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    ditions Mtaili20 rue des Grands Augustins, 75006 Paris

    www.editions-metailie.com2014

    Portraits dcrivains argentinsRetratos de escritores argentines

    Daniel Mordzinski

    PRFACE / INTRODUCCION

    Jos Manuel FajardoTraduit par Franois Gaudry

    PROFILS LITTRAIRES / PERFILES LITERARIOS

    Leila GuerrieroTraduit par Maya Sanchez

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    Mots, lettres,rves

    Daniel Mordzinski

    On me demande souvent comment est n ce projet detransformer en images la cartographie littraire de mesrves de lecteur, et ce serait trahir la vrit de ne pasreconnatre que ma premire photo de Borges a tLAleph. Cela sest pass Buenos Aires en 1978, ensuiteje suis parti Paris, o je vis depuis 1980. Au cours de ces

    trente-cinq ans jai eu loccasion de connatre et de fairele portrait de centaines dauteurs, dont beaucoup sontaussi mes amis. Julio Cortzar a dans ma vie, tout commedans limaginaire universel des lettres, une importancecapitale. Sa manire dtre et dcrire ma montr unchemin qui unit roman et vie comme une marelle danslaquelle chaque lettre signifie un monde. La seule lettreA, par exemple, reprsente Aventure, Amiti, Amour, Ar-gentine et ainsi successivement comme un alphabetde lumire qui ma permis de prendre trs au srieux leprojet de photographier les auteurs et de relativiser monrle dans ce grand jeu de mots et de lettres quest la vie.Avec le C de Cortzar, pour donner un autre exemple, jai

    appris dcliner des mots comme Contes, Chansons,Cur, Calidoscope ou Kalidoscope.

    De la mme faon que dans une Marelle il y a entre le Cielet la Terre de nombreuses cases, dans le Ciel des im-mortels, sil est besoin de le rappeler, on trouve Cortzar,Borges, Soriano, Sabato, Saer, Juarroz et tant dautresqui ne sont plus mais sont toujours irrmdiablementavec nous. A.M. Mtaili, que je remercie pour son travailet dont la maison ddition fte prcisment cette anneses trente-cinq ans, me fait le plaisir de publier ce livre.Nous avons pens ensemble quil tait important que

    les lecteurs franais aient une meilleure information surles crivains invits au Salon du Livre de Paris. Jauraisaim pouvoir le faire pour les 200 crivains que regroupece livre, mais cela tait matriellement impossible ; pourviter les lgendes de photos descriptives ou plonas-tiques, nous avons pens quune journaliste et crivainau souffle littraire puissant, telle que Leila Guerrieropourrait accompagner mes photos par des textes dequalit, intelligents et plaisants qui introduisent chaquepersonnage et invitent le lire.

    Quun livre dhommage Julio Cortzar avec pour ar-gument deux cents crivains argentins soit prfac parun texte de Jos Manuel Fajardo sexplique aisment :n Grenade, rsident Lisbonne, loin de lArgentinemais pas de sa littrature, J.M. Fajardo est loin aussides passions partisanes. Si la qualit immdiatement

    perceptible de son texte ne suffisait pas, on peut ajouterque J.M. Fajardo est lun des crivains espagnols vivantsles plus universels et lun de ceux qui a le mieux intriorislessence commune des deux rives de lAtlantique uniespar une langue et tant de rves communs.

    Si quelquun a su transmettre dans ses livres le carac-tre insaisissable de lunivers et de nos rves, cest bienle grand Julio Cortzar, lauteur de Marelle, mais aussile grand amateur de jazz, lami de ses amis, le critiqueacerbe de la ralit. Que ce simple kalidoscope fen-tre, rsum, prsentation, proposition et appel serve suggrer linfini, incommensurable, inaccessible toute

    dfinition de notre gographie littraire, insparable denotre manire dtre et de rver.

    Je veux exprimer chacun des auteurs dont le portraitfigure ici ma gratitude et mon affection. Et prsentermes excuses aux nombreux crivains qui ne sont pas lpar manque de place, mais sont prsents avec la mmeintensit dans latlas des lettres argentines.

    Je voudrais ici remercier Karina Wroblewski, directricede lAudiovidothque de la Ville de Buenos Aires, sonprojet de restauration de mes archives dtruites Paris

    ma permis de rcuprer et inclure certaines photosdans ce livre.

    Et, comme il ne saurait en tre autrement, je voudraisddier ce livre Aurora Bernrdez, compagne de toujoursde Julio Cortzar, que je remercie pour sa complicit etsa passion des mots et des rves devenus images.

    PARIS, JANVIER 2014

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    La marelle littraire argentineJos Manuel Fajardo6 13

    Portraits dcrivains/Retratos de escritoresPhotographies/Fotos Daniel MordzinskiProfils littraires/Perfiles literarios Leila Guerriero22 79

    Kalidoscope/CaleidoscopioPhotographies/Fotos Daniel Mordzinski80 140

    La rayuela literaria argentinaJos Manuel Fajardo14 21

    Bibliographie/Bibliografias14 21

    Index14 21

    SOMMAIRE

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    10100 ANS DE JUILLET CORTAZAR 100 MONDES LITTRAIRE18

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    Il y a cinquante ans, en 1953, le roman Marelle faisaitdfinitivement de Paris la deuxime capitale de la litt-rature argentine, aprs Buenos Aires, grce ltrangemiracle de la fiction, qui sait rendre visibles par son jeu lesvases communicants de la ralit travers limaginaire.Lauteur de Marelle, Julio Cortzar, naquit le 26 aot 1914,

    Bruxelles, au sein dune famille argentine, mais il vcutpresque toute son enfance et sa jeunesse BuenosAires. En 1951 il sinstalla Paris aprs lobtention dunebourse du gouvernement franais et son admission aupavillon argentin de la Cit universitaire. Sur sa fichedinscription, conserve dans les archives du pavillon,une photo agrafe montre son visage singulier : frontample, face allonge, yeux normes et trs spars quilui donnent un air flin. Il ne semble pas avoir plus devingt ans et pourtant il en comptait dj trente-sept. Cevisage ternellement juvnile aux traits tranges a fini pardevenir une mtaphore de son criture et de ses idaux.

    Luvre de Cortzar est associe au renouveau de lalittrature de langue espagnole, mais aussi aux convul-sions rvolutionnaires des annes 60 et 70. Dans Marelleil proposa une manire de lire novatrice, qui permettaitau lecteur de suivre lordre traditionnel des chapitres oubien de faire une autre lecture en sautant des chapitrescomme dans le jeu enfantin qui donne son titre au roman.Cest un Julio Cortzar professeur et traducteur qui vcutactivement le mai 68 franais (il participa loccupationdu pavillon argentin de la Cit universitaire) et soutint avecenthousiasme, mais non sans esprit critique, la rvolutioncubaine. Son engagement dans les deux rvolutions

    littraire et politique fut tel quon la parfois qualifide Che Guevara de la littrature. Et sa capacit rvercontinue dexercer une puissante sduction.

