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Coût de l’endettement et
performance financière des
entreprises marocaines
Rachid ELHILA
Enseignant chercheur
Laboratoire MADEO- EST Oujda
Mail : [email protected]
Rachid ELHILA 108
Dossiers de Recherches en Economie et Gestion : Numéro spécial : Décembre 2014
Résumé
L’endettement est assurément une source fondamentale, voire inévitable
de financement. Il est souvent considéré comme une opportunité mais en même
temps, peut constituer un véritable fardeau pour les entités qui y recourent.
En effet, l’endettement représente un élément moteur de la croissance. Il a
pour mission de soutenir le développement et l’amélioration des performances. Il
permet également d’accompagner les opérations de l’entreprise en finançant les
besoins courants ou urgents nés de l’exploitation. Cependant le recours à
l’endettement n’est pas gratuit. Il est générateur de coût et de difficultés en
entraînant le paiement de charges financières parfois lourdes. Il est soumis à un
échéancier de remboursement inflexible. Les contraintes de l’endettement
peuvent atteindre des niveaux tels que l’entreprise ne soit plus en
mesured’honorer ses engagements à l’égard des créanciers et des bailleurs de
fonds.
Le présent travail vise à appréhender la portée etl’enjeu de l’endettement.
Ilcherche essentiellement, à partir d’une étude empirique auprès des entreprises
marocaines, à vérifier la relation qui lie le coût de l’endettement à la rentabilité
financière de la firme.
Mots clés : Coût de la dette, coût du capital, coût de difficulté, risque, levier
financier, levier fiscal, rentabilité économique, rentabilité financière, ANOVA,
ARCM.
Coût de l’endettement et performance financière des entreprises marocaines 109
Introduction
Le Maroc a engagé depuis plus de deux décennies une importante réforme
financière.Une nouvelle politique fondée notamment,sur la libéralisation des taux
d’intérêt fut enclenchéedès le début des années1990dans l’objectif de favoriser
l’endettement et améliorer l’offre de crédit aux entreprises et à l’économie.
Ce mouvement de libéralisation et de déréglementation bancaire et
financières’est accompagné d’une volonté constante des autorités financières à
maintenir le coût de l’emprunt à un niveau permettant de contribuer plus
efficacement au financement des entreprises et de mieux répondre aux attentes
des investisseurs.Ainsi, le taux directeur situé à 3,5% en 2008 a été ramené à
3,25% en 2011 et à 3% en 20121. Durant la même période et en dépit d’une
conjoncture morose, l’encours global aux différents secteurs productifs est passé
de 381,7milliards de Dhs à 524,9 milliards accusant une hausse de près de 38 % en
cinq ans (BAM, 2012 et 2008).
L’endettement est considéré comme un important levier de
développement. Il est également une variable stratégique à gérer et à contrôler.
Au plan financier, l’endettement consiste pour un débiteur à se charger de dettes
monétaires ou financières et à en assumer le remboursement à terme en faveur
d’un tiers qui est le créancier (A. Sagay et M. Jeantin, 1997, 47). De ce fait,
l’endettement est toujours assorti d’un échéancier de remboursement déterminé
contractuellement. Le remboursement porte aussi bien sur le principal que sur les
intérêts qui constituent la rémunération des prêteurs, soitle coût de
l’emprunteurconvenu à l’avance indépendamment des résultats de fin d’exercice.
De nombreuses approches se sont penchées sur la question de la dette et
s’accordent que ce mode de financement, grâceaux économies fiscales qu’il
procure,peut avoir des répercussions significativement positives sur la valeur de la
firme. En effet, l’endettement donne lieu à des intérêts déductibles du bénéfice
imposable et produit un impact favorable, en principe, sur la part du résultat
revenant aux actionnaires. Ces approches soutiennent toutefois, que
l’accroissement de l’endettement entraîne un accroissement équivalent du risque
pris par les entreprises. Celles-ci sont donc incitées à augmenter leur taux
d’endettement, mais dans des proportions qui tiennent compte à la fois du coût
de l’emprunt et des coûts des difficultés financières possibles.
1 Ce taux vient d’être abaissé à 2,75% en septembre 2014 ; voir l’économiste n°4365 du 24/09/2014.
Rachid ELHILA 110
Dossiers de Recherches en Economie et Gestion : Numéro spécial : Décembre 2014
La présenteétude se propose de montrer que le coût de l’endettement a
rapport direct avec la rentabilité de l’entreprise. Elle cherche à vérifier dans quelle
mesure la dette, à travers un coût incitatif, peut constituer un facteur
d’enrichissement et d’accroissement des performances. D’où la question centrale
de ce travail :
Quelle est la relation entre le coût de l’endettement et la rentabilité
financière et quels sont les impacts chiffrés de la dette sur la richesse des
entreprises ?
Pour répondre à cette question, nous nous sommes appuyésd’abord sur les
étudesthéoriquesdéveloppées dans la littérature financière afin de fonder
conceptuellement l’analyse menée. Ensuite, une investigation de terrain auprès
des entreprises et de différentes organisations marocaines a permis de collecter
les informations requises pour la vérification de notre problématique.
Le travail sera structuré en trois axes principaux. Un premier axe nous
permettra de cerner la notion du coût de l’endettement et de constater qu’il
s’agit d’un concept large dépassant le cadre strict du taux d’intérêt attaché au
crédit. Dans un deuxième axe, nous analyserons, sur un plan théorique, la relation
entre le coût de l’endettement et la rentabilité financière de l’entreprise en nous
référant principalement aux modèles de base de la théorie financière. Enfin, le
troisième axe consacré à l’étude de terrain permettra de tester la validité de la
relation dans le cas des entreprises marocaines étudiées.
1. Le coût de l’endettement : un concept étendu
Le coût de la dette est habituellement mesuré par le taux d’intérêt qui
dépend, en général, des conditions de l’économie et de la politique de taux
menée par les pouvoirs publics.En réalité le taux d’intérêt n’est qu’un élément de
coût et constitue avec les différentes charges rémunérant les services bancaires,
le coût financier de la dette. A partir de ce coût financier, sera déterminé le coût
net de l’endettement qui tient compte notamment des faveurs fiscales procurées
à travers la déductibilité des charges financières de l’emprunt. Par ailleurs, le coût
de la dette doit être apprécié en termes de dangers induits par les situations de
surendettement pouvant entraîner la défaillance de l’entreprise.
Coût de l’endettement et performance financière des entreprises marocaines 111
1.1 Le coût financier de l’endettement varie en fonction des conditions et
des types de financement
Au regard de l’entreprise, le coût financier de l’endettement est constitué
par l’ensemble des charges financières brutes qui comprennent le taux d’intérêt
prévu dans le contrat plus l’ensemble des frais imputés sur l’entreprise2. Ce coût
varie, en fonction des conditions de financement négociées aux bailleurs de fonds.
