De la qalaâ des Beni Hammad à Béjaïa

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Tajmat n Voujlil est une association villageoise - Loi 1901

Axxam - Accueil Tadukli - Association Taddart - Village Tasegda - Architecture Tarakalt - Gographie Amezruy - Histoire Tamirt - Actualit Azal - Valeurs Azetta - Liens Carnet de route. De la qala des Beni Hammad Bjaa Triq Essoltane, mille ans aprs

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Il y a tout juste mille ans, en 1007, naissait dans le Hodna, au pied du Djebel Taqarbouzt, la dynastie berbre des Hammadites. Dans un milieu quasiment dsertique, le royaume de la Qala des Beni Hammad allait faire natre une brillante mais phmre civilisation, qui allait rayonner sur tout le Maghreb. Soixante annes aprs sa naissance, les souverains de ce royaume prospre durent transfrer leur capitale des Hauts-Plateaux du Hodna vers les montagnes kabyles de Bjaa, fuyant devant les essaims dvastateurs des Beni Hilal et des Beni Solam. Du Djebel Madhid jusquau Mont Gouraya, cest une longue route parseme de caravansrails et de forteresses que durent emprunter les mirs et leurs populations pour une formidable migration, qui a dur des dizaines dannes, crant au passage une autoroute mdivale baptise Triq Essoltane. Dans leur migration, les Hammadites utilisaient lancienne voie romaine qui reliait les HautsPlateaux stifiens Saldae (Bjaa) par Bordj Bou Arrridj, Medjanna, Bordj Boni, Ighil Ali, Tablast, actuellement Allaghane, avant de longer la valle de la Soummam jusqu la mer. Cest ce trajet que nous avons tent de refaire avec un rtroviseur braqu sur le pass. A mesure que la voiture quitte les mornes plaines des environs de Msila pour grimper vers le Madhid, on a ltrange impression de se retrouver dans le sud des Aurs. Cest le mme paysage de montagnes rocailleuses

