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RÉPUBLIQUE DU TCHAD MINISTÈRE DE LENVIRONNEMENT ET DES RESSOURCES HALIEUTIQUES Direction générale des ressources halieutiques / Direction de développement de l’aquaculture ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE Projet FAO/TCP/CHD/3204 ‘Appui au secteur de l’aquaculture au Tchad’ CADRE STRATÉGIQUE DE DÉVELOPPEMENT DE LAQUACULTURE AU TCHAD

CADRE STRATEGIQUE DE DEVELOPPEMENT DE L’AQUACULTURE AU TCHAD (Juin 2010)

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Distinction entre aquaculture et pratiques de pêche continentale ‘amplifiée’L’aquaculture, selon la FAO, se définit comme « la culture d’organismes aquatiques, ce qui comprend les poissons, les mollusques, les crustacés et les plantes aquatiques ». Il existe plusieurs branches de l’aquaculture : la pisciculture fait référence à la culture (élevage) des poissons, l’algoculture à celle des algues, la crevetticulture à celle de la crevette, etc. La frontière entre certaines formes de pêche continentale et la pisciculture peut être considérée de perméable, si l’on fait référence aux pratiques de ‘pêche amplifiée’. Ces pratiques visent à améliorer ou forcer la productivité biologique par rapport à la productivité naturelle de certains milieux aquatiques exploités par la pêche continentale, notamment en zones de plaines d’inondation, au travers d’opérations d’ingénierie environnementale (ex. surcreusement des mares, empoissonnement, allongement de la durée de mise en eau des mares temporaires, etc.). Mais cela demeure du domaine de la pêche (c’est à dire de la collecte de produits halieutiques en milieu naturel). Or, il est fréquent de lire dans des documents techniques que ces pratiques constituent au Tchad une « forme traditionnelle d’aquaculture » appelée ‘pisciculture communautaire’, ce qui constitue un abus de langage.En effet, ces pratiques ne constituent pas à proprement parler des formes d’aquaculture dans la mesure où l’aquaculture sous-entend l’application de techniques d’élevage (intensif, semi-intensif ou extensif) dans des espaces aquatiques de petite taille (i.e. à l’échelle d’étangs ou de bassins) ou en cages, ainsi qu’une notion d’appropriation et de contrôle de l’accès à cet espace aquatique par son propriétaire . Un autre abus de langage se rencontre fréquemment dans la littérature technique relative à l’aquaculture au Tchad. Il concerne l’existence de pratiques traditionnelles d’aquaculture de spiruline (algue bleue), et plus spécifiquement de l’espèce Spirulina platensis. Or, en réalité, celles-ci reposent sur des activités de collecte dans certains sites de la zone agro-écologique du lac Tchad où cette micro-algue se rencontre à l’état naturel. Les éléments de définition précisés ci-dessus ont pour objet de spécifier le champ d’application du présent document de Cadre stratégique qui concerne bien l’aquaculture.

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RÉPUBLIQUE DU TCHADMINISTÈRE DE L’ENVIRONNEMENT ET DES RESSOURCES HALIEUTIQUESDirection générale des ressources halieutiques / Direction de développement de l’aquaculture

ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE

Projet FAO/TCP/CHD/3204‘Appui au secteur de l’aquaculture au Tchad’

CADRE STRATÉGIQUE DE DÉVELOPPEMENT DE L’AQUACULTURE AU TCHAD

Juin 2010

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Préparation

Le présent document a été préparé dans le cadre du projet FAO/TCP/CHD/3204 ‘Appui au secteur de l’aquaculture au Tchad’ FAO, avec l’appui d’une équipe de consultants composée de MM. Christophe Breuil, consultant international spécialiste en planification du développement de l’aquaculture, Karar Mahamat Maintha, consultant national spécialiste en questions institutionnelles, et Alladoumadji Rimadoum, consultant national spécialiste en technologies aquacoles.

Un projet de Cadre stratégique a été discuté et finalisé lors d’un Atelier national réunissant les principales parties prenantes du secteur de l’aquaculture au Tchad, qui s’est tenu les 23 et 24 juin 2010 à N’Djamena.

La présente version constitue la version finale du Cadre stratégique de développement de l’aquaculture au Tchad qui a été validée par l’Atelier national.

TABLE DES MATIÈRES

1. INTRODUCTION.........................................................................................................................................................41.1. Définitions générales relatives à l’aquaculture.............................................................................41.2. Eléments du contexte actuel sur l’aquaculture au Tchad.........................................................61.3. Nature et objectifs du Cadre stratégique.........................................................................................7

2. PRINCIPES DIRECTEURS DU DÉVELOPPEMENT DE L’AQUACULTURE AU TCHAD...................................................82.1. L’aquaculture à orientation commerciale doit être privilégiée................................................82.2. Les politiques publiques doivent rechercher l’efficacité............................................................92.3. Le développement de l’aquaculture exige un partenariat pertinent et effectif entre les pouvoirs publics et le secteur privé...................................................................................................112.4. Les partenaires au développement doivent inscrire leurs interventions en cohérence avec le Cadre stratégique.............................................................................................................................12

3. CONDITIONS DU DÉVELOPPEMENT DE L’AQUACULTURE ET RÔLE ATTENDU DE CHACUN DES PARTENAIRES PUBLICS ET PRIVÉS DANS LEUR RÉALISATION...........................................................................................................12

3.1 Mise en place d’un dispositif institutionnel adapté.....................................................................123.1.1. Animation, vulgarisation et appui-conseil.............................................................................123.1.2. Recherche..........................................................................................................................................133.1.3. Education et formation.................................................................................................................143.1.4. Planification et suivi-évaluation du secteur..........................................................................14

3.2. Disponibilité et accessibilité des principaux facteurs de production..................................153.2.1. Capital financier..............................................................................................................................153.2.2. Semence............................................................................................................................................163.2.3. Aliment................................................................................................................................................16

3.3. Professionnalisation du secteur.........................................................................................................173.3.1. Organisation de la profession....................................................................................................173.3.2. Commercialisation des produits de l’aquaculture..............................................................173.3.3. Respect des principes de bonne gouvernance....................................................................18

3.4. Environnement juridique adapté.......................................................................................................193.5. Cas particulier des projets de stations aquacoles......................................................................19

4. MISE EN ŒUVRE DU CADRE STRATÉGIQUE..........................................................................................................20

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Liste des sigles et abréviations

CEBEVIRHA Commission Economique du Bétail de la Viande et des Ressources Halieutiques

CST Compagnie sucrière du Tchad

DDA Direction du développement de l’aquaculture

FAO Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture

IAA Intégration agriculture - aquaculture

ITRAD Institut tchadien de recherche agronomique pour le développement

LRVZ Laboratoire de recherche vétérinaire et zootechnique

MAI Ministère de l’agriculture et de l’irrigation

MARA Ministère de l’élevage et des ressources animales

MERH Ministère de l’environnement et des ressources halieutiques

ONG Organisation non-gouvernementale

PNSA Programme national de sécurité alimentaire

SNRP2 Stratégie nationale de croissance et de réduction de la pauvreté (période 2008-2011)

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1. INTRODUCTION

1.1. Définitions générales relatives à l’aquaculture

Distinction entre aquaculture et pratiques de pêche continentale ‘amplifiée’

L’aquaculture, selon la FAO, se définit comme « la culture d’organismes aquatiques, ce qui comprend les poissons, les mollusques, les crustacés et les plantes aquatiques ». Il existe plusieurs branches de l’aquaculture : la pisciculture fait référence à la culture (élevage) des poissons, l’algoculture à celle des algues, la crevetticulture à celle de la crevette, etc.

La frontière entre certaines formes de pêche continentale et la pisciculture peut être considérée de perméable, si l’on fait référence aux pratiques de ‘pêche amplifiée’. Ces pratiques visent à améliorer ou forcer la productivité biologique par rapport à la productivité naturelle de certains milieux aquatiques exploités par la pêche continentale, notamment en zones de plaines d’inondation, au travers d’opérations d’ingénierie environnementale (ex. surcreusement des mares, empoissonnement, allongement de la durée de mise en eau des mares temporaires, etc.). Mais cela demeure du domaine de la pêche (c’est à dire de la collecte de produits halieutiques en milieu naturel). Or, il est fréquent de lire dans des documents techniques que ces pratiques constituent au Tchad une « forme traditionnelle d’aquaculture » appelée ‘pisciculture communautaire’, ce qui constitue un abus de langage.

En effet, ces pratiques ne constituent pas à proprement parler des formes d’aquaculture dans la mesure où l’aquaculture sous-entend l’application de techniques d’élevage (intensif, semi-intensif ou extensif) dans des espaces aquatiques de petite taille (i.e. à l’échelle d’étangs ou de bassins) ou en cages, ainsi qu’une notion d’appropriation et de contrôle de l’accès à cet espace aquatique par son propriétaire1.

