34

COURS ECOLOGIE HUMAINE - …licence2anthropologie.e-monsite.com/medias/files/cours-eh-licence... · croissance s’est maintenue, l'efficacité avec laquelle les humains emploient

Embed Size (px)

Citation preview

-COURS – Intro à l’ECOLOGIE HUMAINE - Année académique : 2013-2014

_______________________________________________________________________

- 3 -

TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION ........................................................................................................................................ - 4 -

I. DEFINITIONS, PARADIGMES ET DIMENSIONS DE L’ECOLOGIE HUMAINE ................................... - 5 -

I.1.DEFINITIONS ...................................................................................................................................................... - 5 - I.2. PARADIGMES SOCIAUX RELATIFS A L’ENVIRONNEMENT .................................................................. - 6 - I.3. LES DIMENSIONS DE L’ECOLOGIE HUMAINE .......................................................................................... - 8 -

I.3.1. Dimension spatiale et temporelle .............................................................................................. - 8 - I.3.2. La perception de l’environnement............................................................................................. - 8 -

II. LES CHAMPS DE L’ECOLOGIE HUMAINE .......................................................................................... - 8 -

II.1. LE CHAMP SOCIOLOGIQUE ......................................................................................................................... - 8 - II.2. LE CHAMP ANTHROPOLOGIQUE ............................................................................................................... - 9 -

III.ECOLOGIE HUMAINE, UNE DISCIPLINE .......................................................................................... - 10 -

III.1. APPROCHES EN ECOLOGIE HUMAINE............................................................................................................... - 10 - III.2. LA PLACE DE L’ECOLOGIE HUMAINE PARMI LES DISCIPLINES SCIENTIFIQUES .................................................. - 11 - III.3. L’OBJET D’ETUDE DE L’ECOLOGIE HUMAINE ..................................................................................................... - 12 - III. 4. LES PRINCIPALES VARIABLES DE L’ECOLOGIE HUMAINE ................................................................................. - 12 -

IV. LES ETAPES DES RELATIONS ENTRE L’HOMME ET L’ENVIRONNEMENT ................................ - 14 -

IV.1. L’HOMME A L’ETAT SAUVAGE ........................................................................................................................... - 14 - IV.2. L’HOMME A L’ETAT DE BARBARIE ..................................................................................................................... - 14 - IV.3. LA CIVILISATION................................................................................................................................................ - 15 -

V. LES GRANDS PROBLEMES ENVIRONNEMENTAUX ...................................................................... - 15 -

V.1. LE CHANGEMENT GLOBAL ................................................................................................................................. - 16 - V.2. LES FORMES DE POLLUTIONS ........................................................................................................................... - 17 -

V.2.1. La pollution des mers et des océans ..................................................................................... - 17 - V.2.2. La pollution des sols et des paysages .................................................................................. - 18 - V.2.3. La pollution des sites ............................................................................................................. - 19 - V.2.4. Les déchets municipaux ........................................................................................................ - 19 - V.2.5. La pollution nucléaire ............................................................................................................ - 20 - V.2.6. La dégradation des ressources naturelles ............................................................................ - 21 -

V.2.6.1. Les ressources hydriques .............................................................................................................. - 21 - V.2.6.2. Les ressources naturelles aquatiques renouvelables .................................................................... - 21 - V.2.6.3. Les ressources forestières ............................................................................................................. - 22 - V.2.6.4. Forte empreinte écologique ........................................................................................................... - 22 -

VI.1. EVOLUTION ENVIRONNEMENTALE ET VULNERABILITE ................................................................. - 24 - VI.1.1. Pratiques environnementales et risques .............................................................................. - 24 - VI.1.2. Ecosystèmes et santé .......................................................................................................... - 27 -

VII. ECOLOGIE HUMAINE ET DEVELOPPEMENT DURABLE .............................................................. - 28 -

VII.1. ENVIRONNEMENT ET DEVELOPPEMENT DURABLE : COMPATIBILITE ET INCOMPATIBILITE.............................. - 29 - VII.1.1. Les rapports de dualité ........................................................................................................ - 29 - VII.1.2. De la dualité à la complémentarité ...................................................................................... - 30 - VII.1.3. De la complémentarité au développement durable............................................................. - 30 - VII.1.3. Le progrès en cours ou envisagé ........................................................................................ - 30 -

CONCLUSION .......................................................................................................................................... - 31 -

BIBLIOGRAPHIE ...................................................................................................................................... - 33 -

-COURS – Intro à l’ECOLOGIE HUMAINE - Année académique : 2013-2014

_______________________________________________________________________

- 4 -

INTRODUCTION

Les premiers humains ont interprété les signaux de leur environnement abiotique

pour évaluer et choisir les habitats et les ressources nécessaires à leur existence.

Ces choix se sont déroulés sans tenir compte des sensibilités biophysiques de

l’environnement. Ils ont été conduits généralement à partir de leurs seuls besoins

vitaux, comme la nourriture qui fut l'une des premières ressources à être prélevées

dans leur milieu de vie. Ces pratiques en matière de subsistance ont constitué le

début de la modification de leur environnement d’existence.

La modification significative de l'environnement par les hommes a été lancée par la

domestication du feu employé pour changer la structure de la végétation qui a du

coup influencé les populations, les animaux et les ressources disponibles, dans le

monde entier, en particulier dans les régions tropicales. L'utilisation d’outils

sophistiqués par les humains a précipité transformation de la terre dans ce qu’elle

dispose d’essentiel, notamment, l'extinction de grands vertébrés. L'agriculture a

conduit l’une des principales modifications humaines de l’environnement.

Aujourd'hui, environ 35 à 40% de la production primaire terrestre sont appropriés par

des personnes, et le pourcentage ne cesse de croître.

Les humains continueront à exercer d’importantes influences sur le fonctionnement

des systèmes écologiques de la terre, car la population humaine est destinée à

augmenter durant de nombreuses années. L'affluence de cette montée sera

accompagnée d’une plus grande consommation des ressources naturelles et, par

conséquent, de la plus grande appropriation de la production primaire de la terre.

Néanmoins, beaucoup de futurs scénarii d’écologie humaine sont possibles,

notamment, sur la façon dont la population humaine se développe et comment la

croissance s’est maintenue, l'efficacité avec laquelle les humains emploient et

réutilisent des ressources, et la valeur qu’ils attribuent à la conservation de la

biodiversité

Dans ce contexte d’analyse, l’écologie humaine se présente aujourd'hui comme le

résultat combiné de la nature évolutionnaire et des développements culturels des

humains. Elle prend en compte à la fois les humains et les actions des humains sur

l'environnement. Une approche anthropologique de l’écologie humaine s’est

-COURS – Intro à l’ECOLOGIE HUMAINE - Année académique : 2013-2014

_______________________________________________________________________

- 5 -

également préoccupée des problèmes et des soucis contemporains liés à l'état de

l'environnement général. En effet, la connaissance anthropologique a le potentiel

d'informer et d’instruire des humains sur des modes de construction et de

développement soutenables.

En conséquence, le but et les objectifs de ce module d’enseignement sont de

permettre à son terme, aux étudiants de comprendre la relation homme-nature

comme le fondement de l’écologie humaine. Ainsi, ils pourront être capables, à partir

des différentes théories, d’appréhender les enjeux écologiques liés aux activités

humaines et d'analyser objectivement les incidences écologiques liées à certaines

activités anthropiques, leur nature (risques et nuisances) et leur échelle d'impact

(niveaux local, régional, global).

. Ils devront être en mesure de :

expliquer la principale méthode de l’écologie humaine en sa qualité de

discipline d’enseignement ;

identifier les différentes formes de dégradation de la nature liées aux activités

humaines ;

pouvoir évaluer les conséquences des activités anthropiques sur la nature et

sur l’existence des hommes;

expliquer le lien entre l’écologie humaine et le développement durable.

I. DEFINITIONS, PARADIGMES ET DIMENSIONS DE L’ECOLOGIE HUMAINE

I.1.DEFINITIONS

Le mot écologie est utilisé en langue française pour la première fois autour de 1874,

sur le modèle allemand proposé par Haeckel en 1866. Mais inventé, semble-t-il, dès

1852, par le philosophe américain Thoreau, le terme écologie a désormais deux

sens :

- celui d’une discipline scientifique : étude d’ensembles, de vivants interagissant

avec leur milieu ;

-COURS – Intro à l’ECOLOGIE HUMAINE - Année académique : 2013-2014

_______________________________________________________________________

- 6 -

- le sens idéologique et politique d’une doctrine, variable selon les auteurs ou les

groupes et visant, par des moyens divers et contestés par ses adversaires, à la

protection de l’environnement.

l'écologie humaine la partie de l'écologie qui étudie l'espèce humaine,

l'activité organisée de cette espèce et son environnement.

L'écologie humaine apparue dans les années 1920 modification grandissante de

l’Environnement par l’homme à travers ses nombreuses activités (agricoles,

industrielles, etc.).

En définitive… L'écologie humaine est l'étude des interactions entre les humains avec leur

environnement, ou l'étude de la distribution et de l'abondance de l'homme. Cette définition est basée

directement sur les définitions classiques de l'écologie biologique. L’Ecologie est généralement définie

comme l'étude des interactions d'organismes avec leur environnement. Plus précisément, elle peut

être définie comme l'étude de la distribution et de l'abondance des organismes. Cette définition est

trompeuse. Elle implique beaucoup plus que ce qu'elle dit explicitement, parce que pratiquement tout

ce que les humains sont ou font (et la même chose pour toutes les espèces) affecte la répartition et

l'abondance des organismes.

