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Editions DANGLES 18, rue Lavoisier

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ISBN : 2.7033.0107.3

Nouvelle édition revue et corrigée : © Editions Dangles, St-Jean-de-Braye (France) - 1976 Droits de traduction, de reproduction et d'adaptation

réservés pour tous pays

A G e o r g e s S O U L I E D E M O R A N T Consul de France en Chine

Rénovateur de l'Acupuncture

Bien cordial h o m m a g e A.L.

I n t r o d u c t i o n

En publiant ce livre sur l'acupuncture, notre but n'est pas d'ajouter un nouveau traité à ceux déjà édités à l'usage du corps médical. Les médecins qui s'intéressent à cette ques- tion de la médecine chinoise ont en leur possession des documents et des ouvrages qui leur indiquent, avec toute la précision anatomique désirable, les points et les lignes préconisés par les médecins chinois pour obtenir des succès thérapeutiques dans la plupart des maladies.

Le Précis de la Véritable Acupuncture Chinoise de G. Soulié de Morant, et son Traité général (1), les articles publiés dans la presse médicale par le docteur Ferreyrolles et d'autres confrères, ont suffisamment renseigné les médecins pour qu'il ne soit pas nécessaire d'ajouter un nouvel ouvrage à ceux déjà parus, et qui, comme ceux-ci, ne serait que le reflet bien pâle des travaux de Soulié de Morant.

(1) L'Acupuncture chinoise, 4 vol. — Ed. du « Mercure de France», Paris.

Notre but est plus modeste : mettre le public non médical au courant de la question, lui indiquer les prin- cipes sur lesquels repose cette thérapeutique, lui montrer que, par des moyens simples, pratiques, à la portée de tous, on peut guérir, souvent presque instantanément, une névralgie douloureuse, un rhumatisme tenace, une douleur quelconque.

Vaincre la douleur, tel est le but que se sont proposé depuis l'origine des temps tous ceux qui ont essayé de soulager leur prochain, et, des siècles avant Jésus-Christ, les Chinois avaient en partie résolu le problème.

Or, il n'est pas de foyer, si modeste qu'il soit, qui ne possède quelques aiguilles ou quelques épingles, qui, faute d'autre instrument, peuvent réaliser ce miracle : guérir, et quelquefois pour toujours, une douleur localisée en un point du corps et se répercutant sur la peau.

L'acupuncture ainsi envisagée est donc une médication d'urgence et, en même temps que le premier secours, le premier soulagement que n'importe qui pourra apporter au malade en attendant l'arrivée du médecin.

L'acupuncture, comme toutes les méthodes réflexes que nous avons étudiées (Réflexothérapie endonasale et Vertébrothérapie) n'est pas une panacée. Elle constitue un chapitre de la médecine de la douleur, et la connaissance de quelques notions simples que nous allons en donner, in- citera peut-être quelques lecteurs à pousser plus avant cette étude.

Le nombre des médecins spécialisés en France dans la pratique de l'acupuncture est encore très restreint. La raison en est, semble-t-il, la difficulté à localiser exactement les points à piquer et aussi la somme de travail que nécessite cette étude. Le médecin, très pris par sa clientèle, n'a pas le temps de consacrer quelques moments de loisir, péni- blement acquis, à cette médecine vieille de trois mille ans et

qui, jusqu 'à G. Soulié de Morant , n 'avait attiré l 'attention que de quelques amateurs.

Parmi les procédés de réflexothérapie, l 'acupuncture cependant doit occuper une place de choix, si on ne lui demande pas de guérir une tuberculose, un diabète, etc., mais simplement de s'attaquer à des troubles fonctionnels, à des ankyloses, à des névralgies de sources diverses ; le praticien qui l'utilisera dans ces limites y trouvera des succès.

Au lieu de faire absorber des cachets, des hypnotiques,

d'utiliser l 'opium, la morphine, la cocaïne, les bromures sous les formes les plus diverses, une simple piqûre, ou au besoin une injection sous la peau, de quelques gouttes d 'eau distillée, seront les formes les plus simples, les plus rapides, en même temps que les plus économiques de cette médication.

