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La prise en charge des infec-tions urinaires est actuelle-
ment assez bien codifiée mais ilpersiste quelques situations déli-cates. Il en est ainsi dans la décou-verte, fortuite ou non, d’une leu-cocyturie isolée.
L’urine normale contient, entreautres, des hématies et des leuco-cytes. Une leucocyturie n’est doncconsidérée comme pathologiquequ’au-delà de certains seuils quivarient selon les techniques demesure.• La bandelette urinaire, qui
constitue le moyen de dépis-tage le plus fréquent, mesurel’activité estérasique des poly-nucléaires lysés ou intacts avecun seuil de détection de 10 à 15globules blancs/mm3. Cetteméthode peut comporter desfaux positifs (utilisation de for-maldéhide ou absorption demédicaments contenant de l’i-mipeneme ou de l’acide clavu-linique) et des faux négatifslorsqu’il existe une protéinurieou une glycosurie importanteet lorsque la densité de l’urineest augmentée [1].
• L’examen cytobactériologique
des urines et en particulier surl’examen cytologique réaliséau microscope à partir d’unéchantillon d’urines centrifu-gées, la leucocyturie est consi-dérée comme pathologique au-delà de 10 leucocytes/ mm3.Les conditions de recueil del’urine (toilette périnéale,recueil des urines du milieu dejet) sont essentielles pour évi-ter les faux positifs [2].
• Sur le compte d’Addis oucompte des hématies-leucocy-tes minute urinaire qui est laseule mesure précise de la leu-cocyturie, celle-ci est considé-rée comme pathologique lors-qu’il existe plus de 10 000 leu-cocytes/min. L’examen se faitsur des urines non centrifugéesrecueillies pendant une pério-de de 2 à 3 heures de décubi-tus.
a) Ce qui n’est pas une Leucocyturie
S’il est habituel qu’une leucocytu-rie abondante donne un aspecttrouble aux urines, cet aspect peutêtre observé dans d’autres cir-constances et en particulier lors-qu’il existe une chylurie facile-
ment éliminée sur les examenssus-cités.b) Ce qui n’est pas une
Leucocyturie isoléeLa présence sur les différents exa-mens d’urine d’une nitriturie,d’une hématurie, d’une protéinu-rie ou d’une bactériurie oriented’emblée vers des diagnostics dif-férentiels et en particulier versdes infections urinaires typiquesposant actuellement peu de pro-blèmes diagnostiques. De même,lorsqu’il existe une symptomato-logie typique de cystite associantà la leucocyturie des brûluresmictionnelles, une pollakiurie etdes douleurs sus-pubiennes, lediagnostic est en règle aisé et laprise en charge usuelle.
Une fois sa découverte établie parun examen à la bandelette, ilconviendra de réaliser une analy-se au microscope afin de détermi-ner s’il existe ou non une altéra-tion des leucocytes.A. les leucocytes sont altérés[3,4]: il s’agit alors d’une pyurietémoignant d’une infection oud’une inflammation en un sitequelconque de l’appareil urinaire.
III. LA LEUCOCYTURIE ISOLEE
II. ELIMINER LES DIAGNOSTICSDIFFERENTIELS
I. DEFINITION
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AVIS D’EXPERT
N°3 Juin 2004
â Dr Sophie Conquy, Urologue Hôpital Cochin - Paris
Conduite à Tenir Devant une Leucocyturie Isolée
AVIS D’EXPERT
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N°3 Juin 2004Conduite à Tenir Devant une Leucocyturie Isolée
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L’interrogatoire, l’examen cli-nique et d’éventuelles recherchesbactériologiques complémentai-res vont alors orienter vers desdiagnostics de pyrurie aseptique :• Une infection urinaire avec
bactériurie peut avoir été déca-pitée par une antibiothérapiepréalable, éventuellement uti-lisée en automédication, la leu-cocyturie persistant aprèsdisparition de la bactériurie.
• L’examen clinique peut révélerl’existence de leucorrhée avecune contamination de l’urinepar des leucocytes vaginaux.
