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DE QUOI PARLE-T-ON AU JUSTE ?

Lorsque l’on parle de tourisme culturel,on parlede la rencontre de deux mondes, de la conver-gence de deux secteurs. Pourtant, la culture et letourisme peuvent,de prime abord,sembler s’ins-crire dans des logiques tout à fait différentes. Iln’en est ri e n . Les propos de Roland A r p i n ,directeur du Musée de la civilisation de Québec,illustrent bien la complémentarité de ces deuxmondes1 : « Peut-on imaginer autre chose qu’unerelation de siamois entre le tourisme, qui est ungrand moyen de découverte,et le développementde la culture chez les individus, qui est une desfins de l’existence ?»

LE TOURISME: SYNONYME DE DÉCOUVERTEDu séjour d’agrément au voyage d’affaires en pas-sant par la visite de parents ou d’amis,une pléiadede motivations poussent l’être humain à voyager.Or un élément semble être commun à chacune deces motivations de voyages : la découverte. Onpart pour sortir de son quotidien, de sa ville, deson pays; on voyage pour aller faire le plein d’images nouvelles,d’odeurs jusque-là inconnues,de manières de vivre inédites; on décroche pourmodifier son rythme de vie, avoir du temps à per-dre, laisser jouer la fantaisie; on se laisse enfinemporter par la splendeur des villes et la magnifi-cence de la nature;on revit le passé au présent àtravers l’historique des lieux et des civilisationsqui y ont évolué;on part à la découverte de la dif-férence2.

LE TOURISME CULTUREL:UNE AMBIGUÏTÉ NON RÉSOLUESi l’on maintient que le tourisme est synonyme dedécouverte et qu’il se veut donc un acte culturel,alors,qu’est-ce qui différencie le tourisme dit cul-t u re l ? S’agi rait-il d’un pléonasme ? Tous les voyages doivent-ils être considérés comme cul-t u rels parce qu’ils re n fe rment des élémentsincontournables de découverte interculturelle ?Par exemple,un voyage dans un pays où la languediffère de celle du visiteur devient-il forcémentculturel? Ou encore, le fait de visiter un muséerend-il un voyage culturel? Et à l’inverse, est-ceque toute manifestation culturelle, tout bien his-torique ou patrimonial évolue inévitablement versle «statut» d’attraction touristique? Sur ce terrain,plusieurs écoles de pensée s’affrontent.

LE TOURISME CULTUREL: UNE DÉFINITIONL’ampleur que prend le phénomène touristiquedepuis les dernières décennies conduit à l’émer-gence de plusieurs formes de tourisme qu’il con-vient dorénavant de «catégoriser» si l’on veutmieux les cerner et les comprendre.Si l’on réussit

clairement à définir le tourisme selon des critèresbien précis, il en est tout autrement du tourismeculturel : il existe actuellement autant de défini-tions que d’auteurs qui se sont penchés sur lesujet.

Le tourisme culturel mise sur la mosaïque deslieux,des traditions,des manifestations artistiques,des célébrations et des expériences qui représen-tent une nation et ses habitants, reflétant la diver -sité et le caractère de celle-ci. Profondément cul-turelles, ces expériences peuvent aussi bien êtreesthétiques,intellectuelles,émotionnelles que psy-chologiques.

Plus simplement, le tourisme culturel peut sedéfinir comme un contact plus ou moins intense,lors d’un voyage, avec la personnalité d’une col-lectivité et ses différentes formes d’expression.Ilfait appel à l’imagination créatrice des individus, àleur esprit d’ouverture et à leur sens de l’aventure;il repose sur la qualité des liens qui s’établissententre le visiteur et l’attrait culturel, et sur leurdésir de partager.

LA VILLE :UNE DESTINATION TOURISTIQUE La ville,la capitale ou la métropole est égalementun lieu de séjour incontournable.Souvent la ported’entrée d’un pays ou d’une province, elle est lenoyau central vers lequel convergent les touristes.Cadre de découvertes et d’animation, la grande

ville accueille les visiteurs à tout moment du jour,leur permet la découve rte de ses nombre u xattraits, de ses splendeurs, de sa vitalité et leshéberge le soir venu,après une journée passée àvadrouiller.

