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Centenaire de la guerre 14-18 - ASNOM - Association ... · 44 n° 128 - 94e année - Décembre 2014 articles historiques asnom Le Major François Olier, du Service de Santé des Armées,

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44 n° 128 - 94e année - Décembre 2014

asnomarticles historiques

Le Major François Olier, du Service deSanté des Armées, s’intéresse depuis plusieursannées aux Hôpitaux militaires pendant laGrande Guerre et son travail fait déjà l’objetde quatre tomes en attendant le cinquième en2015. Il a recensé, en espérant qu’il n’a rienoublié, 10 000 hôpitaux durant cette période !

Je me contenterais d’un survol des hôpi-taux du 16e Corps d'Armée, Chef-lieuMontpellier, dont le dernier commandant futle Général Jean de Lattre-de-Tassigny en1942. En 1914 la France était divisée envingt-deux Corps d’Armée, l'Algérie étant le19e. Ces vingt-deux CA. ont subsisté jusqu’à lafin des années 40 et d’autres modificationsont suivi. Le 16e CA, par rapport à l’actuellerégion Languedoc-Roussillon, est amputé du

Gard qui est rattaché à Marseille mais a enplus l'Aveyron et le Tarn. Il arrive donc toutprès de Toulouse. À cette époque dans les CAon trouvait des régiments d’infanterie, d’ar-tillerie, de cavalerie, des unités du génie, dutrain des équipages (hippomobiles), de l’in-tendance et le Service de Santé. Dans le 16e

CA il n’y avait que des Hôpitaux Mixtes civilset militaires. Les hôpitaux du temps de paixne permettaient pas de faire face à l’afflux demalades et de blessés du temps de guerre.C’est ainsi qu’ont été créés les hôpitauxTemporaires pour les besoins propres des CAet les évacuations des malades et blessés quichaque jour se comptaient par milliers.

Mais avant de se lancer il faut bien maîtri-ser les abréviations qui fleurissaient déjà. Il

faut savoir qu’il y a actuellement plus de2 000 abréviations dans l'Armée Française !Les Hôpitaux créés étaient tous qualifiés deTemporaires et leur numérotation identiquedans chaque CA. Étaient appelés HC.(Hôpitaux Complémentaires) les hôpitauxgérés par le Service de Santé Militaire ; HA.(Auxiliaires) ceux gérés par les Sociétésd'Assistance à la Croix-Rouge.

Celles-ci étaient au nombre de trois : laSSBM – Société de Secours aux BlessésMilitaires créée en 1864 et les Hôpitauxnumérotés de 1 à 100 puis à partir de 300 ;l’UFF – l’Union des Femmes Françaises –créée en 1879 numérotés de 101 à 200 puis àpartir de 400 et l’ADF – l'Association desDames Françaises créée en 1881 numérotésde 201 à 300 puis à partir de 500. Les HB.(Bénévoles) étaient gérés par des particuliers,des associations, des communautés ou descollectivités qui devaient respecter le cahierdes charges du Service de Santé Militaire. Ilsétaient numérotés en bis, ter ou quater. LesHOE sont les Hôpitaux d’évacuation. Il existaitaussi des HDC, hôpitaux dépôts de convales-cents.

Le terme « Ambulance » était exclusive-ment réservé aux formations sanitaires del’avant. Avec les SHD. (Section Hygiène desLaboratoires et Désinfection), les CSR. (Centrespécial de réforme) et les URS. (Unité deRéserve Santé) nous aurons les principauxsigles employés.

