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COMPOSITION

« Depuis 1991, un nouvel ordre mondial. »

Corrigé

Travail préparatoire

• Analyse du sujet La disparition du bloc communiste et de l'URSS entre 1989 et 1991 bouleverse les relations internationales en instaurant de nouveaux rapports de force, qui ne sont désormais plus fondés sur la logique Est-Ouest. L'intitulé n'est pas sous forme interrogative et suggère donc que, à l'évidence, la fin de la guerre froide a mis un terme à l'ordre bipolaire qui en résultait, pour laisser place à un nouvel ordre mondial. La difficulté principale du sujet réside dans son ouverture sur notre époque contemporaine. Il s'agit d'histoire immédiate : ce « nouvel » ordre qui se met en place à partir des années 1990 n'est toujours pas figé et suscite encore de nombreuses interrogations. Attention, à l'inverse, de ne pas céder à l'autre travers du sujet, qui serait de se cantonner à une actualité journalistique sans inscrire les événements dans la temporalité historique. Quoi qu'il en soit, le sujet laisse en suspens la nature de ce nouvel ordre mondial, et c'est bien là que réside le problème. Malgré le manque de recul critique, il s'agit donc de faire un bilan de la période post-guerre froide.

• Choix de la problématique Le sujet débute en 1991 et renvoie donc implicitement à la fin de la guerre froide. Dès lors, la problématique apparaît évidente : après l'équilibre de la terreur caractéristique de l'ordre mondial bipolaire, quel est le nouvel ordre international qui se met en place après la guerre froide et celui-ci peut-il assurer la stabilité du monde ?

• Mobilisation des connaissances Pour la série S, l'intitulé du sujet correspond exactement au chapitre sur « Le nouvel ordre mondial » : il s'agit d'un sujet de cours, donc sans grande difficulté, en dehors de la nécessaire exactitude des connaissances et d'une maîtrise convenable des principaux événements de l'histoire récente, jusqu'à l'actualité internationale la plus proche. Certaines notions doivent absolument apparaître dans le devoir, car elles en sont les clés, comme unilatéralisme et multilatéralisme, hyperpuissance, ou encore gouvernance mondiale. Il faut surtout faire attention à varier les exemples, car la réflexion doit être conduite à l'échelle du monde. Enfin, des connaissances géographiques relatives à l'organisation mondialisée de la planète ne seront pas inutiles.

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• Construction du plan Étant donné la courte période couverte par le sujet (moins de vingt années), un plan purement chronologique paraît difficile à tenir, même s'il faut respecter et mettre en valeur certaines évolutions. Il vaut mieux axer l'organisation des idées vers un plan thématique et même dialectique, qui doit faire ressortir les interrogations renouvelées et les incertitudes quant à la nature de la nouvelle donne internationale. C'est pourquoi on peut élaborer un plan sur le mode interrogatif : I L'hyperpuissance des États-Unis : un nouvel ordre américain ? II Un nouveau désordre international ? IIIVers une gouvernance mondiale ?

Introduction [Accroche] L'effondrement du communisme au début des années 1990 a consacré le

triomphe des États-Unis, devenus puissance dominante d'un « nouvel ordre mondial » : « Maintenant, nous voyons apparaître un nouvel ordre mondial [...]. Un monde où les Nations Unies, libérées de l'impasse de la guerre froide, sont en mesure de réaliser la vision historique de leurs fondateurs » (George Bush, mars 1991). Dix ans plus tard, le 11 septembre 2001 et ses conséquences déstabilisent profondément les relations internationales, compromettant toute tentative d'instaurer un équilibre durable.

[Définition du sujet] La fin de l'ordre bipolaire qui régnait depuis plus de quarante ans implique de nouveaux rapports de force, que G. Bush semble vouloir fonder sur une coopération internationale accrue. Celle-ci doit naturellement accompagner la mondialisation économique et culturelle qui, par ailleurs, s'impose progressivement. Mais ce nouvel état du monde reste marqué par de nombreux conflits. Certes, les États-Unis ont triomphé du modèle soviétique, mais ils se sont ainsi arrogé la délicate responsabilité de gérer la direction des affaires internationales, suscitant de ce fait des inimitiés et des rancœurs. Le « nouvel ordre mondial » se construit ainsi sur une alternative : d'une part, un ordre multipolaire fondé sur un rôle accru de l'ONU et, d'autre part, un monde unipolaire dominé par la puissance hégémonique américaine.

