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JEUDI 19 MARS 2009 GASTROENTEROL CLIN BIOL, 2009, 33 A119 CO.44 Suivi prospectif des patients atteints de carcinome hépatocellulaire traités par sorafenib : influence du score de Child sur la survie et la tolérance S Cattan (1), O Romano (1), S Dharancy (1), V Canva (1), H Castel (1), S Truant (1), E Boleslawski (1), M Hebbar (1), FR Pruvot (1), P Mathurin (1) (1) Lille. Introduction : Le sorafenib (So) est le traitement de réfé- rence des patients (pts) cirrhotiques Child A (CA) avec car- cinome hépatocellulaire (CHC) avancé. Le rapport bénéfice- risque du So en cas de CHC sur cirrhose Child B (CB) est inconnu. Les objectifs de cette étude prospective étaient : 1) d’évaluer la tolérance et l’efficacité du So chez les pts atteints de CHC dans la pratique quotidienne ; 2) de mesurer l’impact du score de Child B sur la tolérance et l’évolution des patients traités par So. Patients et Méthodes : Tous les pts traités par So ont été inclus et suivis prospectivement. L’impact de la gravité de la cirrhose sur la tolérance et l’efficacité du So a été évalué à partir d’une étude cas-contrôles. Chaque cas CB a été apparié en aveugle à 3 contrôles CA sur les critères sui- vants : l’âge, le stade OMS et les critères pronostiques tumoraux du score CLIP (volume tumoral, taux d’AFP, thrombose porte). La tolérance du So était évaluée par : 1) la fréquence des effets secondaires, 2) la dose intensité, 3) la durée de traitement avant intolérance, 4) l’évolution du score de Child. Les survies des pts ont été estimées par la méthode de Kaplan-Meier et comparées par le log rank test. Résultats : De mars 2007 à octobre 2008, 113 pts (11F, 102H ; âge moyen 64 ans) ont été inclus. L’étiologie de la cir- rhose était alcoolique dans 70 % des cas. Les scores CLIP était 0-1 dans 46 % des cas, 2-3 dans 46 % et 4-5 dans 8 % des cas. Le suivi médian était de 190 jours (IC 95 % : 138- 219 jrs) et la survie globale de la cohorte était de 50 ± 6 % à 12 mois. En intention de traiter, la dose moyenne de So était de 785 mg/j à M0, 494 mg/j à M3 et 409 mg/j à M6. Dix huit pts CB (B7 n = 15 ; B8 n = 3) ont été appariés à 54 pts CA. La survie à 12 mois du groupe CB était significativement inférieure à celle du groupe CA (22 ± 12 % vs 47 ± 10 %, p = 0,01). Sur le plan de la tolérance : 1) A M2 la fréquence cumulée des effets secondaires grade 2-3 était identique dans les 2 groupes : syndrome mains-pieds (CB : 18,2 % vs CA : 20 %), diarrhée (6 % vs 15 %). Les réductions de doses de So (28 % vs 11 %) et l’arrêt de So (28 % vs 35 %) ne différaient pas entre les 2 groupes ; 2) La dose moyenne de So n’était pas différente entre les pts CB et les pts CA à M0, M3 et M6 (755 mg/j vs 791 mg/j ; 444 mg/j vs 501 mg/j et 400/j vs 410 mg/j ; ns) ; 3) La durée de traitement avant arrêt pour intolérance était respectivement de 79 ± 78 jours et 108 ± 106 jours (ns) ; 4) Dans le groupe CB par rapport au groupe CA, la fréquence des décompensations oedémato-ascitiques (29 % vs 16 %) et l’aggravation du score de Child à M2 (+0,3 pt vs +1 pt) n’étaient pas significativement différentes. Quinze pts Child A sont devenus Child B à M2. Conclusion : La survie et la tolérance du So dans notre cohorte sont similaires aux données de la littérature. Cette étude cas-contrôles suggère que les patients CA et CB (majoritairement B7) présentent un profil de tolérance simi- laire. Une extension prudente des indications du So aux pts Child B7 pourrait être envisagée sous réserve d’une étude randomisée évaluant le bénéfice en survie de cette popula- tion spécifique. CO.45 