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Atelier 5 : Rythmes, allitérations et assonances (noms, prénoms et Aragon)
Objectifs •Découvrir et manipuler les rythmes et les sons de la langue française.
•Découvrir les notions d'allitération et d'assonance.
•Produire une poésie rimée et rythmée, avec des retours de sonorités.
•Mettre en voix cette poésie.
Matériel Cahier, papier, crayon, stylo... Liste des communes de l'Indre (photocopie)
Organisation matérielle
Déroulement Temps estimé
Tableau noir 1) Relever 8 prénoms et noms d'élèves de la classe. Lecture par les élèves de cette liste selon l'ordre d'arrivée, puis selon d' autres ordres définis par le maître (disposant en rimes ou en rythmes divers). Quelles différences ?Relever les différents rythmes (1.2/1.2, 1.2/1.2.3, 1.2.3/1.2, etc). Classer, ranger les autres prénoms et noms de la classe dans les catégories trouvées.
15'
2) Relever les retours de consonnes dans l'ensemble prénom-nom (les allitérations). Ex : Nicolas Sarkozy (allitération en [k]), rythme 1.2.3/1.2.3. Un frais parfum sortait des touffes d'asphodèle,Les souffles de la nuit flottaient sur Galgala. (Hugo, Booz endormi)
10'
3) Relever les retours de voyelles dans l'ensemble prénom-nom (les assonances). Ex : Nicolas Sarkozy, (assonances en a, o, i en effet-miroir).
10'
4) Découverte du poème d'Aragon, “Le conscrit des cent villages”. Lecture magistrale de quelques strophes. Analyse de la strophe : Adieu Forléans MarimbauItVollore-Ville VolmerangeAvize Avoine VallerangeAinval-Septoutre Mongibaud
15'
5) Ecrire un quatrain en hexasyllabes sur le même modèle, commençant par Salut ou Bonjour (salut au pays, à l'inverse du poème d'Aragon), en utilisant comme ressource la liste des communes de l'Indre.
20'
6) Dire ce quatrain à toute la classe. 10'
Références20 ateliers de slam poésie, De l'écriture poétique à la performance, Catherine Duval, Laurent Fourcaut, Pilote Le Hot, Retz, 2008.La petite fabrique d'écriture, Gérard Vermeersch, Magnard 2002.La Diane française, Aragon, Seghers,1944.
Patrick Bléron -AML/TICE, La Châtre, 2008/2009.
Louis Aragon“Le conscrit des cent villages”
Prairie adieu mon espérance
Adieu belle herbe adieu les blés
Et les raisins que j’ai foulés
Adieu mes eaux vives ma France
Adieu le ciel et la maison
Tuile saignante ardoise grise
Je vous laisse oiseaux les cerises
Les filles l'ombre et l'horizon
J'emmène avec moi pour bagage
Cent villages sans lien sinon
L'ancienne antienne de leurs noms
L'odorante fleur du langage
Une romance à ma façon
Amour de mon pays mémoire
Un collier sans fin ni fermoir
Le miracle d'une chanson
Un peu de terre brune et blonde
Sur le trou noir de mon chagrin
J'emmène avec moi le refrain
De cent noms dits par tout le monde
Adieu Forléans MarimbauIt
Vollore-Ville Volmerange
Avize Avoine Vallerange
Ainval-Septoutre Mongibaud
Fains-la-Folie Aumur Andance
Guillaume-Peyrouse Escarmin
Dancevoir Parmilieu Parmain
Linthes-Pleurs Caresse Abondance
Adieu La Faloise Janzé
Adieu Saint-Désert Jeandelize
Gerbépal Braize Juvelise
Fontaine-au-Pire et Gévezé
Que je respire Et je respire
Ces étoiles dans ma gorge y
Font une lueur de magie
Trompe l'exil mon faux empire
Il faut reprendre ô saoulerie
Ce déroulement implacable