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et de ravins tapisss de verdure qui rappellent les clbres gorges du Ghouffi. En nous arrtant pour contempler ce paysage, o cohabitent le vert tendre du laurier rose et le jaune des montagnes schisteuses, notre chauffeur, voyant surgir sur le flanc des collines sem de cactus, des maisons de pierres sches coiffes de tuiles romaines, sexclame : Tiens, on se croirait en Kabylie ! Pour des Bougiotes partis en plerinage sur les terres de la premire capitale des anctres, le lien est vite fait. Nous traversons la ville de Bechara, qui parat trs anime en cette fin de semaine, avant de voir surgir au loin le fameux minaret de la mosque de la Qala. Un vestige sculaire Au pied de cet immense vestige de 25 m qui vous contemple du haut de ses dix sicles dhistoire, nous sommes tout de mme saisis par une certaine motion. La tour est tellement haute, quon a de la peine la faire rentrer dans lobjectif de lappareil photo. On ne se lasse pas den faire le tour et de la contempler sous tous les angles. Plus on la contemple, plus elle nous parat familire : ces pierres sches et cette architecture austre ressemblent toutes ces maisons kabyles qui parsment les flancs familiers des Bibans. En plus grand, bien sr. Les vestiges de la Qala tant situs plus hauts que les villages du Madhid, aux alentours, il ny a que quelques bergers gardant stoquement leurs troupeaux de moutons sous un soleil de plomb. Au bout dune heure de visite, lun des bergers, un vieux monsieur coiff de son chapeau de paille, sapproche discrtement. Nous profitons de loccasion pour engager la conversation. Disponible et avenant, notre homme savre tre un ancien gardien qui a travaill 35 ans sur le site de la Qala. Amar Ferahtiya, 68 ans, est intarissable sur le sujet. Une vraie mine dor. A lombre de limmense minaret, cet homme, qui na jamais t lcole, nous raconte ce quil a appris force de ctoyer les chercheurs et les archologues. Le site de la Qala des Beni Hammad stend sur 7 km. Cette tour est dote de 131 marches. Sa hauteur initiale est de 30 m, mais elle nen a plus que 25 aprs sa restauration , dit-il. Cette montagne que vous voyez l-bas, cest le Djebel Taqarbouzt. Elle culmine 1418 m daltitude. La Qala avait trois portes dentre : Bab Ledjnane, Bab Laqwas et Bab Djeraoua. Elle tait entoure de remparts et elle comprenait quatre palais dont il reste aujourdhui quelques vestiges , nous explique-t-il. Lombre dAbu Yazid Assis lombre de la tour, nous coutons Ammi Amar nous parler longuement de la naissance du royaume, de la guerre entre Zirides et Hammadites, du rvolt Kharidjite Abou Yazid, lhomme lne, qui est mort en 935, cern au sommet du Taqarbouzt, du sultan Ennacer qui a construit le palais du Manar pour la princesse Bellara dont il tait tomb amoureux fou, et puis des huit mirs qui se sont succd la Qala depuis sa fondation par Hammad Ben Ziri. Il sagit, dans lordre, d El Qad, de Mohcene Ben El Qad de Bologhine, de Nacer Ben Alennas, le fondateur de Bjaa, de Mansour le fondateur de Mansoura Tlemcen, de Badis Ben Mansour, dEl Aziz Ben Mansour, puis de Yahia, le dernier prince hammadide qui a quitt la Qala en 1152 aprs la dfaite contre les Almohades. A couter ce vieil homme assis dans la poussire, lhistoire, tout coup, prend un sens. Elle devient palpable. Il vous parle de guerre entre Berbres Zenata et montagnards Sanhadja, comme sil sagissait de la rivalit qui oppose les Chnawa du MCA aux supporters de lUSMA. On na mme pas besoin de fermer les yeux pour voir ces dcombres froids de la Qala sanimer, reprendre corps. Cette ville grouillante, peuple dartisans remarquables, de potes, darchitectes, de paysans et de savants, revient la vie lespace dun instant fugitif. A notre grand regret, notre guide est oblig de nous quitter pour rassembler ses brebis, qui ont profit de la leon dhistoire pour sparpiller travers champs. Notre visite se poursuit plus lEst o subsistent dimportants vestiges du Palais du Manar construit au dessus des gorges de Oued Fredj, mme la falaise. Devant ltat de total abandon dans lequel se trouvent ses murs antiques, qui ont travers les sicles, on est pris dun profond malaise. Les pans de mur qui seffondrent et les brches qui se crent nont jamais t restaurs. Ltat de ruine des vestiges rend la visite trs dangereuse. Il ny a, apparemment, dans tout le Maghreb, que lAlgrie pour soffrir le luxe de cracher sur un site class patrimoine mondial par lUnesco ds 1980, pour le laisser la merci des prdateurs et des vandales. Cet abandon de la Qala des Beni Hammad est rvoltant. Partout, des traces de construction et des vestiges l o lil se pose. Les fouilles ont t apparemment dlaisses depuis De Beili, larchologue franais qui on doit lessentiel des

