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L’HEBDOMADAIRE DE LA CONSTRUCTION À L’INTERNATIONAL ZOOM FERROVIAIRE Luxembourg-Bettem- bourg, seul rescapé du plan d’investissement Un nouveau tronçon de 7 kilo- mètres, entre la capitale et le sud du pays, va être construit à partir de l’automne prochain. Lire page 2 MARCHÉS ALLEMAGNE Programme d’envergure pour la rénovation des casernes Afin d’augmenter l’attractivité de l’armée allemande, Ursula Von der Leyen, la ministre de la Défense, a annoncé un plan de 750 millions d’euros sur trois ans pour leur rénovation. Lire page 4 ENTREPRISES ROYAUME-UNI Vinci Construction se place sur Crossrail 2 Le groupe de BTP français va jouer un rôle clé sur l'avant- projet de la nouvelle phase du RER londonien, qui traversera la capitale du sud-ouest au nord-est. Lire page 6 ENTRETIEN ÉTIENNE TRICAUD, AREP « Nous avons, en Europe, une histoire urbaine qui est un atout fabuleux pour se vendre à l’international » Le fondateur de l’agence d’architecture et d’urbanisme, filiale de la SNCF, s’est confié au BEM. Lire page 9 PROJETS & CONTRATS ......................... 2 LES MARCHÉS ......................................4 ENTREPRISES ...................................... 6 PRATIQUE ............................................8 ENQUÊTE.............................................. 9 N N ° 1 1 1 1 84 - - L L UNDI 2 2 FÉVRIER 2015 @BEMredac LE FIL D’ACTU Canada : le Port de Montréal à moderniser L’infrastructure portuaire de la prin- cipale ville de Québec va recevoir 43,6 millions de dollars canadiens dans le cadre d’un plan national. Lire page 2 Madrid : l’ancien siège de Prisa transformé en magasin Primark Amancio Ortega, première fortune d’Espagne, vient d’acquérir cet édifice majeur du centre de la capi- tale. Lire page 2 Philips va éclairer la ville de Madrid La capitale espagnole a choisi le groupe néerlandais pour son projet de modernisation de son éclairage urbain, qualifié de « plus important au monde ». Lire page 3 Province du Hainaut : cinq gares à rénover d’ici 2025 Parmi les projets, le réaménagement et l’agrandissement de la gare de Binche, classée monument histo- rique. Lire page 4 Acciona mise à nouveau sur le logement Le groupe de BTP espagnol, égale- ment actif dans l’immobilier, vient de déclarer lors du "Spain Investor’s Day" qu’il explorait de nouvelles opportunités de croissance dans la construction, notamment résiden- tielle. Lire page 6 Sika : Bill Gates et les actionnaires récalcitrants ne renoncent pas Le groupe opposé à la fusion de la firme suisse de chimie de spécialités avec Saint-Gobain n’est pas décidé à céder. Lire page 7 Caterpillar rentable malgré la zone Asie-Pacifique Jamais, dans son histoire cente- naire, le géant américain n’a perdu de l’argent. L’année 2014 s’inscrit parfaitement dans cette lignée avec un bénéfice net de 3,69 milliards de dollars. Lire page 7

BEM n° 1184 du 2 février 2015

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L'hebdomadaire de la construction à l'international

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L’HEBDOMADAIRE DE LA CONSTRUCTION À L’INTERNATIONAL

ZOOM

FERROVIAIRE

Luxembourg-Bettem-bourg, seul rescapé du plan d’investissement Un nouveau tronçon de 7 kilo-mètres, entre la capitale et le sud du pays, va être construit à partir de l’automne prochain. Lire page 2

MARCHÉS

ALLEMAGNE

Programme d’envergure pour la rénovation des casernes Afin d’augmenter l’attractivité de l’armée allemande, Ursula Von der Leyen, la ministre de la Défense, a annoncé un plan de 750 millions d’euros sur trois ans pour leur rénovation. Lire page 4

ENTREPRISES

ROYAUME-UNI

Vinci Construction se place sur Crossrail 2 Le groupe de BTP français va jouer un rôle clé sur l'avant-projet de la nouvelle phase du RER londonien, qui traversera la capitale du sud-ouest au nord-est. Lire page 6

ENTRETIEN

ÉTIENNE TRICAUD, AREP

« Nous avons, en Europe, une histoire urbaine qui est un atout fabuleux pour se vendre à l’international » Le fondateur de l’agence d’architecture et d’urbanisme,

filiale de la SNCF, s’est confié au BEM. Lire page 9

PROJETS & CONTRATS ......................... 2LES MARCHÉS ...................................... 4

ENTREPRISES ...................................... 6PRATIQUE ............................................ 8

ENQUÊTE.............................................. 9

NN ° 11 11 8 4 -- LL U N D I 22 F É V R I E R 2 0 1 5

@ B E M r e d a c

LE FIL D’ACTU

Canada : le Port de Montréal à moderniser L’infrastructure portuaire de la prin-cipale ville de Québec va recevoir 43,6 millions de dollars canadiens dans le cadre d’un plan national. Lire page 2

Madrid : l’ancien siège de Prisa transformé en magasin Primark Amancio Ortega, première fortune d’Espagne, vient d’acquérir cet édifice majeur du centre de la capi-tale. Lire page 2

Philips va éclairer la ville de Madrid La capitale espagnole a choisi le groupe néerlandais pour son projet de modernisation de son éclairage urbain, qualifié de « plus important au monde ». Lire page 3

Province du Hainaut : cinq gares à rénover d’ici 2025 Parmi les projets, le réaménagement et l’agrandissement de la gare de Binche, classée monument histo-rique. Lire page 4

Acciona mise à nouveau sur le logement Le groupe de BTP espagnol, égale-ment actif dans l’immobilier, vient de déclarer lors du "Spain Investor’s Day" qu’il explorait de nouvelles opportunités de croissance dans la construction, notamment résiden-tielle. Lire page 6

Sika : Bill Gates et les actionnaires récalcitrants ne renoncent pas Le groupe opposé à la fusion de la firme suisse de chimie de spécialités avec Saint-Gobain n’est pas décidé à céder. Lire page 7

Caterpillar rentable malgré la zone Asie-Pacifique Jamais, dans son histoire cente-naire, le géant américain n’a perdu de l’argent. L’année 2014 s’inscrit parfaitement dans cette lignée avec un bénéfice net de 3,69 milliards de dollars. Lire page 7

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2 PROJETS & CONTRATS

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Un nouveau tronçon de 7 kilomètres, entre la capitale et le sud du pays, va être construit à partir de l’automne prochain. Même le Luxembourg compte ses sous ! La rigueur budgétaire à laquelle se soumet le Grand-Duché a réduit à portion congrue l’ambitieux plan d’investis-sements pour la modernisation du réseau ferroviaire, conçu dans les années 2007 à 2009 pour une application en 2010-2020. Pour l’instant, seul le projet Luxembourg-Bettembourg ressort comme rescapé, prêt à démarrer. Il consiste à construire 7 kilomètres de liaison nouvelle à deux voies entre la capitale Luxembourg-ville et la commune située à la pointe sud du pays, à la frontière de la Lorraine et au départ de l’autoroute de fret ferroviaire menant à Perpignan. Le gouvernement de coalition libéraux-socialistes-verts issu des élections de fin 2013 l’a confirmé comme priorité. Il lui a alloué un budget de 292 millions d’euros. Le coût s’explique par la densité d’ouvrages d’art à réaliser : huit points de franchissement ferroviaire et routiers jalonneront le parcours. Les travaux de gros œuvre débuteront à l’automne prochain, selon un objectif de livraison en 2020. La compagnie ferro-viaire nationale, les Chemins de fer luxembourgeois (CFL), assumera la

maîtrise d’ouvrage via son service "Pro-jets d’infrastructures". L’appel d’offres européen, lancé fin 2014, fixe en principe la réception des offres au 2 février, sachant que les plis de plusieurs lots ne seront examinés que dans quelques mois. Luxembourg-Bettembourg est découpé en 16 lots. Au rang des plus notoires, outre la pose des voies ferrées avec

traverses en béton B70, figurent un pont ferroviaire à deux voies de 160 mètres de long à tablier béton et ossature métallique pour le franchissement de l’autoroute située sur le parcours, deux ponts routiers de 90 et 70 mètres à tablier de poutrelles enrobées de béton pour la même fonction de croisement avec l’autoroute, plusieurs ouvrages hydrauliques, ainsi qu’un lot

d’ouvrages d’art d’un cumul de 538 mètres en huit sections. Une seconde phase après 2020 prévoit des travaux de rénovation et de renouvel-lement de voies en gare de Bettembourg. Son calendrier précis comme son budget restent à fixer.

