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© Masson, Paris, 2005. Gastroenterol Clin Biol, 2005, 29 85 CONFÉRENCE 3 CYCLE CELLULAIRE HEPATOCYTAIRE ET CONTROLE DE LA REGENERATION DU FOIE C Guguen-Guillouzo, A Corlu INSERM U522, Hôpital Pontchaillou, 35033 Rennes. Le foie peut être considéré comme l’exemple type d’un organe complexe capable d’initier un processus de régénération en réponse à une perte tissulaire. Cette propriété représente un pouvoir adaptatif essentiel : organe de détoxification indispen- sable à la vie, le foie est de par sa fonction, largement exposé à des agressions conduisant parfois à une destruction massive du tissu. Sa puissante capacité régénérative permet de faire face rapidement à une perte fonctionnelle pouvant entraîner la mort. Ainsi, la majorité des pathologies hépatiques s’accom- pagnent de lésions tissulaires et l’évolution et le pronostic de guérison des malades dépendent essentiellement de la capacité régénérative de leur foie. Trois traits majeurs caractérisent le phénomène: I. extrêmement efficace il s’exerce tout au long de la vie ; une hépatectomie de 2/3 d’un foie est compensée en moins de 6 jours chez le rat et environ trois semaines chez l’homme ; II. fortement contrôlé, il permet de restituer précisément le poids/volume initial de l’organe ; l’induction d’une hypertro- phie par exposition à certains activateurs de prolifération est suivie immédiatement d’un processus d’apoptose massif pour ramener l’équilibre poids/volume à sa normalité. Ces éléments sous-tendent un ensemble de mécanismes de régulation dans lesquels plusieurs voies de signalisation sont impliquées ; III. singulier ou unique au plan cellulaire, le phénomène régé- nératif du foie l’est par le fait que majoritairement (mais pas ex- clusivement) les hépatocytes, cellules hautement différenciées et quiescentes, sont capables de répondre au signal régénératif et entrer dans le cycle cellulaire. Ceci représente une exception par comparaison aux mécanismes de réparation d’autres orga- nes ou tissus tels que la peau, l’intestin ou le sang, qui font in- tervenir des cellules souches tissulaires alors que leurs cellules différenciées sont programmées pour mourir. Ainsi, il existe un contrôle particulier de l’équilibre entre pro- lifération, différenciation et mort qui permet aux hépatocytes différenciés quiescents d’échapper à la mort et d’intervenir dans le processus régénératif du foie à tous moments en cas de nécessité. L’analyse du contrôle spécifique des signaux res- ponsables de l’entrée en G1 et de la progression en phase S de ces cellules retiendra plus particulièrement notre attention et la démarche scientifique développée sera illustrée par la double approche in vitro et in vivo utilisée.

Cycle cellulaire hepatocytaire et controle de la regeneration du foie

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© Masson, Paris, 2005. Gastroenterol Clin Biol, 2005, 29

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CONFÉRENCE 3

CYCLE CELLULAIRE HEPATOCYTAIRE ET CONTROLE DELA REGENERATION DU FOIE

C Guguen-Guillouzo, A CorluINSERM U522, Hôpital Pontchaillou, 35033 Rennes.

Le foie peut être considéré comme l’exemple type d’un organecomplexe capable d’initier un processus de régénération enréponse à une perte tissulaire. Cette propriété représente unpouvoir adaptatif essentiel : organe de détoxification indispen-sable à la vie, le foie est de par sa fonction, largement exposé àdes agressions conduisant parfois à une destruction massive dutissu. Sa puissante capacité régénérative permet de faire facerapidement à une perte fonctionnelle pouvant entraîner lamort. Ainsi, la majorité des pathologies hépatiques s’accom-pagnent de lésions tissulaires et l’évolution et le pronostic deguérison des malades dépendent essentiellement de la capacitérégénérative de leur foie.Trois traits majeurs caractérisent le phénomène:I. extrêmement efficace il s’exerce tout au long de la vie ; unehépatectomie de 2/3 d’un foie est compensée en moins de6 jours chez le rat et environ trois semaines chez l’homme ;II. fortement contrôlé, il permet de restituer précisément lepoids/volume initial de l’organe ; l’induction d’une hypertro-phie par exposition à certains activateurs de prolifération estsuivie immédiatement d’un processus d’apoptose massif pourramener l’équilibre poids/volume à sa normalité. Ces élémentssous-tendent un ensemble de mécanismes de régulation danslesquels plusieurs voies de signalisation sont impliquées ;III. singulier ou unique au plan cellulaire, le phénomène régé-nératif du foie l’est par le fait que majoritairement (mais pas ex-clusivement) les hépatocytes, cellules hautement différenciéeset quiescentes, sont capables de répondre au signal régénératifet entrer dans le cycle cellulaire. Ceci représente une exceptionpar comparaison aux mécanismes de réparation d’autres orga-nes ou tissus tels que la peau, l’intestin ou le sang, qui font in-tervenir des cellules souches tissulaires alors que leurs cellulesdifférenciées sont programmées pour mourir.Ainsi, il existe un contrôle particulier de l’équilibre entre pro-lifération, différenciation et mort qui permet aux hépatocytesdifférenciés quiescents d’échapper à la mort et d’intervenirdans le processus régénératif du foie à tous moments en cas denécessité. L’analyse du contrôle spécifique des signaux res-ponsables de l’entrée en G1 et de la progression en phase S deces cellules retiendra plus particulièrement notre attention et ladémarche scientifique développée sera illustrée par la doubleapproche in vitro et in vivo utilisée.