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Abeilles : L'espèce utilisée en élevage au Maroc est l'Apis mellifera , la seule d'ailleurs du genre existant au Maroc, cependant elle compte trois races indigè- nes que sont: - Apis mellifera intermista; - A. melli- fera sahariensis et A.mellifera major . De nom- breues autres races ont été également importées , en particulier de l'Europe. La région du Gharb (près de kenitra) constitue le principal centre mellifère du Maroc, se basant sur la variété A.m.intermista et, comme nourriture, principalement sur les deux espèces d’ Eucalyptus: E. camaldulensis et E. gom- phocephala. Poissons : Les poissons domestiqués au Maroc sont soit marins soit dulcicoles. Parmi ces espèces : - Thon rouge ( Thunnus thynnus ), ayant fait l'objet, d'un projet d'élevage de repeuplement au large de M'diq. - Daurade ( Sparus aurata), élevée dans la lagune de Nador; - Loup (Dicentrarchus labrax ), domestiqué dans la lagune de Nador; - Sar ( Puntazzo puntazzo ), domestiqué dans la même lagune; - Anguille (Anguilla anguilla ), faisant l’objet seule- ment d’un grossissement en race-ways; dans la lagune de Nador; - Carpe argentée ( Hypophthalmichthys molitrix), produite dans la station de Deroua à Beni Mellal pour lutter contre l’eutrophisation et pour promou- voir la pêche dans les eaux douces, surtout les rete- nues des barrages et les canaux d’irrigation; -Carpe herbivore ( Ctenophar-yngodon idella) pré- disposée à constituer une espèce de choix pour lutter contre la prolifération des végétaux dans les canaux d’irrigation et, aussi, pour promouvoir la pêche et la consommation du poisson dans les milieux ruraux; - Carpe commune ( Cyprinus carpio), également domesti- quée pour des fins écolo- giques (lutte contre l’eutro- phisation) et socio-écono- miques (promotion de la production et la consomma- tion du poisson); * Brochet (Esox lucinus ) développé à Amghass pour des fins de pêche sportive, pêche commerciale et, pour la régulation des populations des autres espèces. - Black-Bass (Micropterus salmoides), introduit pour la promotion de la pêche sportive dans les lacs d’Afoughal, sidi ali et ahouli. Il s’est, par la suite, acclimaté; - Sandre (Lucioperca lucioperca), introduite dans les lacs du Moyen Atlas, des rivières et retenues de barrages; - Truite fario ( Salmo fario) dont l’élevage est très ancien au Maroc; - Truite Arc en Ciel ( Salmo irideus ), introduite en 1934 et utilisée en pisciculture de repeuplement dans la station d’Azrou; - Truite verte ( Salmo macrostigma ), domestiquée dans le but de maîtriser son cycle de reproduction et l’utiliser pour diversifier la valorisation piscico- le de certains écosystèmes aquatiques. C’ est éga- lement le cas des barbeaux ( Barbus sp. ) et de la perche Perca fluvialtilis. 31 Apiculture, activité propre et lucrative. Ruchs dans la forêt de la Maamora Aquaculture à Nador, l’un des principaux centres aquacoles du Maroc Apiculture moderne apiculture traditionnelle Année 1986 Gharb National Part-Gharb 1998 Gharb National Part-Gharb 220 558 40% 813 1.600 51% 25.777 65.677 40% 59.200 80.000 74% 721 24.216 3% 320 25.400 1% 25.303 282.283 9% 7.419 320.000 2% Nb apiculteurs Nb ruches Nb apiculteurs Nb ruches

CBD Strategy and Action Plan - Morocco (Part III, French version)

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Abeilles : L'espèce utilisée en élevage au Maroc estl'Apis mellifera, la seule d'ailleurs du genre existantau Maroc, cependant elle compte trois races indigè-nes que sont: - Apis mellifera intermista; - A. melli-fera sahariensis et A.mellifera major. De nom-breues autres races ont été également importées , enparticulier de l'Europe. La région du Gharb (près dekenitra) constitue le principal centre mellifère duMaroc, se basant sur la variété A.m.intermista et,comme nourriture, principalement sur les deuxespèces d’Eucalyptus: E. camaldulensis et E. gom-phocephala.

Poissons : Les poissons domestiqués au Maroc sontsoit marins soit dulcicoles. Parmi ces espèces :- Thon rouge (Thunnus thynnus), ayant fait l'objet,

d'un projet d'élevage de repeuplement au large deM'diq.

- Daurade ( Sparus aurata), élevée dans la lagune deNador;

- Loup (Dicentrarchus labrax), domestiqué dans lalagune de Nador;

- Sar (Puntazzo puntazzo), domestiqué dans la mêmelagune;

- Anguille (Anguilla anguilla), faisant l’objet seule-ment d’un grossissement en race-ways; dans lalagune de Nador;

- Carpe argentée (Hypophthalmichthys molitrix),produite dans la station de Deroua à Beni Mellalpour lutter contre l’eutrophisation et pour promou-voir la pêche dans les eaux douces, surtout les rete-nues des barrages et les canaux d’irrigation;

-Carpe herbivore (Ctenophar-yngodon idella) pré-disposée à constituer une espèce de choix pour luttercontre la prolifération des végétaux dans les canauxd’irrigation et, aussi, pour promouvoir la pêche et laconsommation du poissondans les milieux ruraux;

- Carpe commune (Cyprinuscarpio), également domesti-quée pour des fins écolo-giques (lutte contre l’eutro-phisation) et socio-écono-miques (promotion de laproduction et la consomma-tion du poisson);

* Brochet (Esox lucinus)développé à Amghass pourdes fins de pêche sportive,pêche commerciale et, pourla régulation des populationsdes autres espèces. - Black-Bass (Micropterus

salmoides), introduit pour la promotion de lapêche sportive dans les lacs d’Afoughal, sidi ali etahouli. Il s’est, par la suite, acclimaté;

- Sandre (Lucioperca lucioperca), introduite dans leslacs du Moyen Atlas, des rivières et retenues debarrages;

- Truite fario (Salmo fario) dont l’élevage est trèsancien au Maroc;

- Truite Arc en Ciel (Salmo irideus), introduite en1934 et utilisée en pisciculture de repeuplementdans la station d’Azrou;

- Truite verte (Salmo macrostigma), domestiquéedans le but de maîtriser son cycle de reproductionet l’utiliser pour diversifier la valorisation piscico-le de certains écosystèmes aquatiques. C’ est éga-lement le cas des barbeaux (Barbus sp.) et de laperche Perca fluvialtilis.