[Problématique] Quel est le nouvel ordre international qui se met en place après la guerre froide et celui-ci peut-il assurer la stabilité du monde ?

[Annonce du plan] Nous nous interrogerons d'abord sur les ambitions de l'hyperpuissance des États-Unis qui, vainqueurs de la guerre froide, se présentent comme le pilier du nouvel ordre mondial. Nous observerons cependant que la multiplication des conflits dans le monde semble plutôt suggérer la mise en place d'un nouveau désordre international. Dès lors, il conviendra de se demander si la volonté des États, face à l'hégémonie américaine comme aux nombreux affrontements, n'est pas d'instaurer une gouvernance mondiale.

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I L'hyperpuissance des États-Unis : un nouvel ordre américain ? Suite à l'effondrement de l'URSS, le modèle américain s'impose et les responsabilités

américaines ne se limitent plus au « monde libre » des années 1947-1991, mais à l'ensemble de la planète.

I-1 Un monde unipolaire dominé par les États-Unis

Première « puissance globale » de l'histoire, les États-Unis veulent promouvoir un « nouvel ordre mondial ».

a) Une puissance économique et militaire au cœur d'un réseau d'alliances stratégiques tissées à travers le monde : les États-Unis sont le centre de gravité de l'organisation du monde grâce à leur puissance économique, financière, culturelle, et leur maîtrise des réseaux de communication. Première puissance militaire du monde grâce à un arsenal d'armes performantes, même s'ils prônent le désarmement nucléaire, les États-Unis disposent d'un budget élevé pour leur défense (plus d'un quart des dépenses fédérales au début des années 1990). L'OTAN reste un élément clé de leur puissance en Europe, rejoint à la fin des années 1990 par les ex-membres du pacte de Varsovie. Parallèlement, un conseil permanent OTAN/Russie est créé en 1997 pour associer Moscou aux décisions concernant la sécurité en Europe. L'alliance est également très forte avec le Japon, et les États-Unis s'intéressent de près aux pays indispensables à leur sécurité et leur approvisionnement en matières premières (Moyen-Orient, Amérique latine). En revanche, l'Afrique offre peu d'intérêt géopolitique à leurs yeux. D'une manière générale, les États-Unis occupent une place de choix dans la plupart des organisations internationales : OMC, FMI, Banque mondiale, ONU.

b) Une politique d'« unilatéralisme mondial » (S. Huntington), au mépris des intérêts des autres nations : les États-Unis se sont exclus de la communauté internationale en refusant de signer le protocole de Kyoto, en refusant de souscrire aux conventions interdisant la fabrication et l'utilisation de mines antipersonnel (1997 et 2005), ou en refusant de reconnaître l'autorité du tribunal pénal international de La Haye. L'aide publique américaine au développement ne cesse de diminuer, passant de 0,24 % du PNB dans les années 1980 à 0,1 % en 2004.

[Transition] Cet unilatéralisme est une extension du statut de puissance unique acquis en 1991. Prétendant incarner des valeurs universelles de démocratie et de liberté, les États-Unis acceptent mal les contraintes du droit international.

I-2 Les « gendarmes du monde »

Face à de « nouveaux ennemis » apparus à l'issue de la guerre froide, les États-Unis entendent assurer leur propre sécurité et celle du monde en multipliant les interventions militaires.

a) Le gouvernement américain désigne les nouveaux ennemis menaçant la sécurité mondiale : les Rogue States (« États voyous »), appartenant à un « axe du mal » redéfini en 2002 par G.W. Bush ; Cuba et la Corée du Nord, derniers bastions communistes, mais aussi certains États du Moyen-Orient soupçonnés de détenir des armes de destruction massive ou d'abriter des terroristes, tels l'Irak, la Libye, l'Iran, la Syrie. « America first » et « Sécurité d'abord » sont les deux slogans qui inspirent, depuis le 11 septembre 2001, la politique américaine : l'idée est de répondre en frappant les ennemis potentiels là où ils sont installés et que « ceux qui ne sont pas pour nous sont contre nous » (G. W. Bush). En réalité, les interventions des États-Unis, sous couvert de défendre les libertés et le droit international, se limitent parfois à des

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entreprises de sauvegarde des intérêts américains.

b) Dans ce cadre, les États-Unis interviennent militairement à plusieurs reprises dans les années 1990-2000. Lors de la première guerre en Irak en 1990-1991, partis préserver l'indépendance du Koweït envahi par l'Irak, les États-Unis ont aussi la volonté de préserver leurs intérêts pétroliers et stratégiques (la zone du golfe Persique recèle plus de la moitié des réserves mondiales de pétrole). Cette victoire leur permet d'affirmer leur supériorité dans le monde et de s'ériger en arbitres des conflits, que ces derniers se déroulent au Moyen-Orient (diriger les accords de paix israélo-palestiniens) ou en Europe (ex-Yougoslavie). L'intervention d'octobre 2001 en Afghanistan, État abritant Ben Laden, met fin au régime des Talibans le 6 décembre.

