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ATHÈNES AU VE SIÈCLE UNE EXPOSITION DE FAITS ET D’IDÉESl ETTE exposition a rassemblé, pour illustrer des faits et des idées, différents types C de matériel. I1 s’agissait en général d’objets réels - bronzes, terres cuites, empreintes prises par estampage, marbres - plutôt que de schémas, car on tenait à ce que les objets physiques fussent eux-mêmes aussi réels que les idées présentées. A eux seuls toutefois ces objets ne pouvaient pas symboliser pour les visiteurs des idées précises et complètes. En fait, plus encore que dans la plupart des expositions, il fallait recourir à des légendes. Pour que celles-ci jouent pleinement leur rôle de complément, on leur donna tous les développements nécessaires : en moyenne la longueur d’une page dactylographiée. Ces légendes énonsaient d’abord des faits dont on dégageait ensuite des idées. On s’efforsa donc de rendre sensible la relation d’un fait et d’une idée dans l’objet, dans la légende et dans l’ensemble qu’ils constituaient. NIVEAU D’INSTRUCTION DU PUBLIC. Bien que cette exposition eût été consue à l’origine à l’intention des étudiants, elle n’exigeait des visiteurs aucune connaissance particulière; on espérait que chacun, quels que fussent son âge et sa formation, pourrait en tirer un enseignement. Elle resut même la visite d’écoliers de sept ans. Mais ce qui importe surtout, du point de vue de l’orientation éducative de l’exposition, c’est qu’on s’efforsa d’éviter toute concession inutile vis-à-vis du public. Tout au contraire, c’est à l’intelligence, à la culture des visiteurs que l’exposition fit appel, ou du moins chercha à faire appel, le but visé étant de leur donner le sentiment d’un progrès dans la compréhension des faits exposés. On se garda de se servir de for- mules, prétentieuses et vides de sens, telles que L’ho//me et L’argile, dans le cas de La poterie. En revanche, on fit usage de quelques mots grecs, en grec, mais en les faisant suivre toujours de leurs définitions : La dì,~,;, par exemple, une fois définie comme la petite cité-atat grecque, était suffisamment décrite pour que ressorte sa relation avec l’ixpix;j,t;. qui, dans les premiers temps, s’appelait elle aussi la zs’i,~;; et une photographie aérienne, accompagnée des excellentes cartes de Judeich, montrait comment, la rij.1,; s’étendant toujours sur les flancs de la colline, son nom finit par s’appliquer à l’ensemble de la ville d’Athènes et à ses 300.000 habitants. On s’est attaché à éviter la présentation d’objets trop connus et à bannir les expres- sions rebattues et les superlatifs vides de sens. I1 est rare que, dans les légendes de l’exposition, des louanges soient décernées à Athènes, et c’est toujours avec preuves à l’appui. On a jugé utile de fournir aux visiteurs quelques Cléments d‘information concrets sur les fondements de la puissance athénienne (la trirème, etc.), sur son trésor public (pièces de monnaie, exposé du système monétaire, indications sur le niveau des prix) et sur ses ennemis (le hoplite spartiate - armure et photographie de squelettes, - le darique perse d’or - beau spécimen avec explication de son pouvoir d‘achat estimé d’après les sommes payées pour se procurer des équipages de trirèmes). Les organisateurs ont estimé que cette documentation remplacerait avantageusement de longs développements consacrés à la gloire d’Athènes; des photographies et une maquette purent donner une idée des théâtres, mais on ne pouvait représenter l’art des grands tragiques ; Sophocle €ut évoqué non seulement comme auteur dramatique, mais aussi comme trésorier de l’Empire. PRINCIPALES DIVISIONS DE L’EXPOSITION. Lorsqu’on prépare une exposition destinée à illustrer un vaste sujet, il est probablement avisé de ne pas chercher à atteindre la perfection, même au stade de l’élaboration des plans. I1 importe tout d’abord de souligner ici qu’une exposition qui vise à présenter des objets choisis principalement ou uniquement pour leur valeur esthétique a des exigences bien différentes de celle qui se propose d’illustrer une période importante d’une grande civilisation. Les objets d’art présentent en eux-mêmes un caractère achevé qui leur confère une réalité; ainsi une salle peut-elle en contenir une dizaine et constituer une exposition parfaite. Mais une exposition destinée à donner une idée de l’Athènes du ve sikcle ne peut avoir ce caractère : elle n’est jamais complète. I1 est par STERLTNG Dow 1. Cette aposition a tte présentée au Fogg hfuseum of Art, de l’Université Harvard, à Cam- bridge(R.iass.),du 15 octobre 1951au 15 février1952. L’annbe précédente, à la suite d’une suggestion formulée par hf. J. L. Sweeney, une premiere expo- sition de ce genre avait dtjà ttb organisée par CK dernier, par le professeur G. M. A. Hanfmann et par l’auteur du présent article. Le Fogg Museum of Art et son directeur, le professeur John P. Coolidge, fournirent aux organisateurs, pour les deux expo- sitions, une aide indispensable. Le comité d’&du- cation générale, presidt par M. Philip H. Rhine- lander, a pris à sa charge certaines dépenses et notamment les frais de publication d’une brochure de 62 pages contenant toutes les légendes. La deuxikme exposition a été réalisée par les trois per- sonnalités ci-dessus, assistées de Mlle Brooks Em- mons et de hf. b. H. Randall, qui ont r6digé res- pectivement les lbgendes relatives aux pieces de monnaie et aux armes. Le professeur Hanfmann a écrit celles qui avaient trait aux vases, aux terres cuites, au cimetikre du Dipylon et au thiitre; enfin l’auteur de la présente &tude a r&digé toutes les autres légendes. En ce qui concerne les objets exposés, il y a lieu d’indiquer que les pikces de monnaie provenaient de la collection du Dr A. S. Dewing, la plupart des objets d’art du Fogg Museum of Art et du Boston Museum of Fine Arts, quelques objets &tant toutefois fournis par hihi. G. H. Chase, R. J. Conant, le professeur Hanfmann et le Department of Classics de 1’Uni- versitk; les cartes, les empreintes par estampage, les photographies atriennes et divers autres articles avaient été prstbs par l’auteur. M. Randall a effectuk la plus grande partie du montage de l’exposition. LKS photographies sont dues B&ï. J. W. Kirkpatrick. IO.5

Athens in the Vth Century, an Exhibition of Facts and Ideas

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ATHÈNES AU V E SIÈCLE

UNE EXPOSITION D E FAITS ET D’IDÉESl

ETTE exposition a rassemblé, pour illustrer des faits et des idées, différents types C de matériel. I1 s’agissait en général d’objets réels - bronzes, terres cuites, empreintes prises par estampage, marbres - plutôt que de schémas, car on tenait à ce que les objets physiques fussent eux-mêmes aussi réels que les idées présentées.

A eux seuls toutefois ces objets ne pouvaient pas symboliser pour les visiteurs des idées précises et complètes. En fait, plus encore que dans la plupart des expositions, il fallait recourir à des légendes. Pour que celles-ci jouent pleinement leur rôle de complément, on leur donna tous les développements nécessaires : en moyenne la longueur d’une page dactylographiée. Ces légendes énonsaient d’abord des faits dont on dégageait ensuite des idées. On s’efforsa donc de rendre sensible la relation d’un fait et d’une idée dans l’objet, dans la légende et dans l’ensemble qu’ils constituaient.

NIVEAU D’INSTRUCTION D U P U B L I C . Bien que cette exposition eût été consue à l’origine à l’intention des étudiants, elle n’exigeait des visiteurs aucune connaissance particulière; on espérait que chacun, quels que fussent son âge et sa formation, pourrait en tirer un enseignement. Elle resut même la visite d’écoliers de sept ans. Mais ce qui importe surtout, du point de vue de l’orientation éducative de l’exposition, c’est qu’on s’efforsa d’éviter toute concession inutile vis-à-vis du public. Tout au contraire, c’est à l’intelligence, à la culture des visiteurs que l’exposition fit appel, ou du moins chercha à faire appel, le but visé étant de leur donner le sentiment d’un progrès dans la compréhension des faits exposés. On se garda de se servir de for- mules, prétentieuses et vides de sens, telles que L’ho//me e t L’argile, dans le cas de La poterie. En revanche, on fit usage de quelques mots grecs, en grec, mais en les faisant suivre toujours de leurs définitions : La dì,~,;, par exemple, une fois définie comme la petite cité-atat grecque, était suffisamment décrite pour que ressorte sa relation avec l’ixpix;j,t;. qui, dans les premiers temps, s’appelait elle aussi la zs’i,~;; et une photographie aérienne, accompagnée des excellentes cartes de Judeich, montrait comment, la rij.1,; s’étendant toujours sur les flancs de la colline, son nom finit par s’appliquer à l’ensemble de la ville d’Athènes et à ses 300.000 habitants.

