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16 // REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - SEPTEMBRE/OCTOBRE 2014 - N°465 CAHIER 2 es La plateforme a été validée et a permis l’établissement de nombreuses collaborations entre le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC/IARC) et des scientifiques du monde entier. Caractéristiques du polyomavirus de Merkel dans des lignées de carcinome à cellules de Merkel au cours du temps Molet L 1 , Cantero-Brassart L 1 , Chantot-Bastaraud S 2 , Nicco C 1 , Vallette B 2 , Valent A 3 , Siffroi JP 2 , Batteux F 1 , Rozenberg F 1 1 Institut Cochin – UMRS 1016, Stress oxydant, prolifération cellulaire et inflammation, Paris, France, 2 Service de génétique et d’embryolo- gie médicales, Hôpital Armand-Trousseau, AP–HP, Université Paris VI, Paris, France, 3 Institut de cancérologie Gustave-Roussy, Villejuif, France Le carcinome à cellules de Merkel est une tumeur neuroendocrine cutanée du sujet âgé ou immunodéprimé. Le génome du Polyomavirus de Merkel (MCPyV) est présent dans la majorité des MCC étudiés à ce jour. De plus, l’intégration clonale du génome viral, la présence de mutations dans la séquence codant l’antigène LT, analogue de pro- téines oncogènes des Polyomavirus, et l’expression d’un Ag LT tron- qué suggèrent l’implication du virus dans l’oncogenèse. Cependant une minorité de MCC est dépourvue de génome MCV. Ce phénomène pourrait s’expliquer par un mécanisme « hit and run », où le virus via l’expression de la protéine LT induirait la tumorigenèse, puis l’acqui- sition d’aberrations chromosomiques dans les cellules transformées permettrait à la fois de s’émanciper de l’expression de l’antigène LT et d’éliminer le génome viral. Trois lignées cellulaires ont été établies à partir de tissus MCC provenant de deux patients. L’intégration du génome MCPyV a été démontrée dans les trois lignées en phase précoce de culture. Dans la lignée gan- glionnaire métastatique du premier patient, l’intégration et l’expression de la protéine LT ont persisté après plusieurs mois en culture, les cellules injectées par voie sous cutanée à la souris scid-nod-gamma ont reproduit des tumeurs conservant ces mêmes caractéristiques au long cours. Malgré la perte en quelques semaines du génome viral de la lignée tumorale du second patient, la tumorigenèse des cellules injectées à la souris était conservée voire accrue par rapport au modèle précédent. Deux modèles d’oncoge- nèse ont donc été établis : le premier illustre l’oncogenèse dépen- dante de l’expression de l’Ag LT du MCPyV, tandis que le second semble illustrer l’oncogenèse de type « hit and run » où le génome viral initie la transformation cellulaire puis est éliminé. Caractérisation des interactions entre les cellules dendritiques myéloïdes humaines et le BKPyV Sikorski M 1,3,4 , Tang TL 2,3,4 , McIlroy D 2,3,4 , Bressollette-Bodin C 2,3,4 , Touze A 5 , Halary F 1,3,4 1 UMR1064 INSERM/Center for research in transplantation and immuno- logy, Institute for transplantation, urology and nephrology (ITUN), Nantes, France, 2 EA 4271, Nantes, France, 3 Université de Nantes et 4 CHU Hôtel- Dieu, Nantes, France, 5 UMR INRA 1282, Nouzilly, France Le polyomavirus BK (ou BKPyV) est un virus ubiquitaire infectant de manière asymptomatique 80 % de la population pendant l’enfance. Suite à la primo-infection, il entre en phase de réplication à bas bruit dans les epithelia réno-urinaires. Suite à une transplantation, la prise d’un traitement immunosuppresseur diminue les réponses immuni- taires et donc le contrôle des infections virales notamment. Dans ce contexte, le BKPyV se comporte en pathogène opportuniste et se réplique activement dans le rein. Cette infection active peut en outre induire le développement d’une néphropathie évolutive, la néphro- pathie associée aux polyomavirus ou PVAN, caractérisée par une virémie et pouvant conduire au rejet du greffon. La gravité de cette atteinte rénale a été corrélée à l’établissement de cette virémie, dont la cause reste mal connue. Ainsi, le BKPyV est reconnu comme une cause infectieuse majeure de rejet de greffe. Basé sur des propriétés des cellules dendritiques (DC) aujourd’hui bien décrites, telles que la capacité à protéger des virus en surface et à les transmettre à d’autres cellules, et l’observation de DC à proximité immédiate des sites de réactivation du virus dans le rein normal, notre hypothèse est que les DC sont capables de capter le BKPyV et de le transporter avec elles dans l’organisme, favorisant l’établissement de la virémie. Notre groupe a ainsi pu démontrer par cytométrie de flux et par imagerie confocale, que des particules virales infectieuses, mais également des pseudo-particules (VLP), peuvent être capturées spécifiquement par des cellules dendritiques myéloïdes (mDC) in vitro. En outre, nous avons également démontré que la protéine VP1, composant majeur de la capside, était incapable d’activer les mDC. Enfin, nous avons montré que le virus capturé par les mDC peut être transmis à des cellules épithéliales tubulaires rénales très susceptibles à l’infection BKPyV. En conclusion, nous pouvons dire que cette interaction entre des particules infectieuses de BKPyV avec notre modèle de mDC est décrite pour la première fois. Elle doit être confirmée dans d’autres modèles et approfondie. Nous envisageons en collaboration avec les néphrologues nantais d’investiguer le rôle de ces cellules dans les greffons de reins humains après transplantation. Implication des HPV dans la carcinogenèse cutanée Aubin F Université de Franche-Comté, EA3181, SFR FED 4234 et Centre hospi- talier universitaire, Service de dermatologie, Besançon, France Alors que le rôle carcinogène des HPV béta cutanés de type 5 et 8 est bien établi dans l’épidermodysplasie verruciforme, l’impli- cation des HPV béta cutanés dans la carcinogenèse cutanée reste discutée. Sur le plan sérologique, il existe une association statistique significative entre la présence d’anticorps anti-HPV de type bêta et la présence de carcinome épidermoïde. Sur le Session Dermatologie plan épidémiologique, de nombreux travaux ont mis en évidence la présence d’ADN d’HPV dans une forte proportion de cancers épithéliaux cutanés, en particulier les carcinomes épidermoïdes. La prévalence de la détection de l’ADN d’HPV bêta dans les carcinomes épidermoïdes des sujets immunocompétents ou immunodéprimés (greffés rénaux, infection par le VIH) varie de 50 à 90 % des cas, selon les techniques de détection et selon les localisations anatomiques et géographiques des patients. De plus, la prévalence génomique virale est similaire à celle de la peau saine ou des sourcils et à celle des lésions précancéreuses épithéliales. Enfin, la prévalence de l’ADN d’HPV bêta est plus importante dans les couches superficielles (stratum corneum)