Un autre abus de langage se rencontre fréquemment dans la littérature technique relative à l’aquaculture au Tchad. Il concerne l’existence de pratiques traditionnelles d’aquaculture de spiruline (algue bleue), et plus spécifiquement de l’espèce Spirulina platensis. Or, en réalité, celles-ci reposent sur des activités de collecte dans certains sites de la zone agro-écologique du lac Tchad où cette micro-algue se rencontre à l’état naturel.

Les éléments de définition précisés ci-dessus ont pour objet de spécifier le champ d’application du présent document de Cadre stratégique qui concerne bien l’aquaculture.

Distinction entre aquaculture à orientation commerciale (ou entreprenariale) et aquaculture à orientation non commerciale

Il est toujours difficile de catégoriser les différents types d’aquaculture. Selon les pays, la classification peut se rapporter à : des critères subjectifs concernant l’échelle (petite, moyenne ou grande taille, échelle industrielle) ; des critères d’intensité capitalistique (extensif, semi-intensif, intensif) selon les modes de gestion mis en œuvre pour les questions liées à la semence, l’aliment ou encore le taux d’empoissonnement ; des critères de localisation (ex. aquaculture urbaine, périurbaine, rurale) sans que cela ne renseigne pour autant sur les modes de gestion et sur les marchés visés ; ou encore à des critères de finalité comme par exemple la connotation de produire pour consommer (ex. aquaculture familiale, aquaculture de subsistance, etc.) ou de produire pour vendre (ex. aquaculture commerciale).

Ces différents types d’aquaculture recouvrent en fait un large éventail de systèmes de production (en croisant les différents critères de classification) qu’il n’est ni utile d’analyser ni facile à appréhender dans le cadre du présent document. En revanche, il est nécessaire de distinguer, pour des besoins d’analyse des politiques et de planification du secteur, deux grands types d’aquaculture :

1 Dans le cas de la pêche continentale, on se place essentiellement dans le contexte où l’Etat est le propriétaire de la ressource et où, de fait, on se trouve en régime de libre accès. Ce qui n’empêche pas que des actions en matière d’ingénierie environnementale soient conduites dans le cadre d’investissements publics, communautaires et/ou privés dans le but d’en faire profiter l’ensemble des personnes s’adonnant à la pêche continentale, mais cela relève de la gestion des pêches.

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une aquaculture à orientation commerciale , dont l’élément principal est la recherche du profit optimal, quelque soit le système de production mis en œuvre, et qui implique que l’exploitation soit gérée comme une entreprise (on pourra aussi évoquer la notion d’une aquaculture entreprenariale) ;

une aquaculture à orientation non commerciale , dont l’élément principal est la recherche de compléments de revenus et de l’autosuffisance alimentaire en protéines d’origine animale au niveau local, et qui se caractérise principalement par des modes d’exploitation et de gestion peu rigoureux ne permettant pas de s’affranchir de l’aide des projets pour perdurer.

Ainsi, l’aquaculture à orientation commerciale se distingue en tout premier lieu par le fait qu’elle est pleinement intégrée dans des systèmes d’économie marchande où les principaux facteurs de production (capital, main d’œuvre, semences, aliments) sont acquis sur le marché. La majeure partie de leur production est par ailleurs destinée aux marchés, locaux nationaux ou sous-régionaux. L’aquaculture est ainsi considérée comme une activité économique à part entière qui doit être rentable, indépendamment de la taille ou de la localisation de l’exploitation et de l’itinéraire technique adopté (intensif, semi-intensif ou extensif). L’aquaculture à orientation commerciale peut toutefois trouver sa place dans les stratégies de diversification des systèmes de production agricole2, même si à terme les enjeux liés au développement de l’aquaculture commerciale porteront sur la production de quantités significatives d’animaux ou de végétaux aquatiques ayant un impact sur l’économie nationale. En revanche, l’aquaculture à orientation commerciale ne doit pas être assimilée à l’aquaculture industrielle, comme cela est mentionné à tort dans le Schéma directeur national du sous-secteur de la pêche et de l’aquaculture élaboré en 20023.

Les aquaculteurs à orientation non commerciale peuvent également acheter certains facteurs de production sur le marché, notamment les semences et l’aliment, et vendre une partie de leur production. Mais la main d’œuvre est principalement une main d’œuvre familiale sans grande technicité, et les modes de gestion se caractérisent par un manque de rigueur aussi bien du point de vue des itinéraires techniques que de celui de la gestion économique de l’exploitation. Les aquaculteurs à orientation non commerciale sont par ailleurs fortement tributaires des projets et des ONGs, notamment pour la fourniture des alevins, des aliments et de quelques matériels de travail.

La distinction à établir entre l’aquaculture à orientation commerciale ou non commerciale a également des implications sur l’approche préconisée en matière de politiques publiques et d’approche des projets en faveur du secteur.

Ainsi, dans le cas de l’aquaculture à orientation non commerciale, on a une tendance à forcer le processus de développement en artificialisant l’environnement économique (ex. accès subventionné aux alevins, aux aliments ou encore aux activités de conseil) et en ne prenant pas le temps nécessaire à une appropriation suffisante des modes de production et de gestion de cette activité nouvelle où l’objectif est de produire du poisson d’où il en résulte une déresponsabilisation de la part des bénéficiaires. On a aussi tendance à se disperser car on vise des objectifs quantitatifs (ex. nombre de pisciculteurs formés, nombre d’étangs aménagés, nombre d’alevins produits et distribués), ce qui se traduit par des services de suivi et d’accompagnement de faible qualité. Et le plus souvent, à la fin des projets, les activités s’arrêtent. Cela contribue à la persistance de l’idée selon laquelle l’aquaculture ne peut être qu’une activité de complément de revenus agricoles ou un filet de sécurité pour prévenir les pénuries alimentaires en milieu rural, supportée par des projets. Cela conforte aussi, dans une certaine mesure, les ‘programmes de développement de l’aquaculture’ en Afrique dans leur approche et leur vision d’une aquaculture ‘sociale’ et finalement assez ‘opportuniste’, qui ne peut pas se professionnaliser.

Dans l’aquaculture à orientation commerciale, au contraire, on part des initiatives individuelles et on accompagne au cas par cas les producteurs motivés et désireux de franchir l’étape qui leur permettra de développer une aquaculture à orientation

2 Le cas de figure rencontré au Tchad concernant la rizipisciculture illustre bien cet aspect. L’introduction de poissons dans les casiers permet en effet de diversifier les productions de l’exploitation agricole, mais elle permet aussi de diminuer les coûts de désherbage des casiers (en raison de l’action de ‘broutage’ exercé par les tilapias) et donc d’améliorer la rentabilité du périmètre irrigué. 3 Le schéma directeur, toujours en vigueur, a été élaboré en 2002 avec l’appui d’un bureau d’études (CIMA/SOGEC International) sur financement canadien.

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commerciale, c’est à dire capable de générer des profits, en leur offrant un environnement et des services de qualité et adaptés à une aquaculture entreprenariale.

A noter que si la coexistence des deux formes d’aquaculture ne pose pas de problèmes à l’échelle d’un pays, en revanche cela est de nature à générer des conflits lorsque cette situation se présente à une échelle locale. Car dans ce cas, les appuis que reçoivent les aquaculteurs à orientation non commerciale peuvent freiner les initiatives des producteurs désireux de passer à un stade d’entreprise en raison des nombreuses distorsions de marché que cela induit, notamment en termes de concurrence déloyale (ex. coûts de production du poisson, prix de vente des alevins).

1.2. Eléments du contexte actuel sur l’aquaculture au Tchad

En dépit de la mise en œuvre d’un certain nombre de projets de développement au cours des trente dernières années, le secteur de l’aquaculture au Tchad demeure toujours très faiblement développé. On recense en effet moins de dix exploitations au niveau national, que l’on peut ranger dans la catégorie de l’aquaculture à orientation non commerciale. Ce sont toutes des exploitations de pisciculture.

A noter aussi l’existence d’expérimentations en matière d’algoculture (spiruline) selon des procédés et des modes de valorisation destinés aux marchés européens, conduites par la Compagnie sucrière du Tchad (CST) dans la localité de Mani dans la zone du lac Tchad.

Le développement du secteur est confronté à un certain nombre de contraintes d’ordre naturel, technique, économique, social et institutionnel, empêchant notamment l’émergence d’unités de production à orientation commerciale. Les principales contraintes peuvent être listées comme suit : déficit de ressources humaines à tous les niveaux, extrême faiblesse pour ne pas dire absence de dispositif de vulgarisation et de recherche, insuffisance de connaissances sur les itinéraires techniques adaptés aux conditions du Tchad, problèmes sérieux d’aménagement des sites aquacoles, persistance d’une mauvaise perception de la part des producteurs du rôle de l’Etat dans le processus de développement du secteur ce qui est préjudiciable à la mise en œuvre de formes de partenariat, climat des affaires peu favorable en général, absence d’unités de production d’alevins, absence de plan de développement, faiblesses de l’administration, insuffisances du cadre juridique.