    Dans un pome crit dans sa chambre du pavillon argen-tin, peu aprs son arrive Paris, Cortzar sexclamait :

    Ne me laisse pas dormir, ne me laisse pas en paix ! Etcomme sil sagissait dune rponse cette vhmenteinjonction, sa tombe au cimetire du Montparnasseest devenue, aprs son dcs le 12 fvrier 1984, un lieude plerinage constant pour ses lecteurs. Quil pleuveou quil vente, les plerins, pour la plupart dAmrique

    latine, viennent dposer sur sa tombe des signes deleur passage : des petits cailloux sans valeur, des fleurs,et surtout des pomes ou des phrases griffonnes la hte, comme si lmotion les poussait envoyer lcrivain un dernier message, convaincus que la tristeformalit de la mort ne peut les empcher de continuer

    de communiquer avec lui.

    Le premier appartement o sinstalla Cortzar tait prsde la Seine, dans limmeuble o habitait la chanteuseBarbara, muse des cabarets de la Rive Gauche. Il vcut Paris avec toutes ses femmes, dAurora Bernrdez Carol Dunlop. Un des endroits quil frquentait tait lerestaurant Polidor, deux pas du jardin du Luxembourg,le quartier o les personnages de Marelle vivent leurexistence de papier. Dans les rues avoisinantes (rueMonsieur-le-Prince, rue de Vaugirard, rue du Cherche-Midi) il rencontra son hros, Horacio Oliveira, avec laSibylle, la femme imprvisible qui incarnait une autre

    manire daimer, celle que les surralistes avaient djprofesse au dbut du sicle : un amour sans entraves nicertitudes, pure passion et conviction que les rencontressans rendez-vous sont tout sauf fortuites.

    La capacit de Cortzar voir la magie de la vie finit parcontaminer le lecteur, et cest peut-tre la grande vertude sa littrature : faire regarder le monde dune autremanire. Les aventures des personnages de Cortzardans Paris fascinent par la possibilit que leur offre lehasard dune rencontre imprvisible au dtour dune rue.Cest peut-tre ce sentiment qui habitait le trs jeune

    photographe Daniel Mordzinski, dj un lecteur passion-n de Cortzar, pendant lhiver 1978, quand quelquesmois aprs son arrive Paris on lui proposa de faire sapremire exposition photographique, prcisment laCit universitaire.

    Mordzinski avait dix-huit ans et il tait venu en Francepour chapper au climat de terreur impos dans son payspar la dictature militaire. Il vivait dans une chambre debonne de la Motte-Picquet, un sixime tage sans cuisine,ni tlphone, ni toilettes, dans la solitude radicale dunimmigrant frachement arriv. La veille de lexposition,

    La marellelittraire argentine

    Jos Manuel Fajardo

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    se rappelle Mordzinski, je me disais que jtais vraimentseul Paris et quaucun ami nallait maccompagner pourlinauguration de ma premire exposition. Jai pensalors que Julio Cortzar, la personne qui mavait le plusinfluenc pour me dcider venir ici, mme si je ne leconnaissais pas personnellement, vivait justement Paris. Marelle mavait marqu et jai eu une raction trscortazienne. Je suis all la poste et jai cherch son

    nom dans lannuaire. Je nesprais pas le trouver, etpourtant il y tait.

    Mordzinski appela une premire fois, mais il nosa paslaisser un message sur le rpondeur. Il raccrocha, maissa solitude le poussa rappeler. Il laissa le messagesuivant : Bonjour, Julio, je mappelle Daniel, je ne suispersonne, je nai jamais rien fait, mais demain jinaugurela premire exposition de ma vie et je serais le gamin leplus heureux du monde si tu pouvais venir. Il indiqualadresse et lheure de linauguration. Et Cortzar est venu.

    Une photo atteste de la rencontre. Une photo prise parquelquun qui Daniel avait prt un moment son ap-pareil. On y voit un Cortzar grand, envelopp dans unmanteau et une charpe, avec une barbe fournie et de

    grandes lunettes, et ct de lui un Daniel Mordzins-ki la chevelure hirsute de rocker, en gilet et cravate,qui regarde lobjectif et semble rprimer un sourire debonheur. Les deux posent prs dune photographie delexposition, sur laquelle on voit un bb sortir dun tuide guitare vide pos par terre. Javais os demander Cortzar quelle photo de lexposition lui plaisait le plus,se rappelle Mordzinski. Et lui, sans hsiter ma indiqu

    celle-l, que javais prise aux Halles, pendant que jouaitun groupe de musiciens des rues. De toutes les photosque jai exposes ce jour-l, dhonntes instantans dela vie quotidienne Paris, je dirais aujourdhui que seulecelle-l tait bonne.

    Trente-cinq ans aprs cette premire exposition, DanielMordzinski est devenu un photographe au prestige inter-national et une rfrence oblige quand il est questiondes liens entre photographie et littrature, au point dtreconnu comme le photographe des crivains. Plus dunetrentaine de livres publis, certains en collaboration avec

    de grands auteurs comme Luis Seplveda, Jean-ClaudeIzzo ou Antonio Sarabia, et des expositions dans desgaleries et des muses du monde entier tmoignentde sa carrire photographique. Cest toute la littrature

    1 EUMSI LHOMME EST LA MESURE DU FUENTES.

    2 A TROUV UNE TIGE PRCIS, LES.

    3 FOND AVEC SON TRAVAIL, LA MA.

    4 HOMMES ET DES FEMMES QUI TOUS.

    FALTA

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    dune poque qui est passe devant son objectif, et biensr la littrature argentine.

    Le Salon du Livre de Paris, en 2014, dont linvit dhonneurest lArgentine, concide avec le centenaire de la naissancede Julio Cortzar. Cest donc une bonne occasion pourdresser un panorama de la littrature argentine, lombrede la figure de lauteur de Marelle et en sinspirant des

    portraits des crivains argentins raliss par Daniel Mor-dzinski tout au long de ces trente-cinq annes, portraitsqui vont des pres fondateurs de la modernit littrairejusqu nos jours. Et quelle meilleure manire de procderque de faon elle aussi cortazienne, en dessinant dansnotre imagination une marelle littraire argentine quinous conduira, cloche-pied, dun style lautre, dunsujet lautre, dun auteur lautre Traons donc avecnotre craie imaginaire le demi-cercle de la case dpart,crivons le mot Terre et que le jeu commence.