Il varie également, à un moment donné, en fonction dutype et de la maturité du
crédit. Quatre formes d’endettement seront examinées : l’endettement bancaire,
le crédit-bail, l’emprunt obligataire et les comptes d’associés.
1.1.1 Coût financier de l’endettement bancaire
Le coût du crédit supporté par l’entreprise correspond en principe au taux
actuariel brut annuel, soit le TRI (taux de rendement interne) de la séquence des
flux correspondant à ce crédit(R. Portait et P. Noubel, 1996, 144). Le TRI peut être
soit supérieur au taux d’intérêt nominal en raison des commissions et charges
afférentes, soit inférieur du fait des avantages accordés à l’entreprise notamment
sous forme de différé de remboursement. Globalement, le principe de calcul du
coût est identique pour l’ensemble des crédits et repose sur la détermination d’un
taux actuariel. Cependant, la prise en compte des conditions du prêt conduit dans
le détail, à des coûts réels fort différents selon le type de financement retenu.
Notons que les taux d’intérêts sont libres au Maroc depuis 1996(M.A.
Berrada, 2000, 443). Toutefois, les autorités monétaires ont veillé à instituerun
taux effectif global défini comme un maximum que les banques ne peuvent
franchir (BAM, 1997). Ce taux, calculé semestriellement par Bank Al-Maghrib, vise
à limiter les taux d’intérêt des banques dans des proportions compatibles avec les
possibilités financières des entreprises. Il est défini en fonction du taux moyen
pondéré pratiqué par les établissements de crédit durant le semestre écoulé,
lequel constitue une plateforme pour le calcul du coût de financement aussi bien
pour l’endettement bancaire à MLT que pour l’endettement à CT.
1.1.2 Coût financier du crédit-bail
Les opérations de crédit-bail ou de location représentent également une
forme d’endettement qui conduit, néanmoins, à substituer des dettes de loyer à
des dettes de fonds en louant un bien au lieu de l’acheter. Au regard de la
2Frais de dossier, assurance, commissions.
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Dossiers de Recherches en Economie et Gestion : Numéro spécial : Décembre 2014
réglementation elles sont assimilées à des opérations de crédit(Code de
commerce, 1996).
De façon presque identique au crédit bancaire à MLT, les remboursements
portent indistinctement sur le principal et les intérêts compte tenu des différents
agios et commissions. Ils peuvent éventuellement inclure un prix résiduel en fin
de contrat. Son coût financier correspond au taux actuariel des flux financiers
avant impôt ainsi générés.
Globalement, au Maroc le crédit-bail coûte plus cher que les autres modes
de financement, quoique, depuis quelques années, la baisse des taux est générale
comme on peut le voir sur le tableau 1 suivant :
Tableau 1 : Taux moyens pondéré des banques et des sociétés de
financement (en %)
Etablissement 2004 2006 2008 2010 2011 2012
Banques 8,09 7,05 6,08 6,34 6,35 6,29
Stés Fin 12,72 11,89 11,48 - - -
Source : Elaboré à partir des rapports de Bank Al-Magrib(2004-2012).
En moins de dix ans, les taux des banques ont chuté de quelques 22,25%.
Entre 2004 et 2008, les taux appliqués par les sociétés de financement ont
égalementbaissé, mais de près de 9,75% en cinq ans. La tendance est
globalement incitative pour les investisseurs. Mais, la différence de taux est
importanteet dépasse parfois plus de 5% en intérêt. Elle peut même s’aggraver si
l’on tient compte des commissions appliquées par les établissements de crédit. Ce
différentiel de taux constitue, sans doute, un élément dissuasif majeur qui
empêche la généralisation du crédit-bail à l’ensemble des entreprises et des
agents économiques.
1.1.3 Coût financier de l’emprunt obligataire
L’emprunt obligataire est un emprunt à long terme fractionné en un certain
nombre de coupures négociables sur le marché. A l’image du crédit bancaire, son
coût financier est évalué par le taux actuariel brut de l’émission défini, au plan
Coût de l’endettement et performance financière des entreprises marocaines 113
financier, à partir de trois éléments : la valeur nominale ou valeur faciale des
obligations, leur prix d’émission, le prix et le profil de remboursement de
l’emprunt(P. Portait et P. Noubel, 1996, 324).
La valeur nominale sert au calcul des coupons des obligations qui sont les
intérêts versés sur les titres. Ceux-ci sont déterminés, à chaque échéance, par
application à la valeur nominale des obligations non encore remboursées d’un
taux d’intérêt nominal ou facial. Le prix d’émission de l’obligation correspond au
prix que les souscripteurs paient pour obtenir une coupure. Ce prix peut être
inférieur au prix nominal. La différence correspond à la prime d’émission et
constitue un avantage accordé aux investisseurs. Le prix de remboursement de
l’obligation est le prix de restitution des titres. Il peut être, pour sa part, supérieur
au prix nominal et générer ainsi, un avantage supplémentaire pour les
souscripteurs sous forme de prime de remboursement accordée au moment du
remboursement de la dette (P. Vernimmen, 2002, 515).
En raison des règles sévères imposées à l’émission des obligations, cette
technique n’est pas très fréquente au Maroc.En effet, le financement par emprunt
obligataire est réservé aux entreprises cotées.Dans la pratique les emprunts
obligataires sont surtout le fait de l’Etat et des plus grandesbanques et sociétés.
Ils sont généralement émis à des tauxtrès favorablesaux entreprises en quête de
financement :
Tableau 2 : Tauxdes émissions obligataires entre 2008 et 2012 (en %)
Maturité 2008 2010 2011 2012
5 ans 4,6 4,69- 5,5 4,46- 5,12 4,79- 5,77
7- 10 ans 5,6 – 5,95 4,78 4,35- 5,02 4,48- 6,04
Source: Rapports de banque Al maghrib sur les exercices 2012, 2011, 2008.
1.1.4 Coût financier des comptes d’associés
Les avances des associés à travers les comptes courants constituent une
dette contractée auprès des propriétaires de l’entreprise. Ces prêts sont réalisés
généralement en laissant à la disposition de la société des sommes dues aux
actionnaires à titre de dividendes ou de rémunération mais peuvent aussi résulter
d’un versement de fonds effectué par les associés. A cause de la nature des
créanciers, les avances en comptes courants ne sont pas toujours retenues
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Dossiers de Recherches en Economie et Gestion : Numéro spécial : Décembre 2014
comme étant des dettes. De nombreux auteurs en effet, les assimilent à des
capitaux propres et les classent dans les opérations de quasi-capital(P. Conso et F.
