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Cour no 10 REL 1806 Histoire du christianisme Histoire du christianisme An 1633 Procès de Galilée, Foi et science <1 <50 <100 <150 <200 <250 <300 <350 <400 <450 <500 <550 <600 <650 <700 <750 <800 <850 <900 <950 <1000 <1050 <1100 <1150 <1200 <1250 <1300 <1350 <1400 <1450 <1500 <1550 <1600 <1650 <1700 <1750 <1800 <1850 <1900 <1950 <2000

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Cour no 10REL 1806 Histoire du christianisme

Histoire du christianisme

An 1633

Procès de Galilée, Foi et science

<1<50<100<150<200<250<300<350<400<450<500<550<600<650<700<750<800<850<900<950<1000<1050<1100<1150<1200<1250<1300<1350<1400<1450<1500<1550<1600<1650<1700<1750<1800<1850<1900<1950<2000

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Louis Rousseau 2Cour no 10REL 1806 Histoire du christianisme

Question cours 10

• Urbain VIII (pape de1623 à 1644) a-t-il voulu sacrifier Galilée, le protéger d’une accusation de très grave hérésie ou protéger sa propre autorité menacée dans le contexte politique de la guerre de 30 ans? Relever les indices permettant de privilégier l’une ou l’autre de ces trois interprétations.

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Louis Rousseau 3Cour no 10REL 1806 Histoire du christianisme

Contexte politique

Le politique prend le pas sur le religieux dans les États européens : guerre de 30 ans

• Difficile coexistence confessionnelle Allemagne (Union évangélique vs Ligue catho), début XVIIe s.

• Insurrection protestante à Prague (1618) contre Empereur Habsbourg; défaite protestante (1620) : fin des rêves œucuméniques

• Politique française (Richelieu) s’allie aux princes protestants pour limiter l’Empire

• Restauration des terres et monastères enlevés aux catholique (Ferdinand II, 1629)

• Invasion du centre de l’Europe par roi luthérien de Suède (1631-1632) : dure jusqu’en 1648

• 1635 : France déclare guerre à Espagne contre avis curie romaine

• Paix de Wesphalie (oct. 1648) : Victoire de France et Suède; restitution des propriété dans état 1618

Jedin et all. Atlas d’histoire de l’Église, 93

Structure confessionelle de l’Europe vers 1680

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Louis Rousseau 4Cour no 10REL 1806 Histoire du christianisme

Contexte religieux

• Renaissance religieuse et dévote après les guerres de religion en France (1600-1650)– Efflorescence mystique et pastorale : François de Sales, Bérulle,

Condren, Olier, Jean Eudes, Vincent de Paul

• Absolutisme baroque romain– Culture : joyeuse liberté des arts + enthousiasme spirituel– Pouvoir : idéal patriarcal, gouvernement secret selon critères de

« raison d’état »

• Faiblesse des Papes et des États pontificaux dans le jeu des rivalités entre États absolutistes (Espagne, France, Empire)– Faiblesse politique, économique et militaire– Tentatives courantes des États d’exercer un droit de veto dans les

élections au pontificat (partis cardinalices inféodés)• Un cas : la révolte du « parti espagnol » contre Urbain VIII

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Louis Rousseau 5Cour no 10REL 1806 Histoire du christianisme

Contexte théologique : transsubstantiation et atomisme

• Le long effort (XIIe-XVIe s.) pour penser rationnellement la « nature » de la présence réelle du Christ dans le pain et le vin de la messe, débouche en 1555 (Concile de Trente) sur l’affirmation dogmatique de la « transsubstantiation » dont les concepts proviennent de la théorie aristotélicienne de la nature (repris par Thomas d’Aquin)

– Tout ce qui existe et est objet de sensation est composé d’une substance dont l’essence générale est connaissable par la raison, et d’accidents (apparence : étendue, couleur, poids, etc) qui inhèrent à la substance.

