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337 Indicateurs de Santé au Travail Arch Mal Prof Env 2006 JEUDI 1 ER JUIN d’une analyse quantitative, les données sur le vécu du travail et la santé seront croisées avec celles sur les conditions de travail afin d’identifier des situations à risque. Une des contributions attendues est l’évaluation du questionnaire GHQ 12 comme un possible indica- teur de santé, pouvant servir ultérieurement à d’autres analyses ou diagnostics transversaux. Il pourrait ainsi permettre aux médecins de mettre en place un suivi des salariés travaillant dans différents secteurs d’activité. État de santé des téléopérateurs en centre d’appels. Premiers résultats statistiques de l’enquête épidémiologique STECA réalisée en Gironde en 2004 par des médecins de l’AHI 33 D. RINDEL, M. CAILLET, M. DOMECQ, C. ERESUE, J. GELAS, M. TREZEGUET AHI 33. Objectif Mettre en place une étude épidémiologique sur l’état de santé des téléopérateurs (T.O) associé à l’analyse des conditions et des contraintes de travail. Le concept de télétravail apparu dans les années 80, s’est développé de façon sensible depuis les années 90. Le marché des centres d’appels (C.A) en France est porté par 6 régions représentant plus de 70 % des C.A recensés. La région Aquitaine (et très majoritairement le département de la Gironde) arrive en 4 e position. Fin 2002 plusieurs médecins de l’AHI 33 se sont inquiétés simultanément du turn-over, de l’absentéisme et de l’émergence de pathologies en particulier psychiques dans cette popu- lation. Des études de poste ont mis en évidence des contraintes sur le plan répétitivité, rapidité, monoto- nie, organisation du travail. Dés lors s’est posée l’hypothèse d’un lien entre le turn over, l’absentéisme, les pathologies décrites et l’organisation et les con- traintes psychosociales spécifiques à ce travail. Nos recherches bibliographiques ne nous ont pas permis de trouver d’étude épidémiologique de référence sur ce thème. Méthode Mise en place d’une étude épidémiologique en milieu de travail à 2 volets : - analyse transversale des conditions de travail et de la santé, décrivant l’entreprise et le poste de travail et évaluant l’état de santé psychique et physique des téléopérateurs, les facteurs psychosociaux et contrain- tes du poste de travail ; - analyse prospective des facteurs associés au devenir des salariés à 6 et à 12 mois (changement de poste, changement d’emploi). Cette enquête a été proposée, par l’intermédiaire des médecins du travail volontaires de l’AHI 33, aux entre- prises du secteur public ou privé, que le centre d’appels soit interne ou externe, mais à des salariés volontaires, ayant au moins 1 mois d’ancienneté dans cette activité, au cours des visites médicales. Le questionnaire con- cernant la structure de l’entreprise, qui interroge entre autres, sur le taux d’absentéisme et le turn-over ainsi que le questionnaire poste de travail qui est une matrice poste-exposition, ont été renseignés au cours de l’activité de tiers temps du médecin, avec l’employeur et des téléopérateurs. Le questionnaire salarié comporte les données démographiques classi- ques, mais également des questions sur les pathologies présentées, les arrêt de travail, le vécu professionnel. Il est compété par le questionnaire de KARASEK version SUMER 2002 auquel nous avons ajouté 4 questions du SIEGRIST (effort-récompense) et par le GHQ12. Résultats-Conclusion Cette enquête a fait l’objet d’une demande d’accord auprès de la CNIL. Communications affichées Conditions de travail et santé mentale P. TRILHE CMIE. Objectif Utiliser en entreprise des indicateurs simples pour éva- luer la souffrance mentale au travail et son origine afin de pouvoir agir efficacement. Méthode L’enquête a eu lieu dans 3 d’entreprises très différentes. En accord avec les CHSCT des questionnaires ont été proposés aux salariés soit à l’occasion des visites médi- cales soit par enquête anonyme. Le questionnaire com- mun à toutes les entreprises pour l’évaluation de la souffrance mentale est le HAD. Pour l’évaluation des conditions de travail des questionnaires spécifiques ont été utilisés dans chaque entreprise. Les enquêtes se sont déroulées sur plusieurs années avec une présentation

Conditions de travail et santé mentale

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Page 1: Conditions de travail et santé mentale

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Indicateurs de Santé au Travail

Arch Mal Prof Env 2006

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d’une analyse quantitative, les données sur le vécu dutravail et la santé seront croisées avec celles sur lesconditions de travail afin d’identifier des situations àrisque. Une des contributions attendues est l’évaluationdu questionnaire GHQ 12 comme un possible indica-teur de santé, pouvant servir ultérieurement à d’autresanalyses ou diagnostics transversaux. Il pourrait ainsipermettre aux médecins de mettre en place un suivi dessalariés travaillant dans différents secteurs d’activité.