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Apiculture, activité propre et lucrative. Ruchs dans la forêt de la Maamora

Aquaculture à Nador, l’un des principaux centres aquacoles du Maroc

Apiculture moderne apiculture traditionnelle

Année1986

GharbNationalPart-Gharb

1998GharbNationalPart-Gharb

220558

40%

8131.60051%

25.77765.677

40%

59.20080.000

74%

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32025.400

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2%

Nbapiculteurs

Nbruches

Nbapiculteurs

Nbruches

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- la Gambusie, Gambusia affinis et Brachidarniorerio sont deux poissons exploités pour leur vora-cité et sont utilisés pour la lutte contre les mous-tiques.

Mollusques : La conchyliculture est une activité quiconcerne quelques espèces seulement :- les Huitres : C'est l'huître creuse Crassostrea gigas

qui, pour sa rentabilité, constitue l'essentiel de l'os-treiculture marocaine. D'autres huîtres (Ostreaedulis, Crassostrea angulata, C. rhizophorae) ontété domestiquées dans le passé mais sans résultats.Une autre huître, la perlière (Pinctada martensis),a été élevée, à titre d'expérimentation, dans lalagune de Oualidia.

- la Palourde : Il n'existe pas de vénériculture pro-prement dite et l’élevage de cette espèce estactuellement au stade expérimental dans de nomb-reux sites;

- les Moules : Il s'agit de M. galloprovincialis et P.picta actuellement élevées dans des conditionsexpérimentales en Atlantique et Méditerranée;

- les coquilles Saint Jacques: Deux espèces sontactuellement domestiquées au Maroc: la formeindigène (Pecten jacobensis) dans la baied'Agadir et l'espèce japonaise (Pectinopecten yes-soensis) dans la lagune de Khnifiss.

Crustacés : L’élevage des crustacés au Marocconcerne essentiellement les espèces suivantes :-Crevette japonaise : Penaeus japonicus est la seuleespèce de crevette qui était mise en culture dans lesdeux sociétés MAROST (à Nador) et SAM (estua-ire de la Moulouya). C'est une activité actuellementabandonnée par insufisance d'investisse-ment et de rentabilité.

- l’Ecrevisse à pieds rouges Astacus astacusa été introduite au Maroc dès 1914 dans leMoyen Atlas. Son élevage n’est qu’austade expérimental.

II.A -2-5-ENDEMISME

L e taux d'endémisme au Marocpourrait être considéré comme

relativement important. En effet, 3624espèces endémiques ont été recensées,ce qui représente 14.68% du total desespèces; ce qui place le Maroc parmiles pays ayant un taux d’endémismerelativement fort.

L'endémisme par milieu montre une nettedominance des formes terrestres, puisque15% des organismes recensés dans le milieuterrestre (3252 espèces d'entre 21741) sontendémiques. Ce taux, relativement fort, reflè-te la particularité et l'originalité biogéogra-phique des hautes altitudes marocaines quicomptent un grand nombre de végétaux et d'a-nimaux inféodés aux sommets des montagnes.

Le nombre relativement important (930 espè-ces) de formes végétales strictement inféo-dées au Maroc (sur un total de 7619 espèces,soit 12,20%) permet de mettre en évidencel'origine autochtone de ces plantes, essentiel-lement méditerranéennes ou mésogéennes.Elle permet également de mettre en relief,d'une part, l'importance de l'endémisme desvégétaux parmi les pays méditerranéens etd'autre part, la particularité biogéographiquedu Haut Atlas considéré comme l'un des prin-cipaux refuges aux taxa holarctiques.

En ce qui concerne la faune, ce sont principa-lement les arthropodes, et plus particulière-ment les insectes, qui montrent le plus forttaux d'endémisme. Ce dernier, semble égale-ment trouver son explication dans la grandediversité des écosystèmes terrestres maro-cains et les limites, souvent franches entreleurs composantes, ne permettant ainsi pas ànombreuses espèces, de s'étendre vers d'aut-res aires biogéographiques.

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Milieu marin Zones Humides continentales Milieu terrestre

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II.A -3 DIVERSITE GENETIQUE

II.A -3-1- FLORE

L e Maroc comporte des ressources phyto-génétiques et génétiques animales impor-

tantes. Il est, en effet, considéré comme uncentre important de diversité génétique pourun grand nombre d'espèces cultivées et leursformes sauvages apparentées. A titre d’exem-ple, le Maroc comporte 20 des 27 espècesfourragères, connues dans le monde, du genreAvena, . Cette diversité phytogénétique setrouve actuellement compromise à cause,essentiellement, des activités anthropiquesqui occasionnent des disparitions d'habitats.En effet, l’érosion génétique est manifeste auMaroc, puisque, par exemple, des 18 espècesde Medicago recensées en 1959, on ne retro-uve plus que 14 , ce qui suggère la disparitionou, du moins, la raréfaction de certaines res -sources phytogénétiques nationales. Même lerendement de certaines espèces, celui-ci adiminué considérablement, ce qui est expli-qué, selon certains spécialistes, comme étantun signe d’érosion génétique. Ainsi, si nosmarchés regorgent de fruits aux parfums etaux odeurs exotiques, ce n'est malheureuse-ment pas un signe de bonne santé pour la bio-diversité nationale dans la mesure où il s’agitd’espèces/ races/ variétés qui prolifèrent audépens du patrimoine phytogénétique autoch-

tone, délaissé en faveur de formes plus lucra-tives. Pourtant, le patrimoine biologiquemarocain est recherché par de nombreux pays;c’est ainsi que quelques unes de nos luzernes,par exemple, donnent certaines de leurs carac-téristiques écologiques, très appréciées, à desvariétés américaines, canadiennes ou austra-liennes.

Pour les ressources phytosylvatiques, laconservation se fait principalement in situ etporte sur des formes aussi bien indigènesqu'exotiques sous forme de 40 arboreta, sur400 ha, comportant 114 populations.

En ce qui concerne les plantes cultivées etfourragères, la conservation ex-situ et la col-lection du germoplasme ont débuté dès lesannées 1920, mais ne se sont intensifiées quelors de ces dernières décades. L’InstitutNational de Recherche Agronomique (INRA),par exemple, dispose d’un patrimoine phyto-génétique de près de 2720 variétés, 13219populations et 1318 clones, l’ensemble repré-sentant quelques 317 espèces. Ceci qui estextrêmement peu par rapport à la richesse denotre pays en ressources phytogénétiques etau vue des menaces qui pèsent sur ce patri-moine. La cause incombe principalement à laquasi-inexistence d’infrastructures adéquatesde conservation (espèces annuelles), et mêmequand les infrastructures existent, celles ci

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demeurent aléatoires. Les collec-tions sont, donc, maintenues pardes semis périodiques, souventannuelles qui, non seulementreviennent trop chers en temps et encoût, mais peuvent aussi être sour-ces de contamination par des croi-sements exterieurs, de pressions desélections indésirables et d’erreursdurant les manipulations.

