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415 J Chir 2007,144, N°5 • © 2007. Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Article original Cancer et religiosité : la connaissance de la maladie affecte-elle le degré de la foi en Dieu ? A. Maalouf, G. Sleilati, R. Sarkis Université Saint Joseph, Faculté de Médecine – Beirut (Liban). Correspondance : R. Sarkis (MD, Ph. D), Hôtel-Dieu de France, Université Saint Joseph, Faculté de Médecine, Beirut, Liban. e-mail : [email protected] Résumé / Abstract Cancer et religiosité : la connaissance de la maladie affecte-elle le degré de la foi en dieu ? A. Maalouf, R. Sarkis, G. Sleilati Objectif : Mesurer l’influence de la connaissance de sa maladie cancéreuse sur le degré de la foi religieuse chez le patient. Méthode : Interrogatoire auprès de 117 patients ayant une maladie cancéreuse admis au service d’oncologie de l’Hôtel Dieu de France durant la période allant du 24 Novembre 2005 au 1 er Décembre 2005, et remplissage d’une version arabe du questionnaire du SCSORF : plus le score à ce questionnaire s’élève, plus il indique un haut degré de foi. Résultats : On a retrouvé un score plus élevé chez les patients qui sont au courant de leur maladie que ceux qui ne le sont pas (p < 0,001), plus élevé chez les femmes que les hommes (p < 0,05), plus élevé chez les Musulmans que les Chrétiens (p < 0,01) mais les Chrétiens avaient un score plus élevé à la question du confort dans la foi (p < 0,001), plus élevé chez les patients avec rechute de leur maladie que ceux sans rechute (p < 0,01), plus élevé chez les patients qui ne prenaient pas de benzodiazépines que ceux qui en prenaient (p < 0,05). On a aussi retrouvé une corrélation positive entre le niveau d’éducation et la connaissance de la maladie (p < 0,05), corrélation positive entre la durée depuis le diagnostic et la fréquence de la prière (p < 0,05) et une corrélation négative entre le niveau d’éducation et la préférence d’être en groupe avec des personnes de la même foi (p < 0,05). Conclusion : Cette étude est la première à démontrer que connaître son diagnostic de cancer est un facteur qui augmente le degré de la foi religieuse, indépendamment du stress mondain que vit le patient. Cela souligne l’importance de la foi du patient pour un meilleur contrôle des symptômes de la maladie ou des effets secondaires des traitements, avec une réduction de l’usage des benzodiazépines. Mots-clés : Cancer. Qualité de vie. Foi. Cancer and religiosity: does knowledge of disease affect the degree of faith in God? A. Maalouf, R. Sarkis, G. Sleilati Objective: To measure the influence of knowledge of one’s cancer on the degree of religious faith in patients Method: Questioning of 117 patients with cancer who were admitted to the oncology department of the Hôtel Dieu de France Hospital during the period from 24 November 2005 to 1 December 2005, and filling out of an Arabic version of the SCSORF questionnaire: the higher the score on this questionnaire, the more it indicates a high level of religious faith. Results: We found a higher score in patients who knew about their disease than in those who did not (p<0.001), a higher score in women than in men (p<0.05), a higher score in Muslims than in Christians (p<0.01), but Christians had a higher score on the question concerning comfort in religious faith (p<0.001), a higher score in patients with relapse of their disease than those with no relapse (p<0.01), and a higher score in patients who were not taking benzodiazepines than in those who were taking them (p<0.05). We also found a positive correlation between education level and knowledge of the disease (p<0.05), a positive correlation between the time lapsed since diagnosis and the frequency of prayer (p<0.05), and a negative correlation between education and the preference for being in a group of people of the same faith (p<0.05). Conclusion: This study is the first to demonstrate that knowing one’s cancer diagnosis is a factor that increases the degree of religious faith, independently of the everyday stress Introduction Le cancer est une expérience qui boule- verse toute la vie du patient et de sa fa- mille. Traitements épuisants, diminution de la qualité de vie et l’incertitude de la survie sont parmi les fardeaux à suppor- ter. Pour plusieurs, la religion et la spi- ritualité jouent un rôle important dans le « coping » à cette crise [1]. Des études menées auprès des patients avec divers types de cancer ont montré que la ma- jorité considérait la religion comme importante et qu’elle les avait aidés à faire face à leur maladie [2-5]. De plus, religion et spiritualité sont associées avec une amélioration du confort du pa- tient ainsi qu’une réduction de l’hostilité , de l’anxiété et de l’isolation sociale [6-8]. Cette conclusion est aussi supportée par deux grandes études menées par Levins et al. auprès de la population générale [9, 10]. Ils ont retrouvé que la religiosité et la participation à des services reli- gieux étaient corrélées de façon positive à l’état de santé et de bien être. Cet effet bénéfique de la foi religieuse pour les cancéreux est solidement établi dans plusieurs travaux de recherche : meilleur ajustement [11, 12], meilleure qualité de vie avec moins de détresse [13], moins de douleur, moins de fatigue, moins de dépression [14, 15] et même meilleur fonctionnement immunitaire [16, 17]. Cette relation foi-cancer n’est pas unidirectionnelle puisque le cancer va aussi affecter la religiosité du patient. Plusieurs travaux ont décrit des individus qui s’ont senti plus proches de Dieu, plus sensibles au moment présent, plus appréciatifs de la vie, plus connectés à des forces au delà d’eux-mêmes ou plus imprégnés d’un sens de mission [18-20]. Concernant l’effet du cancer sur le degré de la foi religieuse, le faible nombre de recherches dans ce domaine ne permet pas de bien conclure. Dans une étude transversale chez des femmes âgées