Et boire et boire les vocables
Où flambe et tremble la patrie
Aigrefeuflle-d'Aunis Feuilleuse
Magnat-l’Étrange Florentin
Tilleul-Dame-Agnès Dammartin
Vers-Saint--Denis Auvers Joyeuse
Cramaille Crémarest Crévoux
Crêches-sur-S'aône Aure Les Mars
Croismare Andé Vourles Vémars
Amarens Seuil Le Rendez-Vous
L'Ame Sommaisne Flammerans
Sore Sormonne Sormery
Sommeilles La Maladrerie
Bussy-le-Repos Sommerance
Mon pays souffre mille maux
S'en souvenir monte à la tête
Ah démons démons que vous êtes
Versez-moi des mots et des mots
Il reste aux mots comme aux fougères
Qui tantôt encore brûlaient
Cette beauté de feu follet
Leurs architectures légères
Angoisse Adam-les-Passavant
Bors l'Aventure Avril-sur-Loire
La Balme-d'Épy Tréméloir
Passefontaine Treize-Vents
Adieu le lieudit I’Ile-d'Elle
Adieu Lillebonne Ecublé
Ouvrez tout grands vos noms ailés
Envolez-vous mes hirondelles
Et retournez et retournez
Albine Alise-Sainte-Reine
Les Sources-la-Marine Airaines
Jeux-les-Bards Gigors Guéméné
Vers Pré-en-Baille ou Trinquetaille
Vers Venouze ou vers Venizy
Lizières Lizine Lizy
Taillebourg Arques-la-Bataille
Albans-Dessus Albans-Dessous
Planez lourds aiglons des paroles
Valsemé Grand-Cœur Grandeyrolles
Jetés au ciel comme des sous
Adieu Caer et Biscarosse
Poignards que vous avez d'éclat
Ô Saint-Geniès-de-Comolas
Adieu Néronde Orny Garosse
Pas un qui demeure sur cent
Villages aux noms de couleur
Villages volés mes douleurs
Le temps a fui comme du sang
Musiques s'il n'est pas trop tard
Parfumez le vent parfumé
Sanglotez les cent noms aimés
Que j'écoute au loin vos guitares
« La Diane française, 1944)
Poèmes de la classe de CE2/CM1 d'Ambrault(d'après Aragon)
Bonjour Neuvy-Pailloux AmbraultMarseille Meunet-Planches ArdentesEtrechet Vierzon Lyon BordeauxChâteauroux Saint-Etienne Nantes
Valentin
Bonjour Neuvy-Pailloux AmbraultEtrechet Châteauroux ArdentesToulouse Issoudun Nice NantesLa Châtre Bretagne Bordeaux
Agathe
Bonjour Neuvy-Pailloux AmbraultIssoudun Carcassonne ArdentesSaint Maur Châteauroux Luant NantesClermont-Ferrand Vierzon Bordeaux
Marcelyne
Bonjour Ablenay LizerayBrion Ciron Cliron VouillonArgenton Mâron FrancillonLaunay Malicornay Chouday
Salut Eguzon Argento nLe Rimbert Rosnay RoussineRouvres les Bois St ValentinChaillac Chabris Chalais Cuzion
Bonj o u r j o y e u s e s vill e s Fr a n ç a i s e s
Salu t Arg e n t o n , Eguz o nMeun e t su r Vatan,O rl é a n sMene t o u su rNa h o n Croz a n tMalic o r n a y , Vouillon Cuzion
Bonjour Cluis Buxières d’Aillac.Eguzon Chantôme Anjouin Coings.
Petit Villiers Pellevoisin.Baudres Bagneux Bazaiges Chaillac.
Bonjour Argenton Baudres CelonArgenton sur Creuse Nébilons Eguzon Chantôme Francillon
T ou r n o n Sain t Martin Chav e n t o n
Salut Lourouer Saint LaurentChasseneuil Lureuil Veuil BuxeuilOrsennes Cuzion Arpheuilles BonneuilVigoulant Vatan Fontguenand
Salut Petit Villiers SégryOulches Néons sur Creuse DunetPommiers Poinçonnet ScouryCeaulmont Carre Pin Chazelet
Océane & Sophie
Atelier 6 : Rythmes et assonances (avec IAM et Tardieu)
Objectifs •Découvrir et manipuler les rythmes et les sons de la langue française.•Approfondir les notions d'allitération et d'assonance.•Produire une poésie structurée sur le modèle de Jean Tardieu•Mettre en voix divers poèmes.
