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1S46 ADF 2007 – Communications orales Ann Dermatol Venereol 2007;134:1S30-1S62 il doit empêcher le bébé de rester à la position fœtale, c’est-à-dire à un stade animal de son développement, en quelque sorte le faire pas- ser de la nature à la culture. – les pratiques de massage, traditionnels en Inde et en Afrique : ef- fleurage, pétrissage, parfois véritables « gymnastiques », étonnantes aux regards occidentaux. Sur le plan physique, l’étirement des articu- lations vise à favoriser la croissance du bébé. Le massage, par des hui- les végétales ou le beurre de karité a pour but de fortifier ses muscles sans quoi il resterait chétif. Là encore la symbolique est forte entre la pousse du petit humain et la pousse des arbres : l’enfant grandit par ses articulations et par sa tête qui fait figure de bourgeon. Dans les so- ciétés de l’Afrique de l’ouest, l’enfant est « un retour d’ancêtre »; il doit donc être surveillé et choyé pour accepter de rester dans le monde des vivants. L’autonomisation, dans la petite enfance, n’est pas la priorité. L’engouement actuel en Occident, pour des pratiques venues d’ailleurs (néo-portage africain, néo-massage indien) sont le reflet d’un refus du « tout-médicalisé » rationnel et directif, d’une rupture progressive avec le religieux et le sacré et d’une ouverture aux nou- velles sciences que sont la psychologie et la psychanalyse, valorisant l’importance du contact charnel entre le bébé et le personnage ma- ternant, pour son épanouissement présent et à venir. Références 1. Fauvel Gauberti AM. Mémoire de DU de dermato-psychologie. Brest 2005-2006. 2. Guidetti M, Lallemand S, Morel MF. Enfances d’ailleurs, d’hier et d’aujourd’hui. Ed A. Colin, 2004. Observations malgaches d’association lupus érythémateux et thyroïdite de Hashimoto RAMAROZATOVO L (1), RANDRIANASOLO FMP (1), RANIVONTSOARIVONY M (2), RAVELOMANANTENA H (1), RATRIMOARIVONY C (1), RAPELANORO RABENJA F (1) (1) USFR Dermatologie Rhumatologie, CHU d’Antananarivo, Madagascar. (2) Endocrinologue, Laboratoire de Radio Isotopes Ampandrianomby Antananarivo, Madagascar. Introduction : Le lupus érythémateux est l’une des maladies auto- immunes le plus fréquemment rencontrées sur peau noire. Elle est dans la grande majorité des cas isolée mais peut être associée à des désordres immunitaires en particulier à la thyroïdite de Hashimoto. Nous rapportons ici les 2 premiers cas malgaches d’association de lupus érythémateux et de thyroïdite de Hashimoto [1, 2]. Observations : Il s’agissait des observations médicales de 2 cas de lupus associés à une thyroïdite de Hashimoto parmi 41 cas de lupus érythémateux recensé dans le service de dermatologie rhumatologie du CHU d’Antananarivo sur une période de 54 mois allant de janvier 2002 à mai 2006. Observation 1 : M me R., 35 ans, était venue en consultation pour des lésions cutanées chroniques atrophiques du visage et du corps. Elle présentait depuis l’âge de 18 ans des lésions cutanées irréguliè- res cicatricielles atropiques dont certaines sont pigmentées et d’autres hypochromiques au niveau des régions malaires et tempo- rales, des oreilles, des joues, du tronc, des 4 membres, du cuir che- velu avec des lésions cicatricielles atrophiques associées à une sclérodactylie bilatérale. On notait des antécédents de syndrome de Raynaud depuis l’enfance et une notion de céphalée chronique. Son état général était bon et elle n’était pas fébrile. L’examen clini- que était normal à part les lésions cutanées. Sur le plan paraclinique, la VS était accélérée à 140 mm à la première heure, l’hémogramme et le bilan rénal étaient sans anomalie. La recherche d’anticorps an- tinucléaires était positive et d’aspect