Cancer et religiosité : la connaissance de la maladie affecte-elle le degré de la foi en Dieu ?

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J Chir 2007,144, N°5 • © 2007. Elsevier Masson SAS. Tous dro

Article original

Cancer et religiosité : la connaissance de la maladie affecte-elle le degré de la foi en Dieu ?

A. Maalouf, G. Sleilati, R. SarkisUniversité Saint Joseph, Faculté de Médecine – Beirut (Liban).

Correspondance : R. Sarkis (MD, Ph. D), Hôtel-Dieu de France, Université Saint Joseph, Facultéde Médecine, Beirut, Liban. e-mail : [email protected]

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Résumé / Abstract

Cancer et religiosité : la connaissance de la maladie affecte-elle le degré de la foi en dieu ?A. Maalouf, R. Sarkis, G. SleilatiObjectif : Mesurer l’influence de la connaissance de sa maladie cancéreuse sur le degré de la foi religieuse chez le patient.Méthode : Interrogatoire auprès de 117 patients ayant une maladie cancéreuse admis au service d’oncologie de l’Hôtel Dieu de France durant la période allant du 24 Novembre 2005 au 1er Décembre 2005, et remplissage d’une version arabe du questionnaire du SCSORF : plus le score à ce questionnaire s’élève, plus il indique un haut degré de foi.Résultats : On a retrouvé un score plus élevé chez les patients qui sont au courant de leur maladie que ceux qui ne le sont pas (p < 0,001), plus élevé chez les femmes que les hommes (p < 0,05), plus élevé chez les Musulmans que les Chrétiens (p < 0,01) mais les Chrétiens avaient un score plus élevé à la question du confort dans la foi (p < 0,001), plus élevé chez les patients avec rechute de leur maladie que ceux sans rechute (p < 0,01), plus élevé chez les patients qui ne prenaient pas de benzodiazépines que ceux qui en prenaient (p < 0,05). On a aussi retrouvé une corrélation positive entre le niveau d’éducation et la connaissance de la maladie (p < 0,05), corrélation positive entre la durée depuis le diagnostic et la fréquence de la prière (p < 0,05) et une corrélation négative entre le niveau d’éducation et la préférence d’être en groupe avec des personnes de la même foi (p < 0,05).Conclusion : Cette étude est la première à démontrer que connaître son diagnostic de cancer est un facteur qui augmente le degré de la foi religieuse, indépendamment du stress mondain que vit le patient. Cela souligne l’importance de la foi du patient pour un meilleur contrôle des symptômes de la maladie ou des effets secondaires des traitements, avec une réduction de l’usage des benzodiazépines.

Mots-clés : Cancer. Qualité de vie. Foi.

Cancer and religiosity: does knowledge of disease affect the degree of faith in God?A. Maalouf, R. Sarkis, G. SleilatiObjective: To measure the influence of knowledge of one’s cancer on the degree of religious faith in patientsMethod: Questioning of 117 patients with cancer who were admitted to the oncology department of the Hôtel Dieu de France Hospital during the period from 24 November 2005 to 1 December 2005, and filling out of an Arabic version of the SCSORF questionnaire: the higher the score on this questionnaire, the more it indicates a high level of religious faith.Results: We found a higher score in patients who knew about their disease than in those who did not (p<0.001), a higher score in women than in men (p<0.05), a higher score in Muslims than in Christians (p<0.01), but Christians had a higher score on the question concerning comfort in religious faith (p<0.001), a higher score in patients with relapse of their disease than those with no relapse (p<0.01), and a higher score in patients who were not taking benzodiazepines than in those who were taking them (p<0.05). We also found a positive correlation between education level and knowledge of the disease (p<0.05), a positive correlation between the time lapsed since diagnosis and the frequency of prayer (p<0.05), and a negative correlation between education and the preference for being in a group of people of the same faith (p<0.05).Conclusion: This study is the first to demonstrate that knowing one’s cancer diagnosis is a factor that increases the degree of religious faith, independently of the everyday stress

its réservés.