Caractérisation des interactions entre les cellules dendritiques myéloïdes humaines et le BKPyV

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16 // REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - SEPTEMBRE/OCTOBRE 2014 - N°465 CAHIER 2

es

La plateforme a été validée et a permis l’établissement de nombreuses collaborations entre le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC/IARC) et des scientifiques du monde entier.

Caractéristiques du polyomavirus de Merkel dans des lignées de carcinome à cellules de Merkel au cours du temps

Molet L1, Cantero-Brassart L1, Chantot-Bastaraud S2, Nicco C1, Vallette B2, Valent A3, Siffroi JP2, Batteux F1, Rozenberg F1

1Institut Cochin – UMRS 1016, Stress oxydant, prolifération cellulaire et inflammation, Paris, France, 2 Service de génétique et d’embryolo-gie médicales, Hôpital Armand-Trousseau, AP–HP, Université Paris VI, Paris, France, 3 Institut de cancérologie Gustave-Roussy, Villejuif, France

Le carcinome à cellules de Merkel est une tumeur neuroendocrine cutanée du sujet âgé ou immunodéprimé. Le génome du Polyomavirus de Merkel (MCPyV) est présent dans la majorité des MCC étudiés à ce jour. De plus, l’intégration clonale du génome viral, la présence de mutations dans la séquence codant l’antigène LT, analogue de pro-téines oncogènes des Polyomavirus, et l’expression d’un Ag LT tron-qué suggèrent l’implication du virus dans l’oncogenèse. Cependant une minorité de MCC est dépourvue de génome MCV. Ce phénomène pourrait s’expliquer par un mécanisme « hit and run », où le virus via l’expression de la protéine LT induirait la tumorigenèse, puis l’acqui-sition d’aberrations chromosomiques dans les cellules transformées permettrait à la fois de s’émanciper de l’expression de l’antigène LT et d’éliminer le génome viral.Trois lignées cellulaires ont été établies à partir de tissus MCC provenant de deux patients. L’intégration du génome MCPyV a été démontrée dans les trois lignées en phase précoce de culture. Dans la lignée gan-glionnaire métastatique du premier patient, l’intégration et l’expression de la protéine LT ont persisté après plusieurs mois en culture, les cellules injectées par voie sous cutanée à la souris scid-nod-gamma ont reproduit des tumeurs conservant ces mêmes caractéristiques au long cours. Malgré la perte en quelques semaines du génome viral de la lignée tumorale du second patient, la tumorigenèse des cellules injectées à la souris était conservée voire accrue par rapport au modèle précédent. Deux modèles d’oncoge-nèse ont donc été établis : le premier illustre l’oncogenèse dépen-dante de l’expression de l’Ag LT du MCPyV, tandis que le second semble illustrer l’oncogenèse de type « hit and run » où le génome viral initie la transformation cellulaire puis est éliminé.