Matériel • Cahier, papier, crayon, stylo...• Poste CD
Organisation matérielle
Déroulement Temps estimé
Photocopie du texte 1) Ecoute du rap de IAM, Tam-tam de l'Afrique (1991). Echanges. 10'
2) Recherche des assonances dans le texte du rap. 10'
3) Diction à plusieurs (par groupes de trois ou quatre) de l'Etude de rythme à six temps forts (Tardieu).
20'
4) Lecture magistrale de l' Etude en de mineur, de Jean Tardieu. Après un court échange autour des premières impressions, proposer d’écrire, chacun pour soi, sur un bout de papier un de ses mots préférés par le sens ou par le son. Les papiers sont collectés puis dépouillés, les mots écrits au tableau. De ce réservoir de mots, chacun en choisit un sans rien dire (un autre mot que le sien). On ajoute alors simplement la structure déterminant + nom choisi + était de...On complète par un des mots du tableau mais ce n’est pas une obligation, on peut très bien choisir un autre mot qui nous vient à l’esprit.Ce nouveau mot est repris pour un second vers qui suit la même formule.On peut se limiter à deux strophes du style : A était de B B était de C C était de D
E était de F F était de G1 G2 était d'hierA partir de là, on installe la rupture : Il/Elle (selon le genre de G2) est de maintenantMaintenant est de H maintenant est de I maintenant est de JEt on termine par la strophe suivante :Ma K est de L mon M est de N ma O est de P (Rechercher pour ce dernier vers une association de contraires.)
30'
5) Mise en voix du poème. 10'
Références20 ateliers de slam poésie, De l'écriture poétique à la performance, Catherine Duval, Laurent Fourcaut, Pilote Le Hot, Retz, 2008.Le fleuve caché, Jean Tardieu, Poésie/Gallimard, 1968.Action poétique 2005/2006 : Première ivraison (Jean Tardieu)
Patrick Bléron -AML/TICE, La Châtre, 2008/2009.
Dans une interview donnée en 1991, Akhénaton, le chanteur du groupe IAM, expliquait que pour créer une chanson de rap, la recette était simple : il fallait « chercher les assonances à l’intérieur des vers », et faire attention à leur rythme : « combien de temps ils doivent durer ; un deux trois quatre, parce que le rap c’est du binaire ; compter le nombre de pieds qu’il y a dans le vers, voir s’il y a une rime à la fin ».
TAM TAM DE L'AFRIQUE
Ils sont arrivés un matin par dizaines par centaines
Sur des monstres de bois aux entrailles de chaînes
Sans bonjours ni questions, pas même de présentations
Ils se sont installés et sont devenus les patrons
Puis se sont transformés en véritables sauvages
Jusqu'à les humilier au plus profond de leur âme
Enfants battus, vieillards tués, mutilés
Femmes salies, insultées et déshonorées,
Impuissants, les hommes enchaînés subissaient
Les douloureuses lamentations de leur peuple opprimé
Mais chacun d’entre eux en lui-même se doutait
Qu'il partait pour un voyage dont il ne rentrerait jamais
Qu’il finirait dans un port pour y être vendu.
Il pleurait déjà son pays perdu
Traité en inférieur à cause d'une différence de couleur
Chaque jour nouveau était annonciateur de malheur
Au fond des cales où on les entassait
Dans leurs esprits les images défilaient
Larmes au goût salé, larmes ensanglantées
Dans leurs esprits, longtemps retentissaient
Les chants de la partie de leur être qu’on leur a arrachée
Mais sans jamais tuer l'espoir qui les nourrissait,
Qu’un jour ils retrouveraient ces rivages féeriques
D'où s'élèvent à jamais les tam tam de l'Afrique
Les tam tam de l'Afrique (bis)[…]
IAM, in … de la Planète Mars, Disque Labelle Noir, 1991.
Jean Tardieu
Etude de rythme à six temps forts
je raconte un pays je raconte un pays étranger je raconte
je raconte un pays étranger d'où rien n'est jamais revenu
je raconte un pays d'où le vent de la mer n'est jamais revenu
ni les fleuves grondant de plaisir vers les gouffres ni l'air ni les flammes
ni les mots en secret près des murs dans la main des amants échangés
ni l'orage des jeux de la mort ni l'ample clameur de la haine
ni le cri ni le chant ni l'éclair du soleil sur les vitres des villes
ni les pas ni les coups ni le bruit des volets dans les calmes villages
ni le sang ni le lait ni la neige... Un pays étranger d'où rien
n'est jamais revenu.
