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Politique africaine n° 109 - mars 2008 135 Le 27 décembre 2007, les 14 millions de Kenyans inscrits sur les listes électorales étaient appelés à voter trois fois, dans le même bureau de vote, avec trois bulletins différents et dans trois urnes séparées pour désigner leur Président, l’un de leurs 210 députés et leurs conseillers locaux 1 . Les principaux candidats à la présidentielle étaient le sortant Mwai Kibaki, l’opposant Raila Odinga – fils de l’opposant historique Odinga Odinga – et le challenger Kalonzo Musyoka. L’importance de l’identification ethnique dans l’allégeance et le choix électoral, mais aussi dans le regard que les Occidentaux posent sur la vie politique africaine, obligent à préciser d’emblée que le premier est un Kikuyu de la Province centrale, le second un Luo de la province de Nyanza et le dernier un Kamba du sud de la province de l’Est (Eastern Province). L’enjeu principal de cette élection était de savoir si les électeurs allaient maintenir au pouvoir Kibaki, qui avait été porteur d’un immense espoir à son élection en 2002. Au cours de son mandat, cette aspiration au renouvel- lement de la vie politique, à l’amélioration des conditions socio-économiques du plus grand nombre et à la moralisation de la vie politique a en effet été déçue, 1. Cet article a été préparé grâce à des informations issues d’entretiens et d’observations menés au Kenya, au fil des événements de l’hiver 2007-2008. Bernard Calas Des fraudes aux violences. Cartographie d’une régression politique Une cartographie des élections et des violences post- électorales qui se sont déroulées au Kenya au début 2008 permet de nuancer certains a priori d’une analyse mêlant ethnicité et violence. L’ethnicisation du vote n’apparaît pas si franche, tandis que la localisation des violences dans le pays répond souvent plus à des problèmes fonciers qu’à des antagonismes directement ethniques. Dans les zones urbaines en revanche, la criminalisation a pu suivre les contours d’une ethni- cisation sans équivoque.

Bernard Calas Des fraudes aux violences. Cartographie d ...politique-africaine.com/numeros/pdf/conjonctures/109135.pdf · Kikuyu de la Province centrale, le second un Luo de la province

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Politique africaine n° 109 - mars 2008

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Le 27 décembre 2007, les 14 millions de Kenyans inscrits sur les listesélectorales étaient appelés à voter trois fois, dans le même bureau de vote, avec trois bulletins différents et dans trois urnes séparées pour désigner leurPrésident, l’un de leurs 210 députés et leurs conseillers locaux 1. Les principauxcandidats à la présidentielle étaient le sortant Mwai Kibaki, l’opposant RailaOdinga – fils de l’opposant historique Odinga Odinga – et le challengerKalonzo Musyoka. L’importance de l’identification ethnique dans l’allégeanceet le choix électoral, mais aussi dans le regard que les Occidentaux posent surla vie politique africaine, obligent à préciser d’emblée que le premier est unKikuyu de la Province centrale, le second un Luo de la province de Nyanzaet le dernier un Kamba du sud de la province de l’Est (Eastern Province).

L’enjeu principal de cette élection était de savoir si les électeurs allaientmaintenir au pouvoir Kibaki, qui avait été porteur d’un immense espoir àson élection en 2002. Au cours de son mandat, cette aspiration au renouvel-lement de la vie politique, à l’amélioration des conditions socio-économiquesdu plus grand nombre et à la moralisation de la vie politique a en effet été déçue,

1. Cet article a été préparé grâce à des informations issues d’entretiens et d’observations menés auKenya, au fil des événements de l’hiver 2007-2008.

Bernard Calas

Des fraudes aux violences.Cartographie d’unerégression politique

Une cartographie des élections et des violences post-

électorales qui se sont déroulées au Kenya au début

2008 permet de nuancer certains a priori d’une analyse

mêlant ethnicité et violence. L’ethnicisation du vote

n’apparaît pas si franche, tandis que la localisation des

violences dans le pays répond souvent plus à des

problèmes fonciers qu’à des antagonismes directement

ethniques. Dans les zones urbaines en revanche, la

criminalisation a pu suivre les contours d’une ethni-

cisation sans équivoque.

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notamment en raison du maintien d’un niveau élevé de corruption et de l’ag-gravation des inégalités dans un contexte de croissance économique forte.Lors du référendum constitutionnel de 2005 déjà, qui s’est soldé par la victoiredu « Non » soutenu par l’opposition, les électeurs avaient choisi de sanctionnerun pouvoir décevant, incarné par un Président vieillissant et balbutiant 2. Lesecond enjeu de ces élections était de savoir si les législatives confirmeraientle choix des présidentielles, en accordant au Président une majorité parlemen-taire. Trois partis, ou plutôt trois nébuleuses partisanes étaient en lice : l’OrangeDemocratic Movement (ODM) derrière Raila Odinga, le Party of NationalUnity (PNU) derrière Mwai Kibaki et l’ODM-Kenya (ODM-K) derrièreMusyoka.