Ainsi, en utilisant le terme «écologie humaine», on exprime en réalité une vaste ambition de

comprendre comportement humain.

Ecologie humaine Homme dans ses rapports à l’Environnement

I.2. PARADIGMES SOCIAUX RELATIFS A L’ENVIRONNEMENT

Toutes les transformations que subit l’environnement ont permis de développer de

nombreuses théories liées aux actions de l’homme dans son milieu.

Ecologie humaine Homme dans ses rapports à l’Environnement

Rapports dynamiques

(Élaboration de théories : conceptualisation relation Homme-Environnement)

Derrière la diversité d'approches, se trouvent différentes façons de conceptualiser le

lien entre la Population et l'Environnement à travers les schémas suivants (Figure 2).

-COURS – Intro à l’ECOLOGIE HUMAINE - Année académique : 2013-2014

_______________________________________________________________________

- 7 -

Nous avons les approches dites linéaires (ou unicausales), où le lien entre

Population et Environnement est direct et réciproque (Schéma 1).

Dans l’approche multiplicative, l'impact de la population sur l'Environnement est le

produit de la taille de la population et d'un coefficient exprimant l'impact occasionné

par une personne (Schéma 2). C’en est le cas des travaux d’EHRLICH dans son

modèle d’équation I = P.C.T4. qui réduit la réalité à des grandeurs mesurables. Il y a

également des approches de médiation dans lesquelles Population et

Environnement interagissent (Schéma 3). Ce contexte est un élément médiateur des

interactions qui déterminent les réponses relatives à l'accroissement de la population

(des changements technologiques, des migrations, des dégradations

environnementales, etc.). Il se traduit par des facteurs sociaux, économiques,

culturels ou politiques (ou tout à la fois).

Un autre modèle conceptuel dans la relation Population-Environnement est

déterminé par les processus de développement. Ce model est marqué par

l’influence de la politique et l'économie internationale ou les grands problèmes

environnementaux internationaux (Schéma 4).

Les approches systémiques (Schéma 5) de cette même relation mettent en évidence

les interactions entre le système humain (socioculturel, démographique et

économique) et le système écologique, au sein d'un système plus vaste, le système

socio-écologique.

Schéma 1. Approches linéaires :

Schéma 2. Approches multiplicatives :

× ×

4 Où, I : Impact sur l’environnement ; P : taux d’accroissement de la population ; C : taux d’accroissement de la

consommation par tête ; T : taux de changement provenant d’une orientation écologique de la production et de la consommation.

Consommation Population Technologie Environnement, ressources

Population Environnement, Ressources

EVARISTE BAKAYOKO
Texte surligné
I est l'impact sur l'environnement P population C taux d'accroissement des tetes
EVARISTE BAKAYOKO
Texte surligné
IMPORTANT

-COURS – Intro à l’ECOLOGIE HUMAINE - Année académique : 2013-2014

_______________________________________________________________________

- 8 -

Schéma 3. Approches "médiation" :

Schéma 4. Approches "développement" :

Schéma 5. Approches "systèmes complexes" :

Figure 2. Différentes conceptualisations de la relation population-environnement

I.3. LES DIMENSIONS DE L’ECOLOGIE HUMAINE

L’écologie humaine dans ses approches des problèmes environnementaux peut

s’illustrer en trois (3) dimensions :

- la dimension spatiale qui fait appel à la notion d’échelle spatiale ;

- la dimension temporelle (jour, semaine, mois, années, millénaire) ;

- la dimension de la perception.

II. LES CHAMPS DE L’ECOLOGIE HUMAINE

II.1. LE CHAMP SOCIOLOGIQUE

Ecologie humaine Homme dans ses rapports à l’Environnement

Processus de développement

Population Environnement, ressources

Contexte social, économique, politique

Population

Environnement, ressources

Systèmes humains Systèmes écologiques

-COURS – Intro à l’ECOLOGIE HUMAINE - Année académique : 2013-2014

_______________________________________________________________________

- 9 -

HOMME, partie intégrante de l’écosystème terre

Recherches et Lectures : 1. AMOS H. (1950) Hawley l’écologie humaine, une

théorie de la structure de la Communauté en 1950.

II.2. LE CHAMP ANTHROPOLOGIQUE

L'anthropologie dans son approche écologique se focalise sur les relations

complexes entre les personnes et leur environnement. Elle étudie le couple qu’une

population forme avec son environnement et les cadres de la vie sociale,

économique, et politique dans lesquels les relations se forment avec la population.

Explication matérialiste et culturelle de la société humaine

Recherches et lectures : Charles Darwin (1859) l'origine de l'espèce

-COURS – Intro à l’ECOLOGIE HUMAINE - Année académique : 2013-2014

_______________________________________________________________________

- 10 -

III. UNE DISCIPLINE, PLUSIEURS APPROCHES

III.1. Approches en écologie Humaine

- l’unidisciplinarité

Dans les années 70, l’écologie humaine commence avec une approche

unidisciplinaire. Cette approche a donné lieu à une perspective unidimensionnelle.

- l’interdisciplinarité

A partir des années 80, les recherches en écologie humaine essaient de considérer

les relations humaines dans plusieurs sens en intégrant les autres disciplines. On

aboutit alors à l’interdisciplinarité.

- la transdisciplinarité et la pensée systémique

Dès 1985, le développement de l’écologie humaine atteint un niveau

transdisciplinaire, c’est-à-dire caractérisé par des perspectives globalisantes qui

dépassent les frontières entre les disciplines.

-COURS – Intro à l’ECOLOGIE HUMAINE - Année académique : 2013-2014

_______________________________________________________________________

- 11 -

La complexité des rapports de l’homme à son environnement requiert une démarche

pouvant la saisir dans sa globalité. La pensée systémique ou encore approche

intégrée est cette démarche. Son caractère interdisciplinaire lui permet de tenir

compte de toutes les dimensions pertinentes et significatives de l’environnement et

plus particulièrement, des relations et des interactions.

III.2. La place de l’écologie humaine parmi les disciplines scientifiques

La notion d’écologie humaine, qui a surgi après les interprétations de l’école de

Chicago par les sociologues et d’autres spécialistes en sciences humaines est une

discipline de recherche de base située quelque part, entre les sciences de la nature

et les sciences sociales. Elle se présente comme l’une des diverses branches de

l’écologie. Elle ne saurait être regardée comme une discipline typique analogue aux

autres disciplines compartimentées de la recherche scientifique universitaire

classique et conventionnelle.

Elle traduit au contraire un élément épistémologique, un intérêt intellectuel qui tend à

unifier les disciplines scientifiques. En d’autres termes, l’écologie humaine constitue

une véritable science de synthèse à la charnière de toutes les disciplines tant

sociales que biologiques. C’est une science qui est au carrefour des autres sciences.

De ce point de vue, elle apparaît comme une discipline hybride dans laquelle il faut

appliquer de concert les catégories et les méthodes des sciences sociales et de la

nature. C’est une discipline récente et polymorphe dont la méthodologie et les

concepts sont pour la plupart empruntés aux sciences naturelles, biologiques et

humaines, ainsi qu’à la théorie des systèmes.

Toutefois, elle tend de plus en plus à affirmer sa spécificité, à acquérir sa propre

cohérence et son autonomie, ainsi qu’un statut scientifique claire par rapport aux

autres sciences.

Ecologie humaine

Sciences de la Nature

Sciences Sociales

Discipline hybride

Variété de disciplines : sociologie, géographie, Anthropologie, etc.

EVARISTE BAKAYOKO
Texte surligné
EVARISTE BAKAYOKO
Texte surligné
EVARISTE BAKAYOKO
Texte surligné
EVARISTE BAKAYOKO
Texte surligné
le faite de mettre l'écologie humaine entre les sciences sociales et de la nature la rend hybride .
EVARISTE BAKAYOKO
Texte surligné
EVARISTE BAKAYOKO
Texte surligné
EVARISTE BAKAYOKO
Texte surligné
EVARISTE BAKAYOKO
Texte surligné
EVARISTE BAKAYOKO
Texte surligné

-COURS – Intro à l’ECOLOGIE HUMAINE - Année académique : 2013-2014

_______________________________________________________________________

- 12 -

L’émergence et l’importance de l’écologie humaine en tant que base d’étude de

l’environnement sont davantage dues aux conséquences de la dimension et de la

différenciation récemment acquise par l’entreprise humaine dans les écosystèmes en

fonction de l’évolution des pratiques socioculturelles, des aspirations des sociétés

humaines.

III.2.1. Emprunt Concepts de Biologie

La raison d'être fondamentale de l'écologie humaine est que les concepts et les

méthodes partagées avec les sciences biologiques devraient être utiles pour

comprendre le comportement humain. Notre comportement est pris pour être juste

un cas particulier des processus écologiques généraux. Cette idée a une

démographie d'histoire dans la longue. Par exemple, les idées du pionnier Malthus

sur les explosions de populations humaines ont joué un grand rôle dans la pensée

de Darwin à propos de l’ensemble de la population (confirmation de théorie). Les

idées de Darwin sur la sélection naturelle ont à leur tour eu une grande influence

notre façon de penser à l’humain.

