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16 // REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - SEPTEMBRE-OCTOBRE 2009 - N°415 Étude soutenue par l’association Sos-At- taque Cérébrale (1) , émanant du Service de neurologie/Centre d’accueil des AVC (Pr Pierre Amarenco) et le Service de radio- logie du CHU Bichat de Paris. L’altéplase, activateur tissulaire du plas- minogène (TPA, Actilyse ® ), est un anti- thrombotique efficace, mais son efficacité dans les conditions habituelles d’usage (intraveineuse) est limitée encore par les délais d’admission après AVC, souvent retardés soit pas insuffisance territoriale des Unités neurovasculaires d’urgence, soit par fatalisme des familles ou des médecins traitants. Le respect de l’urgence absolue peut assurer une recanalisation artérielle cérébrale efficace. On considère que les meilleurs résultats sont obtenus lorsque le traitement peut débuter dans les 3 h 30 de l’AVC : même alors l’altéplase IV n’obtient en moyenne que 40 % de recanalisation (guérison). L’étude de Bichat vise à utiliser de façon plus optimale ce qui existe : l’altéplase et la radiologie interventionnelle, usage du cathétérisme pour aller au contact du thrombus cérébral sous contrôle visuel. Délivrer ainsi l’altéplase est une throm- bectomie mini-invasive plus efficace que l’intraveineuse. La comparaison des deux schémas d’ad- ministration du TPA en 2007 et 2008 mon- tre que si l’on recanalise l’artère moins de 3 h 30 après les premiers symptômes de l’occlusion, on observe jusqu’à 93 % de guérison, alors que toute demi-heure perdue au-delà de 3 h 30, c’est 20 % de guérison en moins, selon P. Amarenco. Rappelons que l’AVC ischémique repré- sente 80 % de tous les AVC. L’admission d’urgence est d’autant plus cruciale que monter un micro-cathéter sous contrôle visuel (radiologie inter- ventionnelle) est long (20 min à 1 h) et retarde le début du traitement. La technique pourrait être systématisée, le traitement biologique du thrombus a fait ses preuves. Mais son efficacité dépend encore trop de facteurs humains et techniques. Or même si le traitement est techniquement réussi (lyse du caillot), s’il est débuté tard par rapport au premier symptôme et à l’admission spécialisée, la perte de neurones est irréversible et des séquelles persisteront à terme : « Plus vite l’artère est débouchée, plus de chance a le patient de guérir dans les 3 mois », résume P. Amarenco. « Dans les prochaines années, ajoute- t-il, on peut anticiper que la neurologie interventionnelle va se développer au sein des unités de soins intensifs neuro- vasculaires, comme nous avons vu, au cours des années 1990, se développer la cardiologie interventionnelle au sein des Unités de soins intensifs cardiologiques ». Optimisme que ne partage pas la Société française neurovasculaire (SFNV), qui estime encore insuffisants le nombre et la répartition des Unités de sauvetage de l’AVC ischémique. J.-M. M. (1) http://www.attaquecerebrale.org BRÈVES Chirurgie bariatrique et cancer L’étude suédoise SOS (Swedish Obese Sub- jects Study) est la première à rechercher l’effet de la chirurgie de l’obésité sur l’incidence du cancer (1) , dont l’obésité est un facteur de risque : on pouvait penser que la chirurgie en diminue l’incidence. SOS a enrôlé 2 010 obèses (IMC hommes : ≥ 34 kg/m 2 , IMC fem- mes : ≥ 38 kg/m 2 ) opérés et 2 037 obèses contrôles traités classiquement. Après suivi moyen de 10,9 ans, le nombre de premiers cancers était plus bas après chirurgie et perte de poids (117) que chez les contrôles (169). Chez les femmes opérées, l’incidence était plus basse (79) que chez les femmes contrô- les (130), différence absente chez les hommes (38 contre 39 respectivement). Conclusion : la chirurgie bariatrique est associée à une incidence réduite du cancer chez les femmes obèses mais non chez les hommes obèses. (1) Sjöström L (SOS Secretariat, University Hospital, S-413 45 Göteborg) et coll., Lancet Oncology 2009;7:653-62. Rein, coronaires et mort subite La mort subite cardiaque (MSC) est la cause la plus courante de mortalité de l’insuffisant rénal au stade terminal hémodialysé. Une étude (1) a recherché l’incidence de ce risque dans l’insuffisance rénale à des stades moins sévères, pour évaluer la relation entre taux de filtration glomérulaire (TFG) et MSC chez le coronarien. Dans une série de 19 440 pa- tients, sont survenues 522 MSC, soit un taux de 4,6 événements pour 1 000 patients-an- nées. Le TFG est indépendamment associé au risque de MSC, risque supérieur si mala- die coronarienne. La réduction du TFG de la maladie rénale aux stades 3 à 5 est associée à l’augmentation progressive du risque chez le coronarien. Pour les auteurs, davantage d’études sont nécessaires pour caractériser le mécanisme par lequel la réduction de la fonction rénale élève le risque de MSC. (1) Pun PH (Duke University Medical Center, Durham, Caroline du Nord) et coll., Kidney Int 2009;76:652–8. © BSIP/MEDICALRF.COM © BSIP/JEREMY CATRY AVC : nouveau traitement ou meilleur usage de l’existant ? L’actualité d’août habituellement en sommeil s’est animée d’une confé- rence de presse de l’AP-HP et d’une publication on line du Lancet, sur les résultats de l’étude RECANALISE : REcanalisation using Combined in- travenous Alteplase and Neuroin- terventional ALgorithm for acute Ischemic StrokE, soit : recanalisa- tion (rétablissement du flux arté- riel) utilisant un algorithme combiné d’altéplase intraveineuse et neuro- interventionnel pour l’accident vas- culaire cérébral (stroke) ischémique (thrombo-embolie cérébrale). Thrombose d’une artère cérébrale