Hemici, 1999, 438, G. Depallens et J.P. Jobard, 1990, 706). Il est estimé néanmoins
que puisque les prêteurs peuvent exiger le remboursement des sommes prêtées,
au plus tard à une échéance conventionnellement stipulée, les comptes courants
relèvent de l’endettement(A. Sagay et M. Jeantin, 1997, 67).
Le financement par les comptes courants est très avantageux car il permet
aux entreprises de se procurer les capitaux nécessaires sans engager de formalités
complexes et onéreuses. Le coût comprend uniquement le taux d’intérêt qui peut
être déterminé en accord avec les associés. Ainsi, la principale différence avec les
autres formes de dettes est l’absence de commissions qui alourdissent le coût
financier total mis à la charge de l’entreprise.
1.2 Traitement fiscal de faveur pour l’endettement
Dans la pratique, les entreprises se préoccupent non pas du coût financier
de l’endettement mais de son coût net en intégrant la variable fiscale. Celle-ci
comprend trois types d’impositions qui, contrairement au caractère d’obligation
habituel, interviennent plus ou moins favorablement dans le calcul de la charge
nette du crédit : les droits d’enregistrement, la taxe sur la valeur ajoutée et
l’impôt sur les résultats. Le traitement de faveur est généralisé à toutes les formes
d’endettement.
1.2.1 Faveur fiscale accordée au crédit bancaire
Au coût financier du crédit bancaire s’appliquent dès l’ouverture du crédit,
les droits d’enregistrement au taux proportionnel de 1,5% (CGI, 2014, 187). C’est
le seul coût fiscal qui s’ajoute en sus de la rémunération due aux créanciers.
Cependant, ce coût est atténué puisque les droits d’enregistrement sont
déductibles du résultat imposable à titre de charges à répartir sur plusieurs
exercices.
La TVA quant à elle, intervient tout au long du remboursement de la dette à
l’occasion de chaque échéance. Elle est calculée sur le montant total des charges
d’intérêt au taux ad valorem de 10% (CGI, 2014, 146). Mais la TVA constitue en
principe un élément récupérable grâce au mécanisme de l’encaissement ou de la
facturation à l’aval des transactions. Elle est donc neutre vis-à-vis des entreprises
Coût de l’endettement et performance financière des entreprises marocaines 115
lorsque celles-ci ne sont pas exonérées de la taxe et à ce titre on peut dire que
pécuniairement, la TVA n’a aucune incidence sur le coût financier du crédit.
L’impôt sur les résultats enfin, est pris en considération à la fin de chaque
exercice à travers notamment, la déduction des intérêts financiers comptabilisés
parmi les charges avant impôt de l’entreprise (CGI, 2014, 47). De ce fait,
l’endettement bénéficie d’un régime fiscal incitatif par rapport aux capitaux
propres, lesquels donnent lieu à un dividende payé à même le résultat après
impôt. Ainsi, l’impôt sur les résultats crée un levier fiscal accordé à l’endettement
et a pour conséquence de réduire avantageusement le coût financier de la dette.
1.2.2 Faveur fiscale pour le crédit-bail
Fiscalement, le financement par crédit-bail n’est pas très différent des
formes courantes d’endettement même si les redevances payées à ce titre
constituent des charges d’exploitation. Concernant les droits d’enregistrement,
les contrats de location sont soumis à un droit fixe très favorable de 200 Dhs
lorsqu’il s’agit de biens immeubles (CGI, 2014, 192). Ces droits sont déductibles
en tant que charges à répartir sur plusieurs exercices.
Par ailleurs, les redevances de crédit-bail, que celui-ci soit mobilier ou
immobilier, sont déductibles du bénéfice imposable. Les financiers ont l’habitude
de distinguer la quote-part des loyers qui sera considérée comme étant le
principal du financement et celle qui sera assimilée à des intérêts déductibles
fiscalement. Un tel procédé présente l’avantage de déterminer un coût financier
après impôt du crédit-bail comparable à celui des formes classiques
d’endettement.
1.2.3 Faveur fiscale pour l’emprunt obligataire
Au même titre que lecrédit bancaire, l’émission d’un emprunt obligataire
entraîne des droits d’enregistrement au taux de 1%(CGI, 2014, 189). Ces droits
constituent des frais d’émission des obligations et sont déductibles du résultat
imposable.
D’une manière globale, les avantages liés à l’emprunt obligataire ne
différent pas de ceux auxquels donnent lieu les autres types d’endettement. La
TVA, au taux de 10%, est exigible mais reste neutre vis-à-vis des entreprises
soumises à la taxe. La rémunération payée aux obligataires sous forme d’intérêts
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Dossiers de Recherches en Economie et Gestion : Numéro spécial : Décembre 2014
est déductible du bénéfice imposable ; d’où un effet de levier fiscal qui réduit
encore une fois, le coût financier net de l’emprunt.
Cependant les sociétés qui émettent des emprunts obligataires se
préoccupent également de l’imposition des titres entre les mains des acquéreurs.
Ainsi, pour les personnes et les sociétés qui souscrivent à l’emprunt obligataire,
les intérêts perçus au titre des placements en obligations sont soumis à un
prélèvement retenu à la source :
- au taux de 30% libératoire de l’IR pour les personnes physiques autres que
celles assujetties à l’IR d’après le résultat net réel ou le résultat net simplifié (M.
Souaidi, 2009, 77).
- au taux de 20% non libératoire pour les sociétés de capitaux et les sociétés
de personnes soumises à l’IR suivant le régime du bénéfice net réel ou le bénéfice
net simplifié (M. Souaidi, 2009, 46 et 77). Dans ce cas, la taxe est imputable sur
l’impôt sur les résultats avec droit à remboursement le cas échéant, ce qui
n’empêche pas, de porter éventuellement l’imposition à un taux marginal de 30%
si la société est soumise à l’IS et à 38% si elle est assujettie à l’IR.
A titre comparatif, les produits des actions perçus à titre de dividendes
bénéficient de l’exonération totale dans le cas des sociétés soumises à l’IS. Pour
les personnes imposées à l’IR, les dividendes reçus sont soumis à la retenue à la
source au taux favorable de 10%. Les entreprises marocaines sont donc
confrontées à un choix pour le moins confus, puisque la déductibilité des intérêts
à l’amont les pousse à émettre des titres d’emprunt alors que le régime fiscal du
dividende à l’aval semble plutôt encourager les investissements en actions.
1.2.4 Faveur fiscale accordée au financement par les comptes d’associés
Le recours aux comptes d’associés offre un avantage supplémentaire par
rapport aux formes d’endettement précédentes, ce qui en fait un mode de
financement très avantageux en particulier pour les petites et moyennes
entreprises.
