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(22,2 %), sur la positivité des TC à lecture immédiate (n = 1, 3,7 %) et retardée (n = 1, 3,7 %) ou des TP (n = 18, 66,7 %), et l’HC (n = 7, 25,9 %). Les facteurs de risque d’HS ont été une chronologie immédiate des réactions (p = 0,0002), l’âge (m = 9,1 vs 6,5 ans, p = 0,003), et, chez les enfants atteints d’HS non allergique, une urticaire chronique (p = 0,03). Conclusion.Ces résultats montrent que près de 30 % des enfants présumés allergiques aux ANT-AP-AINS ont une HS allergique (immédiate ou non immédiate) ou non allergique à ces médicaments, les réactions les plus évocatrices étant les réactions précoces. La valeur diagnostique des TC a été faible et le diagnostic a principalement reposé sur les TP ou, dans les cas évocateurs, sur l’HC. Enfin, alors que, chez l’adulte, 70 à 80 % des réactions résulteraient d’une HS non allergique, nos résultats suggèrent une fréquence élevée des réactions d’HS allergique chez l’enfant. doi: 10.1016/j.reval.2012.02.080 85 Hypersensibilite ´ syste ´mique aux corticoı ¨des : re ´sultats de 133 bilans C. Bailliez, L. Wemeau, G. Terce ´, B. Wallaert CHRU, Lille, France Introduction.L’hypersensibilité systémique (HS) aux glucocorticoïdes (GC) est aujourd’hui reconnue. Sa faible prévalence (0,1 à 0,5 %) peut être sous- estimée en raison d’un diagnostic difficile à établir. Matériel et méthode.Afin d’évaluer la valeur des explorations allergologiques dans ce domaine, nous avons colligé 133 dossiers de patients suspects d’HS aux GC entre 2000 et 2011. Le bilan comprenait un interrogatoire, des intradermoréactions (IDR) aux Solumédrol 1 , Pulmicort 1 , Célestène 1 et GC incriminé(s) (concentrations allant de 106 à 102), des patch-tests en cas de réactions retardées, et un test de provocation orale (TPO) selon la pertinence clinique. En 2011, les résultats ont été complétés d’une enquête téléphonique (appel du patient et du médecin traitant) pour recueil des informations retenues. Résultat.Pour les 35 suspicions d’HS immédiate (26 %) : 6 IDR positives (toutes correspondent aux GC incriminés) ; galéniques les plus impliquées : voies orale (42 %) et intraveineuse (32 %) ; GC les plus incriminés : cortivazol (37 %) et méthylprednisolone (18,6 %) ; 1/13 TPO positif. Au total, 93 % des TPO ont permis de prescrire une nouvelle corticothérapie. Pour les 98 suspicions d’HS retardée (74 %) : aucune IDR et 1 seul patch-test positifs ; galéniques les plus impliquées : voies orale (53 %) et intra-articulaire (18,4 %) ; GC les plus incriminés : bétaméthasone (26 %) et prednisolone (20,4 %) ; 3/24 TPO positifs. Au total, 79 % des TPO ont permis de prescrire une nouvelle corticothérapie. Parmi les 133 patients, 91 n’ont pas eu de TPO. Seuls 33 % de ces patients ont pu bénéficier d’une nouvelle corticothérapie (absence d’argument à l’anamnèse pour une HS aux GC, allergie retenue à un médicament co-prescrit, réaction très ancienne non grave, galénique différente...). De plus, 73 % des patients n’ayant pas eu de TPO ont retenu une allergie aux GC et souhaitent une réintroduction en milieu hospitalier. Discussion.Aucune HS croisée entre les GC n’a été retrouvée. Les tests cutanés sont insuffisants, même si l’anamnèse n’est pas en faveur d’une HS aux GC. Leur standardisation est essentielle. Conclusion.Le TPO est indispensable, surtout lorsque les antécédents du patient comptent des pathologies nécessitant un recours potentiel ou certain aux GC. doi: 10.1016/j.reval.2012.02.081 86 Comment tester les insulines ? J. Waton, A. Barbaud Service dermatologie, CHU, Nancy, France Introduction.Les dilutions utilisées lors des tests sont disparates d’une publication à l’autre. Nous tentons donc de les déterminer. Matériel et méthode.Une analyse rétrospective des tests effectués lors de suspicion d’allergie à l’insuline était réalisée. Les patients avaient eu des patchs (P) et des pricks (p) tests avec 14 insulines différentes (Lantus 1 , Humalog, Novorapid, Insulatard, Umuline rapide, Umuline profile, Umuline nph, Levemir, Apidra, Actrapid, Novomix, Insuman basal, Mixtard ou Insuman