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COMPTE RENDU MISSION SOURCING AU MAROC
10, 11 et 12 avril 2008
48 heures chrono : la première mission sourcing de la Cité Euroméditerranéenne de la mode
au Maroc avait des allures de challenge. Acheteurs, responsables de fabrication, créateurs
avaient deux journées pour découvrir les potentialités de l’industrie textile marocaine,
rencontrer personnellement le chef d’entreprise et surtout visiter les sites de production. Une
course contre la montre pour se rendre aux quatre
coins de Casablanca, dans les zones industrielles où
se mêlent entrepôts, résidences, usines ou
commerces. Il faut un bon guide pour se retrouver
dans le labyrinthe des rues et avenues, dénicher
derrière une modeste plaque ou un portail de fer gris,
un atelier vaste et lumineux ou monter en étage pour
découvrir des plateaux de production de 100 ou 200
ouvriers et ouvrières. Hélène Racine, Casablanca, créatrice
Au soir du deuxième jour, épuisé mais satisfaits de ce périple, chacun avait pu voir une dizaine
de partenaires potentiels, visiter six à huit ateliers et au soir du second jour, avoir vu plus d’un
millier d’opérateurs au travail sur leurs machines à coudre.
Un succès et un résultat prometteurs de relations futures. Au sortir des visites, les industriels
français ont annoncé l’envoi de références pour faire un premier devis, une première
expérience et tester ainsi la faisabilité d’une relation nouvelle.
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Les rendez-vous organisés par l’Onudi, l’Amith et la Cité de la mode ont été ciblés sur les
besoins précis et identifiés grâce à des questionnaires extrêmement détaillés. Aucune visite ne
fut jugée inutile, même si le regard exigeant du professionnel décèle très vite les progrès à
accomplir, le chemin vers une qualité ou une souplesse plus grande et le gap entre « mass
market » et production pour des marques créatives.
Même s’ils connaissaient déjà le marché marocain les acheteurs ont avoué qu’ils n’auraient
jamais pu en 48 heures chrono disposer d’autant de propositions et se forger une opinion de
terrain.
Mission accomplie donc avec l'engagement des partenaires de suivre les dossiers, de se tenir
en back-office pour les marques et, si besoin, aider à lever les obstacles aux relations
prometteuses nouées à Casablanca.
Parcours d’acheteurs à Casablanca
Thierry Farina est responsable de la fabrication chez Sessun depuis sept années autant dire
depuis l’émergence de la marque de prêt à
porter féminin de Marseille. En deux jours, il a
rempli son agenda avec six visites d’entreprises
dont un consortium.
Prestige couture est la première unité visitée.
L’entreprise existe depuis 1979 elle est
spécialisée en chaîne et trame. « Un très bel
outil bien structuré » apprécie Thierry Farina. Deux ateliers de chacun 285 personnes
travaillent sur les pièces à manche, les vestes et manteaux, un atelier de 300 personnes sur
les jupes, pantalon et robes. 120 personnes sont au repassage et au contrôle final et autant à
la coupe. En travaillant pour de grandes marques comme Maxmara, Zara, Burberry,
l’entreprise a adopté une démarche à qualité industrielle. Des marques comme Burberry ou
Maxmara viennent vérifier tous les jours leurs produits sur les chaînes. « Toutes les gradations
sont faites ici, note le directeur général, Hafid Djourh, nous avons un bureau d’études de 30
personnes. »
Ce bel outil au calendrier bien rempli est ouvert à de nouveaux partenaires, il est né d’une
réflexion stratégique. « Nous étions trop dépendants des centrales d’achat, se souvient Hafid
Djourh. Nous avons construit une démarche de montée en gamme. Notre personnel est plus
qualifié, mieux payé (+5 %) et donc plus stable, il représente 65 % de notre chiffre d’affaires.
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Nous avons embauché des techniciens et renforcé l’encadrement. Le contrôle qualité interne
s’est considérablement renforcé, nous avons 56 contrôleurs, chaque article est visé par trois
personnes : deux sur la chaîne au milieu et au final, et un contrôle en sortie.
Nous avons pu ainsi avoir une démarche commerciale nouvelle, travailler pour des marques et
fidéliser de grandes enseignes. Mais il ne faut pas s’endormir sur ses lauriers, ce métier
repose sur les hommes, c’est un travail de vigilance journalier ».
