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http://sesgalilee.wordpress.com/ Corrigé / dissertation / « Analysez les relations entre croissance et développement » Analyse du sujet Première étape de ma réflexion : j'analyse attentivement le sujet. Je commencer par définir, au brouillon, les deux termes centraux : croissance (= augmentation à long terme de la production sur un territoire donné, mesurée par le PIB) et développement (= augmentation du niveau de bien-être matériel d'une population, mesurée par l'IDH : accès aux biens, au savoir, à la santé). Puis je m'interroge sur le terme « relations ». Cette formulation très ouverte me suggère trois pistes de réflexions. 1) Je vais examiner la manière dont la croissance contribue au développement. 2) Réciproquement, je vais examiner la manière dont le développement contribue à la croissance. 3) Mais je vais aussi me demander si, au fond, croissance et développement ne sont pas indépendants. Sur cette base, je peux commencer l'analyse des documents. Pour chacun d'eux, je vais me demander : quels arguments me fournit-ils pour chacun des trois axes que je viens de dégager ? Analyse du document 1 Dans ce document, 8 pays sont classés par ordre décroissant d'IDH en 2002. Mon réflexe est de chercher des corrélations. Je vais me poser deux questions. 1) L'IDH est-il corrélé au PIB par habitant ? 2) L'augmentation de l'IDH est-elle corrélée à l'augmentation du PIB ? 1) J'observe une corrélation entre IDH et PIB par habitant, mais une corrélation imparfaite. Corrélation : les IDH des pays riches (les trois premiers, Suède, USA et France) sont plus élevés que ceux des pays émergents (les trois suivants, Corée du Sud, Arabie Saoudite, Chine), eux-mêmes plus élevés que ceux des pays pauvres (Burkina Faso, Niger). Mais corrélation imparfaite : l'IDH de la Suède est plus élevé que celui des USA, alors que son PIB par habitant est moindre. 2) La corrélation est également imparfaite lorsque je compare l'évolution des IDH et celle des PIB par habitant entre 1975 et 2002. Certes, ce sont dans les pays qui ont connu la plus fort taux de croissance (par tête) sur cette période que l'IDH a le plus fortement augmenté (Chine et Corée du sud). Et certes, c'est dans un pays où la croissance par tête a été négative (le Niger) qu'on observe la plus faible augmentation de l'IDH. Mais l'Arabie Saoudite est une spectaculaire exception : le PIB par tête y a reculé, mais l'IDH connait l'un des progrès les plus forts. Ce document me fournit donc là à la fois des arguments pour alimenter l'axe 1 (la croissance est un facteur de développement) et l'axe 3 (mais le lien n'est pas automatique). Analyse du document 2 Ce document contient deux idées, mais ne développe que la deuxième. La première est la suivante : il y a un lien « indiscutable » entre croissance et réduction de la pauvreté. La deuxième est la suivante : la pauvreté ne recule toutefois pas d'elle-même quand le PIB par habitant augmente. Encore faut-il qu'il y ait des politiques de redistribution. Autrement dit, ce document attire mon attention sur une idée simple : le PIB par habitant n'est qu'une moyenne. Si la croissance ne profite qu'à une petite partie de la population, seule celle-ci pourra améliorer son accès à l'école et à la santé. Le reste de la population ne connaitra pas d'amélioration de son sort. L'IDH n'augmentera que faiblement. Ce document vient donc nourrir l'axe 3 : il n'y a pas de lien mécanique entre croissance et développement. Analyse du document 3 Ce document nourrit l'axe 2 : le développement est un facteur de croissance. Il illustre cette thèse en montrant que les pays dont les systèmes de santé ne sont pas suffisamment développés pour faire face à l'épidémie de sida voient leur taux de croissance réduit. La perte est d'un point de croissance en moyenne pour les économies africaines. Le document expose les deux canaux par lesquels la croissance est ralentie : 1) la productivité du travail est réduite, 2) l'accumulation de capital est entravée. Analyse du document 4 Très riche, ce tableau met en relation le taux de croissance de 7 pays (émergents ou pauvres), leurs dépenses publiques d'enseignement et de santé, et deux indicateurs de développement : l'accès à la nourriture et l'accès à l'eau. La meilleure manière de l'analyser est de commencer par confronter la première colonne (taux de croissance) et les deux dernières (indicateurs de développement). Ce qu'on observe alors confirme le document 1. J'observe en effet 1) une certaine corrélation entre croissance et développement : ce sont dans les deux pays qui ont connu une croissance négative entre 1990 et 2000 (le Kenya et la Zambie) que la sous-alimentation et les difficultés d'accès à l'eau sont les plus fortes en 2000. 2) des exceptions intéressantes : avec un taux de croissance moins fort que la Chine, le Mexique fait mieux en matière d'accès à l'eau et à la nourriture. Comment expliquer cette exception ? C'est là que je me tourne vers les autres colonnes du tableau : les dépenses publiques de santé sont plus importantes au Mexique qu'en Chine. Ce document me met donc sur une piste importante : la croissance est certes nécessaire au développement, puisqu'elle permet de financer des politiques publiques ; mais sans ces politiques, elle ne mènerait pas au développement. 1