III.3. L’objet d’étude de l’écologie humaine

L’écologie humaine traite des diverses relations et interactions entre l’homme et

l’environnement. Elle considère les processus d’interaction entre la société et la

nature comme le fondement de la définition de la structure et de la destruction de

l’environnement. En d’autres termes, l’écologie humaine a pour objet la structure des

relations entre les hommes et la nature ou entre la société et l’environnement. En

somme, c’est la science des relations entre les êtres humains et leur monde.

En définitive, l'écologie humaine est une approche de l'étude du comportement

humain marquée par deux engagements. Tout d'abord, les écologistes de l’homme

pensent que la vis des humains devrait être étudiée à travers des systèmes opérant

dans des environnements complexes. Les sciences humaines sont balkanisées dans

plusieurs sciences sociales, humanistes, et les disciplines de la biologie

humaine. Les écologistes sont habitués à penser que la nature systémique des

organismes et des populations des différents organismes signifie que nous avons

généralement à comprendre comment les diverses parties du système fonctionnent

EVARISTE BAKAYOKO
Note
Le rapport entre l'homme et son environnement sera le premier point évoque qui sera majeur ( théorie de malthus )
EVARISTE BAKAYOKO
Texte surligné
l'obet d'etude de l'ecologie humaine est vue par les partisants des sciences naturelles et sciences sociales .
EVARISTE BAKAYOKO
Texte surligné
EVARISTE BAKAYOKO
Texte surligné
EVARISTE BAKAYOKO
Texte surligné

-COURS – Intro à l’ECOLOGIE HUMAINE - Année académique : 2013-2014

_______________________________________________________________________

- 13 -

ensemble pour produire un comportement. Les disciplines traditionnelles des

sciences humaines font une analyse sectorielle et partielle ; l’Ecologie humaine

s'efforce de tout remettre ensemble.

Deuxièmement, les écologistes de l'homme pensent que les humains sont soumis à

des processus écologiques et évolutifs très similaires à ceux d'autres espèces. Bien

sûr, les humains sont uniques, et ce fait a des conséquences importantes.

III. 4. Les principales variables de l’écologie humaine

L’environnement naturel

Le terme environnement naturel est utilisé dans son sens le plus large de façon à

inclure tous les aspects de l’environnement qui existaient avec les premières

manifestations de l’évolution de la culture et de la technologie humaine. Par

conséquent, l’environnement naturel inclut tous les composants vivants et non

vivants des écosystèmes locaux, régionaux et mondiaux susceptibles d’être

influencés par les composants artificiels que sont les conditions sociales, c’est-à-dire

l’organisation de la société et l’expérience humaine, à savoir les connaissances et le

niveau d’intervention de la société.

Les conditions de la société

Les conditions de la société englobent l’organisation et la structure de la société

humaine. Il s’agit des systèmes de production qui vont du simple prélèvement des

ressources jusqu’à la transformation industrielle en passant par l’agriculture. Il s’agit

d’un certain nombre de facteurs qui affectent à la fois l’environnement naturel et la

qualité de l’expérience humaine.

L’expérience humaine

L’expérience regroupe à la fois les valeurs propres à chaque individu, à chaque

communauté. L’expérience humaine est l’ensemble des connaissances à la fois

endogènes et exogènes.

NB : ces éléments ci-dessus analysés sont intimement liés dans le sens de la

compréhension des fondements de l’écologie humaine.

EVARISTE BAKAYOKO
Texte surligné
EVARISTE BAKAYOKO
Texte surligné
EVARISTE BAKAYOKO
Texte surligné

-COURS – Intro à l’ECOLOGIE HUMAINE - Année académique : 2013-2014

_______________________________________________________________________

- 14 -

IV. LES ETAPES DES RELATIONS ENTRE L’HOMME ET L’ENVIRONNEMENT

La nature et la société forment un système très dynamique. Leurs interactions

remontent aux étapes initiales de l’évolution sociale et culturelle de l’humanité.

De nombreux travaux (anthropologiques, ethnologiques, etc.) indiquent que l’élément

déterminant dans l’histoire de l’humanité est la production et la reproduction de la vie

humaine. MORGAN divise l’histoire de l’évolution de l’humanité en trois époques

principales : état sauvage, barbarie et civilisation, les deux premières l’occupent

seules, il divise chacune d’elles en stades inférieur, moyen et supérieur, suivant les

progrès réalisés dans la production des moyens d’existence.

IV.1. L’homme à l’état sauvage

Stade inférieur : un être vivant dans les demeures primitives des forêts tropicales

ou subtropicales et se nourrissait de fruits ou d’écorces et de racines.

Stade moyen : il commence avec le poisson comme nourriture et l’usage du feu

usage d’outils.

Stade supérieur : il commence avec l’invention de l’arc et de la flèche, grâce

auxquels le gibier devient un aliment régulier, la chasse une des branches normales

du travail. Il y eut quelques commencements d’établissements dans les villages, une

certaine maîtrise de la production des moyens d’existence (vases, tissage à la main

avec des fibres d’écorce, des outils de pierre polie néolithiques, etc.).

Période où prédomine l’appropriation des produits naturels tout fait, les

productions artificielles de l’homme sont souvent des instruments auxiliaires de cette

appropriation.

IV.2. L’homme à l’état de barbarie

Stade inférieur : c’est la date de l’introduction de la poterie. Le moment

caractéristique de la période de barbarie est la domestication, l’élevage du bétail et la

culture des plantes. Au cours de cette période, la marche du progrès serait

EVARISTE BAKAYOKO
Texte surligné
EVARISTE BAKAYOKO
Texte surligné
EVARISTE BAKAYOKO
Texte surligné

-COURS – Intro à l’ECOLOGIE HUMAINE - Année académique : 2013-2014

_______________________________________________________________________

- 15 -

influencée par les différences de qualités naturelles entre les deux grands continents

terrestres.

Stade moyen : commence dans l’Est avec l’élevage des animaux domestiques,

dans l’Ouest avec la culture des plantes alimentaires au moyen de l’irrigation, et

l’emploi à des constructions d’adobes (briques séchées au soleil) ainsi que des

pierres.

Stade supérieur : commence avec la fente du minerai de fer et passe à la

civilisation avec l’invention de l’écriture alphabétique et son emploi pour la notation

littéraire. Ce stade n’est traversé d’une manière indépendante que dans l’hémisphère

oriental.

Période de l’élevage du bétail et de l’agriculture, et d’acquisition des méthodes

pour accroître la production de produits naturels par le travail humain.

IV.3. La civilisation

La civilisation est la période où l’homme apprend l’élaboration supplémentaire de

produits naturels, de l’industrie proprement dite et de l’art. Elle s’est surtout

caractérisée par l’accroissement de la production dans toutes les branches : élevage

du bétail, agriculture, artisanat domestique en donnant à la force de travail humain, la

capacité de produire plus qu'il ne lui fallait pour sa subsistance. Ce qui aboutit à la

production du superflu, synonyme d’exploitation abusive des ressources de son

milieu. En définitive, la civilisation s’ouvre sur le progrès destructeur de

l’environnement.

V. LES GRANDS PROBLEMES ENVIRONNEMENTAUX

L’ère de la révolution des technologies a accru considérablement les possibilités de

développement matériel au prix d’un lourd tribut pour la nature. Le capital naturel

dont dépend la civilisation pour créer sa prospérité économique diminue à un rythme

rapide. Ce capital qui comprend toutes les ressources habituelles consommées par

l’homme, à savoir, l’eau, les minéraux (sol, pétrole, etc.) qui sont des systèmes qui

se détériorent dans le monde entier à un rythme effréné. Par ailleurs, l’accroissement

des effectifs de la population et l’élévation des niveaux de consommation par

personne épuisent les ressources naturelles et dégradent l’environnement. Dans de

EVARISTE BAKAYOKO
Texte surligné
EVARISTE BAKAYOKO
Texte surligné
EVARISTE BAKAYOKO
Note
DBUT DE COURS EN AMPHI 6 MEDECINE
EVARISTE BAKAYOKO
Texte surligné

-COURS – Intro à l’ECOLOGIE HUMAINE - Année académique : 2013-2014

_______________________________________________________________________

- 16 -

nombreux endroits du monde, des pénuries chroniques d’eau, la perte de terres

arables, la destruction d’habitats naturels et la généralisation de la pollution minent la

santé publique et menacent les progrès sociaux et économiques. En conséquence,

l’accroissement de la population apparaît comme une cause dominante de la crise de

l’environnement. Ainsi, l’homme se présente comme la première des causes de

l’ensemble des problèmes environnementaux qu’il convient de souligner.

Pour les économistes dits libéraux, la question porte sur les externalités ; l’acte de

production ou de consommation engendre des effets nuisibles ou favorables : le

système fonctionne en boucle avec une rétroaction permanente (feed-back) entre les

humains (ménages, entreprises) et l’environnement (Figure 4).