[Transition] Au cours des années 1990, les Soviétiques, préoccupés par leur crise économique, et les Occidentaux, partageant les intérêts pétroliers américains, ont laissé faire les États-Unis et les ont même encouragés. Ceci a fait dire à certains observateurs que les États-Unis se sont comportés en « mercenaires » de la communauté internationale. Cette attitude est davantage remise en cause dans les années 2000. 1-3 Une hégémonie contestée

Outre les problèmes internes financiers et socio-économiques, les États-Unis sont contestés sur la scène internationale.

a) Contestation de leur suprématie économique et de leur vision du monde : les mouvements altermondialistes se développent et contestent l'hégémonie américaine, d'autant plus que la crise financière internationale de 2008 remet en cause le modèle capitaliste américain. L'antiaméricanisme se développe dans certains pays du Sud, notamment au Moyen-Orient et en Afrique. Ainsi, la Somalie, en guerre civile, rejette l'intervention des États-Uflis lancée en 1992 (retrait des troupes américaines en 1993), tandis que les actions terroristes islamistes remettent en cause la suprématie américaine : al-Qaïda organise plusieurs attentats contre les intérêts américains, notamment contre leurs ambassades à Nairobi (Kenya) en 1999 ou à Aden (Yémen) en 2000.

b) L'Amérique ébranlée sur son propre sol : les attentats du 11 septembre 2001 visent les symboles mêmes de sa supériorité - le World Trade Center à New York (cœur des activités financières et commerciales des États-Unis depuis 1973), le Pentagone à Washington (centre de commandement de l'armée). Cette attaque revendiquée par al-Qaïda fait plus de 3 000 morts et traumatise la population, mais en même temps permet de resserrer les liens avec les alliés. La réaction des États-Unis en Afghanistan puis leur enlisement en Irak à partir de 2003 mettent en évidence la fragilité de la domination américaine dans le monde.

[Transition] Le « nouvel ordre mondial » américain est à double tranchant : générateur de paix et d'idéal démocratique, il n'empêche pas les conflits et peut même susciter des guerres.

II Un nouveau désordre international ? Dans les faits, le passage entre le XXe et le XXIème siècle apparaît marqué par la complexité

plus que par un ordonnancement manifeste. Les attentats du 11 septembre 2001 contre les États-Unis en ont fourni une illustration dramatique, qui focalise l'attention sur la frange radicale de l'islamisme.

II-l L'islamisme, source de tensions Depuis les années 1970, ce courant, s'appuyant sur les fondements de l'islam et

refusant le pluralisme politique, s'est affirmé pour répondre à une crise identitaire.

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a) L'affirmation de l'islamisme depuis les années 1970 : le réveil de l'islam sous la forme d'un intégrisme promu par des minorités mues par la haine de l'Occident et de la modernité s'affirme selon deux modes :

- L'islamisme politique, apparu en Egypte en 1928 (Frères musulmans), est une idéologie visant à instaurer un État islamique : les institutions, l'économie et toute la société doivent procéder du Coran et de la charia. Son essor, lié à l'échec des politiques de développement des États récemment décolonisés, date de la révolution iranienne de février 1979.

- Le fondamentalisme musulman, instauré en Arabie Saoudite en 1932, repose sur le conservatisme en prônant le respect strict du Coran dans la vie quotidienne. Depuis les années 1970, plusieurs États ont lancé une « réislamisation » de la société en instituant la charia (loi islamique) comme base juridique : l'Egypte (1972), l'Algérie (1984), le Pakistan (1985).