Tolérance et résultats préliminaires du sorafénib dans la récidive du carcinome hépatocellulaire après transplantation hépatique : étude cas-contrôle S Dharancy (1), O Romano (1), P Wolf (2), R Lorho (3), GP Pageaux (4), V de Ledinghen (5), M Hurtova Simson (6), C Vanlemmens (7), E Salame (8), J Dumortier (9), MN Hilleret (10), S Cattan (1), P Mathurin (1), FR Pruvot (1) (1) Lille ; (2) Strasbourg ; (3) Rennes ; (4) Montpellier ; (5) Bordeaux ; (6) Créteil ; (7) Besançon ; (8) Caen ; (9) Lyon ; (10) Grenoble. Introduction : Le sorafenib (So), un inhibiteur multikinase, a démontré son efficacité dans le carcinome hépatocellulaire (CHC) avancé. La plupart des effets indésirables apparais- sent au cours des 8 premières semaines de traitement. La tolérance du So après transplantation hépatique (TH) reste inconnue. Les objectifs de notre étude étaient : 1) comparer la tolérance du So après 8 semaines de traitement chez les patients (pts) transplantés (groupe TH) présentant une réci- dive du CHC aux patients non transplantés (groupe NT) avec CHC avancé sur cirrhose Child A et 2) comparer l’efficacité à 6 mois selon les critères RECIST dans les 2 groupes. Patients et Méthodes : Quatorze pts traités par So inclus dans le groupe TH ont été appariés à 14 pts inclus dans le groupe NT. Les pts étaient appariés selon l’âge, le sexe, le statut OMS et le taux d’alpha foetoprotéine sans connaissance des effets secondaires et de la survie. Tous les pts ont débutés le traite- ment à 400 mg x2/jr. Le diagnostic de CHC reposait sur les recommandations internationales et les lésions étaient mesura- bles. Les tests du chi 2 et de Mann-Whitney ont été utilisés pour comparer les variables quantitatives et qualitatives. Résultats : Les variables d’appariement étaient identiques entre les 2 groupes. Dans le groupe TH, la récidive du CHC était intra-hépatique (29 % des cas), intra-hépatique et extra- hépatique (42 % des cas) et extra-hépatique seule (29 % des cas) alors que dans le groupe NT le CHC était intra-hépatique seul dans 93 % des cas (p = 0,002). Le schéma immunosup- presseur comprenait des inhibiteurs mTOR chez 57 % des pts dans le groupe TH. La durée moyenne de traitement par So était de 122 jrs dans le groupe TH et de 183 jrs dans le groupe NT (ns). Après 8 semaines de traitement, 3 pts du groupe TH et 4 pts du groupe NT étaient décédés (ns). Le So était inter- rompu chez 4 pts (36 % des cas) du groupe TH (toxicité cutanée précoce de grade 4 chez 2 pts, altération de l’état général chez 2 pts) et chez 4 pts (31 % des cas) du groupe NT (encéphalopathie hépatique chez 2 pts, altération de l’état général chez 2 pts) (ns). Parmi les pts ayant poursuivi le traite- ment, ceux du groupe TH ont nécessité plus fréquemment une réduction de dose en raison de la survenue d’effets secondaires (45 % vs 0 %, p = 0,04) et seul 30 % des pts ont reçu un traite- ment à pleine dose pendant 8 semaines. Une toxicité digestive de grade 2-3 et une toxicité cutané de grade 2-3-4 étaient plus fréquemment observées dans le groupe TH par rapport au groupe NT (p = 0,03 et p = 0,02, respectivement). En termes d’efficacité à 6 mois, la proportion de pts ayant une maladie stable semblait plus faible dans le groupe TH comparé au groupe NT. Conclusion : Cette étude préliminaire cas-contrôle met en évi- dence que le traitement par So est possible après TH mais que la tolérance digestive et cutanée semble moins bonne avec un tiers d’arrêt de traitement et un tiers de réduction à demi-dose. Les interactions médicamenteuses entre le So et le traitement immunosuppresseur pourraient expliquer ces différences.