infusat) pures et à leurs adjuvants (protamine sulfate, glycérol, zinc, nickel sulfate, métacresol, saccharomyces, phénol). Les IDR (I) étaient ensuite effectuées aux insulines à 1/10 e (10 UI/mL) et pures (100 UI/mL) ainsi qu’aux adjuvants (protamine 100 U/mL, protamine 1000 U/mL, zinc 0,1 mg/mL, métacresol 1 mg/mL, phénol 0,8 mg/mL) par l’injection de 0,03 mL sur la face externe du bras. Le critère de lecture était le doublement de la papule d’injection à 20 minutes et apparition d’une papule érythémateuse à 24 heures (critères de l’European Society of Contact Dermatitis). Résultat.Huit patients (7 réactions localisées de type I et 1 urticaire généralisée avec angioedème) avaient des tests. Dix-neuf P et 23 p tests aux additifs étaient tous négatifs ( ). Sur 10 I aux adjuvants, seule 1 à la protamine était positive (+), non pertinente cliniquement. Les 39 P et 41 p aux insulines étaient . Neuf sur 43 I à 10 UI/mL et 17/33 à 100 UI/mL étaient +. Discussion.Aucun P n’était +, ce qui est habituel dans des réactions de type I. Les p n’ont pas une bonne sensibilité car tous étaient . En fait, pour 5 patients, toutes les I étaient en lecture à 20 minutes et à 24 heures (21 au 1/10 e et 15 pures). Les I à l’insuline pure ne semblent donc pas irritantes. En revanche, chez 3 patients, 9/23 I à la concentration 1/10 ème étaient + (2/23 en lecture immédiates et 7/23 en lecture retardée) et 17/18 I à l’insuline pure (5 à 20 min et 12 à 24 h). Conclusion.Sans I pures ni lectures tardives, 19 sensibilisations aux insulines n’auraient pas été diagnostiquées. Avec notre technique de réalisation d’I et notre critère de lecture, les I à l’insuline pure ne sont pas irritantes et la lecture retardée est essentielle. doi: 10.1016/j.reval.2012.02.082 87 Impact des progestatifs sur le catabolisme des kinines : conse ´quence pour l’angioede `me he ´re ´ditaire D. Charignon a , F. Defendi a , A. Ghannam a , L. Martin b , C. Drouet a a Universite ´ Joseph-Fourier, Grenoble, France b CHU d’Angers, Angers, France Introduction.L’angioedème héréditaire est une maladie rare caractérisée par la survenue d’œdème blanc non prurigineux, atteignant les tissus sous-muqueux et/ou sous-cutanés. L’apparition de ces œdèmes chez la femme est fortement liée au contexte hormonal. Les symptômes sont fréquemment déclenchés lors des perturbations hormonales (grossesse, adolescence, ménopause) et/ou de la prise d’œstrogène exogène. La susceptibilité de certains sujets à l’anti- conceptionnel oral a conduit à sa qualification d’œstrogène-sensible. En conséquence, la prise en charge de la contraception chez ces patientes peut être critique ; nous développons ici un argument en faveur de la contraception par progestatif seul. Matériel et méthode.L’activité plasmatique des trois enzymes majeures du catabolisme des kinines, aminopeptidase P (APP), enzyme de conversion de l’angiotensine-I (ECA) et carboxypeptidase N (CPN) est mesurée chez des femmes soumises à la contraception hormonale. Résultat.Les activités de l’APP, de l’ECA et de la CPN ont été comparées chez (1) 206 femmes traitées et (2) 109 femmes non traitées par la contraception œstroprogestative orale ; l’activité de l’APP est augmentée avec prise de contraceptif, comme rapporté [1]. La comparaison a porté sur 25 femmes pendant et après la prise d’un œstroprogestatif. L’activité de l’APP, mais non les activités ECA et CPN, est augmentée par le traitement ; relativement à la moyenne de référence, le rapport de la moyenne des activités APP est de 1,68 au cours du traitement et de 1,19 après sevrage (p < 0,001). Sur 52 sujets, l’effet positif est maintenu si la médication est poursuivie par le progestatif seul (p < 0,001). Conclusion.L’augmentation de l’activité APP par le progestatif montre son effet favorable sur le catabolisme des kinines. Chez les patientes souffrant d’angioedème, le progestatif favorise la dégradation des kinines, diminuant ainsi leur accumulation endothéliale et le risque de sévérité, de façon comparable à l’application de danazol [2]. Médicaments / Revue française d’allergologie 52 (2012) 277286 280

