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TENDANCES // TECH NOLOGI E Identité virtuelle: <<A chacun de décider>> @ Le fondateur de WISeKey estime que la protection de f identité numérique sera un des grands thèmes de ces prochains mois d'un point de r.ue tant politique qu'économique. Rencontre. ouR cARLos uoReine, de WISeKey, deux philosophies se font face en termes d'avenir de I économie numérique. Pour I'Europe, chaque pays doit avoir le contrôle de son infrastructure digitale. Pour les Américains, au contraire, cela ne sert à rien, ces derniers préfèrent déIéguer Ie contrôle global à de grandes sociétés qui §arrogent des monopoles. Rencontre avec cet entrepreneur qui emploie 120 collaborateurs dans le monde, dont 30 à Genève, et vend des solutions pour sécuriser des communautés de clients d'entreprise (Hublot, Real Madrid, etc.). en est le débat sur les questions de protection d'identité au niveau intetna- tional? 11y a de fortes oppositions. Dans un pays comme les Etats-Unis oir les gens n ont pas de carte d identité, cela revêt beau- coup moins d'importance. En Europe, nous plaçons notre conflance dans lEtat pour ces questions. Remarquez que le gouvernement américain à travers ses services de renseignement ne voit peut être pas d un mauvais æil qu'une société comme Facebook collecte des renseigne- ments confldentiels sur une communauté qui fait flgure désormais d un des plus grands pays du monde avec 1 milliard d'utiLisateurs... FauFil ôtre inquiet en termes de lestric- tion de la vie privée? Facebook va de plus en plus vers une collecte des données qui vous sont uniques (lire en page 63) . Cela pouvait se concevoir lorsque cette société cherchait à connaître votre comportement sur son réseau social. Mais ce n est plus acceptable quand Facebook relie ces données à des éléments aussi personnels que votre adresse et tous les renseignements qui permettent de vous identifler. Cette 16 BILAN CIIIO DOLLARS DE PUB, 6 FEVRIER 2013 Carlos Moreira, de WlSeKey: "ll y a de fortes oppositions entre les Etats-Unis et I'Europe.» personnalisation n est possible que si f internaute en est conscient et peut en tirer un avantage, coû[nercial ou autre. Mais cette idée de protection de I'identité digitale est débattue depuis longemps: c-omment plogresser? Certes, il est vrai que SwissID par exemple n a pas décollé. Tout simplement car il n y a pas eu d'applications utiles qui se sont développées à partir de 1à. Il faudrait pourtant pouvoir voter et payer des impôts par le biais de votre identité numérique, par exemple. Aux Etats-Unis, urte société commeFacebooknaaucun intérêt à protéger l'identité de Iutilisaterrr: chaque client avec son mur lui rapporte cinq dollars de publicité et ils visent à terme Ia barre des 40 dollars pour être le nouvel Apple en termes de rentabilité. Il est donc crucial pour eux d'identifier complètement leurs clients. Et que vont fairc les entreprises du net pour se prutéger d'une éventuelle perte de rcvenus si !a législation devenait plus contraignante pour elles? Elles vont faire en sorte de toucher leurs clients par un terminal. Facebook est une plate forme mais ils n ont pas accès à vous en bout de chaîne, là où vous êtes prêt à payer. C'est ce que Google a fait intelli- gemment avec Android comme terminal de son cloud. Gomment jugez-vous l'action de Free en France qui a déoidé que, en tant que responsable de ltinfrastructure, elle pouvait tÈs bien proposer à ses clients de ne pas livrer leurs données aux sites commeGoogle? C'était très intéressaIIt car, effectivement, nous devrons de plus en plus proposer le choix aux consommateurs de liwer ou pas leurs données à des tiers. Auparavant cela paraissait utopique, désormais c'est possible. La technologie le permet, et surtout les gouvernements peuvent imposer cette règle. Ce qui n a pas été le cas dans l'exemple de Free où, auflnal, une solutionmédiane avec Google a été trouvée. Qui dâ>idera à la fin sur ces questions de privacy: les gouvernements, les ins- tances intemationales? Les consommateurs, selon moi. fusqu'ici les gens ont été d'accord de rendre pu- blique leur vie sociale, que feront ils avec Ieur santé ou leur patrimoine? A chacun de décider. Vous êtes plus disposé à vous exposer quand vous êtes leune. Ensuite, cette envie dirninue, mais la plupart du temps vous ne souhaitez pas en arriver à la soiution radicale qui consisterait à vous couper des réseaux sociaux. I1 faut donc développer dans les infrastructures des mécanismes qui permettent d' évoluer avec les besoins des utilisatews. La tech- nologie peut apporter des solutions. Que fait votre société dans ce domaine? Nous proposons une sorte de porte mon- naie numérique vous stockez \-os mots de passe et idenrités: il r-ous sert à vous connecter à r'os sites, eban- king. e-mail. etc., mais siun L'UTILISATEUR:CHAQUE jourvous souhaitezdisparaître «FACEBOOl( II'AAUCUtl ItliÉnFIPROIIcER ùDEIITÉDE CLIEIII LIJIRAPPORTE numeriquement c'est possible, car nous avons amené une soludon de cr]ptage. B F ts o o ô ô È o -