Les médecins, en général, sont réfractaires à tout t rai tement nouveau, même quand celui-ci remonte à des milliers d'années. C'est souvent le public qui, ayant entendu parler d 'un traitement, en demande l 'application à son médecin... et celui-ci, pour ne pas perdre un client ou le mécontenter, se met à l 'étude et se documente. C'est ainsi que par l ' intermédiaire du public, des médications et des procédés nouveaux ont peu à peu été adoptés par les médecins. Il en sera certainement de m ê m e un jour pour l 'acupuncture.

Puisse ce livre y avoir contribué pour une faible part ; c'est dans ce double but qu'il a été écrit : soulager la douleur d 'abord en simplifiant la technique chinoise de re- cherche des points spéciaux ; intéresser ensuite le lecteur dans ces procédés de réflexothérapie cutanée et ses diverses modalités.

Docteur Albert L E P R I N C E

Avant-propos

La douleur

En écrivant ces vers immortels : « L ' h o m m e est un apprenti, la douleur est son maître, Et nul ne se connaît tant qu'il n 'a pas souffer t»

Alfred de Musset n'envisageait que la douleur morale d ' un amant que vient de quitter sa maîtresse.

Mais ces vers peuvent aussi s 'appliquer aux douleurs physiques, et si celles-ci sont d 'un tout autre ordre que les premières, elles l 'emportent presque toujours en acuité sur elles.

Le malheureux en proie aux crises d 'une névralgie faciale, dont les coups de poignard lui t raversent la face, le patient qui souffre d 'une sciatique, le rhumat isant im- mobilisé et dont tout mouvemen t est une souffrance, im- plorent un soulagement à leur mal à défaut d 'une guérison complète.

Le malade qui souffre et qui malgré les remèdes les plus variés sent l ' impuissance de la médecine à vaincre sa douleur et à empêcher la maladie de suivre son évolution fatale, peu à peu se désespère. Son moral faiblit, sa force de

résistance diminue, sa belle humeur d'antan fait place à la tristesse. Un moment de répit l'incite à penser à la douleur qui reviendra bientôt. Dans sa vie, désormais les bons moments ne sont que ceux où il songe aux mauvais quarts d'heure qui vont suivre.

« Est-il à la campagne ? Cet horizon, ces routes, ces jolis tournants, n'éveillent en lui que l'idée de fuir, de s'évader, d'échapper au mal. Dans sa pauvre carcasse, vidée par l'anémie, la douleur retentit comme la voix dans un logis sans meubles ni tentures. Des jours, de longs jours où il n'y a plus rien en lui de vivant que. le « souffrir ».

« Le prisonnier voit la liberté plus belle qu'elle n'est. Le malade se représente la santé comme une source de joies ineffables ».

C'est en ces termes qu'Alphonse Daudet, en proie aux douleurs fulgurantes du tabès, analysait sa souffrance.

Qu'est-ce que la douleur ? « Il n'y a pas d'idée générale sur la douleur : chaque patient fait la sienne et le mal varie comme la voix du chanteur, selon l'acoustique de la salle ».

Pour celui qui souffre, il n'y a pas de mots pour rendre ça, il faut des cris !

Souvent, c'est le supplice du Crucifié : des coups de canif, des dents de rats qui grignotent les doigts de pieds, douleurs toujours nouvelles pour celui qui souffre.

L'homme orchestre de la douleur, c'est celui qui souffre et qui, dans l'intervalle des crises, attend avec angoisse celle qui va revenir. «Ah ! comme je comprends, écrivait A. Daudet, le mot du Russe qui aime mieux souffrir et me disait hier: « La douleur m'empêche de penser» (1)».

L'homme qui souffre entre en effet dans un cercle vicieux où chaque crise augmente l'intensité de la suivante.

(1) A. Daudet, La doulou.

On comprend que de toute Antiquité on ait cherché à briser ce cercle infernal qui va de la douleur locale à son exacerbation par les centres nerveux.

Intoxiqué par le mal. longtemps le malade lutte et hésite à s'intoxiquer plus profondément avec les hypnotiques. mais un jour arrive où la douleur est la plus forte et il de- mande à son médecin le secours de la bienfaisante mor- phine.

Et celui-ci après avoir hésité, finit par se laisser fléchir. n'ayant rien en mains qui puisse remplacer les stupéfiants les plus anciens ou les plus récents. N'apportent-ils pas avec eux l'oubli, en plongeant le malade dans le néant de la conscience qui est aussi le néant de la douleur ?