Lors de mes recherches aux Archives deMontpellier j’ai eu la surprise de trouver desactes de décès estampillés « Hôpital militairebelge – Villa Saint Charles » et « AmbulanceÉlisabeth – Croix Rouge de Belgique ». Etparmi eux un « Camp du Ruchard » qui s'estavéré être un camp militaire situé au sudd’Azay le Rideau (Indre et Loire) jouxtant laforêt de Chinon qui envoyait ses convales-cents plus au sud. Mais ce qui est très curieuxc'est que ce camp, créé en 1885, a reçu en1914 des prisonniers allemands et qu’il a étédéclaré « insalubre » ! Les prisonniers alle-mands ont donc rejoint un camp plusaccueillant et ils ont été remplacés par des

Centenaire de la guerre 14-18Les hôpitaux militaires temporaires dans le XVe Corps d’Armée en 1914-18

André Borgomano (Bx 51)

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articles historiques

convalescents belges ! Impossible de savoir sices derniers étaient au courant de l’insalubri-té des lieux antérieurement formulée ! Deplus ma demande d’information auprès de laDirection du Service de Santé belge (adressefournie par l’ambassade à Paris) est restéesans réponse.

Le Camp du Ruchard, « un camp de conva-lescent où l’on devient malade », « un saletrou » tel le décrivent ses occupants, a fonc-tionné de décembre 1914 à juillet 1917.C'était un univers dur, inhumain, fait de rixes,de punitions, où la nourriture laissait à dési-rer (pour des convalescents !), où la fièvretyphoïde sévissait à l’état endémique, quirecevait les réformés, les épileptiques, ceuxqui avaient perdu la raison, les déserteurs, lesinaptes, la plupart logés sous la tente traver-sée par des pluies fréquentes, sans chauffageet où la mortalité était importante. Le villagevoisin d'Avon-les-Roches compte 76 pierrestombales belges. La plus grande distractionétait d’assister aux enterrements, au village à4 km, au café, y faire ripaille, boire, se querel-ler, se battre pour finalement se retrouverpuni de cachot.

Un jeune compositeur, plein d’avenir,Georges Antoine, qui a mis en musique dessonnets de Verlaine, y a séjourné et décédabrusquement peu après son retour enBelgique.

Après moult recherches j'ai pu identifier la« Villa Saint-Charles » située au nord deMontpellier, à près de 4 km du centre-villedans une zone non urbanisée à l'époque, lePlan des 4 Seigneurs.

L'armée belge y a fait construire trois bâti-ments en briques de 40 m sur 6 m couverts enfibrociment. Après la guerre c’est un sanato-rium pour tuberculeux hommes qui a succédéà l’hôpital belge pour tuberculeux.

Les malades et blessés des belligérants,amis ou adversaires avaient, dans ces hôpi-taux, des lits réservés par nationalités. À l’HCn° 12 de Castelnaudary c’étaient des russes.L'organisation des Hôpitaux temporaires étaitla même dans toute la France et les structuresutilisées étaient les plus diverses. Le nombrede lits était très variable. Les plus petitesstructures étaient de 10 lits comme l’hôtelModerne (Annexe de l’HB. n° 20 bis) à Sète oula gendarmerie de Narbonne (Annexe de l'HCn° 35). À Montpellier la plus importante étaitle Petit Séminaire avec 615 lits suivi duCollège catholique de Rondelet (600), duSacré-Cœur (450), du lycée de jeunes filles(410) et du lycée de garçons (375). C’étaientles plus gros hôpitaux du 16e CA avec le col-lège Henri IV de Béziers (470) et le Lazaretcatholique de Sète (320). La réquisition desécoles, collèges et lycées a entraîné des per-turbations immédiates : suppression desinternats et dispersion des élèves. Il fautsavoir que nombre de ces hôpitaux n’ont pasété ouverts de façon continue du 1er sep-

tembre 1914 au 1er décembre 1918. Ils ontexisté pendant une durée plus ou moinslongue, ont fermé et réouvert avec une nou-velle dénomination et un nouveau numéro.Certains ont subsisté en 1919 accueillant sur-tout des porteurs de la grippe espagnole avecune mortalité considérable (75 %).