Tant en termes de volumes de touristes que de dépenses effectuées, les régions de Montréal et de Québec

représentent les deux principaux pôles d’attraction touristique de la Belle Province : elles ont accueilli

respectivement 5,1 et 3,8 millions de touristes en 1995,sur un volume total de plus de 20 millions pour la

destination québécoise, et elles totalisent plus de 50 % des dépenses touristiques effectuées au Québec.

Source: TOURISME QUÉBEC, 1997.

… une affaire de créativité

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… une affaire de créativité

LA VILLE: UNE ANIMATION DISTINCTIVELa ville, lieu de modernité, se veut le point derassemblement quasi naturel de nombreux créa-teurs, artistes et acteurs de la culture. Elle ren-ferme une richesse patrimoniale et historiquetémoignant du passé.Elle est le lieu où se concen-trent plusieurs institutions et équipements cul-turels (salles de concert ou de spectacle, musées,galeries d’art,etc.) où se tiennent petits et grandsévénements. Cette vitalité culturelle, alliée auxparticularités de chacune des collectivités, créeune animation et une ambiance re ch e rch é e sautant par les résidants que par les visiteurs.

LA VILLE: UN LIEU DE CONVERGENCE DE LACULTURE ET DU TOURISMELe séjour urbain et la découverte culturelle sontdonc intimement liés.La variété d’attraits culturelset touristiques ainsi que les produits et les servicesde support — tels l’hébergement,la restauration,le transport — solidifient l’offre touristique desgrandes villes et constituent,dans leur ensemble,un produit d’appel suffisamment fort pour attirer

LES CITÉS RÉGIONALES :DES ESCALES CULTURELLES DE CHOIXLa dynamique culturelle et touristique des centresurbains régionaux diffère à bien des égards decelle des grandes agglomérations.Bien que la con-centration et la variété d’attraits culturels et touris-tiques y soient moins grandes,on retrouve tout demême une offre de qualité. Les cités régionalesdeviennent également, le temps d’une fête oud’un festival, les hôtes de manifestations interna-tionales contribuant à faire connaître la région età y attirer nombre de visiteurs. Pensons, pour nenommer que ceux-là, au Mondial des cultures deDrummondville, au Festival du cinéma interna-tional en Abitibi-Témiscamingue ou à la Semaineinternationale de la marionnette de Jonquière.

Malgré cela, il n’en demeure pas moins que cesvilles, la plupart du temps, ne bénéficient pasd’une masse critique d’attraits et de services pro-pres à retenir le touriste.L’éloignement des grandspôles touristiques constitue également une pro-blématique et les cités régionales doivent pouvoircompter sur un produit d’appel fort pour attirerchez elles des flux importants de clientèles touris -tiques.

« Toutes les régions ne présentent pas le mêmege n re de potentiel touri s t i q u e . Des régi o n sdensément peuplées comme Montréal,Québec ou Ottawa peuvent se perm e t t re uneo ff re très dive rs i fiée où tous les types d’événe-ments sont présents, de l’art élitiste à l’art po-p u l a i re et aux sport s . À l’inve rs e , c e rt a i n e sr é gions doivent se spécialiser et reposer sur unélément touristique fo rt . Si cet élément estrelié à la gastro n o m i e , aux sports ou auxbeautés nature l l e s , des organismes culture l sp o u rront alors épro u ver de la difficulté à atti-rer de la clientèle additionnelle si leur march é -c i ble n’est pas compatible avec le pro fil desc o n s o m m a t e u rs qui visitent leur régi o n . Po u rpallier ce manque à gag n e r, le déve l o p p e m e n tde produits culturels appro p ri é s , combiné àune communication cibl é e ,p o u rra susciter undéplacement de court séjour du touriste cul-t u rel grande région ve rs une région moins den-sément peuplée 3. »

Du patrimoine aux sites historiques en passantpar les centres d’interprétation et les productionsartistiques de grande envergure,il y a de tout pourtous dans les villes du Québec.Cependant,la tâchede regrouper ces différents attraits afin de créerun produit en mesure d’attirer et de retenir dif-férents types de visiteurs constitue un défi auquelfont face la plupart des villes, qu’elles soientmétropole,capitale ou cités régionales.