b) L'islamisme se diversifie depuis les années 1990 : alors que le projet politique islamiste est perçu par les spécialistes comme un échec, on observe depuis les années 1990 une inflexion vers une logique nationaliste (Front islamique du salut en Algérie, créé en 1989 et qui bascule dans le terrorisme à partir de 1991), une insertion dans le jeu politique (par exemple, en Turquie, l'AKP, parti islamiste modéré, dirige le pays depuis 2002), ou le recours à la violence. Les islamistes interviennent ainsi dans la guerre civile du Liban (Hezbollah, « Parti d'Allah », mouvement pro-iranien fondé après l'invasion israélienne de 1982), dans le conflit israélo-palestinien (Hamas, Djihad islamique). Enfin, depuis la fin des années 1990, un nouveau courant islamiste, s'appuyant sur le néofondamentalisme, se développe surtout dans les communautés musulmanes émigrées et déracinées. Sans projet politique précis, il se fonde sur le rejet de l'Amérique et la stricte application des préceptes religieux. Il s'incarne principalement dans le réseau terroriste al-Qaïda, fondé par le milliardaire saoudien Ben Laden, et se traduit par un nouveau terrorisme international.

[Transition] L'islamisme et principalement l'islamisme radical comptent aujourd'hui parmi les principaux facteurs qui attisent les conflits dans le monde.

II-2 Un monde divisé par les conflits L'équilibre de la terreur et le système d'alliances des deux Grands favorisaient une

certaine stabilité. Leur disparition laisse de nombreux États livrés à eux-mêmes, libère 1rs nationalismes et les antagonismes religieux. Des conflits se sont ainsi ranimés.

a) La résurgence des nationalismes et la multiplication des conflits locaux remettent en cause la paix et la démocratie : dans les Balkans, depuis 1991, l'ex-Yougoslavie a implosé avec des guerres en Bosnie-Herzégovine (1992-1995) puis au Kosovo (1998-1999). En Asie, la région du Caucase voit s'élever l'aspiration de peuples à l’indépendance, notamment les Tchétchènes à partir de 1991, tandis que la frontière indo-pakistanaise est un foyer récurrent de tensions, en particulier à propos du Cachemire, région revendiquée par le Pakistan musulman et l'Union indienne. Le danger est d'autant plus grand que ces deux nations possèdent l'arme nucléaire depuis 1998. Enfin, depuis la fin de la guerre froide, l'Afrique est abandonnée à elle-même : remise en cause de la cohésion de nombreux États, autorité centrale contestée par des chefs locaux qui entraînent leur pays dans de sanglantes guerres civiles (Libéria, Zaïre, région du Darfour), affrontements entre clans ethniques (Tutsi et Hutu au Rwanda en 1994).

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b ) La situation très sensible du Proche-Orient est caractéristique de la complexité des relations internationales : les guerres s'y sont succédé depuis la naissance d'Israël en 1948 et, à partir de 1991, la diplomatie internationale, sous l'égide des États-Unis, tente de relancer le processus de paix (accord de Washington en septembre 1993). Cependant, les attentats terroristes commis par des extrémistes palestiniens, les représailles des Israéliens, et l'assassinat du Premier ministre israélien Yitzhak Rabin en 1995 par un extrémiste juif mettent à mal ces efforts. La deuxième Intifada en 2000, la construction d'un mur de séparation en Cisjordanie depuis 2002, la multiplication d'attentats-suicides palestiniens, et plus récemment la guerre israélo-libanaise et l'opération « Plomb durci » lancée à Gaza en décembre 2008 montrent à quel point les espoirs de paix sont ténus. [Transition] La prolifération des conflits n'est pas le seul ferment de division du monde.

II-3 La multiplication des acteurs

L'unilatéralisme américain se heurte à l'émiettement d'un monde de plus en plus inégal en 200 États, parmi lesquels s'érigent des systèmes concurrents.

a) L'essor de puissances émergentes et d'associations régionales : les pays qui se regroupent en associations régionales visent aujourd'hui à rivaliser avec les États-Unis (Union européenne, MERCOSUR...). Les puissances émergentes (Chine, Inde, Brésil) conservent une forte identité et aspirent aujourd'hui à accéder aux premiers rangs mondiaux, dans tous les domaines.

b) Des inégalités mondiales qui vont à l'encontre d'un ordre unifié : non seulement les inégalités socio-économiques Nord/Sud persistent, mais elles s'accroissent et sont un facteur de déstabilisation du monde. Dans le cadre de la mondialisation, la fragmentation de l'espace mondial en pôles, aires de puissance, interfaces, centres d'impulsions et périphéries établit une hiérarchie entre espaces valorisés et espaces marginalisés. Cette hiérarchie est source de tensions. De plus, les revendications identitaires, réactivées à la fin de la guerre froide, confèrent aux frontières une valeur primordiale, incompatible avec la volonté d'unifier le monde.