Dans le même temps, le Tchad possède des atouts et des opportunités indéniables pour le développement de l’aquaculture. D’une part, le Tchad possède une certaine expérience et peut maintenant utiliser les enseignements du passé pour définir des politiques adaptées en matière d’appui au développement du secteur, et singulièrement un Cadre stratégique pertinent.

Le principal enseignement est que le modèle de développement encouragé jusqu’à présent par les projets (et les approches qui en ont découlé), qui a consisté à privilégier l’aquaculture à orientation non commerciale, de surcroît en ciblant les communautés de pêcheurs et en entretenant les confusions entre pêche amplifiée et pisciculture, est inefficace et non durable du point de vue des politiques publiques.

D’autre part, le secteur bénéficie d’un regain d’intérêt de la part des pouvoirs publics et du secteur privé après presque une décennie de ‘mise en dormance’. Parmi les signes positifs récents envoyés par les pouvoirs publics, on soulignera la création d’une Direction spécifiquement chargée de l’aquaculture et l’insertion de l’aquaculture dans la plupart des documents de planification relatifs à la lutte contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire, et des projets en préparation en faveur du ‘secteur’ des ressources halieutiques. Toutefois, afin de concrétiser ces espoirs et de profiter de cette nouvelle dynamique, il conviendra de veiller à ce que les initiatives en cours, et à venir, s’inscrivent en conformité avec le Cadre stratégique.

Enfin, il convient de souligner les possibilités importantes de développement de formes d’aquaculture en zones de périmètres irrigués. Cela concerne aussi bien la promotion de systèmes intégrés agriculture-aquaculture (systèmes IAA) comme la rizipisciculture que la promotion de systèmes aquacoles utilisant simplement les possibilités de mise en valeur de certains sites pour l’aquaculture offertes par les aménagements hydro-agricoles. Les sites les plus favorables à la pisciculture se situent principalement dans le sud du pays dans le bassin du Chari-Logone, en raison de la disponibilité d’eau, de la nature des sols, des

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investissements infrastructurels en cours (voies de communication, périmètres irrigués) et de la présence d’activités agricoles offrant la possibilité d’avoir accès à des sous-produits pour l’alimentation a priori peu onéreux. Les sites les plus favorables à l’aquaculture de spiruline sont localisés dans la zone agro-écologique du lac Tchad.

Les enjeux liés au développement de l’aquaculture dans le moyen-long terme sont importants, notamment du point de vue de la disponibilité de poisson dans un contexte de stagnation des captures de la pêche continentale et de croissance démographique continue au Tchad. A titre indicatif, avec une disponibilité en poisson oscillant entre 41 000 et 61 000 t/an selon les conditions hydro-climatiques, la consommation de poisson par habitant se situe aujourd’hui entre 3,8 et 5,6 kg/an, ce qui est faible comparé par exemple à la moyenne africaine qui est d’environ 8,3 kg/an selon la FAO. Le déficit en production de poissons au Tchad peut par conséquent être évalué à plusieurs dizaines de milliers de tonnes par an.

De manière plus générale, comme cela a pu être démontré dans beaucoup de pays en développement, notamment en Asie, le secteur de l’aquaculture peut jouer un rôle significatif en termes de contribution à la sécurité alimentaire (pour la disponibilité mais aussi pour l’accès à la nourriture, en relation avec la diminution constante du prix de vente des produits de l’aquaculture au fur et à mesure que le secteur se développe), à la création de richesses (uniquement dans le cas de l’aquaculture à orientation commerciale) et à la lutte contre la pauvreté.

Au niveau du Cadre stratégique, il ne semble pas pertinent de préciser davantage les objectifs assignés au secteur de l’aquaculture, et encore moins d’avancer des objectifs quantitatifs de production aquacole au Tchad. En effet, le Cadre stratégique n’est pas un document opérationnel, et la vision et de la stratégie qu’il propose pour appuyer le processus de développement du secteur couvrent une période de 10 à 15 ans. Des objectifs plus spécifiques seront en revanche précisées dans les Plans de développement qui appuieront son opérationnalisation.

On peut toutefois anticiper sur le fait que le développement du secteur de l’aquaculture au Tchad au cours des 15 prochaines années reposera sur la pisciculture (clarias, tilapia et heteroris essentiellement) et sur l’aquaculture de spiruline (algoculture). Le développement d’autres formes d’aquaculture comme la crevetticulture ou la crocodiliculture semble en revanche difficilement envisageable pour le moment.

1.3. Nature et objectifs du Cadre stratégique

Le Cadre stratégique se présente sous la forme d’un document de politique générale qui, en s’appuyant sur les enseignements tirés des expériences passées au Tchad mais également d’autres pays de la sous-région en matière de développement de l’aquaculture, a pour double objectif de :

Fournir une vision globale pour le développement de l’aquaculture au Tchad , en énonçant les principes directeurs qui devraient guider les politiques publiques et les projets de développement à venir en faveur de l’aquaculture ; et

Préciser les conditions d’un développement durable et responsable de l’aquaculture au Tchad, tout en indiquant le rôle et les responsabilités des pouvoirs publics (Etat et partenaires au développement) et du secteur privé dans la réalisation de ces conditions.

Il s’agit donc d’un document de portée normative, destiné à inspirer et guider la planification du secteur de l’aquaculture sur une période de 10 à 15 ans. Sa mise en œuvre (opérationnalisation) devra se faire dans le cadre de plusieurs plans de développement d’une durée maximale de 5 ans, assortis le cas échéant de programme d’actions et d’investissements.

Ce faisant, le Cadre stratégique permet aussi de traduire les orientations de politique générale du Gouvernement tchadien dans le secteur de l’aquaculture telles qu’elles sont précisées dans la Stratégie nationale de croissance et de réduction de la pauvreté pour la période 2008-2011 (SNRP2) et dans le Programme national de sécurité alimentaire (PNSA) couvrant la période 2006-2015. On rappellera en particulier que la SNRP2 précise des principes de bonne gouvernance dont certains visent à améliorer le climat des affaires et à

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favoriser l’entreprenariat et le développement économique, qui sont des conditions essentielles au développement de l’aquaculture.

Certains de ces principes sont développés dans le Cadre stratégique. Ils se rapportent en particulier à la réforme des institutions d’intérêt public (y compris « le renforcement des services centraux et déconcentrés des ministères »), et à la promotion du secteur privé à travers notamment le développement de formes de partenariats public/privé. D’autres principes, qui ne concernent pas spécifiquement le secteur de l’aquaculture mais qui jouent un rôle certain dans le processus de développement du secteur, sont simplement repris dans le Cadre stratégique. Ces principes concernent le rétablissement de rapports de confiance entre l’Etat et les opérateurs économiques, et l’intensification de la lutte contre la corruption pour notamment diminuer les coûts de transaction correspondant aux taxes informelles et illicites perçues auprès des opérateurs économiques.

Par ailleurs, en proposant un document de politique spécifique au secteur de l’aquaculture, le Cadre stratégique espère inciter au changement des méthodes de planification sectorielle au sein du MERH, qui consistent à regrouper la pêche et l’aquaculture sous le secteur des ‘ressources halieutiques’. Or, la pêche et l’aquaculture reposent sur des dynamiques d’exploitation et de gestion distinctes et impliquant des acteurs différents. Cela devrait par conséquent conduire le MERH à élaborer des plans/stratégies de développement différenciés pour chacun des deux secteurs. Le Cadre stratégique constitue la première étape en vue de l’élaboration du premier plan de développement de l’aquaculture.

Enfin, le Cadre stratégique entend contribuer à la prise de conscience que le développement d’une aquaculture durable et responsable est un processus qui va bien au delà de la mise en œuvre d’un projet et dont la réussite dépendra de la conjonction de différents facteurs. Or ces facteurs ne pourront être réunis qu’à la faveur de l’établissement de formes de partenariats et de complémentarités entre les pouvoirs publics (Etat, partenaires) et le secteur privé (opérateurs, ONGs). De même, si des privés semblent aujourd’hui prêts à investir dans le secteur, il serait regrettable de les inciter à se lancer avant que ne soit réuni un minimum de conditions dont la responsabilité incombe en grande partie aux pouvoirs publics.

Parmi ces conditions, on soulignera la disponibilité d’une masse critique en terme d’expertise nationale et d’appui-conseil, la mise en place d’un dispositif adapté de vulgarisation, l’existence d’un dispositif de recherche appliquée (d’accompagnement), et la possibilité de proposer différents itinéraires techniques selon les conditions.

2. PRINCIPES DIRECTEURS DU DÉVELOPPEMENT DE L’AQUACULTURE AU TCHAD

2.1. L’aquaculture à orientation commerciale doit être privilégiée

L’expérience en Afrique sub-saharienne, et dans le monde en général, a montré qu’un principe essentiel à la réussite de tout processus de développement de l’aquaculture résidait dans le principe suivant : le développement de l’aquaculture doit être durable.

