NUMÉRO 001SEPTEMBRE 2015

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COVER, LA MODE, LE HANDICAP…COVER A CRÉÉ EN MARS 2014 LE WEBZINE COVER-DRESSING (WWW.COVERDRESSING.COM), MAGAZINE DONT LE PROPOS CENTRAL PORTE SUR LES IMAGES ET PERCEPTIONS DU HANDICAP.

On y parle des représentations virtuelles du handicap dans notre culture, mais aussi des représentations physiques de chacun véhiculées notamment par la mode, le look…L‘association développe par ailleurs des outils innovants visant à faciliter considérablement le shopping des personnes en situation de handicap. Elle a créé…

UN LABEL, le Bien à Porter, qui désigne les vête-ments les plus ergonomiques et adaptés à une mobilité réduite que l’on peut trouver au cœur des enseignes de prêt-à-porter généraliste.UN PROTOTYPE D’ÉTIQUETTE vestimentaire qui devrait faciliter considérablement le shopping des personnes non ou malvoyantes, des personnes sourdes ou malentendantes, et des personnes en situation de handicap mental.

Les personnes en situation de handicap sont victimes de stéréotypes, de préjugés trop souvent portés sur le misérabilisme ou l’héroïsme. Au-de-là de la maladie ou de l’invalidité, la difficulté des personnes handicapées réside dans l’acceptation de leur différence et dans la gestion du regard de l’autre, souvent condescendant, souvent inadapté. Cover propose une réponse à un problème social : celui de la discrimination des personnes en situation de handicap et de leur difficulté à gérer leur propre image, notamment par le vêtement et l’habillement.

COVER C’EST QUOI ?L’ASSOCIATION COVER A POUR OBJET D’AMÉLIORER L’INTÉGRATION ET LA PARTICIPATION SOCIALE DES PERSONNES EN SITUATION DE HANDICAP DANS NOTRE SOCIÉTÉ, NOTAMMENT AU MOYEN DU VÊTEMENT ET DE L’HABILLEMENT.

JE SUIS EN FAUTEUILET J’AIME LA MODEMAIS AUSSI…LA MODE PEUT-ELLE CHANGER LE MONDE ?LE BIEN À PORTER, AVENIR DU PRÊT-À-PORTER ?UN SHOPPING PLUS ACCESSIBLE, C’EST POSSIBLE ?ENFIN DES VÊTEMENTS ACCESSIBLES !

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SELON LE SOCIOLOGUE FRÉDÉRIC MONNEYRON, C’EST PEUT-ÊTRE « EN PARLANT CHIFFON, CETTE ACTIVITÉ DÉRISOIRE QUE L’ON A VOULU RÉSERVER AUX FEMMES, QUE COMMENCE TOUT CHANGEMENT SOCIAL D’IMPORTANCE » 1.

e journaliste-écrivain Pierre Bollon indi-quait lui aussi en 1990 que « Le vêtement anticipe un état des choses à venir, il fait comme si celui-ci existait déjà, et il teste sur lui un comportement de réponse :

il simule sur lui un ordonnancement alternatif du social, dont il « prouve » la viabilité ». La mode vestimentaire ne serait donc pas que le reflet de « l’air du temps », elle le devancerait et agirait sur lui, faisant de la mode le laboratoire d’ex-périences multiples, individuelles et collectives, dont certaines peuvent avoir des impacts profonds sur l’organisation sociale.

LA MODE, POUR PARTICIPER AUTREMENT À LA VIE SOCIALE

Il est vrai, pour exemple, que la femme « corse-tée » au début du xxe siècle a pu, délivrée de ce carcan, libérer ses mouvements, gagner en auto-

nomie, participer autre-ment à la vie sociale et pratiquer des activités qui lui étaient aupara-vant impossibles. En un demi-siècle, elle accède au pantalon, et ses pré-rogatives se rapprochent de celles des hommes. L’image et le mode de vie de la femme s’en trouvent bouleversés. Et même si ce sont le

contexte et les mentalités de l’époque qui ont ouvert la voie à ces modifications vestimentaires, on peut sans doute dire que ces dernières ont fini d’installer la femme dans une nouvelle posture, un nouveau rôle social, une nouvelle façon d’être.

ET SI, D’UNE MÊME FAÇON, LA MODE CONTRIBUAIT, AUJOURD’HUI, À DÉSTIGMATISER LES PERSONNES EN SITUATION DE HANDICAP ?

Si l’habit ne fait pas le moine, il contribue bien à faire le handicap dans notre culture de l’image… Remettre le corps « dans tous ses états » au cœur de la mode et du vêtement, c’est une façon de remettre l’humain au cœur de la société.Et la phrase de l’anthropologue Gil Bartholeyns

« la société est à l’humanité ce que le vêtement est à l’homme »° nous en confirme la nécessité.