On s’est attaché à éviter la présentation d’objets trop connus et à bannir les expres- sions rebattues et les superlatifs vides de sens. I1 est rare que, dans les légendes de l’exposition, des louanges soient décernées à Athènes, et c’est toujours avec preuves à l’appui. On a jugé utile de fournir aux visiteurs quelques Cléments d‘information concrets sur les fondements de la puissance athénienne (la trirème, etc.), sur son trésor public (pièces de monnaie, exposé du système monétaire, indications sur le niveau des prix) et sur ses ennemis (le hoplite spartiate - armure et photographie de squelettes, - le darique perse d’or - beau spécimen avec explication de son pouvoir d‘achat estimé d’après les sommes payées pour se procurer des équipages de trirèmes). Les organisateurs ont estimé que cette documentation remplacerait avantageusement de longs développements consacrés à la gloire d’Athènes; des photographies et une maquette purent donner une idée des théâtres, mais on ne pouvait représenter l’art des grands tragiques ; Sophocle €ut évoqué non seulement comme auteur dramatique, mais aussi comme trésorier de l’Empire.

PRINCIPALES D I V I S I O N S D E L’EXPOSITION. Lorsqu’on prépare une exposition destinée à illustrer un vaste sujet, il est probablement avisé de ne pas chercher à atteindre la perfection, même au stade de l’élaboration des plans.

I1 importe tout d’abord de souligner ici qu’une exposition qui vise à présenter des objets choisis principalement ou uniquement pour leur valeur esthétique a des exigences bien différentes de celle qui se propose d’illustrer une période importante d’une grande civilisation. Les objets d’art présentent en eux-mêmes un caractère achevé qui leur confère une réalité; ainsi une salle peut-elle en contenir une dizaine et constituer une exposition parfaite. Mais une exposition destinée à donner une idée de l’Athènes du v e sikcle ne peut avoir ce caractère : elle n’est jamais complète. I1 est

par STERLTNG Dow

1. Cette aposition a t te présentée au Fogg hfuseum of Art, de l’Université Harvard, à Cam- bridge(R.iass.),du 1 5 octobre 1951 au 1 5 février1952. L’annbe précédente, à la suite d’une suggestion formulée par hf. J. L. Sweeney, une premiere expo- sition de ce genre avait dtjà ttb organisée par CK

dernier, par le professeur G. M. A. Hanfmann et par l’auteur du présent article. Le Fogg Museum of Art et son directeur, le professeur John P. Coolidge, fournirent aux organisateurs, pour les deux expo- sitions, une aide indispensable. Le comité d’&du- cation générale, presidt par M. Philip H. Rhine- lander, a pris à sa charge certaines dépenses et notamment les frais de publication d’une brochure de 6 2 pages contenant toutes les légendes. La deuxikme exposition a été réalisée par les trois per- sonnalités ci-dessus, assistées de M l l e Brooks Em- mons et de hf. b. H. Randall, qui ont r6digé res- pectivement les lbgendes relatives aux pieces de monnaie et aux armes. Le professeur Hanfmann a écrit celles qui avaient trait aux vases, aux terres cuites, au cimetikre du Dipylon et au thiitre; enfin l’auteur de la présente &tude a r&digé toutes les autres légendes. En ce qui concerne les objets exposés, il y a lieu d’indiquer que les pikces de monnaie provenaient de la collection du Dr A. S. Dewing, la plupart des objets d’art du Fogg Museum of Art et du Boston Museum of Fine Arts, quelques objets &tant toutefois fournis par hihi. G. H. Chase, R. J. Conant, le professeur Hanfmann et le Department of Classics de 1’Uni- versitk; les cartes, les empreintes par estampage, les photographies atriennes et divers autres articles avaient été prstbs par l’auteur. M. Randall a effectuk la plus grande partie du montage de l’exposition. LKS photographies sont dues B&ï. J. W. Kirkpatrick.

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29. FOGG hlusEuhi OF ART, Cambridge, Massachu- setts. Athem ita the V th Cenfrq. Carte : U Où vivaient les citoyens d’Athènes. Le dème >I.

I1 semble que les Grecs n’aient jamais vécu, comme le font tant d‘Américains, dans des fermes isolées. Ils habitaient des villes ou des gros bourgs, et les cultivateurs allaient et venaient entre leurs habi- tations et leurs champs. I1 y avait un grand nombre de ces villes et villages dans l’Attique. Les citoyens d’Athènes vivaient dans les villages de l’Attique ou à Athènes meme, sans que la diffbrence des lieux de résidence eût aucune conséquence d’ordre civique. Tous avaient les memes droits et portaient le nom d‘Athéniens (Athemioi et non Affikui), qu’ils habitent Bleusis, Marathon, Sounion ou près de l’Acropole. Chacun de ces villages ou villes était appelé d h e . Athènes elle-mème, c’est-à-dire la vaste agglomtration contigue à l’Acropole, était divisée en dix dèmes (que nous appellerions des arrondis- sements). L‘Attique comprenait au total 140 dèmes. Chaque citoyen appartenait un dème : en fait, c’était là que les listes des citoyens étaient conser- vies. Le dème constituait la plus petite unité poli- tique, et tous prenaient part aux affaires locales. Chaque dème fournissait donc l’image en miniature de la grande dimocratie dont il faisait partie. La carte reproduite ici est empruntée à l’ttude de A. W. Gomme, The Popdafiun of Athens (Black- well, Oxford, 1933). 29. Map: “Where the Citizens Lived: The Demes.”

The Greeks have probably never lived, as many Americans do, in isolated farm houses. They lived

icin compact towns or villages, and the farmers com- muted to their farms. Attica contained a number of such towns and villages. Citizens of Athens lived in the villages large and small of Attica, or in the city of Athens itself. The place of residence in Attica did not affect citizenship; politically, Athens and Attica were identical. Citizens were citizens, and were called Athctzaioi, not Atfikui, whether they lived in Eleusis, Marathon, Sounion, or close by the Acropolis. Each such town or village was called a dem. Athens itself, the compact mass of houses near the Acropolis, was divided into ten demes (we should call these wards). Attica contained in all 140 demes. Every citizen belonged to a deme: in fact it was the demes which kept the roll of citizens. The demes were the smallest unit of political life, and all their citizens participated in local affairs. Thus the demes mirrored in miniature the great democracy of which they were parts. The map is from A. W. Gomme’s model study, The Popzdafioion of Athem (Blackwell, Oxford, 1933).

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impossible qu’elle illustre tous les aspects importants du sujet et, s’il arrive qu’on parvienne à traiter l’un quelconque de ces aspects de façon satisfaisante, c’est par une chance exceptionnelle. Les organisateurs devraient tenir compte de ce fait en établissant leurs plans, car le souci de ne pas avoir de lacune est le fléau des exposi- tions didactiques comme aussi celui des conférences ou des cours d’université : en réalité, c’est dans les manuels et les grands ouvrages de référence qu’il faut aller chercher des exposés de caractère encyclopédique.

Il est vrai qu’un manque de scrupule pourrait engager assez loin dans cette voie; mais le mieux est sans doute que les organisateurs déterminent le contenu de chaque exposition en fonction du matériel dont ils disposent et de leurs propres spécialisa- tions. I1 est clair que certains thèmes, tels que la littérature, ne conviennent pas à une exposition: on ne saurait présenter une tragédie sur un mur, ni une philosophie dans une vitrine. En règle générale, il convient de choisir des sujets qui peuvent ,être traités visuellement plutôt qu’oralement. La religion offre à cet égard un caractère mixte : on peut montrer aux visiteurs les temples, les statues sacrées, les autels, les rites de consécration, les sacrifices, etc. ; mais seules les légendes permettent d’en expliquer le sens - et encore n’y parvient-on pas sans peine, ni de fason complète. La religion devait donc avoir sa place; mais dans le cas présent elle était évoquée

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sous d’autres titres, sans qu’une section spéciale fût intitulée Religions ou Cultes. Les cartes ont une grande importance. Elles fournissent des indications fonda-

mentales pour la compréhension de tout le reste de l’exposition, en montrant non seulement la situation des villes, mais aussi les dimensions et la nature du pays, et - dans le cas de la Grèce - ce qu’on pourrait appeler l’ubiquité de la mer. Les cartes doivent être faciles à interpréter -. c’est-à-dire qu’elles ne doivent servir qu’a une fin, ou tout au plus à deux. Les anciennes cartes à tous usages, où figurent à la fois les montagnes, les rivières, les frontières et les villes, peuvent être utilisées comme documents de référence, mais non pas pour des expositions ou pour des conférences. Les cartes physiques doivent être en relief - à défaut, on pourra se contenter de la photographie d‘une carte en relief, où les montagnes projetteront leur ombre. Lorsqu’il s’agit de sites de faible étendue, rien ne saurait remplacer les photographies aériennes: ainsi celle de l’Acropole vue d‘assez prts pour qu’on puisse distinguer chaque groupe de bâtiments, la place des assemblées du peuple (la Pnyx), avec les tranchées creusées au cours des fouilles, ou l‘ensemble de la ville d’Athènes grâce à huit photos aériennes juxtaposées. Pour permettre au visiteur d’identifier les ruines des monuments anciens, il convient d’afficher les magnifiques cartes de Judeich, en couleurs, près des photographies. Les légendes, qu’on ne doit pas employer quand les cartes peuvent suffire, permettront uniquement d‘expliquer

j o . FOGG h I u i a u ~ OF ART, Cambridge, hlassachu- setts. AtImr itz the I -th Centtry. G L’ostracisme. 1)