moucheté, les ANCA étaient po- sitifs et les anticorps anti-DNA natif négatifs ainsi que les anticorps anti-antigènes nucléaires solubles. L’histologie cutanée montrait un aspect évocateur de lupus chronique discoïde. Ainsi, le diagnostic de lupus discoïde généralisé était posé et la patiente était mise sous cor- ticothérapie orale à 1 mg/kg de poids par jour, sous antipaludéens de synthèse, vasodilatateurs périphériques et photoprotection asso- ciée à des séances de kinésithérapie mobilisatrice de ses doigts. L’évolution clinique était favorable avec amélioration nette des lé- sions cutanées. Deux ans après, la patiente présentait des signes cli- niques frustes d’hyperthyroïdie. Elle présentait un goître stade 3 clinique non présent à l’examen initial. Le taux de TSH était bas, T3 élevé et la recherche d’anticorps antithyroïdiens négative. La scintigraphie thyroïdienne montrait des signes en faveur d’un goître nodulaire pré toxique. Le diagnostic de thyroïdite de Hashimoto était posé et le néomercazole était associé à son traitement. Les signes d’hyperthyroïdie s’étaient amendés et l’évolution clini- que favorable après un recul de 6 mois. Observation 2 : M me A., 46 ans, était vue en consultation pour des lésions pigmentées du visage et une alopécie diffuse. Elle présentait des lésions cutanées maculaires pigmentées au niveau des pavillons des oreilles, des régions malaires et une alopécie diffuse avec des lé- sions ulcérées du cuir chevelu, le tout évoluant depuis 10 ans. Ces lésions étaient associées à une polyarthralgie des grosses articu- lations d’allure inflammatoire dans un contexte fébrile. Elle n’avait aucun antécédent pathologique particulier. L’examen clinique à part les lésions cutanées trouvait un goître stade 2 sans signe de dysthy- roïdie. Sur le plan paraclinique, on notait une leucopénie à 3 300 à l’hémogramme, une VS à 32 mm à la première heure, un bilan ré- nal et un bilan hépatique normaux. Les anticorps anti-DNA natif et anti-ENA étaient négatifs. L’histologie cutanée montrait des signes évocateurs de lupus chronique. Par ailleurs, le taux de TSH était bas et les anticorps anti-thyroïdiens négatifs. Le diagnostic de lupus sys- témique avec atteintes cutanées, hématologiques et articulaires as- socié à une thyroïdite de Hashimoto était posé et la patiente était mise sous corticothérapie par voie générale à 1 mg/kg de poids par jour associée à des antipaludéens de synthèse et une photoprotec- tion. L’évolution clinique était favorable avec amélioration des lé- sions cutanées et des arthralgies. Discussion : L’association de la thyroïdite de Hashimoto avec une maladie auto-immune n’est pas rare. Elle peut précéder, être asso- ciée ou suivre une connectivite déterminée. Des auteurs rapportent une plus grande fréquence de son association avec la connectivite mixte ou la sclérodermie et plus rarement avec le lupus érythéma- teux. Chez notre premier cas, la thyroïdite n’était apparue que 2 ans après le début du lupus malgré la corticothérapie, et elle était asso- ciée à la maladie dès le début chez le deuxième cas. Cette association reste rare chez les Malgaches. Conclusion : Ces 2 cas illustrent la possibilité de cette association même chez la peau noire. Ainsi, tout patient atteint de maladie auto- immune doit bénéficier d’exploration de la glande thyroïde dans la crainte d’une association avec une thyroïdite de Hashimoto. Références 1. Biro E, Szekanecz Z, Czirjak L, et al. Association of systemic and thyroid autoimmune diseases. Clin Rheumatol 2006;25:240-5. 2. Gaches F, Delaire L, Nadalon S, Loustaud-Ratti V, Vidal E. The frequen- cy of autoimmune diseases in 218 patients suffering from autoimmune thyroid diseases. Rev Med Interne 1998;19:173-9. C035