Ces trois temps de la crise kényane – vote, violences et ajustements socio-spatiaux – forment un événement qui infirme l’idée que le Kenya avait, depuisles élections de 2002, tourné définitivement la page de la « democrazy » (carac-térisée par les élections marquées du sceau des violences politico-ethniques etdes manipulations politiciennes de la seconde période de l’ère Moi) pour devenirune « démocratie émergente ». Aussi, on peut se demander si « l’événement »de janvier-février 2008 est une bifurcation politique aux conséquences durablesou bien s’il s’inscrit dans la durée de la politique kenyane, périodiquementsecouée par des soubresauts violents. Répondre à cette question, c’est tenterd’interpréter le sens de l’événement au regard du passé et à la lumière desévolutions sociospatiales dont il est porteur. La présente contribution esquis-sera une géographie du vote et de ses motivations. Dans un second temps, onmettra en parallèle cette géographie électorale et celle des violences qui ont suivi les élections, pour tenter d’en dresser un bilan spatial – forcémenttemporaire et partiel, mais nécessaire.

Esquisse d’une géographie de l’électorat

Globalement, la participation électorale a été de 70 %, sans différencessignificatives entre les trois scrutins – quoique la participation aux présiden-tielles a été légèrement plus forte, soit en raison des fraudes, soit en raison d’unenjeu plus important. Les plus forts taux de participation (avec une importancequi suggère sans doute des fraudes : entre 85 % et 95 %) ont été enregistrés sur les bords du lac Victoria – en pays luo –, et dans l’ouest de la provincecentrale – en pays kikuyu ; les plus faibles ont affecté les plus grandes villes – notamment Nairobi, Mombasa et Nakuru ; la plupart des autrescirconscriptions ont connu une participation comprise entre 60 % et 70 %.L’analyse du sens de la participation est rendue difficile par les fraudes et ladifficulté à les localiser précisément. Massives, les fraudes électorales n’ont

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cependant été ni systématiques, ni unilatérales et il n’est pas sûr qu’elles aient changé le résultat final des présidentielles autrement qu’en délégitimantun peu plus le pouvoir, la politique et le régime aux yeux des Kenyans. Les fraudeurs ont surtout voulu influer sur le résultat de la présidentielle,dont l’enjeu surdéterminait l’ensemble du scrutin.

Quatre grands types d’irrégularités peuvent être pointés. Les trois premièresse repèrent surtout dans les provinces et ont pesé sur le résultat à l’échelle locale ;la quatrième a eu lieu à Nairobi, au centre de recomptage des voix du KenyattaInternational Conference Center (KICC) et a pesé sur le résultat national duscrutin présidentiel. Le premier type d’irrégularités a eu lieu dès les inscrip-tions sur les registres électoraux : on a ainsi parfois compté jusqu’à 15 % dedécédés inscrits sur les listes électorales 3. Le second type de fraude a eu lieudans les circonscriptions homogènes d’un point de vue ethnique : le gonflementdes résultats a pu conduire à des taux de participation supérieurs à 100 % 4.Dans les circonscriptions les moins éduquées, aux marges du « Kenya utile »(Côte, North-Eastern Province, Masaïland, Northern Rift), les agents électorauxde l’ODM sont soupçonnés d’avoir été corrompus par des agents du pouvoiret des achats de vote importants auraient eu lieu 5. Enfin et surtout, certainsrésultats ont été modifiés, parfois grossièrement, sur le trajet entre les bureauxde vote locaux et le centre national de recomptage et de collecte des résultatsau KICC 6. Il s’agit là des fraudes qui ont eu le plus gros impact sur le résultatfinal de la présidentielle. Dès le 30 décembre 2007, les observateurs de l’ODMet du PNU présents au KICC s’accordaient à dire que les irrégularités touchaient44 circonscriptions. Ces irrégularités ont eu lieu surtout dans les districts lesplus peuplés du pays comme le montre la carte annexée. Il est possible que

2. A. Oloo, « Contested terrain : the politics of citizenship and constitutionalism in Kenya » et L. Maina, F. Waswa et S. Waiyego, « Pitfalls in constitution-making in Kenya : experiences fromBomas and the 2005 national referendum », in H. Charton et C. Médard (dir.), Annuaire de l’Afriqueorientale 2005, Paris, L’Harmattan, 2007, respectivement p. 59-101 et 103-127.3. Le processus d’inscription sur les listes électorales justifierait un article à lui tout seul. Entre 2002et 2007, ce sont plus de 4 millions de nouveaux électeurs qui ont été inscrits, soit bien plus que le seulcroît naturel du corps électoral. Cela a été le résultat d’un travail de fond des ONG des droits de l’homme et de promotion de la démocratie. Cette augmentation a surtout touché les jeunesélecteurs.4. The Standard (Nairobi), 10 janvier 2008.5. Voir Kenya Elections Domestic Observation Forum, « Preliminary statement and verdict of the 2007Kenya’s general elections », Nairobi, 31 décembre 2007. Lors d’un séminaire organisé par le British Institute in Eastern Africa dans les locaux de l’Institut français de recherche en Afrique (Ifra),David Throup a réaffirmé ces faits, données à l’appui.6. Koki Muli, observatrice indépendante pour le compte de l’Institute for Education in Democratyau KICC, communication personnelle, Nairobi, 30 décembre 2007.