La qualité du patrimoine génétique marocainest reconnu à l’échelle internationale et denombreuses missions ont été effectuées, pardivers laboratoires européens, australiens,etc. pour faire profiter des cultures de cespays, des particularités écologiques des varié-tés marocaines. C’est ainsi que, par exemple,110 populations d’orge marocain sont stoc-kées depuis les années 1970 à Montpelier etnombreuses duplicata d’orge et de blé tendresont maintenues à l’ICARDA et à Bari(Italie). La variété d’orge Barlis628 est utili-sée à travers le monde comme exemple devariété fourragère et est une bonne source derésistance aux rouilles, alors que les variétésRabat071 et Merzaga077 ont montré unegrande tolérance au Cystnématode enAustralie.

Les grandes performances écologiques despopulations fourragères et pastorales duMaroc sont essentiellement dues à leurs

importantes potentialitésd’adapatation aux caractéris-tiques difficiles du milieu,en particulier le climat, dontla dormance estivale permet-tant aux espèces de passer laperiode d’été, sèche et chau-de sans grands dangers.C’est ainsi qu’en Australie,par exemple, la survie deplantes de fétuque cultivée aété de 97% pour des popula-tions d’origine marocaine etseulement 59% pour celleseuropéennes.

Un autre exemple d’adapta-tion à la secheresse est celuide la dureté des graines

marocaines des légumineuses annuelles, tellesque les trèfles souterrains et les luzernesannuelles qui sont également utilisés, enAustralie, comme source de dureté des grai-nes.

Plusieurs autres caractères d’interêt écolo-gique ou agronomique sont associés au maté-riel génétique marocain, comme les écotypesmarocains de fétuque qui, comparés a ceuxeuropéens, s’en distinguent par une bonnecroissance hivernale, une dormance élevée enété et une plus grande résistance aux maladiescryptogamiques.

Une bonne croissance hivernale et une dor -mance estivale caractérisent aussi les écoty-pes marocains de Dactylis, Phalaris etMedicago sativa. Des populations de luzernede Draa ont montré, aux USA par exemple, unniveau de tolérance à la salinité équivalent àcelui du matériel le plus tolérant.

Species Varieties Clones/Genotypes- Canne à sucre 1 133 -- arbres fruitiers 12 665 172- Oliviers 1 200 15- agrumes 11 250 -- palmier 1 42 1131- ptes fourragères 20 5 -- espèces sauvages 100Total 146 1295 1318

NombreEspèces Variétés Populations Total (accessions) Type de collection

INRA- Winter Cereals 4 64 4800 4864 MT- Spring Cereals 3 1009 152 1161 MT- plantes fourragères 270 27 8130 8157 MT, LT- espèces textiles 6 6 - 6 MT- plantes oléagineuses 4 36 52 88 MT- légumineuses 4 18 2134 2152 MT

IAV Hassan II - Cereals (DW, BW, Wild sp.) 5 30 370 400 MT- Forages (Alfalfa,..) 7 55 835 890 MT, LT- Food legumes 1700 1700 MT- Vegetables 5 - 104 104 MT

Direction de l'Elevage (CPSP)- Forage & past. plants 322 154 1200 1354

ENA MEKNES- Cereals (Durum Wh) 1 500 500 MTDPVCTRF (Ref.) 700 - 700 MT, LTTotal 630 2 099 19 977 22 076

Conservation ex-situ des ressources phytosylvatiquesSpecies Arboreta + collection Provenance Test

Nb. Populat. Surface (ha) Nb. Populat. Surface (ha)

Introduced speciesAcacia sp 9 40 - -Eucalyptus sp. 38 180 4 30Pinus pinea 8 15 4 9Pinus canariensis 14 22 2 5

Indigenous speciesPinus maritima 13 35 6 32Pinus halepensis 14 28 4 19Cupressus atlantica 4 8 1 2Cedrus atlantica 1 .5 - -Abies pinsapo 7 15 - -Quercus suber 2 1 - -Tetraclinis articulata 4 2 1 1Total 114 346.5 22 98

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II.A -3-2-FAUNE

En ce qui concerne les ressources animales, leMaroc recèle un patrimoine génétique d'une

grande importance, adapté, presque chacune, à desconditions particulières. C’est ainsi que, par exem-ple, pour le cheptel ovin, le Maroc dispose de plus de8 races locales cantonnées, chacune, dans une régionplus ou moins restreinte et, par conséquent, adaptéesaux conditions souvent rigoureuses de la région àlaquelle elles appartiennent. De plus, certaines de nosraces disposent de caractéristiques presque uniques àl'échelle mondiale.

C'est le cas, pae exemple, la race D'Man, parfaite-ment adaptée et résistante aux conditions rigoureu-ses de sécheresse des oasis du sud marocain. Elleest l'une des races ovines les plus prolifiques dans lemonde, pouvant donner naissance à six agneauxviables lors de la même portée.

Chez les oiseaux, certaines races de pigeons ont étéstandardisées et sont reconnues actuellement commedes races locales. Il s’agit, entre autres, des racesBeldi, Guendi, El yamani, Taoussi, voyageur, etc.

II.A -4 - DIVERSITE CULTURELLE

De par son passé millénaire, le Royaume duMaroc a cumulé une richesse historique et cul-

turelle d’une grande diversité et d’une singulièreoriginalité. L’"homme de Rabat" (première tracehumaine au Maroc - 50000 ans) a dû s’adapter àdivers modes de viede diverses civilisa-tions préhistoi-riques : berbère,phénicienne,Carthaginoise,Sicilienne,Romaine, Vandale,Byzantine, arabo-muslmane avec lesIdrissides, lesAlmoravides, lesAlmohades, lesMérinides, les wat-tassides, lesSaadiens, puis les Alaouites.

L’un des aspects culturelsqui caractérisent le Marocest l’outil de communica-tion, la langue. L’arabe estla langue officielle; mais,

dans la pratique, elle est substituée dans certainesrégions, par l’hassania, Rifia, Tachlhit ouTamazight. Comme langues étrangères, le françaisest parlé par une bonne partie de la population.L'espagnol est encore utilisé dans le Nord du pays,surtout par des personnes âgées. L'anglais s’imposecomme langue étrangère de communication techno-logique et scientifique, alors que l’allemand, le russe,etc. sont des langues proposées dans diveres institu-tions d’enseignement et dans des centres étrangers.