Montréal et Québec adoptent chacune un positionnement misant sur leurs caractéristiques.

« Montréal,métropole culturelle» reflète bien le caractère dynamique de la métropole, ses nombreux

équipements et événements culturels qui figurent parmi les attractions générant les plus importants acha-

landages touristiques. La stratégie montréalaise s’articule autour du patrimoine, de l’environnement, de la

vie artistique et de la vie urbaine — quatre axes spécifiques à Montréal.

Les slogans serva nt à la promotion to u ristique de la ca p i t a l e, « La région de Qu é be c, une histo i re d’ a m o u r » et

« To u tes les passions mènent à Qu é be c» ,t ra n s po s e nt bien les atouts histo riques et culturels qui façonnent le

ca ra ct è re distinctif de ce t te destinat i o n . Be rceau de l’ Am é rique fra n ç a i s e, Qu é be c, ville du Pat rimoine mondial

de l’ U N E S CO, a fo rt à offrir sur le plan culturel à qui veut la déco u v ri r.

et retenir les touristes. Ceux-ci séjournent dansune ville pour y découvrir ses particularités, sesrésidants,s’imprégner de sa vitalité et faire le pleinde nouvelles images, de nouvelles connaissances.La culture personnifie et différencie la ville; elleest au cœur de l’expérience touristique en milieuurbain.Plusieurs villes ont compris la richesse decette particularité urbaine et intègrent la culture àleur p o s i t i o n n e m e n t. Pa ri s , N ew Yo rk , Lyo n ,F l o re n c e ,L o n d res ne sont que quelques exe m p l e squi illustrent l’attrait incontourn able d’une identitéc u l t u relle pour les visiteurs .

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OÙ EN SOMMES-NOUS ?

LE TOURISME CULTUREL: PLUS DE 30 ANS DE RÉFLEXION… Le tourisme culturel jouit actuellement d’unregain de popularité.On ne compte plus les collo-ques et les séminaires à l’échelle mondiale visantà mieux comprendre les liens qui unissent la cul-ture et le tourisme. Pensons au congrès scien-tifique international d’Athènes sur le développe-ment durable du tourisme et de la culture,au sé-minaire « Tourisme et culture : vers une nouvellealchimie ?» de Tournai en F rance,tous deux tenusen mai 1998,ou encore,au séminaire internationald’Édimbourg organisé par le British Council enaoût 1998 et portant sur la culture et le manage-ment touristique. Plus près de chez nous, rap-pelons la tenu e , en 1997, de tables ro n d e srégionales sur le tourisme culturel et patrimonialmises de l’avant par la Commission canadienne dutourisme, et les colloques « Tourisme et culture»qui ont eu lieu à Québec, en 1993 et 1995.L’UNESCO a même déclaré la période 1988-1997décennie mondiale du développement culturel4.

Nul doute,cet essor est conditionné par de nom-breux facteurs conjoncturels tels que la mondiali-sation,la concurrence,la segmentation accrue desclientèles touristiques, la recherche de nouvellessources de revenus, la tendance au développe-ment durable et à la protection de l’environ-n e m e n t . Dans cette optique, le marché dutourisme culturel intéresse de plus en plus lesintervenants des secteurs en cause. Pourtant,l’in-térêt pour le tourisme culturel,au Québec commeailleurs dans le monde, n’est pas nouveau: ilremonte en fait au début des années soixante.