C'est là cependant que je vis chaque jour
c'est là cependant que nous tous nous vivons chaque jour et chaque heure :
ici-bas un pays étranger d'où rien n'est jamais revenu.
Etude en de mineur Le ciel était de nuit la nuit était de plainte la plainte était d’espoir.
Les yeux étaient de lèvres les lèvres étaient d’aube la source était de neige.
Ma vie était de flamme ma flamme était de fleuve le fleuve était de bronze
le bronze était d’aiguille l’aiguille était d’horloge l’horloge était d’hier :
elle est de maintenant.
Maintenant est de terre maintenant est de pierre maintenant est de pluie.
Ma rive est de silence mes mains sont de feuillage ma mémoire est d’oubli.
(Monsieur Monsieur, 1951)
Atelier 7 : Poèmes dialogués(pour rire avec Tardieu)
Objectifs •Produire une poésie dialoguée à l'oral puis à l'écrit.•Mettre en voix divers poèmes.
Matériel • Cahier, papier, crayon, stylo...• Jeux de cartes-mots, poster, cartes postales,
Organisation matérielle
Déroulement Temps estimé
Photocopie des poèmes
1) Lecture à deux voix des poèmes de Jean Tardieu, Conversation et Les erreurs.
10'
Cartes-mots 2) Question/réponse. A chaque élève une carte est distribuée, portant un mot. La classe travaille alors par binômes : un élève pose une question comportant le mot, son camarade y répond en employant obligatoirement le sien.
15'
Travail collectif 3) Affiche ou poster au tableau.. A partir de l'image, on imagine trois questions et trois réponses (deux vers à chaque fois) sur le schéma suivant :Quel est ce .... qui...? (registre lyrique)C'est un... qui... (registre trivial)Quelle est cette... qui... ? (registre lyrique)C'est une... qui... (registre trivial)Oh que j'aime (un détail de l'image)! (registre lyrique)Ce n'est pas (reprise du mot), c'est... (registre trivial)+ Ordre à l'impératif.
20'
Travail individuel. 4) Distribution de cartes postales, une par élève. A partir de l'image, chacun écrit trois questions et trois réponses (deux vers à chaque fois) sur le même schéma que précédemment.Les phrases obtenues sont découpées, rassemblées par lots et l'on peut à loisir composer des poèmes en mixant les différents éléments.
25'
5) Mise en voix de quelques poèmes obtenus. 10'
Références20 ateliers de slam poésie, De l'écriture poétique à la performance, Catherine Duval, Laurent Fourcaut, Pilote Le Hot, Retz, 2008.Le fleuve caché, Jean Tardieu, Poésie/Gallimard, 1968.Action poétique 2005/2006 : Première ivraison (Jean Tardieu)
Patrick Bléron -AML/TICE, La Châtre, 2008/2009.
Conversation
Comment ça va sur la terre?- Ça va ça va, ça va bien.Les petits chiens sont-ils prospères? - Mon Dieu oui merci bien.Et les nuages? - Ça flotte. Et les volcans? - Ça mijote. Et les fleuves?- Ça s'écoule.Et le temps? - Ça se déroule.Et votre âme? - Elle est maladele printemps était trop vertelle a mangé trop de salade
LES ERREURS
(la première voix est ténorisante, maniérée, prétentieuse ; l’autre est rauque, cynique et dure.) Je suis ravi de vous voir bel enfant vêtu de noir. - Je ne suis pas un enfantje suis un gros éléphant. Quelle est cette femme exquisequi savoure les cerises ? - C’est un marchand de charbon qui s’achète du savon. Ah ! Que j’aime entendre à l’auberoucouler cette colombe ! - C’est un ivrogne qui boitdans sa chambre sous le toit. Mets ta main dans ma main tendreje t’aime ô ma fiancée ! - Je n’suis point vot’fiancéeje suis vieille et j’suis presséelaissez-moi passer ! Jean TARDIEU Le fleuve caché, Gallimard (1951)
Quel est ce .... ?
C'est un... qui...
Quelle est cette... ?
C'est une... qui...
Oh que j'aime (un détail de l'image)!
Ce n'est pas (reprise du mot), c'est... + Ordre à l'impératif.