V.1. Le changement global

Le changement global caractérise les différents types de nuisances qui touchent à

l’ensemble de la biosphère. L’atmosphère globale est soumise à une pression

grandissante. A mesure que l’économie mondiale fondée sur des combustibles

fossiles (pétrole, charbon) se développait, les émissions de carbone augmentaient ;

elles ont largement dépassé la capacité du système naturel à fixer le dioxyde de

carbone. Il en est résulté une forte concentration de CO2. Cette accumulation de CO2

et d’autres gaz à effet de serre5 sont responsables de l’élévation de la température

au cours de ce siècle. Des prédictions notent qu’au rythme actuel de la

consommation mondiale des combustibles fossiles, les concentrations de CO2 dans

l’atmosphère devraient doubler en 2050 par rapport à leur niveau préindustriel, et

5 Terme inventé par Fourier en 1824. Il est provoqué par l’usage fréquent de combustibles fossiles.

Figure 4. L’effet boomerang

ENVIRONNEMENT

ENTREPRISES

MENAGES

EVARISTE BAKAYOKO
Texte surligné
EVARISTE BAKAYOKO
Texte surligné
EVARISTE BAKAYOKO
Texte surligné
EVARISTE BAKAYOKO
Note
TOUS CE QUE NOUS ENVOYONS A L'ENVIRONNEMENT NOUS EST RENVOYER PAR CE MEME MILIEU
EVARISTE BAKAYOKO
Texte surligné

-COURS – Intro à l’ECOLOGIE HUMAINE - Année académique : 2013-2014

_______________________________________________________________________

- 17 -

élever la température sur la terre de 1 à 3,5˚C d’ici 2100. Les énormes

conséquences pourraient être alors :

- la fonte des calottes glacières ;

- l’élévation du niveau de la mer ;

- les inondations récurrentes ;

- la perte de la biodiversité ;

- la destruction de la couche d’ozone ;

- la manifestation de maladies diverses.

V.2. Les formes de pollutions

V.2.1. La pollution des mers et des océans

Le transport de matières dangereuses et les nombreux déversements de produits

(dioxyde, titane, etc.) issus des cales de bateaux, d’hydrocarbures qui ont lieu au

cours des dernières décennies ont une grande part de responsabilité dans la

pollution des mers et des océans. En effet, on observe des concentrations variables

de polluants métalliques à la surface de l'eau et une concentration plus importante

dans les couches inférieures. En Méditerranée en revanche, ces polluants ou

métaux-traces restent plus concentrés dans les couches supérieures que dans les

couches inférieures, où ils restent en quantité relativement stable. Ces polluants

(zinc, plomb, cuivre, cadmium) proviennent de l'atmosphère et des rivières où ils sont

dus pour l'essentiel aux activités humaines. Ainsi, jusque dans les années 80, les

scientifiques ont relevé des concentrations en plomb relativement élevées.

Aujourd'hui, des scénarii d'évolution de la population, de la consommation d'énergie

et du nombre de véhicules sur la période 1980-2025 ont permis une prévision de

l'évolution des concentrations marines en plomb pour cette même période.

Il faut ajouter à cette liste les actions d’exploration pétrolière.

En dehors de ces pollutions massives, il y a le mercure provenant des appareils

électriques et des industries plastiques qui est très dangereux pour le milieu marin.

La pollution par les pesticides ou les matières organiques (riches en nitrates ou en

phosphates) y est également présente. Les activités agricoles entraînées par des

écoulements de pesticides et d'engrais (les polluants organiques persistants ou

POP) finissent souvent dans l'océan. Les courants et les vents transportent ces

polluants sur des milliers de kilomètres. L'Antarctique par exemple est ainsi touché

par des polluants venus de l'autre bout du monde. Des quantités anormalement

EVARISTE BAKAYOKO
Texte surligné

-COURS – Intro à l’ECOLOGIE HUMAINE - Année académique : 2013-2014

_______________________________________________________________________

- 18 -

élevées de certains de ces produits chimiques auraient même été retrouvées dans le

corps d'Inuits, dont l'alimentation est riche en graisses d'animaux marins, là où

s'accumulent les POP.

Le phénomène est plus dramatique au niveau des zones côtières où la pollution est

souvent plus alarmante, il s’agit du développement des ports et des estuaires

industrialisés, du dragage ou de la récupération d’agrégats. Tous ces éléments

détruisent la vie aquatique et fragilisent la santé humaine.

V.2.2. La pollution des sols et des paysages

Deux formes de pollution peuvent altérer la qualité écologique des sols :

- les éléments traces qui sont pour l’essentiel dans les métaux provenant de

l’industrie, des rejets agricoles, des mines et des déchets municipaux ;

- et les micropolluants organiques.

Les éléments traces les plus nocifs sur le plan de l’accumulation sont le mercure, le

cadmium et le plomb dont les sources de pollution sont la circulation routière et les

résidus de stations d’épuration.

Le premier danger de ces polluants réside dans leur capacité à migrer vers les eaux

et à être absorbés par les être vivants, les plantes et à se concentrer dans la chaîne

alimentaire. Cela peut produire des effets toxiques chez l’être humain.

On constate en effet une augmentation de la teneur de ces polluants dans de

nombreux sols. Ainsi, la pollution des sols par les métaux lourds ou les produits

organiques progresse non seulement dans les zones critiques, (centres industriels ou

décharges), mais également dans certaines régions rurales en raison de la pollution

atmosphérique et agricole.

En France, on dénombrait en 1996, près de 895 anciens sites industriels pollués qui

ont été recensés dans l'inventaire des sites et sols pollués. Parmi les polluants

constatés, les hydrocarbures sont en cause dans 49 % des cas, seuls ou en

mélange.

Au niveau des paysages, la qualité de certains sites, en terme de valeur paysagère

est très préoccupante. Les nombreuses réalisations humaines portant sur les lignes

électriques et téléphoniques, les barrages, les relais hertziens, l’urbanisation

-COURS – Intro à l’ECOLOGIE HUMAINE - Année académique : 2013-2014

_______________________________________________________________________

- 19 -

sauvage et l’utilisation anarchique des zones littorales concourent à la dégradation

grandissante des milieux sus-cités.

V.2.3. La pollution des sites

La notion de site pollué est complexe. Elle englobe en effet des situations très

variables des dépôts de déchets dangereux sur des sites dont les sols révèlent des

teneurs très faibles en polluants.

L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) en donne elle-

même une définition très large : « un site pollué est un terme générique qui associe

des situations diverses et variées, principalement des terrains industriels

abandonnés ou en activité sur lesquels étaient/sont installées des industries

polluantes qui ont déversé ou enfoui des déchets ou des substances toxiques ou

dangereuses pour la santé humaine ».

Le problème des sites pollués ne connaît pas de frontière. En quelques années, de

nombreux cas de pollution de sites naturels et urbanisés sont apparus sur le territoire

de l’ensemble des nations du monde. Ces situations ont toujours la même origine, à

savoir, les activités industrielles polluantes qui ont entraîné des déversements

accidentels ou volontaires (le Probo koala à Abidjan) de produits polluants sur le sol.

V.2.4. Les déchets municipaux6

Pendant des millénaires, l’humanité a jeté ses déchets dans des fosses qui attiraient

les mouches, les rats et les oiseaux, et qui dégageaient, dans l’ensemble des odeurs

infectes. Aujourd’hui, les gouvernements emploient le terme « décharge » pour

désigner cette façon de se débarrasser des déchets. Mais ces décharges sont

périodiquement couvertes de plastiques et les odeurs qui en découlent, développent

des gaz ou forment des lixiviats qui s’infiltrent dans le sol, dans les réserves d’eau

souterraine. Le marché des déchets est devenu très important dans le monde de nos

jours. Dans une ville comme Paris, les déchets ménagers correspondent à près de

500 kg par habitant et par an. Les déchets industriels s’estiment par dizaines, voire

centaines de millions de tonnes, mais le problème demeure dans le traitement et le

recyclage des déchets toxiques. En théorie, il faut les traiter à proximité des lieux de

production. Cependant, force est de constater que ces mesures ne sont pas toujours

6 Flux des déchets domestiques ou municipaux en ANNEXES (Tableau A1).

-COURS – Intro à l’ECOLOGIE HUMAINE - Année académique : 2013-2014

_______________________________________________________________________

- 20 -

respectées par les producteurs qui s’en débarrassent à des coûts dérisoires dans

des pays pauvres qui ne disposent pas la qualification technique nécessaire pour les

traiter.

La production des déchets est en nette progression dans de nombreux pays du

monde : en France, la croissance était de 8% entre 1992 et 2000 ; elle a produit 26

millions de tonnes de déchets ménagers en 2001.

Aujourd’hui, avec la révolution des emballages plastiques, il s’ensuit de nombreux

déchets plastiques. Il s’ajoute à ceux-ci, la prolifération de décharges sauvages et le

non traitement de ces déchets face à la défaillance des services de ramassage. En

définitive, les rapports de l’homme avec son environnement se situent dans des

incertitudes face à un monde qui change sans cesse.

V.2.5. La pollution nucléaire

La pollution nucléaire résulte des rejets radioactifs, thermiques et chimiques émanant

d'une installation nucléaire sur l'environnement.

Des pays comme les Etats-Unis, la France, le Japon, la Russie, la Chine,

l’Allemagne, l’Espagne, la Corée du Sud, la Canada et la Suède détiennent 90% de

la puissance électronucléaire installée dans le monde. En effet, l’industrie nucléaire

produit des déchets dont le stockage est problématique dans la mesure où certains

de ces déchets ont une durée de vie très longue. En fonction de leur niveau de

radioactivité et de leur longévité. On distingue trois catégories de déchets radioactifs

désignés par les lettres A, B et C.

- La catégorie A regroupe les déchets les moins radioactifs et dont la durée

de vie est la plus courte. Il s’agit par exemple de filtres utilisés pour traiter

l’eau, des circuits de refroidissement, des gangs, des combinaisons, etc.

La durée est de 10 jours ou légèrement au-delà.

- La catégorie B concerne les éléments contaminés par d’autres éléments à

longue durée de vie, tels que le Plutonium 239 qui met 2400 ans pour

perdre la moitié de sa radioactivité. On note également les morceaux

métalliques provenant des assemblages, des combustibles de l’usine, etc.