État de santé des téléopérateurs en centre d’appels. Premiers résultats statistiques de l’enquête épidémiologique STECA réalisée en Gironde en 2004 par des médecins de l’AHI 33

D. RINDEL, M. CAILLET, M. DOMECQ, C. ERESUE, J. GELAS, M. TREZEGUETAHI 33.

ObjectifMettre en place une étude épidémiologique sur l’étatde santé des téléopérateurs (T.O) associé à l’analyse desconditions et des contraintes de travail. Le concept detélétravail apparu dans les années 80, s’est développéde façon sensible depuis les années 90. Le marché descentres d’appels (C.A) en France est porté par 6 régionsreprésentant plus de 70 % des C.A recensés. La régionAquitaine (et très majoritairement le département de laGironde) arrive en 4e position. Fin 2002 plusieursmédecins de l’AHI 33 se sont inquiétés simultanémentdu turn-over, de l’absentéisme et de l’émergence depathologies en particulier psychiques dans cette popu-lation. Des études de poste ont mis en évidence descontraintes sur le plan répétitivité, rapidité, monoto-nie, organisation du travail. Dés lors s’est poséel’hypothèse d’un lien entre le turn over, l’absentéisme,les pathologies décrites et l’organisation et les con-traintes psychosociales spécifiques à ce travail. Nosrecherches bibliographiques ne nous ont pas permis detrouver d’étude épidémiologique de référence sur cethème.

MéthodeMise en place d’une étude épidémiologique en milieude travail à 2 volets :- analyse transversale des conditions de travail et de lasanté, décrivant l’entreprise et le poste de travail etévaluant l’état de santé psychique et physique destéléopérateurs, les facteurs psychosociaux et contrain-tes du poste de travail ;

- analyse prospective des facteurs associés au devenirdes salariés à 6 et à 12 mois (changement de poste,changement d’emploi).Cette enquête a été proposée, par l’intermédiaire desmédecins du travail volontaires de l’AHI 33, aux entre-prises du secteur public ou privé, que le centre d’appelssoit interne ou externe, mais à des salariés volontaires,ayant au moins 1 mois d’ancienneté dans cette activité,au cours des visites médicales. Le questionnaire con-cernant la structure de l’entreprise, qui interroge entreautres, sur le taux d’absentéisme et le turn-over ainsique le questionnaire poste de travail qui est unematrice poste-exposition, ont été renseignés au coursde l’activité de tiers temps du médecin, avecl’employeur et des téléopérateurs. Le questionnairesalarié comporte les données démographiques classi-ques, mais également des questions sur les pathologiesprésentées, les arrêt de travail, le vécu professionnel. Ilest compété par le questionnaire de KARASEK versionSUMER 2002 auquel nous avons ajouté 4 questions duSIEGRIST (effort-récompense) et par le GHQ12.

Résultats-ConclusionCette enquête a fait l’objet d’une demande d’accordauprès de la CNIL.

Communications affichées

Conditions de travail et santé mentale

P. TRILHECMIE.

ObjectifUtiliser en entreprise des indicateurs simples pour éva-luer la souffrance mentale au travail et son origine afinde pouvoir agir efficacement.

MéthodeL’enquête a eu lieu dans 3 d’entreprises très différentes.En accord avec les CHSCT des questionnaires ont étéproposés aux salariés soit à l’occasion des visites médi-cales soit par enquête anonyme. Le questionnaire com-mun à toutes les entreprises pour l’évaluation de lasouffrance mentale est le HAD. Pour l’évaluation desconditions de travail des questionnaires spécifiques ontété utilisés dans chaque entreprise. Les enquêtes se sontdéroulées sur plusieurs années avec une présentation

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29e Congrès national de médecine et santé au travail

338 Arch Mal Prof Env 2006

annuelle des résultats en CHSCT pour analyse et déci-sion d’action.

