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La production dans l’entreprise : Synthèse et ouverture Document 1 : Le PIB et la mesure de la production Aujourd’hui, la plupart des systèmes de comptabilité nationale et les différents organismes internationaux mesurent la richesse à partir de l’activité de production. Ainsi, le PIB (Produit Intérieur Brut), somme des valeurs ajoutées des différentes organisations productives présentes sur un territoire, permet de mesurer les créations de richesses au cours du processus productif. Le PIB est l’un des principaux indicateurs de performance économique. Il présente l'avantage d'être utile pour effectuer des comparaisons historiques et géographiques. Le PIB est ainsi un instrument d'aide à la décision politique. Cependant, il ne permet pas d'appréhender correctement le développement économique, entendu comme une combinaison de changements mentaux et sociaux d’une population menant au progrès social. Il faut donc le compléter par d'autres indicateurs, comme par exemple l’indicateur de développement humain (IDH). L’IDH est une moyenne de plusieurs indicateurs. Il prend en compte le niveau de vie (le PIB par habitant), la santé de la population (espérance de vie) et le niveau d’éducation (taux de scolarisation et taux d'alphabétisation). L'IDH apporte une dimension qualitative à l'évaluation des politiques publiques. Dans les statistiques internationales, l’indice de développement humain (IDH) est souvent utilisé comme mesure du bien-être. Le bien-être ne fait pas référence uniquement, comme le PIB le fait, à la seule richesse économique, mais à un état général, basé sur des indicateurs socio-économiques. Il est également essentiel d’utiliser des indicateurs environnementaux pour orienter les différentes politiques publiques. Le PIB, tout comme l’IDH, ne rend pas compte de l'impact des activités économiques sur l'environnement. La déforestation par exemple est une activité créatrice de richesses, au sens de la comptabilité nationale, alors même qu'elle est particulièrement dévastatrice pour notre planète et le bien-être des générations futures. Source : Sciences économiques et sociales : les mécanismes et notions incontournables ; concours post-bac ; Ellipses (2015), M-C. Dugand, V. Levrault, R.Reynaud Document 2 : Les décisions de l’entreprise L’entreprise est une organisation productive, juridiquement autonome, dont l'activité est la production de biens et services marchands. L’analyse néo-classique s’intéresse à la combinaison de facteurs (travail et capital) que l'entreprise opère pour produire un certain niveau de production. L’entreprise correspond à une « fonction de production » qui cherche à maximiser son profit à partir d’une allocation optimale des facteurs de production. Les décisions de production dépendent ainsi d'un calcul rationnel. Le choix de la combinaison productive est déterminé par les coûts associés à chacune d’elles et dépend donc du coût relatif des facteurs de production. Ainsi, la hausse du prix d’un facteur de production incite les entreprises à lui en substituer un autre car ce dernier devient relativement moins cher. L'entreprise décide du niveau optimal des quantités à produire dans le but de maximiser son profit. La maximisation du profit de l’entreprise se fait de telle sorte que le coût marginal (coût supplémentaire lié à la dernière unité produite) soit égal au coût moyen (coût total/quantités produites), c'est à dire, au niveau minimum du coût moyen. (Cm=CM=p) Une telle vision de l’entreprise permet d’analyser les combinaisons productives et le volume de production des entreprises, cependant les entreprises prennent aussi des décisions en tenant compte de leur organisation interne. En effet, les entreprises cherchent à minimiser leurs coûts de production en trouvant l’organisation et la taille idéale leur permettant d’atteindre ce but. Source : Sciences économiques et sociales : les mécanismes et notions incontournables ; concours post-bac ; Ellipses (2015), M-C. Dugand, V. Levrault, R.Reynaud

Chapitre 1 : La production dans l’entreprise · la théorie des coûts de transaction en précisant les éléments qui peuvent influencer ... des ressources devenues rares est une

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La production dans l’entreprise :Synthèse et ouverture