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connaissances sur la Qala. Nous navons pas le temps de faire le tour du site. Il nous faut quitter la fournaise du Hodna, avant lheure fatidique o le soleil assomme mme les chameaux, en faisant la promesse de revenir un jour faire plus ample connaissance avec ce haut lieu de lhistoire. Ne pouvant faire comme les Hammadites qui, probablement, empruntaient des sentiers de muletiers en allant droit vers le nord, on se rsout sagement reprendre lasphalte vers Msila. Thamsilt, comme disent encore les Kabyles de lancienne gnration. De la montagne vers la plaine Sur la route de Hammam Dhala, beaucoup de semi-remorques immatriculs 06. Rien dtonnant quand on sait que cette route est celle du ciment. Des allers et venues qui rappellent les caravanes qui faisaient ce mme chemin, il y a dix sicles. Les matriaux de construction ont toujours t un problme pineux. Dans sa fuite vers les rivages scurisants de la Kabylie, lmir Ennacer avait oblig chaque famille migre transporter au moins une pierre chaque voyage, sous peine damende. Aprs la ville dEl Mhir, il y a le fameux passage des Portes de Fer. Un dtroit stratgique qui assure, depuis la nuit des temps, le passage de lEst vers lOuest, de la montagne vers la plaine. Les Romains lont toujours contourn, prfrant passer par Auzia (Sour El Ghozlane) et viter ainsi les guet-apens et embuscades des tribus de la rgion. Les Portes de Fer ou Dtroit des Bibans sappelle en ralit Taggurt, (la porte), pluriel : Tiggura. Il y a deux portes : Tammezyant, la petite et Tameqrant, la grande. Lappellation actuelle, que les Franais ont reprise, vient de larabe Bab et Bibans. Pour le fer, certains disent que cest cause des mines de fer quil y avait dans ces montagnes. Dautres avancent lide que ce sont les Turcs qui ont donn ce nom ce passage o ils ont toujours t obligs de baisser leurs armes et de payer un page aux Ath Abbs qui en assuraient la garde. Nous franchissons ce fameux passage juste pour la forme puis nous revenons sur nos pas pour prendre par Bouqtone ; nous franchissons loued du mme nom. Cette route mne jusquau plateau de Boni en passant par Ath Rached et Ferracha. Selon les anciens de la rgion, cest cette route qui a toujours t emprunte pour aboutir la Qala des Beni Abbs. La Qala des Beni Abbs a t btie sur le modle de celle des Beni Hammad. Position stratgique, accs difficile, portes gardes et muraille tout autour. Mme le nom du plus haut sommet, Taqarbouzt, a t copi sur loriginal et import. Au dpart, cest un Fort hammadite li la Qala des Beni Hammad qui avait pour mission de garder le fameux passage des Bibans, ainsi que la valle de la Soummam. Pendant des sicles, des troupes stationnes la Qala se sont relayes pour assurer le passage des Bibans, jusqu ce que le khalifa Mokrani, dont le fils Mhamed allait soulever le nord de lAlgrie avec Cheikh Aheddad en 1871, ouvre dfinitivement ce passage aux Franais en 1833. A propos de la Qala, certains historiens, comme Paul Wintzer, affirment que les Hammadites ont dabord occup la Qala des Beni Abbs qui sappelait alors la Qala de Ouanougha, avant de sinstaller Bjaa. Ceci est trs probable, dautant plus que lorsque Bjaa est tombe aux mains des Espagnols en 1510, les mirs hafsides de Bjaa se sont replis la Qala des Beni Abbs. La halte de Si Moh U Mhand A la Qala des Beni Abbs, nous avons rendez-vous avec Mourad Mebarek, un architecte qui a fait sa thse sur lurbanisme particulier de cette vieille forteresse. Nous arrivons de nuit la Qala. A Tajjmath nTazaart, Mourad est en train de discuter avec quelques amis sous la pleine lune qui donne un aspect fantasmagorique au paysage de murs effondrs de lancienne capitale des Ath Abbs. Au bout de deux heures de discussion revisiter lhistoire, nous sommes invits la maison dite Akham GuAhchachi . Cest une vieille maison berbre o, mis part llectricit, rien na chang depuis plus dun sicle. Un vritable muse avec sa cour pave, asqif, adaynine, tarichth, ichvouyla et mme un authentique coffre berbre superbement sculpt. Cette maison, o nous reoit trs gentiment Menzou Djamel affair griller des sardines, a appartenu Abderrahim Mokhtar, prsum n en 1882. Ce monsieur, dont un portrait jauni est accroch la poutre matresse de la maison, avait pour ami un certain Si Moh U Mhand. Chaque fois que le clbre barde partait vers Tunis, il sarrtait Qala chez son ami Ahchachi. On nous apprend, par ailleurs, quune fois, Si Mohand a sjourn plus dune anne sous ce toit. Comme quoi, lhistoire a quelques fois de ces clins dil. Mourad nous apprend que ce qui est particulier avec les maisons de La Qala, est le fait de possder trois portes et trois cours qui