Au même titre que les différentes dettes, les intérêts versés aux associés à
raisons des sommes mises à la disposition de la société constituent des charges
déductibles.En plus, aucun droit d’apport n’est dû ; il y a donc absence pure et
simple du coût de l’enregistrement. Néanmoins, du point de vue de la société qui
recourt à ce mode de financement, la déduction des intérêts est soumise
Coût de l’endettement et performance financière des entreprises marocaines 117
fiscalement, à trois limitations:le capital social de la société doit être entièrement
libéré faute de quoi la déduction n’est pas admise ;le montant total des comptes
courants portant intérêts déductibles ne peut excéder le montant du capital social
; les taux d’intérêts servis ne doivent pas dépasser la limite d’un taux fixé
annuellement par le ministre des finances (M. Souaidi, 2009, 41).
A travers ces dispositions, le législateur vise non seulement à faire obstacle
à des opérations pouvant avoir un caractère anormal ou excessif, mais également
à lutter contre le phénomène de sous capitalisation et éviter que des sociétés ne
soient financées essentiellement par des avances en comptes courants.
1.3 Difficultés liées à l’excès d’endettement
Si l’endettement est une situation normale de toute organisation, ‘son
versant pathologique’, le surendettement est une maladie contagieuse dont les
conséquences s’étendent le plus souvent aux divers partenaires de l’entreprise
voire à l’ensemble de l’économie (Alain Couret, 1998, 3).
Les frontières entre l’endettement et le surendettement ne sont pas
toujours clairement définies. Fondamentalement, le surendettement se réfère à
un processus explosif de la dette caractérisé par l’impossibilité manifeste pour le
débiteur de bonne foi, d’honorer ses engagements immédiats ou à terme envers
les créanciers(C. de Boissieu et Y. Chaput, 2005, 24). Nous raiterons
successivement des indicateurs financiers du surendettement et de ses
conséquences
1.3.2 Indicateurs financiers du surendettement
Au point de vue financier, le surendettement est le résultat d’une
dégradation du niveau de solvabilité mesuré traditionnellement, par la capacité
de l’entreprise à rembourser ses dettes. Un premier indicateur rapporte l’actif net
au total du passif (G. Charreaux,1993, 357) ; il est estimé que l’actif net doit être
supérieur à 20% ou 30% du passif :
R = Actif net
Passif
Un autre ratio est fondé sur l’ampleur des dettes à terme rapportée à la
capacité d’autofinancement :
R = Dettes de financement
Capacité d’autofinancement
Rachid ELHILA 118
Dossiers de Recherches en Economie et Gestion : Numéro spécial : Décembre 2014
Ce ratio exprime le temps nécessaire en années pour assurer le
remboursement des dettes à terme au moyen de la capacité d’autofinancement
de l’entreprise. La situation financière est qualifiée de préoccupante lorsque ce
ratio dépasse 5, c’est-à-dire que les dettes de financement excèdent cinq années
de capacité d’autofinancement (R. Belkahia et H. Oudad, 1997, 180).
Mais l’indicateur le plus couramment utilisé pour l’évaluation du
surendettement met en rapport le résultat d’exploitation et les charges
financières :
R = Résultat d’exploitation
Charges financières
Au sens du plan comptable général marocain, le résultat d’exploitation
s’entend le résultat courant avant paiement des intérêts de la dette et des impôts
sur les résultats. Ce ratio mesure le degré de couverture des charges de la dette
par le résultat économique courant ; un ratio faible traduit un état grave de la
solvabilité de l’entreprise (R. Belkahia et H. Oudad, 1997, 181).
D’autres ratios sont définis de manière très proche. C. de Boissieu et Y.
Chaput (2005, 24) proposent le ratio de l’excédent brut d’exploitation aux
charges financières :
R = EBE .
Charges financières
Cependant, ce dernier ratio donne, apparemment, une mesure moins
rigoureuse de la solvabilité car ne prend pas en considération les charges de
l’amortissement.
1.3.1 Conséquences de l’excès d’endettement
Le surendettement est souvent lourd de conséquences. Il a rapport avec les
difficultés financières qui peuvent entraîner à la fois des coûts directs et des coûts
indirects mais dont les retombées sont fort différentes. Les coûts directs sont des
coûts mesurables et sont représentés par les frais administratifs et judiciaires de
redressement ou de mise en liquidation de l’entreprise défaillante. Certains
auteurs estiment toutefois, que ces coûts ne sont pas énormes et prétendent
même qu’ils sont négligeables (R. Brealey, S. Myers et F. Charrette, 1984, 429).
Coût de l’endettement et performance financière des entreprises marocaines 119
Les difficultés financières conduisent également à des coûts indirects non
quantifiables sans aboutir nécessairement à la disparition de la firme. Au Maroc,
elles donnent lieu soit aux procédures de prévention des difficultés, soit en cas de
cessation de paiement, aux procédures de traitement des difficultés (Code de
commerce, 1996). La prévention des difficultés doit être constatée dès que la
continuité de l’exploitation se trouve compromise, mais concerne toutefois, des
entreprises qui ne sont pas encore en situation de cessation de paiement.
Le traitement des difficultés conduit pour sa part, soit au redressement de
l’entreprise soit à sa mise en liquidation judiciaire. Il est envisagé lorsque le
débiteur est dans l’incapacité de régler ses dettes à l’échéance et donc se trouve
en état de cessation de paiement irréversible. Le redressement judiciaire est
prononcé lorsqu’il existe des chances sérieuses permettant la sauvegarde de
l’organisation et l’apurement de son passif. La liquidation judiciaire est la phase
ultime du traitement des difficultés. Elle est ouverte lorsqu’il n’y a aucune
possibilité de redressement de la situation de l’entreprise et que le règlement du
passif est irrémédiablement compromis. Le jugement d’ouverture de la liquidation
rend exigible les dettes non échues et entraîne la mise en vente aux enchères ou
de gré à gré des biens meubles ou immeubles de l’entreprise. Celle-ci est vouée à
disparaître du marché alors que ses propriétaires se retrouveraient les mains
vides ; aucune thérapeutique ne peut plus être proscrite.
2. Fondements théoriques de la relation liant le coût de l’endettementà la
performance financière des entreprisses
La performance est de plus en plus un concept polysémique et
multidimensionnel. De nombreux responsables d’entreprises, manifestent ces
derniers temps, leur volonté de ne plus considérer les données financières comme
le fondement de sa mesure et suggèrent de déterminer une performance globale
de l’organisation. Mais il n’en demeure pas moins admis que concrètement, les
considérations financières l’emportent assez souvent (R. G. Eccles, 2001, 41).
Les modèles théoriques consacrés au problème de l’endettement et son
rapport avec la performance financière de l’entreprise, sont en réalité
interminables3. Une littérature pléthorique s’est développée depuis plus de
3 Les plus connus sont les modèles de Modigliani et Miller (MM), le modèle d’équilibre des actifs
financiers (MEDAF), le modèle d’évaluation des options (MEO) et les approches tenant aux coûts
des difficultés financières et de faillite.