    TERRECe nest pas par hasard que le nom de Cortzar

    forme un lien entre la littrature latino-amricaine et laculture franaise et que Marelle a exprim avec tant deforce les lumires et les ombres de ce territoire propice la passion amoureuse et la crativit artistique quest

    la ville de Paris. Aucun pays dAmrique latine ne sestautant dvelopp en contact permanent avec lEuropeque lArgentine, destination de vagues dmigrants, nonseulement lpoque coloniale mais, surtout, entre 1880et 1950, quand des millions dEuropens, ainsi que desgens du Moyen-Orient et mme du Japon, souvent chas-ss par la guerre, la famine ou les perscutions, vinrentchercher fortune dans ce pays dont l immense tendue

    occupe un espace quivalent la somme des superficiesde lEspagne, du Portugal, de la France, de lAngleterre, delIrlande, de la Belgique, de la Hollande, du Danemark, delAllemagne, de la Pologne, de lAutriche, de la Suisse, delItalie et de la Grce, et qui stire du climat subtropicalde la frontire brsilienne jusquaux grands froids de laTerre de Feu. Deux donnes suffisent pour se faire uneide : en 1914, un tiers de la population argentine tait nhors du pays et, vers 1930, la moiti de la population nesavait pas parler espagnol.

    Cest de ce formidable creuset de mmoires, de tra-

    jectoires, de voyages, de rencontres, de tragdies etde cultures quest ne la littrature argentine et il ny arien dtonnant ce que la terre sur laquelle elle fleuritstende au-del de ce territoire dmesur qui compose

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    sa gographie politique. Les lettres argentines sont unelittrature o se condense le monde.

    1. PRESFONDATEURS Le cosmopolitisme est donc invi-tablement un trait fondateur de la modernit littraireargentine, fille du romantisme europen, comme lasignal Mempo Giardinelli, un des meilleurs crivainsargentins daujourdhui. Un cosmopolitisme fruit aussi

    du poids de la grande ville portuaire dans la formationculturelle du pays. Buenos Aires nest pas seulement lacapitale, cest la grande cit qui accapare tout, le lieu osest concentre historiquement une grande partie de lapopulation : 60% au dbut du XXesicle, 25% au dbutdu XXIe.

    Portgne est aussi le tango, ce rythme qui dfinit le pays,une des rares musiques populaires qui ne soit pas ne la campagne mais en ville et, plus prcisment, dansce port o le monde entier dbarque. Il y a une prsenceportgne, trs souvent faubourienne, dans la littrature

    naturaliste de Fray Mocho la fin du XIXe

    sicle, ou chezun des pres fondateurs de la littrature argentine duXX

    e, Jorge Luis Borges (dont Mordzinski, peine g dedix-sept, prit une de ses premires photos, sur laquelle

    une main fantomatique qui entre sur le plan celle delinspiration ? semble indiquer le chemin). On retrouvecette prsence portgne dans certains de ses premierslivres, comme dans le recueil de pomes Ferveur deBuenos Aires, ou dans Evaristo Carriego, la biographiedu pote tanguero par excellence. Mais on peut aussirelever linfluence du modernisme et du symbolismechez Leopoldo Lugones, la passion rudite de Borges

    qui introduit les sagas islandaises ou Shakespeare dansHistoire de lternit, ou encore la culture juive dEuropecentrale dans LAleph, lincursion de Bioy Casares dansla l ittrature fantastique, notamment dans LInventionde Morel, rponse latino-amricaine Robinson Crusoet Lle du docteur Moreau, et les nigmes policiresdu tandem Borges-Casares, sous le pseudonyme deBustos Domecq. Pendant ce demi-sicle, on remarqueen parallle la rflexion existentialiste dErnesto Sbatosur le mal et la culpabilit dans Le Tunnel, la prsencede la violence naturaliste dans luvre de Roberto Arlt,les audaces rvolutionnaires de la posie de Ral Gon-

    zlez Tun, lironie cultive aux accents surralistesde Silvina Ocampo, ou encore le romantisme dsesprdAlfonsina Storni. Pour enfin aboutir la rvolutionformelle de Marelle.

    1 EUMSI LHOMME EST LA MESURE DU FUENTES.

    2 A TROUV UNE TIGE PRCIS, LES.

    3 FOND AVEC SON TRAVAIL, LA MA.

    4 HOMMES ET DES FEMMES QUI TOUS.

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    Dans la premire moiti du XXesicle, marque par larriveau pouvoir du gnral Juan Domingo Pern en 1946 et lanaissance du pronisme, dont linfluence sest prolongejusqu nos jours, la marmite littraire argentine a mlnombre dingrdients qui allaient former, dans une sortede big bang, les galaxies cratrices des quatre derniresdcennies.

    2. RVOLUTIONS Sil est un trait qui caractrise la socitargentine, cest bien celui de la passion pour la contro-verse : la fusion sociale dune telle masse dlmentsdorigine si diverses ne peut se faire sans conflits. Celaexplique peut-tre la prsence de la politique et de laviolence dans sa littrature. La formation du pronisme,vcue comme un processus rvolutionnaire par certainset comme un autoritarisme militaire par dautres, a finipar produire une mythologie littraire dans des uvrescomme Santa Evita, de Toms Eloy Martnez, et ennourrir beaucoup dautres de manire plus ou moinsdirecte : depuis langoisse de Jorge Barn Biza dans Le

    Dsert et sa semence, jusqu lironie de Martn Caparrs,ou encore des potes de la nouvelle gnration commeWashington Cucurto, auteur, entre autres, du pome Elhombre de Cristina (la prsidente Cristina Kirchner).

    Comme presque toute lAmrique latine, lArgentine aconnu des pisodes de lutte arme rvolutionnaire et unefroce dictature militaire qui ont marqu sa littrature,avec une rfrence omniprsente au pronisme, qui futcapable dabriter autant lextrme gauche des montonerosque lextrme droite du gouvernement de Lpez Rega.De grands auteurs ont milit chez les montoneros, telsque le pote et dramaturge Juan Gelman (Mordzinski la

    photographi une entre du mtro, mtaphore terribledu monde souterrain des disparus, qui a touch de prs lepote), Miguel Bonasso, ou encore Rodolfo Walsh, crateurdu nouveau journalisme argentin avec son livre Oprationmassacre, qui fut assassin par les militaires en 1977, aumoment o il sortait du bureau de poste, juste aprs avoirenvoy plusieurs journaux et correspondants trangerssa Lettre ouverte dun crivain la junte militaire.

    La lutte arme et son paradoxe thique ont aussi ins-pir Julio Cortzar, en 1973, son Livre de Manuel. Ontrouve aussi au cur de luvre littraire de Manuel Puig,

    particulirement dans son roman Le Baiser de la fem-me-araigne, une extraordinaire et originale approche duconflit politique travers la question de lhomosexualit,qui navait pas lpoque la place quelle a aujourdhui.

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    3. LARGENTINEENNOIR La violence politique et la violencesociale jouent donc un rle central dans cette Argentineen noir que dpeint une bonne partie de sa littrature.Lesprit critique accompagne cependant la dnonciationet les auteurs argentins sexpriment dans un registre quichappe au discours moral au profit dune argumentationthique teinte de mlancolie aigre-douce. Cest dansce climat que vivent les personnages dOsvaldo Soriano,

    passants de paysages dsols et hros de conflits qui sersolvent par la dignit, comme dans Quartiers dhiver.Ceux de Mempo Giardinelli oscillent eux aussi entre lavolont de sauvegarder la mmoire, la leur et celle de leurtemps, dans Saint-office de la mmoire, et les drivesles plus froces, dans ses thrillers mmorables que sontLuna caliente ou Le Dixime Cercle.