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l’ensemble de ces fraudes aient porté sur 3 % des votes, quand la margeofficielle qui a séparé Kibaki et Odinga, en donnant la victoire au premier, a été de moins de 232 000 voix, soit 2,3 % des suffrages exprimés.

Les fraudes ayant surtout porté sur le résultat du scrutin présidentiel, lesélections législatives semblent pouvoir mieux refléter l’opinion populaire.Elles ont désigné 207 députés (3 législatives ont été annulées), et le 15 janvierlors de l’élection du speaker à l’assemblée, 105 députés se sont prononcés autroisième tour en faveur du candidat ODM, Kenneth Marende. Au-delà de cettecourte victoire de l’ODM, ces élections ont paru renouveler en profondeur lepersonnel politique, en renvoyant plus de la moitié des parlementaires sortants :à un point tel qu’on a pu parler d’une véritable transition générationnelle etd’un nouveau paysage politique kenyan. L’émergence de jeunes, d’inconnus,de femmes, s’est faite aux dépens d’une kyrielle de vieux routiers de la politique(comme Nicholas Biwott ou Simeon Nyachae) ou de descendants de dynastiespolitiques prestigieuses (dont les trois fils de l’ex-Président Moi, tous battus).Cependant, nombre des nouveaux élus ne sont pas novices en politique,puisque certains sont, en fait, des vaincus de 2002. Si l’impression de renou-vellement est donc réelle, elle est cependant à nuancer. Ce mouvement atouché toutes les régions et vaut pour l’ODM comme pour le PNU. Ainsi,dans le nord de la Rift Valley, la vague de contestation par les urnes a pousséen avant douze nouveaux visages dans 19 circonscriptions (N. Biwott, anciennuméro 3 et ministre de l’Énergie du régime Moi, a été battu par un inconnude 38 ans) ; dans la Province centrale, des ministres pourtant soutenus pardes personnalités de premier plan comme Lucy Kibaki, la propre femme duPrésident, ou John Michuki, ont aussi perdu. Le même mouvement a affectéles barons de l’opposition en pays luo, sur la côte ou en pays kisii.

L’allégeance partisane des élus semble dessiner de véritables bastionsrégionaux, et suggère un vote ethnique. En effet, la carte des résultats auxlégislatives dresse les contours de trois ensembles spatiaux continus, relative-ment homogènes du point de vue des identités ethno-politiques : l’ouest (plutôtluo) ODM, le centre (plutôt kikuyu) PNU et affiliés, et le centre-est (plutôtkamba) ODM-K. Les villes, Nairobi et Mombasa, ont pour leur part largementvoté ODM.

Cependant, parler de vote ethnique est tout à la fois juste et quelque peuréducteur. Au-delà des fraudes à la présidentielle, Kibaki a récolté près de50 % des votes alors que les Kikuyu (7 millions de personnes) ne représententque 22 % de la population : plus de la moitié de son électorat au moins n’estpas kikuyu. Certes, aux Kikuyu sont alliés les Embu et les Meru, leurs voisinsdes pentes du mont Kenya (2 millions de personnes, soit 5 % de la populationkényane). Mais globalement on peut dire que si les Kikuyu votent plutôt pour

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Kibaki, tous les électeurs de Kibaki ne sont pas Kikuyu. Le même raisonne-ment vaut encore plus pour Odinga : les Luo ne représentent que 13 % de lapopulation du Kenya alors qu’Odinga a remporté près de 50 % des suffrages.Si les Luo votent largement ODM, tous les électeurs ODM ne sont pas Luo.

Ensuite, cette analyse en termes de blocs politiques cohérents et solidespourrait bien s’avérer illusoire. En effet, l’ODM, plus encore la coalition pré-sidentielle autour du PNU et même l’ODM-K sont des constructions fragileset volatiles. L’épisode des nominations et des primaires est à cet égard signi-ficatif. En octobre-novembre 2007, les partis ont organisé des primaires pourdésigner leurs candidats aux législatives. Outre certaines violences très ciblées,notamment à l’encontre des candidates, ces primaires ont donné lieu à unevéritable valse des allégeances partisanes. Certains politiciens ont changéplusieurs fois d’appartenance parce que la nomination leur était refusée. Cecia prouvé combien l’appartenance partisane des hommes politiques kenyansétait sujette à caution et pouvait évoluer rapidement, au gré des opportunités.L’idée selon laquelle l’opposition peut compter sur sa majorité parlementairepour bloquer l’initiative du Président semble d’autant plus chimérique que dixdes nouveaux élus ODM de l’ouest appartenaient quelques semaines avant le 27 décembre 2007 à la Narc (National Rainbow Coalition-Kenya), parti duprésident Kibaki jusqu’à la création du PNU. Aussi seront-ils vraisemblablementsoumis à forte pression de la part du camp présidentiel pour « traverser le plan-cher 7 ». La volte-face postélectorale du troisième homme de la présidentielle,K. Musyoka, qui a brusquement fait allégeance au pouvoir, en acceptant enjanvier le poste de vice-président, ne fait que renforcer cette vision d’une viepolitique kenyane pour le moins « pragmatique ». La fronde des cadres del’ODM-K à l’occasion de la désignation des députés nommés (10 députés sont nommés par le Président de la République juste avant l’ouverture de la première session parlementaire, sur proposition des responsables de partiset proportionnellement aux résultats) confirme cette très forte instabilité des blocs politiques, susceptibles de voler en éclat au moindre prétexte ou àla moindre pression (corruption, menaces…).