Les expériences aquacoles au Tchad ont été jusqu’à présent assez éphémères et n’ont duré que le temps des projets. Seuls quelques sites de production, disséminés dans le pays et assez récents pour la plupart (moins de 3 ans), sont recensés au niveau national. Les promoteurs de ces sites font aujourd’hui une aquaculture à orientation non commerciale, encore peu rigoureuse sur le plan technique et de la gestion, mais tous expriment le vif désir, et prennent des initiatives en ce sens, de passer à une aquaculture entreprenariale.

Cette situation d’échec relatif des expériences passées créée toutefois aujourd’hui chez les investisseurs potentiels des incertitudes et constitue un frein à l’éclosion d’un véritable secteur aquacole. La durabilité est par conséquent un aspect critique de tout processus de développement.

La notion de durabilité d’une entreprise aquacole est multidimensionnelle. Ainsi, pour être durable, une entreprise d’aquaculture doit :

Utiliser des itinéraires techniques adéquats et faisables (notion de durabilité technique). Les aquaculteurs doivent donc utiliser des technologies appropriées (introduites ou locales) qu’ils maîtrisent afin par exemple d’éviter d’avoir recours systématiquement à l’importation d’alevins ou à un agent de vulgarisation (pour les

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aider dans la reproduction des poissons) chaque fois qu’il y a un empoissonnement à réaliser ;

Permettre de dégager des profits (notion de durabilité économique), par ailleurs suffisamment importants dans le cas où il s’agit d’attirer et de maintenir dans le secteur des investisseurs privés ;

Etre socialement acceptable (notion de durabilité sociale), en ce sens que la valeur ajoutée doit aussi servir à rémunérer équitablement les travailleurs et que l’activité aquacole doit aussi contribuer au développement local (ex. achat de divers biens et services, création d’emplois). L’absence d’équité sociale dans un projet aquacole peut en effet générer des conflits sociaux et conduire à un arrêt des activités.

Etre respectueuse de l’environnement (notion de durabilité écologique). Cela implique que les dommages écologiques (y compris en termes d’utilisation d’eau) résultant des activités aquacoles doivent être limités au minimum. Cet aspect est particulièrement important dans le cas des systèmes intégrés agriculture-aquaculture en zone sahélienne.

Evoluer dans un environnement juridique stable dans lequel les droits et obligations de chacun des acteurs publics et privés sont, d’une part, pertinents et, d’autre part, clairement définis (notion de durabilité juridique). Cela est une condition importante pour la sécurisation des activités et des investissements.

L’aquaculture à orientation non commerciale, comme l’expérience au Tchad l’a confirmé, ne permet pas de satisfaire toutes les conditions de durabilité, notamment celles se rapportant à la durabilité technique et à la durabilité économique. Seule l’aquaculture à orientation commerciale permet de réunir toutes les conditions de la durabilité.

2.2. Les politiques publiques doivent rechercher l’efficacité

Comme dans la plupart des pays, il existe des zones intrinsèquement favorables au développement de l’aquaculture et d’autres où ce n’est pas le cas. Les facteurs permettant d’évaluer le potentiel de développement de l’aquaculture font référence à des paramètres biophysiques (disponibilité d’eau, qualité de l’eau, température, qualité des sols en terme de capacité de rétention d’eau, topographie, présence d’espèces en milieu naturel, etc.) et à des paramètres socio-économiques. Les paramètres socio-économiques concernent aussi bien l’environnement technico-économique (existence de marchés, accessibilité des sites, faisabilité de systèmes de production éprouvés, prix des intrants dans la zone, localisation par rapport aux zones de forte production halieutique, etc.) que l’environnement institutionnel (existence de promoteurs sérieux et motivés, foncier sécurisé, proximité de services publics, absence de conflits d’usage, possibilité de développer des partenariats, etc.).

Aussi, on se rend bien compte que le potentiel de développement d’une aquaculture durable au Tchad n’est pas uniforme à l’échelle du pays : l’aquaculture durable ne peut se faire de partout ou par tout le monde. Le zonage agro-écologique du pays constitue un premier indice de la localisation des zones favorables, dans la mesure où il semble évident que le potentiel aquacole du Tchad, notamment piscicole, sera concentré en zone soudanienne, notamment en zones de périmètres irrigués. Pour l’algoculture, il est par ailleurs prévisible que les zones à fort potentiel se situeront dans la zone agro-écologique du lac Tchad qui présente des prédispositions naturelles (présence de l’espèce Spirulina platensis en milieu naturel, et conditions d’ensoleillement optimal notamment). Mais les autres critères d’évaluation de sites potentiels nécessitent des études préalables approfondies4.

La première implication en termes de politiques publiques est de considérer qu’il existe des zones à fort potentiel aquacole, qu’il reste à bien identifier, et que les efforts de développement doivent être prioritairement consentis dans ces zones. Cela se justifie par le fait que les ressources publiques allouées au secteur de l’aquaculture devraient rester encore à un faible niveau pendant de nombreuses années, et qu’il vaut mieux les

4 A terme, lorsque le secteur aura atteint un niveau de développement minimal et que l’on disposera suffisamment d’informations pertinentes, un travail de cartographie aquacole pourra être envisagé afin d’appuyer la planification du développement du secteur.

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concentrer là où on a le plus de chance de succès afin de rechercher l’efficacité maximale, au lieu de les disséminer pour diverses raisons (ex. par souci d’équité territoriale).

Aussi, une première étape en vue de promouvoir une aquaculture durable sera de réaliser un travail d’identification des zones et sites à fort potentiel aquacole au Tchad incluant les systèmes de production potentiellement viables sur le plan technico-économique selon les sites.

Par ailleurs, le développement de l’aquaculture est un processus lent, dont le pas de temps dépasse toujours celui des projets. C’est également un processus qui dépend avant tout de l’intérêt et de l’implication effective des promoteurs privés, qui sont des conditions également tributaires du climat général des affaires. Cela peut poser des problèmes pour les décideurs, soucieux de visibilité rapide et qui auront tendance à vouloir financer des infrastructures de production d’alevins ou de poissons, et pour les partenaires au développement qui sont souvent soumis à une obligation de résultats des projets et qui privilégieront une approche ‘techniciste’ et ‘quantitative’ (ex. nombre d’étangs construits, nombre de pisciculteurs formés, etc.).

Mais l’expérience a montré qu’une politique de développement efficace de l’aquaculture doit avant tout permettre la mise en place d’un environnement technique, économique, juridique et institutionnel porteur, où les critères de réussite sont avant tout d’ordre qualitatif en termes de résultats, d’acquisition de savoir-faire, de durabilité et de possibilités d’extension de modèles ainsi validés vers d’autres sites.

De plus, l’expérience dans d’autres pays a montré que le nombre de pisciculteurs formés ou en activité était rarement proportionnel à la production aquacole totale. A titre d’exemple, au Cameroun, où la production piscicole se situe autour de 1 000 t/an pour environ 3 500 fermes piscicoles, des études conduites dans certaines zones (ex. Région du Sud) ont montré que les fermes dont la taille était supérieure à 0,5 ha représentaient environ 15% du total mais qu’elles assuraient environ 73% de la production aquacole totale de la région. Ces chiffres donnent une indication de l’absence de relation directe entre augmentation du nombre de pisciculteurs et amélioration de la sécurité alimentaire, et incidemment de la pertinence de privilégier une approche qualitative pour les projets de développement.

Aussi, une autre implication en termes de politiques publiques sera de veiller à ce que les projets de développement modifient leurs approches :

d’une part, en prenant le temps nécessaire à l’analyse des systèmes de production et des sites propices au développement d’une aquaculture durable et des conditions propices à l’expression de ces potentiels, et,

d’autre part, en impliquant étroitement les bénéficiaires (individus, groupements, associations, autorités traditionnelles) dans la programmation, la réalisation et le suivi-évaluation des activités du projet. Cet aspect implique que des étapes préalables devront être conduites avant le démarrage des activités opérationnelles du projet, en particulier en matière de sensibilisation et de sélection des candidats (ex. préférer les candidats volontaires, compétents et motivés aux candidats opportunistes, attendre que les candidats retenus prennent un minimum d’initiatives avant de les accompagner sur le plan de l’appui-conseil, etc.).

2.3. Le développement de l’aquaculture exige un partenariat pertinent et effectif entre les pouvoirs publics et le secteur privé

Comme pour tout domaine d’activités économiques, le développement d’un secteur requiert des formes de partenariat entre les pouvoirs publics et le secteur privé, ainsi que le confirme la Stratégie nationale de croissance et de réduction de la pauvreté au Tchad pour la période 2008-2011 (SNRP2).

Par pouvoir public, il faut entendre les différentes institutions ou structures de l’Etat impliquées dans le développement (administration, collectivités locales, instituts de recherche, centre de formation) et les agences de développement. Le secteur privé comprend pour sa part les aquaculteurs (y compris les responsables d’écloseries), organisés en groupement ou opérant en tant que particulier, les fournisseurs d’intrants (capital financier et aliments notamment), les prestataires de service (appui-conseil en particulier) et les ONGs (y compris organisations de producteurs).