De tout temps s'est posé ce grand problème du soulagement. Avant que fussent inventés et expérimentés les dérivés de l'opium, on essaya les plantes et les produits les plus divers. Mais il faut remonter le cours des siècles pour rencontrer des pratiques médicales reposant sur l'emploi d'agents physiques pour combattre la douleur.

C'est en effet au XXVIII siècle avant Jésus-Christ que l'on trouve dans un livre chinois l'indication des « aiguilles de métal avec lesquelles on dirige l'énergie », pour remplacer les aiguilles de pierre utilisées précédemment dans le but de « supprimer les médicaments qui empoisonnent ».

Il y a donc plus de 4 000 ans que les humains avaient cherché le remède de la douleur... et l'avaient trouvé.

Ce remède c'était l'acupuncture.

On a prétendu que l'acupuncture avait été imaginé primitivement par les Chinois comme procédé de torture, et pour augmenter les souffrances des malheureux prisonniers ou malfaiteurs, et que tout étonnés des résultats, ils l'avaient employée ensuite comme moyen de guérison.

Cette explication nous paraît assez fantaisiste. Il est plus logique de penser que les Chinois, très observateurs, avaient dû remarquer que tout individu qui souffre applique ins- t inctivement la main, le doigt sur le point ou l 'endroit douloureux et que, parfois, une forte pression arrive à soulager la douleur. De là à l 'acupuncture, de la pression forte à la piqûre, il n 'y avait qu 'un pas qui dut être très facilement franchi.

Chapitre I

Historique d u X X V I I I e s i è c l e a v . J . j u s q u ' à n o u s

1. — L ' a c u p u n c t u r e au X V I I I e s iècle

C'est vers l 'époque de la découverte du cuivre en Chine que fut, semble-t-il, également propagée la thérapeutique par les aiguilles.

La méthode se transmit d 'abord oralement jusqu 'au jour où fut connue l'écriture, c'est-à-dire vers le I I I siècle avant notre ère. A partir de cette époque de nombreux traités sur la médecine et l 'acupuncture furent successivement publiés et propagés de génération en génération.

En Europe, on ne commença à s'y intéresser que vers le milieu du X V I I siècle, et ce fut Ten-Rhyne qui, en 1683, publia à Londres, en latin, une Dissertatio de Acupunctura.

Ten-Rhyne fut vraiment un précurseur et le propagateur en Europe de la médecine et des théories médicales de l 'Extrême-Orient, et sa Dissertation sur l ' acupuncture reflète non seulement les idées des Chinois du X V I I siècle, mais aussi celles des siècles qui suivirent.

Les causes les plus fréquentes des maladies sont at- tribuées par les Chinois et les Japonais à certains vents qui se développent dans le tissu des organes, s'y fraient des routes inconnues et souvent y causent des malaises et des élancements. Et en cela, dit Ten-Rhyne, leur doctrine est d'accord avec celle d'Hippocrate (Liber de Flatibus). « Cette matière morbifique, comme l'appellera un siècle plus tard Kaempfer, se change bientôt en une vapeur âcre qui enfle et corrode les parties qui la contiennent, occasionnent des douleurs et entravent les fonctions. C'est pourquoi, quand on la tire de sa prison étroite, la douleur causée par le gon- flement des parties doit cesser immédiatement. »

Les habitants de la Chine, du Japon et de la Corée ne connaissaient donc en chirurgie que deux méthodes qu'ils supposaient suffisantes pour guérir, aussi bien que pour prévenir les maladies. Ils prétendaient les connaître de toute éternité : ce sont le feu (le moxa) et le métal (les aiguilles). Toute maladie qui résistait à ces deux moyens curatifs était réputée incurable.

Cette méthode était pratiquée par les spécialistes appelés « piqueurs d'aiguilles », ou « toucheurs et chercheurs des parties ».

Les philosophes chinois et japonais prétendent, dit Kaempfer, que l'or et l'argent sont la production du Soleil et de la Lune et qu'ils sont enrichis de la vertu de ces deux corps célestes. C'est pourquoi les habitants en fabriquent des aiguilles très polies et propres à ponctionner. Ils en font un si grand cas, pour cette raison, qu'ils les portent toujours avec eux.

Les aiguilles employées par les Chinois pour pratiquer l'acupuncture à l'époque de Ten-Rhyne, étaient très fines, pour que la piqûre ne soit pas dangereuse. La manière de les tremper et de leur donner la dureté requise en faisait un