En attendant le tram La prochaine priorité du gouvernement sera la construction du réseau de tram-way de Luxembourg-ville, en co-maîtrise d’ouvrage avec la Ville. Le coût total (avec le matériel roulant) est évalué à 565 millions d’euros. Le vote d’un projet de loi est attendu dans les prochains mois pour lancer les appels d’offres travaux d’une première phase de 350 millions d’euros, dont la moitié pour les infrastruc-tures, reliant le centre-ville au quartier européen du Kirchberg.

Christian Robischon

Pour voir l’appel d’offres : http://tinyurl.com/ferrolux

PROJETS

CANADA Le Port de Montréal à moderniser Denis Lebel, le ministre de l’Infrastructure du Canada, et ministre de l’Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec, a annoncé le 20 janvier un plan d’investissement pour d’importants travaux d’amélioration du Port de Montréal. Le programme comprend l’augmentation de la capacité de manutention de conte-neurs dans le secteur Viau, des travaux visant à accroître la profondeur des postes d’amarrage, ainsi que l’amélioration de la circulation des ca-mions dans le port et dans les environs. Ces travaux devraient permettre d’accroître considérablement les capaci-tés de manutention des marchandises dans le port, en plus de faciliter l’accès pour les grands navires et améliorer de façon importante la circulation pour les

2 500 camions et plus qui circulent dans le port chaque jour. Pour ce projet, le Port de Montréal va recevoir jusqu’à 43,6 millions de dollars canadiens (30,15 millions d’euros) dans le cadre du volet "Infrastructures nationales" du "Nouveau Plan Chantiers Canada". Il s’agit de la première annonce de finan-cement pour le volet Infrastructures nationales. Le projet permettra de garantir que les installations du port pourront s’adapter à la croissance prévue et répondre à la demande croissante, notamment en ce qui concerne l’activité accrue qui découlera du nouvel Accord économique et commercial global conclu entre le Canada et l’Union européenne. Les travaux permettront au port de ren-forcer sa position à titre de lien essentiel pour le transport maritime à l’échelle internationale, tout en stimulant l’activité et le développement économiques à l’échelle locale, régionale et nationale. L’administration portuaire de Montréal sera chargée de couvrir les coûts restants du projet, qui sont estimés à 132 millions de dollars.

ESPAGNE Madrid : l’ancien siège de Prisa transformé en magasin Primark Le fonds d’investissement immobilier d’Amancio Ortega, fondateur du groupe de confection textile Inditex (Zara notamment) et première fortune d’Espagne, vient d’acquérir un édifice majeur du centre de la capitale espagnole. L’immeuble du numéro 32 de la Gran Vía, qui s’étend sur plus de 36 000 m2, a longtemps abrité le siège de Prisa, premier groupe de presse et d’audiovisuel du pays. Édifié en 1924 par l’architecte Teodoro de Anasagasti, il avait déjà subi d’importants travaux à la suite de sa vente par Prisa. L’immeuble poursuivra sa réhabilitation pour accueillir très prochainement le plus grand magasin Primark d’Europe. Les travaux permettront de récupérer l'architecture initiale du bâtiment, notamment avec une entrée monumentale donnant sur

PROJETS & CONTRATS

ZOOM

Luxembourg-Bettembourg, seul rescapé du plan d’investissement ferroviaire du Grand-Duché

N°1184 2 FÉVRIER2015

Gare de Bettembourg. Photo : Gérard- Nicolas Mannes

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PROJETS & CONTRATS 3

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l'avenue de Gran Vía, un patio avec un grand escalier et une coupole, conformément au projet accepté par la Commission du Patrimoine historique de Madrid. Primark occupera 15 000 m2 des 36 000 du bâtiment, qui fait 4 étages. 9 mois de travaux de réhabilitation sont prévus par le propriétaire de l'immeuble et 9 mois de travaux d'aménagement par Primark. Les deux chantiers se déroulent successivement, celui de Primark intervenant en second. Les travaux sur l’immeuble en lui-même ont commencé dès juillet dernier. L’ouverture est prévue à automne 2015.

POLOGNE Un quartier à construire autour de la gare de Cracovie La Compagnie nationale des chemins de fer (PKP) a trouvé un investisseur polo-nais, GD&K Group, pour réaliser à proxi-mité de la gare principale de Cracovie deux immeubles de bureaux neufs s’étendant sur 21 000 m2 et aménager un terrain. Le montant du projet s’élève à 55 millions d'euros. Divisé en 2 tranches, le programme englobe la réhabilitation de trois bâtiments classés (une imprimerie, un château d'eau et un dépôt de locomo-tives) pour les transformer notamment en bureaux ou en restaurant d’entreprise. L'un des deux immeubles de bureaux sera érigé sur une dalle de béton recou-vrant la gare routière régionale. Les travaux doivent démarrer à l’été 2017 pour un achèvement fin 2019. GD&K Group est un promoteur spécialisé dans l'immobilier de bureaux travaillant no-tamment pour les banques, et présent également en République Tchèque.

L’investisseur GD&K est à l’origine de ce projet. Image : GD&K

CONTRATS

ROYAUME-UNI Contrat-cadre géant pour Balfour Beatty Après "l’annus horribilis" vécue par le 1 du BTP britannique en 2014 (plusieurs avertissements sur résultats, départ de son directeur général, démission de son président, tentative d’acquisition par sa rival, Carillon), la nouvelle année s’annonce sous de meilleurs auspices.

Balfour Beatty vient de remporter un énorme contrat-cadre auprès du gouver-nement britannique. D’une durée de cinq ans et d’une valeur totale de 1,5 milliard de livres sterling (1,94 milliard d’euros), ce contrat se décompose en de nom-breux petits projets de génie civil d’une valeur unitaire pouvant aller jusqu’à 40 millions de livres (51 millions d’euros). Le contrat-cadre sera géré par la société publique Scape Group et portera sur des travaux d’entretien et de réparations de la voirie, de voies ferrées, ainsi que la construction de nouvelles routes, de nouveaux ponts et infrastructures côtières de protection contre les inondations.

ÉMIRATS ARABES UNIS CH2M Hill and Mace pour le site de l’Expo 2020 Un consortium réunissant l’américain CH2M Hill et le britannique Mace a remporté l’appel d’offres de gestion du projet de nouveau quartier commercial, Dubaï Trade Centre-Jebel Ali, qui accueil-lera l’Exposition universelle 2020. Ce site de 438 hectares est situé à égale distance des centres-ville d’Abou Dhabi et de Dubaï. Le maître d’ouvrage est le "Dubai World Trade Centre" (DWTC). Le duo CH2M Hill-Mace aura une mission complète de consultance, de gestion du programme immobilier, de conception, de construction et de management des opérations pour le développement et la livraison du Dubaï Trade Centre-Jebel Ali et du site de l’Expo 2020.