Rachid ELHILA 120
Dossiers de Recherches en Economie et Gestion : Numéro spécial : Décembre 2014
soixante ans dans le but de saisir la portée de l’endettement et mettre en
évidence les liens qui pourraient exister entre la structure de financement, la
rentabilité, le coût du capital, le risque et les coûts assumés par les entreprises
endettées.
2.1 Endettement et rentabilité financière : les leviers financier et fiscal de
la dette
La rentabilité financière ou rentabilité des capitaux propres traduit
l’enrichissement théorique des actionnaires. Elle est directement tributaire du
coût et du volume de l’emprunt car elle est calculée sur la base du résultat net qui
est le résultat à même les frais financiers et les prélèvements obligatoires. En fait,
la théorie financière admet que le financement par emprunt produit un double
effet de levier, financier et fiscal provoquant un accroissement de la rentabilité et
de la richesse de l’entreprise.
Le levier financierest défini comme le rapport entre les dettes financières
(D) et les capitaux propres (S). Il fait référence à la structure du passifde
l’entreprise (P. Conso et F. Hemici, 1999, 592).
Le principe du levier est on ne peut plus clair : la rentabilité financière ou
rentabilité des capitaux propres augmente avec le levier financier tant que le coût
de l’emprunt est inférieur à la rentabilité économique de l’entreprise(G. Legros,
2010, 173).Sa formulation traditionnelle s’opère à partir du coût de la dette, de la
rentabilité économique et du levier(J. Barreau et J. Delahaye, 1994, 176). Dans un
univers sans impôts sur les bénéfices, la rentabilité financière (rs)s’établit ainsi :
rs = ra + (ra - i ) . D
S
La prise en compte de l’impôt sur les résultats (au taux t) ne change pas ce
principe, rst étant le taux de rentabilité financière qui tient compte de l’impôt :
rst = rat + (rat – i) (1 – t) D
S
Le taux d’imposition (t) a également une incidence directe sur la rentabilité
des capitaux propres. Plus t est élevé et plus la rentabilité rst est faible (si t est de
100%, rst sera alors nul). Mais pour un taux de l’impôt fixé, la rentabilité financière
Coût de l’endettement et performance financière des entreprises marocaines 121
augmente avec le levier lorsque la rentabilité de l’actif excède le taux d’intérêt de
la dette.
Sur un autre registre, la prise en compte de l’impôt sur les bénéfices produit
un levier fiscal entrainant un effet positif sur la valeur globale de l’entreprise,
laquelleaugmente conséquemment au taux d’endettement(MM, 1963).Pour une
entreprise non endettée la valeur globale correspond au bénéfice net d’impôt
capitalisé au taux rat :
V = R . (1 - t)
rat
Dans le cas où l’entreprise recours à l’emprunt, sa valeur globale augmente
de la prime (t . i . D). Celle-ci représente le montant de l’avantage fiscal procuré
par la dette. Elle peut être actualisée au taux de rentabilité exigé par les
actionnaires (P. Vernimmen, 2002, 674), MM (1963) ont néanmoins, préconiséde
l’escompter au taux i, soit au même taux que les titres obligataires :
VL = R . (1 - t) + t . i . D
rat i
Il est donc possible d’exprimer la valeur actualisée de l’avantage fiscal
seulement en fonction de deux paramètres à savoir le taux d’imposition des
bénéfices de l’entreprise t et le montant de sa dette D :
VA de l’avantage fiscal = t . D
Dès lors, on obtient la valeur de la firme endettée en fonction de celle non
endettée(R.S. Hamada, 1969) :
VL = V
S + D . t
Ainsi, la valeur de l’entreprise augmente avec la dette d’un montant (t . D).
Cette quantité correspondant à la valeur capitalisée de l’avantage fiscal et
représente le surplus ou la faveurliée à la déductibilité des intérêts de l’emprunt
(R.S. Hamada, 1969).Ce résultat semble indiquer que le financement par
endettement est préférable au financement par les fonds propres et les
entreprises seraient donc incitées àrecourir essentiellement à l’emprunt.
2.1 Endettement et coût du capital de l’entreprise
De nombreux modèles considèrent que le financement par la dette, du fait
de la déductibilité des charges d’intérêt, a pour conséquence de diminuer le coût
Rachid ELHILA 122
Dossiers de Recherches en Economie et Gestion : Numéro spécial : Décembre 2014
du capital de l’entreprise (MM 1963, MEDAF 1969, MEO 1976). Au regard de ces
modèles, le taux de capitalisation des rendements nets d’impôt correspond à la
rentabilité de l’actif net d’impôt, soit le rapport du résultat espéré après
prélèvement fiscal mais avant intérêts à la valeur de marché totale de l’entreprise
V:
rat = [ (R - i . D) (1 - t) + i . D ]
V
Soit :
rat = R (1 – t) + i . D . t
V
Où : R est le résultat brut d’exploitation et D le montant net de la dette.
Ce taux n’est pas le coût moyen du capital ; le coût à prendre en
considération pour les décisions d’investissements, compte tenu de l’impôt sur les
bénéfices est kt :
kt = R (1 – t)
V
La valeur des actions étant S et le taux de rentabilité financière net étant
rst, le coût moyen pondéré du capital peut s’écrire :
kt = rst . S + i . D . (1 – t)
V V
En développant cette formulation, partant d’une entreprise non endettée
dont le coût du capital est rat on obtient le coût du capital de l’entreprise
endettée :
kt= rat - t . i . D
V
Le coût du capital après impôt est donc une fonction décroissante du taux
d’endettement. Ainsi, l’emprunt a pour conséquence de faire baisser le coût
moyen pondéré du capital compte tenu de l’impôt et permet donc d’accepter des
projets d’investissement dont le taux de rendement est d’autant plus faible que la
part de l’endettement dans la structure de financement est élevée.
Coût de l’endettement et performance financière des entreprises marocaines 123
2.3 Risque lié à l’Endettement
Fondamentalement, le risque est associé à la notion de flexibilité etpeut
s’interpréter comme la capacité à s’adapter aux aléas liés à l’activité et à
l’environnement(G. Charreaux, 1993, 333). Il se manifeste par une volatilité des
revenus dans le temps ;cette volatilité serait d’autant plus forte que le risque est
plus grand(P. Rousselot, 1995, 69).
Dans l’optique financière, le risque peut être la conséquence de l’effet de
levier financier (R. Belkahia et H. Oudad, 1997, 296); il peut également résulter
des fluctuations des taux d’intérêt de l’emprunt(G. Charreaux, 1993, 635). Il a
donc rapport direct avec le niveau d’endettement et son impact sur la rentabilité
financière est inévitable.