Chirurgie bariatrique et cancer

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16 // REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - SEPTEMBRE-OCTOBRE 2009 - N°415

Étude soutenue par l’association Sos-At-taque Cérébrale (1), émanant du Service de neurologie/Centre d’accueil des AVC (Pr Pierre Amarenco) et le Service de radio-logie du CHU Bichat de Paris.L’altéplase, activateur tissulaire du plas-minogène (TPA, Actilyse®), est un anti-thrombotique effi cace, mais son effi cacité dans les conditions habituelles d’usage (intraveineuse) est limitée encore par les délais d’admission après AVC, souvent retardés soit pas insuffi sance territoriale des Unités neurovasculaires d’urgence, soit par fatalisme des familles ou des médecins traitants.Le respect de l’urgence absolue peut assurer une recanalisation artérielle cérébrale effi cace. On considère que les meilleurs résultats sont obtenus lorsque le traitement peut débuter dans les 3 h 30 de l’AVC : même alors l’altéplase IV n’obtient en moyenne que 40 % de recanalisation (guérison).L’étude de Bichat vise à utiliser de façon plus optimale ce qui existe : l’altéplase et la radiologie interventionnelle, usage du cathétérisme pour aller au contact du thrombus cérébral sous contrôle visuel. Délivrer ainsi l’altéplase est une throm-bectomie mini-invasive plus effi cace que l’intraveineuse.La comparaison des deux schémas d’ad-ministration du TPA en 2007 et 2008 mon-tre que si l’on recanalise l’artère moins de 3 h 30 après les premiers symptômes