Seconde visite, Walidtex. L’entreprise vient de tripler de surface et d’emménager sur 4 500 m2. Les espaces sont là : bientôt les expéditions, la découpe, le contrôle… Adil Dakouni
sort avec bonheur des 1 200 m2 où ses 340 salariés étaient à l’étroit. C’est un entrepreneur
tenace et persévérant. Il n’est pas né dans le métier. Ingénieur en aéronautique de formation,
il a commencé sa vie professionnelle chez Maroc Aviation. La fibre entrepreneuriale l’a touché
et il a créé un atelier de broderie en 1997. Puis, il s’est lancé dans l’import-export, en 2005. En
optant simultanément pour la fabrication dans le domaine de la maille élaborée (à 80 %), et
chaîne et trame pour 20 %, il passe aussi à l’ère industrielle. « J’ai d’abord choisi de fiabiliser
une ligne pour un grand client, Mango plaide-t-il, plutôt que de faire du chiffre sans être sûr de
la qualité. La chaîne tourne aujourd'hui à plein régime et sort 800 pièces par jour. Les 40 000
robes Mango partiront directement vers Dubaï, le Mexique, les USA ou l’Europe. Une robe
noire qui sera en boutique pour les fêtes de fin d’année, en version courte, elle demande 42
postes, en version longue 47. Fort de cette référence, notre ingénieur se fait auditer par
Décathlon pour obtenir le label fibre citoyenne, il travaille pour Vert Baudet ou Go Sport.
Thierry Farina est impressionné par les qualités managériales de notre interlocuteur,
convaincu de ses compétences dans la maille, mais souhaite que ses compétences en chaîne
et trame se confirment avec l’aménagement final des ateliers.
Autre visite le vendredi avec Nadège Kergoat acheteuse pour Chacok, après une période
parisienne chez Kookaï. Elle connaît bien le sourcing marocain et avait déjà travaillé avec des
prestataires du Maghreb pour Kookaï. La marque Chacok est très exigeante, avec un travail
sur des tissus recherchés.
L’atelier Buxa ouvert depuis 1999 fait travailler 200 personnes avec de la maille pour femme et enfant. La chaîne est mobilisée pour Camaïeu. L’entreprise travaille beaucoup en
grandes séries, mais Khalid Bennasser, gérant, souhaite en sortir. « Nous avons un problème
de qualification et de fidélisation de la main-d’œuvre, souligne-t-il, nous cherchons donc des
produits où il y a plus de main-d'œuvre et donc plus de rémunération pour le travail, pour
pouvoir garder les anciens et les plus qualifiés. »
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Un credo que Nadège Kergoat entend, mais
souligne-t-elle, le tissu qui est ici en fabrication
coûte 1,50 € le mètre, le nôtre est à 10 €. Nous
avons une grande attention à la matière, aux
finitions intérieures, à l’organisation. Khalid
Bennasser est prêt à relever le défi. « Si vous avez
un contrôleur qualité précise-t-il, je souhaite sa
présence au lancement de la production. La qualité
se fabrique, elle ne se contrôle pas. »
Le consortium Charm Consors, créé depuis un an joue lui aussi la carte de la qualité. Deux
personnes viennent d’être recrutées pour un bureau d’étude partagé. Le consortium regroupe
trois sociétés de confection et une de maille, emploie 500 salariés et peut sortir chaque jour
7 000 pièces.
Au premier étage, Taoufik Kabbadj dirige Twin Fashion, Kabbadj and C°, spécialiste de la
confection féminine.
Au second et troisième étage, Abdelilah Benhaddou dirige la Confection Hanane. Un atelier
audité et agréé par Décathlon et qui traite des pièces sportives complexes en tissus
techniques : microfibres, polaires, anti UV, etc. Sur deux plateaux de 2 400 m2, la société a
une capacité de production de 3 000 pièces par jour avec 300 salariés. Outre Décathlon,
grand client au Maroc à partir de sa plateforme marocaine, Petit Patapon, ou Jocavi font
confiance à l’unité Hanane pour des commandes de réassort.
Le consortium réunit encore Martel, un spécialiste du sportswear et Elfallah, un professionnel
de la maille fine et du tricotage.
Unies, les quatre sociétés du consortium veulent s’orienter vers le produit fini et chercher de
nouveaux clients. « Nous souhaitons, estime Taoufik Kabbadj que le produit fini représente
20 % de notre activité, le marché va nous tirer vers le haut et nous sommes à la recherche de
partenaires qui pourront nous accompagner : bureaux d’études, services achats,
commerciaux. » Abdelilah Benhaddou est déterminé : il aménage son showroom pour y
proposer, avant la fin de l’année, à côté des gammes de ses clients industriels, ses produits
« maison » en mode enfantine ou sportswear. « Nos clients actuels ou d’autres seront
intéressés », assure-t-il.
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Un show room à Marseille ?
Le consortium veut créer un bureau à représentation : « Nous voulons être présents sur les
marchés de Paris, Marseille ou Milan, note Taoufik Kabbadj. C’est de la promotion, mais avant
de nous implanter, nous devons faire une étude de marché, une étude de terrain, passer par
une phase de test : il faut avoir les pieds sur terre. Nous devrons partager le risque entre le
privé et le public.