La répartition spatiale des votes souligne en réalité la combinaison deplusieurs types de motivations qui ont contribué à la vague ODM et à larésistance d’un bloc conséquent formé par l’alliance entre le PNU et l’ODM-K.

Le vote identitaire a indubitablement joué en pays luo, kikuyu et kamba.En effet, chacun des trois ténors politiques de l’élection – Kibaki, Odinga etMusyoka –, ainsi que leur parti – le PNU et ses affiliés, l’ODM et l’ODM-K –

7. Un député peut changer de couleur politique en cours de mandat, sans en référer à ses électeurs ;ce faisant, il change de côté à la Chambre et donc traverse physiquement le plancher de celle-ci.

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l’emportent dans leurs districts respectifs. La concordance entre le vote à laprésidentielle, l’allégeance partisane, de forts taux de participation, les contoursdes circonscriptions et l’identification ethnique fait que l’on peut parler debastions électoraux, voire de territoires politiques.

En pays luhya dans la Western Province, ainsi qu’en pays meru et embu dansla Province centrale et l’Eastern Province, le ressort du vote est moins propre-ment identitaire que régional. En effet, c’est le sentiment d’une communautéd’exclusion sociospatiale avec le pays luo d’une part, ou d’une convergenced’intérêts ou d’histoire avec les Kikuyu d’autre part, qui a conduit respec-tivement les Luhya à voter plutôt pour Odinga et l’ODM et les Embu et Meruplutôt pour Kibaki et le PNU. Ce sentiment est très certainement étayé, en partieau moins, par la mitoyenneté spatiale entre ces deux ensembles.

Le vote contestataire et générationnel plus important en ville a joué enfaveur du parti Orange. C’est le soutien d’un grand nombre de jeunes deNairobi – notamment des quartiers orientaux de la ville comme Embakasi,pourtant peuplés majoritairement mais pas exclusivement de Kikuyu – quiexplique le succès de l’ODM dans 6 des 8 circonscriptions de la capitale. Le même raisonnement explique l’ampleur de la victoire Orange à Mombasa.

Les arrière-pensées foncières ont joué ailleurs, particulièrement dans la RiftValley. Là, le désir d’empêcher le maintien aux affaires du Président, perçucomme le potentiel vecteur d’une menace foncière, est l’une des clés du voteODM des populations kalenjin. Cette surdétermination du vote par des enjeuxfonciers anciens explique l’échec de l’alliance de circonstance entre Moi etKibaki 8. En effet, celle-ci reposait sur l’idée implicite que le ralliement de Moi à Kibaki suffirait à faire oublier l’origine ethnique de ce dernier à desKalenjin, majoritaires dans l’ouest et le nord de la Rift Valley, qui considèrentles Kikuyu emmenés par le(ur) Président comme des voleurs de terres. Or, dans la Rift Valley, Odinga a remporté 65 % des votes (contre 33 % pourKibaki) et que sur 49 sièges de parlementaires, 31 sont allés au parti Orange.À l’inverse, sur le plateau du Laikipia, front pionnier des migrants kikuyu 9,à Naivasha, dans les districts d’Oliotoktok ou de Kajaido, dans l’est du centrede la vallée du Rift, la peur de perdre une tenure foncière récemment acquiseet le réflexe identitaire ont favorisé le vote Kibaki et l’élection de proches du pouvoir.

Sur la Côte, enfin, le débat autour du majimbo (qu’il faudrait traduire nonpar « fédéralisme » mais plutôt par « préférence régionale ») – explicitementprôné par Odinga et tout aussi explicitement critiqué par Kibaki – a été au cœurde la campagne et du vote10. Dans cette région, la Charte signée par Odingaavec les musulmans pendant la campagne, a également contribué à rallierune partie de l’électorat à l’ODM 11. Mais cette question du majimbo a joué

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ailleurs encore, notamment dans la Rift Valley et dans la North-EasternProvince, où elle est envisagée comme un moyen d’évincer les minoritésallochtones, notamment kikuyu.