de l’occlusion, on observe jusqu’à 93 % de guérison, alors que toute demi-heure perdue au-delà de 3 h 30, c’est 20 % de guérison en moins, selon P. Amarenco. Rappelons que l’AVC ischémique repré-sente 80 % de tous les AVC.L’admission d’urgence est d’autant plus cruciale que monter un micro-cathéter sous contrôle visuel (radiologie inter-ventionnelle) est long (20 min à 1 h) et retarde le début du traitement. La technique pourrait être systématisée, le traitement biologique du thrombus a fait ses preuves. Mais son effi cacité dépend encore trop de facteurs humains et techniques. Or même si le traitement est techniquement réussi (lyse du caillot), s’il est débuté tard par rapport au premier symptôme et à l’admission spécialisée, la perte de neurones est irréversible et des séquelles persisteront à terme : « Plus vite l’artère est débouchée, plus de chance a le patient de guérir dans les 3 mois », résume P. Amarenco.« Dans les prochaines années, ajoute-t-il, on peut anticiper que la neurologie interventionnelle va se développer au sein des unités de soins intensifs neuro-vasculaires, comme nous avons vu, au cours des années 1990, se développer la cardiologie interventionnelle au sein des Unités de soins intensifs cardiologiques ». Optimisme que ne partage pas la Société française neurovasculaire (SFNV), qui estime encore insuffi sants le nombre et la répartition des Unités de sauvetage de l’AVC ischémique.

J.-M. M.

(1) http://www.attaquecerebrale.org

BRÈVES

Chirurgie bariatrique et cancerL’étude suédoise SOS (Swedish Obese Sub-jects Study) est la première à rechercher l’effet de la chirurgie de l’obésité sur l’incidence du cancer (1), dont l’obésité est un facteur de risque : on pouvait penser que la chirurgie en diminue l’incidence. SOS a enrôlé 2 010 obèses (IMC hommes : ≥ 34 kg/m2, IMC fem-mes : ≥ 38 kg/m2) opérés et 2 037 obèses contrôles traités classiquement. Après suivi moyen de 10,9 ans, le nombre de premiers cancers était plus bas après chirurgie et perte de poids (117) que chez les contrôles (169). Chez les femmes opérées, l’incidence était plus basse (79) que chez les femmes contrô-les (130), différence absente chez les hommes (38 contre 39 respectivement). Conclusion : la chirurgie bariatrique est associée à une incidence réduite du cancer chez les femmes obèses mais non chez les hommes obèses.

(1) Sjöström L (SOS Secretariat, University Hospital, S-413 45 Göteborg) et coll., Lancet Oncology 2009;7:653-62.

Rein, coronaires et mort subiteLa mort subite cardiaque (MSC) est la cause la plus courante de mortalité de l’insuffi sant rénal au stade terminal hémodialysé. Une étude (1) a recherché l’incidence de ce risque dans l’insuffi sance rénale à des stades moins sévères, pour évaluer la relation entre taux de fi ltration glomérulaire (TFG) et MSC chez le coronarien. Dans une série de 19 440 pa-tients, sont survenues 522 MSC, soit un taux de 4,6 événements pour 1 000 patients-an-nées. Le TFG est indépendamment associé au risque de MSC, risque supérieur si mala-die coronarienne. La réduction du TFG de la maladie rénale aux stades 3 à 5 est associée à l’augmentation progressive du risque chez le coronarien. Pour les auteurs, davantage d’études sont nécessaires pour caractériser le mécanisme par lequel la réduction de la fonction rénale élève le risque de MSC.

(1) Pun PH (Duke University Medical Center, Durham, Caroline du Nord) et coll., Kidney Int 2009;76:652–8.

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AVC : nouveau traitement ou meilleur usage de l’existant ?L’actualité d’août habituellement en sommeil s’est animée d’une confé-rence de presse de l’AP-HP et d’une publication on line du Lancet, sur les résultats de l’étude RECANALISE : REcanalisation using Combined in-travenous Alteplase and Neuroin-terventional ALgorithm for acute Ischemic StrokE, soit : recanalisa-tion (rétablissement du flux arté-riel) utilisant un algorithme combiné d’altéplase intraveineuse et neuro-interventionnel pour l’accident vas-culaire cérébral (stroke) ischémique (thrombo-embolie cérébrale).

Thrombose d’une artère cérébrale