Document 1 : Le PIB et la mesure de la productionAujourd’hui, la plupart des systèmes de comptabilité nationale et les différents organismesinternationaux mesurent la richesse à partir de l’activité de production. Ainsi, le PIB(Produit Intérieur Brut), somme des valeurs ajoutées des différentes organisationsproductives présentes sur un territoire, permet de mesurer les créations de richesses au coursdu processus productif. Le PIB est l’un des principaux indicateurs de performanceéconomique. Il présente l'avantage d'être utile pour effectuer des comparaisons historiqueset géographiques. Le PIB est ainsi un instrument d'aide à la décision politique. Cependant, ilne permet pas d'appréhender correctement le développement économique, entendu commeune combinaison de changements mentaux et sociaux d’une population menant au progrèssocial. Il faut donc le compléter par d'autres indicateurs, comme par exemple l’indicateur dedéveloppement humain (IDH). L’IDH est une moyenne de plusieurs indicateurs. Il prend encompte le niveau de vie (le PIB par habitant), la santé de la population (espérance de vie) etle niveau d’éducation (taux de scolarisation et taux d'alphabétisation). L'IDH apporte unedimension qualitative à l'évaluation des politiques publiques. Dans les statistiquesinternationales, l’indice de développement humain (IDH) est souvent utilisé comme mesuredu bien-être. Le bien-être ne fait pas référence uniquement, comme le PIB le fait, à la seulerichesse économique, mais à un état général, basé sur des indicateurs socio-économiques. Il est également essentiel d’utiliser des indicateurs environnementaux pour orienter lesdifférentes politiques publiques. Le PIB, tout comme l’IDH, ne rend pas compte de l'impactdes activités économiques sur l'environnement. La déforestation par exemple est uneactivité créatrice de richesses, au sens de la comptabilité nationale, alors même qu'elle estparticulièrement dévastatrice pour notre planète et le bien-être des générations futures.Source : Sciences économiques et sociales : les mécanismes et notions incontournables ; concours post-bac ; Ellipses (2015), M-C. Dugand, V. Levrault, R.Reynaud

Document 2 : Les décisions de l’entrepriseL’entreprise est une organisation productive, juridiquement autonome, dont l'activité est laproduction de biens et services marchands. L’analyse néo-classique s’intéresse à lacombinaison de facteurs (travail et capital) que l'entreprise opère pour produire un certainniveau de production. L’entreprise correspond à une « fonction de production » quicherche à maximiser son profit à partir d’une allocation optimale des facteurs de production.Les décisions de production dépendent ainsi d'un calcul rationnel. Le choix de lacombinaison productive est déterminé par les coûts associés à chacune d’elles et dépenddonc du coût relatif des facteurs de production. Ainsi, la hausse du prix d’un facteur deproduction incite les entreprises à lui en substituer un autre car ce dernier devientrelativement moins cher. L'entreprise décide du niveau optimal des quantités à produire dansle but de maximiser son profit. La maximisation du profit de l’entreprise se fait de telle sorteque le coût marginal (coût supplémentaire lié à la dernière unité produite) soit égal au coûtmoyen (coût total/quantités produites), c'est à dire, au niveau minimum du coût moyen.(Cm=CM=p)Une telle vision de l’entreprise permet d’analyser les combinaisons productives et le volumede production des entreprises, cependant les entreprises prennent aussi des décisions entenant compte de leur organisation interne. En effet, les entreprises cherchent à minimiserleurs coûts de production en trouvant l’organisation et la taille idéale leur permettantd’atteindre ce but.Source : Sciences économiques et sociales : les mécanismes et notions incontournables ; concours post-bac ; Ellipses (2015), M-C.Dugand, V. Levrault, R.Reynaud