Dans un certain nombre de localités, la dimension générationnelle du voteenfin s’est clairement exprimée. Ainsi, en pays kisii où autant de députés ontété élus d’un côté que de l’autre, pendant les émeutes du début janvier, des scènes de violence ont vu des jeunes, pro-ODM, pourchasser et menacerleurs aînés, leur reprochant d’avoir soutenu Kibaki, qu’ils considèrent commeun vieillard malhonnête.

Au total, l’adhésion à la personne de Odinga et au volet de son programmepolitique prônant le majimbo – la seule véritable pierre d’achoppement pro-grammatique entre les partis –, le rejet de la personne de Kibaki et du pouvoir(« We will punish him »), et la proximité identitaire (« He is from among us »), ontété les ressorts principaux du choix électoral.

Histoires et géographies de la violence

postélectorale

Les résultats des élections n’étaient pas encore connus à la fin décembre 2007que déjà la lenteur des dépouillements et les rumeurs grandissantes de fraudesavaient déclenché la flambée de violence qu’ont relayée en Occident les médiaslors du passage au Nouvel An 12. Deux mois après, ces événements ont faitofficiellement 1 000 morts et 300 000 déplacés. La géographie des violencesprocèdent largement des mêmes logiques que celle de la violence. On peuttenter de les cerner en isolant les différentes phases selon lesquelles s’est déve-loppée la violence de fin décembre 2007 à fin février 2008.

Dans un premier temps, entre fin décembre et mi-janvier, la frustrationpostélectorale s’est exprimée dans des émeutes qui ont enflammé certainescirconscriptions acquises à l’opposition: le pays luo et surtout sa capitale Kisume,

8. Voir J. Oucho, Undercurrents of Ethnic Conflict in Kenya, Leiden, Brill, 2002, notamment p. 132-170,ainsi que le texte de Claire Médard dans ce numéro.9. Voir Y. Droz, Migrations kikuyus, Des pratiques sociales à l’imaginaire, Neuchâtel, Institut d’ethnologie,Paris, Maison des sciences de l’homme, 1999.10. Sur le majimbo, voir P. Mutahi, « Political violence in the elections », in H. Maupeu, M. Katumangaet W. Mitullah (dir.), The Moi Succession Elections 2002, Nairobi, Transafrica Presse, p. 70.11. Voir la contribution d’Anne Cussac dans ce numéro.12. Pour une cartographie des violences, voir le site de l’Unosat, l’agence des Nations unies spécialiséedans le traitement des images satellites, < www.unosat.org >, ou celui de la Data exchange platformfor the Horn of Africa, < http://depha.org >. Le 4 janvier 2008, l’Unosat a publié une série de vuesdes incendies enregistrés par satellite entre le 29 décembre 2007 et le 2 janvier 2008 dans la vallée du Rift.

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Mombasa et les quartiers luo de Nairobi – au premier plan desquels l’immensebidonville (slum) de Kibera, dans une moindre mesure celui de Kawangwareet certaines poches de celui de Mathare, dans l’est de la capitale. Entre Nakuruet Eldoret, notamment autour de Turbo et Timborao, puis dans les campagnesdu triangle Eldoret-Nakuru-Kericho, cette violence a pris la forme de soulève-ments paysans, sans doute préparés par des politiciens ou des notables locaux 13.Ces violences ont d’abord ciblé les minorités kikuyu et dans une moindremesure les minorités kisii. Mais si, à Kisumu, les émeutes spontanées ontdétruit des rues entières sans tuer personne (les morts violentes ont été le faitde la réaction disproportionnée des forces de l’ordre, dans un affrontement sansdimension ethnique), pogroms et soulèvements se sont accompagnés ailleursde morts violentes, comme dans l’incendie d’une église à Kiambaa, dans larégion d’Eldoret, où une trentaine de personnes ont trouvé la mort 14.

Cependant, contrairement à ce que les médias internationaux ont pu laisseraccroire, tout le pays ne s’est pas embrasé. Les émeutes, les pillages et lesmeurtres ont eu pour localisations principales certaines des zones de fortesdensités : l’ouest, principalement en pays luo, les settlements schemes desanciennes hautes terres blanches de la vallée du Rift15, certaines parties desbidonvilles intra-urbains (et non les banlieues populaires éloignées) et leursabords immédiats à Mombasa et surtout Nairobi. Parler d’une inversion de lacarte de la sécurité – habituellement ce sont les régions du nord-est et du nordqui sont réputées les moins sûres – serait séduisant si le caractère localisé desviolences n’était pas si net. Ainsi, par exemple, dans Kibera (700 000 habi-tants sur 10 km2), théâtre des violences les plus médiatisées, les quartiers deSoweto 5 et Lindi n’ont connu aucune violence. De même, si, entre le 16 et le18 janvier, des affrontements ont opposé des gangs issus de secteurs précairesde Kisumu comme Ndogo, Katwekera et Kienda aux milices des lotissementsd’Olympic, Ayani et Fort Jesus, le lotissement voisin de Karanja, peuplé d’uneforte minorité de Nubians (héritiers des soldats soudanais de l’armée coloniale),bien organisée, est resté à l’écart des troubles ; le reste de l’immense bidonvilleest aussi resté à peu près calme. Ces événements de la seconde moitié dejanvier 2008 montrent un glissement de la violence politique vers la violencesociale, avec la participation de gangs criminels, prompts à profiter de lamoindre baisse de vigilance des policiers pour opérer au grand jour. Ce glis-sement a parfois démarré dès le début du mois de janvier.