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Chacun des ces acteurs jouent des rôles différents, mais complémentaires et nécessaires pour le développement du secteur. L’échec de l’un ou l’autre de ces acteurs à remplir ses missions ou obligations aura des retombées préjudiciables sur l’ensemble du processus de développement de l’aquaculture.

Le rôle des pouvoirs publics doit se concentrer sur la mise en place d’un environnement favorable au développement du secteur privé.

Cela comprend notamment les aspects liés à la sécurisation des investissements, au contrôle de l’application des réglementations et à l’accès à l’information. Vu le stade actuel de développement du secteur, il est également attendu que l’Etat devra aussi jouer un rôle de facilitateur et d’accompagnateur des initiatives privées dans différents domaines dont l’aide à l’installation, la fourniture d’appui-conseil, la formation et le renforcement des capacités des opérateurs, etc. Enfin, l’Etat à travers l’administration en charge de l’aquaculture et la recherche, a bien évidemment un rôle important à jouer en matière de suivi et de planification du développement du secteur, y compris en matière de coordination et de complémentarité/synergie entre les projets, et de défense des intérêts de l’aquaculture dans le cadre de la mise en valeur des périmètres irrigués.

Mais si l’administration, dans le cadre de son rôle de facilitateur, est amenée à investir dans des infrastructures de production, notamment en relation avec les stations gouvernementales (pour la production et la vente d’alevins de qualité) afin de catalyser le processus de développement, l’Etat devrait se désengager progressivement des activités de production dès lors que commenceront à émerger des fermes aquacoles à orientation commerciale. Car l’Etat ne doit ni se substituer aux promoteurs privés ni exercer une concurrence déloyale en produisant des biens subventionnés que le secteur privé ne pourra produire au même prix.

En résumé, à terme c’est le secteur privé qui doit produire, et ce sont les pouvoirs publics qui doivent permettre d’offrir l’environnement favorable à l’expression des initiatives privées. Ce qui sous-entend également la fin progressive de ‘l’Etat providence’, exprimé au travers de l’approche des projets passés, ainsi que l’ajustement des objectifs et des fonctions de certains outils comme les stations gouvernementales en cours de réalisation (la question spécifique des stations gouvernementales sera traitée plus loin).

A terme, l’Etat devra également être en mesure d’ajuster certains instruments de politique (ex. réglementation, fiscalité) en fonction des objectifs de politique sectorielle.

Les rôles respectifs des pouvoirs publics et du secteur privé sont précisés dans le chapitre suivant.

2.4. Les partenaires au développement doivent inscrire leurs interventions en cohérence avec le Cadre stratégique

Cette question de la cohérence des projets revêt une importance particulière dans le contexte tchadien en raison de la prédominance de l’approche projets dans le secteur de l’aquaculture. Cette approche est la conséquence des faiblesses de l’administration en termes de capacités d’expertise et de planification, de l’absence de cadre de planification spécifique à l’aquaculture et du manque de conditions de travail qui incitent à mobiliser des financements extrabudgétaires pour développer des activités en faveur du secteur sans accorder un regard suffisamment critiques sur les activités envisagées. Mais cette situation tient également aux partenaires/donateurs qui interviennent souvent en fonction de considérations territoriales et qui privilégient l’atteinte de résultats tangibles pendant la durée de vie du projet et facilement mesurables sur la base de critères quantitatifs.

Après plusieurs années de ‘carence’, des projets comportant des activités en matière de promotion de l’aquaculture sont actuellement en cours de démarrage au Tchad. Une analyse des documents de projet suscite un certain nombre d’interrogations quant à la cohérence de ces projets vis-à-vis du Cadre stratégique, avec une prise en compte insuffisante des enseignements du passé. La vision globale de ces documents tend en effet à accorder une prééminence à l’Etat dans le processus de développement (ex. construction de stations d’alevinage entièrement gérées par l’administration ou des structures de projet) et à promouvoir une aquaculture à orientation non commerciale. En outre, on peut relever la faible prise en compte des complémentarités et des possibilités de synergie entre les

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différents projets, et la persistance de confusions entre la pêche amplifiée et l’aquaculture, ce qui ne permettra pas de mettre en place des stratégies reposant sur une forte implication des bénéficiaires.

Or, l’expérience a montré que les projets en faveur de l’aquaculture qui sont formulés et mis en œuvre sans tenir compte de la cohérence globale de leurs objectifs spécifiques avec une politique nationale (en l’occurrence le Cadre stratégique pour le Tchad), et qui demeurent centrés sur l’atteinte de résultats projets sans réellement regarder les effets de leurs activités sur le processus global de développement, n’auront qu’un impact faible, voire contre-productif, sur le processus de développement du secteur. Ce qui est évidemment fortement regrettable du point de vue de la cohérence mais également de l’efficacité des politiques ‘publiques’.

Il apparaît par conséquent fortement souhaitable d’ajuster l’approche globale et le contenu du plan d’activités des projets d’appui au développement de l’aquaculture au Tchad qui sont en cours de démarrage, afin d’assurer leur mise en cohérence avec le Cadre stratégique.

3. CONDITIONS DU DÉVELOPPEMENT DE L’AQUACULTURE ET RÔLE ATTENDU DE CHACUN DES PARTENAIRES PUBLICS ET PRIVÉS DANS LEUR RÉALISATION

3.1 Mise en place d’un dispositif institutionnel adapté

3.1.1. Animation, vulgarisation et appui-conseil

Un dispositif de vulgarisation et d’appui-conseil efficace constitue la clé de voûte de tout processus de développement d’une aquaculture à orientation commerciale. Les conseils doivent pouvoir porter aussi bien sur les aspects techniques (aménagement des sites, choix des itinéraires techniques, protocoles de reproduction, densité de l’ensemencement, etc.) que sur les aspects économiques (systèmes à promouvoir en fonction des capacités d’investissement, tenue de livres comptables, comptabilité analytique de base, etc.) Lorsque le secteur est faiblement développé, ce qui est le cas aujourd’hui au Tchad, la responsabilité de ces services incombe en grande partie aux pouvoirs publics. Lorsque le secteur est suffisamment développé, cette fonction est généralement relayée par le secteur privé par le biais de sociétés de prestation de service. Le rôle des pouvoirs publics se transforme alors principalement en un rôle de contrôleur de ces sociétés afin de s’assurer qu’elles répondent aux exigences déontologiques de l’activité.

Aujourd’hui, le dispositif de vulgarisation et d’appui-conseil en aquaculture au Tchad est quasi-inexistant. D’une part, en raison du manque d’expertise dans le domaine, et d’autre part en raison de l’absence de tout dispositif institutionnalisé. De ce fait, un producteur ou un promoteur à la recherche de conseils pertinents et avisés n’est pas en mesure aujourd’hui de trouver des interlocuteurs suffisamment compétents. Aussi, la mise en place d’un dispositif public adapté et de qualité pour la vulgarisation et l’appui-conseil en matière d’aquaculture à orientation commerciale constitue une priorité aujourd’hui.

Le montage institutionnel devra faire l’objet de réflexions approfondies, en fonction des moyens disponibles et des objectifs poursuivis, et en tenant compte du contexte particulier suivant : la DDA est toute récente (moins d’une année d’existence effective) et est encore en cours d’organisation ; les Secteurs aquacole n’ont pas encore été mis en place ; et le dispositif de recherche aquacole est quasi-inexistant.

L’idée de créer dans le court-moyen terme une cellule d’animation et d’appui-conseil, rattachée à la DDA, composée de 2 experts (1 spécialiste des systèmes de production aquacole et 1 économiste de l’aquaculture), et dotée de moyens de déplacement, pourrait être explorée. Le mandat de cette cellule pourrait comprendre, outre des missions d’appui-conseil : l’inventaire des acteurs et partenaires potentiels du secteur ; la création de réseaux d’information sur le secteur ; la coordination des interventions et programmes de vulgarisation ; la facilitation des contacts entre les producteurs et les différents intervenants (ex. marchands d’aliments) ; la capitalisation et la vulgarisation des résultats de la recherche produits dans la sous-région ; etc.

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Par ailleurs, afin de faciliter le fonctionnement et la réactivité de cette éventuelle structure d’animation et d’appui-conseil, des possibilités de participation des bénéficiaires à la prise en charge d’une partie des frais de déplacements pourraient être envisagées (ex. hébergement et nourriture).

3.1.2. Recherche

La responsabilité de la recherche aquacole au Tchad relève en principe du LRVZ (Laboratoire de recherche vétérinaire et zootechnique) du Ministère de l’élevage et des ressources animales (MARA), bien que l’ITRAD (Institut tchadien de recherche agronomique pour le développement) du Ministère de l’agriculture et de l’irrigation (MAI) puisse également développer des compétences dans ce domaine notamment dans le cas des systèmes intégrés agriculture-aquaculture. Quoiqu’il en soit, et ainsi que rappelé ci-dessus, le dispositif de recherche aquacole est quasi-inexistant aujourd’hui au Tchad. Or, sans dispositif minimal de recherche, notamment finalisée (i.e. répondant aux besoins de la profession), le processus de développement de l’aquaculture sera forcément contrarié. Des résultats de recherche conduits dans d’autres pays dont notamment le Cameroun (ex. formule des aliments, itinéraires techniques) sont toutefois potentiellement accessibles et pourraient servir de base de départ à des programmes tenant compte des spécificités du Tchad. Les projets en cours de création de stations aquacoles pourraient par ailleurs servir à accueillir des travaux de recherche, dans le cadre de protocoles de collaboration entre le MERH et le MAI.