Le duo américano-britannique aura la gestion de l’ensemble du projet. Image : CH2M Hill/Mace

CHINE Leighton pour une gare à Hong-Kong La filiale australienne du constructeur allemand Hochtief (groupe ACS) a rem-porté un contrat de 656 millions d’euros à Hong-Kong, en consortium avec China State Construction Engineering, major du BTP dans le monde. Le joint-venture, dont Leighton détient 51%, a été chargé par la société de transport public hong-kongais MTR Corporation de construire une gare souterraine et un tunnel ferro-viaire. Selon le nouveau patron de Leigh-ton, l’Espagnol Marcelino Fernandez Verdes (qui est également président de la maison mère Hochtief), ce contrat devrait permettre de pénétrer durablement

le marché hongkongais. La ville prévoit d’agrandir fortement son réseau de transports en commun. Depuis la reprise de Hochtief par ACS, le groupe d’outre-Rhin mène une stratégie axée sur les infrastructures (route, voies ferrées, ports). Leighton, qui détient beaucoup de mines, s’intègre parfaitement dans cette réorientation. À noter qu’en 2014, Hochtief a augmenté sa participation majoritaire dans le groupe australien.

ESPAGNE Philips va éclairer la ville de Madrid La capitale espagnole a choisi le groupe néerlandais pour son projet de moderni-sation de son éclairage urbain. La muni-cipalité de Madrid s’est engagée à con-vertir 100 % des luminaires par des solutions économes en énergie. Philips, qui est leader mondial de l’éclairage, annonce qu’il va fournir 225 000 nouveaux lampadaires éco-nomes en énergie à la ville de Madrid (LED connectés et autres solutions à faible consommation). Il s’agit du « projet de modernisation de l’éclairage urbain le plus important au monde », selon Philips. 84 000 luminaires et solutions d’éclairage à LED seront fabriqués localement par Philips, dont 51 000 luminaires en forme de globe et 33 000 modules LED qui seront installés dans des luminaires existants. Les solutions choisies permet-tent une économie d’énergie de 44 % et vont ainsi financer à elles seules le projet de modernisation. Un panneau de con-trôle va permettre de régler l’intensité et la durée de l’éclairage aux différents points de la ville en fonction des circons-tances. Les luminaires et les lampes déposés seront recyclés par Ambilamp. « C’est le projet de modernisation techno-logique le plus important que Madrid n’aura jamais connu. Nous en attendons plusieurs avantages de taille, à savoir : réduire la consommation d’énergie de la ville grâce au choix de luminaires à faible consommation, prolonger la durée de vie de l’éclairage des rues et contrôler la pollution lumineuse grâce à la possibilité de régler l’intensité de l’éclairage où, quand et comme il le faut », explique Mme Ana Botella, maire de Madrid.

225 000 nouveaux lampadaires économes en énergie, dont des LED connectés, vont être installés. Image : Philips.

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4 LES MARCHÉS

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ALLEMAGNE

Programme d’envergure pour la rénovation des casernes Afin d’augmenter l’attractivité de l’armée allemande, Ursula Von der Leyen, la ministre de la Défense, a annoncé un plan de 750 millions d’euros sur trois ans pour la rénovation des casernes. Parmi les 3 000 bâtiments existants, plus de 500 seront fermés ou détruits. La ministre estime que le programme est « urgent » en raison de la vétusté des infrastructures de la Bundeswehr (armée). Les travaux de rénovation sur les 2 500 bâtiments concernés vont de la « pomme de douche au remplacement des toitures », a déclaré la ministre qui a présenté un catalogue de plus de « 3 000 mesures ». « Les bâtiments sont dans un état déplorable », a insisté la ministre. Selon le commissaire parlementaire aux armées, Hellmut Königshaus, certains bâtiments sont actuellement inutilisables. L’Office fédéral de gestion du parc immobilier public estime à plus de 4 milliards d’euros le coût de la rénovation complète des casernes allemandes.

COMMENTAIRE Le gouvernement allemand a également augmenté le budget de l'insonorisation des lignes de chemin de fer de 100 à 130 millions d’euros par an. La tolérance accordée aux trains de la Deutsche Bahn, la compagnie

ferroviaire, par rapport aux voitures (niveau de sonorité supérieur de 5%) a été supprimée en 2013. Cette mesure oblige la DB à réduire considérablement la pollution sonore des lignes de chemin de fer traversant les zones habitées. Le coût est estimé à 3,7 milliards d’euros.

ESPAGNE

Huit autoroutes à péage au bord de la faillite Selon les chiffres publiés par le ministère de l’Équipement espagnol (le Fomento), la circulation sur l’ensemble des autoroutes du pays a augmenté de 2,39% en 2014, un chiffre qui ramène la fréquentation des voies à péages au niveau de la fin des années 1990, après sept années consécutives de baisse et une perte d’un tiers de la circulation sur autoroutes depuis le début de la crise économique en 2008. Une bonne nouvelle donc pour l’ensemble du réseau autoroutier qui n’a, de plus, pas augmenté ses tarifs en 2015, pour la première fois en cinq ans. Ce léger mieux n’a toutefois pas profité aux huit autoroutes actuellement en cessation de paiement, qui ont encore vu leur fréquentation baisser de 2% en 2014. Ces huit autoroutes incluent quatre voies à péage reliant Madrid à des villes de banlieue. Elles attendent le plan de sauvetage annoncé par l’État espagnol, qui souhaite les nationaliser. Toutefois, les mois passent, les pertes s’accumulent et aucune solution concrète n’est proposée par le gouvernement. Pour gagner du temps, le Tribunal de Commerce repousse la mise en liquidation pour vices de procédures et continue de négocier avec l’État. Dans le plan actuellement envisagé pour la reprise, l’État accepterait d’assumer 50% de la dette des autoroutes, soit deux milliards d’euros remboursables en 30 ans avec un taux d'intérêt réduit.

COMMENTAIRE FCC, Sacyr, ACS, OHL, Albertis, Acciona, Ferrovial et Isolux ont toutes des participations dans ces autoroutes en faillite.

Déchets et assainissement : 98,2 millions d'euros d'amendes La Commission nationale des marchés et de la concurrence (CNMC) espagnole a infligé, le 26 janvier, des amendes représentant un total de 98,2 millions d'euros à 39 entreprises, dont les groupes de BTP et de services urbains FCC, Ferrovial, ACS et Sacyr, pour s'être réparti illégalement des marchés dans le domaine du traitement de déchets et de l’assainissement de l’eau. FCC a été condamné à payer 16,9 millions d'euros, ses concurrents Sacyr 15,3 millions, Ferrovial 13,6 millions et ACS 23,3 millions, détaille la CNMC dans un communiqué. Les 39 entreprises concernées sont espagnoles et présentes dans le secteur du traitement de déchets, aussi bien industriels qu'urbains, dans la récupération et le recyclage de papiers et de cartons, ou encore dans le traitement des eaux et le nettoyage de la voirie, précise la Commission dans un communiqué. « Les entreprises ont mis au point une pratique concertée globale de répartition du marché », se traduisant notamment par l'échange d'informations commerciales sensibles, la répartition d'appels d'offres publiques où elles avaient présenté des offres en commun ou le non-démarchage des clients de la concurrence.

BELGIQUE

Province du Hainaut : cinq gares à rénover d’ici 2025 La Communauté urbaine du Centre, qui regroupe 13 communes du Hainaut situées entre Bruxelles et Mons, souhaite investir dans la rénovation de ses gares d’ici 2025, grâce à une partie des six millions d’euros attribués par l’État belge à la Région Centre dans le cadre du plan pluriannuel d’investissement 2013-2025. Parmi les projets, certains sont de petite taille, à l’image de la rénovation de la salle d’attente de la gare d’Ecaussines ou de l’aménagement de la gare routière de Manage. D’autres sont de plus grande ampleur. Il s’agit ainsi de réaménager et d’agrandir la gare de Binche, classée monument historique, ou encore de construire une nouvelle gare et un parking de 450 places à La Louvière-Centre. La commune de La Louvière-Sud envisage aussi l’édification d’une nouvelle gare routière, ainsi que d’un parking destiné aux voyageurs et à l’aménagement d’un quartier servant de trait d’union entre la gare et le centre-ville.