    Le thme de la violence apparat aussi chez des crivainsdifficilement classables dans un genre littraire (cest lecas de Juan Jos Saer et de son criture exigeante, oude Rodolfo Fogwill et de son roman Los Pichiciegos sur

    la guerre des Malouines, traduit en anglais sous le titreMalvinas Requiem), et a fini logiquement par dvelopperune singulire srie noire largentine. Le personnagedu dtective, la structure du thriller et le rcit dun crimecontinuent doffrir un terrain littraire idal pour aborderles conflits sociaux et lgarement de lindividu dans uneralit convulsive, comme en tmoignent, dans une gran-de diversit de registres, des romans comme Argent brl,de Ricardo Piglia, ou les uvres de Guillermo Saccomanno,Juan Sasturain, Luiza Valenzuela, Martn Caparrs, RalArgem, Carlos Salem, Ernesto Mallo, Carlos Balmaceda,entre autres, avec des rinterprtations novatrices dugenre, dans des romans comme Les Veuves du jeudi,

    de Claudia Pieiro, LInstruction, dAlan Pauls, ou Sangrekosher, de Mara Ins Krimer.

    4 et 5. RACINESLAIR/ VOYAGESDERETOUR En Argentine,nation dmigrants, la vie politique et sociale a gnrparadoxalement une force centrifuge migratoire qui aenvoy une bonne partie de ses intellectuels ltranger.Parfois par la voie de lexil, dautres fois par ce qui sembleune rponse lappel de lointaines origines. LArgentine atoujours eu les yeux tourns vers lailleurs et sest regardeelle-mme de lextrieur avec les yeux dauteurs dracins.

    Hctor Bianciotti, qui avait migr en 1955 pour sinstaller Paris en 1961, fut membre de lAcadmie franaise et,aux ditions Gallimard un homme cl pour la promotionde la littrature argentine et latino-amricaine en Europe.Dans son livre Ce que la nuit raconte au jour, il retrace savie difficile dhomosexuel dans la campagne argentine.Homosexuel, et de plus militant gay, fut aussi Ral Da-monte, plus connu sous le pseudonyme de Copi, installdepuis 1962 Paris, o il travailla avec le groupe Panique(Jodorowsky, Topor, Arrabal) et cra la pice de thtreEvita Pern, une figure excentrique que lcrivain CsarAira a beaucoup dfendue en Argentine.

    Invitablement, de nombreux auteurs argentins ont prisle chemin de lexil pour chapper la rpression de ladictature militaire. Ce fut le cas de Daniel Moyano, exilen 1976, Barcelone, et qui durant sa brve dtentionavant son dpart apprit que ses livres avaient t saisisdans la librairie Riojana et brls dans la caserne, avecceux de Cortzar et de Neruda, quel honneur ! Certainsde ces crivains avaient fait partie de groupes rvolution-

    naires de lutte arme, comme Rolo Dez, exil au Mexiquedepuis 1980 et auteur de romans policiers comme Papelpicado, qui racontent autant la violence mexicaine quela longue nuit de la rpression argentine, et Ral Argem,dont luvre est une rfrence oblige du roman noir delangue espagnole, et qui sest install en Espagne en2000 aprs avoir fait plusieurs annes de prison.

    Mais la passion du voyage compte aussi dans la littratureargentine exile. Rodrigo Fresn vit Barcelone depuis1999, o il a publi son roman datmosphre anglaise LesJardins de Kensington. La potesse Luisa Futoransky

    est partie en 1974 vivre en Espagne (o vit aussi depuis1965 le pote Marcos Ricardo Barnatn), puis en Chine,au Japon et finalement Paris, o elle rside depuis 1979.Linjustice est un thme trs prsent dans sa posie defemme juive, solitaire, dracine, hritire littraire dunpays de grands potes comme Alejandra Pizarnik ouRoberto Jurroz. Dans le cas de Sergio Chejfec, qui vitactuellement New York, aprs avoir pass quinze ans auVenezuela, cette injustice se remarque la double tracedans son uvre de la violence et de la culture juive, carune des caractristiques de la littrature argentine tient la prsence importante dauteurs dorigine juive, refletdu poids de cette communaut au sein de la socit

    argentine. Communaut laquelle appartient aussi An-drs Neuman, lequel, en 1991, lge de quatorze ans, estparti avec sa famille Grenade, en Espagne, o il rsidedepuis lors, et qui a parcouru la rgion de ses originesfamiliales, cette mouvante frontire allemande du XIXe,dans son roman prim Le Voyageur du sicle, dontun des personnages affirme avec ironie : Ils sont trsinquiets, ces Argentins Ils adorent lEurope et semblentdominer plusieurs langues. Ils parlent sans cesse de leurpays, mais ils ny restent jamais.

    6. BIBLIOTHQUEMONDE Le roman de Neuman tmoigne du-

    ne rudition qui est quasiment une rgle dans la littratureargentine, attentive aux courants littraires, amoureusedes jeux intellectuels et des dlires de limagination. QueBorges ait fait de la Bibliothque la mtaphore du mondeest plus quun caprice dhomme de lettres ; cest lnoncmme du code gntique littraire argentin.

    La littrature fantastique occupe une place de choixdans les lettres argentines, de Borges jusqu Pablo deSantis, en passant par la fantaisie pop de Rodrigo Fresn.Les rfrences littraires, philosophiques, musicales oupicturales peuplaient les pages de Marelle, de mme

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    quune rudition brillante tait incruste dans luvrede Manuel Mjica Lanez, que ce soit lItalie de la Re-naissance quvoque son roman Bomarzo, le Moyen gefranais des troubadours dans La Licorne, ou lEspagnedu Sicle dOr du Labyrinthe. A travers les passions deses personnages, Federico Andahazi joue avec lhistoire,et en particulier lhistoire europenne, dans des romanscomme LAnatomiste ou Le Livre des plaisirs. Et les plus

    rcentes tendances de lautofiction ou de la mtalittra-ture apparaissent aussi dans luvre vaste de Csar Airaet dans les romans dEduardo Berti et de Gonzalo Garcs.Tendances qui du reste palpitaient dj dans luvrede Cortzar, au point que dans la rvolte logique contreles pres littraires, Cortzar peut tre vu par certainsauteurs actuels comme une figure abattre.

    7 et 8. PASSIMPARFAIT/ PRSENTDELINDICATIFAvec un telpoids du pass et lexprience dune synthse culture-lle de dimensions plantaires, la littrature argentinedaujourdhui semble avoir entrepris un rglement de

    comptes collectif avec le temps.