Introduction

Le cancer est une expérience qui boule-verse toute la vie du patient et de sa fa-mille. Traitements épuisants, diminutionde la qualité de vie et l’incertitude de lasurvie sont parmi les fardeaux à suppor-ter. Pour plusieurs, la religion et la spi-ritualité jouent un rôle important dansle « coping » à cette crise [1]. Des étudesmenées auprès des patients avec diverstypes de cancer ont montré que la ma-jorité considérait la religion commeimportante et qu’elle les avait aidés àfaire face à leur maladie [2-5]. De plus,religion et spiritualité sont associéesavec une amélioration du confort du pa-tient ainsi qu’une réduction de l’hostilité,de l’anxiété et de l’isolation sociale [6-8].Cette conclusion est aussi supportée pardeux grandes études menées par Levinset al. auprès de la population générale[9, 10]. Ils ont retrouvé que la religiositéet la participation à des services reli-gieux étaient corrélées de façon positiveà l’état de santé et de bien être. Cet effetbénéfique de la foi religieuse pour lescancéreux est solidement établi dansplusieurs travaux de recherche : meilleurajustement [11, 12], meilleure qualité devie avec moins de détresse [13], moinsde douleur, moins de fatigue, moins dedépression [14, 15] et même meilleurfonctionnement immunitaire [16, 17].

Cette relation foi-cancer n’est pasunidirectionnelle puisque le cancer vaaussi affecter la religiosité du patient.Plusieurs travaux ont décrit des individusqui s’ont senti plus proches de Dieu,plus sensibles au moment présent, plusappréciatifs de la vie, plus connectés àdes forces au delà d’eux-mêmes ou plusimprégnés d’un sens de mission [18-20].Concernant l’effet du cancer sur le degréde la foi religieuse, le faible nombre derecherches dans ce domaine ne permetpas de bien conclure. Dans une étudetransversale chez des femmes âgées

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experienced by the patient. This underscores the importance of the patient’s faith in better controlling the symptoms of the disease and the side effects of the treatments, with a reduction in the use of benzodiazepines.

Key words: Cancer. Quality of life. Faith.

chez qui un diagnostic de cancer du sein

a été nouvellement porté, la moitiéa signalé une fortification de leur foi [1].Des résultats semblables sont retrouvésdans une autre étude transversale chezdes patients qui recevaient un traitementpour divers type de cancer [21]. La plu-part ont signalé une augmentation deleur implication religieuse, avec 67 %qui ont signalé une augmentation de laprière et 51 % une augmentation de leurfoi. En revanche, dans une étude longi-tudinale avec des patients cancéreux austade terminal, il y avait peu de change-ment de la religiosité [3]. Parmi ceux quisont décédés au cours de l’étude, il y avaitune tendance vers la diminution ou lastabilisation de la foi religieuse plutôtqu’une augmentation. Une étude menéeauprès de 108 patientes diagnostiquéesavec un cancer gynécologique a montréque pour 76 % d’entre elles la religionavait une place sérieuse dans leur vie,49 % sont devenues plus religieusesdepuis leur diagnostic, aucune patienten’est devenue moins religieuse, et 93 %pensaient que leur engagement religieuxa aidé à garder leurs espoirs [22].Certains ont proposé le modèle dematuration post traumatique de Cal-houn et Tedeschi [23] pour expliquer cephénomène : quand un individu subitune menace ou une souffrance majeure,cette expérience bouleverse ses suppo-sitions à propos de ce monde et meten route un processus de réorganisationcognitive. Ces résultats insinuent qu’unhaut niveau de menace pourrait mobi-liser un plus grand « coping » religieux.