CO.44 Suivi prospectif des patients atteints de carcinome hépatocellulaire traités par sorafenib : influence du score de Child sur la survie et la tolérance

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GASTROENTEROL CLIN BIOL, 2009, 33 A119

CO.44 Suivi prospectif des patients atteints decarcinome hépatocellulaire traités parsorafenib : influence du score de Child surla survie et la tolérance

S Cattan (1), O Romano (1), S Dharancy (1), V Canva(1), H Castel (1), S Truant (1), E Boleslawski (1), M Hebbar(1), FR Pruvot (1), P Mathurin (1)(1) Lille.

Introduction : Le sorafenib (So) est le traitement de réfé-rence des patients (pts) cirrhotiques Child A (CA) avec car-cinome hépatocellulaire (CHC) avancé. Le rapport bénéfice-risque du So en cas de CHC sur cirrhose Child B (CB) estinconnu. Les objectifs de cette étude prospective étaient : 1)d’évaluer la tolérance et l’efficacité du So chez les ptsatteints de CHC dans la pratique quotidienne ; 2) de mesurerl’impact du score de Child B sur la tolérance et l’évolutiondes patients traités par So.

Patients et Méthodes : Tous les pts traités par So ont étéinclus et suivis prospectivement. L’impact de la gravité de lacirrhose sur la tolérance et l’efficacité du So a été évalué àpartir d’une étude cas-contrôles. Chaque cas CB a étéapparié en aveugle à 3 contrôles CA sur les critères sui-vants : l’âge, le stade OMS et les critères pronostiquestumoraux du score CLIP (volume tumoral, taux d’AFP,thrombose porte). La tolérance du So était évaluée par : 1) lafréquence des effets secondaires, 2) la dose intensité, 3) ladurée de traitement avant intolérance, 4) l’évolution du scorede Child. Les survies des pts ont été estimées par la méthodede Kaplan-Meier et comparées par le log rank test.

Résultats : De mars 2007 à octobre 2008, 113 pts (11F,102H ; âge moyen 64 ans) ont été inclus. L’étiologie de la cir-rhose était alcoolique dans 70 % des cas. Les scores CLIPétait 0-1 dans 46 % des cas, 2-3 dans 46 % et 4-5 dans 8 %des cas. Le suivi médian était de 190 jours (IC 95 % : 138-219 jrs) et la survie globale de la cohorte était de 50 ± 6 % à12 mois. En intention de traiter, la dose moyenne de So étaitde 785 mg/j à M0, 494 mg/j à M3 et 409 mg/j à M6. Dix huitpts CB (B7 n = 15 ; B8 n = 3) ont été appariés à 54 pts CA.La survie à 12 mois du groupe CB était significativementinférieure à celle du groupe CA (22 ± 12 % vs 47 ± 10 %,p = 0,01). Sur le plan de la tolérance : 1) A M2 la fréquencecumulée des effets secondaires grade 2-3 était identique dansles 2 groupes : syndrome mains-pieds (CB : 18,2 % vs CA :20 %), diarrhée (6 % vs 15 %). Les réductions de doses de So(28 % vs 11 %) et l’arrêt de So (28 % vs 35 %) ne différaientpas entre les 2 groupes ; 2) La dose moyenne de So n’étaitpas différente entre les pts CB et les pts CA à M0, M3 et M6(755 mg/j vs 791 mg/j ; 444 mg/j vs 501 mg/j et 400/j vs410 mg/j ; ns) ; 3) La durée de traitement avant arrêt pourintolérance était respectivement de 79 ± 78 jours et 108 ± 106jours (ns) ; 4) Dans le groupe CB par rapport au groupe CA,la fréquence des décompensations oedémato-ascitiques (29 %vs 16 %) et l’aggravation du score de Child à M2 (+0,3 pt vs+1 pt) n’étaient pas significativement différentes. Quinze ptsChild A sont devenus Child B à M2.

Conclusion : La survie et la tolérance du So dans notrecohorte sont similaires aux données de la littérature. Cetteétude cas-contrôles suggère que les patients CA et CB(majoritairement B7) présentent un profil de tolérance simi-laire. Une extension prudente des indications du So aux ptsChild B7 pourrait être envisagée sous réserve d’une étuderandomisée évaluant le bénéfice en survie de cette popula-tion spécifique.