La musique est également une autre forme d’ex-pression très diversifiée. Le Melhoun, l’Andaloussi,Cheikhats, Gnawa, Ghiwane, Hassani, Chaabi,Assri, et bien d’autres, sont des “couleurs” venuesd’ailleurs ou des fins fonds de la tradition marocai-ne et où la nature et ses composantes sont les sujetsde chants. Les instruments utilisés sont tous aussidiversifiés allant des Qraqeb (Crotales) à la guitarreélectrique en passant pas Rbab, El oud, Gambri,etc., et dont nombreux sont confectionnés à partir decertains élements de la biodiversité (Carapaces,peaux, bois spécifiques, etc.).

L'artisanat a, de tous les temps, été lié à l'histoire duMaroc du fait de la richesse culturelle de cette der-nière et, pratiquement, chaque ville ou région, a saculture artisanale: Safi (Poterie), Fès (Tapis et cuir),

Essaouira (Bois),etc...C'est ainsi que,depuis des siècles, hom-mes et femmes, s'inspirantde leurs héritages tradi-tionnels respectifs, tra-vaillent des matériaux telsque le bois, le cuivre, lemétal, la laine ou la pierre,pour acquérire un savoir-faire unique où se mêlentamour des traditions,

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Une diversité culturelle fondée en grande partie surla nature et ses composantes

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idéalisation de l'artisa-nat et qualité aux fini-tions irréprochables.Ces métiers artisanauxont, d’ailleurs, fait decertaines villes unrayonnement civilisa-tionnel. Le classement,par exemple, de la villede Fès par l'UNESCOcomme “patrimoineuniversel” est uneréelle reconnaissancede la communautéinternationale de lavaleur des apports decette cité au patrimoi-ne universel dans ledomaine des arts traditionnelset, aussi, des œuvres architectu-rales qui abondent dans la capi-tale spirituelle et culturelle duRoyaume. Cette architecture est,en fait, une synthèse originaledes influences andalouse etorientale ayant produit un patri-moine fait des plus beaux monuments de l'art isla-mique; une richesse qui se déploie également enmilieu rural, avec une architecture berbère basée surla pierre et la terre crue, se matérialisant, entre aut-res, par les ksours, villages fortifiés de la vallée duDraa, et les greniers collectifs du Haut Atlas.

L’art culinaire du Maroc est une autre particularitéet une autre forme d’expression et de culture, derenommée internationale. Nombreux de ses platstypiques sont, en effet, retrouvés actuellement dansles rayons des magasins occidentaux. Cette cuisine

reflète également toute unehistoire, un passé, un certainart de vivre et un art de rece-voir des invités. Le lait et lesdattes, les cornes de gazelle,ghoriba (sablé), le thé sucréau kaleb (sucre en cône), lem'semmen (crêpes feuille-tées), le beghrir, arrosés debeurre frais fondu et de miel,la harira, la pastilla, le cou-scous, les divers tajines, etc.constituent une identitémarocaine qui s'est forgée etindividualisée tout au longdes siècles passés.

La littérature estune importantecomposante dela culture maro-caine faited’une littératureberbère trèsvivante, maisessentiellementdans les contes,les légendes oules chants poé-tiques, d’une lit-térature arabe

écrite qui s'est développée plus tardivement ainsi qued’une littérature écrite, rédigée en langue française,ayant acquis, avec certaines oeuvres (Ahmed Sefrioui,Driss Chraïbi, Abdellatif Laabi, Tahar Ben Jelloun,etc.) une renommée internationale.

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Les ressources naturelles vivantes nationalesjouent un rôle vital dans le développement

socio-économique du Maroc. Cet intérêt réside,pour la biodiversité marine dans les faits que :

- la mer assure une grande partie des protéines d'o-rigine animale;

- elle assure des emplois directs et des revenus plusou moins stables pour un grand pourcentage de lamain d'œuvre nationale (marins, ramasseurs, fonc-tionnaires, investisseurs, etc.);

- elle fournit une grande part de matière premièrepour certaines industries (engrais, conserverie depoisson, farine de poisson, produits pharmaceu-tiques, aliments pour bétail, etc..);

- malheuresement, la mer sert aussi d’exutoire deplus d’un milliard de mètre cube d’eau usée nontraitée.

L'espace maritime national, plus vaste que celui ter-restre, joue un rôle stratégique sur les plans écono-mique et social. Sa façade atlantique joue aujourd'-hui le rôle de pôle structurant de l'économie natio-nale, compte tenu de son poids démographique,économique et de sa fonction dans l'organisation del'espace national (61% de la population urbaine desgrandes villes, 80% des effectifs permanents desindustries, 78% de l’ensemble des investissements

industriels du pays, 67% de la valeur ajoutée, 53%de la capacité touristique, 92% du trafic maritime,etc.). Elle concentre les principales agglomérationsdu pays (Casablanca, Rabat, Kénitra, Agadir, Safi,Tanger, Tan Tan, Laâyoune, Dakhla, etc.), les densi-tés démographiques urbaines et rurales les plus éle-vées, les réseaux d'infrastructures et de communica-tion les plus denses, ainsi que les principales activi-tés économiques. Cependant, la forte littoralisationque connaît le Maroc depuis ces dernières décades ya engendré un important dysfonctionnement et deprofondes dégradations de l'environnement marin.En effet, la population urbaine du littoral atlantiquequi ne représentait que 19,4% en 1936, est passée à29% en 1960, 35% en 1971 et 42,8% en 1982 pouratteindre 49,8% en 1998 et environ 54% en l'an2000. La population marocaine atteindra 60 à 80millions en l’an 2025 et l’urbanisation seraitde 75 à 77%.

Dans ce grand espace maritime national, le potentielbiologique exploitable a été estimé à 500.000 tonnespour les espèces demersales et 1.500.000 tonnespour les espèces pélagiques. La production halieu-tique du Maroc a atteint en 1999 plus de 758000tonnes; correspondant à une valeur de 4.884Milliards de Dirhams dont 1.818 Milliards deDirhams pour la pêche côtière et 2.888 Milliards deDirhams pour la pêche hauturière.