- La catégorie C prend en compte les produits les plus dangereux

provenant du cœur des réacteurs nucléaires qui sont enfouis dans les

centres de stockage souterrains mais doivent d’abord refroidir dans le

milieu pendant plusieurs centaines d’années.

-COURS – Intro à l’ECOLOGIE HUMAINE - Année académique : 2013-2014

_______________________________________________________________________

- 21 -

V.2.6. La dégradation des ressources naturelles

V.2.6.1. Les ressources hydriques

L’observation des photographies aériennes de la terre montre une planète bleue, ce

qui signifie que 70% de la surface du globe est recouverte d’eau. Pourtant, malgré

l’apparente abondante les habitants de la planète disposent de moins de 1% d’eau

potable, et utilisable à l’état naturel qu’ils tirent des lacs, des rivières et des puits de

surface. Quel que soit le mode d’utilisation (alimentation, irrigation, transport,

énergie, etc.), l’eau demeure une ressource indispensable pour la vie. On observe à

l’échelle mondiale, une augmentation des pénuries d’eau, causée par la surutilisation

des sources locales. De 1950 à 1953, la surface des terres irriguées est passée de

quelques 100 millions d’hectares à 240 millions d’ha. Cette augmentation a entraîné

d’énormes pressions sur la couche aquifère, les rivières et les autres sources d’eau.

La demande en eau douce est largement supérieure à l’offre et la qualité de cette

eau se dégrade rapidement.

Par ailleurs, dans un nombre croissant de pays du monde, l’eau est fortement

polluée. Selon le Programme des nations unies pour l’environnement (PNUE), près

de 10% des rivières de la planète sont extrêmement polluées.

L’érosion, la contamination par les pesticides et les ruissellements à partir des terres

agricoles polluent les sources d’eau et menacent la santé humaine et la biodiversité.

Plus d’un milliard de personnes manquent d’eau potable et les maladies hydriques

causent la mort de 25 000/jour.

V.2.6.2. Les ressources naturelles aquatiques renouvelables

Environ 160 millions d’espèces différentes ont été recensées dans les mers et dans

les océans. Pendant des décennies durant, les hommes ont cru que la mer était

inépuisable, ce qui a eu pour effet de provoquer sa surexploitation et par conséquent

son appauvrissement en certains endroits : l’évolution des techniques de pêche, à

savoir le chalutage des poissons de fond, à la pêche avec les filets droits de 40

kilomètres de large (véritable muraille de la mort) utilisés par les japonais et les

coréens dans le pacifique.

Ou encore le développement de l’activité minotière qui consiste à capturer des

poissons de petites tailles afin de les transformer en farine pour l’alimentation des

-COURS – Intro à l’ECOLOGIE HUMAINE - Année académique : 2013-2014

_______________________________________________________________________

- 22 -

porcs et des poulets. Ainsi, on estime que plus de 30 millions de tonnes de poissons

sont utilisé chaque année pour l’alimentation animale.

V.2.6.3. Les ressources forestières

La forêt est un élément essentiel des grands équilibres écologiques. Elle abrite une

part considérable de la diversité écologique mondiale. Depuis quelques années, les

enjeux forestiers ont acquis une dimension planétaire qui place la forêt au cœur des

débats désormais.

- cas spécifique de la biodiversité

Pendant presque toute l’histoire de l’évolution, le nombre d’espèces animales et

végétales a évolué diversement (en plus ou en moins). Malheureusement,

l’extraction diversifiée des formes de vie d’aujourd’hui indique que nous sommes

dans un vaste saccage de la vie animale et végétale que la terre ait connu en 65

millions d’années : 14% des 242 milles espèces recensées en 1997 par l’Union

mondiale pour la nature sont menacées d’extinction, près de 7000 sont en danger

immédiat de disparition et 8000 autres exposées à ce risque.

La principale cause d’extinction pour les végétaux est la destruction de leur habitat,

souvent due aux défrichements, pour l’agriculture et l’élevage au drainage des terres

humides pour les besoins.

La situation des espèces animales est tout aussi préoccupante, car sur les 9600

espèces d’oiseaux du monde, les 2/3 sont en voie de disparition, alors que 11% sont

menacés d’extinction.

V.2.6.4. Forte empreinte écologique

Le rapport Planète vivante du WWF fait l'état des lieux des pressions exercées sur

les ressources naturelles et prévoit qu'en 2050, l'humanité consommera deux fois ce

que la planète peut produire si les individus conservent le même rythme de

développement (Cf. Figure A1. Composantes de l’Empreinte écologique en Annexes)

Entre 1970 et 2003, la planète a perdu 30 % de sa productivité écologique globale,

affirme le WWF dans le rapport " Planète vivante 2006 ", une étude que l'ONG a mis

en œuvre depuis 1998 pour évaluer l'empreinte écologique de l'humanité sur la

Terre. L'étude s'appuie sur deux indices : l'empreinte Ecologique, qui mesure

-COURS – Intro à l’ECOLOGIE HUMAINE - Année académique : 2013-2014

_______________________________________________________________________

- 23 -

l'étendue de la demande humaine sur les écosystèmes et l'Indice Planète Vivante,

qui mesure l'état de la biodiversité dans le monde et montre la pression menaçant de

nombreuses ressources naturelles. L'on constate un rythme d'atrophie de la capacité

de régénération terrestre (ou biocapacité) inégalé dans l'histoire humaine, conduisant

à une dette écologique de plus en plus élevée. "L'empreinte écologique a dépassé la

biocapacité de la Terre en 2003 de 25 %, souligne le rapport. La capacité de

régénération de la Terre ne peut plus désormais suffire à la demande des humains,

qui transforment en déchets les ressources trop rapidement pour que la nature

puisse les régénérer. L'humanité ne vit plus des intérêts produits par la nature mais

entame son capital. Cette pression croissante sur les écosystèmes engendre la

destruction d'habitats productifs, la détérioration ou la perte permanente de leur

productivité, menaçant à la fois la biodiversité et le bien-être des humains."

C'est "l'empreinte" laissée par les émissions de gaz à effet de serre (GES) en raison

de l'utilisation croissante de combustibles fossiles qui est la plus importante de

toutes, parce qu'elle engendre des changements globaux qui dénaturent les

écosystèmes et réduisent leur productivité écologique globale. Les émissions de

GES contribuent pour la moitié de tous les phénomènes de dévastation ou d'atrophie

des grands écosystèmes dont l'humanité dépend pour se nourrir, se loger ou pour

son économie.

Encadré 1

Actuellement, l'empreinte dans les pays du Moyen orient et de l'Asie centrale est en

moyenne de 2,2, celle de l'Europe est de 4,8 (5,6 pour la France) et celle des Etats -Unis de

9,6 ( 7,6 pour le Canada). Elles font partie des plus mauvais bilans avec les Emirats Arabes

Unis (11,9 ha) et la Finlande (7,6 ha). L'empreinte écologique de l'Europe est d'ores et déjà

deux fois trop élevée alors qu'elle se situe dans la voie médiane de l'indice. Quand au bilan

français, il n'est pas reluisant : le pays est classé parmi les douze plus mauvais sur les 147

pays de l'indice, en raison de sa consommation énergétique, fossile et nucléaire. Un

Français " consomme " 5,6 ha alors que la moyenne par individu devrait se situer autour de

1,8 ha, selon l'évaluation moyenne par habitant de la superficie disponible biologiquement

productive. Ces chiffres nous placent en situation de dette par rapport aux pays en

développement qui sont eux très en dessous des 1,8 ha par habitant.

D'une manière globale, l'indice Planète Vivante, qui mesure l'évolution de la diversité

biologique de la Terre, montre que les espèces terrestres ont connu une baisse de 31%

entre 1970 et 2003, et l'indice marin un déclin de 27 % pour la même période. La disparition

-COURS – Intro à l’ECOLOGIE HUMAINE - Année académique : 2013-2014

_______________________________________________________________________

- 24 -

de certaines espèces à forte valeur économique, comme le cabillaud et le thon, est

désormais avérée. En dehors des pays en développement, l'humanité consomme donc trop,

et ce depuis plus de vingt ans.

Ces différentes analyses impliquent que l’activité humaine est en dépassement

écologique : nous consommons davantage de ressources naturelles que la planète

ne peut en régénérer. Nous en excédons les limites : nous utilisons l’eau plus

rapidement qu’elle ne se recharge dans le sol, nous coupons les forêts plus

rapidement qu’elles ne se régénèrent, nous injectons du CO2 dans l’atmosphère plus

rapidement qu’elle ne peut le stocker. Le stock de capital naturel de la planète est en

voie d’épuisement, érodant l’offre future en ressources naturelles, au risque d’un

véritable effondrement environnemental qui n’épargnera certainement pas les êtres

humains.

Face à cette situation, l’on se demande, comment dès lors répondre aux défis

écologiques sans précédent posés en termes de déforestation massive, de pollution

des nappes phréatiques, de gaz à effet de serre ou de percement de la couche

d’ozone ? Autrement dit, une approche intégrant écologie humaine et développement

durable s’avère nécessaire.

VI.1. EVOLUTION ENVIRONNEMENTALE ET VULNERABILITE VI.1.1. Pratiques environnementales et risques

Peut-on vivre et travailler dans un environnement malade ? Malgré les progrès, des

facteurs environnementaux affectent dramatiquement la santé de nombreuses de

populations.

