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Journal of Algebra 318 (2007) 1077–1080 www.elsevier.com/locate/jalgebra Corrigendum Corrigendum to « Indice et décomposition de Cartan d’une algèbre de Lie semi-simple réelle » [J. Algebra 303 (2006) 382–406] Anne Moreau Université Paris 7, Institut de Mathématiques de Jussieu, Théorie des groupes, Case 7012, 2 Place Jussieu, 75251 Paris Cedex 05, France Reçu le 9 mars 2007 Disponible sur Internet le 18 septembre 2007 Communiqué par J.T. Stafford Mots-clés : Indice ; Décomposition d’Iwasawa ; Algèbre de Lie ; Algèbre quasi-réductive ; Involution de Cartan ; Forme stable *** La décomposition d’Iwasawa g 0 = k 0 a 0 n 0 issue de la décomposition de Cartan g 0 = k 0 p 0 d’une algèbre de Lie semisimple réelle permet d’écrire g 0 sous la forme g 0 = k 0 b 0 , avec b 0 = a 0 n 0 . La question de savoir si l’indice est additif dans la décomposition g 0 = k 0 b 0 a été soulevée par M. Raïs dans [5]. Dans [3], il est écrit que l’indice est toujours additif pour cette décomposition. Précisément, j’y affirme que l’indice de b est donné par la relation : ind b = rg g rg k, où b, g et k sont respectivement les complexifiés des algèbres de Lie b 0 , g 0 et k 0 . Or cette assertion est fausse en général, comme le prouve le cas de l’algèbre de Lie simple réelle g = so(2p, 1), pour p> 1. En effet, si l’indice était additif pour cette algèbre, la formule précédente donnerait ind b = 0, car ici k = so(2p) donc rg g = rg k = p. Or, d’après [1], l’algèbre b ne possède pas dans ce cas d’orbite ouverte dans son dual, ce qui signifie : ind b > 0. Dans le cas général, on a en fait seulement l’inégalité : ind g 0 ind k 0 + ind b 0 . (1) DOI of original article: 10.1016/j.jalgebra.2005.09.016. * Present address : ETH Zürich, Departement Mathematik, HG G 66.4, Rämistrasse 101, 8092 Zürich, Switzerland. Adresse e-mail : [email protected]. 0021-8693/$ – see front matter © 2005 Elsevier Inc. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.jalgebra.2007.07.026

Corrigendum to « Indice et décomposition de Cartan d'une algèbre de Lie semi-simple réelle » [J. Algebra 303 (2006) 382–406]

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Journal of Algebra 318 (2007) 1077–1080

www.elsevier.com/locate/jalgebra

Corrigendum

Corrigendum to « Indice et décomposition de Cartand’une algèbre de Lie semi-simple réelle »

[J. Algebra 303 (2006) 382–406]

Anne Moreau ∗

Université Paris 7, Institut de Mathématiques de Jussieu, Théorie des groupes, Case 7012, 2 Place Jussieu,75251 Paris Cedex 05, France

Reçu le 9 mars 2007

Disponible sur Internet le 18 septembre 2007

Communiqué par J.T. Stafford

Mots-clés : Indice ; Décomposition d’Iwasawa ; Algèbre de Lie ; Algèbre quasi-réductive ; Involution de Cartan ; Formestable

***

La décomposition d’Iwasawa g0 = k0 ⊕ a0 ⊕ n0 issue de la décomposition de Cartan g0 =k0 ⊕ p0 d’une algèbre de Lie semisimple réelle permet d’écrire g0 sous la forme g0 = k0 ⊕ b0,avec b0 = a0 ⊕ n0. La question de savoir si l’indice est additif dans la décomposition g0 =k0 ⊕ b0 a été soulevée par M. Raïs dans [5]. Dans [3], il est écrit que l’indice est toujours additifpour cette décomposition. Précisément, j’y affirme que l’indice de b est donné par la relation :indb = rgg − rg k, où b, g et k sont respectivement les complexifiés des algèbres de Lie b0, g0et k0. Or cette assertion est fausse en général, comme le prouve le cas de l’algèbre de Lie simpleréelle g = so(2p,1), pour p > 1. En effet, si l’indice était additif pour cette algèbre, la formuleprécédente donnerait indb = 0, car ici k = so(2p) donc rgg = rg k = p. Or, d’après [1], l’algèbreb ne possède pas dans ce cas d’orbite ouverte dans son dual, ce qui signifie : indb > 0.