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II.B - IMPORTANCE SOCIO-ECONOMIQUEDE LA BIODIVERSITE AU MAROC

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Cette production a dépassé les 1000000 de tonnesen l’an 2000. La pêche côtière qui constitue la princi-pale composante de la production halieutique du Maroc(85%) est essentiellement dirigée vers l'exploitation dela sardine; alors que la pêche hauturière est orientéeprincipalement vers les prises céphalopodières. Pourcette dernière, bien qu'elle ne représente que moins de15% de la production nationale, son importance résideessentiellement dans le chiffre d'affaire qu'elle permetde réaliser et qui dépasse les 50%. L'évolution de l'ef-fort de pêche côtière par ports, depuis 1988 jusqu'en1997, montre qu'il y a une migration des activités depêche vers le sud du Royaume. C'est ainsi que, d'unepart, le port d'Agadir a perdu de son intérêt depuis l'an-née 1988 au profit des ports du sud en particulier TanTan, puis Laâyoune et, d'autre part, l'effort de pêchedurant cette décennie a augmenté de près de 50%.

Il est extrêmement difficile de se prononcer surl’impact du non renouvellement des accords depêche entre le Maroc et la communauté européenne.Déjà en 2001, date d’expiration de cet accord, lesproduits de la pêche ont dépassé, pour la premièrefois, la barre d'un million de tonnes, avec une crois-sance de 22 %; mais rien ne permet de confirmer,qu’en si peu de temps, la nature a repris ses droits.

La restructuration du secteur et sa modernisationétaient des préoccupations majeurs du départementde tutelle. Aussi, Une enveloppe de 200 M.DH a étéallouée sur 5 ans (1997-2001) au secteur de la pêchemaritime pour le financement du programme de miseà niveau de sa flottille (préservation des ressources,redéploiement des unités, équipement en système deréfrigération des cales, amélioration des techniquesde manutention du poisson à bord; remplacement desnavires âgés de plus de 15 ans, etc.). Le plan quin-

quennal 1999-2003 s'est fixé comme principal objec-tif de placer le Maroc parmi les I5 puissances mon-diales sur le plan halieutique en oeuvrant pour :

- une production halieutique de 1,5 millions de ton-nes; avec un taux de croissance moyen de I7%;

- une valeur ajoutée de 13 milliards de dirhams,avec un taux de croissance annuel moyen de 11%;

- un chiffre d'affaire à l'export de 14 milliards de dir-hams, avec un taux de croissance moyen de 14%;

- une consommation nationale de12 kg de pois-sons/hab/an;

-7,7 milliards de dirhams d’investissements;- la création de 40.000 nouveaux emplois. - la création de 5 villages de pêche (300 millions de

dirhams) et 60 points de débarquement (600millions de dirhams).

L'aquaculture, bien qu'elle possède de réelles poten-tialités de développement, n'a actuellement qu'unepart infime dans le développement des ressourceshalieutiques nationales (0.1% en tonnage et 1.6% envaleur). Cette activité a permis de produire quelques1200 tonnes en 1998 correspondant à près de 87millions de Dirhams.

A côté des pêches côtière et hauturière et de l'aquacul-ture, il existe d'autres activités littorales telles que leramassage des algues, ou de certaines autres espècesanimales telles que les moules, les palourdes, lescoques et les pieds de biches. L'exploitation de ces res-sources reste souvent intensive et non contrôlée. Pourles algues, par exemple, le ramassage a permis l'exploi-tation de 8600 tonnes en 1998; alors que pour le corail,la production était de 3000 Kg. en 1998 pour une valeurde 80 Millions de Dirhams, contre 7000 Kg. en 1992.

Quant aux autres espèces, il est quasimentimpossible d'estimer la production, et ce, àcause de l’insuffisance des données.

Un autre indice socio-économique estcelui du niveau des exportations des res-sources halieutiques à l'état brut (pois-son frais) ou transformées. Ces exporta-tions ont, en effet, augmenté de façonnotable pour constituer actuellementprès de 15% du total des exportationsmarocaines globales et environ la moitiédes produits agro-alimentaires. Parmices exportations, les mollusques, trèslargement dominés par les céphalopo-des, constituent un peu plus de la moitiéet sont destinés au marché japonais,

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L’écosystème marin, pourvoyeur d’emplois, source de protéines et espace de loisirs,

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essentiellement, alors que les poissons, en partiesous forme de conserves prennent plutôt le cheminde l'Europe.

De l'analyse, de l'évolution de la pêche et de la des-tinée de ses produits, l'enseignement majeur pou-vant être tiré est que l'essentiel de cette pêche va auxsous produits, non valorisants, ce qui sous entend,donc, qu'une valorisation de ces produits est plusque nécessaire. En effet, malgré l'importance straté-gique de ce secteur dans la vie socio-économique etculturelle du Maroc, le secteur maritime et ses res-sources ne sont malheureusement pas encore appré-ciés à leur juste valeur puisque :

- un important pourcentage (60%) de la productioncôtière est voué à une transformation en sous pro-duits destinés à nourrir d'autres animaux certaine-ment de moindre valeur alimentaire et économique;

- la presque totalité de la pêche hauturière est "expé-diée" sans aucune valeur ajoutée;

- le faible taux de consommation nationale expri-mant un certain désintéressement de la populationdont chaque membre ne consomme en moyenne

que 7.4 kilogrammes de produits de la mer par an.Sur le plan social, le secteur des pêches maritimesgénère un volume important d'emplois directs etindirects de près de 400000 personnes.

En ce qui concerne l’écosystème forestier, bien quecelui-ci n'occupe que 12%, environ, du territoirenational, il est stratégique en raison de ses diversrôles économique (recettes, matière première, res-sources énergétiques, etc.), écologique (lutte contrel'érosion, l'envasement des barrages, puit de carbo-ne, etc.) et social (source de revenus pour plus de114000 familles, etc.). L'importance de l'impactsocio-économique de l'écosystème forestier résidedans ses deux principales fonctions: - protectrice(écologique) et, - productrice (socio-économique).

Sa fonction productrice réside dans les quantités debois d'œuvre et d'industrie (600 000 m3), de bois defeu (10 500 000 m3, soit 30% du bilan énergétiquenational), de bois de liège (19.000 tonnes) et d'uni-tés fourragères (plus de 1.500.000.000 annuelle-ment, soit 11% du bilan fourrager national). La pro-duction non marchande de bois ramassé est évaluéeà quelques 4 415 000 Dh, alors que celle du charbonde bois à 29.350.000 Dh. La forêt fournit également15.000 emplois permanents (donc des ressourcesfinancières pour, au moins, autant de familles) et des40 millions de jours de travail; ce qui peut se tra-duire par quelques 114.000 personnes actives dansce domaine. On estime, ainsi, que plus de 17% de lapopulation active dans le domaine rural vit entière-ment ou partiellement de la forêt et de ses produits.La forêt marocaine contribue pour 2% au PIB agri-cole et 0.4% au PIB national; mais, sa contributionréelle serait de près de 10% du P.I.B. agricole, si on

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Quantités et valeurs du bois prélevées entre 1994 et 1999

Diverses utilisations de laforêt marocaine

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prend en considération du pâturage, du bois combus-tible et de menus produits. La déforestation fait perd-re annuellement au Maroc quelques 119 millions deDirhams, soit 0,03% du PIB, somme colossale qu'ilest possible d’investir, au moins en partie pour laconservation et le développement de ce secteur.