• L’existence d’une symptoma-tologie typique de cystite oude prostatite (chronique oudébutante)[5], [6]avec dysurieet brûlures mictionnelles enl’absence de bactériurie doitconduire à rechercher uneinfection à germes atypiquesen pratiquant un nouvel exa-men cytobactériologique desurines spécifiant les germesrecherchés (Chlamydiae tra-chomatis, Ureaplasma urealiti-cum, Corynebactéries voireGonocoque). La recherche debacille de Koch nécessite, elle,au moins 3 échantillons d’uri-ne du matin pour optimiser leschances d’avoir un résultatpositif tant son élimination estintermittente dans l’urine.
• Le contexte clinique, l’existen-ce d’impériosités mictionnellesou de douleurs doivent faireévoquer une éventuelletumeur urothéliale qui seraconfirmée par une cytologieurinaire (voire une cystosco-pie) ou une inflammation vési-cale par un calcul justifiant une
échographie. Enfin un antécé-dent de radiothérapie pelvien-ne fait envisager une cystiteradique.
• L’abus d’analgésiques oul’existence d’autres signesrénaux (oedèmes, hyperten-sion…) évoque une néphropa-thie interstitielle chronique ouune glomérulonéphrite, mais ilest alors rare que la leucocytu-rie soit isolée. Dans de tels cas,la découverte de cylindres leu-cocytaires traduit l’atteinterénale.
B. Les leucocytes ne sont pas alté-rés : dans ce cas l’hypothèse d’uneaffection rénale est la plus vrai-semblable et des colorations spé-ciales comme celle de Hanselpourront mettre en évidence uneéosinophilurie liée le plus sou-vent à une néphropathie intersti-tielle aiguë d’origine immuno-allergique, en particulier secon-daire à certains anti-inflammatoi-res non stéroïdiens mais égale-ment dans certaines gloméruloné-phrites[7]. Enfin une lymphocytu-rie peut être observée dans desnéphropathies interstitielles chro-niques et notamment dans la sar-coïdose.
Sur certains terrains, la leucocytu-rie n’a aucune valeur d’orienta-tion diagnostique et ceci est parti-culièrement vrai chez les patientsporteurs de sonde à demeure,dans le postopératoire d’unerésection transurétrale de prostate[8]ou de vessie et chez ceux ayantune cystectomie avec entero-cys-toplastie de substitution[9] u
1. KALTENIS, P., BACIULIS, V.,LIUBSIS, A.: Reliability of detection ofleucocyturia by means of the dip-stickCytur-Test. Int Urol Nephrol, 16: 233,1984
2. HOLM, S., WAHLIN, A.,WAHLQVIST, L. et al.: Urine micro-scopy as screening method for bacte-riuria. Acta Med Scand, 211: 209, 1982
3. Dieter, R. S.: Sterile pyuria: a differen-tial diagnosis. Compr Ther, 26: 150,2000
4. STAMM, W. E., HOOTON, T. M.:Management of urinary tract infec-tions in adults. N Engl J Med, 329:1328, 1993
5. ANDERSON, R. U.: The prostatitismanual: a practical guide to manage-ment of prostatitis/chronic pelvicpain syndrome. J. Curtis Nickel,Bladon Medical Publishing, SanFrancisco, California, 2002, $39.95,ISBN 1-904218-08-3. Urology, 63: 213,2004
6. BOTTO, H.: [Prostatitis]. Rev Prat, 53:1785, 2003
7. RUFFING, K. A., HOPPES, P.,BLEND, D. et al.: Eosinophils in urinerevisited. Clin Nephrol, 41: 163, 1994
8. COLAU, A., LUCET, J. C., RUFAT, P.et al.: Incidence and risk factors ofbacteriuria after transurethral resec-tion of the prostate. Eur Urol, 39: 272,2001
9. WOOD, D. P., JR., BIANCO, F. J., JR.,PONTES, J. E. et al.: Incidence andsignificance of positive urine culturesin patients with an orthotopic neo-bladder. J Urol, 169: 2196, 2003
RÉFÉRENCES
IV. ATTENTION
AVIS D’EXPERT
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N°3 Juin 2004Conduite à Tenir Devant une Leucocyturie Isolée