Dans le cas général, on a en fait seulement l’inégalité :

indg0 � ind k0 + indb0. (1)

DOI of original article: 10.1016/j.jalgebra.2005.09.016.* Present address : ETH Zürich, Departement Mathematik, HG G 66.4, Rämistrasse 101, 8092 Zürich, Switzerland.

Adresse e-mail : [email protected].

0021-8693/$ – see front matter © 2005 Elsevier Inc. Tous droits réservés.doi:10.1016/j.jalgebra.2007.07.026

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On dispose d’une condition nécessaire et suffisante pour que l’égalité ait lieu dans la relation (1).Cette note vise à expliquer et corriger cette erreur. On donne alors une liste exhaustive desalgèbres de Lie simples réelles pour lesquelles l’indice est effectivement additif dans la décompo-sition : g0 = k0 ⊕ b0. Notons qu’une version longue corrigée de l’article [3] est exposée dans [4].

***

On reprend les notations introduites dans [3]. Rappelons en particulier que si t0 est un sous-espace abélien de dimension maximale de m0, le centralisateur de a0 dans k0, alors h0 = a0 ⊕ t0est une sous-algèbre de Cartan de g0 maximalement non-compacte. L’ensemble Π est une based’un système de racines positives Δ+ bien choisie du système de racines Δ associé au couple(g, h), où h = (h0)

C. Si θ est l’involution de Cartan de g0 associée à la décomposition g0 =k0 ⊕ p0, on introduit enfin dans [3], les notations suivantes :

Δ ′ = {α ∈ Δ | θα = α}, Δ ′+ = Δ ′ ∩ Δ+,

Δ ′′ = {α ∈ Δ | θα �= α}, Δ ′′+ = Δ ′′ ∩ Δ+.

Posons : Π ′ = Δ ′ ∩ Π . Notons que Δ ′ correspond au système de racines de la sous-algèbrede Lie réductive m0 et que Π ′ est une base de Δ ′.

Si S est un sous-ensemble de Π , la «construction en cascade de Kostant» permet de formerl’ensemble K(S). On renvoit à [3] ou [4] pour les détails concernant cette construction ainsique pour les notations relatives à cette construction. On introduit dans [3] les sous-ensemblessuivants :

K′(Π) = {K ∈K(Π)

∣∣ θεK = εK

},

K′′(Π) = {K ∈K(Π)

∣∣ θεK �= εK

}.

L’erreur commise dans [3] se situe précisément dans la démonstration de l’assertion « pour toutK de K′′(Π), on a l’inclusion Γ K

0 ⊂ Δ′′+ » du Corollaire 2.4. On utilise dans cette démonstrationl’implication

(⟨−θα, εθK∨⟩ = 1

) ⇒ (−θα ∈ Γ θK0

).

Or cette implication n’est valable que si la racine −θα appartient ΔθK , ce qui n’est pas a priorile cas. Il s’avère que l’assertion « pour tout K de K′′(Π), on a l’inclusion Γ K

0 ⊂ Δ′′+ » est fausseen général. Voyons plus précisément pourquoi. On peut tout d’abord montrer que cette assertionéquivaut à la condition (∗) suivante, à laquelle on s’intéresse désormais :

K(Π ′) = K′(Π). (∗)

Or la condition (∗) n’a pas toujours lieu, comme l’illustre le cas de l’algèbre de Lie g0 =sl(n,H). Dans cet exemple, g � sl(2n,C) et si Π = {β1, . . . , β2n−1}, le diagramme de Dynkinde g est donné par :

β1 β2 β2n−1.

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On a alors : K(Π) = {Ki, i = 1, . . . , n}, où Ki = {βi, . . . , β2n−i} et εKi= βi + · · · + β2n−i ,

pour i = 1, . . . , n. Par ailleurs m � su(2)n, d’après les données de [2, Appendix C]. L’ensembleΠ ′ a donc n � 2 composantes connexes de cardinal 1. En particulier K(Π ′) = {β1}∪ {β3}∪ · · ·∪{β2n−1}. D’autre part, K′(Π) = {βn}. Il en résulte que la condition (∗) n’est pas satisfaite pourn > 1.