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TENDANCES // TECH NOLOGI E

Identité virtuelle: <<A

chacun de décider>>@ Le fondateur de WISeKey estimeque la protection de f identité numérique sera undes grands thèmes de ces prochains mois d'un pointde r.ue tant politique qu'économique. Rencontre.

ouR cARLos uoReine, deWISeKey, deux philosophies se

font face en termes d'avenir deI économie numérique. PourI'Europe, chaque pays doit

avoir le contrôle de son infrastructuredigitale. Pour les Américains, au contraire,cela ne sert à rien, ces derniers préfèrentdéIéguer Ie contrôle global à de grandes

sociétés qui §arrogent des monopoles.Rencontre avec cet entrepreneur quiemploie 120 collaborateurs dans le monde,dont 30 à Genève, et qü vend des solutionspour sécuriser des communautés declients d'entreprise (Hublot, Real Madrid,etc.).

Où en est le débat sur les questions deprotection d'identité au niveau intetna-tional?11y a de fortes oppositions. Dans un pays

comme les Etats-Unis oir les gens n ontpas de carte d identité, cela revêt beau-coup moins d'importance. En Europe,nous plaçons notre conflance dans lEtatpour ces questions. Remarquez que legouvernement américain à travers ses

services de renseignement ne voit peutêtre pas d un mauvais æil qu'une sociétécomme Facebook collecte des renseigne-ments confldentiels sur une communautéqui fait flgure désormais d un des plusgrands pays du monde avec 1 milliardd'utiLisateurs...

FauFil ôtre inquiet en termes de lestric-tion de la vie privée?Facebook va de plus en plus vers unecollecte des données qui vous sontuniques (lire en page 63) . Cela pouvait se

concevoir lorsque cette société cherchait à

connaître votre comportement sur sonréseau social. Mais ce n est plus acceptablequand Facebook relie ces données à deséléments aussi personnels que votreadresse et tous les renseignements quipermettent de vous identifler. Cette

16 BILAN

CIIIO DOLLARS DE PUB,

6 FEVRIER 2013

Carlos Moreira, de WlSeKey: "ll y a de fortes

oppositions entre les Etats-Unis et I'Europe.»

personnalisation n est possible que si

f internaute en est conscient et peut entirer un avantage, coû[nercial ou autre.

Mais cette idée de protection de I'identitédigitale est débattue depuis longemps:c-omment plogresser?Certes, il est vrai que SwissID par exemplen a pas décollé. Tout simplement car il n ya pas eu d'applications utiles qui se sontdéveloppées à partir de 1à. Il faudraitpourtant pouvoir voter et payer des impôtspar le biais de votre identiténumérique, par exemple. AuxEtats-Unis, urte sociétécommeFacebooknaaucunintérêt à protéger l'identité deIutilisaterrr: chaque client avec

son mur lui rapporte cinqdollars de publicité et ils visentà terme Ia barre des 40 dollars

pour être le nouvel Apple en termes derentabilité. Il est donc crucial pour euxd'identifier complètement leurs clients.

Et que vont fairc les entreprises du netpour se prutéger d'une éventuelle pertede rcvenus si !a législation devenait pluscontraignante pour elles?Elles vont faire en sorte de toucher leursclients par un terminal. Facebook est uneplate forme mais ils n ont pas accès à vousen bout de chaîne, là où vous êtes prêt àpayer. C'est ce que Google a fait intelli-gemment avec Android comme terminalde son cloud.

Gomment jugez-vous l'action de Free enFrance qui a déoidé que, en tant queresponsable de ltinfrastructure, ellepouvait tÈs bien proposer à ses clientsde ne pas livrer leurs données aux sitescommeGoogle?C'était très intéressaIIt car, effectivement,nous devrons de plus en plus proposer lechoix aux consommateurs de liwer ou pas

leurs données à des tiers. Auparavant celaparaissait utopique, désormais c'estpossible. La technologie le permet, etsurtout les gouvernements peuventimposer cette règle. Ce qui n a pas été lecas dans l'exemple de Free où, auflnal,une solutionmédiane avec Google a été

trouvée.

Qui dâ>idera à la fin sur ces questions deprivacy: les gouvernements, les ins-tances intemationales?Les consommateurs, selon moi. fusqu'iciles gens ont été d'accord de rendre pu-blique leur vie sociale, que feront ils avecIeur santé ou leur patrimoine? A chacunde décider. Vous êtes plus disposé à vousexposer quand vous êtes leune. Ensuite,cette envie dirninue, mais la plupart dutemps vous ne souhaitez pas en arriver à lasoiution radicale qui consisterait à vouscouper des réseaux sociaux. I1 faut doncdévelopper dans les infrastructures desmécanismes qui permettent d' évolueravec les besoins des utilisatews. La tech-nologie peut apporter des solutions.

Que fait votre société dans ce domaine?Nous proposons une sorte de porte mon-

naie numérique où vousstockez \-os mots de passe etidenrités: il r-ous sert à vousconnecter à r'os sites, eban-king. e-mail. etc., mais siun

L'UTILISATEUR:CHAQUE jourvous souhaitezdisparaître

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ItliÉnFIPROIIcER

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