Ce n’&aient pas IKS débris de papier (papyrus) qui jonchaient le sol du monde antique, mais des fragments de poterie (tessons). Et on trouve effecti- vement en pratiquant des fouilles sur l’emplacement des citis antiques une multitude de CKS fragments car ils sont pratiquement indestructibles. En grec tesson se disait ostrukotJ ( l r ~ p x c v ) . Lorsque l’on voulait procéder un scrutin spicial, de caractele tout a fait dtmocratiyue, auquel tous les citoyens pouvaient participer et qui ne devait rien codter, on faisait usage des O J Y ~ U ~ ~ . C‘est pourquoi le scrutin par lequel un homme politique Ctait condamnit a dis ans d’exil s’appelait l’ostracisme (6.irpazr.sp.o;). A l’origine, l’ostracisme avait pour objet d’éloi- gner d‘Ath&nes tout ambitieux qui pourrait étre ament à faire un coup d’8tat pour instaurer la tyrannie. Par la suite, il permit B l’homme politique le plus puissant d’&carter son principal rival. On procédait comme suit: tous les ans, l’assemblée devait décider s’il y avait lieu d‘organiser un scrutin de ce genre. Dans l’affirmative, on fixait une date éloignie de quelques mois ; au jour dit, chacun des

votants inscrivait sur un osfrukott le ncm de l’homme qu’il désirait envoyer en exil: Le quorum itpait de 6.000 : si le nombre de votants était inférieur h ce chiffre, personne n’était ostracise. S’il etait d’au moins 6.000, I’homme désigné à la majoriti relative des vois était exilé pendant dis ans, toutefois SKS

biens n’&aient pas confisqués. Les archéologues n’ont pas encore ditcouvert une seule série d’environ 6.000 O S ~ ~ U ~ L Z ; il doit pourtant exister quelque part de nombreuses séries intactes de ce genre. Rkcemment le professeur O. Broneer a trouvé enfouis dans un puits, sur la pente nord de l’Acropole, 190 osfruka sur lesquels étaient inscrit le nom de Thémistocle ( t 4y . !mcd .~q ) , dont 188 portent la variante : Themisthokles ((+T~OX)\E<). I1 s’agissait Cvidem- ment de se débarrasser de Thémistocle. Bien qu’ils ne fussent pas à proprement parler illégaux, ces 190 ostrukus furent ensuite cachés dans le puits. Nous savons que Thémistocle a été effectivement ostracist vers 472 av. J.-C. ; mais ces tessons semblent avoir CtC préparés en vue d’une tentative anterieure qui echoua (O. Broneer, Hespwiu 7, 1938, p. 228-243). A l’exception des quatre derniirs, tnus les o~~traka (tessons) que l’on peut voir sur la

photographie sont les fonds de coupes precieuses brisees. ,30. “Ostracism.”

The waste-paper of the ancient world was not paper (papyrus) but broken pottery, pieces of which (sherds) littered the ground. In fact all ancient sites when excavated yield quantities of such pieces, for they are virtually indestructible. The Grcck for sherd was ostrukoti ( b ~ p a z c v ) . When material for a special ballot was needed, which should be utterly democratic, *nd in reach o f all---in short, which should cost nothing-ostruku were used. The special balloting which condemned a politician to I O years of exile was termed ostracisrii ( & x ~ , z - x ! ~ ; J . & ) . The object of ostracism was originally to remove from Athens any man whose ambition might lead him to attempt a cotrp d’dut and become a tyrant. Later it was used by the leading politician to oust his principal rival. The process was as follows. Each year the Assembly voted whether or not to hold an ostracism. If the vote was affirmative, some months were allowed to elapse and then on a fixed day the balloting with ostruku took place. Each citizen who voted scratched un an 0J.fi.UkUtt

the name of the man he wished esiled. A quorum of 6,000 votes was required. If there were fewer votes than 6,000, no one was ostracized. If there were 6,000 or more, the man who received a plurality (not necessarily a majority) went into exile for IO years, retaining, however, all his property. Archaeo- logists have not yet recovered any one lot of circa 6,000 ostra&, although somewhere, undestroyed, many such lots must exist. Recently, however, on the north slope of the Akropolis, Profcssor O. Broneer found near each other in a well .I 90 o.r//i,/kn, all of which were inscribed with the mime of Themistocles (@,sl~roror‘he;) (I 88 have the variant spelling Themisthokles ((?kp!dJorha<). The ob- ject was obviously to get rid of Themistocles. Though not strictly illegal, these 190 were nfter- ward hidden in the well. Actually Themistocles was ostracized in c. 472 B.C.; these sherds appear to have been prepared, however, for an earlier (unsuccessful) attempt (O. Broneer, Hesperiu, 7, 1938, pp. 228-243). AU but the last four ostruku shown in the photograph ar ethe broken-off bottoms of expensive drinking cups.

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I. GRANDE CARTE DE LA GRBCE, EN COULEURS.

La Grkce est un petit pays: elle occupe 330.000 km2 environ. (La superficie de l’ensemble de la Grèce continentale représente moins de la moitié de celle de 1’État d’Illinois). La principale ville, Athtnes, fut la seule à posséder jamais une nom- breuse population (300.000 habitants environ au ve siècle); mais l’Attique tout entière (la péninsule où Athtnes est située) n’a que 2.300 km2.

La première leçon à retirer de l’exemple grec est donc qu’il n’y a pas nécessairement de rapport entre la seule étendue territoriale, le seul nombre des habitants, et la puissance créatrice d‘un peuple. C‘est une petite nation vivant sur une terre peu étendue et pauvre qui a produit cette brillante constellation du génie. hlais cette leçon de la qualitk, considérte comme opposée à la quantité, bien que vraie et importante, est, comme bien d’autres affirmations relatives au monde classique, loin de représenter toute la vérité. Le Pirée n’était pas une petite agglo- mération, mais une vaste forteresse, entourte de murs de plus de quarante kilometres de long. Et au ve siècle, Athenes n’était pas non plus un lieu obscur et inconnu du reste du monde. Son empire s’éten- dait au loin, et des régions bien plus lointaines encore étaient touchées par son marché commercial : la Nubie, la Russie, l’Espagne; Périclès ne dbdai- gnait pas et il était mime fier de rappeler à ses concitoyens que les produits du nionde entier affluaient vers eux.

Il est bon de rappeler ces orgueilleux propos pour modérer l’accent que l’on met trop souvent encore aujourd‘hui sur la spiritualité grecque, et pour réfuter cette vieille et persistante idée que les Athé- niens, drapés de blanc, passaient leur temps en groupes z i converser pour leur edification mutuelle, tandis qu’une foule d’esclaves les servaient. E n fait, bien qu’ils trouvassent le temps de discuter, les Athéniens ttaient un peuple actif et travailleur. Sophocle (on l’oublie souvent) était un homme tris riche qui avait de multiples activités. Comme d’autres artistocrates, il exerça mCme pendant quelque temps les fonctions de trésorier impérial.

carte fait ressortir le caractère accidenté du terrain de la péninsule. On voit partout des montagnes et des collines. Au sud de la Macédoine, la plus grande partie du pays avait dCjà kté déboisée au ve siècle : un tiers environ de la Grèce était alors (et est encore aujourd‘hui) formé de roches nues, recouvertes d’une maigre végétation épineuse.

De toute la superficie du sol grec, zz 04 seulement est cultivable. Les plaines qui se sont formtes autour des cours d’eau par l’accumulation de dttritus arra- chés aux montagnes sont petites et isolées les unes des autres.

Sauf au nord du pays, à l’intérieur de la péninsule balkanique, il n’est aucun point du territoire grec

PHOTOGRAPHIE D’UNE CARTE EN RELIEF. Cette

la signification de la géographie et de la topographie. Les légendes des deux premières cartes exposées sont reproduites in extensol, afin de montrer quel usage on a fait de ce type de matériel et en quels termes l’ensemble de l’exposition était présenté.