Caractérisation des interactions entre les cellules dendritiques myéloïdes humaines et le BKPyV

Sikorski M1,3,4, Tang TL2,3,4, McIlroy D2,3,4, Bressollette-Bodin C2,3,4, Touze A5, Halary F1,3,4

1 UMR1064 INSERM/Center for research in transplantation and immuno-logy, Institute for transplantation, urology and nephrology (ITUN), Nantes, France, 2EA 4271, Nantes, France, 3Université de Nantes et 4CHU Hôtel-Dieu, Nantes, France, 5UMR INRA 1282, Nouzilly, France

Le polyomavirus BK (ou BKPyV) est un virus ubiquitaire infectant de manière asymptomatique 80 % de la population pendant l’enfance. Suite à la primo-infection, il entre en phase de réplication à bas bruit dans les epithelia réno-urinaires. Suite à une transplantation, la prise d’un traitement immunosuppresseur diminue les réponses immuni-taires et donc le contrôle des infections virales notamment. Dans ce contexte, le BKPyV se comporte en pathogène opportuniste et se réplique activement dans le rein. Cette infection active peut en outre induire le développement d’une néphropathie évolutive, la néphro-pathie associée aux polyomavirus ou PVAN, caractérisée par une virémie et pouvant conduire au rejet du greffon. La gravité de cette atteinte rénale a été corrélée à l’établissement de cette virémie, dont la cause reste mal connue. Ainsi, le BKPyV est reconnu comme une cause infectieuse majeure de rejet de greffe. Basé sur des propriétés des cellules dendritiques (DC) aujourd’hui bien décrites, telles que la capacité à protéger des virus en surface et à les transmettre à d’autres cellules, et l’observation de DC à proximité immédiate des sites de réactivation du virus dans le rein normal, notre hypothèse est que les DC sont capables de capter le BKPyV et de le transporter avec elles dans l’organisme, favorisant l’établissement de la virémie. Notre groupe a ainsi pu démontrer par cytométrie de flux et par imagerie confocale, que des particules virales infectieuses, mais également des pseudo-particules (VLP), peuvent être capturées spécifiquement par des cellules dendritiques myéloïdes (mDC) in vitro. En outre, nous avons également démontré que la protéine VP1, composant majeur de la capside, était incapable d’activer les mDC. Enfin, nous avons montré que le virus capturé par les mDC peut être transmis à des cellules épithéliales tubulaires rénales très susceptibles à l’infection BKPyV. En conclusion, nous pouvons dire que cette interaction entre des particules infectieuses de BKPyV avec notre modèle de mDC est décrite pour la première fois. Elle doit être confirmée dans d’autres modèles et approfondie. Nous envisageons en collaboration avec les néphrologues nantais d’investiguer le rôle de ces cellules dans les greffons de reins humains après transplantation.

Implication des HPV dans la carcinogenèse cutanéeAubin FUniversité de Franche-Comté, EA3181, SFR FED 4234 et Centre hospi-talier universitaire, Service de dermatologie, Besançon, France

Alors que le rôle carcinogène des HPV béta cutanés de type 5 et 8 est bien établi dans l’épidermodysplasie verruciforme, l’impli-cation des HPV béta cutanés dans la carcinogenèse cutanée reste discutée. Sur le plan sérologique, il existe une association statistique significative entre la présence d’anticorps anti-HPV de type bêta et la présence de carcinome épidermoïde. Sur le

Session Dermatologie

plan épidémiologique, de nombreux travaux ont mis en évidence la présence d’ADN d’HPV dans une forte proportion de cancers épithéliaux cutanés, en particulier les carcinomes épidermoïdes. La prévalence de la détection de l’ADN d’HPV bêta dans les carcinomes épidermoïdes des sujets immunocompétents ou immunodéprimés (greffés rénaux, infection par le VIH) varie de 50 à 90 % des cas, selon les techniques de détection et selon les localisations anatomiques et géographiques des patients. De plus, la prévalence génomique virale est similaire à celle de la peau saine ou des sourcils et à celle des lésions précancéreuses épithéliales. Enfin, la prévalence de l’ADN d’HPV bêta est plus importante dans les couches superficielles (stratum corneum)