Pour permettre une évaluation ob-jective d’un certain aspect de la religio-sité, plusieurs instruments de mesureont été élaborés et validés. D’un intérêtparticulier à notre étude est le « SantaClara Strength of Religious FaithQuestionnaire » (SCSORFQ) [24, 25].Proposé par Plante et Bocaccini en 1997,cet instrument concis permet d’évaluerune dimension de la religiosité qui a reçupeu d’attention dans le domaine de re-cherche de la santé : le degré de la foireligieuse (tableau 1). C’est un ques-tionnaire de 10 items à coter de 1 à 4(de « je désapprouve fortement » à

« j’approuve fortement ») qui a démon-tré une forte cohérence interne et unebonne validité convergente et divergen-te dans plusieurs études avec des ci-toyens, des étudiants [24-26] et des con-sommateurs de substances dopantes[27]. De plus, le SCSORFQ ne contientpas de référence à une orientation reli-gieuse particulière et donc peut être uti-lisé chez tous sujets quelle que soit leuraffiliation religieuse. Pour étudier sespropriétés psychométriques parmi lessujets médicaux, l’instrument a été ad-ministré à 175 femmes consultantes uneclinique de gynécologie et à 104 patientscancéreux recevant un traitement dansun programme de transplantation demoelle [28]. Dans les deux échantillons,le SCSORFQ a démontré une fortecohérence interne (alpha = 0,96-0,97) et une forte association avec lesautres mesures de religiosité (reli-giosité intrinsèque, pratique religieu-se, confort et puissance tiré de la reli-gion, perception de soi commereligieux). Dans le groupe des cancé-reux, le SCSORFQ score était cor-rélé avec le sexe où les femmesavaient un plus haut score. Une étude

Tableau 1

Les dix questions du SCSORFQ [24].

1 Ma foi religieuse est très importante pour moi

2 Je prie quotidiennement

3 Ma foi est une source d’inspiration

4 Ma foi me procure du sens et du but dans ma vie

5 Je me considère actif dans ma foi, église,mosquée, temple

6 Ma foi est une part importante de ma personne

7 Ma relation avec Dieu est très importante pour moi

8 J’aime être parmi d’autres qui partagent ma foi

9 Je retrouve dans ma foi une source de confort

10 Ma foi a un impact sur plusieurs de mes décisions

ultérieure avec des patients de cancer desein et des sujets sains a été menée pourexaminer la stabilité test-retest [29].Dans les deux échantillons, la mesure adémontré une bonne stabilité test-retest(r = 0,82-0,93) et une bonne consistanceinterne (alpha = 0,95-0,97). Le SC-SORFQ des sujets cancéreux était plusélevé que celui des sujets sains ce qui re-lève un plus haut degré de foi chez lescancéreux. Le SCSORFQ s’est avéréêtre un moyen fiable et concis pourl’évaluation de l’intensité de foi reli-gieuse.

Les recherches antérieures ontcomparé la foi d’un groupe cancéreuxà celui d’un groupe sain ce qui nepermet pas de bien cerner si la connais-sance de son diagnostic est à l’origine decette différence en foi observée ou si c’estseulement le stress mondain que vit lecancéreux (visites fréquentes à l’hôpital,traitements lourds, fatigue…) qui est lacause. D’où l’intérêt de notre étude dontl’objet est de répondre à cette questionen comparant les patients qui connais-sent leur diagnostic à ceux qui ne leconnaissent pas, deux populations quipar ailleurs sont comparables (toutes lesdeux vivent le stress des examens mé-dicaux, des traitements et des hospita-lisations).

Le but de notre étude était d’essayerd’isoler l’effet cognitif du cancer sur ledegré de la foi religieuse du patient can-céreux ; est-ce que la connaissance dudiagnostic de cancer diminue la ferveurde la foi, l’augmente, ou reste-elleinchangée ?

Matériels et méthodes

L’échantillonLes participants à l’étude étaient tousdes patients ayant une maladie can-céreuse, admis au service d’oncologiede l’hôpital de l’Hôtel-dieu de France(Beyrouth-Liban) pendant la périodeallant du 24 novembre 2005 au 1er dé-cembre 2005, ayant un âge ≥ 18 ans avecun état clinique jugé adéquat pour unebonne compréhension du questionnaireet une bonne coopération. L’échantillons’est ainsi constitué de 117 patients.

Les instrumentsLe seul et principal instrument de notreenquête consistait en un questionnairesimple comportant trois parties, lapremière relevant les caractéristiques

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socio-démographiques, la deuxième lescaractéristiques médicales et la troisièmeconsacrée à l’évaluation du degré dela foi. Cette partie était formée desdix questions du SCSORFQ traduitesen arabe, chacune à coter par le patientde 1 à 4. Ainsi un total sur 40 a étécalculé pour chaque patient, plus cescore augmente, plus le degré de foi estélevé.