Evolutions culturelles

De nombreux risques de maladies (surtout transmissibles) sont liés aux stades

culturels successifs de la société :

- chez les chasseurs-cueilleurs (nomadisme, faible densité humaine,

ressources alimentaires abondantes), il y aurait peu de maladies, avec

l'apparition de l'agriculture, au néolithique. Celles-ci ont explosé à

l’accélération démographique, avec la famine, la promiscuité avec le bétail et

les rongeurs et les défrichements (développant le paludisme) ;

-COURS – Intro à l’ECOLOGIE HUMAINE - Année académique : 2013-2014

_______________________________________________________________________

- 25 -

- à l'âge préindustriel, les grandes épidémies (variole, typhus, peste) liées à

l’expansion urbaine ont fait leur apparition ;

- à l'âge industriel, les endémies (tuberculose), la diffusion des maladies

avec les conquêtes, le plus souvent en direction des pays colonisés, parfois

en sens inverse ont été développées.

En somme, il convient de retenir dans tout ce qui précède qu’il existe une coévolution

entre les pratiques et les habitudes culturelles dans un milieu donné et l’homme.

Exploitations minières

Dans plus d’une trentaine de pays en développement, l’activité minière représente

entre 15 à 50% des exportations vers les pays industrialisés. Elle occupe à ce titre

une place de choix dans l’économie de ces pays du Sud avec près 13 millions

d’emplois. Elle affecte en retour la santé de 80 à 100 millions de personnes et

provoque d’énormes pressions sur les écosystèmes. En effet, la phase d’exploration

d’une mine donne lieu à de nombreux dommages biophysiques. Les vols

exploratoires à basse altitude effraient la faune. Les excavations provoquent

l’érosion, favorisent le contact de contaminants avec les cours d’eau et modifient les

habitudes des animaux. Elle génère également des déchets gazeux, liquides et

solides potentiellement dangereux, etc. En Afrique, en Amérique Latine et en Asie,

de nombreuses rivières ont été déclarées biologiquement mortes.

Dans un environnement minier, la santé humaine, aussi bien physique que mentale,

subit d’importantes agressions (problèmes respiratoires, les bruits, les vibrations, la

contamination de l’eau potable. L’exploitation minière limite également l’accès aux

terres cultivables et occasionne une diminution de la production alimentaire.

Encadré 2

Au Brésil, le corridor de 900 km de longueur, taillé dans la jungle à partir de l’océan Atlantique pour rejoindre l’énorme mine de Carajas, a eu un impact sur 300 000 km2. La découverte de l’or le long de la rivière Tapajos en 1958 a provoqué l’afflux de quelque

200 000 prospecteurs et mineurs dans une région sauvage sans infrastructure sanitaire.

-COURS – Intro à l’ECOLOGIE HUMAINE - Année académique : 2013-2014

_______________________________________________________________________

- 26 -

Activités agricoles La production agricole entraîne des transformations profondes de l’environnement

physique et humain. On note qu’environ 11% (1 440 millions d’hectares) des terres

de la planète sont des terres arables et leur gestion laisse souvent à désirer. La

pollution par les pesticides et les engrais, la salinisation et la contamination par les

métaux lourds conjuguées à l’épuisement des sols ont mis hors jeu 2% des terres de

la planète. Dix millions d’hectares de terres cultivées sont maintenant dégradées de

façon irrécupérable. Des fluctuations de la demande pour les différents produits

agricoles provoquent des changements de l’écosystème qui ont un impact sur la

santé des agriculteurs. Par exemple, les rizières accueillent les vecteurs de maladies

comme le paludisme et schistosomiase ; les fluctuations des troupeaux modifient la

densité des insectes piqueurs et suceurs de sang ; l’utilisation de nouveaux

pesticides apportent son lot de risques d’empoisonnement. En Asie du Sud-est, les

plantations d’hévéas, de palmiers à huile et d’arbres fruitiers créent des conditions

favorables au paludisme. En Amazonie, les familles défrichant leur lopin de terre

arraché à la forêt libèrent un mercure emprisonné dans les sols depuis des centaines

de milliers d’années. Au terme d’un long processus, ce mercure se retrouve sous

forme toxique dans leur corps et celui de leurs enfants. L’impact de l’agriculture a

transformé l’épidémiologie de certaines maladies, comme le paludisme et la

leishmaniose, qui sont devenus épidémiques, ou en a introduit d’autres comme la

bilharziose, la maladie de Chagas (qui est endémique depuis la préhistoire dans les

Andes), ou la rage, propagée au bétail par les chiroptères hématophages.

En somme, les effets désastreux, liés aux diverses activités agricoles exacerbent les

tensions environnementales de la déforestation et du surpâturage. Celles-ci

diminuent la capacité de rebondir ou résilience des écosystèmes exploités.

Toutes ces pratiques anthropiques affectent les écosystèmes et mettent en péril la

survie des humains.

Pauvreté

Selon le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), l’écart entre

riches et pauvres a doublé depuis les dernières décennies. A l’heure actuelle, le

cinquième plus riche de la population du globe jouit d’un revenu 150 fois supérieur à

celui du cinquième le plus pauvre. Aujourd’hui, 1,3 milliards de personnes se

couchent chaque soir sans avoir mangé et la faim ou les maladies infectieuses tuent

13 millions d’enfants chaque année. L’Afrique n’a pas pu produire une quantité

-COURS – Intro à l’ECOLOGIE HUMAINE - Année académique : 2013-2014

_______________________________________________________________________

- 27 -

suffisante d’aliments pour ses propres besoins depuis 1970. La pauvreté est à la fois

une source environnementale et en constitue également une menace. Non

seulement les pays pauvres ne possèdent pas suffisamment de ressources

financières pour s’acheter des machines non polluantes, mais encore un grand

nombre d’habitants sont tellement pauvres qu’ils doivent couper le peu d’arbres qu’il

leur reste pour se chauffer et pour cuisiner. Parce qu’ils manquent de nourriture, ils

cultivent en épuisant le sol, pendant que leur bétail rase la végétation. Quelques fois,

ceux-ci sont forcés de se nourrir des graines dont ils ont besoin pour ensemencer les

cultures de l’année suivante. En somme, les systèmes d’exploitation des ressources,

fondés sur la nécessité de survivre, de faire face aux conditions mondiales et de

gagner de l’argent provoquent de véritables massacres écologiques en enfonçant les

peuples dans la spirale de la misère.

VI.1.2. Ecosystèmes et santé

L’approche écosystème et santé souligne les liens inextricables entre les humains et

leurs environnements biophysique, social et économique et ces liens se répercutent

sur leur santé.

Les problèmes de santé associés à l’environnement ont débuté le jour où les

humains ont commencé à respirer la fumée des feux aménagés dans les cavernes

qu’ils habitent. Le personnage pour le moins excentrique du « chapelier fou » est une

allusion aux troubles de comportement dont étaient affligés autrefois les chapeliers

qui devraient manipuler du mercure lors de la fabrication des chapeaux de feutre.

Les effets nocifs des produits chimiques et des métaux toxiques sont nombreux et

variés :

- carcinogènes : se dit d’une substance qui provoque ou favorise l’apparition de

cancers;

- tératogénicité : capacité d’une substance à provoquer des malformations

congénitales ;

- trouble neurologique : désordre indiquant un état pathologique du système

nerveux, etc.

Les effets enregistrés, des produits chimiques toxiques sur les êtres vivants sont le

cancer, la mort, les comportements anormaux. Il existe aussi des effets moins

visibles qui modifient l’équilibre chimique de l’organisme et provoquent des

anomalies de la glande tyroïde, du foie et du système endocrinien.

Certains produits chimiques les plus inquiétants sont ceux qui s’accumulent dans la

chaîne alimentaire selon deux processus :

-COURS – Intro à l’ECOLOGIE HUMAINE - Année académique : 2013-2014

_______________________________________________________________________

- 28 -

- par bioaccumulation, c’est-à-dire des substances toxiques provenant, soit de

l’environnement par absorption par des organismes vivants, soit absorbées

pendant les aliments dans les cellules adipeuses ;

- par bioamplification : processus par lequel, il y a augmentation cumulative

de la teneure d’une substance toxique au fur et à mesure que l’on s’élève

dans la hiérarchie de la chaîne alimentaire, qui se produit lorsque le rythme

d’ingestion de cette substance est supérieur au rythme d’excrétion ou de

métabolisation.

Par ailleurs, les perturbations écologiques, quelles soient directement anthropiques,

ou indirectes, via l’effet de serre, ont fait évoluer la distribution de la pathologie

infectieuse et parasitaire. Dans certains cas, c'est l'afflux de travailleurs dépourvus

d'immunité dans des zones insalubres comme dans les forêts du sud-est de la

Thaïlande ou ailleurs, l'extension des petits barrages, causant une extension brutale

du paludisme ou de la bilharziose. L'abattage de la forêt constitue un front

épidémique où le contact entre certains vecteurs de pathogènes (fièvre jaune,

leishmanioses), et les travailleurs est favorisé. Les clairières assurent des conditions

favorables à d'autres vecteurs (Anophèles gambiae en Afrique). Les migrations et

brassages de populations ont provoqué un essor spectaculaire des maladies

transmissibles, vénériennes notamment. L'émergence d'infections virales à

incubation lente (rétrovirus, virus lents neurotropes) n'est probablement pas

étrangère à ces modifications plus sociologiques qu'environnementales.