Les principales divisions adoptées étaient les suivantes : L a Grèce : l e p q s (cartes) ; Momaie de différents États; L‘acropole ; Vases e t terres cuites : l’art druniatique ; Vases e f ferres ciLites : la vie qz~o fidieme ; Le cimetière du Dl;p_lon ; Le thé2tre grec ; L a giierre ; L a Sicile ; Politique (platis e t uues aérz’emes de l’Agora, e t photographies de maquettes d’édzjfces) ; O&vpie ; SciiZpture des frotztom (Egitie, restauré e t coloré) ; Socrate.

Cette liste n’est pas à l’abri de toute critique, l’ordre adopté n’étant qu’en partie rationnel. Ceci est dû au manque de place: on avait en effet à présenter environ 80 objets et documents dans la seule salle, à prévoir le champ libre de:; trois portes et l’emplacement symétrique de deux vitrines verticales (les pièces de monnaie étaient présentées dans deux vitrines-tables placées au dessous d‘autres documents). Les 18 pièces figurant sous le titre Politique occupent un grand pan de mur; la liberté de présentation était relativement restreinte dans le reste de la salle. Le manque d’espace n’est pas nécessairement un mal : il peut suggérer des idées ingénieuses qu’on n’aurait pas eues autrement; le fronton d‘ggine, par exemple, trouvait un emplacement parfaitement approprié au-dessus d’une porte ( jg . 31) ; mais il est évident qu’on ne pouvait, dans de pareilles conditions, obtenir ce calme de l’espace qu’on peut observer dans presque toutes les photographies d’expositions modernes publiées par MUSEUM. Est-il en fait toujours souhaitable d’espacer les objets (cartes, dessins, photographies, etc.) qui ont entre eux des rapports étroits? c’est là un point (parmi bien d’autres) sur lequel l’auteur du présent article aimerait à recevoir des avis. I1 est clair en tout cas que l’utilisation de l’espace ne sera pas nécessairement la même selon qu’on aura à présenter des ceuvres d‘art ou des objets dont l’intérêt n’est pas avant tout esthétique.

DÉLIMITATION DU S U J E T . Les limites de la période choisie, un siècle qui allait, à strictement parler, de l’année joo à l’année 401 av. J.-C., n’ont pas été rigoureuse- ment observées ; mais elles étaient semble-t-il, entièrement justifiées à la fois sur le plan rationnel et sur le plan pratique. En effet cette période a une certaine forme (elle commence avec les guerres médiques et se termine avec la guerre du Pélopo- nèse, après une cinquantaine d’années d’intervalle) et une certaine unité (la puis- sance athénienne va croissant depuis la victoire de Marathon jusqu’au triomphe naval suprême de Salamine, qui lui donna son empire maritime; Athènes se lance alors à la conquête d‘un empire continental et atteint son apogée vers le milieu du siècle; sous Périclès, elle élève le Parthénon, 447-432; puis la flotte de Sparte, grâce àl’or perse, renverse l’empire athénien à la fin du siècle). On voit que la période considérée était bien suffisamment longue; d‘autre part, si on avait limité davantage le champ de l’exposition, en prenant pour thème, par exemple, les années d‘activité de Périclès (461-429), il aurait fallu laisser de côté le début et la fin de ces événements et supprimer tout ce qui concerne le système de l’ostracisme, la maturité de Socrate, l’Erechthéion, le bouclier de Pylos et bien d‘autres choses encore.

La délimitation géographique du sujet posait un problème moins facile. Compte tenu de l’époque choisie, le ve siècle, Athènes en était inévitablement le centre. Si quelque zélateur avait voulu Sparte ou toute autre cité grecque pour centre, il lui aurait été impossible de réunir assez de matériel pour une exposition. Mais Athènes n’étant qu’une seule Í+,I,; entre beaucoup d’autres, si elle était considérée isolé- ment, son histoire, ses arts et ses cultes (pour ne citer que ces trois aspects) seraient incompréhensibles. D’où la nécessité de faire quelque place au reste de la Grèce, et même aux grands empires despotiques de l’Orient, notamment à la Perse. En conséquence, on donna pour titre à l’exposition: Athènes dans le monde au ve siècle. A la réflexion, ce choix était mauvais, le titre apparaissant fallacieux et vain. I1 s’agissait en réalité de faire mieux connaître Athènes elle-même e t non pas les rapports entretenus par Athènes et sa situation dans le monde du ve siècle. Le monde du ve siècle comprenait notamment l’Égypte, Carthage, l’Étrurie et, tyrannisée par les Gtrusques, une ville sur les bords du Tibre, Rome. Or aucun de ces noms, sans parler de beaucoup d’autres, n’était même mentionné. Athènes au V e sitcle aurait donc été un meilleur titre. 108

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Cependant, de nombreux problèmes qui n’avaient rien à voir avec l’exactitude du titre choisi se posaient. Apollon et Phidias sont des parties intégrantes de l’Hellade; mais les plus belles œuvres inspirées par l’un et sculptées par l’autre sont à Olympie. On ne peut voir de maisons grecques classiques qu’a Olynthe. Les pièces de monnaie athéniennes sont belles, mais d’un style si orthodoxe qu’elles semblent banales lorsqu’on les compare a u monnaies frappées par beaucoup d’autres cités - et qui, bien entendu, circulaient librement à Athènes. Aussi est-il apparu nécessaire de présenter du matériel ayant une origine non athénienne. C‘est ainsi qu’on fit à Olympie une place, d’ailleurs trop importante, en lui consacrant tout un angle où figuraient des objets sans rapport avec Athènes - sinon, bien entendu, que beaucoup d’Athéniens se rendaient aux jeux quadriennaux et attachaient presque plus de prix à une victoire dans les courses de chars qu’a aucune autre chose que la vie pouvait leur offrir. Ainsi le problème des limites géographiques du sujet était sans doute insoluble, ou plutôt il ne pouvait être résolu qu’en termes pratiques, en fonction du matériel disponible. Délos, par exemple, fut fâcheusement négligée.

O B J E T S E X P O S B S . On voit déjà que l’auteur (à la différence de ses collaborateurs) n’a pas abordé l’entreprise avec la préparation technique propre aux expositions d’art et ne s’est guère préoccupé des règles ou des conventions qui existent dans ce domaine. Quant aux expositions didactiques portant sur des sujets de ce genre, aucun précédent n’était connu. L’exposition avait le caractère d’une aeuvre de pionnier. D’ailleurs, comme l’espace, les fonds disponibles n’étaient pas illimités. I1 ne pouvait être question de se montrer difficile en ce qui concerne les matériaux utilisés, le montage, l’éclairage, etc., comme on aurait dû le faire dans le cas d’une exposition permanente, ou d‘une exposition d’œuvres d‘art de grande valeur.

Vaille que vaille, on présenta donc les objets qu’on avait pu se procurer tels qu’ils étaient : carte de l’attique faite à la craie (’g. 29) ; image d’une maison reconstruite à Olynthe; photocopie passable d’un dessin de la voie sacrée d‘Olympie (quel meilleur moyen aurait-on pu trouver pour faire comprendre la formation du poly- théisme grec si l’on n’avait pas disposé d’une reproduction acceptable de ce dessin?); objets de bronze, d’argent, d’électrum et d‘or; vases, terres cuites, marbres, moulage en bronze (le buste de Socrate); empreintes d’inscriptions prises par estampage ; armure ; nombreuses photographies dont plusieurs agrandies ; cartes et diagrammes venant directement de livres ... On n’hésita pas à utiliser tout document illustrant clairement le sujet. Certains des agrandissements choisis étaient très beaux, tels ceux des photographies du Parthénon et des Cariatides ; ici, la qualité esthétique appa- raissait en effet essentielle. Un diagramme encadré, montrant des appareils pour le tirage au sort employés à Athènes et qu’un habile dessinateur avait exécuté en trasant quelque 4.000 petites lignes, servait à expliquer le fonctionnement de la démocratie athénienne. Les pièces de monnaie exposées étaient de magnifiques spécimens dignes d‘une présentation beaucoup plus recherchée que celle dont il fallut se contenter.

Dans l’ensemble, la qualité dut souvent être sacrifiée dans le cas des objets dont l’intérêt n’était pas esthétique; mais je ne crois pas que les dessins éducatifs l’aient jamais été. Le temps et l’argent dont disposent les éducateurs et les savants sont loin d‘être illimités et, s’il leur était interdit de transiger sur le chapitre de la qualité, lorsque celle-ci n’est pas essentielle, il deviendrait en général impossible d’organiser des expositions éducatives.