Sa fonction protectrice se traduit, entre autres, par l'a-bri que la forêt offre à: - plus de 4700 espèces végé-tales dont nombreuses sont endémiques; - près de 90mammifères; - plus de 320 espèces d'oiseaux; un trèsgrand nombre d'invertébrés, etc.; mais, aussi, par sacontribution dans la lutte contre l'érosion, la régula-tion du régime des eaux, la protection des barragescontre l'envasement, etc.. La forêt constitue, de plus,une solution idéale et naturelle pour les problèmes del'érosion éolienne et, donc, la désertification. En effet,rien que dans la région de 250 000 ha sont menacéspar la désertification qui "dévore" les cultures, lespalmerais, les voies de communications, etc. etanéantit, donc, des efforts considérables d'investisse-ments. La fprêt est considérée également comme unremède idéal contre l'érosion hydrique et, donc, laperte du sol; ce qui entraîne, entre autres, la baisse dela fertilité, l'envasement des barrages et réduit, parconséquent, les surfaces arables, etc., sans parler dufait que la forêt englobe des aires naturelles pour laconservation in situ de la biodiversité sauvage et unmoyen pour l'amélioration des conditions de l'envi-ronnement et la lutte contre la pollution.

D'autres rôles écologico-économiques sont assurés parla forêt dont l'épuration des eaux et la régulation du cli-mat. "Elle constitue l'équipement essentiel du châteaud'eau qu'est la montagne en économisant l'eau, en amé-liorant sa qualité, en régularisant les débits des rivières,en protégeant le bas-pays des crues et en en protégeantles sols et les infrastructures, sans parler du fait qu'elleconstitue un conservatoire naturel et un réservoirirremplaçable de ressources génétiques".

Au milieu forestier, proprement dit, on a souvent arti-culé les parcours qui couvrent quelques 53 millionsd'ha. C'est une très importante ressource fourragèrepour un cheptel d'environ 25080000 têtes. Ces par-cours assurent, en moyenne, 26% des besoins fourra-gers (90% dans certaines régions). En fait, la couver-ture des besoins du cheptel national est passée de60% les années 70 à moins de 26% aujourd'hui. Lesdéfrichements, l'augmentation du cheptel sur les par-cours, l'extension de la durée de pacage et l'arrachagedélibéré des essences ligneuses ont fait, qu'actuelle-ment, tous nos parcours sont dégradés: 12% sont for-tement dégradés, 81% moyennement dégradés et lereste, seulement 6,6%, faiblement dégradés. Cettedégradation se traduit, entre autres, par: - le rempla-cement de la végétation pérenne par une autre annuel-le peu appétable; - des sols dénudés; - l'apparition desables et dunes et; - en terme de biodiversité, la raré-faction/disparition d'espèces.

L’agrosystème national est également un domaineprioritaire, non seulement en tant que principalpourvoyeur de notre nourriture; mais, aussi, en tantqu'élément stratégique de l'économie nationale. Eneffet, dès l'indépendance, le Maroc a assigné à l'a-griculture un rôle déterminant comme secteur d'a-justement et de financement de la croissance écono-mique nationale et, aujourd'hui encore, elle restel'un des secteurs déterminants de cette économie.

Cependant, il importe de préciser que la majorité desformes utilisée dans cette agriculture n’est malheureu-sement pas autochtone et est constituée par des espèces,variétés et races introduites pour leur intérêt lucratif.

L’ importance de l’agrosystème ne se limite pas seu-lement à ses rôles de "grenier" (cultures) et d'"éta-ble" (élevage), mais, aussi, à ses vocations d'em-ployeur de la main d'œuvre, de fournisseur de devi-ses et d'important secteur productif, sachant que prèsde la moitié de la population marocaine est rurale etque l'agriculture est son activité principale. LeMaroc est, en effet, un pays agricole dont 11,8%(8456 000 ha) de sa superficie est cultivable. Plus du1/3 de la population active du Maroc (4,8 millions)travaille dans le secteur agricole, 2,2 millions deménages dépendent de l'agriculture et 50% d'entreeux vivent des cultures pluviales associées à l'éleva-ge. La production agricole constituait au début desannées 60 près de 30% du Produit Intérieur Brut etne dépassait plus les 17% en 1993. Les revenus decette production finançaient environ la moitié desimportations totales jusque en 1973; mais, ce tauxn'a cessé de régresser, depuis, pour atteindre à peineles 11% en 1990.

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Agriculture et élevage, principales utilisations de l’agroécosystème

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L'apport en devises des produits de l’écosystèmeagricole était, par exemple, de 8 milliards deDirhams en 1994, correspondant à 20% du totaldes exportations, soit le deuxième rang après lesphosphates et avant les pêches maritimes. Les sur-faces irriguées contribuent à 90% des exportationsagricoles proviennent des surfaces irriguées.

L'écosystème agricole avec ses espèces cultivableset ses ressources génétiques constitue donc un élé-ment clé pour le développement socio-économiquede notre pays. La mise en place d'une stratégie poursa conservation, son développement la réalisationde l'autosuffisance alimentaire économiserait auMaroc quelques 9 milliards de Dirhams dépenséspour l'importation de denrées alimentaires (16% desimportations), diminuerait, ou du moins, stabilise-rait l'exode rurale, garantirait davantage d'emplois etde sécurité socio-économique pour la population,surtout rurale, et, aussi, garantirait la conservationpour une utilisation durable de nos ressources géné-tiques végétales et animales.

L'élevage comptant pour près du 1/3 du PIB agricole,fait travailler quelques 40% de la population activerurale, pour un cheptel de plus de 22000000 têtes debétail qui fournit 90% des besoins en produits laitiers.

On estime actuellement à 130 milliards de DH, lecoût de perte dû à l'érosion du sol arable, chiffre qui,avec la célérité de la dégradation du sol ne faitqu'augmenter.

Les zones humides n'ont, certes, pas de grandessuperficies ni les productions des écosystèmesmarin, forestier ou agricole; mais elles sont dotéesd'autres richesses, réelles ou occultes, qui leurconfèrent des rôles social et économique local d'uneimportance capitale. Les zones humides du Marocconstituent, en effet, une source de revenues de sub-sistance très importante pour un grand nombre defamilles riveraines; mais, aussi, de richesses nonnégligeables pouvant contribuer au développementsocio-économique des zones et des régions où ellessont situées. Parmi ces secteurs, les zones humidesse prêtent parfaitement bien à l'écotourisme et à l'a-quaculture du fait de leurs accessibilités et de l'a-bondance de l'eau nécessaire pour le développementde l'une ou de l'autre de ces activités.