    Dun ct, il sagit de nommer ce terrible pass et de lefaire en des termes qui vont au-del du simple tmoigna-ge, mme si le tmoignage est indispensable. Faire dunpass imparfait un espace littraire. En rinvestissantlhistoire nationale, si souvent manipule dans le fracasdes controverses politiques et idologiques, comme lefait Eduardo Belgrano Rawson dans Fuegia, son romansur lextermination des Indiens Patagons au dbut du XXesicle, ainsi quElsa Osorio dans deux grands romans :Tango, vritable voyage dans le temps la naissance duBuenos Aires moderne, et Luz ou le temps sauvage, qui

    raconte le vol denfants de disparus par les militaires eto la lumire de la littrature parvient humaniser unepoque datrocits (cette lumire qui apparat dans leportrait que Mordzinski a fait dElsa Osorio, une clartderrire elle, comme le bout dun tunnel, mais qui illuminemiraculeusement le visage au premier plan).

    Mais il sagit aussi de raconter les incertitudes du prsent,les peurs, les rglements de comptes familiaux et senti-mentaux, la difficile relation avec lhritage dune nationdont la construction parat interminable, comme dans Lasgarras del nio intil, de Luis Mey, ou dans les romans de

    Gustavo Nielsen, Marcelo Birmajer, Alicia Dujovne Ortiz,Alan Pauls. La narration adopte souvent, et brillamment,le registre de la chronique journalistique, comme chezMartn Caparrs ou Josefina Licittra. Il sagit de relaterun prsent dans lequel la littrature argentine cesse

    enfin de privilgier la ville de Buenos Aires et souvre limmensit du pays en donnant voix et place dautresespaces de son territoire, comme le font des crivains telsque Martn Kohan dans Baha Blanca, Mempo Giardinellidans Fin de roman en Patagonie, Eugenia Almeida dansLAutobus, Leila Guerriero dans Los suicidas del fin delmundo, ou de faon plus ironique Pedro Mairal dans Unenuit avec Sabrina Love.

    CIEL Nous arrivons ainsi au Ciel de cette marelle litt-raire que, dans lamre exprience de cette poque dedsillusions, il faut placer provisoirement dans le prsent.Au ciel de lOlympe littraire sont dj monts de grandsnoms de la littrature argentine : Borges, Bioy Casares,Ernesto Sbato, Manuel Puig, Osvaldo Soriano Il leurest peut-tre destin, ce ciel de tango quimagine ElsaOsorio dans son roman Tango, un vaste salon o auteuret lecteur parcourent ternellement la mmoire de la vie.

    Mais dans le ciel terrestre de la cration littraire des

    vivants (celui o lon parvient voir son uvre publie,ft-ce de faon phmre), la fin du jeu nous montre unelittrature argentine dont le dialogue avec le monde acess de privilgier la relation avec lEurope pour souvrir dautres littratures du continent amricain, dans undialogue qui ne passe plus par lhritage colonial desanciennes mtropoles. Une littrature qui rsiste aumarch, en dfendant notamment le genre littraire dela nouvelle. Aujourdhui, selon Mempo Giardinelli, re-vient lineffaable et puissante tradition de la nouvellecomme le genre littraire le plus populaire en Argentine,ainsi que le prouvent les uvres dAna Mara Shua, dePerla Suez, de Samanta Schweblin. Voix daujourdhui

    dun genre qui a compt en Argentine dindiscutablesmatres, depuis la fantaisie amoureuse des paradoxesde Cortzar et de Borges, jusqu lhumour dlirant deRoberto Fontanarrosa. Le fabuleux territoire littrairedun genre que la plupart des lecteurs europens nontpas encore dcouvert.

    La littrature argentine daujourdhui oscille entre le procheet le lointain (mais o commence le proche quand on estenfant du lointain ?), entre ralisme et exprimentation,entre autofiction et fantaisie, entre chronique et intros-pection. Et cela avec des auteurs comme Bettina Gon-

    zlez, Andrs Neuman, Pedro Mairal, Guillermo Martnez,Matas Nspolo, Pola Oloixarac, Patricio Pron, SamantaSchewblin, dont les noms vont occuper la vie littrairedes prochaines annes. Car ce Ciel littraire daujourdhuiest appel tre la Terre de la prochaine marelle.

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    Julio Cortzar

    Despus, se dijo que sus novelas haban envejecido.

    Que toda esa fragilidad existencial ya no se usaba. Que

    creerse Oliveira estaba un poco demod. Y, sin embar-

    go, tantos se hicieron escritores por culpa de Rayuela,por cosas como sta : Es as, Rocamadour : en Pars

    somos como hongos crecemos en los pasamanos de

    las escaleras, en piezas oscuras donde huele a sebo,

    donde la gente hace todo el tiempo el amor y despus

    fre huevos y pone discos de Vivaldi, enciende los ciga-

    rrillos (...). Casi no tenemos ropa, nos arreglamos con

    tan poco, un buen abrigo, unos zapatos en lo que no

    entre el agua, somos muy sucios, todo el mundo es muy

    sucio y hermoso en Pars, Rocamadour (...).

    Ensuite on a dit que ses romans avaient vieilli. Que toutecette fragilit existentielle navait plus cours. Que seprendre pour Oliveira tait un peu dmod. Et pourtantbeaucoup sont devenus crivains cause de Marelle,pour des choses comme celle-ci : Cest comme aRocamadour : Paris nous sommes des champignons,nous poussons sur les rampes des escaliers, dans despices sombres qui sentent le gras, o les gens fonttout le temps lamour puis font frire des ufs au plat etmettent des disques de Vivaldi, allument des cigarettes(). Nous navons presque pas de vtements, nousnous arrangeons avec trs peu, un bon manteau, des

    chaussures qui ne prennent pas leau, nous sommestrs sales, tout le monde est trs sale et beau Paris,Rocamadour ().

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    PARS, 1982

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    Jorge Luis Borges

    Borges et les sagas nordiques. Borges et les miroirs.Borges et les labyrinthes. Borges et les tigres. Borgeset le jardin des sentiers qui bifurquent. Borges et lefootball. Borges et les bibliothques. Borges et lesdictatures. Borges et Bioy Casares et Borges et MaraKodama. Borges et la ccit. Borges et (ou) Pern.Borges et sa mre. Borges et le prix Nobel. Borges etles femmes. Borges et Dieu. Borges et Shakespeare.Borges et Buenos Aires. Quest-ce quon peut dire deplus ? Mieux vaut se taire.

    Borges y las sagas nrdicas. Borges y los espejos.Borges y los laberintos. Borges y los tigres. Borges y

    el jardn de los senderos que se bifurcan. Borges y el

    ftbol. Borges y las bibliotecas. Borges y las dictaduras.

    Borges y Bioy y Borges y Mara Kodama. Borges y la

    ceguera. Borges y (o) Pern. Borges y su madre. Borges

    y el premio Nobel. Borges y las mujeres. Borges y Dios.