La procédureAprès une triple vérification du degré deconnaissance du patient de sa maladie(interrogatoire des infirmières, desparents, et question indirecte posée aupatient lui-même), les informations

démographiques et médicales étaientremplies puis le SCSORFQ était dis-tribué à chaque patient. À noter que14 malades ont répondu au questionnaireoralement (12 ne savaient pas lire et 2n’avaient pas leur lunette de lecture aveceux).

L’analyse statistiqueL’analyse des données était faite grâceau logiciel SPSS® (Statistical Package forthe Social Sciences). La corrélation entrele score et les paramètres quantitatifs et/ou de type ordinal a été fondée sur lecoefficient non paramétrique de Spear-man. La comparaison du score entre lessous groupes a fait appel aux tests non

Tableau 2

Les caractéristiques de l’échantillon.

Âge – années Type de cancer – n ( %)

Moyenne 60,45 Sein 34 (29,1)

Écart-type 13,44 Hématologique 21 (17,9)

Sexe – n ( %) Poumon 20 (17,1)

Femme 66 (56,4) Tractus digestif 16 (13,7)

Homme 51 (43,6) Gynécologique 10 (8,5)

Nationalité – n ( %) Pancréas 7 (6)

Libanais 114 (96.6) Prostate 3 (2,6)

Étranger 4 (3,4) ORL 2 (1,7)

Autre 4 (3,4)

Lieu de résidence – n ( %) Mois depuis le diagnostic – mois

Beyrouth 74 (63,2) Moyenne 28,67

Mont Liban 23 (19,7) Écart type 34,26

Bekaa 8 (6,8) Mode 2

Nord 7 (6) Médiane 12

Sud 3 (2,6) Traitement reçu – n (%)

Étranger 2 (1,7) Médical 117 (100)

État civil – n ( %) Chirurgical 61 (52,1)

Marié 93 (79,5) Radiothérapie 30 (25,6)

Veuf/Séparé 16 (13,7) Rechute de la maladie – n (%)

Célibataire 8 (6,8) Oui 37 (31,6)

Niveau économique – n (%) Non 80 (68,4)

Bas 33 (28,2) Traitement psychotrope – n (%)

Moyen 75 (64,1) Aucun 78 (66,7)

Élevé 9 (7,7) Benzodiazépine 37 (31,6)

Affiliation religieuse – n (%) Anti-dépresseur 11 (9,4)

Chrétien 81 (69,2) Le SCSORFQ score – points/40

Musulman 36 (30,8) Moyenne 34,69

Connaissance de la maladie – n (%) Écart-type 4,32

Oui 79 (67,5) Mode 37

Non 38 (32,5) Médiane 36

Motif d’admission – n (%) Plus bas score retrouvé 14

Chimiothérapie 110 (94) Plus haut score retrouvé 40

Complication 7 (6)

paramétriques de Mann-Whitney et deKruskal-Wallis. L’analyse multivariée afait appel à la régression ordinale selonle protocole de McCullagh (1980, 1998).La distribution des scores étant déviéeà droite vers la gamme des valeurs supé-rieures, la fonction de liaison choisie estla fonction log-log complémentaire. Laqualité d’ajustement du modèle a utiliséla statistique de Pearson. L’adéquationdu modèle a fait appel au PseudoR2 de Cox et Snell, de Nagelkerke et deMcFadden. Le modèle final ayant lemaximum de vraisemblance a été retenu.Chaque facteur dans ce modèle agit viason coefficient sur le score total. Quandle coefficient est positif, le facteur estfavorable ; quand le coefficient estnégatif, le facteur est de mauvais pronos-tic, l’amplitude du coefficient donnantl’importance de ce facteur, et ceci touteschoses étant égales par ailleurs carl’analyse est multivariée.

Tous les tests sont bilatéraux, etp < 0,05 est considéré comme significa-tif. Le p < 0,10 tend vers la signification.

Résultats

L’échantillon (tableau 2)Le taux de participation était de 97,5 %(des 120 patients éligibles, 3 ont refuséde participer). La moyenne d’âge étaitde 60,5 ans avec 56,4 % de femmes. Lamajorité étaient des Libanais (96,6 %),résidant à Beyrouth (63,2 %), mariés(79,5 %) et d’un niveau socio-écono-mique moyen (64,1 % avec un revenumensuel entre 700 $ et 2 500 $). L’affi-liation religieuse s’est répartie entre69,2 % de Chrétiens et 30,8 % de Mu-sulmans. Pour le niveau d’éducation,9,4 % étaient illettrés, 60,7 % avaient unecertaine éducation scolaire et 29,9 %avaient une éducation universitaire.Concernant la variable cruciale pourcette étude, qui est celle de la connais-sance de la maladie cancéreuse, nousavons noté que 67,5 % des sujets étaientau courant de leur diagnostic alors que32,5 % des sujets ne connaissait pas leurcancer.

