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A A A A A A V V V A A A N N N N T T T T - - - P P P P P R R R OPOS REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - NOVEMBRE 2014 - N°466 // 23 © 2014 – Elsevier Masson SAS – Tous droits réservés. Bruno Baudin a, * Biochimie de la nutrition (2) avec la consommation excessive de graisses, de sucres et de sel. Elle mène aux accidents cardio- vasculaires, au diabète et à l’obésité. Je me suis chargé du premier article en décrivant les causes et les conséquences de la malnutrition et de la sous-alimentation, tant dans ses côtés excessifs que dans les grandes causes de sous-nutrition aux carences multiples (Bruno Baudin : « Malnutrition et sous-alimentation »). Marylise Hébert-Schuster, Gilles Sarfati et Etienne Larger, de la Faculté de pharmacie (Université Paris Descartes) et de l’hôpital Cochin (GHU Paris-Centre, AP-HP) ont fait la synthèse de la littérature sur le réseau de communication entre le tissu adipeux, le foie et le muscle squelettique en présentant les principales cytokines intervenant dans les régulations métaboliques et susceptibles d’intérêt dans la prise en charge clinique et biologique du diabète de type 2 compliqué d’obésité, ou diabésité, nouveau terme à la mode du jargon médical (« Cytokines et réseau métabolique : un nouveau paradigme de la diabésité »). Les anomalies de l’état nutritionnel sont fréquentes chez les patients atteints de cancer ; la prise en charge nutritionnelle s’impose associant conseil diététique, B ravo ! Vous n’êtes pas encore gavés de nutrition ; simple rappel avant de rajouter le plat de résistance et le dessert : alimentation équilibrée, qualitativement et quantitativement, exercice physique régulier, c’est l’apanage de la santé, qui devrait être facilement maintenu dans les pays développés et que l’on souhaite ardemment atteindre dans les pays en développement. Mais la malnutrition guette, causée par l’excès ou le défaut en un ou plusieurs nutriments, des protéines, des sels minéraux, des vitamines ou des oligo-éléments, globalement appelés les oligonutriments. La mal- nutrition par excès est une maladie des pays riches a Biochimie A – Pôle Biologie médicale et pathologie Hôpitaux universitaires de l’Est Parisien (AP-HP) Site Saint-Antoine 184, rue du Faubourg Saint-Antoine 75571 Paris cedex 12 et EA-4530 – UFR Pharmacie – Châtenay-Malabry Université Paris-Sud * [email protected] BIOCHIMIE DE LA NUTRITION

Avant-Propos : Biochimie de la nutrition (2)

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Page 1: Avant-Propos : Biochimie de la nutrition (2)

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REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - NOVEMBRE 2014 - N°466 // 23

© 2014 – Elsevier Masson SAS – Tous droits réservés.

Bruno Baudina,*

Biochimie de la nutrition (2)

avec la consommation excessive de graisses, de sucres et de sel. Elle mène aux accidents cardio-vasculaires, au diabète et à l’obésité. Je me suis chargé du premier article en décrivant les causes et les conséquences de la malnutrition et de la sous-alimentation, tant dans ses côtés excessifs que dans les grandes causes de sous-nutrition aux carences multiples (Bruno Baudin : « Malnutrition et sous-alimentation »).

Marylise Hébert-Schuster, Gilles Sarfati et Etienne Larger, de la Faculté de pharmacie (Université Paris Descartes) et de l’hôpital Cochin (GHU Paris-Centre, AP-HP) ont fait la synthèse de la littérature sur le réseau de communication entre le tissu adipeux, le foie et le muscle squelettique en présentant les principales cytokines intervenant dans les régulations métaboliques et susceptibles d’intérêt dans la prise en charge clinique et biologique du diabète de type 2 compliqué d’obésité, ou diabésité, nouveau terme à la mode du jargon médical (« Cytokines et réseau métabolique : un nouveau paradigme de la diabésité »).

Les anomalies de l’état nutritionnel sont fréquentes chez les patients atteints de cancer ; la prise en charge nutritionnelle s’impose associant conseil diététique,

Bravo ! Vous n’êtes pas encore gavés de nutrition ; simple rappel avant de rajouter le plat de résistance et le dessert : alimentation

équilibrée, qualitativement et quantitativement, exercice physique régulier, c’est l’apanage de la santé, qui devrait être facilement maintenu dans les pays développés et que l’on souhaite ardemment atteindre dans les pays en développement. Mais la malnutrition guette, causée par l’excès ou le défaut en un ou plusieurs nutriments, des protéines, des sels minéraux, des vitamines ou des oligo-éléments, globalement appelés les oligonutriments. La mal-nutrition par excès est une maladie des pays riches

a Biochimie A – Pôle Biologie médicale et pathologieHôpitaux universitaires de l’Est Parisien (AP-HP)Site Saint-Antoine184, rue du Faubourg Saint-Antoine75571 Paris cedex 12et EA-4530 – UFR Pharmacie – Châtenay-MalabryUniversité Paris-Sud