VII. ECOLOGIE HUMAINE ET DEVELOPPEMENT DURABLE

Le modèle de développement des pays industrialisés tel qu’il évolué au cours deux

siècles précédents a élevé le niveau de vie d’une part importante de l’humanité d’une

manière inespérée. Il nous a procuré une alimentation remarquablement diversifiée,

une consommation de biens matériels sans précédent et une mobilité impensable.

Cependant, au regard des grands enjeux écologiques auxquels la planète est

confrontée, l’on se rend compte que ce modèle actuel de développement

économique, fondé sur l’utilisation massive des combustibles fossiles est inefficace

et ne peut perpétuer la vie normale et, lui-même ne peut se perpétuer parce qu’il

-COURS – Intro à l’ECOLOGIE HUMAINE - Année académique : 2013-2014

_______________________________________________________________________

- 29 -

détruit les écosystèmes dont il dépend. Or une économie n’est viable que s’il

respecte les principes de développement durable7.

Selon la théorie économique actuelle, héritée d’Adam Smith, l’homo economicus doit

tendre vers la plus grande productivité de trois facteurs: le travail, le capital et les

matières premières. Mais une brève analyse de l’enseignement dans les

départements d’économie et des pratiques dans les entreprises suffit pour constater

que les sociétés industrielles ne mettent présentement l’accent que sur les deux

premiers facteurs et négligent le troisième. En effet, elles recherchent avidement une

plus grande productivité de la main d’œuvre (produire plus avec une force de travail

réduite) et une plus grande productivité du capital (obtenir un plus grand retour sur

investissement à moindre risque), mais font très peu d’efforts pour améliorer la

productivité des matières premières. Peut-être est-ce dû au fait que les notions de

productivité, de travail et de capital sont surtout l’objet d’étude des facultés

d’économie, alors que l’utilisation (et non la productivité) des matières premières

relève plutôt des facultés de génie? En somme, le modèle économique

présentement en vigueur ne semble pas savoir comment répondre aux besoins de la

population mondiale croissante avec les ressources disponibles, parce qu’il

n’applique même pas les principes de sa propre théorie.

Alors que toutes les sciences ont évolué vers une approche systémique, les

économistes demeurent étonnamment attachés à leur vision linéaire, surtout au

niveau micro-économique des sciences de la gestion. Autrement dit, notre modèle

économique néglige de comptabiliser les plus grands stocks que nous utilisons: les

ressources naturelles et les écosystèmes, aussi bien que les systèmes sociaux et

culturels qui constituent la base du capital humain.

VII.1. Environnement et développement durable : compatibilité et

incompatibilité

Les rapports entre environnement et développement sont souvent conflictuels, la

question est pourtant de savoir si développement et environnement ne peuvent-ils

pas être complémentaires pour aboutir à un développement durable ?

VII.1.1. Les rapports de dualité

7 Qui est celui qui répond aux besoins des populations actuelles sans compromettre la capacité des générations

futures de répondre aux leurs.

-COURS – Intro à l’ECOLOGIE HUMAINE - Année académique : 2013-2014

_______________________________________________________________________

- 30 -

En dehors de certains risques naturels comme les éruptions volcaniques, les

tremblements de terre, les tempêtes tropicales, les séismes, etc. et de certaines

agressions comme l’érosion littorale ou des zones arides dues à des forces de la

nature, la dégradation de l’environnement naturel et du cadre de vie est

principalement le fait de l’homme. Elle résulte des différentes opérations de

développement conduit dans l’espace et cela sans considération de l’environnement.

VII.1.2. De la dualité à la complémentarité

L’expérience montre que le développement ne peut se faire sans nuire à

l’environnement, ou inversement que l’environnement ne peut être protégé sans

toutefois freiner, voire arrêter le développement. A l’analyse, il existe plutôt une

relation étroite entre le développement et l’environnement :

- Les problèmes de l’environnement peuvent compromettre le développement

directement ou indirectement ;

- le développement peut également influencer l’environnement, il est donc

indispensable de concilier développement et environnement.

VII.1.3. De la complémentarité au développement durable

Autant la protection de l’environnement pour la survie de l’homme et l’amélioration de

la qualité de vie reste une préoccupation de la communauté internationale

(Stockholm 1972, Rio 1992, Johannesburg 2002), autant le développement durable

est devenu une préoccupation clairement exprimée et soutenue à Rio dans l’agenda

21 : réaliser le développement durable sur la terre au 21e siècle pour la survie de la

planète.

Au delà des dispositions légales et institutionnelles, la nouvelle économie doit

reposer sur une nouvelle conception, celle de renoncer à l’épuisement des

ressources naturelles, en s’appuyant sur les énergies renouvelables, la réutilisation

et le recyclage des matériaux et sur la politique de planification économique.

VII.1.3. Le progrès en cours ou envisagé

Depuis Rio (1992), les Nations Unies ont interdit le rejet de radioactifs dans les

océans et réduit la pollution atmosphérique et marine d’origine terrestre. On s’efforce

-COURS – Intro à l’ECOLOGIE HUMAINE - Année académique : 2013-2014

_______________________________________________________________________

- 31 -

également de protéger les ressources naturelles menacées et d’enrayer l’avancée

des déserts.

Dans le monde, des efforts ont été accomplis pour parvenir :

- à décontaminer un nombre de ports de décharges toxiques ;

- d’adopter de nouvelles lois pour mieux protéger les ressources naturelles ;

- la maîtrise à terme des émissions de méthane et autres gaz ;

- la relance de la politique de maîtrise de l’énergie dans tous les secteurs

(promotion des énergies renouvelables). A cet effet, nous disons que l’une

des conséquences des chocs pétroliers de 1973 et de 1979 a été la prise

de conscience que le coût des énergies fossiles ne pourrait aller que

croissant et, que les réserves de pétrole et de gaz n’étaient pas

inépuisables. C’est pourquoi, les énergies renouvelables s’imposent

comme un grand espoir de substitution.

Le concept d’énergie renouvelable recouvre des technologies et des domaines très

divers parmi lesquels :

- les biocarburants, c’est-à-dire à partir de la biomasse ;

- l’énergie éolienne ;

- l’énergie solaire ;

- le bois d’énergie ;

- la conversion photovoltaïque ;

- la géothermie (chaleur du sol), etc.

La question est de savoir comment mettre à la disposition des Etats, des moyens

techniques pour valoriser ces énergies renouvelables.

CONCLUSION

L’écologie humaine en tant que discipline est une méthodologie autant qu'un

domaine de recherche. C'est une manière de penser au monde, et un contexte dans

lequel nous définissons nos questions et manières de répondre à ces questions

grâce à une approche interdisciplinaire. Elle explore non seulement l'influence des

humains sur leur environnement, mais également l'influence de l'environnement sur

le comportement humain, et leurs stratégies adaptatives. A ce titre, elle a permis de

montrer que ces stratégies adaptatives des humains ont largement influencé

-COURS – Intro à l’ECOLOGIE HUMAINE - Année académique : 2013-2014

_______________________________________________________________________

- 32 -

l’environnement. En effet, si les hommes n’ont pas attendu la révolution industrielle

pour agir en profondeur sur les biotopes qu’ils exploitaient, cependant, il existe de

grandes différences entre ces altérations d’autrefois et celles qui affectent

aujourd’hui la biosphère. L’une d’elles tient à l’échelle d’intervention. Alors que jadis

l’interaction entre les sociétés et leur milieu physique était d’ordre local, l’expansion

démographique et industrielle mondiale lui confère désormais un caractère global et

cumulatif, aux effets macroclimatiques avérés. Autre différence majeure est qu’en

dépit de flux croissants d’informations sur les pollutions engendrées par l’homme,

celles-ci renvoient à des réalités trop distantes et abstraites pour vraiment

sensibiliser le plus grand nombre. En fait, les consommateurs se rendent de moins

en moins compte de l’impact écologique précis qu’a la production des biens qu’ils

acquièrent, d’abord parce qu’une proportion croissante d’entre eux vivant désormais

en ville, est inscrite dans la mobilité et est « coupée de ses conditions objectives

d’existence », selon la formule de Karl Marx. Ensuite, parce que, face à la

globalisation des échanges, la plupart des biens consommés proviennent de lieux

distants, le plus souvent inconnus. Dans ces conditions, les traits qui avaient

tendance à permettre la pérennisation des écosystèmes anthropisés du temps jadis

sont de moins en moins applicables. En vertu de la « théorie de la résistance » que

certains éco-archéologues ont récemment développée, ces traits tenaient d’une part

au caractère épisodique des changements technologiques, à la nature parcellaire et

discontinue des processus et types d’ajustement qu’ils engendraient, ainsi qu’à la

multiplicité des équilibres, mais aussi des évolutions qu’un même écosystème

pouvait réaliser. Or, aujourd’hui, le caractère parcellaire et épisodique de ces

changements cède le pas à des mutations continues, relativement homogènes et

aux effets amplifiés.

-COURS – Intro à l’ECOLOGIE HUMAINE - Année académique : 2013-2014

_______________________________________________________________________

- 33 -

BIBLIOGRAPHIE ---------------------------------------------------------

BARROWS, H.H. 1933 Lectures on the historical geography of the United States. Chicago, The

University of Chicago Press.

BENNET J.W., 1993, Human Ecology as Human Behavior : Essays in Environmental and Developmental Anthropology. New Brunswick, Transactions Publishers.

BOGUE, D.J., BOGUE, E.J. 1976. Essays in Human Ecology. Chicago, Community and family study center.