A ce titre, les entreprises peuvent accroître leur rentabilité par un dosage
requis des dettes et des capitaux propres dans leur structure financière. Il est
considéré, en admettant un niveau de risque déterminé, que tout ce qui
augmente la valeur de la firme, réduit le coût moyen pondéré du capital si son
bénéfice d’exploitation se maintient à un niveau requis. Mais, les trois taux rs, i et
ra peuvent varier simultanément avec le taux d’endettement afin de tenir compte
du risque couru.
Compte tenu du risque engendré par la dette, le taux de rendement prévu
des capitaux propres rs croît de façon très modérée lorsque le taux
d’endettement est faible, mais augmente rapidement lorsque le levier devient
excessif. Le coût moyen du capital k décroît dans un premier temps, en raison du
niveau plus faible du taux d’intérêt i, puis augmente parallèlement à la croissance
de rs et i lorsque le ratio d’endettement s’élève abusivement (C. A. Vailhen, 1981,
19).
Le rendement espéré excédant le taux d’intérêt (sans risque) est
proportionnel à un coefficient de risque de marché4.Les investisseurs qui placent
leurs fonds dans des actifs risqués ont droit à une rémunérationen compensation
du risque qu’ils acceptent, appelée prime de risque de marché (C. A. Vailhen,
1981, 86).
4 Renvoie au coefficient de sensibilité β.
Rachid ELHILA 124
Dossiers de Recherches en Economie et Gestion : Numéro spécial : Décembre 2014
2.6 Coûts des difficultés financières liés à l’Endettement
La littérature financière distingue deux types de coûts, directs et indirects.
Les coûts directs sont constitués des honoraires de justice et des frais
administratifs des syndics et experts chargés de mettre en œuvre les procédures
de prévention ou de mise en liquidation de l’entreprise. Une étude de J.
Warner(1977), puis celle de J. S. Ang et al..(1982), ont établi ces coûts à quelques
5,3 et 7,5% respectivement de la valeur de liquidation des actifs au moment de la
faillite. Toutefois, ces études dévoilent un effet taille selon lequel ces coûts directs
de faillite seraient inversement proportionnels à l’étendue financière de
l’entreprise défaillante ; il n’y a pas lieu de leur accorder un grand intérêt lorsqu’il
s’agit de sociétés de grande taille.
Les coûts indirects représentent en quelque sorte des ‘’coûts
d’opportunité’’ et sont par conséquent difficiles à évaluer. Ils ont rapport avec
l’interruption de l’exploitation, les difficultés de gérer une société en instance de
faillite, les dégrèvements fiscaux notamment ceux attribuables aux intérêts de la
dette puisqu’ils sont annulés lorsque la société ne génère plus de revenus
imposables. Les coûts attachés au conflit d’intérêts entre les obligataires et les
actionnaires de la firme sont également considérés comme des coûts indirects
pesant en général, très lourd sur la finance de la firme(J. M. Gagnon et N. Khoury,
1996, 454).
E. H. Kim (1978) considère que les modifications du niveau d’endettement
ont un double impact sur la valeur globale de l’entreprise. Une augmentation de
l’endettement a l’avantage de générer d’importantes économies fiscales grâce à
une déductibilité plus forte des charges d’intérêt. Mais en contrepartie, un
accroissement de la dette a pour effet d’augmenter la probabilité de défaillance
et peut éventuellement induire des coûts de difficultés ou de faillite. Tant que
l’avantage fiscal de la dette dépasse en montant les coûts des difficultés,
l’entreprise a intérêt à s’endetter et accroître sa valeur en conséquence. Le
recours à la dette s’arrêtera dès que les coûts des difficultés égalisent les
économies d’impôt réalisées. A ce niveau, tout endettement additionnel
provoquera une baisse de valeur certaine(R. Goffin, 2004, 314).
L’égalité entre les coûts de faillite et les économies fiscales marque une
structure financière optimale qui est atteinte avant que la firme n’ait épuisé sa
capacité d’endettement. Dès lors la valeur d’une entreprise endettée s’obtient par
addition à la valeur d’une entreprise non endettée, la valeur des économies
d’impôt et soustraction de celle des coûts des difficultés financières :
Coût de l’endettement et performance financière des entreprises marocaines 125
Val. Epse endett = Val. Epse non endett + Val. Eco. Fisc – Val. Coûts
difficultés
Ainsi,l’accroissement de la dette au départ, fait augmenter la valeur
actualisée de l’avantage fiscal, mais dépassé un certain volume d’endettement, la
probabilité des difficultés financières augmente rapidement et la valeur de
l’entreprise suit une trajectoire descendante. Ce volume définit le taux
d’endettement optimal. A ce niveau, la valeur actualisée des économies fiscales
résultant de l’emprunt additionnel est compensée par la valeur actualisée des
coûts de défaillance.
Il va sans dire que le débat sur les coûts des difficultés a suscité de
nombreuses réactions. M. Miller (1977), s’appuyant sur l’étude de J. Warner
(1977), admet que si des coûts de faillite existent, leur montant est beaucoup
moins important pour compenser les gains fiscaux engendrés par la dette, que ces
gains eux-mêmes ne sont pas aussi significatifs sinon on aurait observé un
déchaînement des taux d’endettement des firmes américaines en réponse à la
montée des taux d’imposition durant le siècle précédent. Une étude de R.
Haugenet L. Senbet (1978), réfute également l’ampleur accordée aux coûts de
faillite et souligne que la valeur de l’entreprise résulte d’un arbitrage rationnel des
investisseurs sur les marchés financiers concurrentiels.
3. Etude empirique de la relation entre le coût de l’endettement et la
rentabilité des financières entreprises marocaines
Dans la présente étude, on essaiera d’épuiser la relation entre le coût de
l’endettement et la rentabilité au plan de la formalisation statistique. Après une
présentation de la méthodologie et des hypothèses de l’étude, nous examinerons
la spécification et les résultats obtenus du modèle dont nous analyserons ensuite
la validité statistique.
3.1 Méthodologie, variables et hypothèses de l’étude
L’étude statistique que nous avons menée est une contribution au débat
sur le rôle de l’endettement dans le développement de la firme. Elle repose sur
des données collectées en 2011 auprès de 40 entreprises marocaines non cotées
(en coupe instantanée).Le choix de cet échantillon résulte d’un tirage aléatoire
Rachid ELHILA 126
Dossiers de Recherches en Economie et Gestion : Numéro spécial : Décembre 2014
exhaustif5. Le dépouillement a été limité toutefois, aux entreprises constituées
sous forme de SA ou de SARL dont le fonctionnement est déterminant pour
l’analyse, au plan du comportement financier et de l’information financière
disponible.