[Transition] La fragmentation du monde suscite parallèlement une volonté accrue de paix et de concertation.

III Vers une gouvernance mondiale ?

Face aux enjeux du monde moderne, l'aspiration à une régulation collective s'impose de plus en plus, fondée sur un véritable multilatéralisme.

III-1 La nécessité d'une gestion multilatérale du m onde

Les problèmes mondiaux nécessitent une démarche commune - ce qui conduit au développement des organisations internationales.

a) Des enjeux planétaires : la prolifération des « armes de destruction massive »,

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des armes chimiques et biologiques, mais aussi de la pollution génère des craintes. Le traité de non-prolifération nucléaire de juillet 1968 a été prorogé pour une durée illimitée en 1995 - ce qui n'a pas empêché l'Inde et le Pakistan de déclarer officiellement en 1998 posséder l'arme nucléaire, tandis que la Corée du Nord a procédé à des essais (2006) et que d'autres États comme l'Iran ou Israël laissent planer le doute à ce sujet. « Nucléaire du pauvre » car leur production coûte moins cher, les armes biologiques et chimiques ont fait l'objet de conventions les interdisant (en janvier 1993 pour les armes chimiques, en août 1999 pour les armes biologiques), mais tous les États, notamment ceux du Moyen-Orient, ne les ratifient pas. Enfin, les atteintes à l'environnement ou à la santé font également l'objet de tentatives de règlements internationaux. Le sommet de Rio de Janeiro en 1992 dénonce l'émission sans contrôle des gaz à effet de serre, que le protocole de Kyoto signé en 1997 vise à faire baisser. Mais les États-Unis ont jusqu'à présent refusé de le ratifier. La diffusion d'épidémies planétaires (sida, SRAS), de produits alimentaires nocifs (maladie de la « vache folle », grippe aviaire), ou expérimentaux (OGM) constitue une autre préoccupation mondiale. Enfin, dans le cadre de la mondialisation, les réseaux mafieux, les trafics illicites de drogue ou d'armes ne peuvent être combattus que dans la concertation.

b) Le poids croissant des organisations internationales : depuis la fin de la guerre froide, la question de la gouvernance mondiale est au cœur des enjeux internationaux. Les États-Unis n'interviennent pas partout et, dans ce cas, la responsabilité revient aux organisations internationales. Tandis que l'OMC ou le FMI tentent très imparfaitement de réguler l'économie mondiale, l'ONU et certaines ONG sont à l'origine de la création de la Cour pénale internationale siégeant à La Haye, qui juge les auteurs de génocides, de crimes de guerre ou contre l'humanité. Les ONG, qui gèrent essentiellement les problèmes humanitaires et sanitaires (Croix-Rouge, Action contre la faim), environnementaux (Greenpeace) ou ceux liés aux droits de l'homme (Amnesty International), ont une influence croissante et interviennent de plus en plus aux côtés d'organisations altermondialistes. Les associations régionales interétatiques tentent d'instituer un ordre plus multipolaire (UE, MERCOSUR, ASEAN).

[Transition] L'institution internationale la plus à même de prendre en charge l'organisation mondiale est l'ONU, car elle rassemble le plus grand nombre de pays.

III-2 Le renouveau de l'ONU ? Depuis la fin des années 1980, l'ONU retrouve ses possibilités d'action avec l'arrêt

du blocage systématique du Conseil de sécurité par le veto de l'un ou l'autre des deux Grands.

a) Une organisation qui rassemble la quasi-totalité des États : avec 127 États-membres en 1970, 166 en 1991,192 aujourd'hui, soit la quasi-totalité des États reconnus dans le monde, l'ONU est la plus à même de garantir le droit international. Son fonctionnement démocratique, qui repose sur le principe d'égalité des nations, est illustré par l'une des trois grandes institutions qui la composent : l'Assemblée générale, au sein de laquelle chaque pays membre dispose d'une voix. Mais les décisions concernant la sécurité collective sont essentiellement prises par le Conseil de sécurité (15 membres dont 5 permanents), qui peut se réunir à tout moment, tandis que le secrétaire général (le Coréen Ban Ki-moon depuis 2007), élu pour 5 ans, assure l'administration permanente.