    Borges y Shakespeare. Borges y Buenos Aires. Qu

    ms puede decirse ? Mejor callar.

    Molest, sendis suntior rundes auda dolorem consequiae

    aut adipsunt vidunt et laceperio. Nam faccus et qui simus

    sitatem ressimi, ut venduciet laccusc idiate iminus es

    volupit atium, te sime liae officiate non plitinv enissequiduciliquam esci velessiti delliqu iberit, coreruntotat

    posam nis ea volum ea dolenem labore nonsequae

    reium assequi aspedistis sim vollaborent liqui cuptatur,

    optaquaeptas eos sum imagni que net perovid elictas-

    pici delestr uptatin rerrum ut est re estrumqui nissum

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    BUENOS AIRES, 1978

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    Juan Jos Saer

    Saer, n Serodino, Santa Fe, rsident Paris, France.Jusqu dix-sept ans il na lu que de la posie. Il estmort dun cancer soixante-sept ans. Il jouait cettemusique : Il ny a, au dbut, rien. Rien. La rivire, lisse,dore, sans une seule ride, et derrire, en plein soleil,basse, poussireuse, en pente douce vers leau quironge sa rive, lle. Le Chat scarte de la fentre quidemeure vide et cherche, sur le carrelage rouge, lescigarettes et les allumettes. Accroupi, il allume unecigarette et dans le remous de fume de la premirebouffe, il laisse tomber, sans la secouer, lallumettequi, en touchant le carrelage, de faon subite, steint.

    Saer, nacido en Serodino, Santa Fe, residente en Paris,

    Francia. Hasta los diecisiete aos ley slo poesa. Muri

    de cncer a los sesenta y siete. Haca esta msica : No

    hay, al principio, nada. Nada. El ro liso, dorado, sin una

    sola arruga, y detrs, baja, polvorienta, en pleno sol, su

    barranca cayendo suave, medio comida por el agua, la

    isla. El Gato se retira de la ventana, que queda vaca, y

    busca, de sobre las baldosas coloradas, los cigarrillos

    y los fsforos. Acuclillado enciende un cigarrillo, y, sin

    sacudirlo, entre el tumulto de humo de la primera bo-

    canada, deja caer el fsforo que, al tocar las baldosas,

    de un modo sbito, se apaga.

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    PARS, 1997

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    Quino

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    Voici lhomme qui a obtenu que lhistoire de la filledune femme au foyer et dun courtier en assurances setransmette jusqu nos jours comme seules se trans-mettent les lgendes et les berceuses : des parentsaux enfants, des enfants aux petits-enfants. Quino ainvent Mafalda, et Mafalda, des dcennies aprs sanaissance, est encore une enfant sans ge qui se jetteen piqu sur le pouvoir et discute les lieux communsavec la mme actualit que dans les annes 60. Mmesi aprs avoir dcid dabandonner la BDen 1973, Quinoa fait beaucoup dautres choses, les gens lui demandenttoujours pourquoi il a cess de la dessiner. Parfois je

    sens que les gens me font des reproches comme uncriminel de guerre qui a jadis tu neuf personnes : lesneuf personnages de lalbum. Ils me traitent commesi jtais un assassin.

    Este es el hombre que logr que la historia de la hija

    de un ama de casa y de un vendedor de seguros con-

    tinuara replicndose hasta hoy como slo se replican

    las leyendas y las canciones de cuna : de padres a hijos,

    de hijos a nietos. Quino invent a Mafalda y Mafalda, a

    dcadas de su nacimiento, es an esa nia sin edad

    que se lanza en picado contra el poder y discute el lugar

    comn con el mismo grado de actualidad con que lo

    haca en los aos sesenta. Aunque desde que decidi

    abandonar la historieta, en 1973, Quino ha hecho muchas

    otras cosas, la gente todava le pregunta por qu dej

    de dibujarla. A veces siento que la gente me reprocha

    como a un criminal de guerra que hace aos mat a

    nueve personas : los nueve personajes de la historieta.

    Me tratan como si fuera un asesino.

    MADRID, 2009

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    MempoGiardinelli

    Mempo Giardinelli se cri en una casa modesta de la

    ciudad de Resistencia, Chaco, donde las que lean eran

    las mujeres su hermana, su madre y donde el mueble

    ms importante era la biblioteca. Ellas le contaban, cada

    noche, historias que provenan de esos libros, y as fuecomo lo convirtieron en lector. En 1996, cuando ya haba

    sido traducido a veinte idiomas, don su biblioteca a la

    fundacin que lleva su nombre y que est dedicada al

    fomento de la lectura en la ciudad en la que empez a

    leer : Resistencia, Chaco.

    Mempo Giardinelli a t lev dans une modeste maisonde la ville de Resistencia, dans le Chaco, o ctaient lesfemmes qui lisaient sa sur, sa mre et o le meublele plus important tait la bibliothque. Elles lui racontaient,

    tous les soirs, des histoires qui venaient de ces livres, etcest comme cela quelles en ont fait un lecteur. En 1996,alors quil tait dj traduit en vingt langues, il a fait donde sa bibliothque la fondation qui porte son nom etqui travaille au dveloppement de la lecture dans laville o il a commenc lire : Resistencia, dans le Chaco.

    PASO DE LA PATRIA, 1999

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    Eugenia Almeida

    A Eugenia Almeida le interesa la manera en que las nfimas

    elecciones terminan por construir la gran historia. En el

    ao 2005 se enter de la existencia del concurso de Novela

    Dos Orillas, en Espaa, y trat de enviar su primera obra,

    El colectivo, que cuenta cmo una pequea alteracin enla vida cotidiana un bus deja de detenerse en un pueblo

    en el que, a diario, recoge pasajeros desencadena mi-serias tremebundas. Se top con un obstculo complejo :

    el certamen exiga tres copias del manuscrito y ella, que

    atravesaba una situacin econmica terminal, no tena

    dinero para hacerlas. Pero lo logr, de alguna forma, y la

    novela result la ganadora. Las nfimas elecciones que

    terminan por construir la gran historia.

    Eugenia Almeida sintresse la faon dont les choixinfimes finissent par construire la grande histoire. En2005 elle apprit lexistence du concours littraire LasDos Orillas, Les Deux Rives, en Espagne, et elle essayady envoyer son premier roman, LAutobus qui racontecomment un petit changement de la vie quotidienne un

    autobus cesse de sarrter dans un village o, tous lesjours, il prenait des passagers dchane des malheursterribles. Elle se heurta un obstacle complexe : le rgle-ment exigeait lenvoi de trois copies du manuscrit, elletraversait une situation conomique mortelle, et navaitpas dargent pour faire les copies. Quoi quil en soit elle arussi, et son roman a gagn. Les choix infimes finissentpar construire la grande histoire.