***

Lorsque la condition (∗) est satisfaite, le corollaire 2.4 est correct et le reste de ce qui estécrit dans [3] tient toujours. En particulier, il y a égalité dans la relation (1). Notons que lacondition (∗) est en particulier remplie si Δ ′ est vide, ce qui est le cas dès que m est abélienne.

Réciproquement, si (∗) n’a pas lieu, alors il résulte du paragraphe précédent que l’assertion« pour tout K de K′′(Π), on a l’inclusion Γ K

0 ⊂ Δ′′+ » n’a pas lieu. Par suite, il existe K ∈ K′′(Π)

tel que l’ensemble

Γ K1 = {

α ∈ Γ K0

∣∣ εK − α ∈ Δ ′}est non-vide. Illustrons ce phénomème en considérant de nouveau le cas de l’algèbre de Liesl(n,H), pour n > 1. Avec les notations précédentes, la racine α = β2 + · · · + β2n−1 appartient àΓ

K11 . En effet εK1 − α = (β1 + · · · + β2n−1) − (β2 + · · · + β2n−1) = β1 appartient à Δ ′.

Compte tenu de la présence d’au moins un ensemble Γ K1 , pour K ∈K′′(Π), dans le cas où la

condition (∗) n’est pas satisfaite, la proposition 4.3 de [3] devient :

Proposition 0.1.

(1) Si la condition (∗) est satisfaite, alors le stabilisateur bφu de la restriction de φu à b estdonné par :

bφu =( ⋂

K∈K(Π)

ker εK |a)

⊕∑

K∈K+comp(Π)

C(XεK− XεθK

)

et on a :

dimbφu = rgg − rg k.

(2) Si la condition (∗) n’est pas satisfaite, alors le stabilisateur bφu de la restriction de φu à b

est donné par :

bφu =( ⋂

K∈K(Π)

ker εK|a)

⊕∑

K∈K+comp(Π)

(C(XεK

− XεθK) +

∑α∈Γ K

1

CXα

)

et on a :

dimbφu > rgg − rg k.

Le théoreme 4.4 de [3] devient alors le théorème suivant :

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Théorème 0.2. On a :

indb � rgg − rg k,

et indg0 � ind k0 + indb0.

De plus il y a égalité dans les relations précédentes si, et seulement si, la condition (∗) estsatisfaite.

On démontre ce théorème en procédant comme dans la démonstration du théorème 4.4 de [3].Notons que la proposition 4.5 de [3] reste valable.

***

Dressons enfin la liste des algèbres de Lie simples réelles pour lesquelles l’inégalité est strictedans la relation (1) :

sl(n,H), avec n � 2, so(2p,2q + 1), avec 0 � q < p et p �= q + 1, sp(p, q), avec 1 � p � q ,so(2p + 1,2q + 1), avec 1 � p < q , q �= p et q �= p + 1, EIV et FII.

Dans tous les autres cas, y compris le cas des algèbres de Lie réelles simples complexes,l’indice est additif dans la décomposition : g0 = k0 ⊕ b0.

Cette liste exhaustive est obtenue en étudiant la condition (∗) grâce aux données de [2, Ap-pendix C] et grâce à une étude attentive de la construction en cascade de Kostant des algèbres deLie simples (voir par exemple les tables 2 et 3 de [4]).

Références

[1] J. Carmona, Structure symplectique sur les orbites ouvertes de certains groupes résolubles et espaces hermitienssymétriques, 1973.

[2] A.W. Knapp, Lie Groups Beyond an Introduction, second éd., Progr. Math., vol. 140, Birkhäuser Boston Inc., Boston,MA, 2002.

[3] A. Moreau, Indice et décomposition de Cartan d’une algèbre de Lie semi-simple réelle, J. Algebra 303 (1) (2006)382–406.

[4] A. Moreau, Indice et décomposition de Cartan d’une algèbre de Lie semi-simple réelle, preprint, arXiv: math.RT/0506206, 2006.

[5] M. Raïs, Notes sur l’indice des algèbres de Lie, 2006.