26
Communication et « politique de la connaissance » : encyclopédie et société Contribution à une réflexion d’épistémologie de la communication (séminaire de C. Fleury, 22.6.09) David Douyère - LabSic, Université Paris 13, MSH Paris Nord

Communication et « politique de la connaissance » : encyclopédie et société

  • Upload
    joyce

  • View
    41

  • Download
    0

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Communication et « politique de la connaissance » : encyclopédie et société. Contribution à une réflexion d’épistémologie de la communication (séminaire de C. Fleury, 22.6.09). David Douyère - LabSic, Université Paris 13, MSH Paris Nord. Communication et « politique de la connaissance ». - PowerPoint PPT Presentation

Citation preview

Page 1: Communication et  « politique de la connaissance » : encyclopédie et société

Communication et « politique de la connaissance » : encyclopédie et société

Contribution à une réflexion d’épistémologie de la communication (séminaire de C. Fleury, 22.6.09)

David Douyère - LabSic, Université Paris 13, MSH Paris Nord

Page 2: Communication et  « politique de la connaissance » : encyclopédie et société

Communication et « politique de la connaissance »

Encyclopédies : projet d’une transformation sociale par la communication des connaissances

Penser une politique et pas seulement une économie de la connaissance

Eclairer la question de la communication des savoirs par l’encyclopédie

Page 3: Communication et  « politique de la connaissance » : encyclopédie et société

Champs de mes recherches Partage de connaissances en

entreprise (réseaux humains et numériques) en santé et sécurité au travail (HSCT)

Encyclopédies et société : transformer la société par la communication des connaissances

Collectifs de recherche (anthropologie années 1930, ANR SHS auj.)

Société de l’info et de la connaissance : critique de la réduction à l’épistémique du travail

Le « non-communicationnel » : des limites de la communication, et de la déréalisation communicationnelle

Religion et communication

Pratiques et outils de communication des savoirs, dimension éditoriale

Perspective de réorganisation ou de transformation sociale par la communication des savoirs

Page 4: Communication et  « politique de la connaissance » : encyclopédie et société

Le projet de l’Encyclopédie française (1933-1939, Lucien Febvre)

Page 5: Communication et  « politique de la connaissance » : encyclopédie et société
Page 6: Communication et  « politique de la connaissance » : encyclopédie et société

L’utilité encyclopédique : pour une incidence sociale du savoir

Page 7: Communication et  « politique de la connaissance » : encyclopédie et société

Les problèmes du temps comme source

« Au lendemain d’une crise sanglante que tant d’alarmes prolongent, notre propos est d’inviter la génération présente à un examen de sa conscience intellectuelle [...] »

Monzie, 1933, 1˙04 – 8

Page 8: Communication et  « politique de la connaissance » : encyclopédie et société

Faire comprendre… « Compiler tout, exposer tout, prendre pour devise : ‘‘Faire connaître’’ ? Non. ‘‘Faire comprendre’’. »Lucien Febvre, 1934, EF, 1˙04 – 14

« Toute connaissance vaut seulement pour les questions qu’elle est susceptible de faire naître. »Lucien Febvre, « L’Esprit », guide du rédacteur

de l’Encyclopédie française (Cité par Poirot-Delpech, 1988, p.12.)

Page 9: Communication et  « politique de la connaissance » : encyclopédie et société

Un esprit républicain

« Nous devons tendre à élever la masse le plus possible, à éveiller en elle l’esprit critique, dont on déplore si souvent l’absence. »

Lucien Febvre, 1935, note inédite (citée par Gemelli, 2002, p.105)

Page 10: Communication et  « politique de la connaissance » : encyclopédie et société

Le « design » encyclopédique (Gemelli, 1997)

L’Encyclopédie française, « une encyclopédie qui prétend faire œuvre [...] d’organe régulateur et pondérateur ».

Febvre, 1935, « Humanisme et encyclopédie »

Page 11: Communication et  « politique de la connaissance » : encyclopédie et société

L’occasion d’une réorganisation des sciences (et de la communication de leurs travaux)

Page 12: Communication et  « politique de la connaissance » : encyclopédie et société

Au-delà de la classification des sciences

« [...] nos sciences, aujourd’hui, ce ne sont point des palais, fils d’un cerveau puissant dans sa logique. De vielles bâtisses, oui, bien, où chaque peuple et chaque siècle a laissé qui, son étage encore majestueux, qui, son appentis minable et délabré. Que de place perdue, d’escaliers inutiles, de salons déserts… Nous n’avons plus le temps. Allons à ce qui vit. »

« Curiosité désintéressée ? Pas tout à fait. Car [l’Encyclopédie] a son dessein : abattre les cloisons : rétablir des ensembles ; d’un mot : refaire de l’ordre. »

Lucien Febvre, 1935, « Humanisme et encyclopédie », Les Nouvelles Littéraires, 5.01.35

Page 13: Communication et  « politique de la connaissance » : encyclopédie et société

Faire part de la science vivante

« [...] des chercheurs et des créateurs, d’authentiques créateurs, choisis parmi les plus éminents. [...] Partout, des hommes qui savent par le dedans. Partout, un souci passionné d’intelligence profonde, de liaison, d’organisation et de synthèse.Car les exposés que rédigent de tels hommes, ces sortes de confessions scientifiques où la foi le disputera à l’inquiétude critique, quels admirables instruments de progrès intellectuel ! »

Lucien Febvre, 1935, « Humanisme et encyclopédie », Les Nouvelles Littéraires, 5.01.35

Page 14: Communication et  « politique de la connaissance » : encyclopédie et société