Dans ce contexte, le rôle des pouvoirs publics devrait être de :

Développer une capacité minimale de recherche aquacole au Tchad (en affectant du personnel et des moyens minimaux) ;

Promouvoir la coopération sous-régionale scientifique et technique dans le domaine de l’aquaculture en zone soudanienne, en particulier avec le Cameroun et la République Centrafricaine ;

Elaborer des protocoles de collaboration entre le MERH et le MAI pour développer des activités de recherche au niveau des stations aquacoles gérées par le MERH ;

S’assurer de l’implication et de la participation des aquaculteurs et autres opérateurs économiques concernés dans la définition et la mise en œuvre des programmes et travaux de recherche en aquaculture.

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Dans le cadre du développement du dispositif de recherche, le rôle du secteur privé devrait être de :

Appuyer les programmes de recherche en facilitant l’accès à l’information et en s’impliquant dans la mise en œuvre de protocoles de collaboration ;

Participer à l’évaluation des programmes de recherche, en particulier du point de vue de leur pertinence au regard de leurs besoins.

3.1.3. Education et formation

Les enjeux liés à l’éducation et la formation sont de pouvoir disposer dans les années à venir d’une masse critique de cadres et de techniciens pouvant être directement opérationnels et recrutés au sein de fermes aquacoles à orientation commerciale ou de sociétés de prestation de services spécialisées en aquaculture, ou intégrer des services de la fonction publique notamment au niveau des zones à fort potentiel aquacole. Les cursus de formation devraient par conséquent comprendre des modules, théoriques et pratiques, en aménagement des sites, technique d’élevage, gestion d’entreprises piscicoles, et aspects post-récolte (ex. manipulation du poisson, qualité, etc.). Le dispositif de formation devrait également prévoir des possibilités de recyclage des différents acteurs du secteur pour tenir compte des progrès et des innovations d’ordre technologique (ex. sélection et choix de la semence).

Dans ce contexte, le rôle des pouvoirs publics devrait être de :

Mettre en place une structure capable de dispenser des formations pratiques et théoriques sur l’aquaculture à orientation commerciale ;

Introduire des programmes en aquaculture dans les instituts techniques spécialisés dans le secteur rural et les universités en vue de développer des filières diplômantes dans le secteur ;

Financer des bourses d’enseignement supérieur pour renforcer le dispositif de recherche national en particulier ;

Promouvoir la coopération bilatérale (avec le Cameroun notamment – ex. Centre de recherche et de formation de Foumban) et sous-régionale (dans le cadre de la CEBEVIRHA notamment) dans le domaine de la formation ;

Organiser à intervalles réguliers des cours de recyclage de courte durée à l’attention des cadres et techniciens de l’administration ;

Faciliter l’organisation de programmes de formation continue à l’attention des producteurs ;

Financer ou participer au financement de stages et formations pratique des cadres et techniciens de l’administration et du secteur privé, à l’intérieur ou à l’extérieur du pays.

Dans le cadre du développement du dispositif d’éducation et de formation, le rôle du secteur privé devrait être de :

Appuyer les programmes de formation pratique en offrant la possibilité d’accueillir des étudiants et des stagiaires dans leurs entreprises ;

Participer à l’évaluation des programmes de formation et de recyclage en rendant compte régulièrement des éventuels besoins et difficultés rencontrées.

3.1.4. Planification et suivi-évaluation du secteur

La fonction de planification du secteur est souvent sous-estimée au sein des administrations en charge de l’aquaculture. Pourtant elle est essentielle à l’émergence de formes d’aquaculture entreprenariale dans les pays en développement afin d’assurer une utilisation optimale des rares fonds publics accordés au secteur et une bonne coordination de l’aide internationale. Cette fonction de planification et d’orientation des politiques publiques en faveur du secteur est également importante pour la défense des intérêts du secteur dans le cadre de la mise en valeur du territoire, en particulier lors des aménagements hydro-agricoles. La fonction de planification est intimement liée à celle du suivi-évaluation qui exige la disponibilité d’une information fiable et pertinente sur le

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secteur et des capacités en matière de traitement, de partage et de circulation de cette information.

Il sera donc important de développer ces deux fonctions au sein de la DDA dans les années à venir. Les principaux enjeux liés à la planification et au suivi-évaluation du secteur de l’aquaculture au Tchad peuvent être résumés comme suit :

Rigueur dans la formulation des programmes et des projets en faveur du secteur susceptibles d’être financés par le budget de l’Etat (ex. éviter les imprécisions entre pêche amplifiée et pisciculture ou entre aquaculture commerciale et non commerciale, établir des priorités dans la recherche des financements, tenir compte es capacités réelles de mise en œuvre et de suivi des projets, rechercher les complémentarités et les synergies entre les différents projets) ;

Allocation garantie, sur budget de l’Etat, de moyens minimum en faveur de la recherche, de la formation et de la vulgarisation ;

Mise en cohérence des initiatives des partenaires (donateurs, ONGs) avec la vision et les principes énoncés dans le Cadre stratégique, et contribution de ces initiatives à sa mise en œuvre ;

Mise à disposition d’une information pertinente sur le secteur, aussi bien à l’attention des partenaires que des promoteurs (ex. zones/sites potentiels, techniques potentiellement viables sur le plan socio-technico-économique, manuels de conduite d’élevage, liste et prix des intrants, etc.) ;

Insertion de l’administration en charge de l’aquaculture dans les processus de promotion et de gestion des aménagements hydro-agricoles, afin de faciliter le développement de systèmes de production IAA en zones de périmètres irrigués ;

Coopération inter-Etats sur les aspects techniques et scientifiques de l’aquaculture en zone soudano-sahélienne, notamment dans le court terme avec le Cameroun et la République Centrafricaine et, dans le plus long terme, avec le Bénin, le Niger,le Burkina Faso et l’Egypte.

3.2. Disponibilité et accessibilité des principaux facteurs de production

En plus de la question du capital humain, qui a été traitée dans la section 3.1.3., les autres facteurs de production (ou intrants) essentiels au développement d’une aquaculture à orientation commerciale et qui doivent être disponibles et accessibles au Tchad sont : le capital financier ; la semence (les alevins dans le cas de la pisciculture) ; et l’aliment. Les rôles attendus des pouvoirs publics et du secteur privé concernant chacun de ces trois facteurs de production sont développés ci-dessous.

3.2.1. Capital financier

L’accès à des systèmes de financement adaptés, et à un coût raisonnable, est une contrainte importante aussi bien pour la création d’entreprises aquacoles que pour la conversion des fermes aquacoles à orientation non commerciale en entreprises.

Dans ce domaine, le rôle des pouvoirs publics (et des ONGs spécialisées) est déterminant et devrait surtout consister à faciliter l’accès des producteurs aux systèmes de financements existants, au travers des actions suivantes :

informer les aquaculteurs sur les dispositifs de financement de leurs activités (institutions financières locales et internationales) ;

donner des informations technico-économiques sur l'aquaculture et jouer un rôle de plaidoyer du secteur auprès des établissements financiers ;

apporter un appui aux aquaculteurs dans l’élaboration de plans d’affaires à présenter aux établissements financiers ;

attester l’intégrité et la capacité technique des demandeurs de crédit auprès des institutions financières ;

envisager la mise en place d’un fonds de garantie pour l'aquaculture.

Le rôle attendu du secteur privé serait de:

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pour les producteurs, adopter des modes de gestion compatibles avec les exigences des institutions financières (ex. comptabilité) et permettant de réaffecter une partie des bénéfices dans des investissements aquacoles ;

pour les ONGs, renforcer les capacités des producteurs en matière de gestion économique de leur exploitation et de présentation de leurs résultats.

3.2.2. Semence

La question de la semence revêt une importance toute particulière au Tchad dans la mesure où il n’y a jamais eu d’écloserie, publique ou privée, dans le pays. L’approvisionnement en alevins se fait directement auprès des pêcheurs, qui les prélèvent en milieu naturel, ce qui pose de nombreux problèmes du point de vue zootechnique (inégalité de la taille des alevins, absence de sélection, présence d’espèces indésirables, etc.) et donc de la rentabilité des exploitations. Il y a donc urgence à promouvoir une politique adaptée permettant la disponibilité et l’accessibilité de semences de qualité, ce qui suppose l’émergence d’écloseries et la mise en place d’un dispositif de contrôle de la qualité des semences mises sur le marché.