    TOULOUSE, 2013

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    Selva Almada

    El interior de la Argentina puede ser un sitio irreal (buc-

    lico, repleto de gente buena con buenas intenciones), o

    el suelo en el que se desangran uno boca arriba, otro

    boca abajo Pajarito Tamai y Marciano Miranda, los

    protagonistas de Ladrilleros, la novela de Selva Almada.Pajarito Tamai y Marciano Miranda se desangran en el

    mismo paisaje en el que ella se cri y donde supo, desdechica, que no hay personas puras, ni sitios inocentes, y

    que quizs por eso quera escribir.

    Lintrieur de lArgentine peut tre un endroit irrel (bu-colique, rempli de braves gens pleins de bonnes inten-tions), ou la terre sur laquelle Pajarito Tamai et MarcianoMiranda, les hros du roman de Selva Almada, Ladrilleros,rpandent leur sang lun sur le dos, lautre sur le ventre.Pajarito Tamai et Marciano Miranda rpandent leur sang

    dans le paysage o elle a t leve et o elle a su, toutepetite, que personne nest pur, quaucun lieu nest innocentet peut-tre cause de cela quelle voulait crire.

    BUENOS AIRES, 2012

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    Pablo de Santis

    Pablo de Santis escribe guiones de historieta y de te-

    levisin, novelas juveniles y policiales, defiende la obra

    de Stephen King y de Agatha Christie, sostiene que el

    crtico norteamericano Harold Bloom es una autoridad

    en materia de tonteras, errores y prejuicios. Su novela Elenigma de Parsgan, en 2007, el Premio Iberoamericano

    Planeta-Casa de Amrica. Se lo entregaron en Bogoty, durante la rueda de prensa que se realiz despus, un

    periodista le pregunt qu era lo primero que pensaba

    hacer con los docientos mil dlares del premio. El con-

    test : Cambiar el auto. Hay gente que piensa que de

    Santis es una persona tmida.

    Pablo de Santis crit des scnarios de BDet pour la t-lvision, des romans jeunesse et des romans noirs, ildfend luvre de Stephen King et dAgatha Christie, ilsoutient que le critique nord-amricain Harold Bloomest une autorit en matire dimbcilits, derreurs et deprjugs. Son roman Le Cercle des Douzea gagn, en

    2007, le prix ibro-amricain Planeta-Casa de Amrica.On le lui a remis Bogot et, au cours de la confrencede presse qui a suivi, un journaliste lui a demand quelletait la premire chose quil pensait faire avec les deuxcent mille dollars du prix. Il a rpondu : Changer devoiture. Certains pensent que de Santis est un timide.

    BUENOS AIRES, 1999

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    AlanPauls

    La elegancia oscura, la elegancia secreta, la ruda ele-

    gancia con la que Alan Pauls es capaz de hablar de las

    axilas de las mujeres, del horror de las tardes de domingo,

    de los aos setenta en la Argentina, de sus vacaciones

    de la infancia en la playa, del cine de Ral Ruiz, de lamuerte de su padre, de Barthes, de problemas dermato-

    lgicos, de Roberto Arlt, de Manuel Puig, del dinero y del

    pelo. Su forma de usar la palabra demente, la palabra

    virus, la palabra polimorfo. Pasea por la ficcin y por

    la no ficcin y por el cine (como actor, como espectador,

    como crtico). Es alto. Es lento. Le gusta pensar despacio.

    Tiene pelo de lobo.

    Llgance obscure, llgance secrte, la rude lgancedAlan Pauls quand il parle des aisselles des femmes, delhorreur des dimanches aprs-midi, des annes 70 enArgentine, des vacances de son enfance la plage, du

    cinma de Ral Ruiz, de la mort de son pre, de Barthes,des problmes dermatologiques, de Roberto Arlt, de Ma-nuel Puig, de largent et des cheveux. Sa manire dutiliserle mot dment, le mot virus, le mot polymorphe. Il sepromne dans la fiction, et dans la non-fiction, et dansle cinma (comme acteur, comme spectateur, commecritique). Il est grand. Il est lent. Il aime penser lentement.Il a des cheveux de loup.

    PARS, 1997

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    Elsa Osorio

    Cuando, a principios de los aos noventa, Elsa Osorio

    ofreci a varias editoriales argentinas una novela llamada

    A veinte aos, Luz, todas se la rechazaron porque el argu-mento la historia de una chica, hija de desaparecidos,

    apropiada y criada por militares, que buscaba a su familia

    biolgica no les pareca interesante. Finalmente, el libro

    se tradujo a diecisis idiomas y result premonitorio: sihasta entonces haban sido las abuelas quienes haban

    buscado a sus nietos nacidos en cautiverio, por esos

    aos fueron los nietos quienes empezaron a buscar a sus

    familias biolgicas. Cont la vida de Mika Etchebhere,

    nica mujer en liderar un batalln durante la Guerra Civil

    Espaola. Me gustara que esta especie de Che Guevara

    mujer tuviera el lugar que se merece en nuestra historia,

    dijo en una entrevista. Quizs esa voluntad de sealar,

    entre la confusin de una poca, a los verdaderos y

    desapercibidos - protagonistas de la historia, sea la ms

    clara marca de su obra.

    Quand, au dbut des annes 90, Elsa Osorio propose plusieurs maisons ddition argentines un roman intitulLuz ou le temps sauvage, elles le refusent toutes, parceque lhistoire une fille de disparus, adopte et leve pardes militaires, qui cherche sa famille biologique ne leursemble pas intressante. Finalement, le livre est traduit

    en seize langues, et savre prmonitoire : si, jusque-lctaient les grands-mres qui cherchaient leurs petits-en-fants, la fin des annes 90 ce sont les petits-enfants quiont commenc chercher leurs familles biologiques. Ellea aussi racont la vie de lArgentine Mika Etchebhre, laseule femme diriger un bataillon pendant la guerre civileespagnole. Jaimerais que cette sorte de Che Guevarafminin ait la place quelle mrite dans notre histoire, dit-elle dans une interview. Cette volont de dsigner, dansle bruit et la confusion dune poque, les vrais acteursde lhistoire, souvent passs inaperus, est sans doutela caractristique la plus claire de son uvre.

    NANTES, 2007

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    Pablo Ramos

    A los dieciseis aos, Pablo Ramos ley a Nietszche, se

    convenci de que la vida no vala nada, se fue de su casa y

    se dedic a tocar la guitarra. A los 27 tena un hijo de tres,

    sala a robar a mano armada (drogas a dealers infernales,

    gasolineras en una moto) y viva en una pensin donde,

    adems de leer compulsivamente, compraba cocana,

    consuma la mitad y viva de vender lo que quedaba.Conoci a una bailarina con la que comparti techo

    hasta que un da lleg a casa borracho, aferrado a

    otra mujer y slo cuando empuj la puerta del cuarto

    record que viva con alguien Entonces se quiso matar :

    se enrosc una soga al cuello pero no logr ms que darse

    un golpe. Era 1998. Ese fue el principio del fin de los aos

    salvajes, y empez a escribir : dos novelas, cuentos, una

    nouvelle. As fue como transform su vida en literatura,

    y la literatura le salv la vida.

