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Chronique Discographique: Musiques du XVIe siècleAuthor(s): Édith WeberSource: Nouvelle Revue du XVIe Siècle, Vol. 4 (1986), pp. 101-106Published by: Librairie DrozStable URL: http://www.jstor.org/stable/25598695 .
Accessed: 16/06/2014 11:44
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Nouvelle revue du seizieme siecle - 1986 - n? 4, pp. 101-106.
CHRONIQUE DISCOGRAPHIQUE
MUSIQUES DU XVIe SIECLE
Musique religieuse
Heinrich Schutz, Symphoniae sacrae. ERATO, NUM 75234.
En 1985, le quatrieme centenaire de la naissance de H. Schutz a ete mar
que par une commemoration dans le cadre de l'Annee internationale de la
Musique, par un colloque, par des concerts dans le monde entier, et par des
productions discographiques. En France, les Sacqueboutiers de Toulouse et quelques solistes vocaux
ont enregistre un choix de Symphoniae sacrae composees a Venise en 1629, lors de son second sejour en Italic Son premier voyage lui avait permis d'etudier aupres de G. Gabrieli; lors du deuxieme, il a profite des experien ces de Claudio Monteverdi dans le domaine de l'opera, des madrigaux et de la musique religieuse, de la traduction figuraliste des images et des idees du texte.
Pour ses Symphoniae sacrae, Sagittarius choisit ses textes dans YAncien Testament (versets de Psaumes, extraits du Cantique des Cantiques et dans le Nouveau Testament (Evangile de Saint Matthieu...). II en retient le
lyrisme, la louange, la joie. Parmi les pages les plus connues figurent: Buc cinate in noemia tuba; Jubilate Deo omnis terra; la remarquable evocation musicale: Fili mi Absalon pour une basse et quatre sacqueboutes, qui se
grave immediatement dans toutes les memoires. On sera frappe par la richesse d'invention, par la variete des sonorites et des coloris instrumen
taux, par l'excellente peinture d'atmosphere appropriee a chaque texte. Les
interpretes reservent un sort royal a ces Symphonia Sacrae, opus 6 de H. Schutz et, deja, un chef-d'oeuvre.
Heinrich Schutz, Historia der Geburt Jesu Christi. ERATO NUM 75211.
Ancree dans la tradition lutherienne et dans celle des ?Histoires sacrees? cultivees par Carissimi, YHistoire de la Nativite de H. Schutz
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(1585-1672), le musicus excellentissimus de son siecle (sui saeculi), a ete
enregistree par la Schola Cantorum Bruxelliensis, 1'Ensemble Musica poly
phonica et des solistes, places sous la direction de Louis Devos.
Cette oeuvre, terminee a Weissenfels en 1664, commence par l'annonce
du titre: ?La naissance de notre Seigneur Jesus-Christ? (par le choeur). Les
recits de l'evangeliste alternent avec les interventions des protagonistes: ange, bergers, Rois mages, le grand pretre, tes scribes, Herode. La lecture
chantee en allemand est assez proche des preoccupations de la Deutsche Messe (Messe allemande) de Martin Luther (intonations, formules, recto
tono, comme du ?gregorien en allemand?). La musique contribue a la tra
duction des sentiments de joie et de confiance, ou a la description des
actions, mais c'est l'evangeliste Kurt Widmer qui suscite 1'atmosphere de
recueillement et qui cree ce climat de ?Noel?. Trois motets, dans l'esprit du motet lutherien, extraits de la Geistliche Chormusik de 1648, annee de la
fin de la Guerre de Trente Ans et du Traite de Westphalie, terminent cet
enregistrement qui fait honneur au ?pere de la musique allemande?.
Ockeghem, Requiem, Missa MI-MI. EMI 27 0098 1.
Jean Ockeghem se rattache a l'Ecole franco-flamande du XVe siecle qui apportera un denouement a la crise de l'Ars nova, et prolongera la poly
phonie en assurant la transition vers son age d'or au XVIe siecle. Ne vers
1425, mort a Tours entre 1494 et 1496, il a ete chantre et a appartenu a la
Chapelle des Rois de France. ?Ma!tre de chapelle (de chant) du Roy?, il a
compose des Messes conservees a la Bibliotheque Vaticane et a la Chapelle Sixtine. Sa Missa quarti toni est presente dans le Codex Chigi avec la men
tion ?My My?; elle n'emprunte aucun cantus firmus existant. Son
Requiem (Missa pro defunctis), l'un des plus anciens sinon le plus ancien, fait appel a tous les registres vocaux du grave a l'aigu. De caractere
depouille, il s'eleve comme une intense priere; les passages lumineux en
chant gregorien alternent avec la polyphonie. II est rendu avec beaucoup
d'interiorite, de simplicity, de naturel et de plenitude, par les voix d'hom
mes du Hilliard Ensemble, sous la direction sensible de Paul Hillier. On
rencontre les memes qualites dans la messe, malgre les lignes melodiques enchevetrees constamment relancees. Un des points forts de cette gravure se trouve dans la partie ?Qui tollis... miserere?. Ce disque a bien merite
son ?diapason d'or?.