Un certain nombre d’objets authentiques : vases, terres cuites, marbres et armes, avaient une signification esthétique. Un problème intéressant s’est posé à ce propos. Nous avons déjà mentionné les agrandissements des superbes photographies du Parthénon, qui témoignaient de la qualit6 esthétique que devait apporter une expo- sition de faits et d’idées, parce que c’était un aspect essentiel d‘Athènes. Le Fogg Museum of Art a la bonne fortune de posséder également une excellente reconstitu- tion (au 1/10) de l’un des angles du Parthénon qu’on dut, pour l’exposer, placer à l’extérieur de la salle. De cette fason le Parthénon était présenté au public avec un peu de la qualité propre au temps de Périclès. Mais les vases et les terres cuites étaient dépourvus ou presque de cette qualité. Un de ces vases représentait CEdipe et le Sphinx de fason assez vivante mais sans rien de l’héroïsme et de la noblesse qui doivent caractériser l’un des personnages les plus célèbres de Sophocle. Cependant, comme c’était le seul vase où ce personnage figurât, il fut décidé de l’utiliser. En

31. F ~ G G bfusEuhi OF ART, Cambridge, hfassdchu- setts. Atheiis b the I,’th Cetitrq, Vue générale. 31. General View.

qui soit à plus de IZO kilomètres de la mer; celle-ci constitue donc la principale voie de communication naturelle.

La géographie de la Grece favorisa la création de nombreux fitats qui, sans qu’aucun fût riche, trou- vaient tous des debouchés dans la navigation mari- time et la possibilitk, lorsqu’ils possédaient une bonne armée, de soumettre leurs voisins désunis. Le climat chaud, temper6 et vivifiant, joint à la pénurie de ressources naturelles, stimulait la vigueur intel- lectuelle; celle-ci etait puissamment favorisbe par les fréquents voyages dans les pays du vieil Orient, dans les colonies grecques proches ou lointaines, et aussi par le ferment politique étranger ou inté- rieur, pacifique ou belliqueux.*

* Le meilleur et le plus clair des ouvrages modernes consacrés a la Grèce classique, en anglais, écrit à Athknes, construit sur une connaissance approfondie de la géographie méditerranéenne et portant en grande partie sur l’Athknes de Périclès (ve siècle), est celui de sir Alfred Zimmern : Greek Comi/oiruva/th (7“ éd., Oxford, 1931). Le meilleur abrégk est celui de Cyril E. Rvbinson, flirtogt of Greece (Crowell, New York, 1929; Se éd., hie- thuen, Londres, 1951) et cet ouvrage devrait Otre consulté avant celui de Zimmern.

I O 9

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II0

faveur de ce choix, on pouvait dire que le vase était un original, qu’il datait du temps de Sophocle, qu’il apportait au public une image concrète, et qu’en somme il valait mieux que rien. Mais on pouvait, en revanche, remarquer que la représentation d’CEdipe avait, dans l’esprit des organisateurs le même intérêt que celle du Parthé- non, dont personne n’oserait pourtant montrer une mauvaise photographie, et qu’un vase, original ou non, qui ternit la grande figure d’un héros tragique - comme le ferait un portrait $Hamlet sur carte postale - était pire que rien.

En réfléchissant à cette question un an après, j’en arrive à penser que la décision prise était erronée. Tous les vases qui figuraient dans notre exposition illustraient quelque sujet, mais aucun n’était une œuvre noble; médiocres dans l’antiquité, ils demeuraient tels. Or les exemplaires les plus beaux des vases à figures rouges des peintres de cette époque rejoignent à travers les siècles, si l’on y prend garde, les grands maîtres de la ligne: Léonard, Ingres, Picasso. Certes les vases athéniens n’étaient pas tous des chefs-d’œuvre, tant s’en faut. Rien ne s’opposait donc à ce qu’on montrât quelques spécimens de poterie de peu de prix et de type courant. Mais l’impression dominante communiquée par une exposition ne devrait jamais négliger l’Clément esthétique d’un art ou d’un métier lorsque cet élément lui donne sa valeur éternelle.

Peut-être aussi commit-on une erreur d‘un genre différent. Cartes, dessins sché- matiques et vues aériennes - pour la plupart en noir, blanc et gris - qui ont un caractère intellectuel et sont difficiles d‘accès, ne constituaient en fail. qu’un petit nombre des objets exposés (14 seulement sur un total de 80); mais ils s’étalaient sur une surface murale proportionnellement beaucoup trop importante. On leur avait aussi accordé un volume trop considérable. Or les amateurs d’art accoutumés à l’aspect extérieur mais non, bien entendu, superficiel des choses, préfèrent qu’on leur présente peu de schémas. Les historiens, cependant, que lie une discipline stricte et qui s’intéressent essentiellement à l’histoire du pouvoir insistent naturellement sur les facteurs qui ont fait du régime athénien la démocratie la plus radicale que le monde ait connue et sur l’impossibilité d’en rendre compte d‘une manière superficielle. Entre ces deux extrêmes il est raisonnable de chercher une solution de compromis. Toute exposition doit avoir un aspect extérieur attirant. Toute exposition de faits et d’idées doit aussi présenter un matériel concret, caractéristique et (dans certains cas) schématique.

LÉ GENDE S. Rien n’aboutit à un Cnoncé plus mauvais que de simples formules. Parfois ce procédé correspond à une tendance subconsciente, ce qui est plus néfaste encore que l’assujettissement à une théorie. L‘organisateur d‘une exposition peut estimer, par exemple, sans y avoir jamais réfléchi, que toutes les légerides doivent, conformément aux normes classiques, répondre simplement aux questions : Qui? Quoi? Où? Quand? Et il est vrai que dans une exposition d‘objets d‘art, on a en général intérêt à s’en tenir là.

Mais, dans le cas d’une exposition de faits et d’idées, il faut évidemment aller plus loin. Une description de la nature de l’objet considéré vaut mieux qu’une simple étiquette (jg. 30, 3 ~ ~ 3 3 ) . On indique ensuite quelles en sont la fonction et la signi- fication, et enfin quels sont ses rapports avec d‘autres objets. Lorsque le rédacteur des légendes en est arrivé à reconnaître cette nécessité, il se sent libre de fournir dans des notices succinctes les renseignements qui lui paraissent les plus pertinents et les plus importants.

S’il est un domaine où les organisateurs de cette exposition peuvent prétendre avoir fait œuvre de novateurs, c’est probablement celui des légendes. Mais, comme nous l’avons déjà dit, on se proposait de faire mieux. I1 s’agissait en premier lieu d‘unir les faits aux idées dam les objets eux-mêmes; c’est ainsi que l’appareil pour les tirages au sort est présenté comme un spécimen entre beaucoup d’autres appareils analogues, ce qui montre bien que le tirage au sort était alors de pratique courante. I1 fallait exprimer cette unité, en second lieu, dans les kgetides. Après avoir établi que le tirage au sort était le seul système d‘élection employé de fason normale à Athènes, on indique que les Athéniens choisissaient leurs magistrats par tirage au sort (autrement dit en s’en remettant au hasard) parce que c’était là - et c’est toujour:j - le mode d’élection le plus radicalement démocratique qui soit. Enfin, par la légende entière (une courte page) qui accompagnait un dessin détaillé de deux appareils pour le

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tirage au sort en cours de fonctionnement, légendes et appareils devaient donner, selon nous, une image nette, concrète et évocatrice de la démocratie athénienne, en même temps qu’un moyen de comprendre la philosophie de cette démocratie extrême.

Bien entendu, les légendes n’étaient pas rédigées selon de simples formules. Elles offraient de la variété, quoique cette variété ne fût pas exempte de défauts. I1 n’est pas facile de composer de courtes notices de ce genre; elles ne doivent exiger du lecteur aucune connaissance technique; il faut donc commencer par définir les rudiments. Tout en étant claires, elles doivent donner des informations exactes et ne pas sim- plifier le sujet au point de le déformer. I1 convient aussi qu’elles soient, si possible, amusantes. Avant tout, loin de faire des concessions, elles s’adressent à l’intelligence.

(Tradziit de I’ntgIais.)

ATHENS I N THE VTH C E N T U R Y , A N EXHIBITION OF FACTS AND IDEAS1

HIS exhibition used several kinds of physical objects to conlrey facts and ideas. T For the most part real objects were exhibited-gold, bronze, terracotta, squeeze paper, marble-rather than diagrams, in order that the physical objects should remain as real as the ideas.

The objects alone could not convey complete and rounded ideas; indeed, much more than in most exhibitions, captions were needed. To make the captions do their part, i.e. to make them complementary to the objects, they were given the full length necessary, averaging nearly a typed page each. The captions began with facts and from the facts evolved ideas. Thus the exhibition attempted to blend facts and ideas in each object, and again in each caption; and also to make each object blend with its caption into one whole.