* [email protected]

BIOCHIMIE DE LA NUTRITION

Page 2: Avant-Propos : Biochimie de la nutrition (2)

24 // REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - NOVEMBRE 2014 - N°466

La coordination de ce dossier a été assurée par le Pr Bruno Baudin, Biochimie A, Pôle Biologie médicale et pathologie, Hôpitaux universitaires de l’Est Parisien (AP-HP), Site Saint-Antoine, Paris et EA-4530, UFR Pharmacie, Châtenay-Malabry, Université Paris-Sud.

compléments alimentaires oraux et renutrition arti-ficielle. Sur les conseils de mon ami et collègue Luc Cynober qui m’a aidé à coordonner ces deux numéros dédiés à la « Biochimie de la nutrition », Laure Hirsch, Jean-Philippe Durand et François Goldwasser du Service de cancérologie de l’Hôpi-tal Cochin à Paris nous montrent dans leur article, « Nutrition en cancérologie : un axe thérapeutique central », l’importance de cette prise en charge nutri-tionnelle sur les bases d’une évaluation de l’état nutritionnel et de la connaissance des conséquences de la sous-nutrition dans le pronostic du cancer.

Grâce aux CLAN (Comités de liaison alimentation nutrition) dans les hôpitaux et aux Unités transver-sales de nutrition clinique (UTNC), le dépistage et la prise en charge de la dénutrition se sont nettement améliorés, mais beaucoup reste à faire. La pour-suite d’une prise en charge nutritionnelle à domi-cile devrait encore améliorer la situation sanitaire. Pascal Crenn et Mouna Hanachi, nutritionnistes à l’hôpital Raymond-Poincaré à Garches (AP-HP), nous rappellent les contextes réglementaires, les buts et les différents niveaux organisationnels de la prise en charge de la dénutrition (« Organisation de la prise en charge en nutrition en France : CLAN, UTNC, nutrition à domicile »).

Enfin, et parce que les sciences de la nutrition ont fait d’énormes progrès ces dernières années, Antonin Ginguay, Nathalie Neveux et Luc Cynober lui-même (Service de biochimie de l’Hôpital Cochin) ont tenté de répondre à l’impérieuse question « Quel rôle en nutrition pour le biologiste en dehors de l’évaluation du statut nutritionnel ? ». Dans nos labo-ratoires de biologie médicale, nous avons appris à doser régulièrement l’albumine et la transthyrétine (ou pré-albumine) dans le cadre des bilans nutri-tionnels, en particulier en leur associant un bilan inflammatoire (CRP, orosomucoïde) pour calculer le PINI, indice pronostique nutritionnel et inflamma-toire. Des paramètres anthropométriques peuvent être inclus dans d’autres indices encore en éva-luation. Par ailleurs, en biochimie, nous dosons la vitamine D, effectuons des bilans martiaux (ferri-tine et coefficient de saturation de la transferrine) pour dépister la carence en fer, des bilans thyroï-diens pour diagnostiquer la carence en iode, des ionogrammes plasmatiques et urinaires pour juger

de l’état d’hydratation et la consommation en sel, du bilan lipidique pour contrôler le métabolisme des graisses, et bien sûr la glycémie et l’HbA1c pour poser le diagnostic du diabète et suivre son traitement. Les autres examens semblent encore réservés à des laboratoires spécialisés comme l’établissement du bilan azoté avec le dosage des acides aminés plasmatiques, de l’azote total et de la 3-méthyl-histidine urinaires, de la citrulline, des vitamines du groupe B, des vitamines A, E et C, ou encore du cuivre, du zinc et du sélénium. La biochimie clinique tient déjà toute sa place pour suivre l’état nutritionnel ; elle évoluera dans les pro-chaines années en fonction des recommandations officielles et des décisions émanant des CLAN et des instances nutritionnelles locales.

La digestion de ce deuxième numéro sera peut-être difficile, je ne saurais vous conseiller un digestif si vous prenez le volant ou la décision saugrenue de grimper à une échelle ; en tout cas un troisième numéro qui serait soporifique n’est pas prévu…

Sommairethématique

Malnutrition et sous-alimentation ..... p. 25

Cytokines et réseau métabolique : un nouveau paradigme de la diabésité ..................................................... p. 39

Nutrition en cancérologie : un axe thérapeutique central ................ p. 47

Organisation de la prise en charge en nutrition en France : CLAN, UTNC, nutrition à domicile... p. 55

Quel rôle en nutrition pour le biologiste en dehors de l’évaluation du statut nutritionnel ? ........................................................... p. 59

QCM .............................................................................. p. 68