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générales GÉNÉRALES I ACTEURS ÉCONOMIQUES I PRODUITS NOUVEAUX I LIVRES & AGENDA REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - FÉVRIER 2010 - N°419 // 13 Biologistes sans Frontières : 112 missions depuis 1992 BSF/Biologistes sans Frontières est une modeste ONG, comme elle se décrit, organisation non gouvernemen- tale créée en 1992 par des médecins et pharmaciens, internes en biologie des hôpitaux de Lyon, devenue en 18 ans un acteur reconnu de l’humanitaire sur le créneau étroit du diagnostic et suivi biologiques dans des régions du monde dépourvues ou sous-équipées en laboratoires, loin des centres de soin urbains. BSF intervient en Afrique subsaharienne, Europe de l’Est (Arménie, Géorgie, Serbie) et Asie (Vietnam, Laos, Cambodge, Afghanistan), et a depuis 1992 réalisé 112 missions de 2 types : renforcer le potentiel et la compétence d’un laboratoire existant mais défaillant, créer un mini-laboratoire de toute pièce. BSF collabore avec les humanitaires français ou étrangers déjà sur le terrain. Les missions sont définies selon des critères dans l’esprit de l’Initiative de Bamako : - développement à long terme, avec retour dans le temps des missions sur un même site ; - collaboration avec les autorités sani- taires locales mais gestion propre des moyens apportés pour éviter détourne- ment ou prévarication ; - intervention si un besoin existe, est exprimé, identifié et justifié ; - missions courtes (2-3 semaines) si possible en binôme : un senior (souvent un retraité) et un junior (souvent un interne). Le vœu de BSF est l’appropriation par les bénéficiaires des connaissances appor- tées : formation de techniciens (pratique biologique, gestion du laboratoire) et des prescripteurs, sinon il y a risque que l’im- plantation périclite après le départ de l’ONG. But : rendre autonomes à terme les personnels formés. Les moyens de BSF dépendent du béné- volat des missionnaires, du soutien finan- cier et de la solidarité de la profession : don de matériel réformé mais en état de marche et utilisable dans les pays aidés (liste des équipements recher- chés sur le site de BSF) ; adhésion à BSF par une cotisation modeste (40 € en 2009), accompagnée si possible d’un don plus important, les dispositions fis- cales actuelles permettant de déduire 66 % du montant de la cotisation et des dons du revenu. Cotisations et dons aident BSF à acheter petits matériels de laboratoire et pièces détachées, à réviser les équipements de seconde main, à payer les billets d’avion, les assurances obligatoires et les traite- ments antipaludéens des missionnaires. Sur place les structures aidées prennent généralement en charge « le gîte et le couvert »…..en fonction des conditions locales, parfois très spartiates. © BURGER/PHANIE © BURGER/PHANIE Résistance au clopidogrel ou non observance? Pas plus qu’une résistance pharmacologique alléguée à l’action antiplaquettaire de l’aspi- rine, une résistance au clopidogrel (Plavix ® ) n’est a priori crédible si l’on ne vérifie pas l’observance du patient à cette alternative à l’aspirine. Selon une étude parue dans l’American Heart Journal, la réalité d’une résistance spécifique n’est pas avérée, mais plutôt un manque d’ob- servance (adherence), ce qui expose le patient désobéissant au risque d’accidents cardio-cé- rébrovasculaires, y compris une thrombose in- tra- stent fraîchement inséré, expliquent Victor Serebruany et coll. (Johns Hopkins University, Towson, Maryland). La non observance peut être suspectée en me- surant le taux du métabolite carboxyl inactif (ICM) du clopidogrel, marqueur biologique le plus intéressant puisqu’il corréle à l’inhibition de l’agrégation plaquettaire. Le clinicien peut (pourrait ?) en théorie demander au laboratoire de biologie médicale un dosage qualitatif et/ou quantitatif des métabolites d’un médicament, ou encore en comparant le niveau d’anti-agrégation sous traitement par rapport au niveau d’agrégation avant le traitement. On peut ainsi doser l’ICM dans le sang, la non ob- servance correspondant à un taux inférieur à 5 000 ng/mL. Dans cette étude, l’incidence de la non obser- vance (non compliance) est estimée à 22 %, mais elle est plus élevée chez les patients ayant sur- vécu à un AVC ischémique (38 %), plus basse chez les patients coronariens (14 %). Le dosage des métabolites du clopidogrel chez les patients vasculaires devrait être effectué en routine, comme élément contribuant à l’efficacité du traitement, pour le bien-être des patients, disent les auteurs. Le suivi thérapeutique en biologie devrait être plus souvent demandé, car il permettrait aussi de détecter des résistances vraies, ayant une base pharmacogénomique af- fectant le métabolisme du médicament. Source : Association of platelet responsiveness with clopidogrel metabolism: role of compliance in the assessment of “resistance”. Am Heart J 2009;158:925-32 : BRÈVES BSF a ouvert en 2006 une antenne Ile- de-France (Marie-Josèphe Cals), en 2008 une en Bretagne-Pays-de-Loire (Joseph Cuziat, Jean-François Tourtelier), bientôt en PACA (Danièle Caparros, Blandine Coquart). Les antennes visent à mieux faire connaître ses actions et à augmen- ter le nombre d’adhérents, modeste par rapport aux 10 000 biologistes exerçant en France. Information : www.bsf.asso.fr - [email protected]

Biologistes sans Frontières : 112 missions depuis 1992

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généralesGÉNÉRALES I ACTEURS ÉCONOMIQUES I PRODUITS NOUVEAUX I LIVRES & AGENDA

REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - FÉVRIER 2010 - N°419 // 13

Biologistes sans Frontières : 112 missions depuis 1992BSF/Biologistes sans Frontières est une modeste ONG, comme elle se décrit, organisation non gouvernemen-tale créée en 1992 par des médecins et pharmaciens, internes en biologie des hôpitaux de Lyon, devenue en 18 ans un acteur reconnu de l’humanitaire sur le créneau étroit du diagnostic et suivi biologiques dans des régions du monde dépourvues ou sous-équipées en laboratoires, loin des centres de soin urbains.