LA MODE, MERVEILLEUX VECTEUR D’INCLUSION

Puis à quoi bon rendre une boutique accessible si les équipes de vente ne connaissent rien aux besoins spécifiques des clients en situation de handicap ? Si les vêtements les plus ergonomiques des collections ne sont pas facilement identi-fiables, et qu’il faut les chercher comme l’aiguille dans la botte de foin ? Si les retouches proposées sont insuffisantes ?C’est évident, la prise en compte du handicap dans tous ses métiers ne peut être qu’un facteur d’innovation positif pour la filière mode.

1 BARTHOLEYNS GIL, « L’HOMME AU RISQUE DU VÊTEMENT », DANS ADAM ET L’ASTRAGALE, ESSAIS D’ANTHROPOLOGIE ET D’HISTOIRE SUR LES LIMITES DE L’HUMAIN.ÉDITIONS DE LA MAISON DES SCIENCES ET DE L’HOMME, PARIS, 2009, P. 114.

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LA MODE PEUT-ELLECHANGER LE MONDE ?

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retrouve notamment tout ce qui concerne l’entre-tien du linge : les pictogrammes utilisés pour le prêt-à-porter sont souvent méconnus ou mal com-pris. Illisibles par les personnes malvoyantes, ils ne prennent pas sens pour beaucoup d’entre nous.COVER a réalisé un prototype d’étiquette, vouée à être cousue sur le vêtement et destinée à faci-liter grandement le shopping de personnes en situation de handicap afin d’optimiser leur auto-nomie dans le choix des vêtements et chaussures. Sous forme de QR Code, elle délivre des informa-tions dans des formats audio et pictogrammes.

UN VÊTEMENT ACCESSIBLE, QU’EST-CE QUE C’EST ?– IL S’ENFILE ET S’ÔTE FACILEMENT

– IL EST CONFORTABLE, MÊMEEN POSITION ASSISE PROLONGÉE

– IL NE BLESSE PAS, ET RESPECTELES SENSIBILITÉS CUTANÉES

– IL SUPPORTE LES ÉTIREMENTSSANS SE DÉFORMER

– IL S’OUVRE ET SE FERMEFACILEMENT, ÉVITE LESMANIPULATIONS TROP FINES

– IL S’ENTRETIENT TRÈS FACILEMENT…

En un mot, il permet la plus grande autonomie possible.Cette petite liste est bien loin d’être exhaustive, et les besoins des uns ne sont pas ceux des autres. C’est justement la vocation de Cover que d’identifier et de dénicher toutes les bonnes options.

Le prix de l’article, ses couleurs, sa composition, et même de succincts conseils en image sont une partie des informations plébiscitées par les personnes malvoyantes.

COVER INVENTE L’ÉTIQUETTE ACCESSIBLE

Une enquête de terrain menée par COVER a per-mis de sélectionner et prioriser toutes les indi-cations qui pourraient véritablement faciliter le shopping des personnes en situation de handicap visuel, auditif, ou mental. Parmi celles-ci, on

Souhaitant diffuser cette innovation à grande échelle, COVER recherche actuellement une marque partenaire.

La suite sur www.coverdressing.com

LA MODE POUR TOUS, ÇA SEMBLE SIMPLE, ET POURTANT… EN FRANCE, ENVIRON 2 MILLIONS DE PERSONNES ÉPROUVENT DES DIFFICULTÉS PHYSIQUES À S’HABILLER, DU FAIT D’UN HANDICAP. CES DIFFICULTÉS SONT LIÉES À UN MANQUE D’ERGONOMIE DANS LE VÊTEMENT DU COMMERCE.

UN SHOPPING PLUS ACCESSIBLE, C’EST POSSIBLE ?COMMENT RENDRE LE SHOPPING ACCESSIBLE AUX PERSONNES NON OU MALVOYANTE ?

LE BIEN À PORTER,L’AVENIR DU PRÊT-À-PORTER ?Les innovations techniques et textiles ouvrent maintenant des perspectives inédites dans le champ de la mode. La démocratisation de l’élas-thanne et l’apparition de nouveaux matériaux souples et confortables permettent désormais, et en cherchant bien, de trouver des vêtements du prêt-à-porter pouvant satisfaire chacun.La quête reste cependant assez laborieuse pour les personnes éloignées des normes valorisées par la mode, qui aspirent à des vêtements plus « accessibles ». Pour faciliter cette quête, Cover invente… le « Bien à Porter » !

LE BIEN À PORTER, QU’EST-CE QUE C‘EST ?