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b) Des efforts pour incarner la communauté internationale : l'attribution aux Casques bleus du Prix Nobel de la paix en 1988 est révélatrice de l'énergie mise à monter des opérations de paix et des espoirs investis dans l'ONU à la fin des années 1980 et au début des années 1990. Après le succès de ses médiations dans plusieurs conflits, notamment dans la guerre Iran/Irak en 1988, elle parvient à imposer l'idée du droit d'ingérence. Dans le cadre d'opérations de maintien de la paix, l'ONU tente de rétablir l'ordre en Afrique et cherche à amplifier son action par des opérations de consolidation et d'imposition de la paix, alliant interventions militaires et humanitaires.

La guerre du Golfe en 1990-1991 lui permet de réaffirmer son rôle. L'agression irakienne au Koweït en août 1990 est condamnée à l'unanimité par le Conseil de sécurité et, pour la première fois depuis longtemps, un conflit est géré selon les règles de la sécurité collective. Mais, déjà, ce sont les États-Unis qui prennent la tête des forces internationales d'intervention et fournissent l'essentiel des troupes. L'ONU s'implique également dans le conflit yougoslave à partir de 1991 mais se révèle incapable de ramener la paix. Seuls les bombardements de l'OTAN mettent fin au conflit et l'accord de Dayton est signé en 1995 sous l'égide des États-Unis.

[Transition] Alors que la fin de la guerre froide devait assurer la résurrection de l'ONU, celle-ci menace d'être marginalisée et peine à définir son rôle.

III-3 Les limites de l'action onusienne L'ONU est freinée dans son action par de nombreux blocages institutionnels, tandis que

ses résolutions ont du mal à être respectées et appliquées. a) L'ONU a du mal à accomplir ses missions : celles-ci se sont multipliées et posent

de gros problèmes de financement. Les réformes sont indispensables mais l'ONU ne parvient pas à se moderniser. En effet, les blocages se multiplient en raison du fonctionnement démocratique de l'Assemblée générale qui ignore les rapports de force entre puissances : selon ce fonctionnement, la voix du Malawi compte autant que celle des États-Unis. De plus, la règle du droit de veto accordé aux 5 du Conseil de sécurité, laissant de côté l'Allemagne ou le Japon, est un véritable archaïsme, correspondant à l'état du monde de 1945. En outre, la Chine et les États-Unis retardent la mise en place d'une armée permanente qui pourrait empiéter sur leur souveraineté. Un certain nombre d'interventions échouent, comme en Yougoslavie au milieu des années 1990.

b) La seconde guerre contre l'Irak en 2003 déçoit les espoirs d'une gestion onusienne : les Américains, estimant leur sécurité menacée, se passent de l'accord des membres du Conseil de sécurité, dont celui de la France, pour déclencher avec les Britanniques une guerre préventive, vite gagnée. En 2003 également, Israël rejette et passe outre la résolution de l'ONU condamnant la construction d'un mur « de sécurité » le long de la Cisjordanie. L'ONU est marginalisée et cantonnée au domaine de l'aide humanitaire ; elle peine à définir les règles du nouvel ordre international qui, de ce fait, tend vers l'anarchie ou la tentation unilatéraliste des États-Unis.

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Conclusion [Bilan] Depuis la fin de la guerre froide, le monde est à la recherche d'une nouvelle organisation et oscille entre l'affirmation de l'hégémonie américaine et la volonté d'une nouvelle coopération internationale, susceptible de répondre aux grands enjeux actuels de la planète. Aujourd'hui, la question majeure dans l'orientation des relations internationales est : unilatéralisme ou multilatéralisme ? Les États-Unis ont manifesté leur volonté d'instaurer un ordre unipolaire, mais cette ambition génère des tensions nombreuses et peine à triompher dans un monde divisé. L'ONU, dont l'action avait été paralysée du temps de la guerre froide, semble la mieux à même de réaliser une gestion multilatérale du monde, mais la seconde guerre en Irak a démontré sa marginalisation et son besoin de réforme et de modernisation. En fin de compte, on assiste en quelque sorte à la mise en place d'un ordre multipolaire fondé sur un rôle accru de l'ONU, mais sous l'égide américaine. [Ouverture] Alors que la crise économique et financière commencée à l'automne 2008 remet en question la suprématie américaine, et que les appels à une gestion internationale de la crise s'intensifient, le monde entier a braqué son attention sur l'élection du président Obama, sur qui reposent de nombreux espoirs. La recherche d'un nouvel ordre mondial, loin d'être achevée, semble prendre un nouveau départ.