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Médicaments / Revue française d’allergologie 52 (2012) 277–286280

(22,2 %), sur la positivité des TC à lecture immédiate (n = 1, 3,7 %) et retardée(n = 1, 3,7 %) ou des TP (n = 18, 66,7 %), et l’HC (n = 7, 25,9 %). Les facteursde risque d’HS ont été une chronologie immédiate des réactions (p = 0,0002),l’âge (m = 9,1 vs 6,5 ans, p = 0,003), et, chez les enfants atteints d’HS nonallergique, une urticaire chronique (p = 0,03).Conclusion.– Ces résultats montrent que près de 30 % des enfants présumésallergiques aux ANT-AP-AINS ont une HS allergique (immédiate ou nonimmédiate) ou non allergique à ces médicaments, les réactions les plusévocatrices étant les réactions précoces. La valeur diagnostique des TC a étéfaible et le diagnostic a principalement reposé sur les TP ou, dans les casévocateurs, sur l’HC. Enfin, alors que, chez l’adulte, 70 à 80 % des réactionsrésulteraient d’une HS non allergique, nos résultats suggèrent une fréquenceélevée des réactions d’HS allergique chez l’enfant.

doi: 10.1016/j.reval.2012.02.080

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Hypersensibilite systemique aux corticoıdes : resultats de133 bilansC. Bailliez, L. Wemeau, G. Terce, B. Wallaert

CHRU, Lille, France

Introduction.– L’hypersensibilité systémique (HS) aux glucocorticoïdes (GC)est aujourd’hui reconnue. Sa faible prévalence (0,1 à 0,5 %) peut être sous-estimée en raison d’un diagnostic difficile à établir.Matériel et méthode.– Afin d’évaluer la valeur des explorations allergologiquesdans ce domaine, nous avons colligé 133 dossiers de patients suspects d’HS auxGC entre 2000 et 2011. Le bilan comprenait un interrogatoire, desintradermoréactions (IDR) aux Solumédrol1, Pulmicort1, Célestène1 etGC incriminé(s) (concentrations allant de 10–6 à 10–2), des patch-tests en casde réactions retardées, et un test de provocation orale (TPO) selon la pertinenceclinique. En 2011, les résultats ont été complétés d’une enquête téléphonique(appel du patient et du médecin traitant) pour recueil des informations retenues.Résultat.– Pour les 35 suspicions d’HS immédiate (26 %) : 6 IDR positives(toutes correspondent aux GC incriminés) ; galéniques les plus impliquées :voies orale (42 %) et intraveineuse (32 %) ; GC les plus incriminés : cortivazol(37 %) et méthylprednisolone (18,6 %) ; 1/13 TPO positif. Au total, 93 % desTPO ont permis de prescrire une nouvelle corticothérapie.Pour les 98 suspicions d’HS retardée (74 %) : aucune IDR et 1 seul patch-testpositifs ; galéniques les plus impliquées : voies orale (53 %) et intra-articulaire(18,4 %) ; GC les plus incriminés : bétaméthasone (26 %) et prednisolone(20,4 %) ; 3/24 TPO positifs. Au total, 79 % des TPO ont permis de prescrire unenouvelle corticothérapie.Parmi les 133 patients, 91 n’ont pas eu de TPO. Seuls 33 % de ces patients ontpu bénéficier d’une nouvelle corticothérapie (absence d’argument à l’anamnèsepour une HS aux GC, allergie retenue à un médicament co-prescrit, réaction trèsancienne non grave, galénique différente. . .). De plus, 73 % des patients n’ayantpas eu de TPO ont retenu une allergie aux GC et souhaitent une réintroductionen milieu hospitalier.Discussion.– Aucune HS croisée entre les GC n’a été retrouvée. Les testscutanés sont insuffisants, même si l’anamnèse n’est pas en faveur d’une HS auxGC. Leur standardisation est essentielle.Conclusion.– Le TPO est indispensable, surtout lorsque les antécédents dupatient comptent des pathologies nécessitant un recours potentiel ou certain auxGC.

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Comment tester les insulines ?J. Waton, A. Barbaud

Service dermatologie, CHU, Nancy, France

Introduction.– Les dilutions utilisées lors des tests sont disparates d’unepublication à l’autre. Nous tentons donc de les déterminer.