Quel est ce qui
C'est un qui
Quelle est cette qui
C'est une qui
Oh que j'aime
Ce n'est pas , c'est !
Atelier 8 : Poésie, printemps et geste graphique
Objectifs • Produire plusieurs interprétations d'un texte en variant la mise en page• Produire un texte poétique
Matériel • Cahier, papier, crayon, stylo...• Supports variés d'écriture
Organisation matérielle
Déroulement Temps estimé
1) Echanges. Que signifie pour vous le printemps ? Par quoi se caractérise-t-il ? Quels sentiments vous inspire-t-il ?Ecoute de poèmes du printemps (Haïkus, Eluard, Roy, IAM...)
15'
Cahier de slam (manuscrit)
2) Poème express sur le thème du printemps (anaphore de « il y a »).Variante : Sortir de la classe pour écrire directement en extérieur.
20'
Demi-feuilles blanches
3) Je suis là. Présenter une forme nouvelle de présentation graphique (d'après B. Friot).
10'
Formes diverses 4) Reproduire son poème à partir d'espaces d'écriture de formes diverses (triangles, ronds, feuilles pliées, déchirées, chiffonnées, petits formats, formats allongés...)
25'
5) Mise en voix des poèmes 10'
Références20 ateliers de slam poésie, De l'écriture poétique à la performance, Catherine Duval, Laurent Fourcaut, Pilote Le Hot, Retz, 2008.Presque poèmes, écriture poétique, Bernard Friot, Catherine Louis, De La Martinière Jeunesse, 2005
Patrick Bléron -AML/TICE, La Châtre, 2008/2009.
Printemps
Il y a, sur la plage, quelques flaques d'eau.Il y a, dans les bois, des arbres fous d'oiseaux.La neige fond dans la montagne.Les branches des pommiers brillent de tant de fleursQue le pâle soleil recule.C'est par un soir d'hiver,Dans un monde très dur,Que tu vis ce printemps,Près de moi, l'innocente.Il n'y a pas de nuit pour nous.Rien de ce qui périt, n'a de prise sur moiMais je ne veux pas avoir froid.Notre printemps est un printemps qui a raison.
Paul Éluard
Le Printemps (parfois titré Rondeau)
Le temps a laissé son manteauDe vent, de froidure et de pluie Et s'est vêtu de broderies,De soleil luisant, clair et beauIl n'y a bête, ni oiseauQu'en son langage ne chante ou crieLe temps a laissé son manteauDe vent de froidure et de pluieRivières, fontaines et ruisseauxPortent en livrée jolieGouttes d'argent, d'orfèvrerieChacun s'habille de nouveau
Charles d'Orléans (1391-1465) ("Rondeaux", poèmes écrits vers l'année 1450)
Le Printemps
Après tout ce blanc vient le vert,Le printemps vient après l’hiver.Après le grand froid le soleil,Après la neige vient le nid ,Après le noir vient le réveil,L’ histoire n’est jamais finie.Après tout ce blanc vient le vert,Le printemps vient après l’hiver,Et après la pluie le beau temps.
Claude Roy ("Farandoles et fariboles")
Haïkus japonais
Vieille mare –une grenouille plongebruit de l'eau
Matsuo Bashô
Le chêneSa mine indifférenteDevant les cerisiers fleurisMatsuo Bashô (Maurice Coyaud)
Pour un simple locatairele cerisier offrebien trop de fleursKôyô (Coyaud)
La cueillir quel dommage !la laisser quel dommage !Ah ! cette violetteNaojo (Roger Munier)
Dans l'eau que je puisescintille le débutdu printempsRingaï (Munier)
Revoir un printemps
Refrain :Comme quoi la vie finalement nous a tous embarqués,J'en place une pour les bouts de choux, fraîchement débarquésA croire que jusqu'à présent, en hiver on vivaitVu qu'c'est le printemps, à chaque fois que leurs sourires apparaissentJe revois le mien en extase, premier jouet téléguidéDéguisé en cosmonaute, souhait presque réalisé, instant sacraliséTrésor de mon coeur jamais épuisé, pour mon âme apaisante, Alizée.