Document 3: Coût de transaction et taille de l’entrepriseDans un article célèbre, Ronald Coase (1937) analyse la nature des entreprises et les raisonsde leur existence. Pour Ronald Coase, la firme est un mode de coordination alternatif aumarché : « à l’extérieur de l’entreprise, les prix dirigent la production par le jeu destransactions du marché. A l’intérieur, c’est l’entrepreneur qui dirige la production ». Lescoûts de transaction, coûts qu’il faut engager pour réaliser une transaction (recherche d’unpartenaire à l’échange, rédaction du contrat, surveillance de l’exécution du contrat...),permettent de comprendre pourquoi les entreprises font directement certaines tâches et endélèguent d’autres. La décision de production ne serait alors qu’une comparaison des coûtsde production internes et des coûts de production lorsque l’on externalise. La taille desentreprises dépend donc de la capacité d’une organisation à gérer les coûts de bureaucratieau regard des coûts de transaction qui existent sur le marché. Oliver Williamson a développéla théorie des coûts de transaction en précisant les éléments qui peuvent influencerlargement les coûts de transaction. Pour Oliver Williamson, il y a trois facteurs importants :la spécificité des actifs (les actifs ne sont pas ou peu redéployables vers un autre usage), lafréquence des transactions et l’incertitude (plus celle-ci est grande plus une entreprise atendance à produire directement). Les coûts de transaction peuvent donc varier d’uneentreprise à l’autre et d’un secteur économique à un autre. L’analyse par les coûts detransaction permet de comprendre l’existence des entreprises et la manière dont se décidentleurs contours.Source : Sciences économiques et sociales : les mécanismes et notions incontournables ; concours post-bac ; Ellipses (2015), M-C.Dugand, V. Levrault, R.Reynaud

Document 4: Les rapports sociaux dans l’entrepriseLa prise de décision dans l’entreprise peut fonctionner selon un modèle bureaucratiquecomme l’a théorisé Max Weber. Dans un tel cadre, les relations entre individus, notammentcelles d’autorité, sont parfaitement impersonnelles. Elles ne sont déterminées que par lesfonctions occupées et les tâches effectuées par les individus. L’organisation taylorienne dutravail basée sur une division des tâches est un bon exemple de ce type d’organisation.Toutefois, la réussite de ce modèle a été remise en question par des sociologues commeRobert Merton ou Michel Crozier. Le premier montre que l’excès de formalisme peutentraîner une absence de perception de l’objectif global de l’entreprise par les individusainsi qu’une difficulté d’adaptation au changement du fait de la rigidité des règles et dudéveloppement de l’esprit et du corps. Michel Crozier montre que certains salariés ayantune compétence particulière peuvent capturer une partie du pouvoir vis-à-vis de leurhiérarchie et ainsi influencer les décisions relatives au rythme de travail par exemple. Lesdécisions prises résultent souvent des rapports de force entre les parties prenantes del’entreprise, de la combinaison de leurs objectifs et de la manière selon laquelle chacuneadhère aux choix collectifs. L’entreprise n’est donc pas une « boîte noire », commel’analyse néo-classique le laisse penser, mais une organisation dont le processus deproduction peut être bouleversé par les rapports de force internes. Ces tensions internes et lapoursuite d’objectifs différents par les différents corps constituants d’une entrepriseamènent à comprendre les rapports sociaux en son sein comme des relations d’incitationsentre différentes parties prenantes.Source : Sciences économiques et sociales : les mécanismes et notions incontournables ; concours post-bac ; Ellipses (2015), M-C.Dugand, V. Levrault, R.Reynaud

Ouverture: L’exemple de la pollution, comme limite des activités de production dans un cadre

marchand

L’entreprise est une organisation effectuant une activité de production marchande. Lesdécisions prises s’effectuent dans un cadre privé et entraînent parfois des conséquencesnégatives pour d’autres agents économiques non prises en compte par une relationmarchande.

Document 5 : la pollution comme mal collectif (…) Les externalités environnementales peuvent être positives ou négatives selon qu’ellescorrespondent à une amélioration ou une dégradation de l’environnement. (…) Cesexternalités sont toujours liées à l’utilisation d’un bien d’environnement collectif. La naturedes biens collectifs permet de préciser le phénomène des effets externes environnementaux.(…) Un bien collectif est défini à partir de sa consommation ; il fait l’objet d’uneconsommation collective et possède deux caractéristiques, la non-rivalité d’usage et la non-exclusion. (…)Les biens d’environnement appartiennent en majorité aux trois catégories autres que celle debiens privés. Ils peuvent être des biens collectifs purs (…) ; leur dégradation pour cause depollution est alors un mal collectif. (…) L’une des caractéristiques essentielles des biensd’environnement, longtemps considérés comme des biens libres, est que leur propriété n’estpas ou mal définie. Dans une économie marchande, cette absence de droits de propriété surdes ressources devenues rares est une source inévitable de gaspillage, et pour certains, elle estla cause fondamentale de leur dégradation.