BSF intervient en Afrique subsaharienne, Europe de l’Est (Arménie, Géorgie, Serbie) et Asie (Vietnam, Laos, Cambodge, Afghanistan), et a depuis 1992 réalisé 112 missions de 2 types : renforcer le potentiel et la compétence d’un laboratoire existant mais défaillant, créer un mini-laboratoire de toute pièce. BSF collabore avec les humanitaires français ou étrangers déjà sur le terrain.Les missions sont définies selon des critères dans l’esprit de l’Initiative de Bamako :- développement à long terme, avec retour dans le temps des missions sur un même site ;- collaboration avec les autorités sani-taires locales mais gestion propre des moyens apportés pour éviter détourne-ment ou prévarication ;- intervention si un besoin existe, est exprimé, identifié et justifié ;- missions courtes (2-3 semaines) si possible en binôme : un senior (souvent un retraité) et un junior (souvent un interne).Le vœu de BSF est l’appropriation par les bénéficiaires des connaissances appor-tées : formation de techniciens (pratique biologique, gestion du laboratoire) et des prescripteurs, sinon il y a risque que l’im-plantation périclite après le départ de l’ONG. But : rendre autonomes à terme les personnels formés.Les moyens de BSF dépendent du béné-volat des missionnaires, du soutien finan-cier et de la solidarité de la profession : don de matériel réformé mais en état de marche et utilisable dans les pays aidés (liste des équipements recher-

chés sur le site de BSF) ; adhésion à BSF par une cotisation modeste (40 € en 2009), accompagnée si possible d’un don plus important, les dispositions fis-cales actuelles permettant de déduire 66 % du montant de la cotisation et des dons du revenu.Cotisations et dons aident BSF à acheter petits matériels de laboratoire et pièces détachées, à réviser les équipements de seconde main, à payer les billets d’avion, les assurances obligatoires et les traite-ments antipaludéens des missionnaires. Sur place les structures aidées prennent généralement en charge « le gîte et le couvert »…..en fonction des conditions locales, parfois très spartiates.

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Résistance au clopidogrel ou non observance ?Pas plus qu’une résistance pharmacologique alléguée à l’action antiplaquettaire de l’aspi-rine, une résistance au clopidogrel (Plavix®) n’est a priori crédible si l’on ne vérifie pas l’observance du patient à cette alternative à l’aspirine.Selon une étude parue dans l’American Heart Journal, la réalité d’une résistance spécifique n’est pas avérée, mais plutôt un manque d’ob-servance (adherence), ce qui expose le patient désobéissant au risque d’accidents cardio-cé-rébrovasculaires, y compris une thrombose in-tra- stent fraîchement inséré, expliquent Victor Serebruany et coll. (Johns Hopkins University, Towson, Maryland).La non observance peut être suspectée en me-surant le taux du métabolite carboxyl inactif (ICM) du clopidogrel, marqueur biologique le plus intéressant puisqu’il corréle à l’inhibition de l’agrégation plaquettaire.Le clinicien peut (pourrait ?) en théorie demander au laboratoire de biologie médicale un dosage qualitatif et/ou quantitatif des métabolites d’un médicament, ou encore en comparant le niveau d’anti-agrégation sous traitement par rapport au niveau d’agrégation avant le traitement. On peut ainsi doser l’ICM dans le sang, la non ob-servance correspondant à un taux inférieur à 5 000 ng/mL.Dans cette étude, l’incidence de la non obser-vance (non compliance) est estimée à 22 %, mais elle est plus élevée chez les patients ayant sur-vécu à un AVC ischémique (38 %), plus basse chez les patients coronariens (14 %).Le dosage des métabolites du clopidogrel chez les patients vasculaires devrait être effectué en routine, comme élément contribuant à l’efficacité du traitement, pour le bien-être des patients, disent les auteurs. Le suivi thérapeutique en biologie devrait être plus souvent demandé, car il permettrait aussi de détecter des résistances vraies, ayant une base pharmacogénomique af-fectant le métabolisme du médicament.

Source : Association of platelet responsiveness with clopidogrel metabolism: role of compliance in the assessment of “resistance”. Am Heart J 2009;158:925-32 :

BRÈVES

BSF a ouvert en 2006 une antenne Ile-de-France (Marie-Josèphe Cals), en 2008 une en Bretagne-Pays-de-Loire (Joseph Cuziat, Jean-François Tourtelier), bientôt en PACA (Danièle Caparros, Blandine Coquart). Les antennes visent à mieux faire connaître ses actions et à augmen-ter le nombre d’adhérents, modeste par rapport aux 10 000 biologistes exerçant en France.

Information : www.bsf.asso.fr - [email protected]