La création et la formation sont à l’honneur
Maryline Bellieud-Vigouroux a ainsi souhaité rencontrer de jeunes stylistes telles que Sophia Mikou, également organisatrice de défilé , Myriam Kettani (www.myriamkettani.com), grâce à
Mina El Glaoui, Alliance Maroco Européennne pour les Arts de la Mode et Philippe Valera,
Directeur Général de l’Agence de Communication Magnésium. Un partenariat a également pu
voir le jour avec Festimode qui organise son défilé annuel les 14,15 et 16 mai à Casablanca
et a invité Mme Bellieud-Vigouroux et Sylvie Richoux, Conservatrice du Musée de la Mode à
Marseille. L’objectif est de pouvoir développer des liens entre les créateurs du Nord et du Sud
de la Méditerranée.
Par ailleurs, une rencontre très enrichissante a eu lieu avec Fatima-Zohra Belbachir, société
Interférences, brodeuse d’arts, qui a présenté son travail d’orfèvre ainsi que son atelier
constitué d’une dizaine de femmes qui excellent dans leur domaine. Madame Belbachir, qui
aura un stand sur le prochain salon de la décoration à Miami, a insisté sur la nécessité d’une
démarche sociale et éthique pour le développement de son atelier.
Des contacts ont été pris dans le domaine de la formation avec le collège Lasalle et sa
directrice Maryem El Alami, qui s’est montrée très intéressée par la perspective de rentrer
dans le réseau de la CEM pour développer les échanges et stages entre établissements de
formation euroméditerranéens.
Les atouts du Maroc
Le Maroc dispose d’un marché à change, ce qui garantit la fluidité des échanges avec la
France et les Marocains ont la possibilité d’investir à l’étranger.
La zone franche de Tanger offre une défiscalisation à 100 % pendant cinq ans et un taux
d’imposition de 8,5 % par la suite. Un espace spécifique est dédié à l’industrie textile en zone
franche.
Le Crédit du Maroc, partenaire du Crédit agricole avec l’offre de service Intermed, dispose
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d’une structure offshore basée à Tanger, la Banque internationale de Tanger, qui offre aux
entreprises un réseau d’intermédiation sécurisé et les services d’une filiale spécialisée dans le
financement en devise.
L’accord de libre-échange avec les États-Unis offre des perspectives inédites aux entreprises
européennes. Paradoxalement, elles peuvent être les premières bénéficiaires de cet accord
qui autorise l’entrée sans droit de douane des produits textiles made in Maroc sur le vaste
marché US. Alors qu’un produit européen devra s’acquitter d’environ 20 % de taxes
douanières.
Cet accord préférentiel, avec des conditions accordées seulement à quelques pays comme
Israël, la Jordanie, ou l’Australie ouvre la porte du nouveau monde aux produits qui peuvent
afficher 35 % de plus values marocaines. Cette mesure autorise ainsi la confection marocaine
avec des tissus italiens ou français. En 2015, le produit devrait intégrer le tissu, mais un bon
lobbying pourrait proroger l’échéance.
Une marque provençale peut ainsi pénétrer le marché américain avec un différentiel d’un
cinquième du prix, ce qui gomme un peu l’effet dollars et autorise des prospections nouvelles.
Elle pourra même facturer directement son client américain en apportant simplement à la
douane US la preuve de sa fabrication marocaine. Pour Michaël Blakeley, consultant de
Nathan Associâtes Inc, qui piste auprès de l’ambassade américaine le programme de
sensibilisation, cette perspective permettra de développer les échanges entre le Maroc et les
USA et portera une contribution positive au développement industriel du Maroc. La styliste
Anne Élisabeth ou le chasseur Camper ont construit leur stratégie vers le continent américain
en faisant le détour marocain.
La mission a été cloturée par un cocktail dinatoire offert par la Chambre Française de
Commerce et d’Industrie du Maroc, rassemblant l’ensemble des industriels rencontrés lors de
la mission, ainsi que de nombreux autres partenaires potentiels, adhérents de l’AMITH ou de
la CFCIM.
Contacts :
Maryline Bellieud-Vigouroux, [email protected]
Valérie Melin, [email protected], 04.91.14.92.05
REMERCIEMENTS PARTICULIERS AUX PARTENAIRES DE LA MISSION
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Galeries photos (crédit photos : Christian Apotheloz)
Conférence de presse en compagnie de Mohamed Tamer, Président de l’AMITH et Co-Président de la
CEM, Maryline Bellieud-Vigouroux et Karim Tazi, créateur et chef d’entreprise
Sabine Bardon (Jayko), en rendez-vous avec des partenaires industriels
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Thierry Farina (Sessun)et Nadège Kergoat (Chacok) , dialogue entre responsables de production…
Visite d’usine pour Sessun
Petit déjeuner d’information sur les atouts du Maroc
Mickael Blakeley, Maryline Bellieud-Vigouroux, Youssef Bennis, Valérie Melin
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