L E V E L O F E D U C A T I O N P R E S U P P O S E D . Though designed in the first instance for college classes, the exhibition did not presuppose any special knowledge. It was hoped that visitors of all ages and training would get something from it. There were even some visits by classes of seven-year-olds. But the important thing about the educational orientation of the whole was that it condescended to no one. Instead, it appealed, or tried to appeal, to the cultivated intelligence; and it endeavoured to make the visitor feel that his comprehension was growing. It tried to avoid preten- tious but vacuous couplings of monosyllables, such as Man and Chy, where Pottegi is meant. On the contrary it gave a few simple Greek words in the Greek, but with definitions. IIh,;, for instance, defined as the small Greek territorial (city- state), was discussed enough to show its relation to the & Y . $ T ~ G ; , which in early times was called the r;ii,L;-and an air photo, with Judeich‘s handsome maps, showed how, as the ~5ì.1,; grew down the slopes, the meaning of the word itself grew to include all Athens, with its circa 300,000 inhabitants.

A conscious effort was made to avoid hackneyed displays, worn out phrases, and meaningless superlatives. Athens was rarely praised in the captions, and then only with specific proof. It was felt that most visitors would appreciate some solid evidence of the basis of the Athenian Empire, such as the trireme; of her funds, with examples of coins, discussion of the monetary system, and hints about price levels; and something about her enemies (the Spartan hoplite - armour, and a photograph of actual skeletons, - and the Persian gold daric - a good spe- cimen, with a word as to its purchasing power in terms of crews for triremes). This was preferred to much empty glorifying; theatres were shown in pho- tographs and a model, but a drama could not be shown, and Sophocles was presented as not only a playwright but also an Imperial Treasurer.

M A I N HEADINGS. In planning any exhibition designed to illustrate a large subject, it is probably wise not to attempt perfection, even h t h e plans.

Under this rubric it is important first of all to emphasize the fact that the require-

by S T E R L I N G Dow

I. The exhibition was held in the Fogg Museum of Art of Harvard University in Cambridge, Mass., from 1 5 October 1 7 5 1 to I T February 1752. A w t r before, Mr. J. L. Sweeney had suggested such an exhibition, and a small one was set up by him, Prof. G. M. A. Hanfmann, and the present writer. The support essential for both exhibitions was given by the Fogg hïuseum of Art, under the Director- ship of Professor John P. Coolidge. The Committee on General Education, under the chairmanship of Dr. Philip H. Rhinelander, paid certain expenses, including those of the 62-page brochure which contained all the captions discussed above. The second exhibition was the work of the Same three instructors as the first, with the assistance of Miss Brooks Emmons and Mr. R. H. Randall, who wrote the captions for the coins and for the armour, respectively. Prof. Hanfmann wrote the captions for the vases, terracottas, the Dipylon cemetery, and the theatre. The rest were by the present writer. Of the exhibits themselves, the coins were from Dr. A. S. Dewing’s collection, the objects of art were mostly from the Fogg Museum of Art and Boston Museum of Fine Arts, with single items from Messrs. G. H. Chase, K. J. Conant, Professor Hanfmann, and the Department of Classics; the maps, squeezes, air photos, and some odd items were loaned by the present writer. Mr. Randall carried out most of the installation. The photo- graphs were by blr. J. W. Kirkpatrick.

III

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I. LARGE COLOURED MAP OF GREECE. Greece is a small country: 114,500 square miles. (All of continental Greece together is less in area than half of Illinois.) Only its principal urban centre, Athens, has ever had a large population: some 300,000 in the vth century. But all of Attica, the peninsula in which Athens is situated, is only about 1,000

square miles. Thus the first lesson of Greek studies is that

sheer area of land and sheer numbers of people have no necessary relation to creative powers. I t was a small nation in a small, poor land which produced an incomparable galaxy of geniuses.

This lesson of quality as against quantity, though true and important, is like many other statements about the classical world in being far from the whole truth. Athens-Piraeus was no petty place, but a huge fortress, whose circuit walls ran for no less than 21 miles. Nor was Athens in the 17th cen- tury an obscure corner of the world. The Athenian Empire itself was of ample size, and Athenian trade reached out far beyond it-to Nubia, to Russia, to Spain; and Pericles did not think it beneath him, indeed he was proud, to remind his fellow citizens that the products of the whole world flowed into their city.

I t is wholesome to recall this boast as an antidote to the excessive emphasis, still frequent today, on Greek spirituality; and as a refutation of the linger- ing old notion that the Athenians, clothed in sheets, sat about talking themselves into a high culture while legions of slaves attended. Actually, although they found time for talk, the Athenians were a hustling people. Sophocles (it is often forgotten) was a man of wealth busy with wide interests. Like other aristocrats. he served a term as one of the Imperial Treasurers.

emphasizes the uneven character of the peninsula. Hills and mountains are in every view. South of Macedonia most of the country had been deforested by the vth century, and about one-third of Greece was then, and still is, hare rock with a little thorny vegetation.

Only zz per cent of the area of Greece is culti- vable. The valley plains were formed by detritus from the mountains, and are small and semi-isolated from each other.

The sea is not more than 70 miles distant from any point in Greece, until you penetrate northward into the main mass of the Balkan peninsula The sea is therefore the natural highway of Greece.

Geography thus made for numerous states, none rich, but with outlets for enterprise in seafaring, and an opportunity for strong armies to subdue disunited neighbours. The dry, temperate, and vitalizing climate combined with the limitation of resources to stimulate mental vigour. This stimulus was powerfully enhanced with frequent voyages to the old countries of the Ancient East as well as to Greek colonies near and far, and by the ferment of politics both foreign and domestic, peaceable and militant*.

PHOTOGRAPH OF A RELIEF MAP. This map

“The best and most readable modern book on Classical Greece, written in Athens and rooted in Mediterranean geography, and mainly about Peri- clean (vth century) Athens, is Sir Alfred Zim- inern’s Greek Ca~mzotzizraltl, (1 th ed., Oxford, 193 I). The best short account is that of Cyril E. Robinson, Hi.rtoV of Greece (Crowell, New York, 1929, 8th ed., Methuen, London, 195 I). Cyril Robinson’s book should be read before Zimmern’s.

ments of an exhibition of objects shown principally or solely for their beauty are very different from the requirements of an exhibition designed to illustrate a broad phase of a major civilization. Objects of art are, in a very real sense, complete in themselves, and a room containing a dozen (say) may well constitute a perfect exhibition. But an exhibition designed to illustrate vrth-century Athens could never, or could hardly, be complete. It could not cover every important aspect, and it would only be by good fortune that it could satisfactorily cover any. This fact ought to be recognized in planning. Coverage is the bane of a didactic exhibition, just as it is of a lecture or of a college course; the places where wide coverage is pro- perly a desideratum are manuals, handbooks, and large-scale encyclopaedias.

Without conscience one could easily go too far in this direction, but probably the best guide is the material available and the main interests of the plartner(s). Some subjects, such as literature itself, are unsuited for an exhibition: you cannot put a drama on a wall, or a philosophy in a show-case. In general, material which is visual is to be preferred to material which is primarily verbal. Religion is arnbivalent: its apparatus of temples, cult statues, altars, dedications, representations of sacrifices can all be shown, but their meaning can be conveyed only in captions, and not easily or fully. Religion must have a place, but in the present exhibition it was allowed to show itself under various other headings; there was no main heading Religion or Cults.

Maps are important. They are a basis for all else, not merely the situation of cities, but the dimensions and character of the land and, for Greece, the (so to say) ubiquity of the sea. Maps should be readily intelligible. This means usually that each map should serve one purpose only, or at most two. The old all-purpose map, with mountains, rivers, boundaries, and cities jumbled together, is for reference only, not for exhibitions or for lectures. A physical map should either be in three dimen- sions, or should be a photograph of such a relief map, with the mountains casting real shadows. If the area is small enough, there is no substitute for an aerial photo- graph: the Acropolis, with every block individually visible; the place of assembly (Pnyx) with excavation trenches; a great composite eight-part air survey of Athens. To identify the classical remains, the fine maps of Judeich, with colour, should be posted alongside. The captions, which should never be used to do with words what a map will do better, can be reserved for explaining the significance of the geography and topography. The captions for the first two exhibits are given in full here,l to illustrate the use made ofmaps, and the methodofintroducing theexhibitionas a whole.

The following main headings were actually adopted: Greece; the Comztty (mctps): Coins o f Various States: the Acropolis: Vases and Terracottas; Drama: Tfa.res and Terra- cottas; Dai& Life: the Dìpylon Cemetery: the Greek Theatre: War: Sicily: Politics (with the Agora showrz in plam, aerial photographs, and pho tographs of models o f biiildìngs) : O&mpia: Pedimentcl/ Sct,lpture (Aegìna, restored and coloiued) : Socrates.