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Chansons
L'homme arme (1450-1650), ERATO NUM 75252.
Ce titre, peut-etre enigmatique pour les litter aires, est tres connu des
musicologues et surtout des compositeurs depuis le XVe siecle, car sa melo
die ? chanson a succes ? a servi de ?timbre? et de cantus firmus a de
nombreuses messes. II sert d'introduction a ce disque dont l'originalite n'est pas a demontrer. Cette petit anthologie, etalee sur deux siecles, a pour sous-titre: ?Musique de guerre et depaix? et comprend seize pieces d'ori
gine diverse (franchise, anglaise, espagnole, italienne), de R. Morton, CI.
Goudimel a CI. Monteverdi, L. Luzzachi... en passant par la musique juive
(Kaddish, priere pour les morts de Salomon Rossi), reformee (Psaume
huguenot 133, O combien est plaisant et souhaitable, sur la paraphrase de
Theodore de Beze), lutherienne (Fili mi Absalon; Es ging ein Samann aus... de H. Schutz)..., allant de l'ecole dite franco-flamande au baroque, en passant par la Renaissance. Si le theme ?L'Homme arme? ? venant de loin ? donne immediatement le ton, les bruits de la guerre resonnent avec
la Pavane, La Bataille, de T. Susato, ou la Bataglia de A. Gabrieli; voix, instruments (a vent, a percussion, mais aussi a cor des, y compris l'orgue et
le clavecin) contribuent a renforcer 1'evocation de la guerre, l'inquietude, le
tumulte d'un cote; a creer un climat de paix, de serenite et d'espoir d'autre
part.
Ce disque ?a theme? est une reussite du genre. The Boston Camerata, sous la direction de Joel Cohen, The Boston Shawn and Sacbut ensemble, The Harward Radcliffe Collegium musicum contribuent ? par leur inter
pretation si vivante et si saisissante de tant de pages se reclamant d'estheti
ques et d'atmospheres fort differentes ? au succes de cette anthologie.
Fricassee Parisienne. HARMONIA MUNDI, HMC 1174.
Ce florilege de chansons fran^aises de la Renaissance, realise par l'Ensemble Clement Janequin (D. Visse, contretenor; M. Laplenie, tenor; Ph. Cantor, baryton; A. Sicot, basse; CI. Debove, luth), retiendra Patten tion des discophiles a plus d'un titre. II a le merite de presenter, d'un cote des oeuvres de musiciens du XVIe siecle generalement moins connus tels
que Nicolas de Marie, Delafont, Ninot le Petit, de l'autre cote, des pages celebres telles que la chanson Doulce Memoire de Pierre Sandrin, sur un texte de Francois Ier avec ? selon l'usage
? la Response: Finy le bien de
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Pierre Certon; la chanson de Claudin de Sermisy, Tant que vivray en age
florissant (qui a fait l'objet d'une version spiritualisee par Eustorg de Beau
lieu) en style note contre note constrastant avec // est bel et bon (de Passe
reau) si vivant et petillant, avec ses monosyllabes et onomatopees servies
par une excellente diction. Ce programme specule sur les oppositions brusques et violentes: tour a
tour de caractere populaire voire vulgaire et grivois ou raffine, pesant ou
leger, en contrepoint fleuri (avec entrees successives et imitations) ou en
contrepoint simple (une syllabe par accord), avec des executions vocales ou
instrumentales, (Fantaisies pour luth de G. Morlaye). Le titre ?Fricassee parisienne? est associe, sur la pochette, a l'illustra
tion: ?Le concert dans l'oeuf?, de Jerome Bosch. Deux Fricassees (Cres pel, Anonyme, edite par Attaignant en 1531) justifient la reference du dis
que dont on retiendra essentiellement les qualites de transparence, d'ani mation du discours musical (Ay, Ay, Ay...), les efforts de prononciation (R de Robert), la virtuosite (// est bel et bon...), l'independance des voix individuelles. Voici une musique vecue par les interpretes en tenant compte de la diver site des oeuvres et des poemes (CI. Marot, Ronsard, Francois Ier); elle reflete toute une epoque et apporte une contribution sonore a l'his
toire des sensibilites et des mentalites.
Musique instrumentale
Musique de danse de l'epoque baroque. DEUTSCHE GRAMMOPHON, 415-643-1.
Le generique ?Tanzmusik des Barock? couvre un tres large champ
chronologique, car cette anthologie (en deux disques) commence avec des
musiciens de la seconde moitie du XIVe siecle tels que G. Mainerio, G.B.
Besardo (c'est-a-dire Jean-Baptiste Besard), le tres celebre Gesualdo de
Venosa, entre autres; la seconde face regroupe des musiciens allemands M.