Faire partager plutôt que vulgariser…

« Ces vastes problèmes, les plus qualifiés des hommes qui, de tout leur effort, s’emploient à les résoudre, les poseront tour à tour devant les lecteurs de l’Encyclopédie Française. Et toujours avec le même souci : aider à comprendre le travail qui se fait, préparer les esprits aux solutions de demain, coordonner les efforts multiples et en apparence divergents. »

Lucien Febvre, 1934 (EF, 1˙04 – 12)

Page 15: Communication et  « politique de la connaissance » : encyclopédie et société

La jurisprudence de la connaissance : pour une encyclopédie permanente

« Rien de plus immuable qu’un monument jurisprudentiel, n’était la publication périodique dont s’accompagne et par quoi se prolonge la publication initiale. Nous voudrions utiliser cet exemple et transformer en une enquête permanente l’enquête première qui résumera dans les dix ou douze tomes de l’Encyclopédie . Il doit en être ainsi pour suivre le mouvement interrompu de la recherche. »

Anatole de Monzie, Pour une Encyclopédie française, 1933, p.7 (repris de façon modifiée dans 1˙04 – 5)

Page 16: Communication et  « politique de la connaissance » : encyclopédie et société

Une voie éditoriale

Page 17: Communication et  « politique de la connaissance » : encyclopédie et société

Charte éditoriale : organiser la simplicité

Les articles doivent être « rédigés dans une langue aussi dépouillée et aussi peu chargé que possible de néologismes professionnels » en proposant, un historique, une définition des termes, puis « l’exposé des diverses hypothèses ou solutions proposées ; une délimitation rigoureuse de nos connaissances par rapport à nos ignorances ou à nos incertitudes » mais en offrant, pour permettre à tout lecteur d’en prendre connaissance, « une gradation méthodique des difficultés : les premières pages de chaque chapitre rendues intelligibles sans effort pour tous les lecteurs de culture moyenne et présentant, par conséquent, les faits les plus simples et les idées plus accessibles ; les pages suivantes, moins simples, introduisant plus avant les lecteurs spécialisés ; les dernières, enfin, réservées aux hommes curieux de la recherche, et les initiant à l’état dernier de celle-ci. »

Lucien Febvre, 1934, 1˙04 – 13

Page 18: Communication et  « politique de la connaissance » : encyclopédie et société

« Quelques feuilles neuves remplaçant les feuillets anciens… »

« Ainsi conçue, l’Encyclopédie, échappant au destin de toutes les Encyclopédies précédentes, ne sera point périmée quatre ou cinq ans après son apparition. Elle se tiendra perpétuellement à jour. [...] Point de suppléments encombrants en suite indéfinie, malaisés à manier et à consulter. »Les acheteurs « la verront évoluer dans son cadre original, d’année en année, comme le savoir humain et comme les évènements. Finie, l’ère des statistiques périmées, des bibliographies vieillies, des découvertes ou des transformations ignorées ; chaque année quelques feuilles neuves remplaçant les feuillets anciens ou les doublant, et quand il y aura lieu, quelques cahiers nouveaux apporteront aux abonnés les derniers faits, les derniers chiffres, des dernières idées. »

Lucien Febvre, Ce qu’est l’Encyclopédie française, 1933, p.8

Page 19: Communication et  « politique de la connaissance » : encyclopédie et société
Page 20: Communication et  « politique de la connaissance » : encyclopédie et société
Page 21: Communication et  « politique de la connaissance » : encyclopédie et société

Une encyclopédie pour quel public ?

« L’Encyclopédie n’a pas exactement trouvé son public. Il y avait dès le début une contradiction entre le mépris affiché pour la commodité de consultation [...] et la prétention [...] de s’adresser au ‘‘tout-venant’’ des lecteurs. En fait, l’ouvrage, écrit par une élite de savants, s’adressait à une élite de lecteurs. »

Jacques Robichez, « L’Encyclopédie française », Cahiers d’histoire mondiale, IX/3, 1966, p.828-829

Page 22: Communication et  « politique de la connaissance » : encyclopédie et société
Page 23: Communication et  « politique de la connaissance » : encyclopédie et société

Cela a-t-il encore du sens aujourd’hui ? Dissolution de l’encyclopédie dans le web, le

moteur de recherche comme « index » Une politique encyclopédique différente

(Wikipédia, Larousse) : le collaboratif Procédure (collaboration) plus que fond des

connaissances communiquées (l’acte de communiquer plus que le savoir communiqué)

D’autres objets : le trivial, d’autres approches : la polémique, la notoriété conférée (l’inscription)

Inverse : la société « change » l’encyclopédie

Page 24: Communication et  « politique de la connaissance » : encyclopédie et société

Communication et « politique de la connaissance »

Un projet de transformation sociale par la communication des connaissances

Qui amène à une réflexion sur les sciences

Et montre le rôle (potentiellement) socialement structurant de la communication

Le travail de la forme que celle-ci implique

Page 25: Communication et  « politique de la connaissance » : encyclopédie et société

pour votre attention et pour vos remarques, questions et réflexions…maintenant ou plus tardet votre contribution au développement de cette réflexion

[email protected]

Merci…

Page 26: Communication et  « politique de la connaissance » : encyclopédie et société

Publications sur le sujet

Douyère, David (2008), « Indépendance économique et politique éditoriale des encyclopédies, de Saint-Simon à Wikipédia », Communications & Langages, 156, juin 2008, p. 37-51.

David Douyère (2005), « L’éditeur encyclopédiste, promoteur d’une politique de la connaissance ? L’Encyclopédie française et les enjeux de la vulgarisation », B. Legendre, C. Robin (dir.), Figures de l’éditeur, Nouveau Monde, Paris, 2005, p. 149-174.