Plusieurs types de cancer ont été re-présentés, essentiellement le cancer dusein (29,1 %), hématologique (17,9 %),du poumon (17,1 %) et digestif (13,7 %).La moyenne des mois écoulés depuis lediagnostic était de 28,7 mois. Tous lesmalades avaient reçu un traitement mé-dical (chimiothérapie, hormonothérapie)

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et 52,1 % un traitement chirurgical ;31,6 % avaient eu une rechute de leurcancer et 33,3 % prenaient un traitementa effet psychotrope (31,6 % des patientsétaient sous benzodiazépine).

La moyenne du score au SCSORFQétait de 34,69/40 (écart-type de 4,32)avec la plus haute note pour la question 7(3,90/4) et la plus basse pour la question5 (2,79/4).

Associations entre le score SCSORFQ et les autres variables (tableau 3)L’analyse statistique multivariée a mon-tré que le score des patients au cou-rant de leur maladie (35,92/40) étaitsignificativement supérieur à celui despatients non au courant (33,08/40)(p < 0,001), le score des femmes(35,89/40) était significativement su-périeur à celui des hommes (33,84/40)(p < 0,05), le score des Libanais (35,23/40) était significativement supérieur àcelui des étrangers (28,50/40) (p< 0,05), le score des Musulmans(35,58/40) était significativement supé-rieur à celui des Chrétiens (34,74/40) (p< 0,05), le score des patients avec rechutede leur maladie (35,24/40) était signifi-cativement supérieur à celui des pa-tients sans rechute (34,89/40)(p < 0,05) et le score des patients qui neprenaient pas un traitement de benzo-diazépine (35,58/40) était significati-vement supérieur à celui des patientsqui en prenaient (33,76/40) (p < 0,05).Bien que le score des Musulmans soitlégèrement supérieur à celui des Chré-tiens, l’analyse a retrouvé que le scoredes Chrétiens à la question 9 « Je retrouvedans ma foi une source de confort » (3,81/4)était supérieur à celui des Musulmans(3,28/4) de façon statistiquement très si-gnificative (p < 0,001).

Aucune différence statistiquementsignificative n’est mise en évidence entreles scores SCSORFQ quand le reste desvariables sont prises comme critère deregroupement (lieu de résidence, état ci-vil, état financier, niveau éducatif, motifd’admission, modalités de traitementprises, antécédent de voyage, le type decancer, durée depuis le diagnostic).

Les corrélationsUne corrélation positive existait entre ladurée depuis le diagnostic et le scoredonné à la question 2 « Je prie quotidien-nement » (rho de Spearman = + 0,209)

statistiquement significative (p < 0,05).Aussi, on a retrouvé une corrélationnégative statistiquement significativeentre le niveau éducatif et le scoredonné pour la question 8 « J’aime êtreparmi d’autres qui partagent ma foi »(rho de spearman = -0,269) (p < 0,05).Finalement, le niveau d’éducation et laconnaissance de la maladie étaient cor-rélés de façon positive (rho de spearman= + 0,296) et statistiquement significative(p < 0,05).

Discussion

L’effet du cancer sur la foiOn a montré que le score au SCSORFQdes patients ayant connaissance estsupérieur à celui des patients n’ayantpas connaissance de leur cancer et n’estpas expliqué par une fluctuationd’échantillonnage. On peut alorsconclure que le fait isolé de connaître samaladie, indépendamment du stress quevit le cancéreux (traitements régulierset lourds, altération de l’état général,admissions fréquentes à l’hôpital,examens de routine…) puisque ceci estaussi le vécu des non connaisseurs, estun facteur qui rapproche le patient deDieu et augmente la ferveur de sa foireligieuse. Cette conclusion est en ac-cord avec les résultats des études qui ontcomparé le degré de la foi religieuse en-tre un groupe cancéreux et un autre noncancéreux [28, 29]. Nous pensons quece changement dans la religiosité pour-rait être en partie expliqué par le mo-dèle de maturation post-traumatique deCalhoun et Tedeschi. Dans la mentalitéde beaucoup de gens, cancer et décèsvont de soi, donc divulguer le diagnostic