COMMENTAIRE La ministre belge de la Mobilité, Jacqueline Galant, analysera les plans transports et investissements des différentes régions en mars prochain.

LES MARCHÉS

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LES MARCHÉS 5

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ANGOLA

Le marché du ciment en voie de fermeture Le ministre angolais de la Construction, Waldemar Pires Alexandre, compte interdire les importations de ciment dans le pays en 2015, alors que ce matériau figure dans le palmarès des produits les plus achetés à l’étranger (315 000 tonnes en 2014, contre 542 000 en 2013), malgré les droits de douane élevés dont il fait l’objet. Deux raisons sont avancées : d’une part, la chute des prix du pétrole, donc des recettes fiscales de ce grand pays producteur, incite à développer l’industrie locale et à diminuer la forte dépendance vis-à-vis des pays tiers ; d’autre part, la production interne (7 millions de tonnes) excéderait la demande (environ 6,6 millions de tonnes), à la suite de lourds investissements dans le secteur. Cinq acteurs sont présents sur le marché angolais : le cimentier public Nova Cimangola, qui a renforcé ses capacités et peut désormais produire 1,8 million de tonnes par an ; le chinois CIF (China International Fund), qui a inauguré sa cimenterie à Luanda en octobre 2014 et qui a une capacité installée de 1,8 million de tonnes ; le sud-coréen Samsung, qui a implanté début 2014 une unité dans la région du Sud-Kwanza (FCKS – Fabrica de Cimento do Kwanza-Sul) produisant 1,5 million de tonne ; Cimenfort, filiale du groupe angolais Genea notamment actif dans la construction, qui a ouvert en août 2012 une cimenterie à proximité du grand port de Lobito d’une capacité de 720 000 tonnes, et qui fabriquera à terme 1 million de tonnes : et enfin le portugais Secil, qui a augmenté sa production à 1 million de tonnes. Les grands projets d’infrastructure en Angola (routes, aéroports, barrages, etc.) incitent les producteurs de ciment à poursuivre leur développement. Ainsi, Cimenfort est en train d’investir 1 milliard de dollars entre 2014 et 2016 dans deux nouvelles unités au nord (Cabinda) et au sud du pays (Namib), pour une capacité totale supplémentaire de 1,4 million de tonnes par an. Samsung entreprend la construction d’une cimenterie dans la province de Huambo, pour répondre à la demande des régions centre, sud et est du pays. Enfin, le portugais Cimpor aurait en projet la création d’une cimenterie d’une capacité de 1,6 million de tonnes par an.

COMMENTAIRE L’importation de ciment pourrait être autorisée à hauteur de 150 000 tonnes pour les provinces frontalières de Cabinda, Cunene et Cuando Cubando.

ÉMIRATS ARABES UNIS

Dubaï annonce de nouveaux objectifs en matière d’énergies renouvelables À l’occasion du sommet "World Future Energy Summit 2015", qui s’est déroulé à Abou Dhabi du 19 au 22 janvier derniers, Saeed Mohammed Al Tayer, le PDG de l’Autorité de l’eau et de l’électricité de Dubaï (DEWA) a annoncé, le 21 janvier, son intention d’augmenter la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique de l’émirat, avec un objectif de 7 % en 2020 et 15 % en 2030. M. Al Tayer a par ailleurs déclaré que DEWA lancera un appel d’offres en 2016 pour un projet solaire de 500 MW selon le modèle "Independent Power Producer" (IPP), après avoir annoncé la semaine dernière le lancement d’une centrale photovoltaïque de 200 MW. « DEWA travaille pour réaliser la stratégie du "Dubaï Supreme Council of Energy" afin de diversifier le mix énergétique de Dubaï et de réduire la consommation d’énergie de 30 % d’ici 2030, nous sommes sur la bonne voie pour dépasser les objectifs précédents », a déclaré M. Al Tayer.

À SUIVRE

HONGRIE Abandon d’Eurovegas L’idée d’un grand complexe de casinos et d’hôtels à Bezeny (triangle frontalier entre l’Autriche,

la Slovaquie et la Hongrie) vient d’être définitivement abandonnée par le gouvernement hongrois. Derrière ce projet de 300 millions d’euros, que le ministère de l’Économie hongrois avait déjà torpillé en janvier 2014 par le retrait de la licence, se trouvaient l’investisseur autrichien Asamer-Gruppe, son compatriote promoteur Alfred Supersberger et le groupe américain Hard Rock International. Selon eux, Eurovegas devait être le plus grand investissement touristique d’Europe central avec une surface de 37 hectares sur lesquels on prévoyait de construire un casino, des golfs, des commerces et des hôtels. Les raisons invoquées pour son abandon sont financières, mais aussi politiques.

PORTUGAL L’entretien des bâtiments repart à la hausse Depuis 2009, le segment de l’entretien des bâtiments et des installations de

climatisation ne cessait de diminuer au Portugal, principalement du fait de la chute d’activité dans le secteur de la construction. Une embellie se dessinerait pour cette année, selon un rapport de l’Agence espagnole Informa D&B. En 2014, le marché de l’entretien des bâtiments perdrait encore 1,2% de facturation par rapport à 2013, soit en valeur 1,28 milliard d’euros. Mais en 2015, il pourrait atteindre 1,31 milliard d’euros, soit une hausse de 2,3% par rapport à 2014.

NUCLÉAIRE Vienne va attaquer le feu vert de Bruxelles pour Hinkley Point C Reinhold Mitterlehner, vice-chancelier et ministre de

l’Énergie autrichien, a annoncé, le 22 janvier, la volonté de son pays d’attenter une action en nullité devant la Cour européenne de justice contre la décision de la Commission européenne de valider les aides publiques britanniques pour la construction de deux réacteurs EPR à la centrale d’Hinkley Point C, pour le compte d’EDF Energy et dont le constructeur français Bouygues réalisera la partie génie civil. Cette annonce fait suite à la publication officielle, le 21 janvier, de la décision de la Commission Européenne du 8 octobre dernier sur le sujet et qui rend possible un recours. « Le subventionnement continu depuis des décennies d’une technologie déjà mature, et non rentable si l’on intègre tous les coûts, contredit les principes de base de l’économie ainsi que les règles européennes en matière d’aides d’État », a développé Reinhold Mitterlehner. L’Autriche, opposant farouche à l’énergie nucléaire, redoute que le système de soutien mis en place pour Hinkley Point C – un tarif d’achat garanti – signe la renaissance du nucléaire en Europe. « Il existe en Autriche un large consensus politique pour considérer que l’énergie nucléaire n’est ni respectueuse de l’environnement, ni une option rentable, et n’est donc pas une option viable dans la lutte contre le réchauffement climatique », a rappelé le vice-chancelier.