Dans ce contexte, le rôle de l’Etat devrait consister à :

s’impliquer dans la production et la vente d’alevins de qualité en utilisant les infrastructures des stations gouvernementales pour amorcer le processus de développement de cette filière, pendant une période donnée, tout en veillant à ce que cette activité de production d’alevins pour la vente n’interfère pas avec les initiatives privées ;

encourager le secteur privé à produire la semence, soit au sein de systèmes intégrés comportant une petite écloserie, soit au sein d’écloseries spécialisées, à travers des activités de vulgarisation et d’appui-conseil (de qualité) et de facilitation de l’accès au crédit ;

gérer, en partenariat avec la profession, un stock de géniteurs des espèces correspondant aux systèmes de production identifiés ;

favoriser la diffusion de l’information concernant les sources d’approvisionnement et le prix des semences de bonne qualité ;

définir une réglementation minimale en matière de production et de qualité des semences et assurer sa mise en application.

Le rôle attendu du secteur privé serait de:

contribuer aux initiatives publiques visant à gérer un stock de géniteurs aux niveaux des zones potentiellement prioritaires pour l’aquaculture ;

participer aux programmes de recherche finalisée visant à améliorer la qualité des semences ;

s’engager à exercer des formes d’autocontrôle concernant la qualité des semences produites.

3.2.3. Aliment

Comme pour la question de la semence, la question de l’aliment (qui comprend les provendes et les aliments commercialisables, les ingrédients alimentaires et autres intrants), l’enjeu sera de promouvoir une politique adaptée permettant la disponibilité et l’accessibilité d’aliment de qualité et en quantité suffisante. Cela reposera notamment sur l’appui à l’émergence d’unités de fabrication locale d’aliments pour poisson à partir des sous-produits de l’agriculture tchadienne et sur la mise en place d’un dispositif de contrôle de la qualité des aliments mis sur le marché.

Dans ce contexte, le rôle de l’Etat devrait consister à :

stimuler les initiatives locales en matière de fabrication d’aliments, en apportant des conseils sur les formules et en réduisant, ou exonérant, les taxes sur l’importation des machines et/ou de certains ingrédients pendant une période déterminée ;

encourager l’utilisation d’aliments de qualité importés en allégeant les taxes sur les importations pendant une longue période, à l’instar de ce que le Gouvernement tchadien fait dans le domaine de l’élevage ;

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favoriser la diffusion de l’information auprès des aquaculteurs concernant les sources d’approvisionnement et le prix des aliments de qualité, produits localement ou dans la sous-région (Nigeria et Cameroun notamment) ;

définir une réglementation minimale en matière de contrôle de la qualité des aliments et assurer sa mise en application.

Le rôle attendu du secteur privé (aquaculteurs et producteurs d’aliments) serait de:

participer aux programmes de recherche finalisée visant à améliorer la qualité des aliments produits au Tchad ;

s’engager à exercer des formes d’autocontrôle concernant la qualité des aliments produits.

3.3. Professionnalisation du secteur

La professionnalisation5 du secteur constitue une autre condition du succès de l’aquaculture à orientation commerciale. Celle-ci doit être abordée à travers trois principaux aspects : l’organisation de la profession ; la commercialisation des produits ; et la bonne gouvernance en relation notamment avec l’application de la réglementation.

3.3.1. Organisation de la profession

La question de la professionnalisation permettra aux producteurs, d’une part, d’améliorer leurs résultats économiques et, d’autre part, de défendre leurs intérêts dans le cadre de l’élaboration et de la mise en œuvre des politiques de développement, notamment à l’échelle locale (accès au foncier notamment en zone de périmètres irrigués, accès à l’eau, prévention des pollutions issues des autres activités, etc.).

Dans ce cadre, le rôle des pouvoirs publics et des ONGs serait d’aider les aquaculteurs à :

améliorer la gestion de leur exploitation à travers des actions de développement organisationnel et de formation dans différents domaines ayant trait à la gestion de l’exploitation (comptabilité, élaboration de bilans prévisionnels, etc.) ;

se constituer en organisation(s) socioprofessionnelle(s) spécifiquement consacrée(s) à l’aquaculture, dans un contexte tchadien où les organisations existantes ne sont pas adaptées (car elles englobent les deux secteurs pêche et pisciculture, et sont logiquement dominées par une vision ‘pêche amplifiée’ pour ce qui est de l’aquaculture) ;

établir des liens et favoriser la concertation entre les différents acteurs privés concernés (producteurs de poisson, producteurs d’alevins, producteurs d’aliments, sociétés de prestation de services, commerçants) pour une meilleure organisation des filières aquacoles ;

avoir accès à l’information de base nécessaire à la bonne gestion de leurs activités (ex. réglementation, disponibilité et prix des intrants, demande en poisson, etc.)

3.3.2. Commercialisation des produits de l’aquaculture

A l’heure actuelle, la commercialisation des produits de l’aquaculture ne pose pas de problèmes particuliers au Tchad compte tenu du déficit de production et de la forte demande en poissons frais notamment. Cela a été attesté par les producteurs en activité. Toutefois, l’expérience a montré que des problèmes peuvent surgir à n’importe quel moment du processus de développement et le freiner. En outre, la maîtrise des aspects liés à la commercialisation est un facteur supplémentaire de réussite de l’aquaculture à orientation commerciale.

Dans ce contexte, le rôle des pouvoirs publics et des ONGs serait principalement de :

mettre à la disposition des producteurs et des consommateurs les informations sur les marchés locaux et nationaux des produits aquacoles ;

5 Une précision doit être ajoutée à ce niveau : ‘professionnalisation’, de même que ‘aquaculture à orientation commerciale’, ne veut pas dire ‘industrialisation de l’aquaculture’ ! Le critère de définition ne s’applique en effet ni à la taille de l’exploitation ni à son niveau de capitalisation, mais aux modes de gestion qui sont mis en œuvre et qui sont ceux d’une entreprise.

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mettre en place, le cas échéant, des mesures de protection des producteurs locaux contre la concurrence étrangère conformément aux conventions et accords internationaux sur le commerce international ;

favoriser la mise en place et la maintenance des infrastructures de base pour la commercialisation des produits aquacoles ;

contribuer à la promotion des produits aquacoles ;

contrôler le respect des normes de qualité des produits aquacoles afin de protéger les consommateurs et participer à la bonne image de marque des produits aquacoles.

Le rôle des producteurs serait de:

assurer la promotion des produits aquacoles ;

contribuer à la mise en place et à la gestion des infrastructures de commercialisation des produits aquacoles ;

appliquer des mesures garantissant la qualité des produits conformément aux exigences du marché.

3.3.3. Respect des principes de bonne gouvernance

La bonne gouvernance est une condition importante pour le développement des entreprises, quelque soit le secteur d’activité, ainsi que cela est souligné dans la SNRP2. Les points mentionnés ci-dessous ne concernent que quelques aspects de la gouvernance et ont été, pour certains, déjà énoncés précédemment. Mais ils paraissent essentiels dans le contexte du développement d’une aquaculture à orientation commerciale au Tchad, et sont donc repris ou précisés ci-dessous.

Dans le domaine de la bonne gouvernance, le rôle des pouvoirs publics (et ONGs) devrait être en particulier de :

promouvoir la mise en œuvre de toutes formes de partenariats public / privé pour appuyer le processus de développement de l’aquaculture ;

mettre en place un dispositif d’animation, de vulgarisation et d’appui-conseil performant et animé d’une stricte mission de service public ;

protéger les aquaculteurs contre les abus auxquels ils sont susceptibles d’être confrontés en tant que chefs d’entreprise s’agissant notamment de l’obligation de s’acquitter de taxes informelles et illicites6 ;

mettre en application la réglementation régissant les activités d’aquaculture, y compris les prestations de service dans le secteur ;

développer des cadres de concertation avec la profession pour la définition et la mise en œuvre des initiatives en matière de promotion du secteur de l’aquaculture.

Le rôle des producteurs devrait être de :

favoriser l’accès à l’information utile à la planification et au suivi-évaluation du secteur ;

participer activement aux mécanismes de concertation avec l’administration ;

coopérer avec l’administration notamment dans les domaines de la formation, de la gestion des stocks de géniteurs et de la recherche finalisée ;

respecter la réglementation en vigueur.

3.4. Environnement juridique adapté

La loi régissant les activités d’aquaculture est la Loi n°14/PR/2008 portant régime des forêts, de la faune et des ressources halieutiques, adoptée le 10 juin 2008. Celle-ci présente de nombreuses insuffisances et les dispositions se référant à l’aquaculture sont très générales. Elles sont, en tout état de cause, nettement insuffisantes pour border et promouvoir le développement d’une aquaculture à orientation commerciale qui soit en

6 Ce risque d’abus, qui se traduirait par des pertes de chiffre d’affaires conséquentes en cas de prélèvement de poisson dans les étangs, est un risque souvent mis en avant par les investisseurs potentiels rencontrés au Tchad.

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accord avec la vision et les principes proposés dans le Cadre stratégique. En outre, les textes d’application concernant l’aquaculture n’ont toujours pas été pris.