Dans une troisième phase, à partir de la fin janvier 2008, les émeutes urbainesà Kisumu et Nairobi se sont calmées graduellement, et les violences se sontdéplacées vers d’autres zones de cohabitation ethnique : la ville de Nakuru (25 janvier) et ses banlieues, puis la ceinture horticole de Naivasha (27 janvier)et enfin la banlieue nord-occidentale de Nairobi (29 janvier) et les grandes

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plantations caféières de la province centrale. Il s’est agi là de vengeancesciblées visant cette fois les minorités de l’ouest, menées à l’instigation decertains hommes politiques kikuyu, grâce à l’appui de milices, comme Mungiki 16 – mais pas seulement. Les fermes horticoles de Naivasha, ou les labo-ratoires périurbains du Kenya Agricultural Research Institute et du KenyanForestry Research Institute à Muguga ont été les cibles de ces nettoyagesethniques 17. Ces violences organisées ont coïncidé avec les meurtres de deuxdéputés de l’opposition : celui de la circonscription d’Embakasi et celui d’Eldoret North, tué par un policier disant être l’époux de sa maîtresse 18 !Elles ont aussi coïncidé avec des menaces très personnalisées à l’encontre de certains des activistes des droits de l’homme les plus en vue et ce alors même que les pourparlers de sortie de crise entre le pouvoir et l’oppositionavaient lieu dans la capitale kényane, sous la houlette de Koffi Annan.

Durant toute cette période, des affrontements entre communautés pay-sannes ont perduré et se sont étendus, quoique de manière très localisée, dansle triangle Nakuru-Eldoret-Kericho. Ils ont été le fait des Kalenjin (Nandi etKipsgi surtout) et visaient à chasser non plus seulement les Kikuyu mais tousceux présentés comme des « allochtones » : Luo, Luhya et Kisii installés sur leurs « terres ancestrales » à la faveur des lotissements postcoloniaux desanciennes terres blanches et de certaines réserves forestières. Ces conflits ontparfois dérivé en bataille des frontières, c’est-à-dire en affrontements sur leslimites administratives entre districts au contenu ethnique différent. Le cas est très net entre le pays kisii et le pays kalenjin.

La violence n’a donc pas eu partout les mêmes modalités ni les mêmestemporalités. Derrière les règlements de compte, les intimidations et les bavuresplus ou moins volontaires de la police (bon nombre des morts portaient desimpacts de balles dans le dos 19), quelques tendances émergent où se trouvent

13. Human Rights Watch, Ballots to Bullets. Organized Political Violence and Kenya’s Crisis of Governance,rapport HRW, vol. 20, n° 1, mars 2008.14. Le drame a eu lieu le 1er janvier 2008. Il a été couvert par les rédactions du monde entier, et a marquéles esprits. Voir Human Rights Watch, Ballots to Bullets…, op. cit., p. 41.15. Sur ces questions, voir P. Ndungu, Report of the Commission of Inquiry into the Illegal/IrregularAllocation of Public Land, Nairobi, Government Printer, décembre 2004. 16. H. Maupeu, «Mungiki et les élections. Les mutations d’un prophétisme kikuyu», Politique africaine,n° 87, octobre 2002, p. 117-137 et «Le rôle des institutions religieuses», Cahiers de l’Afrique de l’Est, n° 37,2008, p. 129-160.17. Voir International Crisis Group (ICG), Kenya in Crisis, Africa Report n° 137, Nairobi, 21 février 2008.18. Sur ces deux affaires, voir les éditions quotidiennes du Daily Nation et The Standard, Nairobi, 29 janvier 2007- 2 février 2008.19. À la mi-janvier, Raila Odinga a emmené des délégations de journalistes internationaux, dontceux de la BBC, visiter la morgue de Kisumu, afin de leur montrer les impacts de balle sur les corps.

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mélangées une exaspération politique et une xénophobie visant principalementles minorités pensées comme « allochtones » 20.