C035 - Observations malgaches d’association lupus érythémateux et thyroïdite de Hashimoto

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ADF 2007 – Communications orales Ann Dermatol Venereol2007;134:1S30-1S62

il doit empêcher le bébé de rester à la position fœtale, c’est-à-dire à

un stade animal de son développement, en quelque sorte le faire pas-

ser de la nature à la culture.

– les pratiques de massage, traditionnels en Inde et en Afrique : ef-fleurage, pétrissage, parfois véritables « gymnastiques », étonnantesaux regards occidentaux. Sur le plan physique, l’étirement des articu-lations vise à favoriser la croissance du bébé. Le massage, par des hui-les végétales ou le beurre de karité a pour but de fortifier ses musclessans quoi il resterait chétif. Là encore la symbolique est forte entre lapousse du petit humain et la pousse des arbres : l’enfant grandit parses articulations et par sa tête qui fait figure de bourgeon. Dans les so-ciétés de l’Afrique de l’ouest, l’enfant est « un retour d’ancêtre »; il doitdonc être surveillé et choyé pour accepter de rester dans le monde desvivants. L’autonomisation, dans la petite enfance, n’est pas la priorité.

L’engouement actuel en Occident, pour des pratiques venues

d’ailleurs (néo-portage africain, néo-massage indien) sont le refletd’un refus du « tout-médicalisé » rationnel et directif, d’une rupture

progressive avec le religieux et le sacré et d’une ouverture aux nou-

velles sciences que sont la psychologie et la psychanalyse, valorisantl’importance du contact charnel entre le bébé et le personnage ma-

ternant, pour son épanouissement présent et à venir.

Références

1. Fauvel Gauberti AM. Mémoire de DU de dermato-psychologie. Brest2005-2006.

2. Guidetti M, Lallemand S, Morel MF. Enfances d’ailleurs, d’hier etd’aujourd’hui. Ed A. Colin, 2004.

Observations malgaches d’association lupus érythémateux et thyroïdite de Hashimoto

RAMAROZATOVO L (1), RANDRIANASOLO FMP (1), RANIVONTSOARIVONY M (2), RAVELOMANANTENA H (1), RATRIMOARIVONY C (1), RAPELANORO RABENJA F (1)

(1) USFR Dermatologie Rhumatologie, CHU d’Antananarivo, Madagascar.(2) Endocrinologue, Laboratoire de Radio Isotopes Ampandrianomby Antananarivo, Madagascar.

Introduction : Le lupus érythémateux est l’une des maladies auto-immunes le plus fréquemment rencontrées sur peau noire. Elle estdans la grande majorité des cas isolée mais peut être associée à desdésordres immunitaires en particulier à la thyroïdite de Hashimoto.Nous rapportons ici les 2 premiers cas malgaches d’association delupus érythémateux et de thyroïdite de Hashimoto [1, 2].

Observations : Il s’agissait des observations médicales de 2 cas delupus associés à une thyroïdite de Hashimoto parmi 41 cas de lupusérythémateux recensé dans le service de dermatologie rhumatologiedu CHU d’Antananarivo sur une période de 54 mois allant dejanvier 2002 à mai 2006.– Observation 1 : Mme R., 35 ans, était venue en consultation pour deslésions cutanées chroniques atrophiques du visage et du corps.Elle présentait depuis l’âge de 18 ans des lésions cutanées irréguliè-res cicatricielles atropiques dont certaines sont pigmentées etd’autres hypochromiques au niveau des régions malaires et tempo-rales, des oreilles, des joues, du tronc, des 4 membres, du cuir che-velu avec des lésions cicatricielles atrophiques associées à unesclérodactylie bilatérale. On notait des antécédents de syndrome deRaynaud depuis l’enfance et une notion de céphalée chronique.Son état général était bon et elle n’était pas fébrile. L’examen clini-que était normal à part les lésions cutanées. Sur le plan paraclinique,la VS était accélérée à 140 mm à la première heure, l’hémogrammeet le bilan rénal étaient sans anomalie. La recherche d’anticorps an-tinucléaires était positive et d’aspect moucheté, les ANCA étaient po-sitifs et les anticorps anti-DNA natif négatifs ainsi que les anticorpsanti-antigènes nucléaires solubles. L’histologie cutanée montrait unaspect évocateur de lupus chronique discoïde. Ainsi, le diagnostic delupus discoïde généralisé était posé et la patiente était mise sous cor-ticothérapie orale à 1 mg/kg de poids par jour, sous antipaludéensde synthèse, vasodilatateurs périphériques et photoprotection asso-ciée à des séances de kinésithérapie mobilisatrice de ses doigts.L’évolution clinique était favorable avec amélioration nette des lé-sions cutanées. Deux ans après, la patiente présentait des signes cli-niques frustes d’hyperthyroïdie. Elle présentait un goître stade3 clinique non présent à l’examen initial. Le taux de TSH était bas,T3 élevé et la recherche d’anticorps antithyroïdiens négative. Lascintigraphie thyroïdienne montrait des signes en faveur d’un goîtrenodulaire pré toxique. Le diagnostic de thyroïdite de Hashimotoétait posé et le néomercazole était associé à son traitement.Les signes d’hyperthyroïdie s’étaient amendés et l’évolution clini-que favorable après un recul de 6 mois.