Akhenaton :Revoir le rayon d'lumière, transpercer les nuages,Après la pluie, la chaleur étouffante assécher la tuileRevoir encore une fois, l'croissant lunaire embraser la nuitEmbrasser mes anges, quand l'soleil s'noieFaire du sommeil une terre vierge, converser dehors sous lesCierges, revoir son sourire au lever quand j'émerge, surAu-delà des turpitudes, des dures habitudes de l'hiverPeut être mon enveloppe de môme, abrite un coeur d'GulliverRevoir les trésors naturels de l'univers, douce ballerineL'hirondelle fonde son nid dans mes songes, sublime galerieA ciel ouvert, les djouns rampent à couvert, nous à l'air libreMais les pierres horribles, cachent souvent des gemmes superbesSous le couvercleRevoir la terre s'ouvrir, dévoiler la merSolitaire dans la chambre, sous la lumière qu'les volets lacèrentImpatient de l'attendre, c'printemps en décembre, en laissantCes mots dans les cendres, de ces années amères(Refrain)
IAM (2003)
Atelier 9 : Ecrire et dire un poème collectif (avec Guillevic)
Objectifs • Produire un texte poétique à plusieurs• Dire un texte poétique à plusieurs
Matériel • Cahier, papier, crayon, stylo...• Photocopie poèmes de Guillevic
Organisation matérielle
Déroulement Temps estimé
1) Mise en bouche poétique (poèmes de Guillevic)• J'ai vu le menuisier (à plusieurs), chuchoté, voix normale, choeur +
soliste• Imaginons (à plusieurs), + geste.
15'
2) Ecrire un huitain du type J'ai vu (le pêcheur, le pompier, la coiffeuse...); choisir un artisan admiré, un artiste (établir une liste avant l'écriture).
15'
3) Par quatre, lire les huitains. Choisir une position dans l'espace pour la performance collective (en ligne, en arc-de-cercle, trois + un, en colonne...).
15'
4) Ecrire un quatrain rimé présentant un lieu aimé (village, maison, chambre, pays...). Chaque quatrain finira par le vers : Chez nous, c'est comme ça.
20'
5) Par quatre, lire les quatrains. 15'
Références20 ateliers de slam poésie, De l'écriture poétique à la performance, Catherine Duval, Laurent Fourcaut, Pilote Le Hot, Retz, 2008.
Patrick Bléron -AML/TICE, La Châtre, 2008/2009.
Eugène Guillevic
J’ai vu le menuisier... J’ai vu le menuisier Tirer parti du bois.
J’ai vu le menuisier Comparer plusieurs planches.
J’ai vu le menuisier Caresser la plus belle.
J’ai vu le menuisier Approcher le rabot.
J’ai vu le menuisier Donner la juste forme.
Tu chantais, menuisier, En assemblant l’armoire.
Je garde ton image Avec l’odeur du bois.
Moi, j’assemble des mots Et c’est un peu pareil.
Imaginons
Le temps que met l’eau à couler de ta main
Le temps que met le coq à crier le soleil
Le temps que l’araignée dévore un peu la mouche
Le temps que la rafale arrache quelques tentes
Le temps de ramener près de moi tes genoux
Le temps pour nos regards de se dire d’amour
Imaginons ce qu’on fera
de tout ce temps.
Bergeries (Autres, 1980)
Suppose
Que je vienne et te verse Un peu d’eau dans la main
Et que je te demande De la laisser couler
Goutte à goutte Dans ma bouche.
Suppose
Que ce soit le rocher Qui frappe à notre porte
Et que je te demande
De le laisser entrer
Si c’est pour nous conter
Le temps d’avant le temps.
Suppose
Que le vol d’un oiseau Nous invite au voyage
Et que je te demande De nous blottir en lui
Pour avec lui voler A travers la pénombre.
Suppose
Que la mer ait envie De nous voir de plus près
Et que je te demande D’aller lui répéter
Que nous ne pouvons pas L’empêcher d’être seule.
Suppose
Que le soleil couchant S’en aille satisfait
Et que je te demande D’aller lui réclamer
Ce qu’il doit nous payer Pour sa journée de gloire.
Recette Prenez un toit de vieilles tuiles
un peu avant midi.
Placez tout à côté
un tilleul déjà grand
remué par le vent.
Mettez au-dessus d’eux
un ciel de bleu, lavé
par des nuages blancs.
Laissez-les faire.
Regardez-les.