En dehors des séquelles de blessures, lesaffections les plus fréquentes étaient pulmo-naires :

Tuberculose. Le 16e CA avait au moins2 700 lits d’hospitalisation et le départementde l’Hérault en fournissait à lui seul 43 %, laLozère 2,5 %. À Montpellier, l’accueil desstructures privées (couvents, séminaires,écoles, collèges, lycées) comptait pour 56 %

des 4 500 lits. Il existait 310 sites dans le CA,selon le tableau joint, dont 30 % de sites pri-vés et 20 % de sites divers tels que châteaux,casino (jeux), maisons particulières, localmunicipal et grands magasins. Bien sûr, cettephotographie du 16e CA ne peut être transpo-sée telle quelle pour les autres CA et l’on peutsupposer que des régions comme la Bretagneou la Vendée avaient un plus fort pourcen tagede bâtiments privés réquisitionnés.

L’existence de 10 000 hôpitaux tempo-raires, avec fermetures et ouvertures, laissesupposer une organisation administrativeremarquablement structurée et performantequi est tout à l’honneur du Service de Santémilitaire.

Certificat de sortie.

Certificat de décès.

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asnomarticles historiques

On pense peut-être que Valérie ANDRÉ aété la première femme médecin militaire :première femme médecin pilote d’hélicoptèreet première femme Général dans l’Arméefrançaise, Oui, mais pas la première médecinmilitaire.

Le 2 août 1914 le docteur Nicole GIRARD-MANGIN, en poste au dispensaire antitubercu-leux de l'hôpital Baujon, inscrite commemembre du Comité de Secours aux BlessésMilitaires et comme Médecin de l’AssistancePublique, reçoit son ordre de mobilisation sousle nom de docteur Gérard Mangin et doitrejoindre le 20e régiment de marche de l'hôpi-tal thermal de Bourbonne-les-Bains. Elle y estaccueillie par le Médecin-Chef par : « Ciel, unefemme ! ». Elle est affectée à des tâches nonmédicales et payée comme infirmier et sesdemandes de régularisation restent sans effet.

Elle demande à rejoindre Reims et se voitaffectée d’abord au fort de la Chaume puis à

l’hôpital n° 7 et à chaque nouvelle affecta-tion elle entendra la référence céleste.Pendant toute la période des bombardementselle va faire de la chirurgie et soigner lestyphiques. Elle est volontaire pour évacuer,sous les obus, les blessés intransportables quipartiront les derniers et sera blessée au visage,sans gravité.

Elle partita pour Saint-Omer puis Ypres oùelle continuera à montrer ses qualités d’orga-nisatrice et son extrême dévouement. En1916 un décret la nomme médecin-major de2e classe sans pour autant la renvoyer dansses foyers et elle est affectée à l’hôpital ÉdithCavell (anglaise fusillée par les Allemands enBelgique) rue Desnouettes à Paris. Elle décèdeen 1919 sans que le Service de Santé etl’Armée aient jugé bon de lui attribuer lemoindre signe de reconnaissance.

André Borgomano

La Première Femme Médecin Militaire en 1914

N° des départements 11 12 34 48 66 81 Total

Couvents, Séminaires 12 4 7 5 5 5 38

Écoles, Collèges, Lycées Privés 9 11 19 – 3 13 55

Écoles, Collèges, Lycées Publics 22 3 19 1 2 9 56

Écoles Normales 2 2 2 1 1 2 10

Hôpitaux – Hospices-Cliniques 8 6 17 4 4 1 40

Casernes 2 – 3 6 – 2 7

Usines – 3 1 – – 2 6

Hôtels 4 – 24 – 4 – 32

Divers* 24 2 21 – 6 7 60

______

304Nombre de lits 6 100 2 730 11 250 640 1 600 4 000 27 000(au moins, en raison de chiffres manquants)

Répartition des Hôpitaux Temporaires

16e CORPS D’ARMÉE – MONTPELLIER

* Châteaux, Local Municipal, Casino (jeux), Maisons particulières, Gran.