Praetorius, V. Hausmann... et anglais A. Holborne, J. Dowland, O. Gib
bons... a la charniere entre le XVIe et le XVIIe siecles; les faces 3 et 4 attei
gnent largement le XVIIIe siecle avec J.B. Loeilet, J.-B. Lully. Cette anthologie force 1'admiration par la selection et la variete des
danses retenues: au total 48 (qu'il est impossible de detailler): Bourree, Branle, Canarie, Courante, Gaillarde, Gigue, Menuet, Passacaille, Pavane, Saltarelle, Volte..., avec leurs rythmes, leurs mesures, leur tempi
specifiques.
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CHRONIQUE DISCOGRAPHIQUE 105
Ce choix reflete les modes, les gouts de la bourgeoisie, les particularis mes nationaux (ungaresca...) ou folkloriques, les imitations (Catkanei: cri
du coq); certains titres sont aussi revelateurs. L'interpretation vivante et
coloree permet d'entendre une foule d'instruments aux sonorites ancien
nes: luth, guitare, violon, vielle a roue, (en solistes) et PUlsamer Collegium dont chaque membre joue de plusieurs instruments parmi lesquels: violes
de gambe, flutes a bee, bassons, cornet a bouquin, chalumeau, bombarde,
luth, theorbe, cistre... et percussions.
Konrad Ragossnig et ses musiciens s'imposent par leur gout, par les
tempi, par leur virtuosite et par le caractere cosmopolite de ce disque qui
permet de suivre, dans la longue duree, devolution de la musique de danse, les rejouissances des Rois, des dames et des Seigneurs a l'epoque baroque
(au sens large).
INTABOLATVRA DE LEVTO del DIVINO FRANCESCO DA MILANO. ASTREE/AUVIDIS, AS 101.
Cette realisation sortant des sentiers battus est due a Paul O'Dete qui a
?groupe les oeuvres selon les indications de sources contemporaines telles
que le Livre de Luth de Capirola?. II les interprete sur un luth a six choeurs
de Paul Thomson (Londres, 1984) d'apres Magno Tieffenbrucker (Venise, 1550).
Francesco da Milano etait tres repute de son temps par ses sonorites,
qui ?en se faisant entendre dans l'ame, derobent les sens de ceux qui l'ecoutent? (selon Francesco Marcolini, 1536). Certes, depuis le XVIe sie
cle, la sensibilite et la perception ont evolue, mais il n'en reste pas moins
que Paul O'Dete peut, aussi au XXe siecle, transporter les discophiles. Cette musique est infeodee a la musique vocale notamment aux chan
sons et aux messes ainsi qu'aux madrigaux. Ce disque restitue ce que l'on
pouvait entendre dans l'entourage des Sforza, a Milan, a Ferrare, a Man
toue... Ces oeuvres dispersees ont ete reunies en ?suites? par Pexcellent
interprete. Au gre des sillons, on trouvera les noms de Loyset Compere, Claude de Sermisy, Jacques Arcadelt. Nul ne restera insensible a ces sono
rites exceptionnelles et a ce musicien fascinant qu'est Francesco Canova dit
Francesco da Milano.
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106 EDITH WEBER
Opera
Monteverdi, Orfeo, ERATO, coffret NUM 75212.
En 1968, M. Corboz avait grave YOrfeo de Monteverdi. Depuis lors, les
conceptions relatives au chant et a ^interpretation ont certes progresse; des
recherches ont ete entreprises en Italie, et aussi par Philippe Herreweghe, John Eliot Gardiner entre autres. Le chef Suisse reste fidele a son ancienne
conception. Cet enregistrement a ete prepare par deux chefs: celui de l'Ensemble vocal de la Chapelle Royale et celui de 1'orchestre de l'Opera de
Lyon. II en resulte trois conceptions qui ne convergent pas necessairement. Le plateau cosmopolite comprend Eric Tappy (participation exception
nelle) pour Apollo; G. Quilico pour Orfeo, A. Michael (Euridice, La Spe ranza, Eco), C. Watkinson (La Messagiera); F. Voutsinos (Plutone)... Cer
tains solistes n'ont pas assimile la technique vocale de mise, actuellement
pour les pages de Monteverdi et abusent de ?tremolos?.
Orfeo, chef-d'oeuvre du drama per musica a ses debuts, se situe dans le
sillage des preoccupations humanistes et des travaux de la Camerata du comte Bardi. Monteverdi fait appel au ?parlar cantando?, a la declama tion precise, a l'union du texte et de la musique, a la plasticite des mots; il
met l'accent sur les passions, sur le drame, sur la peinture des sentiments, sur l'intensite dramatique; 1'orchestre y contribue aussi. Quant au sujet
?
comme 1'annonce le personnage allegorique de la musique ?, il s'agit de
l'histoire d'Orfee ?dont les betes sauvages suivaient le chant a la trace?.
L'ensemble reste quelque peu inegal, du moins a l'ecoute discographique; lors de la representation, les melomanes ont du etre attires par les decors, les costumes ayant, peut-etre, fait oublier certaines sonorites et certains
passages vocaux discutables. Le chef-d'oeuvre de Monteverdi et A. Striggio meritait plus de cohesion et de recherche dans le domaine de l'interpreta tion.
Edith Weber.
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