Le champ d’investigation a porté sur plusieurs régions du pays, comprenant
des entreprises de taille différente, de branches d’activité diverses, situées dans
plusieurs villes du Maroc, particulièrement Casablanca, Rabat, Oujda et Tanger.
Notons que les documents puisés chez les différentes entreprises, auprès
des cabinets de comptabilité ou sur sites électroniques, ont été manipulés avec le
maximum de rigueur possible afin d’en retirer l’information requise se prêtant aux
différents traitements statistiques.
Les variables retenues dans le cadre de cette étude sont calculées sous
forme de ratios à partir des états de synthèse des entités étudiées. Elles font
référence aux modèles théoriques des déterminants quantitatifs de la rentabilité
et sont réparties en deux groupes : la variable expliquée représentant la
rentabilité financièreet les variables explicatives de cette rentabilité :
- La rentabilité financière (RF) : prise en compte en termes de résultat net
sur les capitaux propres ; la rentabilité financière est une traduction de l’effet de
levier de la dette et devrait être corrélée négativement au coût de la dette(R.
Goffin, 269).
- Le coût de financement (CFDT) : représenté par le ratio des charges
d’intérêt aux dettes totales(B. Paranque et D. Rivaud-danset, 1998, 84). Une
hausse du coût de financement devrait conduire à une baisse de la rentabilité
comme le font souligner MM dans leur modèle de 1963.
- La rentabilité économique (RE) : définie par le rapport du résultat
d’exploitation au capital engagé, lequel correspond au total de l’actif immobilisé
et du besoin de financement global. Elle devrait être corrélée positivement à la
rentabilité financière(D. Druant, 2005, 58).
.Notons qu’une rentabilité économique élevée représente une assurance
pour les actionnaires et fournit une garantie aux bailleurs de fonds de se faire
rembourser les montants avancés.
5 Un tirage aléatoire est exhaustif, lorsqu’il est effectué sans remise et se distingue du tirage non
exhaustif qui s’opère avec remise des unités choisies dans l’échantillon (A. Gagou, 1996, 364).
Coût de l’endettement et performance financière des entreprises marocaines 127
- Le coût fiscal (CHF): défini par le rapport de l’impôt sur les résultats à
l’actif total. Il est en principe lié négativement à la rentabilité en raison des
prélèvements sur les bénéfices (D. Druant, 2005, 53).
- Le risque systématique (RSQ) : est défini par la covariance de la rentabilité
de l’entreprise à celle du marché divisée par la variance de la rentabilité du
marché. Compte tenu des données disponibles, il a été calculé sur la base des
résultats des exercices 2010 et 2011. Le risque est également soumis à l’effet de
levier dû à la dette et devrait donc évoluer proportionnellement au taux de
rentabilité(R. Goffin, 203).
Ainsi, quatre hypothèses seront testées :
H1 : la rentabilitéfinancière est liée négativement au coût de financement ;
c’est l’hypothèse centrale de l’étude.
H2 : une relation positive lie la rentabilité financière et la rentabilité
économique.
H3 : une relation négative lie la rentabilité financière et le coût fiscal.
H4 : la rentabilité financière augmente proportionnellement au risque.
L’étude s’insère dans les méthodes d’analyses multivariées explicatives. En
effet, elle recourt à l’ARCM dont l’objet est de mesurer des liens entre des
grandeurs dépendantes et indépendantes quantitatives ou métriques. La
méthode consiste à analyser en termes quantifiés, l’influence d’une ou plusieurs
variables quantitatives sur une autre variable quantitative (M. Carricano et F.
Poujol, 2008, 142). Elle présente l’avantage d’être assez complète et structurée en
s’appuyant sur des indicateurs très élaborés et des tests statistiques puissants
pour juger du degré de précision des estimations et de la validité des modèles
étudiés.
Cette analyse de la relation entre le coût de l’endettement et la rentabilité
financière, tente de tester des équations de régression traduisant
l’enrichissement de l’entreprise et de ses actionnaires en particulier. Le taux de
rentabilité financière tient dans ce cas de variable endogène dont on cherche à
établir les déterminants dans le contexte global de l’équation de levier financier
et fiscal, et de la contrainte de risque qui pèse sur l’entreprise.
Rachid ELHILA 128
Dossiers de Recherches en Economie et Gestion : Numéro spécial : Décembre 2014
3.2 Spécification et résultats du modèle
L’étude menée, a étéconçue sous forme d’un modèle réalisé en deux
temps. D’abord, une régression simple a tenté d’analyser la relation stricte entre
le taux rentabilité financière et le taux de charges d’intérêts déductibles tenant de
coût financier de la dette :
RF = a0 + a1 . CFDT + εi
Les résultats obtenus pour les 40 observations sont les suivants :
Y = 4,94 + 1063,69 CFDT + ε
R = 0,30
R2 = 0,09 et R
2 ajusté = 0,066
t (0,406) (1,930)
Cette équation s’étant avérée non probante et non significative (relation
positive entre la rentabilité financière et le coût de la dette, coefficient de
corrélation faible), plusieurs variables ont été testées par la suite, dans la
perspective d’augmenter le pouvoir explicatif du modèle et l’équation suivante a
été retenue :
RF = a0 + a1 . CFDT + a2 . RE + a3 . CHF + a4 . RSQ + εi
Il s’agit d’une équation de régression multiple à une seule variable
expliquée et quatre variables explicatives mettant en rapport le taux de
rentabilité financière avec le taux de charges d’intérêts déductibles, le taux de
rentabilité économique, le coût fiscal et le risque. Ces variables ont été introduites
suivant la méthode ascendante et respectent le niveau de tolérance requis.
Les résultats du modèle se sont établis comme suit :
Y = 11,797 - 130,677 CFDT + 0,235 RE - 21,352 CHF + 4,314 RSQ + ε
R = 0,980
R2 = 0,961 et R
2 ajusté = 0,957
t (3,262) (-1,008) (2,724) (-1,822) (27,738)
Coût de l’endettement et performance financière des entreprises marocaines 129
3.3 Validité du modèle retenu
Une première statistique permettant de juger de la validité du modèle, le
coefficient de corrélation R, indique une liaison très forte entre la variable
expliquée et les variables explicatives. Selon le coefficient de détermination R2, les
quatre variables exogènes retenues expliquent ensemble, près de 96% de la
variabilité du taux de rentabilité financière des entreprises. Les résultats du
modèle montrent comme le préconise la théorie financière, que la rentabilité
varie négativement par rapport au coût financier de la dette et au coût fiscal ; elle
varie positivement par rapport à la rentabilité économique et le risque encouru.