D'autres avantages socio-économiques sont offertspar les zones humides dont : - avantages récréatifs (chasse, pêche, planche à

voile, sports nautiques, randonnées, pique-niqueset promenades, baignade, etc.;

- avantages agricoles du fait qu'elles constituent d'ex-cellentes zones de pâturages et, aussi, d'agriculturesurtout dans les sites déjà asséchés où les rende-ments sont importants. Ce sont des zones qui four-nissent également de nombreuses plantes utilisées àdiverses fins;

- avantages piscicoles et conchylicoles en fournis-sant, via les activités aquacoles, des poissons et descoquillages; donc des protéines d’origine animale;

- avantages énergétiques par l'utilisation du bois ou laproduction de méthane (fermentation de végétaux);

- avantages éducatifs en fournissant d'excellents instru-ments d'illustration pédagogique pour les enseigne-ments primaires, secondaires et universitaires.

En dehors des extractions effectuées directement dansdivers écosystèmes nationaux, la diversité de la fauneterrestre engendre une importante activité de chassequi prélève, chaque année, près de 500 000 unités degibier constitué principalement du lièvre, du lapin, dusanglier, du renard, de la caille, de la bécasse, la bécas-sine, la tourterelle, etc.. Cependant, l'évolution desressources cynégétiques se caractérise par une tendan-ce inquiétante de régression due, au moins pour lesespèces terrestres, à l'extension des terres arables audétriment de la végétation arbustive servant d'abris augibier; mais, aussi, au braconnage (piégeage, ramassa-ge des œufs, etc.), sans compter l'augmentation rapidedu nombre de chasseurs. Une autre nuisance généréepar le secteur de la chasse est “la régulation des popu-lations des espèces prédatrices des espèces-gibiers”.C’est ainsi, par exemple, que lors de la saison 2000-2001, 889 renards, 259 chacals, 37 corbeaux et 36 piesont été tués “officiellement” pour protéger le gibier(qui, dans tous les cas, allait être tué.).

Pour le secteur de la pêche dans les eaux intérieures,chaque année, près de 25 000 tonnes de poissons sontprélevés des eaux douces nationales. La pêche contrô-lée devient de plus en plus régie par des accords entrel'administration et le privé, soit sous forme d'amodia-

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Quelques services fournis par les zones humides nationales

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tions visant une pêche sportive organisée, soitencore pour la mise en place d'activités aquacolesde type industriel. C'est une activité qui se pratiqueaussi bien dans les cours d'eau naturels que dansles retenues artificielles des barrages.

Les plantes aromatiques, les épices et les huilesessentielles (HE) constituent d’autres ressourcesjouant également un rôle important sur les planséconomique et social. Les plantes aromatiquesspontanées fournissent plus de 100 produits dontcertains sont relativement peu connus comme lestiges des menthes et les feuilles d'oliviers. En faitil n'y a que 5 ou 6 produits essentiels qui sontcueillis au Maroc: Le romarin, le thym, la sauge,l'armoise, la feuille de laurier-sauce et l'origan.Cette matière première est exploitée par envi-ron 15 unités d'extraction des HE et de prépa-ration de plantes séchées. Les activités detransformation et de valorisation des PlantesAromatiques et Médicinales permettent uneexportation de plus de 1.000 tonnes d'HE etd'extraits divers et, environ, 400 tonnes d'her-bes séchées pour une valeur totale d'environ300 millions de Dh. Au niveau de l'emploi,ces activités pourraient créer annuellementenviron 500.000 journées de travail pour despopulations locales. Ce pendant, lors de cettedernière décennie, les exportations marocai-nes en HE et extraits aromatiques (EA) n'ontcessé de baisser: 47 % en 1994, 35 % en 95 et, seu-lement, 29 % en 1996, 32 % en 1998. Les recettesdes exportations classées dans la catégorie des épi-ces, notamment les piments rouge et doux et leursdérivés, la coriandre, le safran et le fenouil grec, ontpassé de 169 millions de Dh/an pour la campagne

1990-1993 à 128 millions entre 1994 et 1998, ce quisemble dû à des difficultés de production. Pour cer-tains produits tels que l'armoise blanche, le Marocest l’un des premiers fournisseur du marché mondialen huile essentielle avec près de 30 tonnes (soit9000 tonnes de matière verte) et un apport de1 300 000 Dh de recettes et 37 000 jours de travail.

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Espèces 1988 1989 1990 1991 1992 1993Thym entier 445 568 375 486 377Laurie entier 140 146 152 39 199Origan 156 95 169Romarin 305 438 188Sauge 124 139 82Racine d'Iris 96 112 199Feuilles d'oranges 173 99 180Feuilles niora 25 43 24Feuilles diverses 74 86 77Racines diverses 130 196 179Fleurs diverses 157 220 91Graines diverses 85 26 201Plantes diverses 1000 1596 877

Exportation des plantes aromatiques (office des changes)

Espèces 1987 1988 1989 1990 1991Coriandre 11.6 11.9 8.3 7.9 8.3Fenugrec 1.5 2.9 922 617 920Cumin 47 105 6 5Fenouil 3 52anis 18 2.3

Exportation de graines entières (tonnes)

Espèces 1988 1989 1990 1991 1992Romarin 55 58 69.5 48 57.7Menthe 48 116 5 39 84Myrthe 5 9 7 17.4 3.5pouillot 23.1 18.5 15 8.5 16.5

Exportation huiles essentielles(tonnes)

Espèces 1988 1989 1990 1991 1992Néroli 47 151 137 238 189Géranium 595 760 552 504 240Jasmin 1309 770 434 564 684Huil de rose 42 95 11 39 200Concentré 4632 1184 736 1525 1333Orange (tonnes) 17.2 137 364 329

Microorganismes d’intérêt économique du Maroc

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Pour la rose, surtout de la vallée de Dades, elle estexploitée pour la préparation des absolus (extrait desolvant). En 1991, la quantité traitée était de 3000tonnes, soit 186 000 jours de travail.En ce qui concerne le romarin, il est surtout produitdans la région de l'oriental, avec 60 tonnes d'huilesessentielles (équivalent de 20 000 tonnes de matièreverte), nécessitant 86 000 jours de travail.Les semences non spontanées et, donc, cultivées quicomprennent l'anis, le cumin, la coriandre, l'aneth et lefenouil, ceux ci poussent en grande partie en zonesarides. Les autres plantes comprennent la verveine, lesafran, la menthe, le persil et la caroube. Le Marocexporte également des extraits de fleurs (néroli,Géranium, Jasmin, Huile de rose et des concentrés etde l'orange en particulier).