C’EST UN LABEL qui valorise les vêtements ayant un « plus » par rapport aux autres, ce « plus » rési-dant essentiellement dans la facilité d’enfilage et le confort du vêtement au regard des diffé-rentes problématiques rencontrées. Son cahier des charges vise à être continuellement enrichi et affiné au regard de la diversité des handicaps.Le label « Bien à porter » est décerné par le labora-toire de COVER, composé de personnes en situation de handicap qui testent les vêtements, d’un ergo-thérapeute et d’une patronnière. Il sera pleinement opérationnel dans le courant de l’année 2016.

UN LOGICIEL ET UNE APPLICATION COVER créée actuellement un logiciel destiné à faciliter la pré-analyse des vêtements proposés. Une ver-sion simplifiée sera diffusée aux marques, pour une meilleure prise en compte des besoins spéci-fiques sur leurs prototypes. Une application pour Smartphones sera ensuite déclinée, à destination du public, pour faciliter le shopping de chacun.

ET ÇA MARCHE !

Certaines marques comme Brice, Jules, Gemo, Eram pour les chaussures, nous ont déjà fait part de leur vif intérêt pour ce label. Et le Secrétariat d’État au handicap soutient activement ce projet, actuellement en phase d’expérimentation.Courant 2016, les vêtements validés pourront être visualisés sur le site bienaporter.com, et les marques pourront indiquer les pièces labellisées sur leurs sites internet et dans leurs boutiques, sans même que ces vêtements ne fassent l’objet d’un rayonnage à part, et pour cause : les vête-ments labellisés appartiennent aux collections « généralistes ».

Retrouvez des modèles de Bien à Porter sur

WWW.COVERDRESSING.COM

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MÉLANIE « Depuis que je suis en fauteuil, j’ai dû faire un sacré tri dans mes affaires, chercher des choses plus adaptées dans les boutiques que je fréquentais avant. C’est le système “débrouille” pour ne pas tomber dans le style de vêtements du type “médicalisés” qui font très “seniors” ou “sacs” ». CÉCILE « S’ils ne sont pas un peu exten-

sibles, je n’arrive pas à retirer les pulls. J’ai-merais bien trouver plus facilement ce qui me convient dans les magasins »

LE HANDICAP MODIFIE LE CORPS, LES CAPACITÉS MOTRICES, COGNITIVES OU SENSORIELLES.

JILLIAN MERCADOmannequin professionnelle« La diversité doit apparaître dans l’industrie de la mode. Nous ne sommes pas juste noirs ou blancs, tout le monde est différent ; alors pourquoi ne pas le montrer dans l’univers de la mode ? »

PHILIPPE POZZO DI BORGO« J’ai toujours été soucieux d’une certaine élégance. Il est important, pour le mental, de maintenir une certaine rigueur dans son apparence vestimentaire. »

MATHIEU « J’ai deux options, soit des vêtements adaptés que l’on trouve sur le net, soit chercher laborieusement dans les magasins en ville. La mode adaptée, c’est pas mon truc : je veux m’habiller comme tout le monde, et au même prix que tout le monde. »

ADDA ABDELLIcomédien de la série Vestiaires sur France 2.« J’essaie juste 150 pantalons avant de trouver le bon. C’est très compliqué parce que rien n’est fait pour les gens qui portent des orthèses. »

ASSOCIATION COVER www.coverdressing.comCONTACT - contact@coverdressing.comTél. 06 95 98 99 65L’ÉQUIPE DE COVER - PRÉSIDENTE Muriel RobineVICE-PRÉSIDENT Mathieu MienneSECRÉTAIRE Yannick Le GraetTRÉSORIÈRE Lydie Raër

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TÉMOIGNAGES

JE SUIS EN FAUTEUILET J’AIME LA MODE

ANAÏS blogueuse mode« Malgré ma situation de handicap, je suis passionnée par la beauté et la mode comme beaucoup de femmes ! ».

omment enfiler un pull quand les gestes sont entravés ? Être à l’aise dans son jean fétiche quand il faut rester toujours assis(e) ? Comment habiller son

enfant autiste, qui ne supporte pas la sensation des coutures et des étiquettes ? Comment suivre « l’air du temps » quand on ne peut voir et choisir ses vêtements ? Depuis l’avènement du prêt-à-porter, les personnes en situation de handicap sont condamnées à une difficile quête, faite de séances de shopping interminables qui les confrontent aussi à l’inaccessibilité des boutiques, faite de recherche d’une coutu-rière talentueuse qui saura adapter la che-mise ou le pantalon, faite bien souvent de découragement ! Pourtant, tout le monde aime la mode !

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