les jette dans un monde inconnu où lapossibilité de mourir est considérée trèssérieusement. Cette situation boulever-se toutes ses suppositions, toutes sescertitudes à propos de ce monde. Leschoses qui paraissaient tellement im-portantes avant sont refoulées au se-cond plan, les projets de vie sont sus-pendus, sa place dans le schéma de lavie n’est plus claire. Le sujet se sentfragile, perdu, seul, cherchant le pour-quoi de cette « injustice ». Cette quêteaussi intellectuelle que spirituelle esttout un processus de réorganisation co-gnitive, une réévaluation de toutes sesphilosophies existentielles. Mais toutce monde matériel ne lui offre aucuneexplication plausible pour ce grand« Pourquoi ? ». C’est à ce moment qu’ilse fixe les yeux plus sur Dieu, commen-ce à s’attacher de plus en plus à sescroyances religieuses qui prennent dèslors le premier plan et lui offrent uneexplication plus plausible à son dilem-me et plus encourageante. Même sibeaucoup de questions restent non ré-solues, le patient s’attache plus à ceprincipe d’une réalité transcendante,de Dieu et d’une vie qui continuedans l’au delà : c’est la foi qui augmente.

À propos des autres facteursNotre étude n’a pas montré de relationentre le niveau d’éducation et le degréde foi, de même que les deux études deSherman et al. [28, 29]. Est-ce c’est par-ce qu’il n’y a vraiment pas de relation ?Ou bien est-ce l’effet traumatisant ma-jeur du cancer qui efface une telle rela-tion et rend l’effet de l’éducation sur lafoi non détectable ? Il est impossible de

Tableau 3

Les résultats significatifs selon les variables.

Connaissance de la maladie Score des patients au courant de leur maladie /Score des patients non au courant

Corrélation positive avec le niveau d’éducation

Sexe Score des femmes > Score des hommes

Nationalité Score des Libanais > Score des Érangers

Religion Score Musulmans > Score Chrétiens

Score Chrétiens en Q9 > Score Musulmans

Rechute Score patients avec rechute > Score patients sans rechute

Prise de benzodiazépines Score patients sans benzodiazépine > Score patients sous benzodiazépine

Durée depuis le diagnostic Corrélation positive avec le score de la question 2

Niveau d’éducation Corrélation négative avec le score de la question 8Corrélation positive avec la connaissance de la maladie

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J Chir 2007,144, N°5 • © 2007. Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

trancher avec les données de cette étu-de. Par contre, on a remarqué que plusle niveau d’éducation augmente, moinsle patient aime être parmi d’autres quipartagent sa foi (corrélation négativeavec le score à la question no 9 et le ni-veau d’éducation). Cela est probable-ment dû au fait que plus un individu de-vient intellectuel, plus il a tendance àréfléchir aux événements pour leurtrouver une explication rationnelle, etmoins il trouve de bénéfice aux réu-nions émotionnelles. De plus, on a re-trouvé que plus le niveau d’éducationaugmente plus le taux de patients aucourant de leur diagnostic augmente(corrélation positive entre ces deux va-riables) ; résultat auquel on s’atten-dait. Dans un pays tel que le Liban, lafamille du patient et le médecin trai-tant étudient soigneusement la déci-sion de divulguer le diagnostic au mala-de. L’arguement qui a le plus de poidssur une cette décision est de prévoircomment le malade va réagir à cettenouvelle, panique ou compréhension, etson effet sur sa qualité de vie. Le niveaud’éducation joue ainsi un rôle essentieldans cette évaluation. Moins une per-sonne est éduquée moins elle comprendle cancer en tant que maladie poten-tiellement traitable et plus elle l’envisagecomme sentence de mort. C’est pourcela que famille et médecin sont plusréticents à divulguer le diagnostic.

Le degré de foi chez les femmesde notre étude était plus élevé que celuides hommes, confirmant les résultatsdes publications antérieures [28, 29].Cette différence est due au fait que lesfemmes sont par nature plus émotion-nelles alors que les hommes sont plusrationnels. Ce sujet est discuté dansplusieurs travaux de recherches. Cettenature émotionnelle rend les femmesplus sensibles aux expériences trau-matisantes et plus connectées à leurspiritualité.

Bien que notre analyse ait montréque les Libanais ont un plus haut degréde foi que les étrangers, ces résultatssont contestables. Le nombre d’étran-gers inclus dans l’étude est trop faiblepour être représentatif et ne permet pasune bonne exploitation des résultats.C’est pourquoi, il nous paraît prudentde s’abstenir de tirer des conclusionsregardant la nationalité.