BOSERUP E., (1994) L'innovation contre Malthus, in Locatelli B., (2000) Démographique et

construction du paysage des tropiques humides : l'exemple de Mananara (Madagascar),

Thèse de doctorat ENGREF, Montpellier, p.451.

CATTON W. R. et DUNLAP R.E., (1978) Environmental sociology : A new paradigm, the American

sociologist, vol.13, pp.41-49.

DESCOLA P, 1986, La nature domestique. Symbolique et praxis dans l'écologie des Achuar. Paris, Maison des Sciences de l'Homme.

DEUTSCH K.W., 1974 On the interaction of ecological and political systems: some potential

contributions of the social sciences to the study of man and his environment. Information sur

les sciences sociales, 13(6), pp.5-15.

DUNCAN O.D., 1961 The ecological Conscience : values survival, Englewood Cliffs, Prentice-hall. DURKHEIM, E. 1893 De la division du travail social, Paris, Presses Universitaires de France, éd.

1930/1978. EHRLICH P., 1968 The population bomb. New York. Ballantine Press, p.68.

ELLEN R., 1996, "Introduction" : 1-36, in E. Roy et K. Fukui (dir.), Redefining Nature. Ecology, Culture and Domestication. Oxford, Berg.

EMILIO F. Moran, 1982. Human Adaptability: An Introduction to Ecological Anthropology, Boulder (Colorado), Westview Press.

FEIT H. A, 1994, "Partenariats autochtones pour le savoir et la recherche sociale dans le Nord" : 44-56, in J. Stager (dir.), Le Canada et la science polaire. Actes d'un congrès parrainé par la Commission canadienne des affaires polaires. Yellowknife, Commission Canadienne des Affaires Polaires.

FERRY Luc, 1992, Le nouvel ordre écologique. L'arbre, l'animal et l'homme. Paris, Grasset.

FRIEDBERG C, 1991, "Ethnoscience" : 252-255, in P. Bonte et M. Izard (dir.), Dictionnaire de l'ethnologie et de l'anthropologie. Paris, Presses Universitaires de France.

FROMENT A. 1986. Aspects nutritionnels de l'Anthropologie. in : L’homme, son Evolution, sa Diversité. Manuel d'Anthropologie Physique, sous la direction de Ferembach D. et al., Doin-CNRS, Paris, pp. 347-357.

GREGORY Bateson, 1972. Steps to an Ecology of Mind, New York, Ballantine Books; Roy RAPPAPORT A. 1979. Ecology, Meaning and Religion, Richmond, North Atlantic Books.

HAUSER, P., SCHNORE L. (eds). 1965. The Study of Urbanization. New York, Wiley. HAUSER, P., dir. 1965 Manuel de la recherche sociale dans les zones urbaines. Paris. Firmin-Didot, UNESCO.

-COURS – Intro à l’ECOLOGIE HUMAINE - Année académique : 2013-2014

_______________________________________________________________________

- 34 -

HAUSER, P.M., DUNCAN, O.D. (eds). 1959. The study of Population: an Inventory and Appraisal.

Chicago, University of Chicago Press. HAWLEY, A. 1950 Human ecology, New York, Ronald Press. LLEWELYN, E.C., HAWTHORN, A.

1947. L’écologie humaine, in G. Gurvitch, La sociologie au XXe siècle. Paris, PUF, n° 1, p. 477-510.

HOLLING, C. S., L. H. Gunderson, and D. Ludwig. 2002. In quest of a theory of adaptive change. Pages 3–22 in L. H. Gunderson and C. S. Holling, editors. Panarchy: understanding transformations in human and natural systems. Island Press, Washington, D.C., USA.

HUNN E., 1989, "Ethnoecology : The Relevance of Cognitive Anthropology for Human Ecology" : 143-164, in M. Freilich (dir.), The Relevance of Culture. New York, Bergin et Garvey.

INGOLD Tim (dir.), 1994, Companion Encyclopedia of Anthropology: Humanity, Culturend Social Life. Londres, Routledge.

JONAS H., 1992, Le principe responsabilité. Une éthique pour la civilisation technologique. Paris, Fayard.

LANCE H. GUNDERSON & C. S. HOLLING, 2002. Panarchy : Understanding Transformations in Human and Natural Systems, Washington, Island Press; et surtout CHARLES Redman & Ann KINZIG, P. 2003. « Resilience of Past Landscapes: Resilience Theory, Society, and the Longue Durée », Conservation Ecology, 7, art. 14. http://www.consecol.org/vol7/iss1./art14].

LOCATELLI B., (2000) Démographique et construction du paysage des tropiques humides : l'exemple

de Mananara (Madagascar), Thèse de doctorat ENGREF, Montpellier, p.451

MAILHOT J., 1993, Le savoir écologique traditionnel. La variabilité des systèmes de connaissance et leur étude. Montréal, Dossier-synthèse No. 4. Évaluation environnementale du projet Grande Baleine.

MALTHUS T.R., (1992) Essai sur le principe de population. (J.P. Maréchal, 1ere ed. 1798). Paris,

Flammarion, pp.13-64.

MARQUETTE C.M. et BILSBORROW R., (1997) Population and environment relationships in

developing countries: a select review of approaches and methods. in: Baudot B. et Moomaw

W. (Eds.), The population, environment, security equation . New York: MacMilian, pp.68-72.

MARX, K. 1967 (1867). Capital, Vol. I. International Publishers, New York, New York, USA.

MCCAY, B., and J. M. Acheson, editors. 1987. The question of the commons: the culture and ecology of communal resources. University of Arizona Press, Tucson, Arizona, USA.

MCKENZIE, R.D. 1929. Ecological succession in the Puget Sound region, Publications of the American Sociological Society, vol. 23, reprint in A. Hawley, ed., R. McKenzie on Human Ecology.

MCKENZIE, R.D. 1934. Industrial expansion and the interrelations of peoples, in E. B. Reuter, Race and culture contacts, New-York, McGraw-Hill, PARK, R.E., BURGESS E., eds.1921. Introduction to the science of sociology, Chicago,

MILTON K. (dir.), 1993, Environmentalism. The view from Anthropology. Londres, Routledge.

MILTON, Kay. 1997. Ecologies: Anthropology, Culture and the Environment. Electronic document. http://web7.searchbank.com. February 5, 1999.

-COURS – Intro à l’ECOLOGIE HUMAINE - Année académique : 2013-2014

_______________________________________________________________________

- 35 -

MORAN E. F. (dir.), 1990, The Ecosystem Approach in Anthropology : From Concept to Practice. Ann Arbor, University of Michigan Press.

MORGAN, L. H. 1877. Ancient society. Holt, Rinehart and Winston, New York, New York, USA.

NETTING, Robert McC. 1996. Cultural Ecology. In Encyclopedia of Cultural Anthropology. Four Volumes. David Levinson and Melvin Ember, eds. Pp. 267-271. New York: Henry Holt.

ODUM, E. P. 1953. Fundamentals of ecology. W. B. Saunders, Philadelphia, Pennsylvania, USA.

ORLOVE B., 1980, "Ecological Anthropology", Annual Review of Anthropology, 9 : 235-273.

PALLONI A., (1994) The relation between population and deforestation : methods for drawing causal

interferences from macro and micro studies, in LOCATELLI B., (2000) Démographique et

construction du paysage des tropiques humides : l'exemple de Mananara (Madagascar),

Thèse de doctorat ENGREF, Montpellier, p.451

PARK, R.E. 1936. Human Ecology, American Journal of Sociology, reprint in Park, R.E., 1952. Human Communities, the City and Human Ecology. Glencoe, Ill., the Free Press.

PARK, R.E., BURGESS E. et al., eds. 1967. The city, Chicago, University of Chicago Press. QUINN, J.A. 1950. Human ecology. New York, Prentice-Hall.

RAPPAPORT, R. A. 1968. Pigs for the ancestors: ritual in the ecology of a New Guinea people. Yale University Press, New Haven, Connecticut, USA.

SALZMAN, Phillip Carl and DONALD W. Attwood. 1996. "Ecological Anthropology." In Encyclopedia of Social and Cultural Anthropology. Alan Barnard and Jonathan Spencer, eds. Pp. 169-172. London: Routledge.

SERRES Michel, 1990, Le contrat naturel. Paris, François Bourin.

SMITH E. A. et B. WINTERHALDER (dir.), 1992, Evolutionary Ecology and Human Behavior. New York, Aldine de Gruyter.

SMITH, E. A. 1984. Anthropology, evolutionary ecology, and the explanatory limitations of the ecosystem concept. Pages 51–85 in E. F. Moran, editor. The ecosystem concept in anthropology. Westview Press, Boulder, Colorado, USA.

SORRE, M. 1928. L’écologie de l’homme, p. 325-328 in Actes du Congrès International de Géographie, Union Géographique Internationale, Cambridge.

STEWARD, Julian. 1977. Evolution and Ecology: Essays on Social Transformations. Jane C. Steward and Robert F. Murphy, eds. Urbana: University of Illinois Press.

THEODORSON G. 1961. Studies in human ecology. New York, Harper and Row.

VAYDA, Andrew P., ed. 1969 Environment and Cultural Behavior. Garden City, New York: The Natural History Press.

WINTERHALDER, B. 1984. Reconsidering the ecosystem concept. Reviews in Anthropology 11:301–307.

YOUNG, G. L. 1974. Human ecology as an interdisciplinary concept: a critical inquiry. Advances in Ecological Research 8:1–105.