Une autre composante de la biodiversité nationale,les microorganismes, bien qu’insuffisamment étudiés au Maroc, elle revêt un intérêt particulier,puisque les applications de la microbiologie s’éten-dent actuellement sur plusieurs domaines dont lesindustries de fermentation, pharmaceutique, chimique, médicale, agro-alimentaire, agricole, production des alcools et des biogazs, la lutte contre la pollution et le traitement des minéraux.

Il n’existe pas de données chiffrées de l’impact decette catégorie de patrimoine vivant sur les planséconomique et sociale, mais, selon les formes recensées au Maroc, celles ayant un intérêt économique, commercial ou social ont été hierarchi-sées selon le modèle suivant du graphique ci-dessus.

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Bien que plusieurs espèces végétales et animales,ainsi que des ressources phytogénétiques et

zoogénétiques soient plus ou moins gravementmenacées, il n’existe pas, à l’échelle nationale, deliste rouge officielle reconnue comme telle.

II.C-1- COMPOSANTES MENACEES DE LABIODIVERSITE DU MAROC

II.C-1-1- FLORE

La flore marocaine comporte un grand nombred’espèces menacées. Parmi la flore algale, la

principale espèce menacée demeure Gelidium ses-quipedale, exploitée (surexploitée) un peu partoutdans la région d'El Jadida-Safi (et actuellement dansla région de Dakhla) et ce, malgré sa grande capaci-té de régénération. La menace qui pèse sur cetteespèce consiste à sa surexploitation, le mode de sonarrachage, la pollution qui sévit dans la principalezone où elle se développe (El Jadida-Safi); mais,aussi, le non respect, par les exploitants et les popu-lations locales, de certains programmes d'interdic-tion de ramassage conçus pour permettre à l'espècede reconstituer ses stocks.

D'autres espèces, en particulier les laminaires(Laminaria sp., Sacchoriza sp. et Phyllariopsis sp.),commencent à se faire rares dans les zones où elles

pullulaient auparavant. Ce sont des espèces indica-trices des eaux pures et la réduction de leurs champsest expliqué par la dégradation de la qualité deseaux le long du littoral atlantique marocain.

Peut on parler, enfin, de menace pour une phanéro-game marine ayant disparu de nos côtes, et qui est laPosidonie ?. C'est, en tout cas, l'une des rares espè-ces qui contribue à l'auto-épuration du milieu et qui,en même temps, constitue un abris pour un grandnombre d'espèces animales et végétales.Pour les végétaux terrestres, 1641 plantes parmi lesquelques 4500 espèces vasculaires du Maroc sontconsidérées comme rares ou menacées. Les deux

Structure, par groupes, de la flore menacée du Maroc

II.C - BIODIVERSITE MENACEE AU MAROC

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tiers de ces 1641 espèces sont même considéréescomme très rares, autrement dit, que le nombre delocalités où elles ont été rencontrées dans tout leMaroc sont inférieures à 5. Ces 1641 espèces serépartissant sur 1141 espèces très rares, 421 espècesrares, 28 espèces vulnérables et 51 espèces soup-çonnées rares (selon la classification donnée dansl'Etude Nationale sur la Biodiversité). Les foyersmenacés ne sont pas encore connus avec précision;cependant, il s'agit principalement des hautes mon-tagnes et les plaines atlantiques, autrement dit, queles raisons des menaces qui pèsent sur cette floreseraient très vraisemblablement liées à la déforesta-tion et à la dégradation du couvert végétale dues ausurpâturage, aux défrichements, aux incendies, àl’érosion, etc..

II.C-1-2- FAUNE

La faune menacée du Maroc, qui comptequelques 590 espèces et sous espèces, est carac-

térisée par la grande dominance de trois groupessystématiques que sont :

- les arthropodes, avec 239 espèces (40.5%) dont123 dulcicoles (51%), 93 lépidoptères terrestres(38%) et 23 crustacés marins (9%). Le taux relati-vement fort des espèces menacées des eaux doucesest principalement formé d'insectes (63.5%) puisdes crustacés (20.4%). La menace qui pèse sur cesespèces est essentiellement due à leur vulnérabilitéen tant qu'endémiques, pour leur grande majorité et,par conséquent, disposant d'un habitat et d'un espa-ce vital très réduits.La quasi totalité des lépidoptères listés en tant quemenacés le sont à cause de leur endémisme et leurvulnérabilité. La liste donnée dans l'Etude Nationale

sur la Biodiversité n'est que provisoire et d'autresespèces pourraient y être adjointes.Quand aux crustacés marins, la principale menacequi pèse sur eux, c'est essentiellement leur surex-ploitation.- les vertébrés, avec 212 espèces (36% de toutes cel-les menacées), sont réparties sur 112 vertébrésmarins (dont 85 poissons, 6 tortues et 21 mammifè-res marins), 11 poissons d'eaux douces (8.5%), 13reptiles (6.1%) dont les fameux Varan du désert, latortue grecque et le fouette-queue, 58 oiseaux(27.5%) dont l'Ibis Chauve, de nombreux rapaces,l'Outarde houbara, etc. et 18 mammifères terrestres(8.5%) avec comme principaux représentants desgazelles, l'Hyène, etc.- les coraux, avec 108 espèces, comptent près de18% du total de la faune menacée. Ce sont des espè-ces pratiquement toutes menacées à l'échelle mon-diale et le sont également sur nos côtes. Le corailrouge, seule espèce exploitée dans nos eaux, a vuses statistiques de pêche chuter de façon dramatique(Cf. Etude Nationale sur la Biodiversité).

Ces trois groupes constituent l'essentiel de la faunemenacée du Maroc, puisqu'ils constituent, ensemble,près de 95 % du total des espèces menacées. Les aut-res groupes sont relativement peu représentés.

II.C-1-3- PLANTES CULTIVEES ET ESPECES ANIMALES ELEVEES

La proliération des animaux actuellementdomestiqués, la diversité, l’abondance et la

disponibilité des légumes et des fruits dans nos mar-chés, ne sont forcement pas synonymes de“Biodiversité en bonne santé” car, une grande par-tie des espèces/variétés produites ne font pas partie

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Structures, par groupes, de la faune menacée du Maroc

Quelques exemples d’éléments menacés de la biodiver-sité nationale: Orques, Lions, Tortues