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6 ENTREPRISES

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PROMOTION – INVESTISSEMENT

Le français Louvre Hôtels racheté par le chinois Jin Jiang International Leader du tourisme et du voyage en Chine, le groupe Jin Jiang a indiqué dans un document remis à l’opérateur de la Bourse de Shanghai, le 14 janvier, avoir l’intention d’acquérir le groupe hôtelier hexagonal pour une somme comprise entre 960 millions et 1,21 milliard d’euros. L’opération avait été annoncée à la mi-novembre, et devrait être effective au cours du premier trimestre 2015. Dans un communiqué commun publié à l’automne, les deux groupes indiquaient que l’un des principaux objectifs de ce rapprochement était de créer des synergies entre leurs implantations respectives. Louvre Hôtels, qui appartient au fonds d’investissement américain Starwood Capital, exploite en effet 1 115 établissements dans 46 pays – dont 820 en France –, mais reste très peu présent en Asie. Jin Jiang International gère, lui, 1 700 hôtels dans 17 pays, ce qui le place au 14ème rang mondial en nombre de chambres. Mais la Chine reste son marché principal et il ne détient aucun établissement en France. Depuis 2011, les deux groupes travaillaient déjà en partenariat pour « accroître leur visibilité sur leurs marchés respectifs ». Louvre Hôtels est le principal acteur du marché hôtelier français après Accor. Il exploite des établissements sous les franchises Campanile, Kyriad, Tulip ou encore Première Classe. Jin Jiang international est un groupe diversifié actif dans les secteurs de l’investissement et de la gestion hôtelière, mais aussi dans les services touristiques, ainsi que les transports et la logistique.

COMMENTAIRE Cette opération intervient alors que la Chine se fait de plus en plus présente sur le marché hôtelier et touristique français. Le conglomérat chinois Fosun a pris le contrôle du Club Méditerranée, alors que le fonds

d’investissement de Hong Kong Kai Yuan Holdings a annoncé, en juin 2014, le rachat de l’hôtel Marriott des Champs-Élysées au groupe immobilier français MCE PropCo.

CONSTRUCTION – EXPLOITATION

Vinci Construction se place sur Crossrail 2 Le groupe de BTP français va jouer un rôle clé sur l'avant-projet Crossrail 2, la phase 2 du RER londonien qui traversera la capitale du sud-ouest au nord-est. Vinci Construction fait partie de l’une des quatre coentreprises sélectionnées par "Transport for London", l'organisme public responsable des transports en commun de la ville de Londres et du Grand Londres, pour travailler sur les plans détaillés du projet. Au sein d’une coentreprise appelée "Arcadis Hyder", Vinci Construction travaillera en partenariat avec le cabinet d’architecture britannique Weston Williamson, le cabinet-conseil Interfleet, spécialiste des technologies ferroviaires, First Class Partnerships, conseil en planification et investissements dans les projets ferroviaires, et Dr Sauer & Partners, consultants en ingénierie. La coentreprise sera responsable des aspects techniques et de l’ingénierie relative à la conception du projet, un contrat estimé à 2 milliards de livres sterling (2,5 milliards d’euros). La partie centrale du programme Crossrail 2 requiert 36 kilomètres de nouvelles voies ferrées, la majorité dans un tunnel, 13 nouvelles gares souterraines et deux en surface. La construction de Crossrail 2 pourrait démarrer en 2017 si le projet, estimé à 20 milliards de livres (26 milliards d’euros) est approuvé par le gouvernement britannique. Crossrail augmenterait la capacité ferroviaire de Londres de 10%.

COMMENTAIRE « Il y a en ce moment un véritable élan derrière Crossrail 2 et le sentiment croissant que nous pouvons faire

décoller le projet » a déclaré le Maire de Londres, Boris Johnson.

Acciona mise à nouveau sur le logement Le groupe de BTP espagnol, également actif dans l’immobilier, mais aussi les services urbains et l’énergie, a déclaré lors du "Spain Investor’s Day" (13-14 janvier) qu’il explorait de nouvelles opportunités de croissance dans le secteur de la construction, en particulier résidentielle. Après des années d’une crise sans précédent, le marché du logement connaît un léger frémissement en Espagne. L’année 2014 s’est achevée sur une stabilisation des prix et une notable hausse des ventes (+16% en octobre et +14% en novembre selon les chiffres officiels). Lors du "Spain Investor’s Day", rencontre de décideurs internationaux destinée à encourager l’investissement en Espagne, Acciona a clairement annoncé miser cette année sur ce segment pour assurer sa croissance. Le groupe espagnol a notamment expliqué vouloir faire converger ses efforts vers le résidentiel, sur lequel il considère avoir déjà un « avantage stratégique », pour « explorer de nouvelles opportunités de croissance ». La revitalisation des activités de construction de logement et la consolidation d’Acciona Real Estate, sa branche immobilière, constituent l’objectif numéro 1 du groupe.

COMMENTAIRE Les dirigeants d’Acciona ont également affirmé que les autres priorités de 2015 seraient la stabilisation de leur fond d’investissement Bestinver et la vente de la compagnie maritime Trasmediterrénea. Enfin le groupe reviendra à une politique d’investissement et développement dans le secteur de l’énergie verte, et travaillera à

une optimisation des résultats dans le secteur de l’eau et celui des infrastructures.

ENTREPRISES

N°1184 2 FÉVRIER 2015

À SUIVRE

BTP BAM réunit ses deux sociétés belges Le major de la construction néerlandaise compterait fusionner les deux entreprises belges

CEI-De Meyer et Betonac à partir du 1er avril 2015 pour lui donner le nom de BAM Contractors SA. CEI-De Meyer (environ 450 collaborateurs) est une entreprise de construction majeure en Belgique. La société a de nombreux projets dans le domaine du génie civil et de l’industrie, mais réalise également d’importants projets de bâtiments non résidentiels et, via la filiale Immo BAM, résidentiels. Betonac (environ 300 collaborateurs) est spécialisée dans la construction de routes et de grands travaux d’infrastructure. Les deux sociétés ont depuis quelques années la même direction. La création de BAM Contractors fait partie du programme "Back-in-shape" lancé en 2014 par BAM qui, entre autres, vise à simplifier la structure organisationnelle aux Pays-Bas et en Belgique.

Page 7: BEM n° 1184 du 2 février 2015

ENTREPRISES 7

N°1184

2 FÉVRIER 2015

ACS va vendre une partie de ses activités dans les ENR à un fonds Le groupe de BTP espagnol a annoncé, le 21 janvier, avoir conclu un accord avec le fonds d'investissement Global infrastructure partners (GIP) pour lui vendre 24,40% de sa filiale Saeta Yield dans les énergies renouvelables, qu'il veut introduire en Bourse. GIP, fondé par la banque helvétique Crédit Suisse et le conglomérat industriel américain General Electric (GE), pourra par ailleurs reprendre d'autres activités d'ACS dans les énergies renouvelables, selon un communiqué. Saeta Yield comprend 16 parcs éoliens en Espagne, avec une capacité de production totale de 539 mégawatts, plus trois centrales solaires d'une puissance de 150 MW, soit un total de 689 MW. Le groupe prévoit que cette division dégage cette année et en 2016 un excédent brut d'exploitation ajusté de 154 millions d'euros.

COMMENTAIRE ACS n'est pas le seul groupe de BTP espagnol à vouloir réduire sa présence dans les énergies renouvelables. Le groupe diversifié Acciona (voir p. précédente) a vendu l'an dernier un tiers du capital d'Acciona Energia

Internacional (AEI), gérant ses activités dans les énergies renouvelables hors d'Espagne, au fonds d'investissement américain KKR.