– La présence réelle (physique) du Christ est possible par substitution de substance et conservation de l’apparence du pain et du vin (l’aspect phénoménal, qui se voit)

• La lutte contre la Réforme fait de la théologie de l’eucharistie un enjeu majeur

• Dès 1612, Galilée s’intéresse aux perspectives élaborée jadis par les atomistes Lucrèce et Héron d’Alexandrie : pour lui l’atomisme « était une hypothèse de recherche légitime et féconde pour représenter les qualités de la physique aristotélicienne à travers les actions cinétiques et mécaniques de corpuscules matériels (des quantités). »

• Le Saggiatore (1623) offre une théorie corpusculaire de tous les éléments de la nature et de tous les phénomènes perceptibles à part ceux du son auxquels il réserve une interprétation de caractère ondulatoire. (Redondi, 22)

– Ce sont nos récepteurs sensibles qui attribuent des qualités (un « apparaître ») à ce qui les affecte (atomes)

– Traduction conséquente : impossibilité de permanence des qualités (accidents) sans permanence du sujet physique (substance)

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Louis Rousseau 6Cour no 10REL 1806 Histoire du christianisme

Contexte scientifique : la « science nouvelle »

• 1543 : De revolutionibus orbum cœlestium, du chanoine polonais Nicolas Copernic [le soleil est au centre du monde]

– Accepté par le Pape Paul III, rejeté par Luther, Melanchton, Calvin, etc

• 1609 : Astronomia nova, de Joannes Kepler, savant protestant; explique les orbites planétaires, veut prouver la valeur des conceptions de Copernic

• (1564-1642) : Galiléo Galilei, astronome de la cour Toscane, expérimentateur et mathématicien.

– 1613 : Valorise la religiosité des « démonstrations nécessaires » et de l’« expérience sensible » qui imposent une nouvelle exégèse. Dénoncé.

• Ouvre les hostilités avec la philosophie officielle des jésuites en dénonçant la physique aristotélicienne et en la taxant de pur nominalisme (« que des mots »)

– 1616 : Saint-Office condamne l’héliocentrisme comme stupide et absurde en théologie et formellement hérétique, et la théorie du mouvement de la terre, erronée de fide. Communication personnelle du cardinal Bellarmin à Galilée : simple communication de la mise à l’index de Copernic ou interdiction de « le défendre ou soutenir »?

– 1623 : Présentation du Sagiattore à Urbain VIII (Barberini) : contre culture traditionnelle à base aristotélicienne. Triomphe de l’académie Dei Lincei

– 1632 : Dialogo, reprend les idées de 1623. Armée protestante aux frontières.

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Louis Rousseau 7Cour no 10REL 1806 Histoire du christianisme

22 juin 1633 : jugement du Saint-Office et abjuration par Galilée

• « Nous disons, jugeons et prononçons que toi, Galilée, par les éléments révélés par le procès et confessés par toi, tu t’es rendu pour ce Saint-Office très fortement suspect d’hérésie, c’est-à-dire d’avoir accordé soutien et créance à une doctrine fausse et contraire aux Écritures sacrées et divines, à savoir que le Soleil soit le centre pour la Terre qui se déplace et qu’elle ne soit pas le centre du monde, et que l’on puisse tenir et défendre comme probable une opinion après qu’elle eut été déclarée et définie contraire à l’Écriture sainte. »

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Louis Rousseau 8Cour no 10REL 1806 Histoire du christianisme

De quelques suites à l’affaire Galilée

• À l’aube de la « science nouvelle », mathématisant la nature, l’Église romaine se montre opposée au nouveau modèle du savoir : pas de liberté de recherche

• La « science nouvelle » pose une série de nouveaux problèmes à l’instance religieuse de la société occidentale

– Il peut y avoir une double source de la vérité, une tirée de la révélation biblique, l’autre tirée de l’étude rationnelle de la nature.

• Le XVIe siècle marque la fin de l’intégration totale entre théologie et sciences rationnelles élaborée aux XIIe et XIIIe siècles. Les grands savant resteront croyants dans leur vie, mais la vérité des sciences de l’observation et des nouvelles philosophies (Descartes, etc) se heurtera de plus en plus à la résistance des opinions religieuses traditionnelles.

• La valorisation de la nouvelle méthode scientifique exigera une approche interprétative nouvelle de l’Écriture.

– À partir du XVIIIe s. , les énoncés religieux seront jugés en manque de valeur universelle par les savants, dans le combat des « Lumières ». Les sciences de l’homme s’ajoutent alors aux sciences de la nature.