DES DATES MARQUANTES DANS L’ÉVOLUTIONDU TOURISME CULTURELDès 1963, s’affirme une première reconnaissancedu tourisme culturel. En effet, cette année-là, leConseil économique et social des Nations Uniessoutient que le tourisme culturel apporte une con-tribution certaine «à la cause de l’amitié et de lacompréhension entre les peuples».Dans la foulée,l’UNESCO, en novembre 1966, déclare par résolu-tion que le tourisme culturel contribue au ren-forcement de la paix 5.

C’est en novembre 1976, lors du Séminaire inter-national tourisme et humanisme contemporain deBruxelles, qu’est adoptée la première Charte dutourisme culturel.Les instigateurs de ce documentsont les membres du Comité de tourisme duConseil international des monuments et des sites(ICOMOS) de concert avec d’importants orga-nismes dont l’Organisation mondiale du tourisme

( O M T ) , l’Alliance internationale du touri s m e(AIT),l’Association internationale d’experts scien-tifiques du tourisme (AIEST) et le Bureau interna-tional du tourisme social (BITS). La Charte dutourisme culturel est claire :compte tenu des pers-pectives d’avenir, c’est le respect du patrimoinemondial,culturel et naturel qui doit prévaloir surtoute autre considération, aussi justifiée soit-ellesur les plans social, politique ou économique.Cette charte est en processus de révision:une ver-sion réactualisée doit voir le jour d’ici la fin 1998.

Au Québec,en 1977, on assiste à la création, parl’Association technique du tourisme (ATT) et leConseil des monuments et sites du Québec(CSMQ), du défunt Comité conjoint pour la pro-motion du tourisme culturel.Ce dernier alimentependant plusieurs années la réflexion collectivesur le sujet,tant au Québec qu’à l’échelle interna-tionale.La source de son inspiration se veut alorsla Charte du tourisme culturel de Bru xe l l e s(1976) et son objectif premier est de promouvoirles va l e u rs du tourisme culturel afin qu’ellesi n s p i rent les actions de tous les interve n a n t stouristiques au Québec. Il tient, le 15 septembre1977 à Montréal,la première Journée québécoisedu tourisme culturel 6.

L o rs de la deuxième Jo u rnée québécoise dutourisme culturel,en septembre 1978, le Comitéde promotion du tourisme culturel présente leprojet de Déclaration québécoise sur le tourismeculturel. L’idée prédominante de cette dernièreest de rappeler l’importance d’une formation desc o m p o rtements touristiques « soucieux durespect de chaque société,notamment de son pa-trimoine et de son environnement» afin que letourisme devienne un agent culturel positif. Elleest rendue publique le 14 septembre 1979 à l’oc-casion de la troisième édition des Journées québé-coises du tourisme culturel. L’Organisation mon-diale du tourisme (OMT) retient ce projet québé-cois comme document de travail pour l’élabora-tion de la Charte du tourisme découlant de laConférence mondiale du tourisme de 1980 tenueà Manille,aux Philippines.

Se succèdent ensuite la première Journée québé-coise sur le tourisme et les arts, en novembre1982, sous le thème «Le tourisme et les arts,unmariage rentable», et une deuxième, l’année sui-vante, sur «Le tourisme et les arts, une questiond’organisation». Puis suivent un séminaire québé-cois, en 1984, portant spécifiquement sur la pro-motion et le réseau de distribution du tourisme etdes arts,la Conférence nationale sur le tourisme,laculture et le multiculturalisme à Ottawa en 1988,et les deux derniers colloques sur le tourisme et la

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culture,tenus à Québec au Musée de la civilisationrespectivement en 1993 et en 1995.

LE TOURISME CULTUREL :UN ESSOR À L’ÉCHELLE MONDIALELa croissance du phénomène devient irr é f u t abl e :l’OMT prévoit qu’avant la fin du siècl e , l et o u risme constituera la pre m i è re industrie eni m p o rtance au monde. Les enjeux économiquesde l’activité touristique rendent impératif led é veloppement des nouvelles clientèles touri s-t i q u e s . De plus, dans le contexte touri s t i q u ea c t u e l , la mondialisation pousse chaque destina-tion à se démarquer de ses concurre n t e s . L et o u risme culture l , misant sur l’authenticité desd e s t i n a t i o n s , a p p a raît comme un élément deréponse aux tendances de la demande touri s t i q u eet aux enjeux de l’industri e . Un nombre cro i s s a n tde destinations comptent sur les diff é re n t e sfo rmes d’ex p ression de leur culture pour se dis-tinguer et attirer de nouvelles cl i e n t è l e s .

