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prévention | actualités 7 OptionBio | Lundi 7 avril 2008 | n° 398 A vec plus de 37 000 nouveaux cas par an, le cancer colo- rectal (CCR) est le 3 e cancer le plus fréquent en France, après les cancers du sein et de la pros- tate. Il est responsable d’environ 17 000 morts par an, ce qui corres- pond à plus de 40 décès quotidiens, soit 4 fois plus que le nombre de tués par accidents de la route. Un développement silencieux Le plus souvent, le CCR se déve- loppe à partir de polypes ou adé- nomes situés au niveau du côlon ou du rectum. Avec le temps, ces lésions peuvent se développer, saigner et, parfois, évoluer vers un cancer. On estime que la séquence adénome-cancer dure une dizaine d’années. • Évolution : environ 10 % des adé- nomes atteignent 1 cm de diamètre et parmi ceux-ci, environ un quart se transforme en cancers. Détecté au stade I, le CCR a un taux de survie à 5 ans supérieur à 90 %. Les tumeurs peuvent être dépistées précocement en recherchant la présence de sang dans les selles. • Signes d’alerte : la présence de sang dans les selles (rectorragie ou méléna), des troubles du transit de type diarrhée ou constipation inha- bituels ou alternance de ces deux troubles, des douleurs abdominales d’apparition récente ou un amaigris- sement inexpliqué doivent conduire à consulter un médecin ; une colos- copie est indiquée. Les recommandations de dépistage selon le niveau de risque Trois profils de personnes sont distingués. • Les personnes à risque moyen de CCR (la majorité des cas) : hommes et femmes de plus de 50 ans (94 % des CCR surviennent après cet âge) sans symptôme apparent, consti- tuent la population à risque “moyen” de CCR. Ce sont eux qui sont concer- nés par le test de recherche de sang occulte dans les selles, dans le cadre du dépistage organisé mis en place par les pouvoirs publics. • Les personnes à risque élevé de CCR (15 à 20 % des cas). Il s’agit : – des sujets ayant déjà eu un adé- nome de plus de 1 cm de diamètre ou un premier CCR ; – des sujets dont un parent proche (père, mère, frère, sœur, enfant) a été atteint d’un cancer de l’intestin avant 65 ans, et de ceux dont deux parents ont été atteints quel que soit l’âge au diagnostic ; – des sujets atteints de maladies inflammatoires chroniques de l’in- testin (rectocolite hémorragique et maladie de Crohn). La méthode de dépistage préconisée pour ces patients est la coloscopie dont le médecin déterminera la fré- quence en fonction du profil et des antécédents du patient. Les personnes à risque très élevé de CCR (1 à 3 % des cas environ). Ce sont : – les membres d’une famille atteinte de polypose adénomateuse fami- liale, caractérisée par un nombre très important de polypes sur le tube digestif ; – les membres d’une famille avec un HNPCC (Hereditary Non polyposis Colorectal Cancer) ou syndrome de Lynch. Une consultation d’oncogénétique est proposée en cas de suspicion d’une forme familiale de CCR. Après enquête familiale et analyse géné- tique, les porteurs de l’anomalie bénéficieront de mesures de sur- veillance appropriées. Le programme de dépistage organisé Le ministère de la Santé a mis en place un programme de dépistage organisé du CCR pour les hommes et les femmes âgés de 50 à 74 ans. Ce programme doit permettre de réduire la mortalité liée à ce cancer de près de 20 %, si au moins 50 % des patients concernés y partici- pent. Initialement mis en place dans 22 départements pilotes, le dépis- tage organisé entre aujourd’hui dans sa phase de généralisation à l’ensemble du territoire français. Dans les départements où la pra- tique du dépistage est organisée, les hommes et femmes de 50 à 74 ans sont informés de manière individuelle par un courrier qui les invite à se rendre chez leur médecin (généraliste ou médecin du travail) afin de recevoir les informations nécessaires et réaliser un test de dépistage. Un test de dépistage (test Hemoccult ® ) est remis par le méde- cin au patient. Le test s’effectue au domicile puis est envoyé par la poste, dans une enveloppe pré-affranchie à un centre d’analyses (agréé). Ce centre adresse les résultats du test au patient et envoie un double au médecin. Si le test est négatif, les personnes sont invitées à le renou- veler tous les 2 ans ; s’il est positif, le médecin, prévenu par le Centre d’analyses, contacte la personne pour pratiquer une coloscopie. | CAROLE ÉMILE Biologiste, CH de Montfermeil (93) [email protected] Source Conférence de presse lors du Médec, Paris, mars 2008. Deuxième semaine nationale contre le cancer colorectal • À conseiller aux patients concernés : un service pro- posé par l’Institut national du cancer, en partenariat avec la Ligue contre le cancer. Cancer Info Service : 0810 810 821 (de 8 heures à 20 heures, du lundi au samedi, prix d’un appel local), pour informer, orienter, soutenir. • Pour en savoir plus : www.e-cancer.fr L’Institut national du cancer a lancé la deuxième édition de la semaine nationale contre le cancer colorectal du 24 au 30 mars 2008. Son objectif est double : sensibiliser la population à ce cancer qui reste mal connu et encourager les actions de terrain pour favoriser le dépistage et, ainsi, augmenter les chances de guérison grâce à une prise en charge précoce.

