gal (SUTIDS), partenaire di-rect de la CSC BIE.

Lors de cette rencontre, nous avons pu échanger quelques mots avec le Secrétaire général du SUTIDS, Seyni Ndiaye, la Présidente des femmes, Oumy Ba ainsi que quelques militants d’entreprises venus assister à leur comité hebdomadaire.

Ce syndicat s’occupe de nombreux secteurs d’activités comme la Chimie, les Mines, la Métallurgie, les Corps gras, le Plastique, le Pa-pier et l’Energie.Les femmes repré-sentent 40% des effectifs de ce syndicat. «Après mon travail, je viens ici pour accueillir les femmes car elles n’ont pas la permission de quitter l’entreprise avant 17 heures. Dans le sec-teur de la Chimie, il y a de nombreuses entre-prises qui ne comptent que des femmes. 90% des travailleuses de nos

secteurs ont un contrat à durée déterminée et travaillent dans des conditions de travail et de salaire précaires », nous ex-plique Oumy Ba, la Présidente des femmes de SUTIDS. Le siège de SUTIDS est situé à Pikine, une agglomération péri-phérique de Dakar. Cette ville-satellite constitue souvent une étape pour les populations de l’intérieur du pays qui viennent y chercher du travail. Elle abrite notamment la plus grande unité de production du Séné-gal, les Industries chimiques du Sénégal (ICS) ainsi que d'autres sociétés spécialisées dans le tex-tile et le bois. « Grâce au soutien financier de la CSCBIE, nous avons pu installer nos bureaux

dans cette ville de la région de Dakar. Il s’agit d’un choix stra-tégique car nous souhaitions rester proches des travailleurs car même si une grande majo-rité d’entre eux travaillent à Dakar, c’est ici qu’ils habitent.», nous explique Seyni Ndiaye, Secrétaire général de SUTIDS. SUTIDS compte actuellement 6600 affiliés dont 3500 cotisants réguliers. Il est difficile pour ce syndicat sénégalais d’accroître ses effectifs car même si les coti-sations sont de 500 francs CFA (soit environ € 0,76) cela repré-sente un budget élevé pour cer-tains travailleurs sénégalais. En effet, depuis la modification du Code du travail, en 1997, et du code des investissements, en 2003, ces derniers ne se voient offrir que des contrats à durée déterminée. Ces modifications législatives ont grandement impacté la pérennisation des emplois, les conditions de tra-vail et de vie au Sénégal et ont donc rendu plus difficile encore le versement régulier des coti-sations syndicales.

Malgré ce coup du sort, le Secrétaire général de SUTIDS peut toujours compter sur la Téranga sénégalaise, terme qui désigne la solidarité et l’hos-pitalité. « Nous pouvons nous appuyer sur nos confrères issus d’autres branches d’activité et sur leur expertise juridique afin de trouver des solutions aux difficultés que rencontrent nos affiliés. », souligne encore Seyni Ndiaye, Secrétaire général de SUTIDS.Pour lutter contre la précarité en entreprises et sauvegarder les droits des travailleurs au Sénégal, il est impératif que les syndicats renforcent leur mou-vement. Même si le Sénégal compte le taux de syndicalisa-tion le plus élevé en Afrique de l’Ouest, il reste bien insuffisant (moins de 10%). De nouvelles stratégies devront être élabo-rées en vue de consolider le mouvement syndical au Séné-gal.

dernières années ont eu des résul-tats allant totalement à l’encontre du développement social et à des lieues de la cohésion sociale.Le Comité des Femmes de la CES

travaille sans relâche sur ces ques-tions. Il est clair qu’il continuera à œuvrer en faveur d’une réelle égalité entre hommes et femmes en s’attelant à traiter les multiples

questions qui permettront d’at-teindre notre objectif. Concrète-ment, nos principales priorités sont l’égalité salariale, la conci-liation de la vie professionnelle,

privée et familiale, la lutte contre la précarité des emplois, la lutte contre la violence et une meilleure place des femmes dans les struc-tures syndicales.

Patricia Biard, Femmes CSCChaussée de Haecht 5791030 [email protected]

Ont collaboré à ce numéro Gaelle Demez, Dimitra Penidis, Pamela Van Gorp, Fabienne Pracias, Julie Replyuk, Patricia Biard.

Photos: Pamela Van Gorp

Mise en page: Julie ReplyukD/2013/0780/43

Page 8: Assemblée sur la syndicalisation des femmes. le … · ment des jeunes femmes. Au fil du temps, force est de constater ... mettre en place des coopératives pour lutter contre la

Nom:

Prénom :

Rue: N°: Bte:

Code postal: Localité:

E-mail:

Vous n’êtes pas encore affilié-e à la csc mais notre action et nos serVices Vous intéressent. laissez-nous Vos coordonnées, nous Vous ferons parVenir le formulaire d’affiliation.

Ed. R

esp.

Dom

iniq

ue L

eyon

CSC

-Cha

ussé

e de

Hae

cht

579

- 10

30 B

ruxe

lles

intéressé-e par l’action des femmes csc ? contactez-nous !

PERMANENTES FEMMES CSCCSC Brabant Wallon Blanche Garcia067 88 46 49 [email protected]

CSC Bruxelles-Halle-Vilvorde Ana Isabel Rodriguez Marin 02 557 85 36 0476 57 60 [email protected]

CSC Liège-Huy-Waremme Cindy Russo0478 79 01 07 [email protected]

CSC Mons-La Louvière Géraldine Garofalo0474 05 80 24 [email protected]

CSC Namur-Dinant Claire Berlage081 25 40 77 [email protected]

CSC Verviers Sabine Fickers0473 92 39 [email protected]

CSC Charleroi-Sambre et MeuseAndy Solimando Responsable égalité071 23 09 89 [email protected]

CSC Services Publics Silvana Bossio, Secrétaire permanente - Secteur Fédéral, Communautés et Régions

02/208.24.63 0477/900.120 [email protected]

CSC ConfédérationChaussée de Haecht, 5791030 BruxellesPatricia Biard Responsable Nationale des Femmes CSC02 246 32 23 [email protected] Replyuk Secrétariat Femmes CSC et égalité de genre

02 246 32 24 [email protected]

par courrier, femmes csc, chaussée de haecht, 579 – 1030 Bruxelles par mail [email protected] ou [email protected]