Matériel et méthode.– Une analyse rétrospective des tests effectués lors desuspicion d’allergie à l’insuline était réalisée. Les patients avaient eu des patchs(P) et des pricks (p) tests avec 14 insulines différentes (Lantus1, Humalog,Novorapid, Insulatard, Umuline rapide, Umuline profile, Umuline nph,Levemir, Apidra, Actrapid, Novomix, Insuman basal, Mixtard ou Insumaninfusat) pures et à leurs adjuvants (protamine sulfate, glycérol, zinc, nickelsulfate, métacresol, saccharomyces, phénol). Les IDR (I) étaient ensuiteeffectuées aux insulines à 1/10e (10 UI/mL) et pures (100 UI/mL) ainsi qu’auxadjuvants (protamine 100 U/mL, protamine 1000 U/mL, zinc 0,1 mg/mL,métacresol 1 mg/mL, phénol 0,8 mg/mL) par l’injection de 0,03 mL sur la faceexterne du bras. Le critère de lecture était le doublement de la papule d’injectionà 20 minutes et apparition d’une papule érythémateuse à 24 heures (critères del’European Society of Contact Dermatitis).Résultat.– Huit patients (7 réactions localisées de type I et 1 urticairegénéralisée avec angioedème) avaient des tests. Dix-neuf P et 23 p tests auxadditifs étaient tous négatifs (�). Sur 10 I aux adjuvants, seule 1 à la protamineétait positive (+), non pertinente cliniquement. Les 39 P et 41 p aux insulinesétaient �. Neuf sur 43 I à 10 UI/mL et 17/33 à 100 UI/mL étaient +.Discussion.– Aucun P n’était +, ce qui est habituel dans des réactions de type I.Les p n’ont pas une bonne sensibilité car tous étaient �. En fait, pour 5 patients,toutes les I étaient � en lecture à 20 minutes et à 24 heures (21 au 1/10e et15 pures). Les I à l’insuline pure ne semblent donc pas irritantes. En revanche, chez3 patients, 9/23 I à la concentration 1/10ème étaient + (2/23 en lecture immédiates et7/23 en lecture retardée) et 17/18 I à l’insuline pure (5 à 20 min et 12 à 24 h).Conclusion.– Sans I pures ni lectures tardives, 19 sensibilisations aux insulinesn’auraient pas été diagnostiquées. Avec notre technique de réalisation d’I etnotre critère de lecture, les I à l’insuline pure ne sont pas irritantes et la lectureretardée est essentielle.

doi: 10.1016/j.reval.2012.02.082

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Impact des progestatifs sur le catabolisme des kinines :consequence pour l’angioedeme hereditaireD. Charignon a, F. Defendi a, A. Ghannam a, L. Martin b, C. Drouet a

aUniversite Joseph-Fourier, Grenoble, FrancebCHU d’Angers, Angers, France

Introduction.– L’angioedème héréditaire est une maladie rare caractérisée par lasurvenue d’œdème blanc non prurigineux, atteignant les tissus sous-muqueuxet/ou sous-cutanés. L’apparition de ces œdèmes chez la femme est fortementliée au contexte hormonal. Les symptômes sont fréquemment déclenchés lorsdes perturbations hormonales (grossesse, adolescence, ménopause) et/ou de laprise d’œstrogène exogène. La susceptibilité de certains sujets à l’anti-conceptionnel oral a conduit à sa qualification d’œstrogène-sensible. Enconséquence, la prise en charge de la contraception chez ces patientes peut êtrecritique ; nous développons ici un argument en faveur de la contraception parprogestatif seul.Matériel et méthode.– L’activité plasmatique des trois enzymes majeures ducatabolisme des kinines, aminopeptidase P (APP), enzyme de conversion del’angiotensine-I (ECA) et carboxypeptidase N (CPN) est mesurée chez desfemmes soumises à la contraception hormonale.Résultat.– Les activités de l’APP, de l’ECA et de la CPN ont été comparées chez(1) 206 femmes traitées et (2) 109 femmes non traitées par la contraceptionœstroprogestative orale ; l’activité de l’APP est augmentée avec prise decontraceptif, comme rapporté [1]. La comparaison a porté sur 25 femmespendant et après la prise d’un œstroprogestatif. L’activité de l’APP, mais non lesactivités ECA et CPN, est augmentée par le traitement ; relativement à lamoyenne de référence, le rapport de la moyenne des activités APP est de 1,68 aucours du traitement et de 1,19 après sevrage (p < 0,001). Sur 52 sujets, l’effetpositif est maintenu si la médication est poursuivie par le progestatif seul(p < 0,001).Conclusion.– L’augmentation de l’activité APP par le progestatif montre soneffet favorable sur le catabolisme des kinines. Chez les patientes souffrantd’angioedème, le progestatif favorise la dégradation des kinines, diminuantainsi leur accumulation endothéliale et le risque de sévérité, de façoncomparable à l’application de danazol [2].