L’incidence simultanée des quatre variables explicatives sur la rentabilité
financière est donnée par le tableau 3 d’analyse de la variance :
Tableau 3 : ANOVA du modèle
Source Somme
quadratique
ddl Variance Fc
Total 137893,647 39
Régression 132548,647 4 33137,162 217,013
Résiduel 5344,029 35 152,697
Source : Elaboré à partir de notre analyse statistique des entreprises étudiées.
Le coefficient de Fisher s’élevant à 217,01, très significatif au niveau de
confiance de 99,99%, témoigne de la validité globale des variables retenues dans
la spécification comme facteurs explicatifs de la rentabilité financière des
entreprises.
Les coefficients de corrélation simple entre les quatre variables explicatives
de l’équation ont été calculés et comparés aux coefficients de détermination du
modèle ; les résultats sont consignés au tableau 4 suivant :
Rachid ELHILA 130
Dossiers de Recherches en Economie et Gestion : Numéro spécial : Décembre 2014
Tableau 4 : Matrice de corrélation simple entre les variables exogènes
Modèle r r 2
CFDT RE CHF RSQ CFDT RE CHF RSQ
CFDT 1 0,091 0,200 -0,288 1 0,008 0,04 0,082
RE 0,091 1 -0,275 0,199 0,008 1 0,075 0,039
CHF 0,200 -0,275 1 0,11 0,004 0,075 1 0,01
RSQ -0,288 0,199 0,11 1 0,082 0,039 0,01 1
Source : Elaboré à partir de l’analyse statistique des entreprises étudiées.
Les coefficients de corrélation simple ne dépassant pas les 8,5% au
maximum pour l’ensemble des variables, sont donc largement inférieurs au
coefficient de détermination R2, ce qui permet de conclure à l’absence de
multicolinéarité entre les variables explicatives du modèle.
L’autocorrélation des erreurs pour sa part, a été testée au moyen de la
statistique de Durbin et Watson quoique le modèle est spécifié en coupe
instantanée. Les résultats du test aboutissent comme on pouvait le présager, à
l’absence d’autocorrélation entre les résidus, ce qui ressort du tableau 5 suivant :
Tableau 5 : Tableau d’analyse de l’autocorrélation des erreurs
Nbre d’observations Nbre de variables
explicatives
D&W Seuil de
signification
40 5 2,292 1%
Source : Elaboré à partir de l’analyse statistique des entreprises étudiées.
Enfin, l’appréciation des coefficients de régression à travers le test de
Student aboutit aux résultats du tableau 6ci-après. Au regard de ce test, les
coefficients a0 et a2et a4 de l’équation sont significatifs à un niveau de confiance
de plus de 98%. Les coefficients a1 et a3 sont moins significatifs traduisant de
Coût de l’endettement et performance financière des entreprises marocaines 131
faibles liaisons négatives avec la rentabilité financière au seuil de 32% et de
7%respectivement.
Tableau 6 : Analyse des coefficients de régression au moyen du t-ratio
Modèle Coefficient
standardisé
Coefficient non
standadisé
t signification
Constante (a0) 11,797 3,262 0,02
CFDT (a1) - 130,677 -0,037 - 1,008 0,32
RE (a2) 0,235 0,099 2,724 0,01
CHF (a3) - 21,352 - 0,066 - 1,822 0,07
RSQ(a4) 4,314 1,004 27,738 0,0
Source : Elaboré à partir de l’analyse statistique des entreprises étudiées.
Il ressort de l’analyse de ce modèle que le coût de l’endettement est peu
explicatif de la rentabilité financière, au même titre que le coût fiscal. En
revanche, les deux autres variables exogènes spécifiées à savoirle taux de
rentabilité économique et le risque sont significativement explicatifs de la
rentabilité. Ainsi, au vu des ces résultats, on peut dire que le taux de rentabilité
financière des entreprises marocaines dépend en grande partie de celui de leur
actif global et du risque qu’elles assument. Il paraît néanmoins que ce taux,
comme il ressort de la majorité des approches théoriques, est une fonction
décroissante du coût financier de la dette même si la relation est statistiquement
peu probante.
Globalement, les hypothèses émises sont validées. En effet,la rentabilité
financière a tendance à augmenter lorsque les coûts de l’endettement et de
l’impôt diminuent. Elle augmente également avec le risque et lorsque la
rentabilité de l’actif est suffisante par rapport au coût financier de la dette.
Conclusion
L’endettement est un vecteur essentiel de développement. Il constitue un
moyen efficace pour financer la croissance et peut être réellement une source
notoire de revenus pour l’entreprise et ses actionnaires.
Rachid ELHILA 132
Dossiers de Recherches en Economie et Gestion : Numéro spécial : Décembre 2014
Le conceptde coût de l’endettement est large. Il comprend d’une part, le
coût financier dont le poids dépend des conditions de financement. Le coût
financier est constitué du taux d’intérêt majoré des charges et des commissions et
minoré des faveurs accordées notamment sous forme de différés de
remboursement. Le coût de l’endettement comprend d’autre part, le coût fiscal
déterminé par application des droits d’enregistrement au coût financier de la
dette. Le total coût financier plus coût fiscal correspond au coût brut total de
l’endettement qui est considéré comme une charge déductible du résultat
imposable et conduit au coût net total beaucoup plus avantageux pour les
entreprises. Il comprend enfin, le coût des difficultés attaché à l’excès
d’endettement. Ce coût peut sinon conduire l’entreprise au dépôt de son bilan, du
moins ternir son image et affecter son exploitation normale.
La relation entre la rentabilité financière,le niveau d’endettement et son
coût définit le mécanisme de levier qui représente une synthèse formalisée de
cette relation. Celui-ci stipule que l’endettement est avantageux tant que la
rentabilité économique de l’entreprise dépasse le taux d’intérêt de l’emprunt. Si
ce taux est plus élevé, le risque de difficulté plane sur l’entreprise et
l’endettement aura un effet pervers sur la richesse et la performance.Par ailleurs,
la dette augmente la valeur de la firme sous l’effet de la fiscalité. La prise en
compte de l’impôt influence favorablement la valeur grâce à l’avantage du
dégrèvement fiscal accordé aux intérêts de l’emprunt et incite les entreprises à
faire augmenter leurs taux d’endettement afin de bénéficier de cet avantage.
Enfin, la relation étudiée empiriquement ressort assez clairement à travers
les comptes financiers des entreprises marocaines. A la lumière de l’analyse
menée, il semble que, conformément à la théorie financière, la rentabilité
financière est liée négativement au coût financier de la dette néanmoins, cette
liaisonn’est que légèrement établie au plan statistique.Il paraît égalementque
pour les entreprises marocaines, la rentabilité financière est définie
essentiellement par la rentabilité de leur actif global et le risque qu’elles
supportent.
Coût de l’endettement et performance financière des entreprises marocaines 133
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