RésultatsLe niveau moyen de souffrance mentale varie entre lesentreprises et d’une année sur l’autre en fonction desévènements. Le niveau de formation n’influe pas surles indicateurs globaux. Par contre l’âge et l’anciennetéinfluent sur ces valeurs. Les trois principales contrain-tes professionnelles mises en causes sont :- la variabilité et l’imprévisibilité de la charge detravail ;- le travail en urgence ou en zapping ;- l’instabilité organisationnelle.

ConclusionLe HAD est un indicateur simple et fiable facilementutilisable dans le cadre d’une consultation médicale. Ilpermet le dépistage des salariés en souffrance et uneprise en charge précoce. À l’échelon collectif le niveaumoyen du HAD de l’entreprise est un indicateur perti-nent (avec le turn-over, l’accidentologie…) du degré depression exercé sur les salariés. Cette analyse en appor-tant des résultats objectifs apparaît comme une étapetrès importante permettant de proposer des études etdes actions complémentaires pour améliorer les condi-tions de travail.

Évaluation à trois ans de la souffrance psychique des employés d’une entreprise du tertiaire

S. FANELLO, E. PAROT, H. HITOTO, C. DAGORNEDépt santé publique.

ObjectifAprès une première évaluation de la souffrance psychi-que effectuée en 2002 au sein d’une entreprise de600 employés (Arch. Mal. Prof. 2004 ; 65 : 326-334),une seconde enquête d’évaluation a été réalisée afind’apprécier l’évolution de cette souffrance trois annéesaprès mise en œuvre d’actions visant à réduire le stressau travail.

MéthodeDes questionnaires standardisés (General HealthQuestionnaire : CHQ 12, Maslash Burn-out Inventory :MBI, Job Personal Interaction Scale : JPIS, Duke’sSocial support) ont été soumis à 240 employés tirés au

sort au sein d’une entreprise de 602 employés en 2002et en 2005. Les principales actions correctrices, menéesdurant cette période, ont concerné l’amélioration de laformation, l’information et l’organisation du travail ;ces différentes composantes étaient statistiquementliées à la souffrance psychique lors de la premièreenquête en 2002. les tests utilisés étaient le chi-deux dePearson et la régression logistique au seuil de 0,05 àl’aide du Logiciel SPSS (CDC Atlanta) version 13.

Résultats – DiscussionEntre 2002 et 2005, on constatait une améliorationsignificative des niveaux de souffrance ; c’est ainsique la détresse psychologique (CHQ 12 > 12) a étéréduite de 44 % (p = 10-7). La très forte détresse psy-chologique (GHQ 12 > 21) a été réduite de 75 %(p < 10-8). L’état de « Burn out » non mesuré en 2002était de 5,8 % en 2005. Les principales dimensionsliées à la souffrance s’étaient modifiées entre les deuxpériodes : l’âge et la position hiérarchique dansl’entreprise n’étaient plus des facteurs déterminantsde la souffrance ; il en était de même des formationset de l’équité au travail : seuls persistaient, statisti-quement liées à la souffrance psychique, la charge detravail, l’imprévisibilité des tâches et la valeur perçueau travail.

ConclusionLes efforts faits par la direction en matière d’accompa-gnement aux changements (formations plus adaptées)et de management participatif ont contribués à laréduction des niveaux de souffrance psychique dansl’entreprise : il reste cependant à améliorer l’organisa-tion du travail en particulier le parasitisme des tâcheset la reconnaissance du travail effectué. C’est ainsi quel’on pourra espérer une réduction encore plus marquéede la souffrance psychique et surtout une meilleureestime de soi des employés. L’utilisation de question-naires standardisés et validés est devenue nécessairepour le suivi évaluatif de cohortes. Le choix du GHQ 12ou du MBI dépend de l’intérêt de l’investigateur.

Enquête française sur la Guerre du Golfe et ses conséquences sur la santé : résultats du bilan médical réalisé chez 1 008 vétérans

L. BENSEFA1, E. CAUSSE1, C. VERRET2, D. CHOUDAT1, P. BROCHARD3, M.A. JUTAND2, R. SALAMON2, F. CONSO1

1. Service de Pathologie Professionnelle, Hôpital Cochin, Paris2. INSERM U593, Université V. SEGALEN Bordeaux 23. Service de Médecine du Travail et de Pathologie Professionnelle, GH P.