– Observation 2 : Mme A., 46 ans, était vue en consultation pour deslésions pigmentées du visage et une alopécie diffuse. Elle présentaitdes lésions cutanées maculaires pigmentées au niveau des pavillonsdes oreilles, des régions malaires et une alopécie diffuse avec des lé-sions ulcérées du cuir chevelu, le tout évoluant depuis 10 ans.Ces lésions étaient associées à une polyarthralgie des grosses articu-lations d’allure inflammatoire dans un contexte fébrile. Elle n’avaitaucun antécédent pathologique particulier. L’examen clinique à partles lésions cutanées trouvait un goître stade 2 sans signe de dysthy-roïdie. Sur le plan paraclinique, on notait une leucopénie à 3 300 àl’hémogramme, une VS à 32 mm à la première heure, un bilan ré-nal et un bilan hépatique normaux. Les anticorps anti-DNA natif etanti-ENA étaient négatifs. L’histologie cutanée montrait des signesévocateurs de lupus chronique. Par ailleurs, le taux de TSH était baset les anticorps anti-thyroïdiens négatifs. Le diagnostic de lupus sys-témique avec atteintes cutanées, hématologiques et articulaires as-socié à une thyroïdite de Hashimoto était posé et la patiente étaitmise sous corticothérapie par voie générale à 1 mg/kg de poids parjour associée à des antipaludéens de synthèse et une photoprotec-tion. L’évolution clinique était favorable avec amélioration des lé-sions cutanées et des arthralgies.

Discussion : L’association de la thyroïdite de Hashimoto avec unemaladie auto-immune n’est pas rare. Elle peut précéder, être asso-ciée ou suivre une connectivite déterminée. Des auteurs rapportentune plus grande fréquence de son association avec la connectivitemixte ou la sclérodermie et plus rarement avec le lupus érythéma-teux. Chez notre premier cas, la thyroïdite n’était apparue que 2 ansaprès le début du lupus malgré la corticothérapie, et elle était asso-ciée à la maladie dès le début chez le deuxième cas. Cette associationreste rare chez les Malgaches.

Conclusion : Ces 2 cas illustrent la possibilité de cette associationmême chez la peau noire. Ainsi, tout patient atteint de maladie auto-immune doit bénéficier d’exploration de la glande thyroïde dans lacrainte d’une association avec une thyroïdite de Hashimoto.

Références

1. Biro E, Szekanecz Z, Czirjak L, et al. Association of systemic and thyroidautoimmune diseases. Clin Rheumatol 2006;25:240-5.

2. Gaches F, Delaire L, Nadalon S, Loustaud-Ratti V, Vidal E. The frequen-cy of autoimmune diseases in 218 patients suffering from autoimmunethyroid diseases. Rev Med Interne 1998;19:173-9.

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