Le tourisme culturel représente un segment demarché en croissance pour l’industrie touristique.L’OMT estime que 37 % de tous les voyages com-prennent un élément culturel et que le taux decroissance annuelle de ce type de voyages sera de15 % au tournant du millénaire 7.

LE TOURISME CULTUREL: UN PHÉNOMÈNEENCORE DIFFICILEMENT QUANTIFIABLEM a l gré ces estimations, le tourisme culture ldemeure difficile à quantifier. En effet, comptetenu des méthodes statistiques qui diffèrent d’unpays à un autre et des définitions conceptuellesvariant selon les chercheurs, on ne s’entend passur ce qui constitue le tourisme culturel. D’unepart,certains pays,dont le Canada,considèrent sta-tistiquement comme culturel tout visiteur qui,durant son séjour au pays,pratique au moins uneactivité culturelle. D’autre part, certains définis-sent le touriste culturel comme celui pour qui ladécouverte culturelle d’une destination choisiereprésente le but premier de la visite. Mais com-ment déterminer lesquels sont essentiellementculturels? Doit-on à ce moment retenir dans lesegment uniquement les touristes qui visitent,parexemple, quatre ou cinq attraits culturels? Laquestion n’est toujours pas tranchée.

LE TOURISME CULTUREL: UNE PRÉOCCUPATIONGOUVERNEMENTALE AU QUÉBEC ET AU CANADAD evant l’essor du phénomène, les ministère squébécois et canadiens se préoccupent de plus enplus du tourisme culturel dans le déve l o p p e m e n tde leur champ d’intérêt re s p e c t i f. A i n s i , les tenantsde la culture (le ministère de la Culture et desC o m munications du Québec et le ministère du

Pa t rimoine canadien) de même que ceux dut o u risme (To u risme Québec et la Commission cana-dienne du tourisme) ont chacun à leur façon amor-cé une démarche de réfl exion en termes det o u risme culture l .

LE MINISTÈRE DE LA CULTURE

ET DES COMMUNICATIONS DU QUÉBEC

Po rtée par la démocratisation de l’éducation,la cul-t u re québécoise a connu un essor fulgurant enquelques décennies à peine. De grandes institu-t i o n s , ch a rgées de préserver et de diffuser la cul-t u re , sont nées. Les arrondissements histori q u e sont été identifi é s , re s t a u r é s , créés et pro t é g é s . U nréseau de mu s é e s ,de centres d’ex p o s i t i o n ,de lieuxd’interprétation du patri m o i n e ,de conserva t i o n ,d eb i bliothèques publiques et de salles de spectacl es’est implanté à trave rs le Québec. Les fe s t i vals etsalons du livre ou des métiers d’art sont deve nu sles moments fo rts de l’ex p ression d’une gra n d evitalité culturelle sur tout le terri t o i re . Dans toutesles disciplines art i s t i q u e s , la création québécoisen’a cessé de foisonner et son rayo n n e m e n t , d es ’ é t e n d re bien au delà de nos fro n t i è re s .

Dès ses débuts en 1961,le ministère des Affairesculturelles, devenu trente ans plus tard le mi-nistère de la Culture et des Communications,futl’un des principaux artisans de ce développe-ment.Préoccupé par l’excellence et l’accessibilitéde la culture québécoise, par la diversité et lapérennité de son patrimoine,le Ministère a offert— et continue d’offrir — un soutien important àtoutes les sphères de la vie culturelle dont,notam-ment,un grand nombre de lieux et d’événementsdotés d’un fort pouvoir d’attraction : musées,siteset arrondissements histori q u e s , fe s t i va l s , e t c . ,représentent souvent les attraits touri s t i q u e sm a j e u rs d’une commu n a u t é . Motivé par desimpératifs culturels,le soutien du Ministère a donclargement contribué à façonner le visage touris-tique du Québec, dont plus de la moitié desattraits touristiques sont aujourd’hui des lieux deculture et de patrimoine.