Dans les villes, les violences ont touché d’abord les boutiquiers, principa-lement kikuyu ; à la campagne, elles ont visé les petits propriétaires terriens« allochtones ». Dans le premier cas, la violence s’est accompagnée de pillages ;dans l’autre, de la destruction des résidences des « allogènes », installés parfoisdepuis le début des années 1960, afin de réduire en cendres leurs titres foncierset décourager leur éventuel retour. Les rapports entre victimes et agresseurssont différents selon qu’il s’agit des violences urbaines ou rurales, mais dansce dernier cas, ce qui a souvent choqué, c’est que les attaquants connaissaientbien leurs cibles – leurs voisins parfois depuis des années. Difficile de ne paspenser dans ces conditions aux épisodes violents qui ont secoué les collinesdes États de la crête Congo-Nil, Rwanda et Burundi. Dans les campagnes del’ouest de la région de la vallée du Rift, des milices « kalenjin », agissant avecune certaine préparation et en concertation, ont été à l’origine des violences.Ces milices ont parfois investi les villes – Eldoret, par exemple –, les commis-sariats, les écoles ou les églises où s’étaient réfugiées leurs cibles.

En ville, les violences dans un premier temps ont souvent été spontanées,avec un caractère d’émeutes politiques rassemblant surtout des foules dejeunes hommes ; puis dans un second temps, les violences ont plutôt impliquédes sectes-gangs, qui se sont alors parfois livrées à de véritables nettoyagesethniques hyper localisés, notamment à Mathare. De son côté, contrairementà ce qui s’était passé en 1982 et 1990, le centre ville de Nairobi n’a connuaucune déprédation et, nonobstant la crainte des employés et les difficultés decirculation (liées à la pénurie de moyens de transport public et aux barragespoliciers plutôt qu’aux violences elles-mêmes), a fonctionné quasi normalementpendant toute la durée de la crise. La ségrégation urbaine pluridécennale, lestactiques policières et les stratégies électorales ont donc cantonné les violencesdans les quartiers pauvres.

Les conséquences territoriales des affrontements

postélectoraux

L’effet immédiat des violences a été de suspendre l’activité économique, déjàatone en cette période de vacances de fin d’année 21. En effet, elles ont cloisonnél’espace, réduit les mobilités, vidé les rues et surtout les marchés, les premièreslaissées aux forces de l’ordre, les seconds livrés aux pillards ou aux milices decommerçants. La limitation de la mobilité est l’une des conséquences de la crise :sur les routes, les barrages de vigilantes ou de policiers se sont multipliés,transformés en autant de péages et de roadblocks 22, lieux de prédation et de

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Politique africaine

Des fraudes aux violences. Cartographie d’une régression politique145

violence ciblée. Ces barrages ont coupé le pays en deux espaces de mobilités :l’Est d’un côté, où l’on circulait presque normalement ; et l’Ouest de l’autre, verslequel toute circulation était virtuellement interdite, notamment aux trans-porteurs désignés comme kikuyu – si bien que les entrepreneurs ougandais,coupés de leur accès à la mer, ont insisté auprès du pouvoir kenyan pour qu’ilsécurise le corridor Mombasa-Nairobi-Nakuru-Malaba-Busia. Ces barragesroutiers ont mobilisé des jeunes rebelles, apparemment insensibles aux messagesd’apaisement de leurs aînés et des leaders politiques locaux.

Au 15 janvier 2008, 250 000 personnes étaient déplacées et accueillies dansdes postes de police, des écoles, des foires ou des stades ; 6 000 personnes, aux trois quarts des Kikuyu, étaient réfugiées en Ouganda. Au début février,après les vengeances autour de Naivasha, la Croix-Rouge kényane parlait de 300 000 déplacés, réfugiés dans les commissariats, les prisons, certaines écoleset des missions, ou dans des camps de fortune. Sur ces 300 000 déplacés, 21 000 étaient localisés dans le camp d’Eldoret installé sur le champ de foire,37 000 dans les 4 camps de Kitale, 42 000 dans celui de Molo, 52 000 à Nakuru,16 000 à Naïvasha. Fin février, la Croix-Rouge annonçait 270 000 déplacésdans les camps et 230 000 déplacés accueillis dans les familles 23.

La géographie des déplacements est connue grossièrement : la majorité desdéplacés sont issus des settlement schemes des bordures occidentales de lavallée du Rift, des districts de Uasin Gishu et Nandi, puis des zones de salariatagricole de Naivasha, de Nakuru et de Thika. Les déplacés sont de petitspaysans, généralement kikuyu ou kamba, parfois kisii, souvent installés depuis une ou deux générations, ou bien des salariés agricoles et des petitsfonctionnaires luo ou luhya établis dans les zones dynamiques de la Provincecentrale et de l’est de la vallée du Rift. Tous espèrent rejoindre leurs « villagesd’origine », ou leurs « terres ancestrales » – ceux de l’ouest avec l’idée de nejamais revenir et les détenteurs de tenure foncière, principalement des Kikuyu,avec la ferme intention de revenir sur des terres qu’ils considèrent désormaiscomme leurs. Cette évolution a amené à une forme de « kikuyisation » dupetit personnel des fermes horticoles des alentours du lac Naivasha et de laprovince centrale. Les migrants luo, luhya et kalenjin y ont été remplacés

20. Sur la question de l’autochtonie et de l’allochtonie, liée à celle du majimbo, on se reportera aux textes d’Anne Cussac et Jérôme Lafargue dans le présent numéro.21. Sur les conséquences économiques des premiers jours de la crise voir R. Porhel, «Les conséquenceséconomiques de la crise politique », Cahiers de l’Afrique de l’Est, n° 37, 2008, p. 51-79.22. Cette formule plus agressive a significativement remplacé la dénomination « checkpoints ».23. La Croix-Rouge kényane actualise ses chiffres régulièrement. Voir <www.kenyaredcross.org>.