Or, l’absence d’une législation et de textes d’application adaptés constitue une contrainte pour l’aquaculture à orientation commerciale, qui se présentera avec une acuité de plus en plus importante à mesure que le nombre d’entreprises augmentera. Une législation claire, favorable et stable rassure en effet les promoteurs et investisseurs privés, ce qui est une condition essentielle au développement du secteur. En outre, en clarifiant les droits et obligations de chacun des acteurs, publics et privés, elle assure que ce développement se fera de façon harmonieuse. En effet, ainsi que vu précédemment, la question de l’environnement juridique est une question transversale qui doit être prise en compte dans plusieurs domaines : sécurisation du foncier (et des investissements), qualité des semences, qualité de l’aliment, qualité des prestations de service, professionnalisation de la filière, etc.

Par ailleurs, en clarifiant le statut des entreprises d’aquaculture et leur environnement, on peut espérer réduire les risques de prélèvement abusif de taxes informelles et illicites, dont l’occurrence au Tchad semble déjà particulièrement élevé.

Enfin, l’enjeu lié à un environnement juridique adapté est aussi de préparer le secteur à se développer sur des bases écologiquement saines et ainsi de prévenir les pollutions aquatiques susceptibles d’affecter les autres utilisateurs des ressources naturelles, notamment en zone de périmètres irrigués.

Dans le cadre de la mise en œuvre du Cadre stratégique, il conviendra par conséquent d’accorder une attention particulière à la question de l’amélioration du cadre juridique régissant les activités d’aquaculture.

3.5. Cas particulier des projets de stations aquacoles

Plusieurs projets de création de stations gouvernementales sont à l’étude en ce moment. Le financement de l’un de ces projets est aujourd’hui acquis à travers la CEBEVIRHA. Ce projet, en cours de démarrage, supportera la construction d’une station d’alevinage gouvernementale à Bongor au niveau du casier B.

L’objectif de l’administration, à travers les stations gouvernementales, est de s’assurer qu’il y aura des infrastructures d’accompagnement fonctionnelles dont le secteur a besoin pour démarrer et se développer.

Toutefois, des précautions particulières devront être prises au moment de la conception et de la mise en œuvre de ces stations aquacoles afin de veiller à ce que :

elles n’interfèrent pas avec les entreprises aquacoles en exerçant une concurrence déloyale, ce qui pourrait se traduire par une limitation de leur nombre ;

elles puissent constituer un outil de mise en œuvre de la vision et des principes énoncés par le Cadre stratégique dans les domaines de :

o la recherche ;

o la conservation d’un stock de géniteurs ;

o la reproduction des espèces menacées dans le souci de la sauvegarde de la biodiversité ;

o la production temporaire de semences de qualité en attendant que le secteur privé assure pleinement ce rôle ;

o la formation des techniciens et des aquaculteurs dans certaines technologies non encore maîtrisées par le secteur privé ;

elles puissent servir de centre de démonstration (vitrine) pour les promoteurs désireux d’investir dans l’aquaculture à orientation commerciale7.

7 En particulier, il sera important de bien aménager les sites accueillant les stations aquacoles, afin qu’ils collent le plus près aux exigences d’une aquaculture à orientation commerciales (ex. systèmes économes d’alimentation en eau, possibilités de vidange des étangs ou des bassins, taille et forme des étangs et des bassins, etc.).

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4. MISE EN ŒUVRE DU CADRE STRATÉGIQUE

Le Tchad se trouve à une période charnière dans l’histoire du développement de son secteur aquacole. En effet, après plus d’une décennie de ‘mise en veille’, le secteur fait aujourd’hui l’objet d’un regain d’intérêt de la part des pouvoirs publics (ex. création récente d’une DDA) et des partenaires au développement en référence aux projets en préparation. Dans le même temps, on assiste à l’émergence d’une nouvelle génération d’aquaculteurs qui par tâtonnement tentent de passer le cap d’une aquaculture à orientation commerciale capable de générer des revenus.

Le Cadre stratégique donne les orientations générales et les principes directeurs qui devraient guider les politiques publiques dans le secteur de l’aquaculture pour les 10 à 15 prochaines années, tout en précisant les conditions d’un développement durable et responsable du secteur et en insistant sur la nécessité de promouvoir des formes de partenariat à tous les niveaux entre les pouvoirs publics et le secteur privé.

Or, il serait vraiment regrettable que l’approche du Gouvernement et des projets en cours de démarrage ne tienne pas compte de la vision et des éléments de gouvernance contenus dans le Cadre stratégique. Car au delà du fait qu’un nouvel échec des projets de développement en faveur du secteur risquerait de refroidir à nouveau les partenaires pendant un certain temps, cela pourrait décourager les initiatives privées et retarder de plusieurs années l’émergence d’une génération d’entrepreneurs seule capable de contribuer, de manière significative, à relever le défi de la sécurité alimentaire du pays.

Il est donc impératif que le Cadre stratégique, qui à ce stade peut encore être perçu comme un document théorique, soit opérationnalisé et donc mis en œuvre dans les meilleurs délais.

Les recommandations qui suivent ont pour objet de promouvoir la mise en œuvre du Cadre stratégique.

Recommandation 1 : Adopter le document de Cadre stratégique

Le présent document a été validé par l’Atelier national sur le Cadre stratégique qui s’est tenu à N’Djamena les 23 et 24 juin 2010. Toutefois, afin de lui donner davantage de force en matière d’orientation des politiques publiques de développement de l’aquaculture, il est recommandé que : (i) le MERH adopte le présent document à travers les procédures internes au ministère (ex. décision ministérielle) dès que possible ; et (ii) le Cadre stratégique soit intégré à terme dans le document de politique nationale sur l’environnement en cours d’élaboration.

Recommandation 2 : Mettre en place un Comité paritaire de suivi du Cadre stratégique

Ce Comité paritaire sera chargé du suivi de la mise en œuvre du Cadre stratégique. A ce titre, il sera aussi consulté lors de la préparation des projets de développement en faveur du secteur. Il est recommandé que le Comité paritaire soit composé de 6 personnes représentant les institutions suivantes : 2 DDA, 2 recherche, 2 producteurs privés, et qu’il soit présidé par le Directeur de la DDA.

Recommandation 3 : Préparer et mettre en œuvre le premier Plan de développement de l’aquaculture au Tchad

Un Plan de développement de l’aquaculture, accompagné d’un programme d’actions et de financement sur 5 ans, permettra d’impulser l’opérationnalisation du Cadre stratégique. Il est par conséquent recommandé de faire tout le nécessaire pour promouvoir l’élaboration et l’adoption d’un Plan de développement de l’aquaculture dans les meilleurs délais.

Le contenu précis du Plan sera précisé au moment de son élaboration. Les composantes possibles du plan devraient être les suivantes :

Inventaire des zones potentielles aquacoles (y compris les itinéraires techniques souhaitables) pour les différents types d’aquaculture à orientation commerciale, et en priorité la pisciculture en étangs, la rizipisciculture et l’algoculture ;

Mise en œuvre d’un dispositif adapté de vulgarisation, animation et appui conseil ;

Mise en œuvre d’un dispositif adapté de recherche (y compris mécanismes de coopération scientifique avec d’autres pays de la sous-région) ;

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Amélioration des capacités de planification et de suivi-évaluation du secteur (y compris mécanismes de coopération technique avec d’autres pays de la sous-région et mécanismes de concertation permanente avec le secteur privé) ;

Renforcement des capacités des acteurs publics et privés (formation, recyclage, développement organisationnel) ;

Amélioration des systèmes de financement ;

Amélioration du cadre juridique.

Recommandation 4 : Adopter les textes d’application de la loi en vigueur et commencer à conduire des réflexions sur l’amélioration du cadre juridique régissant les activités aquacoles

Les insuffisances du cadre juridique actuel ne constituent pas, dans l’immédiat, une contrainte importante à l’émergence de fermes aquacoles à orientation commerciale. Il est toutefois recommandé que les textes d’application de la loi en vigueur concernant la création des établissements d’aquaculture soient adoptés dans les meilleurs délais.

Par ailleurs, au vu des nombreuses insuffisances de la Loi n°14/PR/2008 portant régime des forêts, de la faune et des ressources halieutiques du 10 juin 2008 concernant les dispositions relatives à l’aquaculture, et considérant que la loi et ses textes d’application devraient constituer un outil pertinent et efficace de la mise en œuvre de la vision et des principes énoncés dans le cadre stratégique, il est recommandé que des réflexions sur l’amélioration du cadre juridique régissant les activités aquacoles dans le cadre de mécanismes impliquant l’administration, la recherche et la profession soient initiées dès que possible.

Recommandation 5 : Mettre en place une fiscalité adaptée au secteur de l’aquaculture

A l’instar des secteurs de l’agriculture et de l’élevage, il est recommandé que le secteur de l’aquaculture bénéficie d’un régime fiscal adapté et avantageux incluant notamment une exonération des taxes douanières sur l’importation des intrants pendant une durée suffisante à son essor.

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