INDUSTRIE – DISTRIBUTION

Sika : Bill Gates et les actionnaires opposés au rachat par Saint-Gobain ne renoncent pas

Le groupe d'actionnaires de la firme suisse de chimie de spécialités (notamment la construction) opposé à la fusion avec Saint-Gobain n’est pas décidé à céder. Ils ont annoncé, le 22 janvier, vouloir présenter deux résolutions lors de la prochaine assemblée générale, afin d'examiner les conditions de la prise de contrôle de Sika par l’industriel français. La démarche peut inquiéter Saint-Gobain lors que l’on connait l’identité de certains des actionnaires récalcitrants : la fondation Bill & Melinda Gates, la société de gestion Cascade Investment L.L.C (appartenant à Bill Gates), ainsi que les sociétés d'investissements Fidelity Worldwide Investment et Threadneedle Investments. Ce groupe va demander l'approbation par les actionnaires d'une procédure de contrôle spécial et la nomination d'un comité d'experts, pour examiner notamment les échanges ayant eu lieu entre les héritiers fondateurs, qui contrôlent 52% des droits de vote, et Saint-Gobain. Cette assemblée générale des actionnaires de Sika doit se tenir au printemps, mais sa date n'a pas encore été arrêtée. Les actionnaires mécontents, qui détiennent 8,16% du capital et 4,62% des droits de vote de Sika, ont envoyé une lettre au groupe suisse dans laquelle ils « font à nouveau part de leurs inquiétudes concernant l'avenir de Sika dans le cadre du plan présenté par Saint-Gobain ». Début décembre, Saint-Gobain avait annoncé qu'il proposait d'offrir 2,75 milliards de francs suisses (2,3 milliards d'euros) à cinq héritiers du groupe en échange de 16,1% du capital. La première demande de résolution des actionnaires opposants porte sur « l'approbation par les actionnaires d'un contrôle spécial », une procédure prévue par le droit suisse qui donne aux actionnaires le pouvoir de vérifier si les intérêts de la société ont été protégés et si le conseil d'administration a rempli ses devoirs. « Ce contrôle spécial aurait pour objet d'examiner si, au cours des 24 derniers mois, l'entreprise, et plus particulièrement les représentants de Schenker-Winkler Holding AG (la holding des héritiers, ndlr) au sein du conseil d'administration, ont communiqué des informations non publiques aux actionnaires vendeurs et à Saint-Gobain », expliquent-ils. La seconde demande de résolution porte sur « la nomination d'un comité d'experts », qui aurait pour mission « d'enquêter et de passer en revue les actions du conseil d'administration et de la direction de Sika ayant trait à Schenker-Winkler Holding AG et/ou Saint-Gobain ». Le conseil d'administration de Sika « examinera ces demandes et propositions, et fera part de ses commentaires en temps voulu », conclut le groupe suisse. Pour être adoptées, les deux résolutions devront recueillir une simple majorité du capital (et non pas des droits de vote) de Sika.

COMMENTAIRE Sika a par ailleurs annoncé avoir acquis les actifs de Duro-Moza, une société basée au Mozambique, qui produit et vend des mortiers spéciaux et des colles à carrelage. Duro-Moza a généré des ventes de 2 millions de francs suisses en 2014 (1,9 million d’euros).

Caterpillar reste rentable malgré la zone Asie-Pacifique Jamais, depuis son histoire centenaire, Caterpillar n’a perdu de l’argent. L’année 2014 s’inscrit parfaitement dans cette lignée avec un chiffre d’affaires stable (-1%) à 55,18 milliards de dollars (45,45 milliards d’euros) pour un bénéfice net de 3,69 milliards

de dollars (3 milliards d’euros), lui aussi identique à l’année 2013. Le numéro un mondial des engins de chantier s’en sort bien, car deux de ses principaux moteurs sont tombés en panne : la Chine d’une part, l’industrie minière d’autre part. La zone Asie-Pacifique a ainsi diminué de 12,2% dans l’activité du groupe surtout à cause de la Chine où les ventes d’engins de chantier ont diminué de moitié en seulement deux ans. Quant au secteur minier, c’est une branche d’activité sur laquelle Caterpillar avait beaucoup misé ces dernières années en y concentrant ses efforts de croissance externe. Or la chute des cours des matières premières a mis un frein aux investissements des compagnies minières, ce qui se traduit par un secteur en baisse de 24% dans le chiffre d’affaires du groupe. Heureusement que les activités traditionnelles se sont bien tenues, permettant d’amortir la chute et de finir l’année sur une note stable. C’est surtout le cas des ventes d’engins de chantier aux États-Unis, avec un joli +20% et, dans une moindre mesure, en Europe. Quels sont les pronostics pour 2015 ? Là c’est la baisse des cours du pétrole qui va grever l’activité de Caterpillar, gros vendeur de groupes électrogènes pour les installations de forage et d’engins pour l’exploitation des sables bitumineux en Amérique du Nord. « La baisse des cours du pétrole sera la principale cause de la diminution de nos ventes en 2015 », prévient Doug Oberhelman, PDG de Caterpillar, qui évoque -10%. Mais le groupe fera encore des bénéfices, d’autant que la plus grosse partie des coûts de restructuration, ceux concernant l’usine belge Gosselies, ont été imputés sur l’exercice 2014 et porteront leurs fruits sur le résultat net de 2015.

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8 PRATIQUE

NN°1184

2 FÉVRIER 2015

Pour sa première édition, ce salon sur le secteur du BTP en Écosse se déroulera au "Glasgow’s Scottish Exhibition and Conference Centre" (SECC), au cœur de la troisième agglomération britannique. L'événement compte accueillir 10 000 visiteurs professionnels et plus de 175 exposants. Organisé par Oliver Kinross, cet évènement intervient alors que de nombreux projets sont lancés en Écosse, comme la route périphérique Ouest Aberdeen ou "The Edinburgh Glasgow Improvements Programme" (EGIP), un projet de 650 millions de livres sterling en cours de livrai-son, visant à améliorer la structure des chemins de fer en Écosse.

D’une manière générale, l’organisateur estime que le BTP se porte au mieux en Écosse et annonce que 40 milliards de livres sterling de contrats seront attribués dans les prochaines années. Tous les segments du secteur de la construction seront abordés : de bureau, commerciale, d’équipements de santé, industrielle, institution-nelle, génie civil … Voir http://scotlandbuildexpo.com/ Contact : [email protected]

INDEX

Acciona ......................... 6, 7 Accor ................................. 6 ACS .............................. 3, 7 ADPI.................................. 9 AIA .................................... 9 Amancio Ortega ................ 2 AREP ................................ 9 Balfour Beatty.................... 3 BAM .................................. 6 Bestinver ........................... 6 Betonac ............................. 6 Cascade Investment L.L.C ................................. 7 Caterpillar .......................... 7 CEI-De Meyer ................... 6 CH2M Hill .......................... 3

China State Construction Engineering ....................... 3 Club Méditerranée............. 6 Crédit Suisse ..................... 7 Dr Sauer & Partners .......... 6 Fidelity Worldwide Investment ........................ 7 First Class Partnerships .... 6 Fosun ................................ 6 GD&K Group ..................... 3 General Electric ................ 7 Global infrastructure partners ............................. 7 Hochtief ............................. 3 Immo BAM ........................ 6 Inditex ............................... 2 Interfleet ............................ 6

Jin Jiang ............................ 6 Kai Yuan Holdings ............ 6 Leighton ............................ 3 Louvre Hôtels .................... 6 Mace ................................. 3 Marriott .............................. 6 MCE PropCo ..................... 6 Philips ............................... 3 Saeta Yield ....................... 7 Saint-Gobain ..................... 7 Scape Group ..................... 3 Sika ................................... 7 Starwood Capital ............... 6 Threadneedle Investments ...................... 7 Trasmediterrénea .............. 6 Vinci .................................. 6 Zara .................................. 2

PRATIQUE

AGENDA

N°1184 2 FÉVRIER 2015

25-26 NOVEMBRE 2015 GLASSGOW (ECOSSE) Scotland Build 2015

CARNET

KEEPMOAT Mark Cutler Le spécialiste du loge-ment social britannique a désigné Mark Cutler au poste de "managing director" de sa division "régénération". Mark Cutler était jusque-là "managing director" de l’activité régionale du groupe de BTP anglais Balfour Beatty. Keepmoat a également nommé son directeur financier James Thom-son au poste additionnel de directeur général adjoint. Ces nominations sui-vent le rachat de Keep-moat par les fonds d’investissement TDR Capital et Sun Capital en septembre dernier.