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par des déplacés kikuyu, chassés du pays masaï, particulièrement du districtde Narok, immédiatement au sud.

À Nairobi, dans les semaines qui ont suivi les émeutes, dans les quartierspopulaires (Kibera, Eastleigh, Mathare, Kangemi, Kawangware), des locatairesont été congédiés par leur propriétaire quand ils n’avaient pas la même iden-tité ethnique. En ville, un chassé-croisé a conduit à la mise en concordanceethnique ou régionale des locataires et des propriétaires, à l’échelle deslogements autant qu’à celle des quartiers. Dans les bidonvilles au peuplementbrassé, comme dans certains secteurs de Mathare, les gangs ont polarisél’espace, conduisant à une fragmentation communautaire nette, opposantterritoires kikuyu ou d’originaires de la Province centrale et de ses margeskamba et territoires luo ou d’originaires de l’ouest.

Enfin, un certain nombre de déplacés ont trouvé refuge non sur leurs terres« ancestrales » – que parfois ils ne connaissent que de nom et sur lesquelles ils ne sont pas toujours les bienvenus –, mais dans les bidonvilles de Nairobi,qui ont à souffrir de cette nouvelle congestion. On assiste donc à une aggra-vation de la pauvreté urbaine à la faveur de ces deux mois de crise. De l’avisdes acteurs de l’action humanitaire, unanimes, cette tendance risque deperdurer et de marquer sur le long terme le paysage urbain 24.

Ces évolutions spatiales vers une fragmentation accrue de l’espace, àtoutes les échelles, traduisent une ré-ethnicisation brutale des relations socialesvoire territoriales. L’espace public, conçu au sens idéel comme un espacerelativement neutre, s’est brutalement rétréci et fragmenté, territorialisé, parfoisà l’extrême. Le vote et son détournement par la fraude n’ont parfois été quele déclencheur de violences dont le dénominateur commun reste la catégori-sation et la diabolisation de l’autre comme étranger 25 ■

Bernard Calas

Ifra, Nairobi

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24. Table ronde des acteurs de l’humanitaire, ambassade de France à Nairobi, 19 février 2008.25. Sur cette thématique de la xénophobie, voir C. Médard, « Quelques clés pour démêler la crisekényane : spoliation, autochtonie et privatisation foncière », Cahiers de l’Afrique de l’Est, n° 37, 2008,p. 81-98.

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Politique africaine

Des fraudes aux violences. Cartographie d’une régression politique147

Les circonscriptions à problèmeaux Présidentielles30 décembre 2007

Circonscriptions sur lesquelles les deux partis s’accordent à dire que les résultats sont entachés d’irrégularités

Limite circonscription

Limite province

Conception : Bernard Calas, IFRARéalisation : Marie-Louise Penin, ADES CNRS 2008

EASTERN NORTHEASTERN

PROVINCERIFT

VALLEYWESTERN

NYANZA NAIROBI

COAST

MOMBASA

CENTRAL

Les circonscriptions à problème dans la présidentielle du

30 décembre 2007

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148 CONJONCTURE Élections et violences au Kenya

ODM K

ODM

PNU et alliés

Nouveaux députés

Limite circonscription

Limite province

Conception : Bernard Calas, IFRARéalisation : Marie-Louise Penin, ADES CNRS, 2008

Résultats des Législativesdu

27 décembre 2007

Résultats des Législatives du 27 décembre 2007

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Politique africaine

Des fraudes aux violences. Cartographie d’une régression politique149

Kenya, le territoire inversé ?Esquisse d’une typologie des violences

27 décembre 2007 - 28 février 2008

BaringoXX XX

XX XX

XXXX

XXXX

XXXX

XXXX

Émeutes liées à la frustration électorale

Foyers de violence préélectoraux

Violences contre les commerçants

Revanche ethnique Kikuyu / Luo + Kalenjin

Expulsions violentes des emplois de salariés agricoles

Coupeurs de route

Bataille frontalière

Route principale

Lacs

Limite des fortes densités

Au Nord, Kenya habituellement dangereux

XX

Xénophobies foncières

Éléments de contexte

Conception : Bernard Calas, IFRARéalisation : Marie-Louise Penin, ADES CNRS, 2008

NAIROBI

KISUMU

ELDORET

NAKURUKericho

Kisii

Kajiado

Narok

Naivasha

Malaba

Busia

Oliotokitok

Laikipia

MOMBASA

Thika

Nyeri

Mont Elgon

Narok

Kenya, le territoire inversé ?Esquisse d’une typologie des violences

27 décembre 2007 - 28 février 2008

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