Deuxième semaine nationale contre le cancer colorectal

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prévention | actualités

7OptionBio | Lundi 7 avril 2008 | n° 398

Avec plus de 37 000 nouveaux cas par an, le cancer colo-rectal (CCR) est le 3e cancer

le plus fréquent en France, après les cancers du sein et de la pros-tate. Il est responsable d’environ 17 000 morts par an, ce qui corres-pond à plus de 40 décès quotidiens, soit 4 fois plus que le nombre de tués par accidents de la route.

Un développement silencieuxLe plus souvent, le CCR se déve-loppe à partir de polypes ou adé-nomes situés au niveau du côlon ou du rectum. Avec le temps, ces lésions peuvent se développer, saigner et, parfois, évoluer vers un cancer. On estime que la séquence adénome-cancer dure une dizaine d’années.• Évolution : environ 10 % des adé-nomes atteignent 1 cm de diamètre et parmi ceux-ci, environ un quart se transforme en cancers. Détecté au stade I, le CCR a un taux de survie à 5 ans supérieur à 90 %. Les tumeurs peuvent être dépistées précocement

en recherchant la présence de sang dans les selles.• Signes d’alerte : la présence de sang dans les selles (rectorragie ou méléna), des troubles du transit de type diarrhée ou constipation inha-bituels ou alternance de ces deux troubles, des douleurs abdominales d’apparition récente ou un amaigris-sement inexpliqué doivent conduire à consulter un médecin ; une colos-copie est indiquée.

Les recommandations de dépistage selon le niveau de risqueTrois profils de personnes sont distingués.• Les personnes à risque moyen de

CCR (la majorité des cas) : hommes et femmes de plus de 50 ans (94 % des CCR surviennent après cet âge) sans symptôme apparent, consti-tuent la population à risque “moyen” de CCR. Ce sont eux qui sont concer-nés par le test de recherche de sang occulte dans les selles, dans le cadre du dépistage organisé mis en place par les pouvoirs publics.• Les personnes à risque élevé de

CCR (15 à 20 % des cas). Il s’agit :– des sujets ayant déjà eu un adé-nome de plus de 1 cm de diamètre ou un premier CCR ;– des sujets dont un parent proche (père, mère, frère, sœur, enfant) a été atteint d’un cancer de l’intestin avant 65 ans, et de ceux dont deux parents ont été atteints quel que soit l’âge au diagnostic ;– des sujets atteints de maladies inflammatoires chroniques de l’in-testin (rectocolite hémorragique et maladie de Crohn).

La méthode de dépistage préconisée pour ces patients est la coloscopie dont le médecin déterminera la fré-quence en fonction du profil et des antécédents du patient.• Les personnes à risque très

élevé de CCR (1 à 3 % des cas

environ). Ce sont :– les membres d’une famille atteinte de polypose adénomateuse fami-liale, caractérisée par un nombre très important de polypes sur le tube digestif ;– les membres d’une famille avec un HNPCC (Hereditary Non polyposis Colorectal Cancer) ou syndrome de Lynch.Une consultation d’oncogénétique est proposée en cas de suspicion d’une forme familiale de CCR. Après enquête familiale et analyse géné-tique, les porteurs de l’anomalie bénéficieront de mesures de sur-veillance appropriées.

Le programme de dépistage organiséLe ministère de la Santé a mis en place un programme de dépistage organisé du CCR pour les hommes et les femmes âgés de 50 à 74 ans. Ce programme doit permettre de réduire la mortalité liée à ce cancer de près de 20 %, si au moins 50 % des patients concernés y partici-pent. Initialement mis en place dans 22 départements pilotes, le dépis-tage organisé entre aujourd’hui dans sa phase de généralisation à l’ensemble du territoire français.Dans les départements où la pra-tique du dépistage est organisée, les hommes et femmes de 50 à 74 ans sont informés de manière

individuelle par un courrier qui les invite à se rendre chez leur médecin (généraliste ou médecin du travail) afin de recevoir les informations nécessaires et réaliser un test de dépistage. Un test de dépistage (test Hemoccult®) est remis par le méde-cin au patient. Le test s’effectue au domicile puis est envoyé par la poste, dans une enveloppe pré-affranchie à un centre d’analyses (agréé). Ce centre adresse les résultats du test au patient et envoie un double au médecin. Si le test est négatif, les personnes sont invitées à le renou-veler tous les 2 ans ; s’il est positif, le médecin, prévenu par le Centre d’analyses, contacte la personne pour pratiquer une coloscopie. |

CAROLE ÉMILE

Biologiste, CH de Montfermeil (93)

[email protected]

SourceConférence de presse lors du Médec, Paris,

mars 2008.

Deuxième semaine nationale contre le cancer colorectal

• À conseiller aux patients concernés : un service pro-posé par l’Institut national du cancer, en partenariat avec la Ligue contre le cancer.Cancer In fo Ser v ice : 0810 810 821 (de 8 heures à 20 heures, du lundi au samedi, prix d’un appel local), pour informer, orienter, soutenir.• Pour en savoir plus : www.e-cancer.fr

L’Institut national du cancer a lancé la deuxième édition de la semaine nationale contre le cancer colorectal du 24 au 30 mars 2008. Son objectif est double : sensibiliser la population à ce cancer qui reste mal connu et encourager les actions de terrain pour favoriser le dépistage et, ainsi, augmenter les chances de guérison grâce à une prise en charge précoce.