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Corrigé / dissertation / « Analysez les relations entre croissance et développement »

Analyse du sujetPremière étape de ma réflexion : j'analyse attentivement le sujet.Je commencer par définir, au brouillon, les deux termes centraux : croissance (= augmentation à long terme de la production sur un territoire donné, mesurée par le PIB) et développement (= augmentation du niveau de bien-être matériel d'une population, mesurée par l'IDH : accès aux biens, au savoir, à la santé).Puis je m'interroge sur le terme « relations ». Cette formulation très ouverte me suggère trois pistes de réflexions. 1) Je vais examiner la manière dont la croissance contribue au développement. 2) Réciproquement, je vais examiner la manière dont le développement contribue à la croissance. 3) Mais je vais aussi me demander si, au fond, croissance et développement ne sont pas indépendants.Sur cette base, je peux commencer l'analyse des documents. Pour chacun d'eux, je vais me demander : quels arguments me fournit-ils pour chacun des trois axes que je viens de dégager ?

Analyse du document 1Dans ce document, 8 pays sont classés par ordre décroissant d'IDH en 2002. Mon réflexe est de chercher des corrélations. Je vais me poser deux questions. 1) L'IDH est-il corrélé au PIB par habitant ? 2) L'augmentation de l'IDH est-elle corrélée à l'augmentation du PIB ?

1) J'observe une corrélation entre IDH et PIB par habitant, mais une corrélation imparfaite. Corrélation : les IDH des pays riches (les trois premiers, Suède, USA et France) sont plus élevés que ceux des pays émergents (les trois suivants, Corée du Sud, Arabie Saoudite, Chine), eux-mêmes plus élevés que ceux des pays pauvres (Burkina Faso, Niger). Mais corrélation imparfaite : l'IDH de la Suède est plus élevé que celui des USA, alors que son PIB par habitant est moindre.2) La corrélation est également imparfaite lorsque je compare l'évolution des IDH et celle des PIB par habitant entre 1975 et 2002. Certes, ce sont dans les pays qui ont connu la plus fort taux de croissance (par tête) sur cette période que l'IDH a le plus fortement augmenté (Chine et Corée du sud). Et certes, c'est dans un pays où la croissance par tête a été négative (le Niger) qu'on observe la plus faible augmentation de l'IDH. Mais l'Arabie Saoudite est une spectaculaire exception : le PIB par tête y a reculé, mais l'IDH connait l'un des progrès les plus forts.

Ce document me fournit donc là à la fois des arguments pour alimenter l'axe 1 (la croissance est un facteur de développement) et l'axe 3 (mais le lien n'est pas automatique).

Analyse du document 2Ce document contient deux idées, mais ne développe que la deuxième. La première est la suivante : il y a un lien « indiscutable » entre croissance et réduction de la pauvreté. La deuxième est la suivante : la pauvreté ne recule toutefois pas d'elle-même quand le PIB par habitant augmente. Encore faut-il qu'il y ait des politiques de redistribution. Autrement dit, ce document attire mon attention sur une idée simple : le PIB par habitant n'est qu'une moyenne. Si la croissance ne profite qu'à une petite partie de la population, seule celle-ci pourra améliorer son accès à l'école et à la santé. Le reste de la population ne connaitra pas d'amélioration de son sort. L'IDH n'augmentera que faiblement. Ce document vient donc nourrir l'axe 3 : il n'y a pas de lien mécanique entre croissance et développement.

Analyse du document 3Ce document nourrit l'axe 2 : le développement est un facteur de croissance. Il illustre cette thèse en montrant que les pays dont les systèmes de santé ne sont pas suffisamment développés pour faire face à l'épidémie de sida voient leur taux de croissance réduit. La perte est d'un point de croissance en moyenne pour les économies africaines. Le document expose les deux canaux par lesquels la croissance est ralentie : 1) la productivité du travail est réduite, 2) l'accumulation de capital est entravée.