Depuis quelques années, alors que l’architecturegénérale de notre «système» culturel est à peuprès complétée, de nouvelles priorités ont élargile champ d’action du Ministère pour l’orienterdavantage vers la mise en valeur des richessesbâties au fil des ans et vers le partage,par l’ensem-ble des Québécois, d’un sentiment d’appart e-nance à leur culture et de fierté à cet égard. Sesuperposent donc,aux missions traditionnelles duMinistère, celles d’intéresser toujours davantageles Québécois à l’histoire et à la culture de leurpropre région ou des autres régions du Québec,de les voir devenir les meilleurs ambassadeurs de

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leur culture auprès des autres et de faire ressortir,beaucoup plus qu’actuellement, le caractère cul-turel du Québec,à l’étranger aussi bien qu’auprèsdes étrangers qui visitent le Québec.Autant d’invi-tations lancées en faveur d’un resserrement desliens entre l’action culturelle et l’action touris-tique du gouvernement, surtout que les milieuxculturels, cherchant à élargir leurs publics, s’in-téressent eux-mêmes de plus en plus à la clientèletouristique.

Le Ministère a ainsi multiplié ses contacts avec desintervenants touristiques. Les collaborations avecles associations touristiques régionales,les officesde congrès ou Tourisme Québec se sont faites surune base de plus en plus systématique et orga-nisée. L’an dernier, par exemple, le Ministère par-ticipait aux travaux d’une vingtaine de comitésdédiés à diverses problématiques liées au tou-risme :le Grand Montréal Bleu,la Route verte duQuébec, la mise en place de l’Observatoire despaysages, la création de l’Association des plusbeaux villages du Québec,etc.

De plus en plus,le Ministère offre aussi une aide,souvent technique mais également financière,quivise à mieux faire valoir les attraits culturelsquébécois auprès de l’industrie et des clientèlestouristiques :développement du marketing et dela promotion touristiques, création de circuits etde forfaits touristiques,formation des intervenantstouristiques,amélioration de la signalisation,réali-sation d’études et organisation de colloques.Cesprojets,qui ont reçu près d’un million et demi dedollars en subventions de la part du Ministère en1997-1998, s’inscrivent en appui aux démarchessoit de collectivités locales et régionales,soit d’or-ganismes artistiques et culturels.

Le ministère de la Culture et des Communicationsfigure aujourd’hui parmi les quelques ministèresles plus étroitement associés aux effo rts deTourisme Québec pour la mise en œuvre de lanouvelle politique touristique québécoise. À ceteffet, il entend se doter d’une stratégie officiellequi vise à développer un tourisme plus culturel auQuébec.

LE MINISTÈRE DU PATRIMOINE CANADIEN

La culture et le patrimoine sont au cœur desintérêts d’un nombre important et croissant devoyageurs à travers le monde.Le Canada possèdepour sa part un vaste ensemble de lieux etd’événements à caractère culturel susceptibles desatisfaire aux besoins des voyageurs culturels etpatrimoniaux.Ainsi, selon une étude récente réa-lisée par Statistique Canada pour le compte de laCommission canadienne du tourisme, le patri-

moine naturel et culturel représente 75 % desattraits touristiques canadiens. Qui plus est, leministère du Patrimoine canadien joue un rôle depremier plan dans la viabilité à long terme deplusieurs de ces attraits. À titre d’exemple, men-tionnons que le Ministère gère ou appuie près desdeux tiers des attraits trois-étoiles inclus dansl’édition la plus récente du Guide Michelin pourle Canada.