Source : Annie Vallée, Economie de l’environnement, 2002.

Document 6 : La pollution comme limite des activités marchandesAujourd'hui, la dégradation du capital naturel s'explique principalement par les activitéshumaines au premier rang desquelles on retrouve les activités économiques (consommation,production). Le capital naturel se dégrade notamment parce qu'il est soumis à deux formesde défaillances du marché. D'une part, une partie du capital naturel est composé de bienscommuns, c'est à dire qu'il est impossible d'empêcher l'utilisation de ce capital par un agent– critère de non discrimination – mais que l’utilisation par un individu prive tout autre agentde la possibilité de le consommer à son tour – critère de rivalité. On peut citer par exempleles ressources halieutiques (poissons). Pour faire face à cette défaillance, il est possible deprivatiser le bien commun en question ou de mettre en place des permis d'utilisation commeles permis de pêche, mais la mise en oeuvre et le contrôle peuvent s'avérer complexes.L'affaiblissement du capital naturel peut également être dû à des externalités négatives, c'està dire aux conséquences néfastes d'une production non prises en compte par le marché. Lapollution en est l'exemple canonique. Toutefois, les difficultés à l'évaluer ou l'opposition desagents émetteurs peut ralentir la mise en oeuvre de mesures visant à internaliserl'externalité, c'est à dire à la faire assumer par l'agent émetteur. Source : Sciences économiques et sociales : les mécanismes et notions incontournables ; concours post-bac ; Ellipses (2015), M-C.Dugand, V. Levrault, R.Reynaud

Document 7 : Les instruments de lutte contre la pollution

Le changement climatique, un problème économique

La révolution industrielle, ressort du formidable développement économique de la fin duXIXe et du XXe siècles, a eu pour effet collatéral l’augmentation régulière de laconcentration de gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère. La croissance mondiale s’estappuyée massivement sur l’usage des énergies fossiles, principale source d’émissions dedioxyde de carbone, qui est par ailleurs le principal GES.(…). Le réchauffement climatiqueen cours est un sous-produit de la croissance passée. (…)

Les économistes ont donc toute leur place dans la réflexion sur les stratégies de lutte contrele réchauffement climatique, qui n’est pas seulement l’affaire des climatologues, physiciens,météorologues ou encore chimistes (…)parce qu’ils peuvent apporter des instrumentspermettant de gérer le problème climatique de façon efficace.(…) Ils sont de deux types : les instruments réglementaires, comme par exemple les normes enmatière d’habitat imposées par les lois Grenelle en France, et les instruments économiquesque sont les taxes et les marchés de permis d’émissions négociables, et leurs variantes (parexemple, marché de permis avec prix plafond ou prix plancher). Les normes contraignentalors que taxes et marchés de permis incitent à réduire les émissions de GES. Ils yparviennent en donnant un prix à un bien qui auparavant n’en avait pas, le carbone émisdans l’atmosphère. Ce faisant, ils incitent bien les émetteurs à réduire leurs émissions, tantque le prix des émissions, c’est-à-dire la taxe ou le prix des permis, est plus élevé quel’avantage économique qu’elles leur procurent.(…) Pour la plupart des économistes, elles[les normes] sont de bons instruments dans quelques situations particulières, mais, en règlegénérale, les instruments incitatifs sont préférables, car ils sont plus efficaces au sens où ilspermettent d’atteindre une réduction d’émissions donnée à moindre coût.

par Lionel Ragot et Katheline Schubert, janvier 2010 (http://www.laviedesidees.fr/Rechauffement-climatique-concilier.html)

consigne: répondez aux questions suivantes:Q1 / Expliquez : pourquoi ces auteurs prétendent que le réchauffement climatique est unproblème économique ?Q2 / lecture document : de quels instruments dispose-t-on pour gérer le problèmeclimatique de façon efficace? (vous préciserez ce que signifie efficace pour l’économiste)Q3 / comprendre : quel est le rôle de l’économiste en matière de lutte contre la pollution ?Q4 / définir : définissez les mots suivants : norme, taxe, marché de permis