Bulletin Européen du Moniteur - 17, rue d’Uzès, 75108 Paris cedex 02. Tél. : 01.40.13.30.14. Fax : 01.40.13.52.48. E-mail : [email protected] Directeur de la publication: Christophe Czajka - Directeur de la rédaction : Michel Dalloni. Éditeur : Nathalie Auburtin.

Rédacteur en chef délégué : Hugues Boulet. Tél. : (01.40.13.30.14) ; E-mail : [email protected]. Journaliste : Julie Guérineau. Tél. : (01.40.13.32.06) ; E-mail : [email protected]. Le Bulletin Européen du Moniteur est réalisé avec la collaboration de la rédaction du Moniteur du BTP et de ses

correspondants exclusifs dans le monde. Chargée de diffusion : Nina Yingui. Tél. : (33-1) 40.13.38.12 ; fax: (33-1) 40.13.51.19 ; E-mail : [email protected] Abonnement : 1 an (48 nos) : 1 370 euros HT (numérique) ou 1 1618 euros HT (print). Prix du numéro : 33 euros. Tarifs valables jusqu’au 31/12/2014. Impression : AB Printed – 6 rue Eugène Barbier – 92400 Courbevoie – Dépôt légal : février 2015. Le Bulletin Européen du Moniteur est édité par Groupe Moniteur, SAS au capital social de 333 900 €. Siège social, 17, rue d’Uzès, 75108 Paris cedex 02. RCS Paris B 403.080.823. Code APE 5814 Z. N° SIRET 403.080.823.00012. N° TVA intracommunautaire - FR 32 403.080.823. Principal actionnaire : Info Services Holding. Commission paritaire n°0609 I 85014.

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Page 9: BEM n° 1184 du 2 février 2015

L’ENTRETIEN 9

NN°1184

2 FÉVRIER 2015

De quelle manière AREP est-il identifié à

l’international ? Comme une agence

d’architecture, d’urbanisme ou un cabi-

net d’ingénierie ?

Nos missions hors de France sont essentiellement celles d’architecte et d’urbaniste. Pour des raisons règlementaires, une grande partie de l’ingénierie est prise en charge par un partenaire local. En conséquence, et alors que nous sommes davantage perçus comme une structure pluridis-ciplinaire en France, les clients étrangers se focalisent plutôt sur les métiers d’architecte et d’urbaniste. Missions pour lesquelles nous entrai-nons parfois avec nous d’autres architectes français, comme AIA en Chine.

Vous inscrivez-vous dans la même lo-

gique qu’AIA ou ADPI, qui ont pour mo-

dèle les agences anglo-saxonnes ne

faisant pas le distinguo entre architec-

ture et ingénierie ?

Non seulement nous nous inscrivons dans ce modèle, mais nous voulons le dépasser. Nous réunissons des compétences sur les sujets ingé-nierie bâtiment, mais aussi ingénierie aménage-ment, ainsi que le management de projets. Nous traitons également d’aspects très pointus qui ne se retrouvent pas systématiquement dans les grands bureaux d’études, par exemple la modéli-sation des flux piétonniers ou la programmation pour le bâtiment et l’aménagement urbain. AREP, ce n’est pas seulement une articulation entre des architectes généralistes et des ingénieurs généra-listes, mais un cocktail de savoir-faire autour d’une certaine manière de faire la ville.

Le transport et la mobilité sont-ils

les portes d’entrée naturelles d’AREP

vers les marchés étrangers ?

C’est vrai dans tous les pays où nous sommes à l’exception du Vietnam pour lequel le marché dans le domaine du transport n’est pas assez mature. Nous avons évidemment une valeur ajoutée particulière sur les questions de transport et de mobilité. Mais pour nous, travailler sur les lieux de mobilité signifie avant tout "faire de la ville". C’est ce qu’AREP prône, en France comme à l’étranger. Les Anglo-saxons parlent de TOD ("Transport Oriented Developpement"). On peut simplement souligner le rôle capital de la mobilité

dans les modes de vie et la structuration des villes. Même pour des concours classiques, comme les gares en Chine, nous précisons à chaque fois la spécificité de notre approche. C’est souvent pour cela que l’agence est retenue.

La tradition de compétence de la France

en matière d’urbanisme a-t-elle un effet

positif à l’étranger ?

Nous avons, en France, mais aussi en Europe, une histoire urbaine qui est un atout fabuleux. Quand nous parlons avec un donneur d’ordre venant également d’un pays de vieille tradition urbaine comme la Chine, nous entrons de plain-pied dans un dialogue avec le client qui n’est pas de même nature que celui qu’il aurait avec des agences américaines ou australiennes. La ville se fait par une subtile itération entre les formes et les usages : la ville est façonnée par les usages d’une culture donnée, mais à l’inverse, ses formes et ses espaces ont façonné les usages. Si les mentalités sont différentes, c’est aussi parce que les habitants d’un lieu donné sont plongés dans un cadre physique qui a des caractéristiques particulières, qui réfléchissent les modes de vie de ceux qui les ont précédés. D’un côté, nous voyons des modes de vie qui évoluent vers la mondialisation, et donc une certaine uniformisa-tion ; d’un autre côté, les gens vivent de manière très différente à Pékin et à Casablanca. AREP est au croisement de ces deux logiques, de cette itération entre usages et espaces d’un côté et de cette évolution forte des comportements de l’autre. Cette approche porte aussi bien en Inde, qu’au Maghreb ou en Russie.

L’ENTRETIEN

ÉTIENNE TRICAUD, ARCHITECTE INGÉNIEUR, PRÉSIDENT D’AREP

« Nous avons, en Europe, une histoire urbaine qui est un atout fabuleux pour se vendre à l’international » Étienne Tricaud, cofondateur de l’agence pluridisciplinaire hexagonale, prône une appréhension de la ville par le prisme du transport et la mobilité. Une approche originale qui permet à AREP de remporter de prestigieux contrats à l’étranger. Preuve de l’universalisme de cette méthode, la filiale de la SNCF se développe fortement dans les pays du Golfe Persique, après avoir conquis la Chine.

N°1184 2 FÉVRIER 2015

La gare de Mumbai

en stand-by

Seul édifice ferroviaire classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, le Chhatrapathi Shivaji Terminus de Bombay – bâtiment du 19ème plus connu sous le nom de Victoria Terminus – fait partie des 22 gares que les Chemins de fer indiens ont décidé de mettre au niveau des standards internatio-naux. La compagnie a fait appel en 2009 à AREP afin que l’agence préconise des solutions pour moderniser l’édifice et construire autour un quartier de gare. L’idée était d'utili-ser les revenus générés par les actifs immobi-liers pour financer les travaux, l’ensemble prenant la forme d'un PPP. Hélas, aucun des projets, à Mumbai comme ailleurs, n’a pour l’instant abouti. « C’est très nouveau pour eux et les processus sont très lents », recon-nait Étienne Tricaud.

Coupe élaborée par AREP pour moderniser la célèbre "Victoria Terminus" de Bombay et y adjoindre un quartier de gare. Image : AREP

Page 10: BEM n° 1184 du 2 février 2015

10 L’ENTRETIEN

NN°1184

2 FÉVRIER 2015

Est-ce que votre participation au Grand

Paris a eu un "effet marketing" positif

pour Arep à l’international ?