Le tourisme culturel et patrimonial constituedepuis fort longtemps un domaine d’interventionde premier ord re pour certains secteurs duMinistère,notamment celui de Parcs Canada.Plusr é c e m m e n t , des intervenants d’autres pro gra m m e sdu Ministère ont entre p ris des démarch e s afin desaisir les occasions uniques engendrées par l’en-gouement actuel pour le tourisme axé sur la cul-ture et le patrimoine.Le Ministère a,entre autres,collaboré de près avec la Commission canadiennedu tourisme à l’organisation et à la tenue de tablesrondes régionales et nationale sur le tourisme cul-turel — mises sur pied par la Commission aucours de l’automne et de l’hiver derniers. LeM i n i s t è re , conjointement avec la Commissioncanadienne du tourisme, appuie également deuxclubs de produits,soit celui du réseau des écono-musées de l’Atlantique et celui des produits patri-moniaux dans l’Ouest canadien. De plus, grâce àune initiative du Programme sur les langues offi-c i e l l e s , un ra p p ro chement s’effectue présente-ment entre l’industrie du tourisme et les écoles deformation en langue seconde, et ce, dans le butd’encourager les gens d’autres pays à faire l’ex-p é rience du Canada tout en pours u i vant desobjectifs éducatifs.Le Ministère appuie égalementl’embauche par des employeurs œuvrant dans ledomaine du tourisme patrimonial sur le plan inter-national, de stagiaires parmi les jeunes diplôméscanadiens dans le cadre de la Stratégie emploijeunesse Canada.Enfin,le Ministère s’intéresse audéveloppement du tourisme en régions franco-phones et voit dans le prochain Sommet de la fran-cophonie,événement qui se tiendra à Moncton en1999, une source de visibilité accrue pour cegenre d’expérience touristique.

M a l gré les pro grès enre gistrés au cours desd e rn i è res années, il reste beaucoup à fa i re pourbâtir sur les assises actuelles le succès du touri s m ec u l t u rel et patrimonial au Canada. C’est dans le butde contribuer à cet essor que le Ministère a récem-ment accepté de participer aux effo rts du nouve a usous-comité de la Commission canadienne dut o u risme sur le tourisme culturel et patri m o n i a l .L eM i n i s t è re voit en ce comité une excellente occa-sion de mieux cerner les enjeux du tourisme ori-enté ve rs la culture et le patri m o i n e , et de tra c e r

… une affaire de créativité

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… une affaire de créativité

des pistes permettant de réaliser tout le potentielsocial et économique que cette fo rme de touri s m ere n fe rm e . La collab o ration constitue une pierrea n g u l a i re du succès à long terme du tourisme cul-t u rel et patrimonial au Canada.

TOURISME QUÉBEC

« Le tourisme est une vitrine unique du Québecsur le monde, un outil de rayonnement de notreculture et de notre savoir-faire.» Dans «Pour don-ner au monde le goût du Québec», la Politiquegouvernementale de développement touristiqueproposée par Tourisme Québec et publiée en1 9 9 8 , la culture apparaît pri m o rdiale pour ledéveloppement du tourisme au Québec. En fait,elle est une des principales constituantes de la dé-finition même du produit touristique québécois.

Le tourisme profite de la culture, mais il profiteégalement à la culture : «Le tourisme favorise lamise en valeur du patrimoine culturel et natureldu Québec et il contribue à re n t abiliser leséquipements publics dans les régions où la den-sité démographique est faible.» En termes de posi-tionnement et d’actions, la Politique gouverne-mentale spécifie également :

«La culture distinctive du Québec est aucœur de son positionnement touri s t i q u edepuis de nombreuses décennies.Le Québeca d’ailleurs su mettre en valeur son particu-l a risme culturel à trave rs ses mu l t i p l e sattraits et manifestations. De plus, le vieil-lissement des clientèles touristiques et lahausse du niveau d’éducation font en sortequ’on assiste à un intérêt croissant pour lesactivités culturelles.Dans le contexte de con-solidation du tourisme culture l , To u ri s m eQuébec entend soutenir, avec les partenairesconcernés, la consolidation et l’exploitationde certains créneaux prometteurs tels que let o u risme re l i gieux (pèleri n age et patri-moine), le tourisme généalogique (famillessouches),la gastronomie ainsi que les arts etles spectacles représentatifs de l’identitéquébécoise qui se démarquent par leurexcellence au niveau mondial. »