Analyse du document 4Très riche, ce tableau met en relation le taux de croissance de 7 pays (émergents ou pauvres), leurs dépenses publiques d'enseignement et de santé, et deux indicateurs de développement : l'accès à la nourriture et l'accès à l'eau. La meilleure manière de l'analyser est de commencer par confronter la première colonne (taux de croissance) et les deux dernières (indicateurs de développement). Ce qu'on observe alors confirme le document 1. J'observe en effet

1) une certaine corrélation entre croissance et développement : ce sont dans les deux pays qui ont connu une croissance négative entre 1990 et 2000 (le Kenya et la Zambie) que la sous-alimentation et les difficultés d'accès à l'eau sont les plus fortes en 2000.2) des exceptions intéressantes : avec un taux de croissance moins fort que la Chine, le Mexique fait mieux en matière d'accès à l'eau et à la nourriture.

Comment expliquer cette exception ? C'est là que je me tourne vers les autres colonnes du tableau : les dépenses publiques de santé sont plus importantes au Mexique qu'en Chine. Ce document me met donc sur une piste importante : la croissance est certes nécessaire au développement, puisqu'elle permet de financer des politiques publiques ; mais sans ces politiques, elle ne mènerait pas au développement.

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Analyse du document 5Ce document est comme l'autre face du document 3. Il montre lui aussi que le développement est un facteur de croissance, mais cette fois positivement. La thèse est simple : une population plus éduquée est plus productive. Ce document nourrit donc, lui aussi, l'axe 2.

Analyse du document 6Ce document nourrit l'axe 1 : il insiste sur le fait que la croissance est nécessaire au développement, y compris au développement durable. On peut le tirer dans le sens de l'axe 2 : l'objectif de développement durable est un facteur de croissance. Mais il nourrit également l'axe 3, indirectement : il me met sur la piste des risques que la croissance fait peser sur l'environnement. C'est toute la problématique du développement durable.

J'ai terminé l'analyse des documents. Il est temps de faire le point sur les arguments qu'ils m'apportent, et de les compléter avec des connaissances personnelles

Bilan de l'analyse des documents et recours à des connaissances personnellesAu terme de l'analyse des documents, je dispose de toute une batterie d'arguments pour montrer :

- que croissance et développement sont corrélés (doc.1, 4, 6)- que cette corrélation est imparfaite (doc.1, 4)- que sans l'intervention de l'Etat (redistribution, dépenses de santé, dépenses éducatives), la croissance ne mène d'elle-même pas au développement (doc.2, 4)- que le développement est lui-même un facteur de croissance (doc.3, 5)

Le cours, lui aussi, me fournit des arguments du même genre. Mais il me fournit aussi des arguments pour traiter des aspects que les documents ne traitent pas. En particulier, il n'y a rien, dans ces documents, sur les mécanismes précis qui mènent de la croissance au développement. Je vais donc mobiliser mes connaissances sur ce point.J'attaque la construction d'un plan détaillé au brouillon, en m'appuyant sur le procédé des « phrases-titres ». Après plusieurs tentatives, voici le résultat :

Plan détaillé

I. Croissance et développement s'entretiennent mutuellement...

A. La croissance est une condition nécessaire du développement- Le constat : il y a une corrélation générale entre croissance et développement (doc.1, 4)- Explication statistique : le PIB est une composante de l'IDH. Description des deux indicateurs.- Explication économique : l'augmentation du revenu par tête permet l'augmentation des dépenses de santé et des dépenses scolaires.

B. Le développement est un facteur de croissance- Un meilleur état de santé et un plus haut niveau d'éducation augmentent la productivité du travail. Or les gains de productivité sont un facteur de croissance (doc.5).- Inversement, le sous-développement nuit à la productivité du travail et à l'épargne donc à l'accumulation de capital : exemple de l'épidémie de sida en Afrique (doc.3 + cours)- L'objectif de développement durable suscite des innovations qui stimulent à la fois l'offre et la demande. (doc.6 + cours).

II. … Mais ce cercle vertueux n'est pas automatique : il dépend de l'intervention des pouvoirs publics

A. La croissance n'est pas une condition suffisante du développement - Le PIB par tête et l'IDH sont imparfaitement corrélés (doc.1)- L'accès à l'eau et à la nourriture sont en partie déconnectés du taux de croissance (doc.4)- La croissance peut nuire à l'environnement, donc compromettre le développement des générations futures (cours).

B. La croissance mène au développement quand les pouvoirs publics interviennent- Pour réduire les inégalités, qui nuisent au développement (doc.2 + cours)- Pour financer des infrastructure de santé et d'éducation (doc.4 + cours)- Pour mettre en oeuvre des politiques qui rendent le développement durable (cours)

Je peux alors rédiger l'introduction, esquisser la conclusion, puis attaquer la rédaction.

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