Le degré de foi des Musulmans étaitplus élevé que celui des Chrétiens, cesderniers retrouvant plus de confort dans

leur foi que les Musulmans. Notreopinion peut être critiquée, mais nouspensons que ces deux différences dé-coulent directement de la manière dontchacune des deux religions présentel’image de Dieu. Dans l’Islam, Dieu estle tout puissant créateur de l’univers, lesage juge, le juste, l’unique, l’amour parexcellence, qui demande toute notreattention et notre respect. Rentrer encommunion avec lui nécessite une tota-le obéissance à ses devoirs et ses décrets.Cette sincère quête de communion, deplaire à Dieu et accomplir ses devoirsest à l’origine d’un haut degré de foireligieuse. Dans le Christianisme,l’image de Dieu est un peu différente.Oui, Dieu est le Créateur, le tout puis-sant, le juge, le sage, l’amour par dé-finition, comme dans l’Islam, mais pourles Chrétiens, Dieu est aussi le fils dumodeste charpentier né il y a presque2 000 ans, qui a vécu dans la pauvreté,qui a partagé douleur et souffrance, etpar son amour pour l’homme, a choisid’être crucifié à notre place et assurer lesalut de l’homme. Dieu s’est incarnéparmi nous et a vécu le pire de nos pro-blèmes. Ce message peut être à l’origined’un haut degré de confort et de bien-être chez les Chrétiens qui tirentplus de signification et de valeur à leursouffrance.

Pour le traitement psychotrope,les patients qui étaient sous benzodiazé-pines avaient un plus bas score auSCSORFQ que ceux qui ne l’étaientpas. Que comprendre de ce résultat ? :1) est-ce qu’un traitement par anxio-lytique diminuait le degré de foi dupatient en lui donnant un meilleursentiment de bien être et en diminuantl’importance de ses croyances reli-gieuses ? ou ; 2) c’est parce que ceuxayant un haut degré de foi se sentaientdéjà plus ou moins confortables et nonanxieux qu’ils ne nécessitaient pas untraitement anxiolytique ? Formuléeautrement, la question qui se pose est,est-ce que c’est la prise d’anxiolytiquequi influe la foi ou c’est la foi qui influela prise d’anxiolytique ? Notre expé-rience auprès des patients ainsi que lesétudes précédentes [9-12] qui ont mesu-ré le degré d’anxiété en rapport avecle religiosité soutiennent la deuxièmehypothèse : un haut degré de foi résulteen moins d’anxiété et en un meilleurétat de bien être psychologique, et rendmoins nécessaire le traitement anxio-lytique aux patients.

LimitationsBeaucoup d’attention et de vérificationont été utilisées durant la traduction duSCSORFQ, la version arabe n’a pasbénéficié d’une étude pilote pour lavalidation du questionnaire en cettelangue. Une telle étude aurait étaitnécessaire pour s’assurer que le SC-SORFQ en arabe n’a pas perdu de sesqualités de mesure et de consistance.Mais le questionnaire est court, fait de10 questions, lesquelles sont formuléesde manière très simple, on a opté pourne pas faire d’étude pilote. Le secondpoint faible est le fait que 14 patientsn’ont pas rempli personnellement lequestionnaire mais ont répondu orale-ment pour chaque item qui leur étaitlu à haute voix. Ceci pourrait être àl’origine d’un biais dans les réponses(suggestion par la personne qui poseles questions) et poser un doute sur lavalidité de comparer leur score avecceux des autres qui ont personnellementlu et rempli le questionnaire. Maiscompte tenu du petit nombre de cespatients, et le fait que les questions ontété lues par la même personne, sansmodifications des phrases, l’impact surla validité des résultats doit être minime.

Conclusion

Cette étude est arrivée à montrercomment le cancer influence la religio-sité et la spiritualité du patient, enaugmentant le degré de la foi et lesrépercussions positives sur la qualité devie du patient. Ces résultats soulignentl’importance des croyances religieusesdans la tolérance de la maladie, mais aus-si la place primordiale qu’occupe lafoi dans la vie du cancéreux. Cette cons-tatation bien qu’évidente dans notrevie quotidienne auprès des malades estmaintenant démontrée de façon ob-jective et devrait pousser le milieuhospitalier à prendre plus en considéra-tion les besoins spirituels du malade, età incorporer ces éléments dans le planthérapeutique. Des études à la recher-che de la nature exacte de ces besoins de-vraient être lancées pour améliorer leconfort et le bien être des patients.

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Page 6: Cancer et religiosité : la connaissance de la maladie affecte-elle le degré de la foi en Dieu ?

Cancer et religiosité : la connaissance de la maladie affecte-elle le degré de la foi en dieu ?

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