CO.45 Tolérance et résultats préliminaires dusorafénib dans la récidive du carcinomehépatocellulaire après transplantationhépatique : étude cas-contrôle

S Dharancy (1), O Romano (1), P Wolf (2), R Lorho (3), GPPageaux (4), V de Ledinghen (5), M Hurtova Simson (6),C Vanlemmens (7), E Salame (8), J Dumortier (9), MNHilleret (10), S Cattan (1), P Mathurin (1), FR Pruvot (1)(1) Lille ; (2) Strasbourg ; (3) Rennes ; (4) Montpellier ; (5)Bordeaux ; (6) Créteil ; (7) Besançon ; (8) Caen ; (9)Lyon ; (10) Grenoble.

Introduction : Le sorafenib (So), un inhibiteur multikinase,a démontré son efficacité dans le carcinome hépatocellulaire(CHC) avancé. La plupart des effets indésirables apparais-sent au cours des 8 premières semaines de traitement. Latolérance du So après transplantation hépatique (TH) resteinconnue. Les objectifs de notre étude étaient : 1) comparerla tolérance du So après 8 semaines de traitement chez lespatients (pts) transplantés (groupe TH) présentant une réci-dive du CHC aux patients non transplantés (groupe NT) avecCHC avancé sur cirrhose Child A et 2) comparer l’efficacitéà 6 mois selon les critères RECIST dans les 2 groupes.

Patients et Méthodes : Quatorze pts traités par So inclus dansle groupe TH ont été appariés à 14 pts inclus dans le groupeNT. Les pts étaient appariés selon l’âge, le sexe, le statut OMSet le taux d’alpha foetoprotéine sans connaissance des effetssecondaires et de la survie. Tous les pts ont débutés le traite-ment à 400 mg x2/jr. Le diagnostic de CHC reposait sur lesrecommandations internationales et les lésions étaient mesura-bles. Les tests du chi2 et de Mann-Whitney ont été utiliséspour comparer les variables quantitatives et qualitatives.

Résultats : Les variables d’appariement étaient identiquesentre les 2 groupes. Dans le groupe TH, la récidive du CHCétait intra-hépatique (29 % des cas), intra-hépatique et extra-hépatique (42 % des cas) et extra-hépatique seule (29 % descas) alors que dans le groupe NT le CHC était intra-hépatiqueseul dans 93 % des cas (p = 0,002). Le schéma immunosup-presseur comprenait des inhibiteurs mTOR chez 57 % des ptsdans le groupe TH. La durée moyenne de traitement par Soétait de 122 jrs dans le groupe TH et de 183 jrs dans le groupeNT (ns). Après 8 semaines de traitement, 3 pts du groupe THet 4 pts du groupe NT étaient décédés (ns). Le So était inter-rompu chez 4 pts (36 % des cas) du groupe TH (toxicitécutanée précoce de grade 4 chez 2 pts, altération de l’étatgénéral chez 2 pts) et chez 4 pts (31 % des cas) du groupe NT(encéphalopathie hépatique chez 2 pts, altération de l’étatgénéral chez 2 pts) (ns). Parmi les pts ayant poursuivi le traite-ment, ceux du groupe TH ont nécessité plus fréquemment uneréduction de dose en raison de la survenue d’effets secondaires(45 % vs 0 %, p = 0,04) et seul 30 % des pts ont reçu un traite-ment à pleine dose pendant 8 semaines. Une toxicité digestivede grade 2-3 et une toxicité cutané de grade 2-3-4 étaient plusfréquemment observées dans le groupe TH par rapport augroupe NT (p = 0,03 et p = 0,02, respectivement). En termesd’efficacité à 6 mois, la proportion de pts ayant une maladiestable semblait plus faible dans le groupe TH comparé augroupe NT.

Conclusion : Cette étude préliminaire cas-contrôle met en évi-dence que le traitement par So est possible après TH mais quela tolérance digestive et cutanée semble moins bonne avec untiers d’arrêt de traitement et un tiers de réduction à demi-dose.Les interactions médicamenteuses entre le So et le traitementimmunosuppresseur pourraient expliquer ces différences.