Le Grand Paris a joué positivement, à la fois sur la sensibilisation à une démarche auprès d’autorités locales et nationales, mais aussi sur la recommandation d’AREP comme compétent sur les sujets urbains. C’est en partie grâce au Grand Paris que nous avons été choisis pour la techno-pole de Skolkovo, dans la région de Moscou. Pour qualifier notre projet, le client avait trouvé le terme de "villages urbains". Pour cette ville de 20 000 emplois et 30 000 habitants dans un cadre naturel assez beau, en surplomb d’une petite rivière, nous lui avons proposé des quartiers à l’échelle piétonne, dans la nature, reliés par un dispositif de boulevards qui constitue une chaine d’espaces publics et de rencontre. Le maître d’ouvrage s’y est parfaitement retrouvé. Il s’agit à la fois d’une ville très contemporaine dans sa relation avec la nature, dans la manière dont ses objectifs sont centrés sur la rencontre, sujet essentiel pour ce cluster qui vise à rappro-cher l’enseignement de la recherche, des entre-prises et des start-ups. Et dans le même temps, le projet est ancré dans les valeurs urbaines russes, dans la manière dont les villages et les quartiers de ville s’organisent et organisent la vie sociale. Certains de nos concurrents avaient développé des principes extrêmement différents.

Qui sont vos concurrents principaux ?

Beaucoup d’étrangers. Avec les Français, nous sommes plutôt partenaires. En revanche, nous

avons beaucoup de concurrents qui sont anglais, allemands, américains… Au Moyen-Orient, des agences viennent de plus en plus loin : Japonais, Hongkongais, voire Malaisiens, Indoné-siens ou Australiens qui ont une approche très américaine de la ville, assez déstructurée ou plutôt façonnée par des mégastructures.

Où êtes-vous le plus présent à

l’international ?

Jusqu’à récemment, c’était la Chine, mais le Moyen-Orient – Arabie Saoudite, Qatar, Émirats Arabes Unis – s’est réveillé d’un coup sur les projets ferroviaires intercités, mais aussi urbains, avec des projets de métro et de "light train" princi-palement. Il y a une vraie explosion du trafic automobile dans ces pays auquel il faut répondre, par exemple à Doha où la situation est catastro-phique. Ces pays s’inscrivent également dans des préoccupations environnementales. Il est à noter que l’activité en Asie évolue fortement. Nous restons en Chine, au Vietnam et en Inde, mais ce sont des pays de plus en plus tournés vers des études urbaines qui sont extrêmement stimulantes, mais représentent des montants et des marges moindres que les études de maîtrise d’œuvre de bâtiment. Nous avons, un moment, examiné le marché sud-américain. Sur ce sous-continent, il y a des villes incroyables comme São Paulo, où les problèmes de transport et d’intermodalité sont très importants. Sur l’Amérique du Nord, nous avons quelques missions et nous sommes prêts si des projets importants se réalisent. En Afrique subsa-

Polytechnicien, ingénieur en chef des Ponts & Chaussées et architecte DPLG, Étienne Tricaud est le cofondateur, avec Jean-Marie Duthilleul, d’AREP. Photo : AREP. Lee Vigneau

« Le Grand Paris a

joué positivement

à l’étranger pour

AREP sur les

sujets urbains. »

Page 11: BEM n° 1184 du 2 février 2015

L’ENTRETIEN 11

NN°1184

2 FÉVRIER 2015

harienne, les choses commen-cent aussi à bouger tant les problématiques urbaines de-viennent complexes comme à Lagos par exemple. Mais AREP n’est pas assez important pour être partout !

Trouvez-vous intéressant

l’idée de "Team France"

ou de "French touch"

développée par Vivapolis,

par exemple pour les

villes nouvelles en Chine.

Nous sommes dans cette mouvance Vivapolis. Nous avons gagné l’appel d’offres à Wuhan, pour l’éco-cité de Caidain. Il y a plusieurs initia-tives françaises pour fédérer les savoir-faire sur la ville ; tant dans le domaine de l’innovation que dans celui de l’exportation

de nos compétences : Vivapolis, Advancity et d’autres. Mais nous devons travailler à renforcer leur consistance et leur visibilité.

N’existe-t-il pas un mou-

vement mondial autour du réaménage-

ment des quartiers de gare ?

C’est l’une des révolutions majeures depuis vingt ans dans le secteur. La « gare à trains » du 19ème siècle a continué à vivre jusqu’aux années 1980. À partir de ce moment-là et dans les années 1990, il y a eu une prise de conscience que la gare était devenue le lieu de croisement de toutes les mobilités de la ville. Ce qui avait été fait en bricolant pendant un siècle craquait de toute part et il a fallu repenser l’espace du piéton entre les différents modes de transport. En clair, c’est l’intermodalité. La deuxième révolution est celle du service, qui apparait à la fin de la décennie 1990, début 2000. Il y a une prise de conscience que la gare est un point sur une chaine de mobili-té. Et sur ce point, le voyageur va créer de la richesse ou en bénéficier, mais il exige aussi que cette richesse de la ville vienne au-devant de lui. Il va avoir envie, pendant la phase de transport, d’accéder à un certain nombre de services phy-siques et de commerces pour lui faciliter la vie et la ville. Et puis, il y a une troisième révolution que sont les quartiers de gare, longtemps considérés comme les pires de la ville et qui faisaient figure de repoussoir pour les élus et les maitres d’ouvrage publics. Aujourd’hui, c’est exactement l’inverse. Les quartiers de gare sont au cœur des stratégies urbaines de redéveloppement écono-mique et social. On a compris que ces lieux d’accessibilité maximaux étaient à haute valeur ajoutée. La principale force d’une ville est sa connectique, sa capacité à mettre les individus en relation. Or, les gares sont des lieux idéaux pour cela. Il faut donc y développer du business, du bureau, du commerce, du logement. Créer de la mixité d’usages autour des gares est devenu une évidence. Cette révolution-là est française, mais aussi mondiale. Il y a en fait deux sortes de quartiers de gare : les anciens, datant du 19ème siècle-début 20ème, autour desquels s’est dévelop-pée une zone industrialo-ferroviaire. Il s’agit de lieux très bien situés en centre-ville, qui peuvent à

présent muter, parce que l’organisation du ferro-viaire est différente. Et puis il y a les villes des pays émergents où des quartiers nouveaux se construisent. Dans la première catégorie, il y a l’Europe, l’Afrique du Nord – où nous avions gagné au Caire un concours pour un réaména-gement autour de la gare Ramsès II avant les évènements du Printemps arabe ; et au Maroc, où nous avons travaillé sur beaucoup de sujets de ce type. Les États-Unis, mais les choses y bou-gent lentement. En Russie aussi tout, comme en Inde où des projets importants pourraient voir le jour, notamment la gare de Mumbai sur laquelle nous travaillons. Sur les quartiers de gare nouvel-lement construits, nous sommes très sollicités en Chine et au Moyen-Orient. Dans les pays du Golfe Persique, en même temps qu’ils découvrent le transport en commun, ils importent le TOD, qui est donc la manière dont on organise la ville autour de la mobilité ou comment la mobilité façonne la ville. Cette notion de TOD est présente chez tous nos interlocuteurs, que ce soit à Abu Dhabi, Dubaï, Doha ou Djedda. Dans la deuxième ville d’Arabie Saoudite, nous travaillons par exemple autour d’une station de métro aérien sur l’immense emprise foncière de l’ancien aéroport, à deux pas du centre historique.

Les attentats de janvier à Paris, et la

tension récente avec les pays musul-

mans, ont-ils changé la donne pour vous

dans les pays arabes ?

Nous ne le savons pas encore. C’est vrai que nous sommes beaucoup au Maroc et au Moyen-Orient. Nous scrutons avec attention les réac-tions.

Propos recueillis

par Hugues Boulet

Vue perspective d’AREP pour l’Innovation Center de Skolkovo, au sud de Moscou. Pour cette technopole, dont la construction a commencé, l’agence française a imaginé « des quartiers à l’échelle piétonne, dans la nature, reliés par un dispositif de boulevards qui constitue une chaine d’espaces publics et de rencontre ». Image : AREP

« Le

réaménagement

des quartiers de

gare est l’une

des révolutions

majeures depuis

vingt ans dans le

secteur de la

mobilité. »

Page 12: BEM n° 1184 du 2 février 2015