Malgré que le Québec soit reconnu pour sa cul-ture originale et unique en Amérique du Nordainsi que pour sa capacité à offrir des expériencestouristiques authentiques,son image est trop largeet manque de personnalité. Il semble par con-séquent essentiel de mieux définir l’image de mar-que du Québec afin de le positionner comme des-tination touristique internationale. Pour ce faire,Tourisme Québec entend miser sur ce qui carac-térise fidèlement le Québec,les Québécois et lesQuébécoises,soit nos attraits et notre réalité géo-graphique,sociale et culturelle.

Afin de faire ressortir la valeur de cette richesseculturelle et d’assurer la pérennité du patrimoinetouristique, Tourisme Québec désire promouvoirle développement d’une culture du tourisme envue de mettre en valeur et de faire connaître lesdiverses facettes de la réalité culturelle québé-coise. «On vise ici une grande variété d’initiativesissues des communautés (ex. : villages d’accueil),des organismes locaux et de petites entreprises dusecteur agricole (ex.: produits du terroir, agro-tourisme),culturel (ex. : chant,danse,arts décora-tifs),éducatif (ex. : interprétation des sites) et del’économie sociale. Le tourisme n’est pas qu’af-faire de promotion ou de mise en valeur d’attraits.Il doit,s’il veut être authentique,traduire la fiertéde la collectivité québécoise face à son histoire età son patrimoine architectural,culturel,industrielet naturel»,spécifie la Politique.

LA COMMISSION CANADIENNE

DU TOURISME

La culture figure parmi les atouts touristiques duCanada,comme en fait foi l’adoption récente,parl ’ i n d u s t rie touristique et la Commission cana-

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dienne du tourisme (CCT), de la « vision dut o u ri s m e » : l ’ i n d u s t rie touristique canadienneentend encourager le développement et la commer-cialisation des biens et des services culturels afin der é p o n d re pleinement aux attentes des visiteurs.

Afin de déterminer comment les secteurs culturelet patrimonial pourraient travailler de concertavec l’industrie touristique pour mettre en valeurle tourisme culturel et patrimonial au Canada, leComité de développement de l’industrie et desproduits de la CCT a organisé, en collaborationavec le ministère du Patrimoine canadien, unesérie de six tables rondes régionales,tenues à l’au-tomne 1997. Celles-ci ont regroupé des spécia-listes des domaines de la culture,du patrimoine etdu tourisme — provenant aussi bien du secteurpublic que privé — qui ont travaillé à définir lesenjeux et les possibilités en matière de tourismeculturel et patrimonial.Ces tables rondes, suiviesd’une table nationale de synthèse au printemps1998, marquent le début d’un processus de con-

certation réunissant les secteurs en cause et visantà mettre en valeur le potentiel du tourisme cul-turel et patrimonial au Canada.

La pre m i è re étape de consultations ayant été uns u c c è s , le Comité de développement de la CCTentend donner suite à cette initiative en mettantsur pied un sous-comité du tourisme culturel etp a t ri m o n i a l .Ce dernier a pour mission de planifi e r,de coordonner et de mettre en œuvre des pro-grammes visant à donner un nouvel essor aut o u risme culturel et patrimonial canadien. L ep a rt age de l’info rmation ainsi qu’une plus gra n d ec o l l ab o ration entre le secteur de la culture et dup a t rimoine et le secteur touristique comptentp a rmi les principaux objectifs. Composé dereprésentants des secteurs public et privé dut o u risme et de la culture , des conseils desre s s o u rces humaines en tourisme et en culture ,d ’ o rganismes fédéraux et provinciaux de la cultureet du ministère du Pa t rimoine canadien, le sous-comité a entamé ses travaux à l’automne 1998.

… une affaire de créativité