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donnent les unes sur les autres. Pass le premier portail, la cour intrieure est rserve aux khammass et aux gens de passage, la deuxime porte donne sur une cour rserve aux invits et aux amis, alors quau-del de la troisime et dernire porte, seuls les membres de la famille y sont admis. Mourad vit depuis longtemps Brme, en Allemagne. Il se dfinit dabord comme Brmois, puis comme Kabyle, ensuite comme Algrien, puis comme Allemand. Autant dire que culturellement, il a autant dentres que les maisons de ses aeux. Les gens de La Qala sont trs hospitaliers et, en gnral, trs instruits. Aujourdhui, cette cit qui fut un jour prospre au point dtre compare Tunis, ne revit plus que pendant les vacances ou les week-ends, lorsque les familles installes dans les grandes villes du pays reviennent au bercail. La route qui relie Bordj la Kabylie par Ighil Ali va bientt tre reclasse route nationale. La circulation automobile est infernale sur une RN26 encombre par les poids-lourds. A force de stendre le long de la route, les agglomrations ont fini par se coller les unes aux autres. Les portions de route vierges dhabitations commencent se faire de plus en plus rares. Pourtant la Valle de la Soummam na t habite que depuis la colonisation franaise et, plus prcisment, aprs la dfaite de 1871, ce qui a permis la France de construire les premiers villages europens comme Tazmalt, Akbou, Sidi Ach et El Kseur. Un voyage de mille ans Moulay Ennacer, le fondateur de Bjaa a install des populations sur, toutes les montagnes qui entourent son royaume, ainsi que des postes de vigie sur les points culminants. Ces vigiles communiquaient entre eux laide dun systme de miroirs le jour et de feux la nuit, pour se transmettre des messages. Un systme repris plus tard, par les sultans de la Qala des Beni Abbs et mme par El Mokrani. Beaucoup de ces villages, que lon voit aujourdhui sur la rive sud du Djurdjura, les flancs des Bibans et des Babors, ont t crs linitiative dEnnacer et dEl Mansour. Cest lune des raisons pour lesquelles on retrouve aujourdhui, la majorit des villages kabyles occupant des crtes et des sommets inexpugnables. A lentre dEl Kseur, nous marquons une petite halte symbolique Tiklat. Chaque jour, des milliers dautomobilistes passent quelques mtres des prodigieux vestiges de cette ville occupe successivement par les Berbres puis par les Romains, ensuite par toutes les dynasties qui ont eu rgner sur la rgion, sans sarrter et sans mme se douter de leur existence. Les citernes romaines, que lon retrouve aujourdhui sur une petite colline qui surplombe la route, ont souvent servi de forteresse pour diverses armes, y compris celle du rebelle Takfarinas, le clbre prince berbre qui sest soulev contre Rome en lan 17 aprs J. -C. Ces citernes, au nombre de 15 et qui pouvaient renfermer une rserve deau de 15 000 m3, ont souvent chang de vocation au cours des sicles. Sur le bas ct de la route, le maquis a presque compltement recouvert les ruines de lantique ville de Tubusuptu (Tiklat), fonde par une colonie de vtrans de la lgion romaine sous le rgne dAuguste. Ce site, qui peut attirer des milliers de touristes chaque anne, sil tait pris en charge et revaloris, est, malheureusement, dans un tat dabandon total depuis des lustres. Partis dIghil Ali 7h, il nous faut un peu plus de trois heures pour rallier Bjaa. Aprs Bir Slam, le puits antique o les plerins faisaient leurs ablutions avant de partir pour La Mecque, la ville apparat adosse au monumental Gouraya. Plutt que dachever notre priple par la Porte Sarrasine (Bab El Bahr) qui servait de porte de sortie vers la mer, nous choisissons de passer symboliquement par la vieille ville et Bab El Fouka, lune des portes antiques de lancienne cit hammadite, pour boucler la boucle. Cest, parat-il, par cette porte quentrait le sultan. Assis sur son trne, il faisait face ceux qui entraient dans la ville le jour des foires, des ftes et de larrive des caravanes. La circulation Bjaa, en cette fin de mois daot, demeure difficile et les principaux carrefours de la ville connaissent des embouteillages homriques. La cit est envahie par les touristes. La plupart de ces touristes viennent justement de ces Hauts-Plateaux de Stif, Bordj et Msila, accomplissant un voyage qui a dbut il y a mille ans. En effet, cela fait dix sicles que Bjaa est leur port et leur principale porte vers la mer. Djamel Alilat

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El Watan. Tajmat n Voujlil est une association villageoise - Loi 1901

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