The list is open to criticism, the order being only partly rational. This was occa- sioned by limitations of space. Some 80 exhibits had to be placed in the one room and allowance had to be made for three doors and for the symmetrical placing of two upright show-cases. (The coins were shown in two flat cases beneath other exhibits.) One long unbroken wall was available for the 18 exhibits under Politics, but elsewhere there was comparatively little flexibility. Constriction of space is not always and necessarily an evil: it may suggest ideas which otherwise would not occur. The Aegina pediment, for instance, fitted neatly over a door (jg. 3 I). But the penalty for too little space is obvious: that fine effect of spacious tranquillity obser- vable in nearly all the photographs of modern exhibits shown in IV~USEUM was out of the question. Whether or not wide spacing is always desirable for o’bjects, maps, diagrams, and photographs which are closely related to each other ideationally, is a question (one of many) about which the present writer would gladly learn from others. Certainly the space requirements for exhibits of art, and for exhibits of matter not primarily aesthetic, are not necessarily the same.

SCOPE. The limitation to one century (strictly 500-401 B.C. inclusive) was not narrowly observed but seems to have been completely justified both in reason and in practicality. The years in question have shape (framed by the Persian Wars at the beginning, the Peloponnesian War at the end, with an approximate half-century II2

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between), and a certain unity (Athens ascended from the lesser victory at Marathon to the supreme naval triumph at Salamis, which made her naval empire; she went on to attempt a land empire, and in mid-century was at her peak; under Pericles she built the Parthenon, 447-43 2; then with Persian darics Spartan navies overthrew the Athenian Empire at the end of the century). The temporal limitation seems to have been, therefore, none too short. On the other hand, to restrict the scope further to, say, the active years ofPericles(~61-~z~)would have been to cut off the story at its beginning and at its end, and to have excluded Ostracism, the mature years of Socrates, the Erech- theion, the Pylos shield, and much else.

The scope of the exhibition in respect to the area covered was a less easy prob- lem. Athens was the inevitable centre in the vth century-if a zealot wished the centre to be Sparta, or any other Greek city, he would be unable to find enough material to exhibit-but Athens was only one polis among many. Her history, her art, and her cults (to take only three aspects) would be uninteui- gible in isolation. Hence some of the rest of Greece had to be included, and a little of the mammoth despotism on the East, vit. Persia. Accordingly the title was adopted: Athens in the world of the vth century. It is, on reflection, a wrong title, pretentious and misleading. The object was to see Athens, ; W O ~ to see Athens with special attention to her relations with, or her setting in, the world of the vth century. The ccworld" of the vth century included Egypt, Carthage, Etruria, and a downtrodden (by the

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4 N T roxrno~ h P A T O P A N T I K P A T E r E Y A o x i o i

. . Etruscans) tom7n on the Tiber, viz. Rome. None of these places was even mentioned, let alone numerous others. Athem it) the V t h CEN~WJJ would have been better.

But even so there were problems which were not merely problems of accuracy in the title. The god Apollo and the sculptor Phidias were part and parcel of Hellas, but the finest images inspired by them are at Olympia. The classical Greek house can be seen only at Olyntlios. The coins o€ Athens are good, but so conservative as to seem uninspired in comparison with those of many other cities-which circulated freely, of course, in Athens. Thus the exhibition seemed to have to contain material from elsewhere. Olympia was added in too great detail: it took a corner to itself, with details quite unrelated to Athens, except of course that many Athenians went to the quadrennial games and prized a victory in the chariot races there above nearly anything else which life might offer. Thus the problem of how large an area to cover was probably insoluble, or rather, was soluble only in the practical terms of what was available for exhibits. Delos, for instance, was sadly neglected.

O B J E C T S EXHIBITED. It will be clear already that the present writer (unlike his too indulgent colleagues) brought to the task no museum training whatever, and that hardly a thought was given to whatever rules and conventions may exist for exhibitions of art. For didactic exhibitions of any kindred subject no model was

32. FOGG hfKJSEUh5 OF ART, Cambridge, Massachu- setts. Atheris iti fhe T.-fh Centmy. r( Listes des victimes de la guerre en l'annte 440 av. J.-C. 2)

Soucieux comme ils l'ktaient d'enregistrer tous les t-vtnements, notamment lorsqu'ils touchaient à la vie publique, les Athtniens ne manquaient pas de publier la liste des victimes de la guerre. L'iIllus- tration représente trois listes de ce genre qui figurent sur une stèle de marbre parfaitement conservée. Ces trois listes se rapportent toutes à la meme année, et montrent donc de façon frappante l'activité déployée par Athènes sous l'Empire. Elles datent évidemment de 440-39 av. J.-C. (il a étt jug& inutile d'inscrire la date) ; Byzance s'&tait alliée à Samos pour se révolter contre Athknes et les hthi- niens durent se battre sur plusieurs théiitres d'opé- rations. La revolte fut kcrasee. I1 y a lieu de noter le nombre relativement peu tlevt des victimes : les batailles livrtes par les Grecs sur la terre ferme Ctaient rarement meurtrieres, tandis que dans les combats navals le naufrage d'une trirbme entrainait en gCnt.ra1 la perte de tout l'équipage (zoo hommes). La première liste nous apprend que le gentral a eté tut. avec ses hommes. Dans les batailles de l'anti- quite, les officiers suptrieurs étaient tris exposés. L'armée &ait divisée en régiments de clan, dont chacun correspondait à un clan, et les morts étalent enterres ensemble par clan. A la fin de la campagne, des funkrailles publiques ttaient organisees pour toutes les victimes et une oraison funèbre etait prononcte. La fameuse oraison fünbbre de Périclès (citee par Thucydide), le plus célèbre de tous les discours datant du v e siècle et le plus remarquable des panégyriques d'Athènes, a étt prononcée dix ans esactement après la mort des hommes dont les noms figurent sur cette stèle. La meilleure traduction en anglais de l'oraison funhhre de Pkriclès est celle qu'en a donnee Sir Alfred Zimmern dans son ouvrage intitult Grtek Cornmotiuvalth. L'inscription ci-dessus figure sous le n o 48 dans : R.I. N. Tod., Grcek. Historical I?iscripfioti, I (ze éd., 1946). p. "Casualtp Lists of 440 B.C.".

Fond as they were of written records for all pur- poses, and particularly for public business, the Athenians naturally did not omit to publish battle casualty lists. The present exhibit is the inscription on a marble stele, completely preserved, bearing three lists of fallen. The three lists are all for one year, and thus are a vivid illustmtion of Athenian activity under the Empire. The date is evidently 410-39 B.C. (no need was felt to inscribe the date on it); Byzantium had joined Samos in revolting from Athens, and the Athenians were forced to fight in several quarters. The revolt was suppressed. A notable feature is the comparatively small loss of life: Greek land battles were often not costly, although in sea battles the sinking of a trireme usually meant loss of its whole crew of 203. In the first list we find that the general was billed with his men. In ancient battles the high officers exposed themselves. The army was organized in tribal regiments, and the fallen were buried together tribe by tribe. At the end of the campaigning season, a public funeral was held for all the fallen, and an oration was delivered. The famous Funeral Oration of Pericles (as reported by 7'hucydides)-the most famous of all vth-century speeches, and the finest of all pronouncements on Athens-was delivered just IO years after the funeral of the men here recorded. The best translation of the Funeral Oration is that of Sir Alfred Zimmern, in his Greek Corm"zza1fh. The inscription here shown is M. N. Tod, Greek Historid Imcriptiotis, I (2nd. ed., 1946), No. 48.

I I 3

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known. The present exhibition was a pioneer effort also in the sense that money, like space, was not unlimited. Elegance in materials, in mounting, and in lighting, such as would be demanded for a permanent exhibition, or for an exhibition of valuable works of art, was not available.

For better or worse, objects were taken mostly as they came and as they were: a crayoned map of Attica (fg. 29); a reconstructed house a t Olynthos; an inelegant photostat of the route of the sacrificial procession at Olympia (how better could one show the elaboration of Greek polytheism than by a handsome version of the diagram?). Bronze, silver, electrum, and gold; vases, terracottas, marbles, a cast done in bronze (the bust of Socrates); paper squeezes of inscriptions; actual armour; many photographs, several enlarged; maps and diagrams straight from books- there was no hesitation in taking whatever told the story most clearly. Some of the enlargements were very fine, such as those of the Parthenon and Caryatid photo- graphs; here aesthetic quality was felt to be of the essence. A framed diagram of the Athenian allotment machines, executed by an expert draughtsman in a version involving some 4,000 short lines, was available to illustrate the essence of Athenian democracy. The coins were superb specimens-worthy of settings quite beyond what we could supply.

Altogether there were numerous compromises with quality in the non-aesthetic exhibits, but no compromises, I think, with instructional efficiency. Teachers and scholars cannot dispose of unlimited time or funds. Unless they are permitted to compromise on quality, where quality is not the essential, didactic exhibitions will usually be impossible.