    A seize ans, Pablo Ramos a lu Nietsche et sest convaincuque la vie ne valait rien, il est parti de chez lui et sest mis jouer de la guitare. A vingt-sept ans il avait un fils de troisans, pratiquait le vol main arme (la drogue des dealersinfernaux, des stations-services moto) et il vivait dansune pension o il lisait de faon compulsive, achetait de la

    cocane, en consommait la moiti et vendait le reste pourvivre. Il fit la connaissance dune ballerine dont il partageale toit jusquau jour o il arriva chez lui ivre, accroch une autre femme et ne se rappela quen poussant laporte quil vivait avec quelquun. Il voulut alors se tuer :il se passa une corde au cou mais narriva pas sauter.Ctait en 1998. Cela a t le commencement de la findes annes sauvages, et il se mit crire : deux romans,des contes, un roman court. Cest ainsi quil a transformsa vie en littrature, et que la littrature lui a sauv la vie.

    BUENOS AIRES, 2008

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    Pola Oloixarac

    Pola Oloixarac puso la crtica a sus pies con una sola

    novela : Las teoras salvajes. Y, como suele suceder cuan-do esas cosas pasan, desat una oleada de polmicas,

    insultos, diatribas, elogios, denostaciones. Ella camin a

    travs de esa maraa como una dominatriz impa, altiva

    como un demonio ardiente, escanciando opiniones tan

    sutiles como la mordida de un velociraptor. Cree que laodian los emos sin sentido del humor, que la aman los

    amantes de las emociones fuertes, del vino, de la filosofa,

    de las olivas y del jamn.

    Il a suffi dun seul roman, Les Thories sauvages, pour quePola Oloixarac mette la critique ses pieds. Et, commedhabitude lorsque ce genre de choses arrive, elle a d-clench une vague de polmiques, insultes, diatribes,loges, offenses. Elle a march au milieu de ce dsordrecomme une dominatrice impitoyable, hautaine comme

    un dmon ardent, distillant des opinions aussi subtilesque les crocs dun vlociraptor. Elle se croit honnie pardes emosdpourvus de tout humour, tandis que ceuxqui laiment sont amoureux des motions fortes, du vin,de la philosophie, des olives et du jambon.

    CARTAGENA DE INDIAS, 2011

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    Index

    A

    Florencia AbbateMarcos AguinisCsar AiraCristian Alarcn

    Daniel AlcobaLaura AlcobaSelva AlmadaEugenia AlmeidaMercedes lvarezFederico AndahaziEsther AndradeGraciela ArozRal ArgemJavier ArgelloJorge Aulicino

    B

    Carlos BalmacedaSilvia Baron SupervielleVicente BattistaOsvaldo Bayer

    Romy BayoJuan BecerraEduardo Belgrano RawsonLaura BellessiAriel BermaniEduardo BertiHctor BianciottiFernando BirriAdolfo Bioy CasaresMarcelo BirmajerSergio BizzioIsidoro BlaistenJuan Ignacio Boido

    Miguel BonassoJos Luis BorgesEnrique BrecciaPaula BrecciaroliLeopoldo BrizuelaFlix BruzzoneJorge Bucay

    C

    Gabriela Cabezn CmaraArnaldo CalveyraSilvia CamerottoMartn Caparrs

    Arturo CarreraFaban CasasHernn CasciariAbelardo CastilloSrgio ChejfecRafael CippoliniJos Edmundo ClementeOliverio CoelhoMarcelo CohenHorcio ConvertiniNicols CorreaJulio CortzarLzaro Covadlo

    Edgardo CozarinskyMaria Snia CristoffEsther CrossWashington Cucurto

    D

    Josefina DelgadoPablo de SantisRolo DezMariana DimpulosCarlos Maria Domnguez

    Elsa DucraroffAlicia Dujovne Ortiz

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    140

    E

    Mariana EnrquezDiego ErlanLiliana Esciar

    F

    Federico FalcoMara FasceCharlie FeilingJos Pablo FeinmannEsther FeldmanJorge Fernndez DazMarcelo FiguerasRodolfo FogwillJorge FonderbriderEduardo FracchiaRodrigo Fresn

    Luisa Futoransky

    G

    Griselda GambaroCarlos GamerroCarlos GaraycocheaGonzalo GarcsManuel Garca FerrFernanda Garcia LaoJuan GelmanMempo Giardinelli

    Mercedes GiuffrMario GoloboffBetina GonzlezJonio GonzlezDaniel GuebelLeila GuerrieroLuis Gusmn

    H

    Silvia Hopenhayn

    I

    Sylvia Iparraguirre

    J

    Anbal JarkowskiFederico Jeanmaire

    K

    Vlady KociancichMartn KohanPatricia Kolesnicov

    L

    Alberto LaisecaLeonidas LamborghiniJorge LanataAlejandra LaurencichClara LevinJosefina LicitraNatalia LitvinovaVivian LofiegoSandra LorenzanoJosefina Ludmer

    Marcelo Lujn

    M

    Ariel MagnusPedro MairalMaitenaErnesto Mallo

    Alberto ManguelGregorio ManzurGuillermo MartnezEnrique MedinaAledo Luis MeloniNaty MenstrualLuis MeyGraciela MochkofskyMordilloJos MuchnikDebora MundaniJos MuzN

    Andrs NeumanGustavo NielsenCristina NortonFernando Noy

    O

    Sergio OlgunPola OloixaracPedro OrgambideOlga Orozco

    Leonardo Oyola

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  • 7/23/2019 Cro No Pio s Booklet

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    P

    Hugo PadelettiDiego PaszkowskiAlan PaulsEduardo Pavlovsky

    Luis PescettiMarcelo Pichon RiviereRicardo PigliaFelipe PignaClaudia PieiroGuillermo PiroPatricio PronLuca Puenzo

    Q

    Micael QueirozQuino

    Ramiro Quintana

    R

    Pablo RamosMiguel RepAndrs RiveraRaquel RoblesRicardo RomeroHernn RonsinoSara Rosenberg

    S

    SbatErnesto SbatoLeonardo SabbatellaGuillermo Saccomanno

    Eduardo SacheriJuan Jos SaerCarlos SalemCarlos SampayoMatilde SnchezBeatriz SarloDiego SasturainJuan SasturainBernardo SchiavettaSamanta SchweblinSendraAna Mara ShuaReynaldo Sietecase

    Facundo SotoAnna Kazumi StahlAndrea StefanoniAlicia SteimbergPerla SuezBruno SzisterCecilia Szperling

    T

    Damin TabarovskyVivi Tellas

    Juan TerranovaHctor TiznClaudio TolcachirMaximiliano Tomas

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    Luisa ValenzuelaHoracio Vzquez Rial

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    Mara Elena Walsh

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    Sal Yurkievich

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    Alejandra ZlnaJ. P. Zooey