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© 2014 SPLF. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Revue des Maladies Respiratoires Actualités (2014) 6, 11-12 Actualités Maladies Respiratoires Revue des Organe Officiel de la Société de Pneumologie de Langue Française Séminaire d’Approfondissement et de Perfectionnement en Pneumologie (SAPP) Édition 2014 Interactions Muscles et Respiration Paris, 21 et 22 mars 2014 Coordonnation : B. Maître, F. Chabot 2014 1 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Cas clinique n° 2 D. Orlikowski 1,* , H. Prigent 2 1 Service de réanimation, Hôpital Raymond Poincaré, AP-HP, 104 boulevard Raymond Poincaré, 92380 Garches 2 Service d’exploration fonctionnelle, Hôpital Raymond Poincaré, AP-HP, 104 boulevard Raymond Poincaré, 92380 Garches Observation Une femme âgée de 20 ans est suivie depuis 3 ans pour une thyroïdite auto-immune. Une corticothérapie (1 mg/kg/j) avait été introduite, suivie d’une décroissance progressive sans toutefois pouvoir interrompre le traitement poursuivi au long cours à une dose de 15 mg/j. Début novembre, elle se plaint d’épisodes de vision double, surtout le soir en regardant la télévision. Mi-novembre, la patiente interrompt son traitement corticoïde. Fin décembre, elle consulte aux urgences pour asthénie, difÀculté à la marche et voix nasonnée. Elle est apyrétique et ne présente aucun signe respiratoire. Les examens biologiques sont sans particularité ; il n’y a pas de syndrome inÁammatoire et la numération formule sanguine est normale. La radiographie thoracique ne montre pas de foyer localisé mais un médiastin élargi à la partie supérieure. La bandelette urinaire est négative. Devant les signes Áuctuants, le diagnostic de poussée de myasthénie est évoqué et la patiente est hospitalisée pour surveillance en Neurologie, devant la stabilité de la symptomatologie et l’absence de signe d’atteinte respiratoire. La patiente est mise alors sous anticholinestérasique Mestinon ® . Questions Pensez-vous que le diagnostic de myasthénie puisse être retenu ? Prévoyez-vous d’autres examens complémentaires ? La patiente s’améliore sous traitement et peut rentrer à son domicile avec un suivi en consultation. Quelques jours plus tard, la patiente re-consulte aux urgences, car les signes sont réapparus et elle se plaint d’une gêne respiratoire, notamment la nuit en position allongée. Les troubles de déglutition se sont également aggravés notamment pour les liquides. *Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (D. Orlikowski)

Cas clinique n° 2

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Page 1: Cas clinique n° 2

© 2014 SPLF. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Revue des Maladies Respiratoires Actualités (2014) 6, 11-12

ISSN 1877-1203

www.splf.org

Actualités

Maladies

RespiratoiresRevue

des

Organe Officiel de la Société de Pneumologie de Langue Française

Séminaire d’Approfondissement et de Perfectionnement en Pneumologie (SAPP)

Édition 2014Interactions Muscles et RespirationParis, 21 et 22 mars 2014

Numéro réalisé avec le soutien institutionnel des laboratoires

Respiration

Amplituderespiratoire

Ventilationalvéolaire

Mécanorécepteursdes poumons et

des mucles respiratoires

Coordonnation : B. Maître, F. Chabot

8456

9

mars

Vol 6 2014 n°1

Disponible en ligne sur

www.sciencedirect.com

Cas clinique n° 2

D. Orlikowski1,*, H. Prigent2

1Service de réanimation, Hôpital Raymond Poincaré, AP-HP, 104 boulevard Raymond Poincaré, 92380 Garches2Service d’exploration fonctionnelle, Hôpital Raymond Poincaré, AP-HP, 104 boulevard Raymond Poincaré, 92380 Garches

Observation

Une femme âgée de 20 ans est suivie depuis 3 ans pour une thyroïdite auto- immune. Une corticothérapie (1 mg/kg/j) avait été introduite, suivie d’une décroissance progressive sans toutefois pouvoir interrompre le traitement poursuivi au long cours à une dose de 15 mg/j. Début novembre, elle se plaint d’épisodes de vision double, surtout le soir en regardant la télévision.

Mi- novembre, la patiente interrompt son traitement corticoïde. Fin décembre, elle consulte aux urgences pour asthénie, dif culté à la marche et voix nasonnée. Elle est apyrétique et ne présente aucun signe respiratoire. Les examens biologiques sont sans particularité ; il n’y a pas de syndrome in ammatoire et la numération formule sanguine est normale. La radiographie thoracique ne montre pas de foyer localisé mais un médiastin élargi à la partie supérieure. La bandelette urinaire est négative. Devant les signes uctuants, le diagnostic de poussée de myasthénie est évoqué et la patiente est hospitalisée pour surveillance en Neurologie, devant la stabilité de la symptomatologie et l’absence de signe d’atteinte respiratoire. La patiente est mise alors sous anticholinestérasique Mestinon®.

QuestionsPensez- vous que le diagnostic de myasthénie puisse être retenu ?

Prévoyez- vous d’autres examens complémentaires ?

La patiente s’améliore sous traitement et peut rentrer à son domicile avec un suivi en consultation.

Quelques jours plus tard, la patiente re- consulte aux urgences, car les signes sont réapparus et elle se plaint d’une gêne respiratoire, notamment la nuit en position allongée. Les troubles de déglutition se sont également aggravés notamment pour les liquides.

*Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (D. Orlikowski)

Page 2: Cas clinique n° 2

12 D. Orlikowski et al.

À l’examen aux Urgences, on retrouve une faiblesse musculaire généralisée intense (le score myasthénique est inférieur à 50/100) associée à une symptomatologie respiratoire associant une polypnée super cielle, une orthopnée, des sueurs, un encombrement bronchique et une hypophonie. La patiente présente une saturation en oxygène abaissée à 85 % et la capacité vitale (CV) est de 25 % de la valeur prédite.

QuestionsQuelle est votre attitude ?

Effectuez- vous d’autres examens ?

Un traitement par immunoglobulines intraveineuses est introduit. L’évolution s’avère lentement favorable. Le score myasthénique s’améliore progressivement et devient stable au- dessus de 80 ainsi que la capacité vitale stable à 58 % de la valeur prédite.

À 10 jours de la stabilisation, une aggravation brutale de la patiente est constatée, dans un contexte fébrile avec une symptomatologie essentiellement respiratoire associant orthopnée, creusement épigastrique inspiratoire, polypnée à 35/min et désaturation à 90 %. Devant les signes de gravité respiratoire, la patiente est intubée et ventilée. Le bilan met en évidence un syndrome in ammatoire. La radiographie thoracique met en évidence un foyer de la base droite. Les prélèvements bactériologiques permettent d’identi er Hemophilus in uenzae au niveau du prélèvement distal protégé. Une antibiothérapie par amoxicilline + acide clavulanique est entreprise pour une durée de 7 jours.

QuestionQuelle est votre proposition sur le traitement de fond ?