A number of the exhibits had aesthetic aspects: viz. the actual Greek vases, terra- cottas, marbles, and weapons. An interesting problem arose which may be posed as follows. For the Parthenon, there were the enlargements of the superb photographs, which conveyed some of that aesthetic quality which an exhibition of facts and ideas must convey, because it is an essential part of that aspect of Athens. The Fogg Art Museum is fortunate in possessing also a worthy scale model (I:IO) of one corner of the Parthenon: it was included in the exhibition, though outside the room. The Parthenon, therefore, was presented with something of its proper Periclean quality. But the vases and the terracottas had little or no Periclean quality. A vase with Oedipus and the Sphinx had vitality, to be sure, but none of that heroic dignity which ought to be associated with one of Sophocles’ most famous characters. On the other hand, it did show the character, and no other vase showing him was avail- able. It was decided to include this piece. The argument in favour is one of the actuality: the vase is real, it comes from the time of Sophocles, it conveys a real image, it is better than nothing. The argument against is that Oedipus is in no way different, for present purposes, from the Parthenon. No one would show a small fuzzy photograph of the Parthenon. Real or not, a vase which degrades a grand figure of drama-like Hamlet on a postcard-is worse than none.

Reflection on this matter a year later therefore suggests that an error was made. All of the vases illustrated something; none was a noble piece. They were trivial in antiquity and are trivial today. At its best, though not shown, the red figure draughtsmanship of that century was an art which looks across the centuries to other great masters of line, to Leonardo, Ingres, Picasso. Not all Athenian vases were so fine; on the contrary; and there is no objection to showing a specimen or two of the more typical, cheap, trivial ware. But the main impression conveyed by the exhibition should never leave out the aesthetic element in any art or craft in which that element is the eternal value.

Another possible error was of a different kind. Maps, diagrams, aerial photo- graphs-mostly black, grey, and white, intellectual looking, requiring study-made up a small numerical proportion of the exhibits (only 14 exhibits out of the total of go), but they spread out and took a much greater proportion of che aggregate area of wall space. It may be that this material was allowed to bulk too large. Con- noisseurs of art, accustomed to the look of things (by no means necessarily a super- ficial attitude) naturally will prefer not to have many diagrams. Historians of the solid but limited type-men interested essentially in the history of power-naturally will insist that the Athenian democracy was the world’s most radical democracy for reasons, a d in ways, which cannot be made superficially obvious. As between these

Page 11: Athens in the Vth Century, an Exhibition of Facts and Ideas

? f . FOGG MusEuhi OF ART, Cambridge, hfass. Athew it1 the L’th Lptztroy. (( Reconstitution de l’agora. )i

Les frtquentes reunions des citoyens athéniens jouaient un rBle fondamental dans la vie de la cité- État. L’acropole, à l’origine une forteresse, était désormais consacrée aus ctrémonies religieuses et patriotiques ; il fallait pour s’y rendre, gravir une pente abrupte. L‘agora, en bas dans la ville et d‘un accès plus facile, complétait donc utilement l’acro-

pole comme lieu de réunion. Les citoyens se ren- contraient ailleurs pour des raisons militaires et navales (quoique les listes des participants fussent d‘abord afichies à l’agora). IL en allait de mime pour les receptions privées, les exercices gymniques et de nombreux cultes. Mais c’est à l’agora que les citoyens se retrouvaient chaque jour. Ils venaient aussi à l’agora parce que c’est là que se tenait le marché, et ils s’y installaient pour causer. Ils pou-

extremes, a reasonable view will be some degree of compromise. Any exhibition should look superficially inviting. Any exhibition of facts and ideas should also present solid material, specific and (in some exhibits) diagrammatic.

C A P T I O N S . Probably nothing gets written worse than what is written with a formula. On the other hand, a person may have subconscious formulae, and these may be worse than articulate theories. For instance, such a person may feel (without ever considering the matter) that all captions in exhibitions should be of the conven- tional Who-What-Where-When variety; and he may stop there. In an exhibition of objects of art, more is usually improper.

In an exhibition of facts and ideas, more is obviously necessary. Better than a mere label is some description of what the object is OÇgs. 30,32,33). The next step is to set down its function and significance, and finally its relation to other objects. When the writer has reached this stage of decision, then the mind is open, and he may feel free to put down, jn a brief essay, the things which he feels are most in- teresting and important to say about the efiibit.

If the present exhibition can claim any novelty, it is probably in the captions. The hope went beyond this. As stated in the first paragraph of this article, the hope was somehow to blend fact and idea first in the exhibits themselves, as when the one allotment machine illustrated is felt to be one of many allotment machnes, and thus comes from a world in which allotments were common. Again to blend fact and idea in the captions. When the fact is established that allotment was the normal ordinary method of election in Athens, then the idea is introduced that the Athenians picked officials by lot (by pure chance, that is) because it was, and is, the most radi- cally democratic method of election. Finally, with the entire (one short page) caption posted close beside the elaborate framed drawing of a pair of allotment machines in operation, both exhibit and caption, we hoped, would provide a definite, solid, factual image of Athenian democracy, and at the same time a key to the philosophy of its extreme democracy.

No one simple formula was used, there was variety, and the variety doubtless included some failures. Brief essays of this sort are difficult to write. They must not presuppose technical knowledge, but must start from the ground. They must be clear but must convey real information, and not be a simplification so drastic as to distort. If possible they should also be amusing. Above all they must not condescend, but must appeal to intelligence.

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vaient s’abriter de la pluie sous des portiques en plein air (stoai), tels que la Stoa royale, ti l’extreme droite, où se sont déroulees les premières audiences du procès de Socrate. Plus de 400 ans après, saint Paul pouvait rencontrer chaque jour, à l’agora, des interlocuteurs toujours à l’afhît de nouvelles (Actes, XVII, 17). La photographie de la maquette montre la partie occidentale de l’agora. A l’arrière- plan et vers le haut, on apersoit le temple d’Hé- phaïstos (vulgairement appelé ThesCion), qui existe encore aujourd’hui. Les autres Cdifices sont des reconstitutions. Le plus important (au centre, avec huit fen&tres visibles) est le Bouleutérion, où le Conseil (Bot&, B0Uj .g des Cinq Cents se réu- nissait tous les jours. Le bitiment circulaire que l’on voit sur le devant est la Tholos, ou Prytanée, où les cinquante membres du Prytaneis, comité exécutif de la Boulè, dblibbraient, prenaient leurs repas et où certains d’entre eux logeaient. Les archives de la ville Ctaient conservées dans le Mt- trobn, l’édifice aux nombreuses colonnes. Depuis plus de vingt ans des fouilles systtmatiques sont pratiquées sur l’agora, sous la direction des archéo- l o y e s amtricains. Les fouilles ne sont pas encore terminées, mais une grande partie du site a été deblaybe. Avec une habiletC extraordinaire, puisque cet emplacement n’est jamais rest& inhabité depuis. quelque trois mille ans, les principaux bâtiments ont eté identifies et reconstitués sous forme de maquettes. Ces fouilles ont fait l’objet d’articles publiés dans la revue Hqkria (à partir de 1931, suppliments, index.) 33. “The Agora: Reconstruction”.

The frequent gathering together of citizens was the essence of the city-state. The Acropolis had served earlier for defence and now served for cults and patriotism; in any case it was an uncomfortable climb. Situated down in the city, the Agora com- plemented the Acropolis. The citizens met else- where for military and naval purposes, though only after lists had been posted in the Agora. They met elsewhere for private dinners, for gymnastic esercises, for many cults. But the Agora was where they gathered daily. The citizens came to the Agora likewise because it was the city’s market; and they stayed to talk. Suitable shelter was provided against rain in the form of open porticoes (stoai), such as the Royal Stoa (extreme right), where Socrates was first tried. More than 400 years later, St. Paul could find people to talk to daily in the Agora, always curious to learn something new (Arts, SVII, 17). The photograph of the model shows the west side of the Agora. Behind and above is the temple of Hephaistos (popularly known as the Theseiun), which still stands today. The other buildings have had to be reconstructed. Most important, in the middle of the picture, with eight windows showing, is the Bouleuterion, where the Athenian Council (Bade, BouArí) of goo met daily. The round build- ing in the foreground is the Tholos, or Prytanikon, where the executive committee of the Bode, a group of 5 0 mFn called the Piytaneis, deliberated, dined, and some slept. The city’s records were kept in the many-columned central Metroòn. Over most of the last twenty years an American espedi- tion has been excavating in the Agora. The work is not yet complete, but much of the area has been cleared. With extraordinary skal, since the area has been inhabited continuously for some 3,000 years, the essential buildings have been identified and reconstructed in models. Publication has been in the journal Hespevia (beginning in 1931; supple- ments; inde$.